2 septembre 1990. 7h02.
Une forme vaguement longiligne semblait ronronner sous un tas de tissu boursouflés, dans ce que l’on aurait pu nommer « lit » si l’obscurité presque totale n’en gênait pas l’identification. La respiration ténue et régulière qui en émanait emplissait la pièce encore sombre d’une douce aura de sommeil qui semblait faite pour durer.
Mais même les plus belles choses ne durent jamais, et l’ombre qui se mouvait dans la pièce en était un signe annonciateur. Un élémental de chaos, une graine de changement. Son compagnon de chambre.
« Hey le nouveau, on se bouge le fion ! »
Un tremblement de terre ? Une attaque de Trolls Médiévaux ? Une erreur de Sieur Alphonse ?
Edward se sentit secoué, arraché à son monde utopique et douillet. Après une ultime seconde de surprise, un coin de cerveau un peu moins empêtré dans les limbes du sommeil trouva la solution, la même depuis toutes ces années :
Le Réveil.
Oui avec un grand R. Cet engin infâme que Grand-mère lui avait si gentiment offert pour l’aider à vaincre son manque de volonté matinale à quitter la chaleur rassurante de son lit.
Et d’un geste reflexe, acquis par des années d’expérience, la main gauche d’Edward Mc Cowell resserra la fine baguette noire qui ne se tenait jamais loin, la sortant de sous l’oreiller pour la pointer vers la source millénaire de perturbation.
Un silencio informulé s’abattit sur l’infortuné « réveil »… Alors que le jeune Mc Cowell resombrait sans aucun souci dans les doux bras de Morphée.
Un instant sous le choc, la silhouette aphone de l’autre-côté-du-rideau usa de tout son pouvoir pour se venger de l’infâme et pernicieuse attaque : Créer La Lumière ! Forcer la créature tapie dans son antre –le nouveau à la baguette facile- à subir l’écrasante supériorité corrosive du soleil matinal.
Et d’une cascade sûre de gestes rapides, rideaux et volets retenant l’expansion du jour dans le monde du dedans de la chambre se rétractèrent un par un, offrant la chambre aux appétits gargantuesque de Soleil, Premier du Nom.
« Hummpfr… »
Une voix rendue plus rauque et pâteuse par le sommeil s’éleva de la masse des draps froissés.
« Grand-mère, laisses-moi encore un peu de temps… »
Aurait-il put parler, que l’autre Serpentard se serait laissé aller à un petit commentaire sarcastique de son cru, mais cela aurait été possible un silencio à travers la gorge, que ça se saurait. Le silence était donc de mise.
Laisser ce malpoli aux pattes trop lestes dans son coma et échopper d’une première retenue pour retard dès le premier jour aurait put sembler la parfaite solution pour n’importe qui, Serpentard qui plus est. Mais Arthur Peterson n’était pas de ceux-là. Ce nouveau-là était son nouveau, son colocataire de chambrée, son mystère ambulant, son étude sur pattes. Enfin presque sur pattes. Bientôt.
Un fugace sourire et le jeune homme contourna le grand lit de quelques pas, s’étira les articulations du cou et des avants bras, terminant par faire craquer silencieusement ses poignets. Et défit couette et draps du pied du lit, mettant à jour les fins appendices pâles de celui qui y somnolait encore. Et ni une, ni deux, il attrapa les chevilles mises à nues de l’infortuné dormeur pour y exercer une puissante force d’attraction.
# Schklong #
« Grand-Mé….Déja vu… Plus tard… Dorm..»
Alors là ! Arthur éclata de rire, un rire sans bruits, un rire de respirations aspirées et happées.
Ce type était un sacré costaud de l’oreiller ! Et un pro apparemment ! Il avait à peine effleuré les chevilles que l’autre avait agrippé les barreaux avant du lit pour se retenir ! Et sans se réveiller !
Ne restait plus que les grands moyens.
Un instant plus tard, une masse s’abattit sans plus de douceur sur les lattes dures du sommier dans un « Aoutch ! » magistral.
Et un regard maintenant noir, presque entièrement ouvert se plaqua sur Arthur et le matelas délesté.
Un grand sourire mi-amusé, mi-fier tout en haussant, fut tout ce que put répondre Arthur.
« Tu es qui toi ? Et d’où tu te permets de telles familiarités ? Et.. Mais qu’est-ce que tu fiches ? Regardes-moi quand je te parle ! »
Les cheveux ébouriffés tant par la nuit passée que par sa colère matinale naissante, Edward fulminait. Il s’était levé presque d’un pas sûr pour pointer sa baguette dans la direction de cet oiseau de malheur et le mettre en joue. Mais voilà que l’autre n’avait nullement parut alarmé et encore moins inquiété : il s’était tout bonnement retourné pour partit fouiller dans une sorte de boîte de bois de son côté de la chambre. Une boîte sans fond vu la quantité de truc qu’il en sortait.
Et le jeune MacCowell allait répliquer d’un ton cinglant pour lui apprendre les bonnes manières lorsque l’autre se retournant, un bout de parchemin noir brillant en main et une plume synthétique. Surement un truc moldu. Et on ne sait jamais à quoi s’attendre avec ces bidules ! Vous pouvez parier à coup sur que son utilité n’aura jamais aucun rapport visible avec son apparence. De sacré fourbes ces moldus, malgré tout ce que certains pouvaient en penser.
Par conséquent la méfiance était de mise.
Une posture de défense latente, le regard sur le qui-vive et sa baguette à la main, Ed était aussi prêt qu’il le pouvait à faire face à n’importe quelle menace imprévue, et même à cette heure du matin. Merci Grand-mère. Un petit ricanement mental à cette pensée, mais rien de visible de l’extérieur.
« Qu’est-ce que cela ? »
Un fin sourire effleura le visage encore enfantin d’Arthur alors qu’il brandit le papier qu’il tenait, tout en effectuant un subtile mouvement de déplacement. Ed ne serait pas rôdé à l’art de l’escrime –avec ou sans baguette- qu’il n’y aurait jamais prêté attention. A ranger quelque part et à étudier plus tard.
« « Inutile de me remercier, prend-ça comme un cadeau de bienvenue de ma part qui t’évitera la Colle du Premier jour. » »
« Gné ??! »
D’un geste éloquent, Arthur tapota son poignet gauche du doigt. Et la Lumière se fit véritablement dans l’esprit du jeune Serpentard.
« Et merde ! »
Une tornade violette entra alors en action, se jetant dans la chambre en pleine amplitude, ramassant dans son mouvement vêtements pré-préparés et affaires de toilettes avant de disparaître dans la pièce qui leur servait de salle de bain commune, dans un grand fracas de porte fermée. Le bruit de l’eau cascadant sur le carrelage s’éleva peu après.
Arthur, son ardoise encore en main souriait doucement avant de hausser les épaules et rejoindre son propre lit pour y récupérer ses affaires de classes. Il lui faudrait passer chez le Dragon avant d’aller en cours. Très discret pour un premier jour….
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3 septembre 1990. 9h51.
Plein de cette arrogance propre à ceux de sa trempe, Edward trônait prêt d’une salle de classe, dans l’un des couloirs principaux du château de Poudlard. Le sourire facile mais travaillé, la posture droite mais élégante, des vêtements tirés aux quatre épingles dans un style un peu old school mais avec quelques détails décontractés qui ne faisaient que renforcer son charme naturel. Un col de chemise négligemment ouvert, des cheveux faussement en bataille, un bracelet de cuir noir quelque peu rebelle…
Divers jeunes filles papillonnaient autour de la conversation que tenait Edward avec un vis-à-vis Serpentard alors que l’une d’elle se trouvait d’ores et déjà dans les bras du Mc Cowell. Les longs cheveux noirs doux et soyeux de la demoiselle glissaient régulièrement entre les doigts fins et ses joues se teintaient immédiatement d’un magnifique rouge timide lorsqu’Edward lui accordait un clin d’œil charmeur ou une parole légèrement provocatrice.
Lui ? Rapide ? Il est vrai qu’un peine arrivé à Poudlard, ses airs de grand prince, son mystère de nouveau et ses paroles aussi charmeuses que provocatrices l’avaient de suite fait entrer dans la danse. Bien rares étaient les curieux qui ne souhaitaient pas savoir qui était cet étrange garçon aux cheveux aussi violets que ses pupilles.
De sa voix suave et posée, Edward avait répondu à leurs questions tout en commençant à faire son propre chemin, se créer sa coure, ses utilitaires. Et se trouver des groupies avait été aussi facile que de claquer des doigts. Elles n’étaient certes que deux ou trois à réellement chercher ses faveurs pour l’instant, mais bientôt celles qui ne se retourneraient pas sur son passage et ne rougiraient pas sous ses sourires seraient les plus rares.
Et son Carnet se remplirait.
« Non, c’est tout à fait efficace d’étudier chez soi, et contrairement à l’avis général, cela ne bride absolument pas la sociabilité de l’enfant. N’en suis-je pas la preuve vivante ?»
Un éclat de rire général naquit alors que le jeune homme avait ponctué sa phrase d’un semblant de courbette avant d’embrasser langoureusement la Serdaigle qu’il tenait fermement par la taille.
Pendant ce temps, le brouhaha ininterrompu du flot d’élève qui se déversait dans le couloir continuait, laissant le flux se tarir et finir par se boucher près des endroits stratégiques, entre bouchures de portes, coins et recoins, escaliers mouvants. Ces derniers semblaient d’ailleurs terriblement taquins en cette matinée de Septembre, bloquant de leurs murailles vivantes les pauvres premières années qui tentaient de rejoindre l’étage adéquat. Un sac dégringola, répandant son contenu viscéral dans les profondeurs, laissant voler quelques feuilles éparses.
Le couloir en lui-même n’était guère un endroit plus sûr, les élèves en retard ne faisant que peu attention à leurs cadets, les bousculades prenant de court ceux qui n’avaient pas le temps de s’écarter.
« Ces pauvres enfants ne sont vraiment pas capables de tenir debout, s’en est hilarant, vous ne trouvez-pas ? »
N’hésitant pas un seul instant à faire par de ce type de pensée, Edward montrait du menton les pauvres malheureux qui se sentaient déjà bien assez honteux et perdus comme ça pour ne pas subir les brimades et moqueries. Mais le malheur des uns ne fait-il pas le bonheur des autres ? Ainsi, les rires pleuvaient aussi bien que les railleries, piquantes, râpantes, faisant la joie des filles et autres spectateurs autour du Serpentard.
C’était ça son élément ! Bien plus que cette vieille bicoque infâme qui le limitait, là-bas chez lui. Ici il se sentait enfin lui, enfin en pleine osmose avec le monde, Son Monde !
Un léger soupir de satisfaction s’échappa de ses lèvres.
« Dites, que diriez-vous de prendre un pas d’avance sur le Destin de l’un de ces imbéciles ? »
Adossé au mur du couloir, Edward posa son regard au violet hypnotisant sur tous les élèves ci présents, semblant chercher quelqu'un en particulier, un air sournois et provocateur dans le regard, un fin sourire certain sur les lèvres, tenant toujours sa compagne par la taille. Intriguées, les demoiselles l’observaient d'un air curieux attendant la suite du spectacle..
« Je vous présente ma plus fidèle compagne.. »
Un mouvement vif et agile du poignet, un plissement de la cape, et une fine baguette d’un noir de jais apparut, tournant adroitement entre les doigts fins du Serpentard sous l’air admiratif des jeunes filles. Il fallait avouer que même un œil moldu y aurait vu une véritable œuvre d’art : rien qu'un coup d'œil permettait d’admirer la finesse celle-ci, d'une couleur sombre, un noir profond et envoutant, taillée dans de l'ébène et délicatement ouvragée, de fines rainures et gravures d’un argent sombre veinait l’artéfact, sans compter l'élément essentiel qu'elle possédait, son cœur, sa moelle : un nerf de Dragon Noir.
L’adolescent, fier comme un coq vantait allégrement les mérites de son arme et le coût élevé de celle-ci, dérivant aux demandes des filles sur ses propres capacités magiques.
Oui il avait suivit un enseignement très strict niveau maîtrise de l’art magique, mais grâce à cela il était maintenant extrêmement habile avec une baguette en main...Parmi les meilleurs probablement. Enfin sûrement.
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Pendant ce temps là, alors qu’un sombre complot s’ourdissait un peu plus loin, une tignasse non moins ébouriffée mais dans les tons plus sombres et naturels aux reflets quelques peu métalliques, un Gryffondor baillait sans gène aucune, haussant les épaules devant un ou deux regards dubitatifs.
Croyez moi Cours de l’Histoire de la Magie dès le réveil, ça en rendort plus d’un. De deux heures qui plus est. Deux looooooongues et interminables heures. Partagées avec les Serdaigle fort heureusement.
Comptez sur eux pour détourner l’attention du prof, occuper toutes les questions et émettre un doux brouahaha extrêmement propices aux siestes intracours.
Mais voilà que ce temps bienheureux avait prit fin, forçant Taegan Jenkins à remettre en route corps et neurones afin de joindre le cour suivant.
Et pour quoi s’était-il levé déjà ? Deux jour que l’école avait recommencé et il avait faillit en louper un. Retard aggravé. Panne de réveil M’sieur, Désolé !
Pas qu’en sécher un ou deux l’aurait dérangé, mais depuis la dernière fois, il était formellement hors de question de leurs refaire le coup de l’absentéisme prolongé. Et il avait promit. Et puis sa Sœur avait usé d’un argument non négligeable.
Il se voyait encore très bien, la veille en fin d’après midi à profiter paresseusement des doux rayons de soleil dans le parc, entre deux parties de Khelflick avec les autres lorsqu’un truc blond lui était tombé dessus. Poings sur les hanches, se grandissant pour n’arriver qu’à la hauteur de l’épaule du jeune homme, elle avait alors entreprit de lui faire une bonne morale tout en lui martelant le torse de l’annulaire.
« ….. Les cours c’est important !...Blablabla…bientôt les buses ! ..blabla..je serai pas toujours la pour t'aider en cours ! »
Bien sûr il ne l’avait écouté que d’une oreille tout en gardant sa place de passeur droit pour les figures de Khelflick. Mais c’est là que Leeloe avait visé plus juste que Robin Hood, tournant les talons et ajoutant comme pour elle-même :
"bah c'est pas plus mal j'ai trouvé un jeune homme fort charmant dans notre classe.. et comme mon fichu frère a le don de les faire fuir.. "
Avant de se retourner avec un sourire et de lui adresser, plus fort, avec un signe de la main.
"Amuses-toi bien grand frère !!"
Elle aurait dut finir à Serpentard à ruser ainsi.
Taegan stoppa net son mouvement au milieu du flot d’élève du 2e couloir, à cette réflexion, avant d’éclater de rire et de se répondre à haute voix, sous les regards un peu de travers de certains élèves.
« Ma Leeloe chez les Serpents ? Par le scrotum de Merlin, je ne suis vraiment pas réveillé ce matin ! »
Mais vrai que cette histoire, cette simple allégation, ce détail insignifiant l’avait interpellé. Il se souvenait parfaitement du nouveau là, coq en pattes à collerette violette et de son impression à son égard. Hors de question que SA Leeloe opte pour un mauvais garçon.
Foi de Taegan, il y surveillerait !
D’ailleurs il surveillait déjà.
Adossé contre l’une des larges fenêtres de Poudlard, un œil encore plein de sommeil sur le monde du Dehors, un autre sur cet hurluberlu coloré qui avait déjà plusieurs minettes autour de lui.
°° je serais a la place de leur frère que je… Rhoo et par Merlin, c’est le problème des autres frères.°°
Le jeune homme fronça les sourcils
Mais un mouvement suspect chez l’ennemi le mit aux aguets. N’était-ce pas une baguette qu’il venait voir poindre des plis du garçon à la collerette violette ? Et vu les regards dégoulinant des groupies, l’œillade fière du propriétaire, ça sentait le coup tordu.
Taegan s’apprêta à réagir au quart de tour. Sur quoi ou qui ? Aucune idée, mais il serait rapide, foi de Jenkins !
Et pourtant rien ne se passa. Pendant les secondes suivantes, le Serpentard ciblé ne fit que se pavaner. Pff.
Haussant les épaules pour lui-même, Taegan jeta un regard par la fenêtre, là où l’air frais et libre l’appelait.
Et pourtant…. |