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au 31 Mai 21 :
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Quintessence Lycanthropique
Par Keridwen
Loup, y es-tu?  -  Fantastique  -  fr
2 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 2     Les chapitres     3 Reviews    
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L'essence du mal.

Je ne compris pas ce qui m’arrivait. Les os de mes pieds semblaient vouloir sortir de leur enveloppe. Mes doigts se tordaient comme si j’étais atteint d’une de ces dégénérescences physiques. L’alcool ne m’empêcha pas de vaciller sous la pression. Ma tête se prenait des coups de massue : sur l’avant, sur l’arrière, sur les tempes. La massue devait être lourde et le bourreau persévérant.

 

Mon estomac grogna férocement. Un instant, je pensais que la pizza devait contenir un ingrédient pas très frais. Malheureusement, cette pensée s’estompa très vite. Je ne pouvais me dépêtrer de cette douleur qu’infligeait mon cœur à mon thorax. Il ne battait pas la chamade, comme un ridicule amoureux, il battait le beurre, les œufs, les blancs en neige, le pavé, le fer... Il voulait faire de moi une drôle de mixture organique. Je m’entendis le supplier, dans un souffle effacé. Je voulais tellement que cela cesse ! J’aurais donné ma sœur pour ne plus sentir ce tortionnaire inaltérable qui s’attaquait à moi –quoi qu’elle ne fût pas une grande perte pour l’humanité-.

 

Mes yeux se brouillèrent en quelques secondes. Mes poils se hérissaient ; je n’avais pourtant pas froid. Mes ongles s’allongeaient sans s’arrêter en de grandes griffes acérées. J’aurais souhaité que l’alcool soit la cause de ces hallucinations. Mais ce n’était pas un leurre ; la douleur me tiraillait de part et d’autre de mon corps.

 

Je me mis à rugir de souffrance quand je sentis mon dos se courber. Mon échine se distordait sans trop savoir dans quel sens se développer. Des canines soulevaient mes lèvres en un rictus morbide. Toute l’ardeur de Monsieur Hébert pour me donner un sourire ravageur réduite à néant…

 

Mes yeux roulaient en une danse folle. Ils cherchaient seulement à s’habituer à la pénombre. L’accommodation prit quelques secondes. Je discernais tellement bien les alentours que j’en oubliais la souffrance de mon corps meurtri par des dizaines de transformations simultanées. J’avançais dans cette nuit éclatante. Non, je n’avançais pas : je courrais ! Je courrais entre les arbres, fleuretant avec la rivière. J’étais si proche du sol, si rapide, que je lançais des tornades de poussières.

 

Je m’étonnais à connaître chaque recoin du bois. Pourtant, c’était loin d’être l’endroit préféré des jeunes pour traîner, mais j’appris en seulement un tour à me repérer dans cette étendue. La faim rongeait mon estomac. C’était elle : la Grande Faucheuse. Cette faim meurtrière qui poussait l’être humain à devenir une vraie bête. J’avais toujours été un prédateur. Mais un bien piètre prédateur -qui se contente de sortir du poisson pané du congélateur pour survivre-. Aujourd’hui, je devenais un dangereux monstre de la nuit. Cette pensée me fit m’esclaffer. Un rire qui ressemblait plus à un hurlement retentissant. Il me fallait chasser…

 

Aucun congélateur à l’horizon. Je commençais à réfléchir –autant que le pouvait le cerveau d’un être mi-homme mi-loup- à ce qu’impliquait la chasse : un chasseur, une proie, une course, peut-être même une bataille, et un dîner dûment mérité. Je m’arrêtais sur la notion de gibier… J’allais probablement devoir massacrer sauvagement un animal : un lapin ? Mon estomac espérait que la mise en bouche serait nettement plus conséquence : il imaginait un sanglier !

 

Ma première tactique de chasse s’avéra être un échec total. J’entrepris de faire l’autruche derrière un buisson en essayant de retenir, tant bien que mal, le bruit de ma respiration haletante. Ma langue glissait entre mes dents, laissant tomber sur le sol de lourdes gouttes de bave. Je vis tour à tour passer devant moi : un écureuil, un hérisson et un jeune lièvre. Le premier animal allait trop vite pour moi. Le second était trop piquant. Et le troisième était trop… Jeune ? Devant l’inadéquation des cibles, je me décidais à changer de stratégie. J’optais pour la stratégie de l’attaque lorsque je vis un petit rongeur débouler. Il n’aurait pas suffit à combler ma faim dévorante mais il aurait pu avoir l’honneur d’être mon premier amuse-gueule.

 

Je lui courrais après depuis quelques minutes quand je me sentis fatigué. Un loup-garou pouvait-il être atteint d’hypoglycémie ? Je n’en doutais pas. Je me permis donc d’économiser mes forces pour une autre proie, plus facile. Le bois devait regorger de toutes sortes de bestioles plus alléchantes les unes que les autres… Il me suffisait de les trouver… Enfin… De les attraper évidemment…

 

Une idée me vint après l’hululement d’une chouette à quelques mètres de ma position. J’aurais aimé être accompagné dans ma quête de nourriture. A plusieurs, nous aurions pu nous concerter ou désigner un meneur –autre que moi-. Il me manquait pour cela, compagnons et talkies-walkies. Après moult recherches de terrain, je pus dénicher la chouette. Perchée sur une branche à mi-hauteur, elle me narguait avec un air dédaigneux. Avec étonnement, je l’entendis me hurler :

 

- Cause toujours boule puante !

 

Je n’avais encore jamais soupçonné que mes nouvelles dispositions pouvaient m’apporter une nouvelle linguistique. Sans réfléchir, je répondis, proférant de vaines menaces :

 

- Bientôt tu ne pourras même plus causer !

 

J’avais mis dans mon intimidation toute ma hargne enfouie. Seulement, cela ne parut suffire pour ne serait-ce que faire trembler l’oiseau de nuit. Elle se tourna, me montrant délibérément son arrière train. Dans un élan de colère, je m’agrippais au tronc. Mes pattes frottaient durement la sève qui me faisait glisser de plus belle. L’animal moqueur raillait chacune de mes tentatives pour l’éventrer. Ereinté, je m’allongeais sur les feuilles qui jonchaient la terre.

 

Mon estomac se nouait. Si j’avais pu, j’aurais pleuré de honte. J’étais un prédateur doté de tant de caractéristiques que j’étais né et destiné pour la chasse. Mes griffes, mes canines, mes yeux perçants, ma rapidité et mes réflexes devaient bien servir à quelque chose. Il fallait juste les coordonner. Mais malgré toute la force que j’y mis, je me ratatinais par terre. Pour ne plus penser à me nourrir, je m’amusais à déployer tous les membres de ma nouvelle anatomie. Je jouais à contracter mes muscles, à dissocier les mouvements de mes oreilles.

 

- Attrape-ça cabot !

 

Ricana la chouette du haut de son arbre. Elle venait de lancer à mes pieds un gros rat. Je me dis quelques instants que la chasse avait été fructueuse pour elle par seule chance. Après réflexion et objectivité, je me rendis compte de mon incompétence profonde. Une chouette, meilleur prédateur qu’un loup-garou… De quoi rendre fou. Je fus humilié. Mais avec humiliation, je mangeais néanmoins le canapé que me proposait la serveuse.

 

Cela faisait maintenant sept mois que je m’habituais à ma nouvelle condition. Tous les 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,9 secondes, je m’arrangeais pour atterrir près de la rivière, hurlant à la mort sous les modifications de mon corps. Le second mois, j’avais réitéré mes tactiques, sans grand succès. Abaissé, je me livrais à une déchéance d’un déshonneur sans nom. Je me présentais chaque mois devant l’oiseau moqueur afin qu’il me nourrisse. Comme à chaque pleine lune, la chouette se tordait de rire et de pitié devant une bassesse si jouissive. Seulement, cette pitié j’en avais besoin ! Sans nourriture, je ne donnais pas cher de ma peau. Le corps de l’animal affamé aurait pu gravement endommager celui qui m’acceptait 98% du temps : mon corps humain. Je ne pouvais pas prévoir jusqu’où allait la combinaison des deux essences. Mon origine était-elle celle d’un loup-garou ou celle d’un humain ?

 

Après avoir googlisé plusieurs fois mon état, je n’étais tombé que sur des sites aux allures et aux pratiques étranges. J’avais enregistré une multitude de capacités que devait posséder un loup de mon espèce. J’avais même voulu savoir comment j’avais pu en arriver là. Or, même en remontant plusieurs années auparavant, je n’avais pu retrouver la trace d’une quelconque morsure que j’avais subite. J’optais alors pour la seconde possibilité : la malédiction. Mais qui m’en aurait voulu assez pour me transformer en un loup-garou minable et incompétent ? Même le plus vil des hommes n’aurait pas pu souhaiter assister à une mortification pareille.

 

Dans le bois, le bruit avait circulé assez vite, alimenté par la chouette. Les animaux se pressaient à quelques mètres de moi, narrant mes exploits dévastateurs. Chaque pleine lune me remplissait d’effroi. Je n’étais plus qu’une boule de poils dont il fallait s’occuper. Et malgré le recul que j’essayais de prendre lors de mon retour à la normale, j’avais littéralement changé.

 

A la maison, je faisais systématiquement le repas. Ma condition impropre et avilissante de loup-garou me poussait à m’opposer à toute forme d’aide culinaire dans ma condition humaine. La survie devait passer par moi ! Au grand plaisir de ma mère, les repas étaient confectionnés par un autre qu’elle. Je la rendais dépendante du repos que je lui offrais. Je comprenais mieux ce que ressentait l’oiseau moqueur...

 

Lors de ma huitième transformation, je crus que tout allait recommencer –et j’aurais préféré-. J’avais tourné plus de deux heures en courant à travers bois pour retrouver la chouette. Les animaux semblaient se terrer. Je ne croisais aucun d’entre eux. J’avais redouté longtemps d’imaginer le départ de « ma mère nourricière ». Avec désespoir et panique, je partis m’abreuver à la rivière.

 

De grands flashs m’arrivèrent dans les yeux. Mes poils se raidirent. Je ne pus retenir un grognement féroce lorsque je compris la situation. Sur mon flanc gauche dépassait une touffe rouge. Je le sentais enfler quand je tombais au sol lourdement. Les spots m’aveuglaient tellement que je me laissais porter par le sommeil… Ainsi, c’était comme ça que je finissais ? Pris au piège par les habitants de la ville qui avaient pu me croiser dans les bois, ou les copains qui avaient été jaloux de ma nouvelle musculature. Ou encore ma mère, qui avait trouvé trop étrange mon investissement en cuisine.

 

En plus d’avoir été maudit, j’avais été doté d’une incapacité technique et mentale à faire ce « métier » de loup-garou. Mon rôle n’avait pas été correctement rempli, j’en payais le prix aujourd’hui. Les produits que l’on m’injecterait laisseraient des marques sur ma peau. Je ne reverrais plus jamais Marine, assise à côté de moi en cours d’anglais. Elle, en revanche, me reverra. Dans un zoo très particulier. Je serais la nouvelle attraction de l’agglomération, peut-être même du pays... Tous les mois, les gens se presseraient pour m’apercevoir à travers une vitre teintée qui m’empêcherait de distinguer leurs faciès abrutis. Je tombais dans l’abyme lorsque je sentis que l’on bougeait mon corps.

 

Seul point positif, je n’aurais plus d’heures de philosophie…

 
 
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