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au 31 Mai 21 :
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Porteur de pantin.
Par Noo
Gepetto '10  -  Mystère/Général  -  fr
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    Chapitre 1     1 Review    
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Disclaimer: Les personnage ne m'appartiennent pas, tout est la propriété de JK Rowling. Le décor est plus ou moins inspiré de « L'imaginarium du Dr Parnassus »...Mais alors très librement^^. Le morceau de violon joué à la fin est « Danse macabre » de Camille Saint-Saëns.

Résumé: « Personne ne touche jamais à tes horreurs Severus! »  Tant mieux, il ne le voulait pas. Mais il n'aura pourtant pas le choix.

Pitite note: Ceci est un os avec les personnages de Harry Potter mis en scène dans un univers alternatif: UA. Cette histoire tourne autour du personnage de Théodore Nott ainsi que de Severus Snape.

Je m'excuse pour le coté un peu trop résumé, voir baclé (:s), de la fin...Les délais ne sont pas mes amis, j'ai forcé pour terminer à temps. Je m'excuse donc.

J'ai heureusement eu l'aide de Atsuna qui a été ma première lectrice et correctrice de dernière minute et qu'a trop géré :P. Faut dire que ça a pas dû être simple >_<. Un grand merci à elle, pour son avis, etc..!!

Merci aussi à Senjougahara qui s'était proposée il y a loooongtemps pour la relecture mais...J'étais tellement à la bourre que j'ai pas réussi à la re-chopper avant la fin du concours, huhu.


 

Porteur de Pantin.

 

  Cela faisait maintenant près d'une dizaine de minutes que Théo surveillait sa proie. Un jeune noble de son âge, très blond, le port gracieux et le visage hautain qui portait à son ceinturon une bourse au tintement merveilleux, promesse pour le jeune homme d'avoir un copieux repas le soir même.

Le noble avait échappé à la vigilance de ses parents -occupés près d'une échoppe destinée aux livres et ouvrages en tout genres- et avait cru bon de slalomer au gré de ses envies parmi la foule de paysans, serviteurs et brigands dont la plupart ne demandaient qu'a détrousser un si jeune et riche inconscient.

 

Il se posta rapidement près d'un théâtre de rue imposant où un vieillard donnait un spectacle comique visiblement peu apprécié des gens du marché. L'homme sourit à son seul et unique spectateur puis fit sortir d'un bocal un singe vêtu d'une tunique rouge et or. L'adolescent blond ne broncha même pas face à ces pitreries bon marché mais répondit docilement aux questions que le vieux prestidigitateur lui posait.

 

Théo vit là l'occasion de s'approcher et de tenter sa chance, maintenant que sa proie était occupée. Il quitta le coin de mur où il s'était caché et se rapprocha de la roulotte, feignant d'être intéressé par les singeries du petit animal qui se suspendait par la queue à une liane faite de papier coloré. Aussi rapidement qu'il l'avait appris, il bouscula le noble et s'empara de sa bourse avant d'amorcer sa fuite, le butin sous le bras.

 

Il n'eût pas le temps de se réjouir de sa prise qu'un coup porté à son ventre le fit tomber à terre, la tête la première dans une flaque de boue.

 

-Et bien, qu'avons nous ici? Questionna d'une voix froide un homme que Théo ne pouvait apercevoir en raison de sa position au sol. Montre ton visage voleur! Que je sache qui ose s'en prendre à mon fils.

Le brigand releva la tête, anxieux quant à la suite des événements. Non seulement il s'était fait prendre mais l'homme allait surement le mener aux autorités. Nul doute qu'il devrait retourner en orphelinat.

 

-Ordonnez-lui de me rendre ma bourse père ! Ce voleur ne mérite pas notre argent puisqu'il m'a détroussé avec si peu de discrétion.

 

Le jeune nobliau lorgnait Théo de son regard le plus mauvais, le considérant comme bien moins important qu'un animal de basse-cour. A peine le brigand eût-il croisé son regard avec les yeux acier qu'il sût avoir eu raison de s'en prendre à cet arrogant. Il était sans aucun doute de ces nobles qui traitent leurs inférieurs comme des moins que rien.

 

-Si j'étais toi, Draco, je ne serais pas si arrogant. Je ne t'ai pas élevé comme un imbécile qui se fait voler à la moindre occasion.

 

L'homme avait parlé sèchement tout en relevant le voleur à l'aide de sa canne sculptée. Théo pût enfin voir son visage et fût troublé par tant de prestance. Le père comme le fils portaient leur longue chevelure attachée en catogan et tout dans leur allure criait richesse. A coté, Théo faisait bien triste figure dans ses guenilles. Il songea un instant à donner un coup de pied à son bourreau pour ensuite s'enfuir sans son butin mais il savait qu'il n'aurait aucune chance de fuir, étant donné la poigne de fer par laquelle il était retenu. Bien trop frêle, il ne pourrait pas y échapper.

 

Pendant que l'homme blond ameutait le magicien à proximité, qui avait vu la scène, le jeune noble ramassa sa bourse pleine de boue et grimaça avant de trouver la solution parfaite à son problème : essuyer sa bourse avec les vêtements de son voleur. Les deux garçons se défièrent du regard pendant ce geste puis Théo sourit avec machiavélisme avant de cracher au visage du blond, qui perdit aussitôt son calme.

 

-Espèce de bougre! Nettoie de suite ce que tu viens de faire ou sinon je te tue de mes mains!

 

-Draco, il suffit! Arrête de te donner en spectacle et va plutôt rejoindre ta mère à la boutique Gingembre et Grenat. Ce vieil homme dans sa roulotte surveillera le voleur pendant que j'irai chercher les autorités. Il recevra le châtiment qu'il mérite.

 

-C'est avec grand plaisir, Sir, que je surveillerai ce vaurien il est inutile qu'il vous importune plus longuement, mais peut-être aurai-je droit à quelque compensation en échange?

 

Le noble râla puis jeta une poignée de pièces devant la roulotte. Aussitôt, le petit singe vint les récupérer puis partit derrière les voiles qui faisaient office de décor sommaire au théâtre.

 

-Voici 5 mornilles pour toi. Prends cette corde censée décorer ta pacotille de spectacle et attache-le avec, je ne veux pas qu'il s'échappe.

 

Le magicien hocha la tête, émit un sifflement et un jeune adulte sortit immédiatement de derrière les voilages. Sur ordre de son patron il vint attraper le brigand-qui avait recommencé à se débattre et même à crier- au grand amusement de son jeune rival, resté devant son père- et le mena sur la scène avant de l'enrouler fermement avec une lourde corde qu'il attacha à un anneau. L'employé du théâtre lui fit un sourire franc et un clin d'œil complice avant de s'en aller par l'arrière de la roulotte. Dès lors l'adolescent abdiqua, attendant la suite des événements et espérant peut-être s'échapper avec l'aide de cet homme qui ne paraissait pas lui en vouloir.

 

Après quelques recommandations et menaces, le noble se fondit à la foule pour aller chercher les autorités et les amener au vaurien, son fils le suivant, non sans avoir au préalable tiré la langue à Théo.

 

Aussitôt les chevelures blondes disparues, le magicien s'activa pour ranger son théâtre.

 

-Severus, Sibylle, on lève le camp et que ça saute! Sirius, occupe-toi de l'enfant et mène le derrière.

Et plus vite que ça, ils reviendront rapidement!

 

Avant d'être transporté au travers des voiles et jeté sans ménagement sur un matelas, Théo eût juste le temps de voir un homme massif atteler deux chevaux et le singe ramasser rapidement le bocal d'où il était sorti plus tôt.

 

000000

 

Ignorant totalement ce qui se passait au dehors de sa pièce pleine de bric et de broc, Théo était balloté sans cesse, se cognant à divers objets, ne pouvant se tenir en raison de ses mains liées par la corde. Il n'entendait que des sons étouffés venant de l'extérieur mais percevait tout de même qu'ils avançaient sur une route caillouteuse. Plusieurs fois il tenta de se relever pour regarder par la lucarne au dessus de lui mais n'y parvint pas et retomba mollement sur la couchette. Il appela également, hurla même, mais personne ne lui répondit, aussi il finit par se calmer et observer la pièce étrange dans laquelle il se trouvait.

Sur sa gauche un bureau en bois vermoulu supportait une quantité de livres impressionnante dont les noms échappaient totalement au jeune homme. Il avait appris à lire bien sûr mais même en décryptant les lettres, le sens lui échappait totalement : il n'aurait su dire ce qu'était un Quiddich, un Bézoart ou encore un Poudlard. En dessous se trouvait une malle imposante et même si elle était fermée par une serrure ouvragée, on pouvait distinctement entendre les crépitements à l'intérieur et les coups donnés de temps en temps. Probablement un animal quelconque pensa Théo.

 

Au plafond se trouvaient une dizaine de balles dorées, retenues grâce à un fil de fer ; elles étaient ballotées au gré des secousses de la roulotte et certaines semblaient douées d'une vie propre, comme souhaitant voler par elles-mêmes. Enfin, aux pieds de Théo, des bocaux, fioles et autres tubes à essai tintaient régulièrement en se cognant entre eux, le bruit devait sans doute s'entendre jusqu'à l'extérieur de la chambre.

Finalement, le seul objet qui paraissait normal dans cette pièce étrange était un cadre accroché près de la lucarne dans lequel était représenté le magicien, plus jeune, tenant dans ses bras un garçonnet joyeux qui arborait une cicatrice au front et des lunettes rondes bien trop grandes pour lui.

 

000000

 

-Regardez comme il est mignon, ce petit ange!

 

-Nous devrions le réveiller, vous ne croyez pas?

 

-Rêves Black! Tu l'as entendu hurler tout à l'heure? Un vrai monstre, il est mieux endormi si vous voulez mon avis.

 

-J'ai toujours aimé les personnes avec des taches de rousseur, regardez il en a quelques unes sur ses joues.

 

-Hé...Moi aussi j'en ai! Tu veux les voir Sibylle?

 

- Black, si tu te défroques devant Sibylle, je ne réponds plus de moi! Ôte tes mains de cette ceinture!

 

-Sirius, je suis déçue de ton manque de tact! On ne se déshabille pas devant une femme, même si elle aime les taches de rousseurs!

 

-Hin hin hin...

 

-Severus, tu la fermes! Excuse-moi Sibylle, je ne le referai plus.

 

-Heureusement que Dumbledore s'occupe des chevaux à l'extérieur sinon tu étais bon pour une retenue sur salaire.

 

-Vous croyez qu'on va devoir se coltiner le morveux?

 

-Tu connais Dumbledore, il va sûrement lui proposer un poste d'assistant ou que sais-je encore.

 

-Oui mais il a peut-être une famille et on a déjà bien du mal à se nourrir correctement...Je dis qu'on devrait le larguer sur ce terrain vague et puis voilà!

 

-Mon dieu, Severus tu n'as aucun cœur. On ne va certainement pas abandonner cet enfant ! Regarde, il n'a que la peau sur les os, il n'a probablement pas de famille. Et puis, s'il est doué de ses mains il pourra sans doute m'aider à réparer nos costumes, ce n'est pas vos gros doigts qui arrivent à quelque chose avec ces tissus.

 

-Il est totalement hors de question qu'il touche à mes marionnettes! S'il a le malheur de les approcher, je le...

 

-Rassures-toi Severus, personne ne touche jamais à tes horreurs, tu n'as rien à craindre, il n'y a que toi qu'elles ne font pas fuir.

 

-Qu'entends-tu par là Black?

 

-Je dis juste que je suis persuadé de les avoir vues bouger un soir où tu les avais laissées sans surveillance. Il y en a même une qui parlait!

 

-Ah...Ne recommence pas avec ces histoires! Tu es simplement jaloux à cause de...

 

-Les garçons, les garçons! Calmez-vous, vous allez réveiller mon petit ange avec vos simagrées. Non mais regardez-le, je n'ai jamais vu un si beau visage, on en croquerait.

 

-Mpff...

 

-...Mouais, c'est qu'un gamin quoi.

 

000000

 

Quand Théo se réveilla, il mit plusieurs secondes à se rappeler où il était mais quand ses yeux tombèrent sur la pile de livres, le brouillard de son cerveau s'éclipsa. Il vit avec stupéfaction que ses liens avaient été coupés et la porte laissée entrouverte. Il pouvait sentir l'odeur envoûtante d'un ragout cuisiné et pensa que la troupe, ses ravisseurs, s'était arrêtée pour diner. Cloué sur la porte, un mot avait été écrit à son attention.

 

Petit,

 

Si tu sais lire, sache que nous t'attendons pour diner à l'extérieur. Si tu ne sais pas lire, n'aie crainte nous ne te voulons pas de mal donc évite de t'enfuir : là où nous sommes, tu ne trouveras pas ton chemin pour aller en ville.

 

Une autre personne avait gribouillé en dessous de ce mot que s'il ne sait pas lire, il ne comprendra pas ta mise en garde, Black!

 

Théo parut perplexe en lisant ces quelques lignes, puis se décida à sortir. De toute façon, il savait que si ces gens lui voulaient du mal, il n'avait rien à perdre.

A peine eût il traversé l'embrasure de la porte qu'une boule de poil lui sauta dessus. Surpris, le jeune homme sursauta puis se rendit compte qu'il s'agissait du singe qu'il avait aperçu plus tôt. La bête se nicha sur son épaule gauche puis pointa le couloir sombre de sa menotte en se penchant vers l'avant de façon à ce que Théo voit sa petite tête poilue et souriante.

Théo n'avait jamais aimé les singes -enfin, il n'en avait jamais côtoyé non plus- à cause des nombreux récits d'horreur de Bulstrode la Terreur, une fille de son orphelinat qu'il détestait. Dans une de ses histoires, un singe mangeait les doigts de pieds de son maître après que celui-ci lui ait refusé un morceau de viande. L'adolescent en avait fait de nombreux cauchemars quand il était plus jeune.

 

Aussi, il suivit les instructions de l'animal mais en restant un peu crispé tout de même. Quelques secondes plus tard, il atterrit sur la porte de sortie de la roulotte et fût accueilli par la troupe du théâtre au complet pendant que le singe retournait à l'intérieur au grand bonheur du brigand.

 

Il y avait trois jeunes gens et, bien entendu, le magicien qui donnait le spectacle quelques heures plus tôt. Cet homme était sans doute un des plus étrange que Théo ait jamais vu. Il portait une longue barbe blanche, tressée par endroits de petites perles ou clochettes et son nez était surmonté d'une paire de lunettes en demi-lune. C'était peut-être son costume de scène, ou non, mais il avait revêtu une robe aux couleurs criardes qui rassemblait visiblement une quinzaine de pièces de tissus différentes accolées les unes aux autres pour former le vêtement. A ses pieds, il portait des sandales rouges à talonnettes lacées sur le devant avec du fil doré. Le tout donnait un mélange assez particulier ; on aurait pu sans aucun problème le faire passer pour fou.

 

A sa gauche se trouvait le jeune adulte brun qui avait ligoté Théo. Il ne devait pas avoir plus de 20 ou 25 ans et arborait un sourire engageant accentué par des yeux noirs rieurs. Contrairement au vieillard excentrique, il ne portait qu'une chemise simple et un pantalon noué par un cordon de la même couleur. S'il n'avait pas eu les cheveux si emmêlés, on aurait volontiers pensé qu'il était marchand.

N'ayant pas vu son jeune otage, il continuait de regarder amoureusement la femme qui lui faisait face. Ses cheveux blonds bouclés étaient eux aussi parsemés de perles et clochettes et noués en un chignon imposant au dessus de sa tête. Pour seul et unique vêtement, elle ne portait qu'un justaucorps vert feuille pailleté et de vieux chaussons de danseuse de la même couleur. Elle était occupée à touiller le contenue d'une marmite en chantonnant et la chaleur qui s'en dégageait donnait à ses joues de porcelaine une couleur rosée qui semblait ravir son admirateur.

 

Pour finir, assis à l'écart du groupe, un homme taciturne démêlait les fils d'une marionnette défraichie tout en grommelant. Il était vêtu d'une tunique noire et portait un ceinturon qui était, semblait-il, fait en peau de serpent. Les coups d' œil qu'il jetait fréquemment en direction de l'autre homme plus jeune prouvaient que son attirance pour la demoiselle ne lui plaisait pas.

 

Tout comme Théo l'avait fait, le vieil homme avait détaillé le brigand un instant et lui souriait maintenant amicalement, l'ayant vu sortir.

 

-Je vois que notre invité est réveillé. Que dirais-tu, jeune homme, de te joindre à nous pour le dîner ? Sibylle a préparé un délicieux ragout et y a même ajouté quelques morceaux de viande supplémentaires pour son nouveau coup de cœur.

 

- Hein...Un coup de cœur?

 

-Il s'agit de toi, bêta! Tu es tellement adorable, répondit la danseuse en s'approchant de Théo pour le tirer vers la chaise la plus proche. Elle l'assit de force, le contempla un instant puis après avoir soupiré amoureusement, elle prit une assiette sur la table à ses cotés et la fourra dans les mains du jeune homme. Mange maintenant! Il faut te remplumer, tu n'es pas plus gros qu'une dinde.

 

-Je...Euh merci mais qui êtes-vous et où sommes-nous?

 

-Nous sommes la troupe du Monde de Harry et voici notre scène.

 

La jeune femme pointa du doigt la roulotte à proximité. En la regardant, seule et branlante au milieu de ce terrain vague, Théo douta de sa capacité à se transformer en scène. Elle était imposante mais il ne voyait vraiment pas comment on pouvait se produire devant des spectateurs avec ça. Il n'avait pas suffisamment détaillé le décor du spectacle pour s'en faire une idée mais il ne dit rien, ne voulant pas paraître grossier.

 

-Et bien euh...Enchanté. Et lequel de vous est Harry? Questionna Théo en posant son regard sur le magicien.

 

-Oh, personne. Harry n'existe pas, c'est un nom inventé, ça aurait tout aussi bien pu être Elphias ou Amos. Mais d'après Dumbledore, Harry sonnait mieux que tout les autres prénoms alors il l'a adopté pour nommer son théâtre.

 

-Très bien et qui est...

 

Il n'eût pas le temps de poser sa question que la jeune femme volubile lui coupa la parole.

 

-Dumbledore c'est le patron ici...

 

-Bonjour, fît le vieillard en amorçant un geste de la main pour se désigner.

 

-...Il est un peu bizarre mais très sympa, tu verras. Par contre, ne t'avise pas de contourner son règlement, il peut être vraiment effrayant quand il est en colère. Le petit rigolo là, (elle pointa du doigt son prétendant) c'est Sirius Black, l'assistant du théâtre. Il a toujours une blague en réserve mais elles ne sont jamais drôles.

 

-Hé mais mes blagues sont...

 

- Le beau renfrogné assis avec ses poupées difformes, c'est Severus. Ne t'approche pas de ses marionnettes si tu veux rester en vie, c'est un conseil. C'est lui qui fait le spectacle le plus apprécié par les gens ; il paraît que l'effrayant fait vendre.

 

Et moi, la jeune femme se redressa et bomba le torse, je suis Sibylle, la touche féminine de cette troupe. Danseuse, couturière, cuisinière et si tu es gentil...Je pourrais même te prédire l'avenir, mais gare aux mauvaises nouvelles. Et toi jeune homme...Décris toi je veux tout savoir!

 

Severus leva les yeux aux ciel semblant exaspéré que son amie s'intéresse à ce point au brigand. Théo remarqua bien que les trois autres personnes attendaient de lui qu'il se présente mais il n'était pas très à l'aise, personne ne lui avait posé ce genre de questions auparavant. Voyant le silence s'allonger et le petit fixer le décor passionnément, Sirius fronça les sourcils.

 

-Il s'est peut-être cogné trop fort dans la roulotte et est devenue bête. Vous savez, ma cousine Bellatrix a eu un problème similaire et depuis...

 

-Bien sûr que non je ne suis pas bête! Euh...Je m'appelle Théodore mais je préfère Théo.

 

-Théo, je suis enchantée de faire ta connaissance, lui dit Sibylle. Peut-on en savoir plus sur le mystérieux voleur où faut-il payer pour cela?

 

- Je ne sais pas trop. Je suis Théo, juste Théo quoi.

 

-Et bien, Juste Théo tu pourrais nous dire ton âge et ton nom de famille. Où tu as vécu et si tu as de la famille chez qui nous t'amènerions demain.

 

-Je ne sais pas trop quel âge j'ai. Plus de dix ans, c'est certain mais rien de précis. Je ne crois pas avoir de nom de famille non plus. En tout cas personne ne me l'a jamais dit. Je me suis échappé de mon orphelinat il y a quelques semaines et...

 

Soudain, Théo se rendit compte de son erreur. Prenant peur, il balança son assiette, se leva brusquement et regarda en tout sens pour trouver quel coté serait préférable pour une fuite. Avant même qu'il ne dépasse la roulotte, Sirius le ceintura et lui ordonna de se calmer, ne comprenant pas la soudaine brusquerie du jeune homme. Sibylle également s'approcha du voleur et en arrière, Dumbledore regardait la scène curieusement.

 

-Hé, petit calme toi! Pourquoi t'énerves-tu? S'affola la danseuses.

 

-Aïe, il me mord, il me mord! Severus, viens m'aider espèce de chien galeux!

 

-Théo, lâche le bras de Sirius immédiatement!

 

-Il serre plus fort! SEVERUS, ramène tes fesses!

 

Dumbledore s'approcha rapidement et se posta devant un Sirius presque vert qui ne lâchait pourtant pas son prisonnier dont les crocs étaient acérés comme ceux d'un requin.

 

-Théo, lâche immédiatement mon ami. Tu sais, nous ne te renverrons pas à ton orphelinat, tu n'as rien à craindre, je t'en fais la promesse.

 

Il fixa ses yeux bleus confiants dans le regard affolé du petit. Cela sembla le calmer un peu car il relâcha sa prise, permettant à Sirius d'enlever son bras meurtri sans pour autant déplacer son autre bras du bassin du jeune homme.

 

-Vous...Vous ne me renverrez pas, là-bas, n'est-ce pas?

 

-Je t'en fais la promesse Théo. Foi de sorcier. Sirius lâche-le maintenant.

 

-Tu es sûr, patron ?

 

Dumbledore porta à nouveau son regard sur l'enfant et ce dernier fit un signe de tête pour signaler qu'il ne s'enfuirait plus. Théo n'aurait su dire pourquoi, mais il savait que ce magicien ne mentait pas.

 

Sirius le lâcha et aussitôt Sibylle s'approcha de lui pour regarder son bras qui avait viré au violet à l'endroit de la morsure.

 

-Pfiou...Le petit ne t'a pas raté !

 

-Évidemment qu'il ne m'a pas raté ! Si seulement Sev s'était déplacé.

 

-Quoi? Pourquoi me serai-je déplacé, il s'est passé quelque chose ?

 

- Oh, je t'en prie Severus, accusa la danseuse, tu as très bien vu ce qu'il s'est passé, il aurait fallu être de l'autre coté du terrain pour ne pas entendre les cris de Sirius.

 

-Petite nature, rien d'autre...

 

-Mais enfin! Il a le bras violet, Severus.

 

-Je vois ça...Et l'enfant ne fait pas plus de 30 kilos, comme ça doit être difficile de se défendre!

 

-Arrêtez s'il-vous plait, sermonna le plus ancien. Sibylle, va avec Sirius dans la roulotte et occupe t'en. Quand à Théo, il va tranquillement venir avec moi se resservir du ragout en attendant votre retour, pour s'excuser auprès de Sirius.

 

-Ouais, il a intérêt...Sale môme.

 

Théo rougit un peu quand Sirius porta son regard sur lui. Il n'avait plus du tout l'air amical, il y avait même une lueur folle dans ses yeux qui le fît frissonner. Il songea un instant à s'échapper à nouveau mais sous l'insistance de Dumbledore, il se rassit sur sa chaise et accepta l'assiette que le vieillard lui tendait. Pendant plusieurs minutes, seuls les bruits des chevaux attachés un peu plus loin rompirent le silence de cette fin de journée.

 

Quand Sirius et Sibylle revinrent, l'homme avait, semblait-il, oublié l'écart de Théo car il lui offrit un large sourire. Le seul vestige de cette attaque était le bout de tissus rose bonbon qui lui faisait office de pansement. Il accepta néanmoins les excuses balbutiées de l'adolescent, et lui dit que pour la peine, il l'aiderait à brosser Crabbe et Goyle et à leur donner quelques carottes sauvages.

Le repas fût délicieux et Théo se resservit, ne prêtant pas attention au contenu de la mixture malgré tout fort gluante.

 

Après s'être occupé des chevaux en compagnie de Sirius, qu'il trouva bien agréable, il s'organisa une couche d'herbe près d'eux. Sibylle lui avait proposé de coucher dans la même pièce qu'elle mais il avait été catégorique, préférant profiter que l'agréable chaleur du dehors, à proximité des chevaux, plutôt que de la température étouffante de la roulotte.

Par mesure de sécurité, Dumbledore avait tout de même posté Voldy, son singe, à l'extérieur et il ne manquerai pas de faire un raffut du diable au moindre soucis ou à la moindre tentative de fuite. Mais cela était inutile, Théo n'avait aucune envie de partir...Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas apprécié un moment comme celui qu'il venait de passer en compagnie de la troupe. Il n'tait plus certain que la solitude de la rue lui convenait.

 

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Deux semaines plus tard, la troupe du Monde de Harry adopta officiellement un nouveau membre. Théo avait pesé le pour et le contre et, ne voyant aucun contre à l'horizon, il avait accepté la proposition de Dumbledore de rester avec eux et de voyager sur les routes. Il serait officiellement le second assistant du magicien et gagnerait une mornille pour chaque prestation, voire plus si le public était généreux.

 

Il s'était rendu compte que, comme Sibylle le lui avait dit le premier jour, Dumbledore était un assez curieux personnage. Il employait souvent des mots inconnus et lui avait avoué avoir écrit tout les livres présents sur son bureau ainsi que ceux que Théo avait aperçus à son arrivée sans en comprendre les titres. Sa folie avait quelque chose de contagieux sans doute car il remarqua qu'un verre d'eau n'était pas appelé « verre d'eau » par les autres membres de la troupe mais « verre de jus de citrouille ». Il finit lui aussi par adopter certains de ces tics de langage pour le moins curieux.

 

Pendant ces deux semaines il avait fallu lui coudre un costume de scène pour qu'il soit présentable en public et il avait donc passé beaucoup de temps avec Sibylle. La jeune femme lui posa beaucoup de questions sur sa vie et Théo y répondit, même s'il était un peu gêné de se dévoiler ainsi. Il n'avait jamais eu à le faire auparavant, n'ayant eu personne à qui parler.

Heureusement, la jeune danseuse était très bavarde et la plupart du temps, il ne faisait qu'écouter ses discours abracadabrants sur son enfance passée dans une troupe de cirque où elle avait appris à se contorsionner. Elle lui raconta également ses cinq années passées aux cotés de Dumbledore, qui l'avait recueillie lorsqu'elle avait 14 ans et que son père en avait eu assez de la voir trainer avec le cirque sans réussir à ramener de l'argent. Il l'avait rejetée, lui disant que maintenant elle pouvait bien faire le trottoir, cela lui était égal.

Elle était très reconnaissant à Dumbledore de l'avoir sortie de ses problèmes.

 

-Et toi Théo, tu as connu tes parents? Le questionna-elle un jour alors qu'ils nettoyaient les voilages du théâtre sous un soleil de plomb.

 

-Non, Mr Rusard, le directeur de l'orphelinat, m'a toujours dit que j'étais né là-bas.

 

-Tu sais, on ne nait pas dans un orphelinat, habituellement.

 

Théo fit la moue. Il savait bien que Rusard lui avait probablement menti, comme à tous les autres d'ailleurs mais c'était plus facile ainsi, les rumeurs n'étaient pas joyeuses.

 

-Un jour, l'infirmière Pomfresh m'a dit que ma mère prenait de mes nouvelles régulièrement mais qu'il lui était impossible de me voir à cause de mon père. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Il paraît qu'ils étaient très riches mais que ma mère est tombée enceinte avant de se marier et que c'était très mal vu...C'est tout ce que je sais.

 

-Oh...C'est vraiment triste. Et tu n'as jamais eu envie de rencontrer ta mère?

 

-Si, bien sûr mais c'était impossible. Et ça le sera toujours.

 

-On ne sais jamais, il ne faut pas cesser d'espérer tu sais.

 

-A quoi ça servirait d'espérer ? Je ne connais même pas mon nom de famille.

 

-Et alors ! Dumbledore n'a pas de prénom lui, ce n'est pas pour autant qu'il est fataliste comme toi. Théo ne répondit pas et Sibylle préféra laisser ce sujet de coté, quitte à y revenir plus tard.

Ils allèrent s'attaquer au nettoyage du dernier voile quand Severus sortit de la roulotte, une caisse en bois dans les mains.

 

-Sibylle, je dois me rendre à Pré-au-lard faire quelques courses et j'aurais besoin de compagnie. Dumbledore s'est enfermé dans sa tanière et Sirius est parti il y a une d'une heure pêcher à la rivière, bien que je ne lui aurais demandé pour rien au monde. Tu serais d'accord pour m'accompagner?

 

Il avait parlé d'une voix forte et même si sa demande semblait à la base être une question ou une tentative ratée de drague, son ton faisait plutôt penser à un ordre.

 

-Oh, je suis désolée Severus mais j'ai promis à Dumbledore de l'aider pour son nouveau projet de tour. Mais je suis certaine que Théo sera ravi de t'accompagner, n'est-ce pas Théo.

 

A cette affirmation, Severus comme Théo eurent l'air d'avoir avalé un aliment particulièrement indigeste. Depuis l'arrivée de l'adolescent dans le groupe, ils s'étaient à peine adressé la parole et Severus avait émis plusieurs menaces à l'encontre du jeune homme pour le dissuader d'approcher ses marionnettes.

 

-Il est absolument hors de question qu'il m'accompagne, c'est une course privée et je ne veux pas qu'il mette le nez dans mes affaires.

 

-Oh, s'il te plait Severus, le pria la jeune femme, ça vous fera du bien de vous retrouver entre hommes forts et virils.

 

-Tss...Il n'est pas plus lourd qu'un asticot au bout d'une canne. Mais...tu me trouves viril ?

 

Sibylle retint un sourire, il était tellement simple de faire plier un homme, cet homme en particulier.

 

-Absolument, regardes-toi! Tu es grand, elle quitta sa chaise pour s'approcher de son ami, puissant, tu as des yeux noirs magnifiques. Un peu plus de gentillesse et tu serais l'homme parfait ! Sirius à coté ne fait que pâle figure!

 

Severus savoura quelques secondes le compliment, un peu étonné tout de même. Après un silence il consentit à prendre Théo avec lui en esquissant un sourire forcé en direction de la jeune femme qui l'attirait. Le brigand grinça des dents, se sentant piégé, et, non sans avoir jeté un coup d'œil angoissé à son amie, traina des pieds à la suite de l'homme aux marionnettes qui avait déjà contourné la roulotte d'un pas conquérant.

 

Le long du chemin menant à la ville la plus proche, Théo scruta l'homme qui marchait quelques pas devant lui. Dans sa nouvelle famille, il était celui qui le fascinait le plus mais il l'effrayait également.

Cet homme étrange et solitaire semblait avoir une fascination inquiétante pour ses marionnettes à tel point qu'il passait son temps libre avec elles, à répéter ses numéros où à leur parler, quand il n'était pas occupé à se chamailler avec Sirius.

Théo n'avait eu l'occasion d'apercevoir certaines de ces poupées qu'une seule fois lors d'une répétition car pour le moment les seules représentations en public étaient celles du magicien.

Plus jeune, à l'orphelinat, il avait quelques fois joué avec des pantins bon marché que Rusard avait trouvés dans une benne à ordure. Ils étaient tout simples et représentaient des personnages outrageusement maquillés mais n'étaient pas effrayants.

 

Si les marionnettes de Severus n'avaient rien de particulier au premier abord, c'est en regardant plus fixement leurs yeux qu'on y voyait une différence avec le commun des poupées. La seule que Théo avait approchée de près représentait un jeune écolier brun au costume gris usé bordé de rouge et jaune. Celle-ci ne devait pas faire plus de cinquante centimètres de haut et quelques fils la retenaient pour se rejoindre au niveau d'une croix en bois qui servait à la manier. Fils qui avaient le don d'énerver Severus car leur plaisir était à priori de s'emmêler n'importe quand.

Lors de la répétition, Théo avait vu ces yeux étranges qui avaient été greffés à la poupée de bois. De loin, quand on regardait le spectacle, on n'y faisait pas attention mais plus près, quand on les détaillait, on voyait cette sorte de gris orageux, un peu comme un amoncellement de nuages, qui recouvrait l'endroit ou normalement aurait dû être dessiné un iris. Pire, cette absence de regard semblait bouger et « regarder ». Sirius avait même avoué au jeune garçon, un soir ou ils discutaient avant de dormir, qu'il était persuadé que ces poupées savaient lire les âmes car il se sentait toujours en danger et nerveux quand elles étaient près de lui.

 

Bien sûr, quand Severus avait vu que le jeune garçon semblait regarder Nev étrangement, son sang n'avait fait qu'un tour et il l'avait jeté de la roulotte à coups de pieds en grognant que ce gamin insupportable le déconcentrait.

Pendant plusieurs jours, Théo avait gardé de beaux bleus sur les fesses et avait eu beaucoup de mal à s'asseoir à cause de cela.

 

Alors que les deux hommes passaient les premier bâtiments de la ville, le jeune assistant accéléra le pas pour se poster aux cotés du marionnettiste, qui portait toujours sa caisse de bois cachée sous une couverture.

-Qu'y a t-il dans cette caisse?

 

-Ça ne te regarde pas morveux ! Occupe-toi de tes affaires ; si tu es ici, c'est uniquement parce que personne d'autre n'était libre.

 

-Ce n'est pas une raison pour me parler comme à un moins que rien, vieux machin !

 

Le marionnettiste se renfrogna sous l'insulte enfantine, mais continua de regarder droit devant lui de peur de déraper sur l'un des nombreux cailloux qui parsemaient l'allée de campagne.

 

-Prends garde à ce que tu dis, petit. Tu ne sais pas à qui tu as affaire, je pourrais te manger tout cru, je suis même certain que tu vaux tous les cochons du monde, en finesse et gout. Un petit Théo qui fond sous la langue, quel bonheur.

Il surplombait Théo de toute sa hauteur, et le jeune brigand ne fût plus très rassuré mais il garda quand même cette lueur de défi au fond des yeux. Il avait trop l'habitude des menaces et ne se laisserait pas faire cette fois-ci non plus. Et puis, il ne le croyait pas vraiment de toute façon. Quand on a vu un homme rougir sous le compliment d'une demoiselle, il est bien difficile de le considérer comme dangereux ensuite.

 

Le marionnettiste sourit sournoisement et reprit son chemin sans lui accorder plus d'importance.

 

Ils se postèrent bientôt près de la devanture miteuse du Chaudron Baveur, un pub malfamé d'après ce que Théo put tirer comme conclusion. Severus lui fit signe de le suivre à l'intérieur et il opina, peu rassuré par ce genre d'endroits qu'il avait déjà fréquenté au cours de son ancienne vie de brigand. La clochette d'entrée tinta à leur passage et le serveur ventripotent derrière le comptoir les accueillit avec un regard méfiant.

 

-Hep là, qu'est-ce qui vous amène, M'sieur?

 

-Je suis là pour les jumeaux.

 

Le serveur reluqua l'homme qui lui faisait face, semblant sonder sa sincérité, puis hocha la tête avant de claudiquer vers l'arrière du bar et de disparaître derrière une porte grinçante.

 

Trois minutes plus tard, alors que Théo était plongé dans la contemplation des toiles d'araignées du plafond, le patron du bar, un certain Alastor, fît son apparition et salua Severus sans même jeter un regard à l'adolescent. Puis, quand les banalités entre les deux hommes furent terminées, il guida ses deux nouveaux clients vers ce qui semblait être une arrière-salle.

 

Un fois la porte passé, ils se trouvèrent tous trois dans une pièce sombre bien curieuse remplie d'objets excentriques, et deux garçons aussi roux l'un que l'autre levèrent leurs yeux chocolat vers les nouveaux arrivants. Ils étaient assis au fond de la salle, leur dos courbé, penchés au dessus d'une table branlante à faire on ne savait quoi, et portaient tout deux des lunettes grossissantes, ou était-ce des loupes? Ils s'approchèrent du groupe aussitôt que ceux-ci eurent passé la porte.

 

-Oh mais que vois-je?

 

-Mais oui, que vois-je?

 

-Severus...

 

-...Notre grand ami!

 

-Ah...Nous sommes enfin réunis!

 

-C'est magnifique!

 

-Mirifique!

 

-Dithyrambique!

 

-Alors vieille chouette, quoi de neuf? Tu viens rendre visite à tes roux préférés, c'est ça?

 

-Tu nous a manqué tu sais.

 

-T'as rajeunis, non?

 

-Regarde Fred, il a dû perdre quelques kilos également : quand on appuie ici, ça ne rebondit plus comme avant.

 

-Monsieur voudrait-il séduire de jeunes donzelles ?

 

-Sev, ne te fait pas trop d'illusions, notre cœur est déjà pris !

 

-Mais c'est bien tenté! Tu es dans une forme olympique, dis-moi.

 

-Bon qu'est-ce qui t'amène ? Aurais-tu des soucis avec tes merveilles? Ou est-ce seulement le plaisir de nous voir?

 

Severus semblait bouillir sur place. Nul doute que cette approche des jumeaux ne lui plaisait pas car rien qu'à sa tête, Théo aurait pu jurer qu'il se retenait de les frapper et de leur faire voir sa façon de penser. Mine de rien, ils étaient bien familiers à toucher et câliner tout ce qui leur passait sous la main.

Ils furent interrompus par Maugrey qui signala qu'il ne voulait pas une seule explosion ni même un bruit suspect, il tenait trop à son établissement pour le laisser sombrer à cause de deux nigauds. Après un dernier regard au groupe et un léger sourire amusé en direction de Severus, il quitta la pièce prétendant que des affaires plus intéressantes l'attendaient de l'autre coté.

 

-J'ai en effet besoin de vos services, même si ça m'arrache le cœur de le dire. Pourrions-nous trouver un endroit où discuter loin des oreilles indiscrètes?

 

-Loin du jeune homme que tu traines, tu veux dire?

 

-Parfaitement. Ta vivacité m'étonne Fred, répondit l'homme avec un rictus désagréable. D'ailleurs il aurait pu rester dans le bar, il n'avait pas à me suivre.

 

Fred sourit en regardant Théo bailler à s'en décrocher la mâchoire, se fichant complètement de ce que venait de dire le marionnettiste.

 

-Tu t'es enfin décidé à prendre un apprenti? Questionna George, amusé. Il a une bonne tête.

 

Théo haussa les sourcils. Un apprenti, lui? Et apprenti de Severus en plus, ah non alors!

 

-Non il n'est pas mon apprenti, c'est juste un gamin que Dumbledore a récupéré et on me l'a gentiment confié aujourd'hui.

 

-Bon, gamin, tu vas venir avec moi. Ils ont à faire les deux autres, le pressa George.

 

-Hé, je veux rester ici moi!

 

-Oh, ça va...On va juste à l'autre bout de la pièce. Tu sais ce qu'est une oreille à rallonge?

 

-Euh...c'est une farce, non? J'en ai vu dans un vitrine à la grande ville.

 

George le tira vers le fond de la pièce non sans avoir fixé son frère pour lui faire comprendre que la voie était libre, il s'occupait du gamin.

 

-Bien, commença Fred en se frottant les mains, pose ta caisse sur la table, je vais voir ce que je peux faire.

 

Severus le suivit puis découvrit la marionnette qu'il avait emporté avec lui. En la voyant, Fred fronça les sourcils.

 

-Bicéphale, hein?

 

-En effet, admit le marionnettiste à contre cœur. Depuis quelques semaines elle semble avoir quelques soucis. Comme on s'est arrêté dans votre coin, je suis venu voir si tu pouvais faire quelque chose pour elle.

 

-Qu'a-t-elle exactement? Questionna le rouquin tout en sortant délicatement la poupée à deux têtes de la caisse de bois.

 

-Regarde ses yeux, ils virent au rouge. Et la tache d'encre dans le bas de son dos s'est nettement agrandie.

 

Fred retourna la poupée et souleva le tissu qui faisait son vêtement. On pouvait en effet voir, sur le bois clair, une tache d'encre imposante qui s'étalait jusque sur le haut des cuisses du pantin.

 

-J'espère que tu ne te produis plus en spectacle avec elle?

 

-Bien sûr que non, tu me prends pour un monstre? Je sais très bien que ça lui prendrait bien trop d'énergie. J'ai arrêté les spectacles, Dumbledore m'a accordé une pause.

 

Fred ricana.

 

-Je me demande si ce vieux fou n'est pas au courant du réel potentiel de ces poupées... C'est curieux qu'il laisse échapper sa principale source de revenus sans broncher.

 

- Du moment qu'il ne fait aucune remarque, ce n'est pas mon problème.

 

Le rouquin hocha la tête puis reporta son regard inquiet sur la marionnette. Il la posa retournée sur la table, puis plaça ses doigts au niveau de l'imposante tache dans le bas du dos. Après avoir signalé à Severus qu'il ne devait surtout pas le déranger pendant les minutes à venir, il ferma les yeux et laissa courir ses doigts sur le bois de la poupée tout en inspirant et expirant calmement. Quelques instants plus tard il se mit à fredonner légèrement, répétant dans sa tête des paroles inconnues de ce monde. Théo, toujours quelques mètres plus loin, fût un instant curieux du spectacle, mais George le ramena vite fait à leur discussion actuelle sur les oreille à rallonge et l'adolescent ne se soucia plus de Fred et de l'étrange marionnette qu'il caressait.

 

Severus sût exactement quand la « connexion » se mit en place entre Fred et Bicéphale. En tant que propriétaire et source de vie de ces pantins magiques, il pouvait ressentir chaque changement chez eux. Aussi, il perçut l'intrusion de l'esprit de Fred grâce à des picotements désagréables au niveau de son propre cerveau.

 

 

Des gens comme Fred, il y en avait très peu. Il n'était pas sorcier, il n'était pas non plus magicien. Le meilleur qualificatif était: Mage. Bien que Severus ne sache pas réellement la signification de ce mot.

C'était une capacité qui se transmettait de père en fils. Arthur, le père des jumeaux, avait lui aussi eu ces talents. Ils pouvaient soigner toute sorte de maux, de blessures, voir certaines scènes de l'avenir grâce à des procédés plutôt dangereux. Ils avaient également accès à la magie. Bien que méconnue de la plupart des gens, elle était bien là, venant d'une autre monde, un monde parallèle d'après les légendes. Un monde qui avait déversé un peu de sa magie dans celui-ci, de nombreux siècles plus tôt.

 

Severus se doutait que les ancêtres des jumeaux venaient sans doute de ce royaume inconnu. Après tout, la magie n'avait pas poussé dans leur monde, d'un coup! Et puis il s'était fait la réflexion plusieurs fois que les deux frères avaient des têtes d'elfes.

Il n'était pas niais, non. Mais il croyait dur comme fer à cette légende racontée aux enfants car il avait vu bien des choses en rapport avec la magie aux cotés des pantins. Du plus ancien, Godric particulièrement.

La vérité sur la nature profonde de cette marionnette avait été perdue au fil des siècles, cependant tous les porteur de ces pantins savaient qu'elle était particulière, bien plus que les autres mais qu'il ne fallait en aucun cas montrer à quel point elle sortait du lot. Aucun n'aurait su dire pourquoi mais c'était comme ça et pas autrement, alors chacun faisait sa vie sans chercher à percer les secrets de ce jeune roi de bois vieux de plusieurs siècles, aux vêtements pourtant intact.

 

Quand son Maître Salazar lui avait enfin donné le tout premier pantin, il lui avait expliqué ce que chaque porteur se devait de savoir. Que Godric était le centre de tout, que les autres, taillées par les marionnettistes d'antan étaient ses gardiennes et que le porteur ne devait jamais dire à qui que ce soit qu'elles étaient hors norme, hormis à son apprenti ou aux mages. Personne de passage ne s'en apercevrait et même si les gens proches du porteur pouvaient se douter de la différence avec les poupées banales, jamais ils ne pousseraient suffisamment leur recherche pour les mettre en péril. Pour ces personnes là, les marionnettes possédaient une sorte de répulsif qui les mettaient très mal à l'aise. C'était le cas pour Sirius par exemple, il avait une sainte horreur des protégés de Severus, et cela arrangeait beaucoup ce dernier.

 

En fait, le porteur devait simplement veiller sur elles jusqu'à la relève qu'il choisirait lui-même et ainsi de suite jusqu'à ce qu'un élément vienne tout changer, et que la nature des marionnettes se révèle au grand jour.

 

Severus s'était souvent demandé si cela arriverait bientôt, et à quoi servaient vraiment ces pantins. Il se doutait que leur destin n'était pas de se faire exposer devant un public de paysans. Mais il s'était fait à l'idée que jamais il ne le saurait. Peut-être que son apprenti non plus ne le saurait pas et qu'il faudrait quelques siècles pour que cet événement qui devait tout changer apparaisse.

 

D'ailleurs, encore faudrait-il qu'il accepte un apprenti à ses cotés, mais vu son caractère, il doutait fortement d'y arriver dans l'immédiat, à moins d'y être obligé.

Et pourtant il savait qu'en se bornant à ne pas en prendre, il mettait en danger ses protégés.

Quand il prenait de l'âge et se faisait trop vieux, le porteur devait initier un jeune homme ou une jeune femme pour lui succéder. Car, même s'il ne s'en apercevait pas au début, les marionnettes puisaient un peu de la force de leur protecteur. En quantité infime mais qui pouvait nuire à sa santé quand il prenait de l'âge. C'est pourquoi un apprenti était obligatoire - le passage de flambeau vital en quelques sorte.

Pour tout marionnettiste, il était difficile de renoncer à la possession de ses pantins. Et Severus ne faisait pas exception ; ses marionnettes étaient toute sa vie.

 

 

L'échange entre la marionnette et le jeune mage dura quelques minutes à peine pendant lesquelles Severus était resté plongé dans ses pensées.

Quand Fred rouvrit les yeux, Bicéphale était dans une forme olympique d'après les propres termes du jeune homme. Ses yeux avaient repris une couleur normale et la tache d'encre dans son dos, censée faire état de sa santé, s'était presque totalement résorbée. Severus allait être tranquille pour plusieurs mois s'il ne l'utilisait pas trop, Fred avait fait un excellent travail. Mais il lui faudrait revenir si un problème comme celui-ci se montrait de nouveau.

 

 

C'est avec un sérieux inhabituel que Fred reprit la parole après avoir remit la poupée à deux têtes dans sa caisse et l'avoir recouverte du tissus.

 

-Tu sais que nous te considérons comme un ami Severus et c'est pourquoi je te le dis: tu ne peux vraiment plus te comporter comme ça! Tu es porteur et passeur, Il te faut donc quelqu'un à qui les donner avant qu'il ne soit trop tard. Il est nécessaire que tu prennes un apprenti et ce petit que tu as amené me paraît tout désigné. Écoute, reprit-il plus sombre encore, tu as fait le pacte de les protéger et en refusant une relève tu ne l'as pas honoré, ça te retombera dessus si tu ne corriges pas cette faute. La fin approche et Bicéphale en est la preuve, il n'y aurait jamais eu ce dysfonctionnement sinon. Merde, Sev, il y a plus que de simples poupées en jeu, tu sais que c'est important pour elles qu'il y ait une relève, c'est même vital.

 

-Inutile de me parler de ça, je sais ce que je dois faire! Répondit le marionnettiste, contrarié. Il est absolument hors de question que ce morveux les approche, il ne comprendrait pas leur subtilité.

 

-C'est facile à dire, Sev! Tu es tellement protecteur avec elles que tu te refuses à les léguer mais rends-toi compte qu'elles dépérissent, tu leur fais plus de mal qu'elles ne le méritent.

 

Fred regarda un instant en direction de son frère qui discutait gaiement avec Théo un peu plus loin, puis reprit toujours sur le même ton.

 

-Promets-moi d'essayer Severus, ça ne te coutera rien de le prendre à l'essai comme apprenti. Il est jeune et elles pourront facilement s'abreuver de sa force pour survivre, il n'en sentira même pas les effets, contrairement à toi.

 

-Tu mens, je ne ressens aucun mauvais effet et...

 

-Allons Severus, pas à moi! Tu as bien perdu une dizaine de kilos depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, je suis certain que ce n'est pas dû à un régime, ne me fais surtout pas croire une chose pareille - et tu es plus blanc qu'un linge. Plus tu vieillis, plus tu te mets en danger.

 

Le marionnettiste n'eût pas le temps de répondre à cette dernière pique que déjà, George et Théo se rapprochaient d'eux.

 

-Fred, j'ai ici un grand farceur! Ce petit me semble tout désigné pour nous succéder, il est lui-même un grand utilisateur de bombabouses.

 

- Si George te pense digne de nous, petit, tu as toute mon estime. Fred fît une courbette policée en direction de l'adolescent mais cette marque de respect fut détournée par un sourire machiavélique. Si je t'en donne une dizaine, serais-tu partant pour jouer une farce à Fol oeil?

 

-Fol œil? Questionna le jeune garçon.

 

-Alastor Maugrey, le chef...Tu pourrais en lancer quelques unes dans son établissement juste avant de partir, le bougre nous fait payer 20 mornilles par mois la location de son arrière salle. Si c'est toi qui le fais, il ne saura jamais que cela vient de nous, on peut l'espérer en tout cas. Ainsi nous aurons notre vengeance et tu ne risqueras rien si tu franchis le seuil avant qu'elles n'explosent.

 

Severus émit un grognement puis posa quelques gallions sur la table et embarqua sa caisse de bois contenant la marionnette en ordonnant à Théo de le suivre et de ne pas se mettre dans le pétrin avec ces imbécilités.

Pendant que l'homme franchissait le seuil, Théo prit quelques secondes de réflexion puis négocia durement à 17 bombabouses la blague, en plus des deux que les jumeaux voulaient qu'il lance au fond du pub.

Cinq minutes plus tard il rejoignit en courant Severus, qui ne l'avait pas attendu pour s'en aller du pub. Celui-ci eut un regard noir en direction du jeune homme.

 

-Belles explosions, je les ai entendues d'ici. A coup sûr Maugrey voudra ta peau petit, et la mienne par la même occasion. Je ne te remercie pas.

 

-Ce ne sont que des pétards, pas de quoi en faire un drame. Et puis, cette blague m'en a valu 17 gratuitement. Je pourrais les revendre 1 mornille chacune, ça me fera un beau pactole.

 

-Du moment que tu ne fais pas exploser la roulotte, tempéra Severus, malgré tout amusé.

 

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Depuis plusieurs jours -depuis leur retour de la ville exactement- Severus s'était considérablement assombri, chose pourtant non aisée. Il était davantage collé à ses poupées et refusait que quiconque mette le nez dans ses affaires, encore plus qu'avant. Il grognait même à la moindre approche - si un inconnu était passé par là il aurait pu penser à un chien de garde particulièrement féroce. Cette humeur massacrante tapait sur les nerfs de tout le monde, même le très calme Dumbledore semblait plus morose.

 

Les spectacles de la troupe allaient bon train dans les marchés, les places de village ou encore les fêtes alentours mais de plus en plus la petite troupe avait du mal à joindre les deux bouts. Habituellement ils parvenaient à réunir près d'une centaine de mornilles en une soirée grâce au spectacle de Severus mais ces temps-ci ils n'en gagnaient pas plus d'une dizaine. Les tours de magie de Dumbledore étaient du déjà vu pour la plupart des spectateurs et malgré la grâce de Sibylle, ses danses n'attiraient que des ivrognes qui ne pensaient qu'a la déshabiller en échange d'une petite pièce.

S'il arrivait à Sirius de faire quelques remarques sur le manque d'activité de son rival, comme tout le monde, il se contentait la plupart du temps de manger sa soupe aux choux en silence même si le choux était maintenant quasi inexistant.

 

Théo lui ne disait rien à ce sujet : même en cette période difficile financièrement, il avait bien plus à manger que ce qu'il avait reçu ces deux dernières années. Au moins, il avait deux repas par jour et un quignon de pain avec du beurre quand il le souhaitait.

 

-Je suis allé en ville aujourd'hui, commença Dumbledore alors qu'ils étaient tous attablés devant la roulotte. J'y ai vu les jumeaux, ils me paraissent en pleine forme bien que leurs jours chez Maugrey ne soient comptés à cause d'une mauvaise blague. Théo qui se servait de nouveau une portion de soupe pouffa en se rappelant les bombabouses. Fred m'a d'ailleurs dit à cette occasion que toi et Théo lui aviez rendu visite récemment, n'est-ce pas Severus?

 

-En effet. Pourquoi cette question? Je n'ai pas caché que j'allais en ville il y a quelques jours, je ne savais pas que je devais vous donner mon carnet de route en plus. Répondit l'homme sur la défensive.

 

Dumbledore ignora volontairement cette dernière phrase, connaissant trop bien le caractère emporté de son ami.

 

-Il m'a également dit que tu envisageais de prendre Théo en apprentissage, c'est une bonne chose.

 

-Il parle trop...

 

-Oh c'est une excellente idée Severus, approuva la danseuse assise à sa gauche, il pourrait t'aider et ainsi vous reprendriez les spectacles!

 

-Dumbledore m'a laissé quelques jours, c'est pourquoi j'ai stoppé mes spectacles, qu'il m'accompagne ne changera pas mon emploi du temps. Et je ne veux pas qu'il mette ses mains sales sur mes marionnettes!

 

-Non mais qui le voudrait de toute façon?

 

-Sirius, s'il te plait!

 

Le concerné baissa la tête sous le ton qu'avait employé Dumbledore. Ce dernier était visiblement à prendre avec des pincettes à ce moment précis, il arborait un regard dur qu'on ne voyait que rarement sur ce visage agréable.

 

-Severus, suis-moi à l'intérieur, j'ai à te parler, je crois qu'il est l'heure que tu paies ta dette en acceptant Théo à tes cotés pour les spectacles.

 

En grognant dans sa barbe inexistante, Severus suivit le vieil homme dans la roulotte au grand étonnement des trois autres personnes. Ni Sirius, ni Sibylle et encore moins Théo n'avaient entendu parler d'une dette entre les deux hommes auparavant.

 

De l'extérieur, ils ne pouvaient entendre que des cris sourds sans en distinguer les paroles. Même Sirius sût qu'il ne valait mieux pas coller son oreille contre la porte cette fois-ci, car Dumbledore pourrait mal le prendre.

Plusieurs minutes dans une ambiance à couper au couteau passèrent comme cela. Quand ils ressortirent, Severus arborait sa mine renfrognée des très mauvais jours. Sans terminer son repas, il signala juste à Théo qu'il devait le rejoindre plus tard pour discuter de cet apprentissage puis s'en alla en fronçant le nez de contrariété.

 

-De quoi ont-ils discuté à votre avis? Questionna Sirius en épongeant sa soupe avant de se resservir du bouillon. C'est étrange cette histoire de dette, je n'étais pas au courant. Ce n'est pas le genre de Dumbledore de faire payer quelqu'un pour son aide.

 

-En effet. Mais c'est tout à fait la mentalité de Severus de demander ce genre de choses, il n'aime pas être aidé sans pouvoir le faire en retour. Sous ses airs autoritaires, c'est un homme juste.

 

- Je sais Sibylle, répondit Sirius dans un soupir. Nous sommes comme chien et chat tout les deux mais je peux quand même reconnaître ses qualités. Néanmoins, Dumbledore à dû être très convainquant pour le forcer à prendre un apprenti. Je me souviens qu'il y a quelques années, il en avait parlé puis finalement ça ne s'était pas fait, il tient bien trop à ses poupées pour les léguer. Ce serai pourtant une excellente idée. Je n'aime ni lui ni ses pantins mais je dois avouer que voir ces marionnettes en spectacle sont magiques, cet art doit se perpétuer. Qu'en penses-tu, Théo, c'est une bonne chose, non?

 

- C'est que...Être assistant me plait énormément. J'aime travailler avec toi, Sirius. Et puis, ni Dumbledore ni Severus ne m'ont demandé mon avis et je n'ai pas vraiment envie d'approcher ses pantins, avoua Théo avec une grimace.

 

-Aurais-tu peur Théodore?

 

Sirius et Sibylle le regardaient avec une lueur amusée dans les yeux, même si l'homme semblait clairement plus moqueur que son amie. Lui et Théo avaient souvent discuté du sort « Severus » et Sirius n'avait pas hésité à lui raconter des histoires abracadabrantes sur ces poupées de bois. Il savait que l'adolescent n'avait pas vraiment envie de se frotter à ces monstres peinturlurés à cause de cela justement.

 

-Certainement pas! Ce ne sont pas des poupées qui vont m'effrayer, vous me prenez pour un froussard ou quoi? Je disais juste que personne ne m'a demandé mon avis.

 

-Ce serait une chance incroyable pour toi Théo! L'encouragea Sibylle. Severus a fait ses armes avec l'un des meilleurs marionnettistes du pays, peut-être même du monde. C'est le grand Salazar Serpentard qui lui a tout appris. Cet homme était très populaire dans le monde du cirque, ma famille a eu l'occasion de travailler avec lui quelques années et les caisses n'ont jamais été aussi remplies qu'en cette période, d'après ce que mon père m'a dit. On raconte que son apprenti, un jeune homme avide d'apprendre, le surpassait même dans cet art, et quand je vois Severus sur scène, je n'en doute pas un seul instant.

 

-Je ne comprends pas, reprit Théo. S'il est si doué que ça, pourquoi reste-t-il avec vous? Tu as l'air de dire qu'il aurait sa place dans un grand cirque.

 

-Je le lui ai demandé une fois. Cette vie lui convient, il a tout ce qu'il lui faut avec nous : une scène pour ses spectacles, des amis fidèles à qui parler même s'il se veut solitaire, à manger tout les jours et une couchette quand il veut dormir. Je crois qu'il n'a pas besoin de plus que ça. Et puis, il y a Dumbledore ; lui et Severus sont très proches. Tu sais, ils sillonnaient déjà les routes ensembles avant que Sirius et moi n'arrivions.

 

- Moi aussi cette vie avec vous me convient. Vous savez, je ne pensais pas trouver des gens qui accepteraient si facilement de m'accueillir étant donné mon...

 

-Ton?

 

-Et bien mon passé. En plus je n'ai pas été très agréable à mon arrivée.

 

- Oui et d'ailleurs mon bras s'en souvient encore, souligna Sirius en exposant sa jolie morsure qui virait maintenant vers une couleur plus neutre que le violet criard du début.

 

C'est à ce moment là que Dumbledore ressorti de la roulotte, Voldy sur l'épaule occupé à lui fourrer le doigt dans l'oreille pour en récolter le contenu puis mettre le tout à sa bouche. Il se rassit à la table comme si de rien n'était, tout en continuant de chantonner un air entrainant, souvenir de sa folle jeunesse passée sur les terrains de Curling en compagnie de talentueux Ronald Weasley, une légende dans ce sport.

 

-C'est quoi cette histoire de dette, questionna Sirius.

 

Dumbledore arrêta sa chanson puis regarda son vis-à-vis comme s'il était étonné de le voir là, à cette table.

 

-Oh, Sirius, je ne t'avais pas vu arriver! Le concerné se contenta d'un sourire indulgent envers le vieil extravagant tête en l'air. Une histoire de dette, hein? Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, non, absolument pas!

 

-Mais pourtant...

 

-Et toi Théo, es tu heureux d'être pris en apprentissage avec Severus? Tu verras, il a hâte de commencer à t'apprendre son art, il t'en a parlé en sortant, n'est-ce pas?

 

L'adolescent se contenta d'une moue septique. Que Severus lui en parle sur ordre de Dumbledore, oui, mais qu'il soit heureux de cette future obligation, autour de la table personne n'y croyait hormis le sorcier.

 

-Il m'a simplement dit de le rejoindre après mon repas. Mais...Je...Je ne sais pas si j'irai, bafouilla Théo. J'aime mon travail avec Sirius, je ne veux pas changer.

 

Le regard de Dumbledore se fit plus grave un instant et cette flamme innocente dans son regard s'en alla pour faire place à une tristesse sans nom. Ce brusque changement perturba Théo, qui baissa la tête et se mit à rougir comme s'il avait fait la pire des bêtises et voulait se faire pardonner. Ce n'était pourtant pas le genre de l'effronté d'avoir cette réaction mais il était bien rare de voir le magicien si sérieux, il lui ferait presque peur.

 

-Bien sûr, je comprends Théodore, pardonne-moi de t'avoir mis au pied du mur, j'aurais dû te demander ton avis, reconnu t-il. Malheureusement, je me dois d'insister. Je te demande cette faveur, d'accepter de seconder Severus auprès de ses personnages. Bien entendu, tu pourras continuer à aider Sirius quand tu le voudras... Les deux sont compatibles, nous sommes une grande famille.

 

Comme son tout premier jour au sein de la troupe et sa tentative d'évasion ratée, Théo ressentit une grande confiance envers le vieil homme. Il ne voulait pas le blesser, aussi accepta-t-il d'essayer de supporter le marionnettiste pendant ses longues heures d'apprentissage à venir.

 

- Je tiendrais juste à rajouter pour toi, comme pour Sirius d'ailleurs, que ces pantins ne sont pas maléfiques. Il tourna la tête en direction du jeune adulte aux cheveux emmêles qui se contenta d'épousseter une saleté imaginaire de son vêtement sans se soucier de la remarque. Il serait bon d'arrêter de colporter des mensonges sur des poupées qui parlent et égorgent les gens dans leur sommeil, n'est-ce-pas Sirius? Insista-t-il en remontant ses lunettes en demi-lunes pour mieux fixer le sujet de son reproche.

 

-Mais bien sûr! C'est Théo qui a commencé, je n'ai fait qu'acquiescer à ses divagations.

 

-Hé! S'emporta Théo. Je n'ai rien dit sur Severus! C'est toi qui m'a avoué toutes ces choses et bien d'autres encore plus horribles. Je ne me serais jamais permis de faire ça, je ne le connais pas.

 

Le petit groupe se mit à rire devant l'air exagérément buté de l'adolescent. Même devant plus âgé que lui, il ne se laissait pas faire!

 

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- Dumbledore, est-ce que je peux vous parler un moment?

 

-Ah, Théo. Mais bien sûr petit, approche-toi, je partais justement brosser Crabbe et Goyle avant le départ, tu vas pouvoir m'aider comme cela. Comment se passe cet apprentissage? J'imagine que c'est de ça que tu voulais me parler, j'ai raison?

 

-On ne peut vraiment rien vous cacher.

 

- C'est ce que beaucoup disent en effet. Mais moi je pense simplement que l'infusion miel de saule cogneur et d'armoise, que je prends tout les matins, me donne une vivacité d'esprit extraordinaire. Libre à toi de croire les rumeurs ou non, donc.

 

- Je vais me contenter de votre version des faits. En fait, je voulais vous demander si Severus vous avait parlé de moi...Enfin, de nos heures de travail ensemble.

 

-Tu me parais bien peu sûr de toi, dis-moi exactement ce que tu cherches à savoir, et je te dirai s'il m'en a parlé.

 

-Hé bien...Ça fait maintenant plusieurs mois que je travaille avec lui et je crois qu'on s'entend plutôt bien, même si ça a été dur, mais je m'inquiète de ne toujours pas avoir accès aux marionnettes. Je veux dire, les six qu'il garde dans son coffre et avec lesquelles il fait son spectacle. Pour m'entrainer il ne me donne que ces vieilles poupées chiffonnées que nous avons trouvées dans une brocante. Je suis un peu déçu, j'aimerais savoir si c'est parce qu'il ne me trouve pas digne de lui et de ses pantins.

 

- Voilà une question qui te trotte dans la tête depuis un petit moment, sans doute. J'ai bien remarqué que ces derniers temps tu semblais plus renfermé.

 

-En effet.

 

- Tu n'es pas sans savoir, Théo, que Bicéphale et ses amis sont de très grande importance pour Severus, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. C'est dur pour lui de savoir qu'il va devoir s'en séparer, il ne l'a jamais voulu mais c'est une nécessité...

 

-Une nécessité?

 

-Oui...Mais ce n'est pas à moi de te parler de cela, Severus le fera quand il sera prêt. Sache que si Severus ne te croyait pas digne de prendre soin de ses perles, ça ferait longtemps qu'il t'aurait jeté dehors à coups de pieds dans le derrière ! Ça semble être sa manière de procéder quand il n'apprécie pas quelqu'un.

 

 

-Oui! Je m'en suis pris de nombreux au début...

 

-Et bien tu vois! Ton postérieur est sauf depuis de nombreux jours, pas de soucis à te faire, donc. Laisse lui le temps de leur dire au revoir avant de te les donner.

 

-Oui, je vais patienter, c'est la bonne chose à faire, merci de vos conseils.

 

-Certainement Théo, certainement.

 

-Vers quel village nous dirigeons-nous maintenant?

 

-Nous allons à quelques kilomètres, vers Nogtail-upon-Deatheater.

 

-Mais...C'est un tout petit village, nous ne gagnerons jamais d'argent là-bas. Il n'y a même pas de place ou de marché, d'après ce que Sibylle m'a dit.

 

-C'est le cas. Mais je souhaiterais y passer pour me recueillir sur la tombe de mon petit-fils. C'est l'anniversaire de sa mort la semaine prochaine ; il aurait eu 20 ans.

 

-Oh...Je...Je suis désolé, je ne savais pas.

 

-Ce n'est rien. Tu me fais d'ailleurs un peu penser à lui, Harry aussi était débrouillard et facétieux.

 

-Harry?

 

- Oui. Le Monde de Harry a été nommé ainsi en son hommage. Si j'ai commencé tout cela c'était pour lui, et je le continuerai pour lui.

 

 

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- Severus?

 

-Oui?

 

-Savais-tu que Dumbledore était grand-père?

 

Le marionnettiste releva la tête de son occupation puis fixa le jeune homme, étonné d'une telle question.

 

-Comment l'as-tu découvert? Questionna-t-il, méfiant.

 

-Il m'en a parlé. Un peu avant que nous allions à Nogtail-upon-Deatheater. Dumbledore m'a dit qu'il était enterré la-bas et qu'il s'appelait Harry.

 

-C'est le cas. Mais je suis très étonné qu'il t'en ait parlé, j'étais le seul au courant. Tu sais, son petit-fils était la personne à qui Dumbledore tenait le plus.

 

Théo s'étira un moment, les longues heures passées à repeindre les « poupées chiffonnées » - comme il les appelaient - l'avaient épuisé. En plus, Severus n'avait pas daigné l'aider, prétextant que ces poupées étaient les siennes.

 

- J'ai du mal à imaginer Dumbledore avec une famille, je veux dire une famille réelle, une femme, des enfants...Sais-tu ce qui s'est passé?

 

-Non, il ne m'en a jamais parlé, mais j'ai de fortes raisons de penser que le petit aurait eu un accident alors qu'il passait la semaine avec Dumbledore. J'ai connu un peu Lily, sa fille, dit-il avec une pointe de nostalgie dans la voix. Elle aimait profondément son père mais quand Harry est mort, elle et son mari ont totalement coupé les ponts. Il ne sont plus jamais revenus le voir. J'ai supposé qu'ils considéraient Dumbledore comme coupable de sa mort. Alors, Dumbledore a arrangé le théâtre qu'il avait construit pour amuser le petit Harry et a commencé à voyager pour montrer ses tours, comme il le faisait quand son petit-fils venait le voir.

 

-Mais, sa femme n'a rien dit de le voir partir?

 

- Dumbledore n'a jamais été marié, Lily était une petite fille adoptée. Il l'a trouvée dans la rue et s'est attaché à elle. Après de nombreuses démarches et une bonne somme d'argent, il a pu la garder. Avant que Harry n'arrive il n'y en avait que pour elle, elle était sa princesse, et James -son mari - par la suite a dû lui faire la cour pendant plusieurs années avant que Dumbledore ne la laisse partir.

 

Théo parut songeur quelques instants, se demandant comment c'était d'avoir une vrai famille sur qui compter pendant son enfance.

 

-Tu le connais depuis longtemps, Dumbledore ? Vous paraissez très proches.

 

-Oui. Je l'ai connu quand mon Maitre est mort. Dumbledore et lui ne se supportaient pas et pourtant il est venu lui rendre hommage et m'a beaucoup aidé pendant cette période. Je lui en suis très reconnaissant.

 

-D'où la dette, j'imagine?

 

Severus esquissa l'un de ses rare sourires. Il devait bien avouer que Théo était un gamin très curieux, intéressant et un excellent apprenti. Il était travailleur et passionné tout comme lui-même l'avait été pendant son apprentissage. Sa seule faiblesse se trouvait dans sa difficulté a créer des voix différentes pour ses marionnettes, même si cela ne lui serait plus utile quand il aurait les «6 », mais ça, le jeune homme le découvrirait bien assez tôt. Ça l'amusait beaucoup de le voir s'écorcher les cordes vocale à créer les voix aiguës de ses demoiselles poupées.

 

-Si j'avais su qu'insister pour payer cette dette me collerait un mioche insupportable sur les bras, je ne l'aurais pas fait, confia le Maitre marionnettiste avec une pointe d'humour.

 

Théo prit un air outré et posa la main sur son cœur comme les grandes tragédiennes des pièces de théâtre de rue.

 

-Et moi qui pensais que nous nous entendions si bien, cher Maitre, me voilà déçu.

 

Ils se mirent à pouffer puis retournèrent à leurs activités. Théo attendait que le visage d'un pantin sèche et Severus était une fois de plus occupé à démêler les fils d'une petite fille en uniforme.

 

Plus il les côtoyait, et plus Théo apprenait a apprécier ces poupées. Tout comme l'avait dit Sirius un jour, elles possédaient une aura particulière mais pas déplaisante. Au contraire même, Théo avait l'impression d'être attiré par elles comme un aimant. C'était vraiment étrange comme sensation, d'autant plus qu'il n'avait jamais ne serait-ce que posé un doigt dessus. Severus l'aurait tué si ça avait été le cas.

 

Severus, lui, sentait qu'il perdait peu à peu le contrôle de ses marionnettes et cela n'était pas pour lui plaire même s'il appréciait son apprenti de plus en plus. Elles s'étaient maintenant habituées à cette nouvelle présence et semblaient s'en accommoder.

 

Bicéphale fut la première a « demander » le contact avec Théo, trois semaine auparavant. L'homme sentait qu'elle s'impatientait mais il ne pouvait se résoudre à la laisser partir avant les autres, elle était sa favorite et donc la scission serait douloureuse.

Une fois que Théo les aurait toutes en sa possession, Severus ne pourrait plus prendre soin d'elles. Bien sûr ce jour n'était pas encore arrivé, tout cela pouvait bien prendre deux ou trois ans suivant les cas. Quand Salazar avait légué la toute première poupée à Severus, le transfert jusqu'à la dernière s'était opéré en 459 jours. Il avait dû faire preuve de beaucoup de patience. Pourtant, vers la fin il sentait qu'il lui manquait quelque chose mais Bicéphale, la dernière à avoir réclamé son contact ne semblait pas vouloir quitter le Maitre qui l'avait taillée, Salazar.

 

C'était une tradition, chaque marionnettiste à son passage de flambeau devait tailler son propre pantin en bois et le donner en cadeau à son apprenti, comme gage de confiance. Ce personnage était généralement celui qui réclamait la séparation en dernier car sa création était récente. Severus avait déjà construit cette marionnette mais ne l'avait jamais montrée à personne.

 

Elle représentait une jeune femme rousse portant une robe en dentelle vaporeuse. S'il avait osé, Severus l'aurait certainement appelée Lily car la jeune femme de ses souvenirs amoureux était représentée par ce personnage mais il avait préféré L, tout simplement L. Cette petite lettre était gravée depuis peu sur l'épaule gauche de la poupée.

Dumbledore verrait peut-être le rapport mais il n'oserait rien dire, il se contenterait de poser un regard nostalgique sur la copie conforme de sa fille.

 

Et Théo, que dirait-t-il, Théo? Pour cette poupée, pour les autres aussi d'ailleurs? Ce que Severus allait faire sous peu n'était pas anodin et allait transformer le futur de son jeune apprenti à jamais. Il ne se doutait pas encore de ce qui l'attendait. Être propriétaire de ces pantins signifiait qu'il n'y avait plus une seule vie en jeu mais celles des marionnettes également, reliées à la vie de leur Maitre jusqu'à la nouvelle génération.

 

Il était clair que ça viendrait bientôt, si Bicéphale réclamait déjà Théo c'est que le jeune homme était digne d'être leur source de vie, sinon elle n'aurait pas réagi. Dans ce cas, Severus aurait dû prendre un autre apprenti jusqu'à en trouver un assez fort pour les porter.

 

Le Maitre regarda un instant son apprenti qui arborait un visage concentré par le dur labeur qu'était la réparation de la tenue d'une des poupées chiffonnées avec du fil et des aiguilles minuscules. Alors, en voyant ce visage, le même qu'il avait eu quelques années plus tôt, Severus fût certain. Le jour suivant, le temps de lui dire au-revoir, il demanderait à Théo de prendre soin d'elle.

 

 

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Quelques années plus tard...

 

 

C'était le grand soir. La toute première représentation publique de Théo, seul avec la totalité des pantins, L comprise, et il était extrêmement anxieux. Qui ne le serai pas? Il se produisait ce soir-là devant les dirigeants d'une école de cirque. Depuis plusieurs mois, lui et Severus avaient répété, parfois même jusque tard dans la nuit et son Maitre marionnettiste était des plus sévère, le numéro était parfaitement rodé mais il ne pouvait pas empêcher son cœur de battre la chamade et ses membres de trembler.

 

Depuis qu'il avait vu une représentation d'élèves quelques années plus tôt il ne désirait rien de plus que de rentrer dans cette école de cirque très réputée pour y apprendre lui aussi l'art du spectacle comme un professionnel. Les disciplines représentées dans cette école étaient très vastes et les participants au concours d'entrée aussi doués les uns que les autres.

 

Les consignes étaient strictes : chaque adolescent devait se présenter deux heures à l'avance devant un jury chargé de lui faire passer un entretien sur ses motivations. De là, s'il était accepté on lui remettait un numéro et un ordre de passage qu'il devait respecter à la lettre. Autant dire qu'il fallait une excellente présentation et une motivation à toute épreuve pour cet entretien.

Théo l'avait heureusement brillamment passé. En compagnie de Sibylle il l'avait répété peut-être même plus que le numéro de marionnettes. Le beau jeune homme de seize et quelques années attendait maintenant son heure de passage, assis derrière les tentures de la scène du petit théâtre, entre un jongleur et une jeune contorsionniste particulièrement émotive à en croire ses larmes.

 

Le thème imposé du concours était: la danse. Pas simple pour une discipline telle que celle de Théo.

Chaque participant, quel que soit son domaine, devait créer un numéro d'une dizaine de minutes autour de ce thème et ils avaient eu quatre mois pour le réaliser. Ne surtout pas croire qu'ils avaient eu beaucoup de temps! Si certains avaient cru ça, il s'étaient vite faits recaler.

 

Pour l'occasion, Théo avait demandé à l'un des amis musicien de Sibylle de l'accompagner sur scène, ce que le jeune Blaise avait accepté bien volontiers.

Le pari du marionnettiste était risqué car son numéro tenait principalement sur la musique d'accompagnement jouée par le violoniste: « Danse macabre ». Il n'y aurait aucune parole dans ce spectacle et c'était là l'ingéniosité de son numéro de marionnettes, mais aussi sa dangerosité. Les jurés de l'école s'attendraient à voir un spectacle parlé, comme toujours pour les pantins. Hors, Théo avait décidé de ne compter que sur les mouvements et la musique pour transmettre les émotions à son public. C'est comme cela qu'il avait toujours procédé avec elles et il ne comptait pas changer. Severus lui avait dit un jour que chaque porteur de marionnettes avait sa propre façon de fonctionner : si Severus les laissaient parler seules, Théo donnait tout uniquement grâce aux mouvements magiques de ses protégés. S'il avait peur que cela ne plaise pas aux professeurs de l'école, il était en revanche certain qu'ils seraient séduits pas sa facilité à manier ses pantins. Sept en même temps, pour beaucoup c'était un exploit mais pour Théo c'était extrêmement simple. Il n'avait en fait pas grand chose à faire, elles bougeaient presque toutes seules quand c'était nécessaire.

 

Quand vint son tour, il se posta derrière le paravent qui servait de décor à son numéro. Les rideaux n'avaient pas encore été levés, il n'avait d'ailleurs pas été officiellement annoncé au public du théâtre composé des professeurs de l'école, des familles et amis des participants et bien sûr de sa propre famille qui devait être assise le plus près possible de la scène. Il entendait d'ailleurs le rire de Sirius et s'autorisa un léger sourire. Il pourrait parier que son ami s'était placé aux cotés de Sibylle. Depuis que la jeune femme s'était trouvé un compagnon, Sirius était d'une jalousie effrayante et tentait de reconquérir sa belle à tous prix, en vain malheureusement.

 

En prenant une grande inspiration, il sortit Bicéphale de son coffre de bois. Il avait naturellement décidé que sa marionnette fétiche jouerait la Mort dans ce spectacle et c'était donc avec elle qu'il commencerait. Les six autres seraient les danseurs tentés par la musique envoutante de son violon, comme le voulait l'histoire de « Danse macabre ».

 

Quand son prénom fût prononcé et les rideaux levés il sût que son avenir se jouait à cet instant précis. Alors, sur un signe de tête, le violoniste embraya sur les premières notes. Après un regard confiant à son Maître, assis au second rang, Théo commença son numéro accompagné des sept marionnettes et scella son destin de porteur de marionnettes tout comme l'avait fait Severus de nombreuses années plus tôt.

 

FIN

 

Ceux qui se demanderaient pourquoi j'ai choisi « Danse macabre » pour la représentation de fin, je dirai juste que j'ai passé mon temps à l'écouter pendant la rédaction. Rien de plus profond.^^

 

Merci d'avoir lu surtout!

Et bon courage au jury.

 

 

 

 

 
     
     
 
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