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au 31 Mai 21 :
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Désaliéné.
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Drame  -  fr
7 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     22 Reviews    
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Désaliéner, faire cesser l'aliénation, libérer.

Désaliéné.

Auteur : haniPyanfar.

Merci encore et toujours à Madame Rowling pour les personnages qu'elle a créés et qu'elle a la bonté de nous prêter.

 

Allez d'abord lire ou relire " Aliéné ", le superbe OS de la Génialissime Artoung. Mon coeur sensible ne supportant pas la triste fin de cette histoire, j'ai écrit une suite qui, je l'espère, sèchera vos larmes. C'est un petit cadeau, en hommage à la Reine des Fanfics.

 

0 ° 0 ° 0 ° 0 ° 0

 

Désaliéner : Faire cesser l'aliénation, libérer.

Contraire : Aliéner.

 

 

Harry faisait semblant de dormir. Il faisait ça très bien maintenant. Il s'entraînait depuis trois semaines et son stratagème était au point. Il avait observé les autres malades, il savait prendre la pose, bouche légèrement ouverte, respiration calme, yeux clos mais paupières détendues. Parfois, il se permettait même un léger ronflement. C'était jouissif de voir comme il pouvait tromper son monde.

Il entendait décroître les pas de la surveillante de nuit, les pas lourds de Grace Johnson, celle qu'il surnommait en lui-même la « Mauvaise Grâce ». Il était une heure du matin, elle traînait les pieds pour finir sa deuxième ronde. Elle rejoindrait ensuite l'interne de service dans la cuisine. Ils prendraient un thé, ils continueraient leur partie d'échecs ou ils liraient. Les malades étaient tranquilles jusqu'à trois heures. Sauf cas exceptionnels.

Pour surveiller les autres pensionnaires, elle se contentait d'ouvrir la porte et de jeter un coup d'œil rapide. Mais depuis l'incident du verre d'eau, elle entrait dans la chambre de Harry, allumait la veilleuse et s'approchait pour vérifier qu'il était bien dans son lit, profondément endormi. Quelle gourde ! Enfin, Harry lui était tout de même un peu reconnaissant. C'était « grâce » à elle qu'il avait compris la machination dont il était victime.

Oh ! Elle n'y était pour rien, pas plus que le reste du personnel de cet Hôpital de merde. C'étaient tous des Moldus, ignorants et bornés. Personne ne l'avait pris au sérieux. Enfin, ils avaient des excuses ! Ils ne connaissaient pas le monde de la Magie et donc, ils niaient son existence. Mais lui savait ! Et Malfoy aussi ! Malfoy, le traitre à la solde de Voldemort !

Tout cela, il l'avait appris petit à petit, en observant les uns et les autres. Mais le premier déclic, ça avait été cette nuit-là, quand il était malencontreusement tombé de son lit après avoir constaté et vérifié – plusieurs fois ! - qu'il était bien sorcier. Il était si heureux ! Il allait crier la vérité au monde entier et cette fois, il pourrait prouver ses dires !

Cela s'était passé trois semaines auparavant. Il s'était réveillé en pleine nuit, les lèvres sèches, un goût amer dans la bouche. Le repas du soir était trop salé et de toute façon, il n'aimait pas les harengs marinés. Il avait voulu prendre le verre d'eau posé sur sa table de chevet mais le verre était posé trop loin et son bras n'était pas assez long.

Il aurait dû sonner pour faire venir la garde de nuit, la « Grace » pas si gracieuse que ça, mais son cerveau était un peu embrumé. On lui donnait trop de somnifères. Et puis elle aurait rouspété contre les emmerdeurs qui la dérangeaient pour rien. Même pas capables de se débrouiller tout seuls ! Des assistés, des inutiles, des déchets !

Il avait alors eu une sorte d'impulsion irraisonnée, une idée folle. Il avait tendu la main, doigts légèrement repliés, pouce en opposition, et il avait dit avec conviction : « Accio, verre d'eau ! » Il avait vu avec stupeur le verre se soulever, couvrir la faible distance et se poser dans sa main. Il était resté immobile plusieurs secondes, le contact froid du verre contre sa paume lui démontrant qu'il ne rêvait pas. Il avait bu un peu d'eau. Elle était vraie, ce n'était pas une illusion.

L'illumination soudaine l'avait totalement réveillé. Il avait réussi ... UN SORTILEGE ! ... IL ETAIT SORCIER ! ... Il n'était pas fou ! ... Il n'affabulait pas ! ... Il faisait vraiment de la magie et il pouvait le prouver ! BORDEL DE MERDE ! ...

STOP ! Pas si vite ! L'autre jour, il avait fait apparaître une chaise devant Malfoy et Malfoy avait prétendu le contraire. Qui avait raison, Malfoy ou lui ? Il fallait vérifier. Harry s'assit au bord du lit et cette fois, il avait le bras assez long pour reposer le verre. Il répéta deux fois l'incantation et par deux fois, le verre se déplaça et se posa dans sa main. Chaque fois il but un peu d'eau. A la fin, le verre était vide. VIDE ! Donc, il ne rêvait pas.

Il tenta quelque chose de plus difficile. Sa robe de chambre était accrochée près de la porte à une patère. Il tendit le bras et dit avec espoir : « Accio robe de chambre ! » Et ça marcha ! Le vêtement atterrit sur ses genoux, il pouvait le toucher, le soulever, sentir son odeur. Malfoy lui avait offert récemment un flacon d'eau de Cologne et le tissu était imprégné de son parfum.

Ses sens lui confirmaient qu'il n'était pas pris d'une quelconque crise, comme on voulait le lui faire croire ! La vue, l'odorat, le toucher, le goût pour l'eau, quatre sens sur cinq ne pouvaient mentir ! .Il ne manquait même pas l'ouïe, il avait bien prononcé tout haut les mots des sortilèges ! Il se redressa brusquement, voulut se mettre debout et c'est là que malheureusement les choses se gâtèrent.

Il se prit les pieds dans la robe de chambre, trébucha et se sentit tomber. Il cria, tenta de se raccrocher à quelque chose mais sa main libre ne rencontra que la table de chevet. Il l'entraîna dans sa chute. Le bruit résonna dans l'hôpital endormi comme un coup de tonnerre ! Le front de Harry heurta le montant du lit, juste à l'endroit de sa vieille cicatrice, et il roula sur le sol, à moitié assommé.

La porte s'ouvrit avec fracas. Une « Grace » plutôt échevelée et l'interne de service, le massif Georges « L'épais » un peu débraillé, firent irruption dans la pièce. Peut-être bien qu'ils jouaient à un autre jeu qu'aux échecs, finalement.

Harry était par terre, du sang coulait sur son front et poissait déjà ses cheveux. Le verre incassable avait roulé sous le lit et le pichet tout aussi solide répandait par terre le reste de l'eau. Les mouchoirs en papier, les magazines de mots croisés et de sudoku, la plante en pot, tous les petits objets rangés normalement sur la table de chevet jonchaient le sol. Le tiroir était ouvert mais heureusement, les lunettes qui y étaient rangées étaient intactes.

Les deux arrivants se précipitèrent. Georges ramassa Harry comme un vulgaire ballot de vêtements et le projeta sur le lit. Il tamponna la blessure avec la serviette de toilette avant d'aller en vitesse chercher le matériel de soins. Il désinfecta la plaie avec un produit piquant, ça faisait un mal de chien et ça saignait toujours. La cicatrice en forme d'éclair restait obstinément ouverte.

« La marque faite par Voldemort », pensait Harry, conscient mais étourdi par sa chute.

Oui, parce que s'il était sorcier, le Maître des Ténèbres existait bien ! Il gardait les yeux clos et geignait doucement. Il ne savait pas très bien pourquoi mais il faisait semblant d'être dans les vaps. Il ne lui semblait plus aussi urgent de révéler à ces deux-là la découverte de ses pouvoirs.

La « Grace » jurait entre ses dents et traitait Harry de tous les noms tout en ramassant les objets épars. On entendait dans le couloir une rumeur confuse. Certains patients avaient dû se réveiller. Une catastrophe pour les deux veilleurs de nuit ! Elle sortit pour aller les rassurer et revint en grommelant toujours.

« Non mais quel crétin ! Même pas capable de se tenir tranquille ! Et ça se prétend sorcier ! T'en foutrai moi, des abrutis pareils !

--Modérez votre langage, Grace ! Il pourrait vous entendre !

--Hé bien qu'il m'entende ! Qu'est-ce qu'il fait encore dans notre service ! Il devrait être dans l'aile 10, chez les incurables ! Mais non ! Cette soi-disant œuvre de charité, cette ... « Fraternité » ... paie pour lui des sommes astronomiques ! Chambre particulière, rééducation fonctionnelle personnalisée, visite hebdomadaire du médecin-chef, entretiens réguliers avec le psychologue ! Combien on pourrait en soigner, des vrais malades, avec autant d'argent ? Et tout ça pour rien !

--Taisez-vous, Grace ! Vous allez trop loin !

--Non et vous le savez bien Georges ! Trois ans qu'il est à l'hôpital ! Un an en soins intensifs ! Toujours prêt à mourir et encore vivant chaque matin que Dieu fait ! Une autre année de rééducation physique. D'accord, ses os avaient eu du mal à se ressouder et ses muscles avaient fondus ! Je n'ai toujours pas compris comment il avait pu survivre à un accident pareil ! Et maintenant, toujours le même refrain ! « Je suis sorcier ! Un Mage Noir veut conquérir le monde ! » Son corps est retapé mais sa cervelle est en bouillie ! Il n'a pas sa place ici !

--Assez Grace ! Ce ne sont pas nos affaires ! Aidez-moi plutôt à poser les clips pour refermer la plaie sur son front ! Jamais vu un truc pareil ! Les blessures à la tête saignent toujours beaucoup mais là, on dirait un cœur qui bat ! ... Passez-moi les compresses ! ... Le ruban adhésif ! ... Ouf ! J'espère que le médecin-chef ne gueulera pas trop fort !

--Ce n'est pas notre faute ! Bon, il ne reste plus qu'à le changer et à tout nettoyer ! Hé Monsieur Potter ! Réveillez-vous !

Elle lui donnait de petites tapes sur les joues. Harry, qui avait suivi la conversation avec un intérêt grandissant, ouvrit les yeux et décida brusquement de jouer la comédie. Il prit une expression de profond regret et dit d'une voix plaintive :

--Oh ! Madame Johnson ! Monsieur Lapé ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Ooooh ! Je suis si désolé ! Je voulais boire un verre d'eau et j'ai glissé ! Pardonnez-moi, je vous en prie ! Je vous ai dérangés ! Je n'ai pas fait exprès ! Toutes mes excuses ...

Et ça avait marché ! Ils l'avaient laissé tranquille ! Il avait pu réfléchir en paix à tout ce qu'il avait appris. Et par la suite, en trois semaines, il en avait découvert des choses !

D'abord, il était un sorcier puissant puisqu'il pouvait faire de la magie sans baguette. Pour des sortilèges simples bien sûr ! Accio, Alohomora, bien pratiques tous les deux, Evanesco pour la disparition d'objets, Apparate pour les faire revenir. Pour Lumos et Nox, il avait besoin de tenir quelque chose dans sa main : un crayon faisait l'affaire.

Par contre, pas question de transplaner ou de voler sur un balai. Harry avait évidemment essayé, sans succès. Mais il pouvait faire de la Légilimencie. Pas longtemps et pas avec tout le monde mais suffisamment pour apprendre certaines choses qu'on voulait lui cacher. Il n'avait pas besoin de regarder la personne dans les yeux, il lui suffisait de fixer sa nuque en pensant fortement « Legilimens ! » et il voyait l'image de ce que l'autre pensait.

Et ce n'était pas tout ! Il pratiquait aussi l'Occlumencie quand il était avec Malfoy ! Pas question que le soi-disant infirmier puisse lire en lui ! Il lui ferait prendre les petites pilules bleues qui lui endormaient le cerveau ! Malfoy ! Le sale traitre vendu à Voldemort ! Mais maintenant, Harry savait dissimuler ses sentiments. Il se montrait avec lui docile et accommodant. Il ne lui avait plus dit qu'il l'aimait. Il parvenait même à lui sourire Et il n'avait plus jamais prétendu qu'il était sorcier. Au contraire ! Et cela semblait ennuyer énormément celui qu'on avait envoyé pour le surveiller.

Tout ça ne s'était pas fait en un jour bien entendu mais il avait été patient et dissimulateur. Il avait trouvé le moyen de ne pas avaler les nombreux cachets qu'on lui prescrivait. Il avait appris à reconnaître les indispensables, ceux qui atténuaient la douleur de son corps meurtri, et un seul somnifère était suffisant pour son besoin de sommeil. Les fortifiants et les vitamines d'accord, les tranquillisants le moins possible. Alors, l'esprit clair et alerte, il pouvait observer et apprendre

- - - -

Cette nuit-là, Draco Malfoy non plus ne dormait pas. Ça faisait trois ans que, sur l'ordre de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, il logeait dans une petite chambre sordide. Sa seule compagnie était le chat Entité qu'il avait trouvé un soir devant sa porte et qui l'avait élu pour maître. Il ne s'était lié avec personne dans l'immeuble – ces gens n'étaient pas de son monde - La fille d'en face avait bien essayé de le draguer mais elle avait vite compris.

Saloperie d'existence ! Il était coincé, il n'y avait rien à faire. Le Seigneur des Ténèbres avait pris le pouvoir. Tout le monde courbait l'échine, ses parents et lui plus que tout autre. Son père n'avait-il pas raté sa dernière mission ? Potter ne lui avait-il pas échappé une nouvelle fois ? Comment s'était-il retrouvé au bord de cette route de campagne ? En transplanant au hasard comme un foutu Griffondor qu'il était ?

Cet imbécile s'était fait renverser par une voiture et le conducteur l'avait abandonné dans le fossé, agonisant. Depuis, il croupissait dans cet Hôpital pour Moldus, alternant les longues périodes d'abattement, les rares moments de lucidité et les crises de folie furieuse. Trois ans ! Et Draco était obligé de le côtoyer six jours sur sept. Il n'avait qu'une journée de congé par semaine et encore ! Parce que c'était la loi moldue.!

La « Mission » qui lui avait été « confiée » était de « veiller » sur Potter – le Maître du Monde sorcier employait des mots de velours pour donner ses ordres d'airain ! - et pour cela, l'héritier Malfoy, sorcier de Sang Pur, était devenu aide-soignant puis infirmier, sans la moindre possibilité d'utiliser la magie comme à Sainte Mangouste, juste comme le plus basique des Moldus. .

Chaque soir, il envoyait un compte-rendu de sa journée par son hibou grand-duc. Les moindres faits et gestes de Potter étaient rapportés minutieusement. Chaque semaine, le jour où il était en congé, il transplanait au château Malfoy où le Lord Noir résidait parfois, selon son bon plaisir, réduisant ses parents au rôle de serviteurs.

Le Maître des Ténèbres l'interrogeait en détail, semblant se délecter des malheurs de celui qu'on appelait autrefois le Survivant et que tout le monde croyait mort. Les Moldus, eux, le croyait fou. Cela avait l'air de réjouir le Lord à l'extrême. C'était le seul moment où on entendait résonner son rire sifflant. Saloperie de vie ! Saleté de Potter !

Trois semaines ! Le lendemain de la chute de Potter, il avait envoyé le message journalier :

« Harry Potter est tombé du lit pendant la nuit et s'est blessé au front ... »

Puis ses messages s'étaient faits plus précis.

« Harry Potter s'est ouvert le front à l'endroit de son ancienne cicatrice. Il a beaucoup saigné ... »

« ... La blessure en forme d'éclair reste rouge et enflammée. Potter semble souffrir ... »

«... Les remèdes moldus fonctionnent presque aussi bien que les sorciers mais ils sont moins rapides. L'état de Potter s'améliore lentement ... »

« ... Depuis une semaine, Potter n'a pas dit une seule fois qu'il était sorcier. Sa blessure est guérie et a repris son aspect habituel ... »

« .. Potter est calme et conscient, je n'ai pas eu besoin de lui donner de pilules bleues ... »

« ...Le médecin chef est très satisfait de son malade. Il parle d'amélioration sensible. Potter est tout à fait lucide et se conduit exactement comme un Moldu ordinaire ... »

« .. Potter a demandé à aller dans la salle de télévision avec les autres malades. Il a regardé des dessins animés pour enfants. Il a ri ... »

« ... J'ai entendu Madame Cheppers, l'infirmière en chef, dire à sa collègue que Potter était sur la voie de la guérison. Bien sûr, d'après elle, il faudra encore beaucoup de temps mais elle prétend que sa récente blessure au front y est pour quelque chose. Elle pourrait avoir agi comme un choc salvateur et l'avoir débarrassé de son idée fixe. Doit-on comprendre que Potter redevient normal pour les Moldus et qu'au contraire il perd l'esprit pour notre monde ?

Ce message était le dernier que Draco avait envoyé à son Maître. Il s'attendait à être convoqué au château et à devoir répondre à de nombreuses questions. Mais que pourrait-il dire de plus ? Potter paraissait animé d'une énergie nouvelle. Il était gai, obéissant, aimable. Personne n'avait à se plaindre de lui.

Il lui parlait normalement comme à toute autre personne du service mais il ne l'appelait plus par son prénom. Il lui souriait sans retenue. Il paraissait heureux de vivre. C'est tout juste s'il ne faisait pas des projets d'avenir. Des projets moldus s'entend ! Qu'est-ce qui se passait dans la tête creuse du Survivant ? Avait-il réellement oublié son état de sorcier ou jouait-il la comédie ? A ce stade, Draco Malfoy n'en savait rien.

- - - -

Harry se leva et enfila sa robe de chambre. Il était tranquille. La « Disgrâce » discutait dans la cuisine avec le deuxième interne, un grand blond efflanqué, paresseux comme une couleuvre. Ah ! Ce n'était pas lui qui ferait du zèle et s'occuperait des malades plus que nécessaire ! Les couloirs seraient totalement déserts pendant deux heures. C'était le moment de la nuit le plus propice à l'exécution de son plan.

Il savait où était rangé son dossier personnel. Il l'avait « vu » dans la tête du médecin-chef. Tous les renseignements le concernant y figuraient. Il voulait en prendre connaissance. Comment était-il arrivé dans cet hôpital ? En quelles circonstances ? Quel était cet accident dont on lui avait parlé quand il avait repris conscience, cloué sur un lit par de terribles souffrances dues à de multiples blessures et fractures ?

Il avait perdu beaucoup de ses souvenirs. Mais ceux qu'il avait conservés étaient clairs : ses parents tués par Voldemort, sa cicatrice au front, son enfance chez les Moldus, le château de Poudlard, le professeur Dumbledore ... Mais quand il en parlait, les médecins le regardaient sans comprendre et petit à petit, on l'avait presque persuadé qu'il était fou.

Et ses amis, Ron Weasley et Hermione Granger, qu'étaient-ils devenus ? Au début, il avait posé des questions qui étaient restées sans réponses. Non, il n'y avait personne avec lui. On l'avait trouvé au bord d'une route de campagne, ensanglanté et désarticulé comme un pantin, à demi-mort. Sans doute renversé et abandonné par un chauffard.

Quand Malfoy était apparu, quelque temps après le début de son calvaire, il avait cru qu'au moins lui le croirait et qu'il l'aiderait. Mais le foutu Serpentard disait la même chose que les Moldus de l'hôpital. Les sorciers n'existaient pas, il n'y avait aucun Mage Noir. Ce n'étaient que des hallucinations dues à son état de santé, à son accident ...

Pourtant, le semaine dernière, Harry avait « lu » dans sa tête. Il l'avait vu écrivant une lettre adressée à Voldemort. Un hibou attendait le message à emporter devant la fenêtre ouverte. Malfoy avait fait le même geste que les Moldus quand Harry fouillait dans leur cerveau. Il avait bougé la main comme pour éloigner une mouche importune puis il s'était retourné brusquement et avait fixé Harry dans les yeux.

Celui-ci était sur ses gardes, comme toujours en présence de l'infirmier félon. Il avait totalement fermé son esprit et gardait sur son visage un air un peu niais qui trompait bien son monde. Bravo l'occlumencie ! Enfin Harry évitait maintenant de chercher à lire dans l'esprit de Malfoy. Il ne fallait surtout pas éveiller ses soupçons.

Mais c'était si facile avec les Moldus ! Ils ne s'intéressaient pas beaucoup à lui d'ailleurs, c'était juste un malade comme les autres. En faisant sa tournée, le médecin-chef pensait plutôt à sa femme qui passait ses journées à faire du shopping. L'un des kinés était homo, il était obsédé par le cul de son petit ami. La « Grace » le détestait - allez savoir pourquoi - et pensait que pour la nuit, on devrait l'attacher sur son lit. Ça l'empêcherait d'emmerder le monde !

Certains malades qu'il croisait dans les couloirs quand il allait voir le psychologue avaient dans la tête des images effroyables. Harry évitait de faire sur eux de la légilimencie, sauf quand ils le regardaient avec hargne. Il se méfiait de leurs impulsions. Il avait été attaqué une fois par un patient dangereux qui heureusement avait été aussitôt maîtrisé et rapidement envoyé dans l'aile 10 dont avait parlé la « Grâce » de nuit.

Enfin, si tout se passait bien, ce soir, il ne rencontrerait pas âme qui vive pendant son expédition. Il avait même repéré les endroits où il pourrait se dissimuler en cas d'alerte. Mais il n'y eut aucun problème. Les « Alohomora » ouvraient les portes et les tiroirs des classeurs, les « Closemora » les refermaient sans bruit. Le gros dossier était pile à l'endroit qu'il avait « vu » dans la tête du médecin et maintenant, dans sa chambre tranquille, Harry commençait à le consulter.

Les premières pages concernaient les renseignements que les Moldus avaient recueillis sur lui. Ils étaient tapés à la machine et des annotations avaient été ajoutées à la main entre parenthèses.

-

Nom : Potter Prénom : Harry James. ( Ces indications ont été données par le patient mais aucune preuve n'est venue corroboré ses dires.)

Né le 31 juillet 1980 à Godric's Hollow, West Country, fils de James Potter et de Lily née Evans. (Aucune mention de cette naissance dans le registre de cette commune. )

Adresse : chez Monsieur et Madame Dursley, Privet Drive 4, Little Whinging, Surrey. (Cette maison a été détruite récemment par un incendie d'origine accidentelle. Les propriétaires et leur fils ont péri dans les flammes. Mais pour les voisins, ils s'appelaient Stulbey, pas Dursley. )

Autre adresse : Londres, Square Grimmaurd 12 ( Ce numéro ne figure pas sur les façades des maisons. On passe directement de 11 à 13. )

Etablissements scolaires fréquentés : école primaire du quartier.( Aucune trace ) Collège Poudlard pour sorciers et sorcières en Ecosse. ( Bien entendu inexistant ! ! ! )

Harry releva les yeux. Il comprenait que les enquêteurs moldus n'aient pas trouvé Poudlard ou la maison magique du Square Grimmaurd mais qu'il n'y ait aucune trace de lui ou des Dursley, c'était bizarre. Voldemort avait-il fait lancer un sortilège d'Obliviate sur toutes les personnes l'ayant connu ?

Ou son esprit vacillant avait-il inventé toutes ces choses ? Etait-il vraiment fou ? Non, impossible ! Pour se convaincre de sa bonne foi, il appela son verre d'un Accio souriant et le reçut sans problème dans sa main tendue. Il reprit la consultation de son dossier.

-

Rapport d'admission : Dans la nuit du 14 au 15 avril 1998, un jeune homme sans papiers a été admis au E. Jones Hospital. Il est gravement blessé, probablement renversé par une voiture dont le conducteur a pris la fuite ...

Suivait la mention de son examen clinique : fractures ouvertes du tibia et du péroné à la jambe droite; du fémur à la gauche, une épaule déboîtée, commotion cérébrale et plaies à la tête, cage thoracique enfoncée ... La liste était longue. Une main avait ajouté au crayon : Patient dans le coma. Etat désespéré.

 -

Rapport de police : Le 15 avril 1998, à 00 heure 37, un coup de téléphone a prévenu la police de la présence d'un blessé grave au bord de la route, à quelque distance du village de West Horsley, dans le comté de Surrey, au sud ouest de Londres. Une patrouille de police a été envoyée sur place ainsi qu'un véhicule de transport sanitaire.

( West Horsley ... Le nom de ce village me dit quelque chose. Je l'ai déjà entendu. Mais où et prononcé par qui ? Cela ne me revient pas. Voyons la suite. )

 Après les constatations d'usage, la personne accidentée a été évacué vers le centre de secours aux grands blessés le plus proche, le E. Jones Hospital. Il n'avait pas de papiers d'identité, ni sur lui ni dans le sac à dos qu'on a trouvé à proximité. Il est de sexe masculin et paraît âgé d'une vingtaine d'années. Il était seul. Il n'a pas prononcé un mot. Une enquête est diligentée pour l'identifier ...

-

Un bruit de pas traînant retentit dans le couloir. Harry se demanda si la « Grace » avait pu voir la faible lumière de son Lumos. Main non, c'était l'heure de la ronde. Il murmura Evanesco puis Nox. Le dossier disparut, la lumière s'éteignit. Il s'enfonça dans son lit et prit la pose. Pendant l'inspection, il réfléchit à ce qu'il venait d'apprendre.

Il n'avait aucun souvenir de son accident. C'était le trou noir. Le médecin lui avait expliqué que cette réaction était courante après un traumatisme violent. Qu'est-ce qu'il faisait là ? D'où venait-il ? Avait-il transplané dans l'urgence, un peu à l'aveuglette ? Mais ces questions, il se les était déjà posées de nombreuses fois. Sans réponses.

Puis des détails qu'il ne connaissait pas lui revinrent tout à coup en mémoire. Il avait atterri dans le Surrey. West Horsley ne devait pas être très loin de Little Whinging. Se rendait-il chez les Dursley ? Pourquoi ? ... Et la mention d'un sac à dos qu'on avait trouvé à proximité ... Personne ne lui en avait jamais parlé. C'étaient des pistes à explorer.

La garde de nuit s'éloignait. Il murmura Lumos puis Apparate et reprit sa lecture. Il n'avait pas sommeil. Il était bien trop excité pour dormir. Depuis qu'il avait découvert que Evanesco faisait disparaître dès qu'il fermait la bouche les cachets qu'il posait obligatoirement sur sa langue en présence de l'infirmière, il n'avalait presque plus de somnifères et il était beaucoup plus lucide.

-

Après le rapport de police, il découvrit un article paru dans un journal. Il y avait une photo moldue de son visage tuméfié au front bandé et aux yeux fermés, accompagnée de la légende : « Connaissez-vous ce jeune homme ? Taille un mètre 70 environ, cheveux noirs, yeux verts, vêtu d'un jean bleu clair et d'un blouson de couleur marron. Prière de téléphoner au poste de police le plus proche. »

Une deuxième coupure de presse le montrait quelque temps plus tard. Il était reconnaissable. On distinguait nettement sa vieille cicatrice en forme d'éclair. Il était pâle et ses yeux semblaient trop grands pour son visage émacié. Cette fois, sous le portrait la phrase était plus précise. « Connaissez-vous ce jeune homme ? Il est en partie amnésique et prétend s'appeler Harry Potter. Prière de ... »

-

Evidemment, c'était un journal local moldu. Les sorciers ne lisaient pas ce genre de presse. Personne ne s'était sans doute manifesté ou alors les farfelus habituels. Mais ce qui se trouvait après les coupures de presse stupéfia Harry. Il sursauta dans son lit et faillit faire tomber le gros dossier posé sur ses genoux.

C'était une lettre à l'entête de la « Fraternité des jeunes accidentés de la route » et elle était signée LUCIUS MALFOY ! Il lut avidement :

« Nous avons appris la présence dans votre hôpital d'un jeune homme amnésique dont l'état nécessite des soins importants et coûteux. Au vu de son dossier, le Président de notre œuvre a décidé de prendre en charge ses frais d'hospitalisation jusqu'à sa complète guérison. Veuillez trouver ci-joint un premier chèque de mille livres en attendant une facture détaillée de votre part.

Je vous demande seulement comme une faveur d'admettre dans votre service mon fils Draco qui a manifesté le désir de devenir infirmier bénévole. Il pourrait ainsi nous donner régulièrement des nouvelles de notre protégé. Je vous en remercie par avance.

Pour le Président de notre œuvre, l'Honorable Lord V. qui désire rester anonyme, son secrétaire particulier Lucius Malfoy. »

C'était incroyable ! Ils n'avaient même pas changé leur patronyme. Lord V. désignait bien sûr Lord Voldemort. Et les Malfoy père et fils s'affichaient en toutes lettres. Même s'ils savaient que leur nom n'évoquait rien dans le monde moldu, c'était tout de même gonflé ! Des sorciers bouffis d'orgueil, hautains et méprisants, voilà ce qu'ils étaient !

Tout de même, pourquoi n'avaient-ils pas fait disparaître un document aussi compromettant. ? Harry s'aperçut alors que ce n'était pas l'original mais seulement une photocopie. Ah ! Les super sorciers n'avaient pas imaginé qu'une secrétaire consciencieuse voudrait joindre un double de leur proposition au dossier personnel du malade ! Tout grand homme - ou soi-disant grand homme ! - a son talon d'Achille !

-

Il feuilleta rapidement la suite mais il ne trouva que des compte-rendus médicaux et des quantités impressionnantes de factures. Son hospitalisation coûtait un max au trésor des Mangemorts ! Si c'était Lucius Malfoy qui banquait, lui et sa famille seraient bientôt sur la paille ! La « Grace » trop bavarde de l'autre nuit, qui la première avait prononcé le nom de la Fraternité, n'avait pas tort ! Sa survie valait son pesant d'or.

« Mon emprisonnement chez les fous aussi, » pensa Harry avec rancune. Ainsi c'était ça la vengeance, le plaisir suprême de Voldemort. Sa mort à petit feu au milieu de Moldus qui croyaient dur comme fer à sa folie, qui donnaient à sa soi-disant maladie des tas de noms savants alors qu'il était simplement poursuivi par une haine féroce !

Mais il savait maintenant. Il était sorcier et sain d'esprit. Il allait s'évader d'ici. Mais par Merlin, ce ne serait pas facile. Il décida de rapporter le dossier la nuit suivante. Demain, le médecin chef ne venait pas et lui seul le consultait de temps en temps. Il le fit disparaître et se rallongea plus confortablement. Il devait réfléchir. Profondément. Méthodiquement. L'esprit froid de Serpentard, dissimulé derrière sa vieille cicatrice, prenait le pas sur la fougue de Griffondor.

Il était l'Elu.

Il survivrait.

Et il vaincrait.

- - - -

Merci encore à la Grande Artoung qui a autorisé la publication de cette suite d' « Aliéné ».

 
 
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