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Noli me tangere
Par Alecto
Originales  -  Fantaisie  -  fr
1 chapitre - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     1 Review     Illustration    
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Chapitre 1
Alors, ceci est un projet en chantier. Gros chantier, avec des poutres dans tous les coins, des cartons, des choses qui traînent et qu'il faudrait ranger de manière assez impérative. Donc ce n'est pas parfait, j'y travaille. Doucement, petit à petit. Mais, je ne sais pas, je commençais à en avoir assez de tourner seule autour de cette...chose, j'avais besoin de m'en débarrasser un peu, de la jeter en pâture pour qu'elle soit moins "à moi". I don't know if I make much sense; bref, la conclusion de tout ça, c'est que je publie, même si c'est pas terrible.

Noli me tangere: "ne me touchez pas"

Rendons à César ce qui est à César: tout est parti de la photo de INeedChemicalX que je mets en illustration, et qui me fascine absolument. Et un peu, d'un passage du film Fallen Angels. Bouillie maison:)

******

Clélia avait une cicatrice à la commissure des lèvres, une ligne fine et mauve qui se fondait dans le rouge de sa bouche et lui donnait l’air de mâchouiller une fleur. Cela, je ne l’ai pas remarqué tout de suite. Pendant longtemps elle n’a été pour moi qu’une silhouette distante en manteau d’écarlate ; je l’observais de loin sans jamais m’approcher, fascinée malgré tout par son rire de flamme. Je revenais tous les soirs, m’asseyais à la table, j’espérais sa présence avec au cœur la crainte des amoureux. Elle ne venait pas toujours, et toujours lointaine, entourée par les chimères de ses mondes et la foule des regards. Elle avait bâti autour d’elle des murailles d’illusions et de choses fuyantes ; s’approcher c’était se perdre dans un dédale opaque muré de faux-semblants. Aussi suis-je restée à l’écart dans la peur d’un mirage, aussi longtemps que je l’ai pu.

J’ai toujours cru que cette blessure incarnait son mystère. Le seul point d’arrêt dans ce visage où rien ne heurte ni ne freine, dont les traits sont liquides. Quelque chose de fixe, qui accroche, et résiste ; une densité d’énigme. Elle ne m’en a jamais parlé ; je ne sais pas même si je le lui ai demandé. Quand elle souriait, la marque s’éclaircissait pour devenir presque bleue. A ces moments j’aurais voulu la toucher, m’assurer de sa présence, éprouver la légère boursouflure des chairs sous mes doigts. Sans doute n’y voyais-je que ce que je voulais y voir : le signe tangible d’une profondeur dissimulée. Je voyais toute Clélia dans cette seule stigmate.

De cette époque il me reste peu de détails, que je conserve comme mes seules certitudes. La cicatrice en est un, et mon plus précieux. Mes souvenirs n’ont plus que des contours imprécis mais l’impression reste à vif. C’est comme ces rêves étranges qui imprègnent les réveils. Avant de la connaître, tout me semblait clair ; elle a déréglé les jours et les a faits résonner de nouveaux accords, fébriles et hallucinés, détraqués à son image. Aujourd’hui j’ai l’impression d’émerger d’un cauchemar, tant s’accrochent à moi les débris de ce rêve, le cortège de ses visions.

Pendant longtemps je me suis bercée de l’idée que Clélia n’était rien d’autre qu’une diversion à la ville. Je ne pensais la voir que pour distraire mon ennui, lutter contre cet engourdissement qui me saisissait toujours en sortant de l’université, lorsque l’humidité me forçait à une longue inspiration, comme avant une plongée. Clélia devait être la clé de mon sauvetage ; mais je ne sais si elle n’a pas été un nouvel abîme, aux couleurs plus brillantes. Les rues que je longeais m’offraient leur visage éteint, et le temps qui passait ailleurs me semblait ici immobile. Avant notre rencontre, j’arpentais les trottoirs, mes pas dans ceux des quelques silhouettes qui hantaient les pavés. J’avais toujours cette impression étrange que la réalité se délitait, que si jamais je tendais la main vers cet homme qui marchait devant moi, je ne rencontrerais rien de tangible. Les contours étaient gommés par le froid, ils tremblaient dans l’air plus obscur. Je me sentais une ombre suscitée par le bitume.

Clélia au contraire était vibrante. Quand elle riait l’air frissonnait, et tous tremblaient dans le souffle léger de sa bouche. Sa langue roulait les mots comme des baisers ; ils étaient ivres et brûlants et fragiles et l’on aurait voulu les saisir au vol, les emprisonner au creux de ses paumes comme des trésors. Je me suis laissé prendre au piège de sa lumière, dans une sorte d’ivresse. Aujourd’hui elle me ronge à l’amertume de son souvenir. D’elle je ne sais que ce que chacun pouvait voir ; son énigme me presse. Tristan en savait sans doute davantage ; mais comme elle il a disparu par une soirée obscure, ne laissant derrière lui qu’une corbeille remplie de lettres que je ne lirai pas.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j’écris. Pas pour comprendre, car les songes ont leur charme, et j’aurais trop peur de déchirer les ombres qui masquent celui-ci. Je veux garder d’elle une image idéale et violente, en nuances de rouge. Je n’écris peut-être que pour fixer ces teintes, leur garder leur excès dans l’absence de modèle. Ou bien pour oublier. Au fond cela importe peu.

Il y a quelques jours je suis retournée à la plage, à travers la lande que le soir faisait pourpre. Cela m’a laissé au cœur une impression étrange. Suivre sur le sable la ligne blanche du sel jusqu’à la limite des rochers. Il y avait quelque chose de la tristesse désolée des pèlerinages dans cette errance. Quand je me retournais, j’étais toujours surprise de ne trouver que la trace de mes pas, comme une rayure obscène sur le sol trop égal. Il manquait la leur pour créer l’équilibre, celle de Clélia qui n’aimait pas la mer et se tenait toujours où le sable était meuble, ouvrant sous ses pieds des cratères informes ; celle de Tristan, étonnamment droite et rongée par les vagues. Par ces signes bien réels leur absence me hante. Là, solitaire, j’ai dialogué avec leurs fantômes.

 
     
     
 
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