Note d'auteur : La Triste Vie d'Antigone Rogue est une fanfiction que j'ai commencé à écrire il y a fort longtemps. Tellement longtemps qu'il s'agit en réalité de ma première fanfiction. Elle est aujourd'hui terminée et je peux enfin la partager avec vous.  

Le rythme de (re)publication sera hebdomadaire.

Bonne lecture ^^

La Triste Vie d'Antigone Rogue

Chapitre 1 : C'est la fille de Rogue

Cela faisait presque un mois que la bataille de Poudlard avait eu lieu, que Harry Potter avait vaincu le Seigneur des Ténèbres et apporté un peu de joie dans le monde sorcier. Il était temps pour lui et pour la communauté sorcière britannique de reprendre leur vie et de regarder vers un futur plus lumineux.

Et pourtant, Harry ne cessait de se remémorer ce jour, où il avait vaincu Voldemort. Mais il ne repensait pas à sa victoire, ni même aux sorciers qui avaient laissé leur vie ce jour-là pour qu'il parvienne à ses fins.

Il repensait à ce qui s'était passé après.

— J'ai eu suffisamment d'ennuis pour le reste de mes jours, avait-il dit en descendant de l'escalier en colimaçon qui menait au bureau du directeur de Poudlard.

Il avait eu tort de penser que les ennuis s'arrêteraient là. Il avait soudain senti une petite main tirer sa manche et en baissant la tête, il avait découvert un elfe de maison, qu'il ne connaissait pas et qui se tortillait sur place, cherchant visiblement à lui dire quelque chose. Probablement appartenait-il à Poudlard.

Harry s'attendait à des félicitations, des acclamations comme il en avait reçu des centaines, quand il était dans la Grande Salle, ou encore une proposition pour un déjeuner copieux fraîchement préparé des cuisines de Poudlard.

Il était loin d'imaginer ce qui l'attendait.

— Venez ! Il faut venir ! Harry Potter doit venir, couina la petite créature. Le Maître l'a dit : Harry Potter doit venir voir.

— Quoi ? demanda-t-il abasourdi par la demande de la petite créature.

Mais l'elfe de maison était déjà parti. Harry, accompagné de Ron et Hermione, le suivit, ne sachant absolument pas où il les menait. Toutefois, après quelques minutes, il devint assez clair que l'elfe les conduisait dans les ténèbres des cachots, loin des cris de joie et des pleurs de la Grande Salle, et à l'abri des combats qui avaient eu lieu quelques heures plus tôt. L'elfe les conduisait vers le bureau de Severus Rogue.

— Ici, elle est ici, chuchota l'elfe en montrant du doigt la porte du bureau de Rogue. Mais il ne faut pas faire de bruits. Le Maître ne serait pas content si elle se réveillait. Il voulait que Harry Potter voie et Harry Potter va voir. Minkyl est un bon elfe, le Maître aurait été content... Entrez, entrez, Harry Potter !

— Harry, qu'est-ce que..., commença Hermione.

Mais Harry ne répondit pas. Il n'aurait pas su quoi répondre de toute façon, ignorant ce qui les attendait. Il poussa la porte doucement et fut presque surpris de trouver le bureau de l'ancien professeur de Potions tel qu'il le connaissait. Il était juste un peu plus poussiéreux et encore, Harry n'avait jamais trouvé que les cachots brillaient par leur propreté.

Ce n'était toutefois pas le bureau que Minkyl voulait leur montrer.

— Là, la lettre, dit l'elfe en montrant du doigt le bureau sur lequel s'amassaient encore des copies d'élèves. Il faut la lire, Harry Potter doit la lire.

Minkyl tira un Harry de plus en plus perplexe, vers la lettre, puis se dirigea vers une porte au fond du bureau, devant laquelle il se mit à trépigner d'impatience.

— Mec, tu sais de quoi il s'agit ? demanda Ron. Tu crois que c'est un piège ?

Harry haussa les épaules. En s'avançant davantage, il remarqua que la lettre lui était adressée et il allait la prendre quand Hermione poussa un petit cri de surprise, presque aussitôt suivi par des pleurs de bébé.

Les deux garçons se précipitèrent vers Hermione qui avait ouvert la porte que Minkyl avait indiquée. Quand ils la rejoignirent, ils eurent la surprise de la retrouver, dans ce qui ressemblait plus à une chambre d'enfant qu'à une pièce attenante à un bureau de Maître des Potions, au fond des cachots de Poudlard, avec un bébé enveloppé dans une couverture vert pomme dans les bras.

— Je crois avoir une idée de ce qui se trouve dans l'enveloppe, chuchota-t-elle les larmes aux yeux, tout en berçant l'enfant pour le calmer.

Harry reprit ses esprits le premier. Il retourna prendre la lettre de Rogue et commença à la lire :

Harry,

Ne me demandez pas pourquoi je m'adresse à vous aujourd'hui, je ne le sais pas moi-même. Tout comme je ne sais pas exactement ce qui m'a poussé, il y a un an à créer un enfant. Oui, moi Severus Rogue, le Prince de Sang-Mêlé, j'ai mis au point une potion permettant de donner vie à un enfant. Mon enfant...

Antigone Lily Rogue est née le 6 février 1998, dans un chaudron, avec moi pour unique parent. J'espère pouvoir être avec elle, la voir grandir et s'épanouir, mais cela me semble peu probable. En tant qu'agent double mes chances de survie sont extrêmement minces, voire inexistantes.

C'est donc à vous, Harry, fils de Lily, que je remets ma fille.

Malgré tout ce que j'ai pu vous dire et vous faire subir, je sais que vous êtes un sorcier au grand cœur qui saura prendre soin de l'être si fragile que j'ai eu la naïveté de vouloir faire naître seul au milieu d'une guerre.

Elevez-la comme votre propre fille, et dites-lui, que malgré les apparences, je l'aimais sincèrement et que je suis désolé.

Je comprendrais que vous ne vouliez pas vous encombrer d'une tâche aussi lourde, d'autant qu'elle vous est demandée par quelqu'un qui vous a toujours montré de la haine et du dégoût. Mais, au nom de votre mère et de l'amour que je lui portais, ayez au moins la bonté de vous assurer qu'elle ait un avenir décent.

Severus Rogue

— C'est la fille de Rogue, dit-il en tendant la lettre à Ron qui se remettait à peine du choc.

Des larmes roulèrent sur les joues d'Hermione lorsqu'elle lut la lettre et Ron passa son bras autour de ses épaules pour essayer de la réconforter ou peut-être aussi pour se rassurer lui-même.

— Qu'est-ce que tu vas faire, Harry ? demanda-t-elle en reniflant. On ne peut pas la laisser là.

— On ne peut pas la prendre avec nous, non plus, répliqua le brun. Tu imagines la réaction des gens s'ils nous voient arriver avec un bébé dans les bras ? La Gazette se jettera sur l'affaire et je ne crois pas que ce soit vraiment ce à quoi Rogue pensait quand il parlait d'avenir décent.

— C'est peut-être justement l'occasion, intervient Ron. Tout le tapage que tu vas faire avec ta victoire face à Tu-Sais-Qui atténuera le choc de la soudaine apparition de la fille de Rogue.

— Bien au contraire ! s'écria Hermione, en resserrant instinctivement le bébé contre sa poitrine. Harry sera sous les feux des projecteurs et je ne pense pas que la communauté sorcière soit prête à voir leur grand Sauveur adopter la fille d'un Mangemort. D'autant plus en sachant que les conditions de sa naissance sont aussi peu éthiques. Je suis d'ailleurs presque sûre que ce genre de pratique est illégal.

Ils restèrent silencieux plusieurs minutes, cherchant quoi faire de cet étrange bébé qu'ils fixaient tous les trois, quand soudain il se mit à pleurer. Hermione se remit à le bercer en chuchotant pour rassurer l'enfant, mais cela n'eut aucun effet.

— L'amie de Monsieur Potter doit donner le bébé à Minkyl, intervint l'elfe de maison en tirant sur la manche d'Harry. Le bébé pleure parce qu'il a faim. Minkyl doit nourrir le bébé.

L'elfe prit la fillette dans ses bras minuscules et, d'un claquement de doigt, fit apparaître un biberon qu'Antigone se mit à boire avidement.

— Minkyl ? demanda doucement Harry en regardant l'elfe faire avec autant d'aisance. Est-ce que tu peux t'occuper du bébé ? Je veux dire... Est-ce que tu sais comment t'en occuper ?

— Bien sûr ! s'exclama l'elfe. Minkyl a appris. Minkyl sait s'occuper du bébé. Le Maître confiait souvent la petite Antigone à Minkyl, parce qu'il faisait confiance à Minkyl.

Et soudain, Harry sentit qu'il était sauvé, au moins pour un moment.

— Minkyl, est-ce que tu peux t'occuper d'Antigone ? Le temps qu'on trouve une solution raisonnable et loin de la plume acérée de Rita Skeeter, si possible.

— Bien sûr, bien sûr ! Minkyl peut ! répondit l'elfe avec enthousiasme. Minkyl est ravi d'aider Harry Potter !

Harry se sentit soulagé et se surprit à penser que cette histoire pourrait bien se terminer. Il fut néanmoins rattrapé brutalement par la réalité : s'occuper d'Antigone tout en la cachant du monde sorcier n'était pas la chose la plus facile à faire. Surtout quand on s'appelait Harry Potter, qu'on était l'homme que tous voulaient voir et remercier et qu'on devait également s'occuper de son filleul Teddy Lupin, orphelin depuis la dernière bataille.

Harry avait finalement choisi de garder la fille de Rogue avec lui. Minkyl et le bébé s'étaient installé chez Andromeda Tonks, qui gardait déjà le petit Teddy, le temps que Harry, aidé par Ginny, Hermione et un Ron quelque peu contraint et forcé par sa nouvelle petite amie, rénove la maison de Godric's Hollow.

Ils n'avaient pas trouvé de meilleure solution. Personne ne voulait de la petite Rogue, son nom causait bien trop de problèmes. Surtout depuis que le Ministère avait eu vent de son existence et cherchait par tous les moyens à « l'étudier » au Département des Mystères ou à prouver que son existence était une hérésie et qu'il fallait l'enfermer.

Harry avait tenté, en se servant de son statut de Sauveur, de faire comprendre aux sorciers qu'elle n'était pas une menace, que bien qu'étant la fille de Rogue, elle n'était pas un Voldemort en puissance et qu'il fallait la laisser tranquille et ne surtout pas « l'étudier » comme ils le disaient. Il avait aussi essayé de prouver au monde sorcier que Severus Rogue avait été d'une grande aide dans la défaite du Seigneur des Ténèbres, mais très peu l'avait écouté.

Il ne lui restait « plus » qu'à la protéger du mieux qu'il le pouvait, mais ce n'était pas chose aisée.

— La bibliothèque a complètement été saccagée, s'énerva Hermione en rejoignant Harry dans la cuisine du 12, square Grimmaurd. Et pas seulement par les combats qui ont eu lieu à Poudlard ! Tous les livres sont sens dessus dessous ! Les Carrow ont probablement trouvé distrayant de mettre un peu plus le bazar dans le château.

Ron suivait Hermione et s'affala à table avec une Bièraubeurre.

— J'ai vérifié dans tous les livres que j'ai pu trouver, poursuivit Hermione alors que Kreattur leur servait le repas qu'il avait préparé. La potion du bébé chaudron n'est pas toute à fait une nouveauté. Elle était utilisée il y a deux ou trois siècles pour éviter aux sorcières des nobles familles de devoir porter elles-mêmes les héritiers. Toutefois, elle causait de nombreux troubles de la magie chez les nouveau-nés et elle fut par conséquent interdite.

— Les Sang-purs ont dû avoir peur de finir tous Cracmols ! plaisanta Ron.

Hermione lui lança un regard noir l'invitant à se taire et continua :

— Il semble que la potion n'était pas suffisamment perfectionnée pour permettre l'évolution correcte du fœtus, c'est pour ça qu'ils l'ont interdite. Mais, j'ai aussi trouvé que la loi avait été modifiée assez récemment : il est interdit de créer des bébés chaudrons, tant que la potion ne serait pas « parfaite ». Mon hypothèse est qu'ils ont recommencé à travailler dessus au Département des Mystères et qu'ils ont pris leurs dispositions pour ne pas être incommodés par la loi si jamais ils réussissent.

— Tu penses que Rogue a réussi à créer une potion « parfaite » ? demanda Harry. Il était plutôt doué, non ?

— Très doué, confirma-t-elle, mais nous n'en saurons pas plus tant qu'Antigone n'aura pas atteint un âge suffisamment avancé pour montrer des signes de magie. Ce que nous pouvons affirmer pour le moment, c'est qu'il était assez doué pour créer une potion donnant vie à un être humain parfaitement « fonctionnel ».

Ils restèrent un moment silencieux, se rappelant avec douleur la parfaite fonctionnalité des poumons et des cordes vocales d'Antigone qui avait pleuré et crié toute la nuit lorsqu'elle était arrivée au 12, square Grimmaurd. Heureusement pour eux, Andromeda avait accepté de l'héberger avec Teddy et savait bien mieux qu'eux, se débrouiller avec les nouveau-nés.

— Le fait qu'elle soit née dans un chaudron ne devrait pas poser trop de problèmes, conclut-elle. La loi est trop bancale, ils ne pourront rien en tirer.

Elle fit une pause, semblant chercher une façon correcte de dire ce qu'elle avait en tête, et Harry pensa que ce n'était pas un bon signe.

— Toutefois...

Harry soupira, il savait qu'ils ne pouvaient pas s'en tirer aussi facilement.

— Le fait qu'elle n'ait que Rogue comme père pose quelques problèmes éthiques. Hormis le fait qu'Antigone soit une fille, comment être sûr que ce n'est pas un clone que Rogue a créé et non sa fille ?

— Un clone ? répéta Harry incrédule.

— Tu veux dire un autre Rogue ?! s'exclama Ron qui semblait ne pas pouvoir supporter l'idée.

— C'est une piste à ne pas négliger, affirma Hermione. Et je suis prête à parier que c'est sur ce point que le Ministère va essayer de jouer s'ils veulent vraiment l'enfermer ou la récupérer pour l'étudier.

— Un autre Rogue..., répéta Ron qui était visiblement resté coincé sur cette partie-là du discours de sa petite amie.

— C'est peu probable, Ron, le rassura Hermione en posant sa main sur la sienne. C'est une fille, c'est déjà un bon début pour ne pas faire d'elle un clone. Elle ne sera pas comme Rogue.

— J'espère qu'elle ne sera pas comme Rogue, dit-il enfin et Harry ne put qu'acquiescer.

A suivre...

Note de fin : N'hésitez pas à laisser un commentaire. A bientôt pour la suite ;)