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au 31 Mai 21 :
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Thumbeling Down
Par Morphine
Originales  -  Romance/Surnaturel  -  fr
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    Chapitre 1     1 Review    
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Chapitre 1
“For once, there was an unknown land, full of strange flowers and subtle perfumes; a land of which it is joy of all joys to dream; a land where all things are perfect and poisonous.”

Velvet Goldmine.

 

 

¤¤¤

 

 

Klaus était fatigué de tout cela. Noël, les enfants, les demandes incessantes, les gentils, les vilains. Il avait besoin de repos.

L’engourdissement gagnait peu à peu tous ses membres, il remonta ses lunettes sur son nez et termina d’enlever son pantalon.

Sans un mot de plus, il se coucha sous sa couette et ferma les yeux.

Nous étions le vingt-trois décembre, le père Noël venait de mourir.

 

Quelque chose dans la poitrine de Hans se serra et il sortit dans le froid et le verglas de l’Alsace Lorraine. Levant les yeux vers le ciel, il se surprit à sentir sa gorge se serrer et de grosses larmes coulèrent le longs de ses joues, ôtant la crasse et la suie qui les recouvraient, dévoilant une peau pâle et épuisée.

Hans sentait au fond de lui que tout était fini, Klaus était mort comme il était né, dans l’ignorance.

L’homme recouvert de suif enfila ses bottes, son lourd manteau noir et planta son haut de forme éliminé sur le haut de son crâne.

Il était temps pour lui de faire le dernier voyage. Il fallait qu’il se hâte, la Laponie n’était pas toute près. De sa démarche courbée et fantomatique, le père fouettard se mit en route. Il n’y avait pas de temps à perdre.

 

Le Julenisse avait déjà tout prévus. Le vieil homme n’avait rien à redouter là-dessus. Après tout, la créature s’occupait de cette charge aussi bien que le Père Noël. Hans l’avait dépassé à la frontière finlandaise, tout de vert vêtu, assit sur sa chèvre.

Mais il n’en avait rien à faire des enfants et de leurs cadeaux. Il ne pensait qu’à Klaus. Il n’avait jamais fait que cela de toutes façons.

 

Le silence se fit lorsqu’il pénétra avec fracas dans la maison de bois. Tous se retournèrent vers lui. Tout le monde était là, il ne manquait plus que lui. Il salua les diverses personnes environnantes et se fraya un chemin sans aucune délicatesse vers le centre de la pièce, où Klaus était étendu sur un lit de végétations.

Le cœur de Hans s’arrêta. Il aurait voulu se tromper. 

Il sentit quelques minuscules mains le soutenir et l’assoire sur une chaise, près du corps. Chacun pouvait voir le chagrin sur les traits du père fouettard qui mit la tête dans ses mains, refusant de regarder encore le défunt.

 

Derrière lui, les regards se croisaient éloquemment. Il fallait s’en douter, ils auraient pu le prévoir. Le silence devint plus pesant et la même pensée se répandit dans l’esprit de tout le monde. 

« Je me souviens encore de la façon dont tout a commencé… »

 

 

Je me souviens encore de la façon dont tout a commencé. Hans à dix-neuf ans était un jeune homme infernal. Une vraie teigne ! Il se traînait déjà dans les endroits déserts et dangereux, écorchant ses genoux, déchirants ses vêtements, revenant sale et extenué de ses expéditions punitives, où il trouvait toujours quelques personnes avec qui se battre. Il n’était pas rare de le voir sourire, crachant le sang, provoquant par plaisir et dégoûtant par choix. Il n’était pas plaisant. Son nez trop long et cassé ainsi que ses yeux trop grand faisaient frissonner. Ses cheveux ressemblaient plus à de la paille noire qu’à des cheveux. Il n’était pas beau à proprement parler.

Klaus au contraire était charmant. Toujours un mot gentil aux lèvres, il donnait volontiers un coup de main à toutes sorte de travaux. Son visage doux s’entourait d’une masse rousse claire, et était souvent éclairé d’un sourire.

 

Ils ne se croisaient pas souvent, mais chaque rencontre était épicée de regards sombres. Hans détestait Klaus sans le connaître mais pour lui, il ne s’agissait que du garçon à qui on le comparait toujours. Il n’était jamais assez bien, Klaus était tellement mieux que lui. Plus beau, plus gentil, plus aimable.

Et bien lui serait plus redouté.

 

Alors il avait fait encore pire. Il ne revenait plus sans blessures sérieuses, recouvert d’un sang qui la plupart du temps, n’était pas le sien. On commença à changer de trottoir en le voyant. Il se renferma sur lui-même, passant ses nuits dehors. Il n’avait jamais été très sociable de toutes façons. Alors pourquoi ne pas le devenir encore un tout petit peu moins chaque jour ?

 

L’orphelinat où ils vivaient tout les deux n’était pas bien grand, le jour de leur majorité, à vingt et un ans, ils devraient tout deux partir.

Klaus était apprenti chez un ébéniste, il n’était pas rare qu’il rapporte des petits jouets en bois pour les plus jeunes de l’orphelinat, il était doué de ses dix doigts.

A son plus grand agacement, lorsque Klaus revenait avec des présents pour tout le monde, il y en avait toujours un pour lui. Il n’avait pourtant rien fait pour le mériter, au contraire. Les deux seules choses pour lesquelles il était doué étaient la préparation du pot au feu et raconter des histoires. Deux choses qu’étrangement Klaus ne

 

- STOP ! 

 

Hans releva la tête vers Klaus, un sourire aux lèvres. Le rouquin venait de faire irruption dans le salle, son tablier blanc autours de la taille, les mains occupées par divers ustensiles de cuisine, dégoulinant de pâte à gâteau. Les enfants autours d’eux eurent un murmure déçu, se doutant que le conte allait tourner court.

 

- L’histoire ne te plait pas ?

- Pas tellement non. J’aimerais que tu évites de raconter des âneries aux petits. 

 

Le sourire d’Hans se fit plus chafouin et il se pencha vers les marmots d’un air conspirateur.

 

- Je vous raconterais la suite plus tard. Filez maintenant, allez vous laver les dents sinon il risque de nous priver de gâteaux ! 

 

Il ne fallut que quelques secondes aux deux adultes pour se retrouver seul dans le salon. Klaus retourna vers la cuisine, boudant ostensiblement, suivit de près par Hans, rieur.

 

- Ce ne sont pas des âneries… 

 

Le regard agacé de Klaus le rendit cependant aussi muet qu’une tombe alors qu’un sourire faussement désolé se dessinait sur ses lèvres. Klaus ne rigolait pas avec ça. Il n’aimait vraiment pas quand Hans racontait cette histoire.

 

- Ça suffit maintenant, on avait dit qu’on en parlerait plus. 

Hans soupira et du bout des doigts, vola un peu de pâte à gâteau sur la cuiller en bois.

- Ne pas en parler c’est oublier, je ne veux pas oublier. 

 

Klaus remit assez violement ses instruments de cuisine dans l’évier et ne répondit rien. Le silence s’éternisa jusqu'à ce que finalement le roux abandonne d’un haussement d’épaule.

 

- Ho, tu m’énerves. De toutes façons tu vas leur raconter quand je ne serais pas là…

 

Il se pencha un peu et tourna le bouton du transistor. La voix grave d’un chanteur envahit immédiatement la cuisine. Ils étaient trop vieux pour ce genre de disputes sans fin.

Klaus tourna légèrement la tête pour voir ce que faisait Hans. Assit sur l’embrasure de la fenêtre ouverte, les pieds dans le froid de décembre, le brun fumait tranquillement une cigarette. Son profil se dessinait contre le mur blanc, les volutes de fumée autours du visage. Sentant le regard de Klaus sur lui, Hans se tourna légèrement et sourit avant de reporter de nouveau son attention sur la neige qui tombait sur le bout de ses chaussures.

Klaus s’adossa contre le lavabo et détailla son ami. Il avait l’air tranquille, bien qu’un peu fatigué. Rassuré, il retourna à ses gâteaux.

 

Il arrive parfois que les apparences soient trompeuses, et vous mènent à des conclusions qui ne sont en aucun cas véridiques. Certains éléments, comme une sœur jumelle, un braquage à main armée et des vacances en Island, s’ils sont interprétés de la mauvaise façon peuvent aboutir à une situation fâcheuse, impliquant votre arrestation à la douane islandaise et une peine de prison de huit ans, dont quatre ans fermes. Les apparences, dans cette situation donnée étaient clairement en votre défaveur, et vous savez comment sont les adultes.

Il est de mon triste devoir de narrateur de vous annoncer, non sans peine, et la mort dans l’âme, que Klaus, selon toutes les apparences, était pour le moins devenu adulte.

 

Hans ferma les yeux et tira sur le peu qu’il restait de sa cigarette. La chaleur de son souffle alla se perdre dans le froid de l’hiver finlandais. Il était à peine dix heures et la lumière dehors était déjà éblouissante. Lorsqu’il faisait aussi beau par un froid aussi mordant, il avait toujours mal à la tête. Rentrant dans l’intérieur de la cuisine, il jeta son mégot à la poubelle et se pencha au dessus de l’épaule de Klaus pour lui déposer un baiser sur la joue. Klaus sursauta et se retourna, furieux vers Hans qui battait déjà en retraite.

 

- C’est bon ! Je sais… Je m’en vais ! Ne te fâche pas d’accord ?

 

Klaus plissa les yeux et fixa le brun jusqu'à ce qu’il disparaisse dans les escaliers. Lorsqu’il fut seul, il sentit ses genoux faiblirent et il posa une main sur le meuble derrière lui. Fermant les yeux, il inspira un grand coup.

 

A l’étage, Hans portait doucement la main à ses lèvres, le regard vide. Ce n’étaient pas des âneries. Ce n’était pas qu’une histoire. Ils avaient cédés leurs places voila bien des années, Klaus avant lui, et il n’avait pas tardé à le suivre. Mais voila, si lui se souvenait, ce n’était pas le cas de Klaus, qui refusait de donner crédit à cette histoire. Ça l’avait amusé au début, mais il s’énervait facilement désormais.

Pour lui, ils étaient des amis, de très bon amis, très proches, et ils avaient rachetés l’orphelinat de leur enfance, en état d’abandon. C’était tout. Pas de magie, pas de père noël, encore moins de père fouettard, pas de tomtes, ni de Julenisse. Klaus était devenu un adulte, il ne croyait même plus en ce qu’il avait été autrefois, durant de si longues années. Ce qu’ils avaient été tout les deux. Leur retour dans le monde des humains s’était fait voila quelques années. Ils avaient retrouvés leurs jeunesses, les années passées à travailler comme envolées, ils étaient de nouveau des adolescents.

Désormais tout deux avançaient sur leurs vingt-six ans et Hans était fatigué d’espérer. Fatigué de voir que l’homme qu’il aimait avait oublié toutes ces années et surtout lui. Mais c’était normal, il lui avait fallut du temps pour se déclarer et ils étaient déjà âgés de plusieurs centaines d’années lorsqu’il avait avoué son amour à un Klaus grisonnant et légèrement bedonnant. Il aurait du se douter.

Il se demandait parfois pourquoi lui se souvenait de tout. Pourquoi il était le seul à avoir l’estomac en vrac dès que Klaus lui souriait.

Klaus à qui il avait avoué son amour une fois, quelques années auparavant. Il y était allé avec le ventre noué et la gorge sèche pour s’en revenir brisé par de jolis mots innocemment cruels.

« Moi aussi je t’aime Hans, tu es mon meilleur ami ! »

Il n’avait pas osé insister, timide et renfermé comme toujours.

 

Des centaines d’années auparavant, lorsqu’ils étaient encore des créatures immortelles, des êtres de légendes, tout cela n’avait pas été aussi difficile.

C’était le matin du vingt-cinq, Klaus l’avait raccompagné en Alsace. Hans était descendu du traîneau d’un pas hésitant, il s’était retourné un instant et avait regardé le Père Noël, souriant dans sa lourde capeline rouge, ses cheveux roux commençaient à tirer sur le blanc, et une légère barbe mangeait déjà son visage. Avalant sa salive, il avait posé un pied sur le bord de la troïka et enlevé son haut de forme, encore présentable à cette époque. Klaus lui avait jeté un regard interrogateur et il s’était lancé.

 

- Klaus, je… Je comprendrais que tu ne ressentes pas la même chose que moi mais… Je t’aime. Je t’aime.

 

Hans avait ancré son regard dans les yeux ébahit de son ami et fait tourner son chapeau du bout de ses doigts. Il avait inspiré et tenté de faire abstraction des torsions de son estomac.

 

- Voila, c’est dit, ne te sens pas obligé de répondre, ni même de changer quoi que ce soit envers moi, je… Je tenais simplement à ce que tu le saches après toutes ces années…

 

Descendant complètement du traîneau, il avait remit de manière un peu bourru son haut de forme sur son crâne. Ses mains recouvertes de mitaines noires avaient plongé dans les poches déformées de son caban salit par la suie et il avait enfoncé son visage dans son écharpe de laine qu’il avait tant bien que mal tricoté lui-même. C’était sans doutes pour cette raison que ça ne ressemblait pas à une véritable écharpe.

Klaus n’avait pas bougé dans le traîneau, ses yeux de retour à leurs tailles normales, il fixait Hans. Il avait finalement garé son traîneau dans l’allée, et avait détaché ses rennes. Sans un mot de plus, il était rentré dans l’étrange et branlante maison de Hans et avait allumé un feu. Hans avait fermé la porte, les coupant du vent.

Klaus n’était rentré en Finlande que le jour suivant.

Ils avaient juste discutés beaucoup, mangé un peu et dormis l’un contre l’autre dans le canapé.

C’était au fil des années que la situation avait changé, qu’ils étaient devenus plus proches corporellement, même si leur aspect approchait des cinquante ans, et que Klaus avait tendance à prendre du ventre avec l’age… Tout cela n’avait en vérité, aucune espèce d’importance à leurs yeux.

 

Mais le Klaus désormais humain n’envisageait apparemment pas leur relation sous cet œil. Il n’envisageait d’ailleurs aucune autre relation que celle d’une profonde et solide amitié fraternelle et virile.

 

« Tous les garçons ont besoin d’une amitié virile. C’est bien connu. Ils choisissent dans leurs amis celui par qui ils sont le plus attirés, et transforment tout leur désir en amitié virile et fraternelle. Ils peuvent donc passer leur temps avec cet ami sans éveiller les soupçons sur leur attirance. Tout cela provenant d’une éducation ayant détracté sinon avili les relations homosexuelles. Le palliatif à cet opprobre social était donc l’amitié virile. »

 

Lorsque Sainte Lucie lui avait soufflé cela à l’oreille un de ces treize décembre où elle se trouvait dans les parages de la Finlande, il avait frissonné. Il l’avait regardé le dépasser, réveillant les bourgeons de ses multitudes de clochettes. Elle c’était finalement retourné vers lui, douce et lumineuse, lui tendant une brioche et une tasse de café, le visage auréolé de verdure.

 

- Lucie… cela fait bien longtemps…

 

Il avait prit les douceurs traditionnelles de la Belle Dame et un sourire réellement heureux avait fleurit sur ses lèvres comme les pousses de perce neige autours de la fée saisonnière. Voila une éternité qu’il n’avait plus vue de créatures fées. Il se croyait désormais privé de leurs charmes et de leurs farces. Ceux qu’il dépréciait lorsqu’il en faisait partit étaient désormais d’un immense réconfort. Sainte Lucie avait été la première. Il y avait eu Dame Hölle, à distance, dans les cieux mais la plus belle surprise avait été l’initiative des enfants à inviter un Domovoï.

Klaus les avait regardé faire d’un œil perplexe et fatigué, mais Hans, le sourire aux lèvres avait aidé les enfants à préparer du bortsch et à teindre un œuf en rouge. Tous ensembles, ils avaient répété la petite formule « Maître, vieux Maître, viens devant moi comme la feuille devant l’herbe, ni noire ni verte, mais juste comme moi. Je te donne un œuf rouge. »

Tous y croyaient suffisamment fort pour qu’un Domovoï les entendes depuis la Russie !

Et voila deux ans que le génie domestique vivait discrètement parmi eux, aimé des enfants et fournis en céréales cuites et draps blancs aux dates prévues. Klaus ignorait son existence, et l’eut il su qu’il n’y aurait pas crut. Il se demandait parfois pourquoi Hans et les enfants préparaient des céréales à l’étouffé le vingt-huit janvier mais il mettait ça sur le compte de son étrangeté. En tout cas, il ne perdait presque plus rien et le ménage n’avait jamais été si bien fait, la maison si bien tenue. Ce devait être Hans et les enfants qui lui donnaient discrètement un coup de main.

Hans se demandait parfois si la maison n’abritait pas de Latusé, mais de toutes façons, les orphelins étaient trop sage pour mériter un croque mitaine. Il en était d’ailleurs très fier. Jamais aucun de ses enfants n’aurait mérité son passage s’il était resté le Père Fouettard. Pas de charbon ni de coups pour ses marmots, seulement des présents et des douceurs.

 

Nous étions justement un treize décembre, et fidèle aux traditions, Hans avait préparé des chats de Lucie, sortes de brioches, et du café au lait pour le petit déjeuner des enfants, puis comme on était dimanche, il leur avait raconté une histoire, qu’aujourd’hui, il n’avait pas pu terminer.

Avec un soupire, il se retourna dans son lit et enfouit sa tête dans son oreiller. Le drap fraîchement lavé sentait délicieusement bon. Le Domovoï glissait des herbes odorantes dans les placards où l’on rangeait le blanc de maison. Pourquoi Klaus était il devenu aveugle à tout ça ? Alors qu’il avait été le père noël, le plus magique d’eux deux. Lui n’avait été qu’un croque mitaine à la dégaine d’épouvantail ramoneur. Il ne s’expliquait pas ce genre de chose.

 

La porte de sa chambre s’ouvrit doucement et des pas feutrés se firent entendre dans la pièce. Un poids fit plier légèrement le matelas à coté de Hans et une main un peu calleuse se posa sur sa tête.

 

- Hans, excuse moi d’accord ? Ne me fait pas la tête.

 

Tournant légèrement son visage vers Klaus. Il semblait réellement désolé, et soucieux. Le rassurant d’un sourire, il se positionna de sorte à le voir en entier.

 

- Je ne boude pas, ne t’en fait pas…

- Hans, je voulais qu’on discute un peu.

 

Fronçant les sourcils, Hans se redressa correctement et s’assit en tailleur. Klaus avait récupéré sa main, et se les tordaient toutes les deux désormais. Il inspira un grand coup et commença.

 

- D’abords… Je ne comprends pas tes élucubrations sur les lutins ou je ne sais quoi, parfois je t’avoue que ça m’énerve franchement. Alors, pour aujourd’hui, promet moi de ne pas m’en parler. D’accord ? C’est très sérieux.

 

Inquiet du comportement de son ami, Hans hocha doucement la tête, attendant la suite. Klaus le regarda un instant et se passa une main rugueuse sur la joue. Il y avait un peu de barbe rousse sur le bas de son visage, le long de sa mâchoire. Si ses mains étaient abîmées par le travail du bois, le reste de son corps était relativement svelte. Il n’avait pas la carrure du bûcheron québécois, mais comme les hommes du nord, il était grand et solide, sans être massif.  Hans lui était aussi grand mais plus mince et pas aussi costaud.

 

- Je suis un peu perdu Hans… Lorsque tu m’as dit que, que tu m’aimais... Il y a cinq ans. Tu, tu voulais dire… Que tu…

- Oui.

- Ha…

 

Klaus baissa la tête, rougissant comme seul les roux peuvent le faire. Ses mains croisées entre ses genoux, il ne dit rien durant un certain temps. Puis, doucement, il leva les yeux vers Hans qui n’avait pas bougé.

 

- Je ne l’avais pas compris comme ça… Je suis désolé…

- Ce n’est pas grave.

- Non ! C’est cruel.

 

Hans sourit et posa une main sur le crâne de Klaus, le secouant doucement.

 

- Allez t’en fait pas, c’était il y a cinq ans. C’est oublié maintenant.

- Tu veux dire que tu ne m’aimes plus ?  Enfin plus de cette façons je veux dire…

 

Le brun soupira et finalement ferma les yeux quelques secondes. Lorsqu’il les rouvrit, il souriait tranquillement.

 

- Ne t’en fait pas, je n’ai pas changé de comportement il y a cinq ans, je n’en changerais pas maintenant…

- Alors tu m’aimes toujours ?

 

Levant les yeux au ciel, Hans acquiesça doucement. Klaus avait parfois un peu de mal à comprendre les sous entendus. Le roux sembla méditer la soudaine révélation qui venait de lui apparaître et Hans vit ses oreilles virer au rouge.

 

- Que va tu faire maintenant ?

 

Klaus leva les yeux vers lui et parut hésiter un instant avant de répondre, le regard de nouveau fixé sur ses chaussures.

 

- Je… Je ne sais pas. Je suis un peu surpris, alors je pense que je vais y réfléchir.

 

Hans fronça les sourcils et le regarda se lever pour sortir. Klaus était  presque dans le couloir lorsqu’il le rattrapa.

 

- Klaus ! Attends… Réfléchir à quoi ?

 

Le roux lui jeta un regard par-dessus son épaule et laissa passer quelques secondes avant de répondre.

 

- A ta proposition.

 

Ne laissant pas le temps à Hans de répliquer, il descendit les escaliers pour vérifier la cuisson des gâteaux, laissant Hans un peu perdu et incrédule, mais curieusement heureux.

 

¤¤¤

 

 

C’était déjà le dix neuf. Six jours depuis leur étrange discussion et Hans n’avait plus osé l’embrasser. C’était étrange comme il se sentait mal à l’aise devant Klaus désormais. Comme s’il avait peur de faire quelque chose de trop, un geste, un mot, qui pourrait briser le faible espoir qui ronronnait derrière son nombril.

Hans soupira et sortit dans la neige pour se diriger vers le sauna au fond du jardin. Il entrouvrit la porte et la vapeur forma un épais nuage autours de son corps.

 

- Allez, ça fait une heure que vous vous amusez là dedans, quelqu’un va finir par s’évanouir à ce rythme !

 

Les enfants rigolèrent et sortirent en trombe de la cabane en bois pour se ruer, touts nus, dans la maison. Il entendit Klaus au loin qui vociférait de ne pas mettre de neige sur le parquet et sourit.

Il se déshabilla et posa ses vêtements sur une pierre sèche devant la porte. Il était l’heure de dormir pour les enfants, et Klaus se débrouillerait très bien tout seul. Il prit rapidement une douche chaude et posa sa serviette sur le banc de bois.

Fermant les yeux, il se détendit du mieux qu’il pouvait et s’évertua à ne penser à rien.

 

Il finissait de se sécher de son premier bain de neige lorsqu’il se rendit compte qu’il n’était plus seul dans le sauna. Klaus, la tête contre la paroi et les yeux fermés, profitait lui aussi de la vapeur.

Klaus et sa peau pale. Klaus et ses épaules parées de tâches de rousseurs…

Hans se rassit sur sa serviette et fixa les pierres au centre du foyer. Klaus avait du rajouter un peu d’eau, il faisait plus chaud. Ses yeux se fermèrent tout seul et ne se rouvrir que lorsque son ami prit la parole.

 

- Nous devrions emmener les petits au championnat de football de Hyrynsalmi.

 

Hans fronça les sourcils et lissa du plat de la main sa serviette.

 

- Le championnat de football dans les marais ?

- Oui, je crois qu’on a raté celui sur neige poudreuse…

-  Ha oui… C’est une bonne idée. Mais il faudra attendre l’été prochain.

 

Klaus acquiesça en marmonnant un vague son affirmatif. Hans détourna les yeux qu’il ne se souvenait pas avoir posé sur Klaus lorsque celui sortit pour prendre sa première douche froide.

Il croisa les mains entre ses genoux et inspira aussi profondément qu’il le pouvait, c’était à dire faiblement, à cause de la vapeur. Klaus était magnifique. Chaque grain de beauté, chaque pli que formait sa peau lorsqu’il bougeait, les mèches de cheveux collés contre sa nuque et ses tempes… Hans brûlait de les caresser du bout des doigts, de la main, de ses lèvres.

Lorsque Klaus revint, plus tôt qu’il ne s’y était attendu, il sentit une main fraîche se poser sur la sienne, désormais au coin de sa serviette. Klaus ne le regarda pas lorsque il tourna la tête pour le voir. Et puis doucement, leurs yeux se croisèrent, hésitant et timides, pas sûr d’eux ni de quoi faire, ils se plongèrent dans le regard de l’autre.

Hans retint sans y faire attention sa respiration, oubliant jusqu'à son nom alors qu’il sentit les doigts de Klaus se mêler aux siens, et les lèvres roses s’approcher des siennes. Son regard se troubla et il sentit ses paupières se fermer toutes seule.

Le souffle brûlant de Klaus s’écrasait maintenant sur sa bouche et le vertige qui le prenait n’avait rien à voir avec la chaleur du sauna.

Les lèvres de Klaus effleurèrent ses lèvres à lui et la porte s’ouvrit timidement. Une petite voix se fit entendre.

 

- Hans, Sarah a vomi sur le tapis…

 

 

¤¤¤

 

Sarah était de toutes évidences malade. Elle n’eu plus de nausées, mais toussait beaucoup, pas vraiment dans son assiette.

Hans était sortit de la cabane de bois en toute urgence pour aller voir la petite fille. Klaus, lui, était resté dans le sauna quelques secondes de plus, un peu sous le choc de ce qui avait faillit se passer, de la délicieuse chaleur qui venait de le déserter. Il avait froid. Un peu. Relevant la tête, il s’était levé et rhabillé pour sortir.

 

Sarah était, selon le médecin, légèrement contagieuse. Personne ne mit la chose en doute et on l’installa dans une chambre à part. Hans passa beaucoup de temps à s’occuper d’elle et Klaus dut se charger seul des autres enfants. Le temps passa et bientôt il ne resta plus que quelques jours avant noël.

 

 

¤¤¤

 

22 décembre.

Le tourne-disque était en marche dans le salon, et Hans dansait doucement avec Tom, l’un des plus petits, 6 ans, qui somnolait dans ses bras. The Mamas and the Papas résonnait dans la pièce, accompagné du doux son de la voix de Hans, chantonnant doucement.

 

“Stars shining bright above you, night breezes seem to whisper "I love you," birds singing in the sycamore tree, dream a little dream of me.   
Say “Nighty night” and kiss me, just hold me tight and tell me you'll miss me. While I'm alone and blue as can be, dream a little dream of me.

Stars fading, but I linger on, dear, still craving your kiss. I'm longing to linger till dawn, dear, just saying this:

Sweet dreams 'till sunbeams find you. Sweet dreams that leave all worries behind you.  But in your dreams whatever they be, dream a little dream of me.”

 

 Hans ferma les yeux et soupira légèrement, se perdant dans ses pensées. Klaus, les coup d’œil des derniers jours et le silence étrange et confortable qui s’étendait entre eux ces derniers temps lorsqu’ils étaient seuls dans une pièce. Il pensa beaucoup à cet épisode étrange dans le sauna, peut être avait il rêvé. Il pensait aussi à cette histoire de Noël, de ce qu’ils étaient avant… Il ne pouvait pas avoir tout inventé. Lucie, le Domovoï…

Et pourtant… peut être que Klaus avait raison. Peut être que ce n’était que son imagination. Un vertige le prit à cette idée et il la chassa comme elle était venue. Non, on ne pouvait pas inventer ce genre de chose. Mais la même question revenait le hanter sans cesse. Pourquoi ne se souvient il pas ? Pourquoi moi et pas lui ? Un soupir franchit ses lèvres de nouveau et il entendit le vinyle se taire dans un petit bruit sec.  

Hans sentit soudain quelqu’un lui retirer Tom des bras et il observa Klaus déposer doucement l’enfant endormi dans le canapé, un couverture sur ses frêles épaules. Le roux se dirigeât ensuite vers le tourne disque et remit le diamant au bord du vinyle, pour rejouer la chanson. Hans le regarda faire sans mot dire. Klaus sourit doucement et s’approcha, incertain, de son ami pour le prendre dans ses bras, guidant doucement ses mains sur ses hanches. Hans rougit légèrement et rapprocha Klaus de lui, commençant à se mouvoir au rythme de la musique. Ils étaient un peu maladroits, peu sûr d’eux même, mais tout semblait si juste qu’aucun d’entre eux n’aurait voulu que cela cesse.

L’odeur du shampoing de Klaus lui montait à la tête, il ferma les yeux et inspira plus profondément.

Les bras qui entouraient son cou se firent plus possessifs et Hans rouvrit les yeux pour plonger dans ceux de Klaus. Doucement, sans détourner le regard, peut être par peur que ce soit un rêve qui crèverai comme un bulle s’il fermait les yeux, il se pencha vers son ami et posa ses lèvres sur les siennes. Ce n’était pas comme il se l’était imaginé. Les lèvres de Klaus n’étaient pas douces et chaudes, pas dévorantes. Non, elles étaient un peu gercées, un peu fraîches. Et c’était bien mieux que tout ce qu’il avait jamais pu imaginer. Malgré tout ce qu’il avait pu se dire, ses paupières se fermèrent d’elles même, et son ventre se mit à héberger une colonie de coléoptères prêt à prendre leur envol.

Hans avait l’impression qu’il allait se mettre à pleurer. Il s’écarta doucement, comme s’il lui en coûtait de le faire, pour contempler Klaus. Il sourire incertain et radieux vint éclairer ses traits alors que Klaus se dressait sur la pointe des pieds pour l’embrasser à son tour. L’une de ses mains quitta les hanches de son ami pour se poser délicatement le long de la mâchoire de celui-ci. Il passa le bout de ses doigts sur la barbe presque douce et sourit. Leurs pieds reculèrent jusqu'à ce qu’ils tombent tout deux dans un fauteuil. Un rire étouffé leur échappa et ils s’embrassèrent un peu plus audacieusement. Hans redécouvrait Klaus du bout des doigts, un peu timidement peut être, pas encore sûr de ce qu’il pouvait faire, de jusqu’où il pouvait aller.

Leurs yeux s’accrochèrent et ils restèrent là quelques instant, sans bouger.

 

L’horloge sonna six heures et Klaus qui avait fermé les yeux et s’était laissé allé dans l’étreinte d’Hans, jeta un coup d’œil par la fenêtre. Il commençait déjà à faire nuit. A contre cœur, il se détacha de son ami et se leva, s’étirant comme un grand chat et lui tendit la main pour l’aider à se lever.

 

 

A suivre. 

 
     
     
 
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