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au 31 Mai 21 :
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La seconde fois
Par Juneapple
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
One Shot - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     4 Reviews    
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Avertissement : Slash, yaoi, appelez ça comme vous voudrez, si ce n'est pas votre truc, ne lisez pas ça.

Rating : T, mais ça reste très soft.

Note : Mon premier yaoi publié. (Premier tout court, l'autre n'étant qu'à l'état d'idée plus ou moins écrite). Donc ne vous attendez pas à un chef d'oeuvre d'expérience.

Remerciements : Merci beaucoup, beaucoup à ma chère Wyn pour avoir trouvé le titre de ce OS.

 __________________________________________________

 La seconde fois   

La nuit est tombée. Une impasse non éclairée. Un jeune homme, grelottant. Il sait qu’il aurait dû se couvrir un peu plus. Une silhouette élancée s’avance. Une chevelure soyeuse, une main délicate qui se pose sur son épaule.

 

– Tu ne voudrais pas être ici, à cette heure.

 

La voix est sensuelle, caressante. Il se retourne. Sa beauté est d’un autre temps, ses lèvres carmin la seule touche de couleur d’un tableau en noir et blanc.

 

– J’attends quelqu’un.

 

La main s’attarde, la bouche généreuse s’étire en un sourire satisfait, et soudain il sait ce qu’elle veut. C’est une serre qui lui emprisonne l’épaule lorsqu’elle parle à nouveau.

 

– Je ne vois personne… Que proposes-tu, pour tuer le temps ?

 

Il s’écarte brusquement, la forçant à lâcher sa prise.

 

– Mon sang n’est pas disponible. Allez chasser ailleurs.

 

Un soupir, mais elle sait qu’elle n’obtiendra rien de plus.

 

*

 

Au point du jour, le chat errant est surpris de trouver une forme recroquevillée dans l’ombre des poubelles vides. Il tente un coup de langue, puis se désintéresse vite, n’obtenant aucune réaction.

Le soleil salue déjà les passants matinaux lorsqu’un homme s’engage avec assurance dans l’impasse. Son regard est attiré par le paquet de chair, d’os, et de vêtements, toujours profondément endormi sur le trottoir. Il le secoue, presque avec douceur, et rencontre deux yeux ensommeillés.

 

– C’est pas un endroit pour passer la nuit, gamin.

– Vous êtes là ? Il fait jour pourtant.

– On se connaît ?

 

Un visage perplexe. L’autre est à peine surpris. Il a l’habitude. On l’oublie vite.

 

– Oui. Un peu.

 

L’homme penche la tête, à la recherche d’une réponse plus claire.

 

– Vous devriez faire plus attention à ce que vous mangez.

– Pardon ?

– Vous ne reconnaissez pas votre dîner de samedi dernier ?

 

Un cri presque animal ; il baisse les yeux pour cacher sa blessure.

 

– Hé, pleure pas, gamin.

– Je ne pleure pas. Et qu’est-ce que vous faites là, en plein jour ?

 

Un sourire, clairement amusé.

 

– Tu as encore plein de choses à apprendre, gamin.

– Arrêtez ça. Vous êtes à peine plus âgé que moi.

 

Cette fois, l’homme rit ouvertement. Un regard vexé l’interrompt, cependant.

 

– J’ai connu un marécage nommé Versailles. [1]

 

Un long silence, pendant lequel le garçon – qui n’est pourtant pas si jeune – fait son calcul.

 

– Toi, qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne vis pas dans la rue, que je sache.

 

Son ton abrupt a fait sursauter son interlocuteur. La réponse tarde à venir. Maintenant qu’ils sont face à face, le doute reprend ses droits.

 

– Je vous cherchais.

– Moi ? Pourquoi ?

– Je…

 

Le reste de la phrase n’est qu’un marmonnement confus. L’autre écoute, patiemment.

 

– Vous êtes parti chasser, cette nuit, n’est-ce pas ?

 

Un tressaillement. Ce n’était pas ce qu’il attendait.

 

– Sans doute…

 

Il ne voit pas où il veut en venir. Il le regarde se lever et partir, puis le retient, par le coude. Il veut des réponses ; il n’obtient qu’une autre énigme.

 

– Vous n’avez plus faim, je suppose ?

 

Et soudain, il comprend.

 

– Je n’ai pas pour habitude de mordre deux fois la même personne.

 

Une tête baissée, en signe de défaite.

 

– Ecoute, gamin, je chasse demain soir. Je serai ici.

 

Un visage qui s’illumine. En réponse, un sourire qui dévoile une paire de crocs.

 

*

 

C’est à peine le soir, les dernières lueurs du soleil sont encore visibles, juste au dessus de l’horizon. Il est revenu, comme promis, et hésite quelques instants devant l’impasse obscure. Le gamin est déjà là, et l’a vu. Il ne peut plus reculer. Il n’est pas certain de le vouloir, non plus.

 

– Tu as attendu longtemps ?

– Non. Je ne crois pas.

 

Un rire bref, puis il reprend.

 

– On croirait un rendez-vous.

 

L’homme se tait.

 

– C’est… C’est ça, alors.

– Je ne fais pas d’exceptions pour le premier venu.

 

Le garçon l’observe, les bras ballants, impuissant face au silence épais qui s’installe entre eux. Il n’est pas sûr de réaliser, vraiment, toutes les implications de cette phrase.

 

– Tu sais ce que tu veux, gamin ?

 

Il a parlé un peu plus fort que nécessaire, sans doute pour chasser cette atmosphère étouffante. Il est mal à l’aise, pour la première fois depuis longtemps, maintenant.

 

– J’ai eu toute la nuit pour réfléchir, hier.

 

Il se rapproche, presque timidement, penchant la tête en arrière afin de dévoiler la chair tendre de son cou.

 

– Pourquoi ?

 

Une question inutile, un murmure destiné à ralentir la course effrénée du temps. Ils connaissent tous les deux la réponse. Le garçon lève une main pour caresser son propre cou, retraçant la jugulaire et s’attardant sur deux petites marques à peine visibles.

 

– Elles ne veulent pas s’effacer.

 

L’homme retient sa respiration. Son regard est inexorablement attiré par cette veine qui pulse paresseusement. Il a faim. Rien ne saurait l’empêcher de poser ses lèvres au creux de ce cou. Un léger frémissement lui répond, deux bras s’enroulent autour de son torse et une tête se niche tout contre son épaule. Lorsqu’il plante ses crocs, sa victime consentante laisse échapper un soupir de soulagement. Enfin.

Le moment se fond dans la sensualité du geste, il n’est plus que tremblements et respiration frénétique. Il s’accroche contre ce corps, presque inconnu et pourtant tellement familier, pour ne pas se perdre dans les brumes de son plaisir. Il se cambre, violemment, et son cou se décolle un instant des lèvres avides, faisant gicler quelques gouttes de sang. Il rougit, un peu, puis la danse reprend.

 

*

 

Deux souffles s’apaisent dans le calme de la nuit. Une question, émerveillée.

 

– C’est toujours comme ça ?

– Pas la première fois.

– Je sais. La deuxième, alors ?

 

Un silence… gêné ?

 

– Oui…

 

Le vent se lève et il se blottit tout contre la poitrine puissante de l’homme. Il se sent un peu ridicule, mais, après tout, il en a bien le droit. Ils viennent de partager quelque chose de fort. Soudain, il se sent un peu jaloux.

 

– Je ne suis pas n’importe qui, pour vous, n’est-ce pas ?

 

Un soupir, légèrement agacé.

 

– Une morsure par humain, pour se nourrir. Plus, c’est une autre histoire.

 

Un long silence. Ils écoutent les étoiles, savourant l’intimité du moment.

 

– Vous…

– Arrête ça. Je m’appelle Dimitri.

– Mattie.

 

Un temps.

 

– Dimitri…

– Hm ?

– As-tu jamais aimé ?

– Quelques fois.

– Raconte…

 

Le silence est pesant. Il rassemble ses souvenirs.

 

– 1772. Il était veuf avant l’heure. C’était un bel homme, à la santé un peu fragile. On avait dit qu’il ne survivrait pas à son mariage. Sa femme avait dilapidé son maigre héritage, il ne lui restait plus que son nom et son honneur. Les gens se demandaient, souvent, pourquoi il refusait de se remarier.

 

Un petit rire.

 

– Il a fini par me quitter, pour une dame à la volonté de fer. Après tout, on ne refuse pas les avances de Mme la Guillotine. [2]

– …

– Un gaillard de la campagne. Pas plus vieux que toi. Son corps et son visage étaient marqués par les travaux des champs. Sa famille ne m’aimait pas beaucoup, on comptait le marier à la Suzon, et réunir les terres des deux familles. Son sang avait le goût du soleil. C’était en 1910. Puis le devoir l’a appelé, il est parti. C’était un héros.

 

Un regard douloureux.

 

– C’est triste.

– Les humains sont éphémères. Ils réchauffent ton lit et ton cœur, puis, le temps de cligner de l’œil, il faut fleurir leur tombe. La mort est une machine insensible. Elle fera son boulot, quoi qu’il arrive. Rien à foutre que tu souffres. C’est notre punition. Regarder le tapis roulant avancer, inexorablement, vers leur issue fatale, sans rien pouvoir faire pour l’arrêter. A chaque fois, l’éternité paraît un peu plus longue.

 

*

 

Plus tard.

 

Les sirènes de l’ambulance hurlent. « De nombreuses plaies. Hémorragie. Perforation de l’artère fémorale. » « Les voisins disent que c’est une agression. Trois hommes, armés de couteaux. » « Il lui faut une transfusion. » « O négatif. » Silence. Un car accidenté, le matin même. Dans l’urgence, on a transfusé du sang universel aux douze blessés graves. L’hôpital est petit, les stocks sont vides. L’établissement le plus proche est à une demi-heure. Il ne tiendra pas jusque là. La faute à pas de chance. [3]

 

*

 

Un homme, seul, assis près d’une tombe. Il ne pleure pas – plus, en tout cas. Le soleil se couche sur le cimetière. Puis il se lèvera, et se couchera à nouveau. Face à cette certitude, toutes les autres s’effacent. Une vie, une mort, un battement de paupière qui ne compte pas.

___________________________________________________

[1] : Pour ceux qui l'ignoreraient, Versailles est situé sur des terrains marécageux. Par extension, on a reproché à Louis XIV de délaisser le Louvre pour un marécage.

[2] : Inspiré d'une réplique du film Becoming Jane de Julian Jarrold : "Monsieur le Compte was obliged to pay his respects to Madame la Guillotine."

[3] : Les individus O négatif ne peuvent recevoir que du sang O négatif. Or, c'est, malheureusement pour eux, le sang le plus demandé et utilisé, puisqu'il est transfusable à n'importe qui.

Je vous remercie d'avoir lu jusqu'au bout. Je serai très contente de recevoir vos avis dans des reviews.

 
     
     
 
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