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au 31 Mai 21 :
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Scars nerver disapper
Par Pignoufette
Tokio Hotel  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 1     0 Review    
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Cet OS a été écris dans le cadre d'un échange.

On m'a envoyé deux extraits de 100 mots environ et j'ai du écrire une histoire à partir d'eux.

Il m'a donné du fil à retordre, mais ça me tenait à coeur de pouvoir parler des évênements recents.

Bonne lecture =).

_____________________________________________________________________________

 

Scars never disappear

(Les cicatrices ne disparaissent jamais)

 

C’était la fin des vacances de noël, le temps était maussade, d’épais nuages rendaient la lumière extérieure terne et le froid glaçait le bout de ses doigts tenant sa cigarette, Bill avait toujours détesté cette période pour diverses raisons. Lorsqu’il était petit, il passait son dernier jour de vacances à pleurer, refusant de retourner dans son école, lorsqu’il atteignit le collège et puis le lycée, il passait cette dernière journée à broyer du noir, il haïssait ces endroits et les personnes qui y étaient du plus profond de son être.

Mais désormais, il ne redoutait plus les professeurs ou les avis trop étroits de son petit lycée, les remarques désagréables ou les regards qui vous jugent sans vous connaitre. Il redoutait ces bains de foule, ces cris stridents, les débordements, les pleurs, la solitude, ou au contraire la sensation d’étouffer à cause du monde, la fatigue, la vie à cent à l’heure, les imprévus de derniers moments, le stress.

Il ne faisait que stresser. Depuis cette histoire de procès contre ces filles, Bill passait son temps à être stressé, sur les nerfs.

C’était plus fort que lui. Il avait peur pour sa famille, pour ses amis, pour tout son entourage entrainé dans ce tourbillon de folie, et aussi bizarre que cela puisse paraitre, il avait peur pour ces filles. Peur de savoir qu’il était en partie le responsable de toute cette folie. Peur de savoir tout ce qu’elles donnaient pour cette folie.

La porte claqua soudainement, mais il ne sursauta même pas. Dehors le verglas commençait quelque peu à fondre, et c’était moche entre les touffes d’herbes verdâtres, la terre et le bitume noirâtre. La lumière presque bleue des lampadaires ne rendait pas le paysage plus joli. Et la cendre de sa cigarette sur le rebord de la fenêtre enneigé faisait comme les petites taches qu’il devait y avoir dans ses poumons. Sa mère ouvrit doucement la porte, et lui demanda de fermer maintenant sa fenêtre, parce qu’il y avait trop de courants d’air dans la maison, et qu’il ne fallait pas qu’il tombe malade. Demain, ils reprenaient la route vers ces gigantesques salles noires bondées qui puaient les cris étranglés, et les évanouissements hystériques.

 

 […] 

 

Bill était allongé en étoile depuis une heure sur sa couchette. Il ne bougeait pas, ne parlait pas, il ne faisait rien. Il se contentait juste de fixer le plafond, les rideaux tirés, plongé dans une semi pénombre qu’il trouvait rassurante.

Les bruits de conversations lui parvenaient en étouffés. Georg et Gustav avaient décidé de rester encore un peu avec eux, pour profiter de ces retrouvailles pour parler des futurs concerts et d’anciennes expériences assez causasses, avant de retourner dans leur tour bus au prochain arrêt.  

Bill était resté une heure avec eux. Les écoutant parler de tout et de rien, riant parfois avec eux à certaines anecdotes. Mais le cœur n’y était pas. L’inquiétude le rongeait et passer son temps à évoquer les concerts, ne faisait que l’amplifier.  

Il ne cessait de repenser aux évènements qui s’étaient déroulés en début d’année. Il revoyait ces filles, il revoyait sa mère pleurer dans les bras de Gordon, il revoyait son frère frapper dans le mur sous la colère. Il revoyait son frère le soir où tout avait dérapé. Il le revoyait rentrer fou de rage, il revoyait son visage inondé de larmes, et il le revoyait en train de lui dire qu’il ne voulait plus qu’elles les approchent, qu’elles fassent de mal à leurs proches, qu’il les haïssait.

Ces images ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête. A partir de ce soir-là, il s’était juré qu’il ne laisserait plus de telles choses arriver.  

Son rideau fut brusquement tiré, le sortant de ses pensées. Tom le poussa contre le mur de sa couchette et s’installa comme il put à côté de lui, refermant le rideau derrière lui. Ils restèrent silencieux pendant de longues minutes, Tom chercha à tâtons la main de son frère sur le matelas, lorsqu’il la trouva, il entrelaça leurs doigts.  

« -Tu devrais cesser d’y penser. Murmura Tom.

-Je ne peux pas.

-Pourquoi ? » 

Bill soupira et tourna sa tête vers son frère. Il ne le savait pas lui-même, alors comment l’expliquer à Tom ? Tout était flou dans son esprit. Et à chaque fois qu’il voulait se détendre, ces images s’imposaient à son esprit.  

« -C’est plus fort que moi. Elles me hantent. Ces évènements, c’est comme une douloureuse et profonde cicatrice qu’on n’oublie jamais, qui est toujours présente, qui est marquée à vie dans notre peau. Là c’est marqué à vie dans mon esprit. Tenta d’expliquer Bill.  Je ne veux plus que ça recommence Tom.

-Il n’y a pas de raisons pour que ça recommence.

-Tout comme il n’y avait pas de raisons pour que ça commence tout court. » 

Tom se tut. C’était vrai, il ne pouvait pas nier cela. Il ferma les yeux et resserra son emprise sur la main de son frère. 

«- Bill, on a jamais rien fait pour qu’elles fassent cela. Arrête de te sentir coupable de tout ça. Tu n’y es pour rien. » 

Bill secoua la tête retenant ses larmes. S’il n’y était pour rien, alors pourquoi ces filles  l’avaient accusé du contraire et pourquoi leur avaient-elles fait tout ça ?  

Dans chaque histoire il faut un coupable. 

 

[…] 

 

Gustav cherchait désespérément son portable. Ce tour bus n’était pas bien grand et pourtant, chaque matin c’était la même chose. Il se retrouvait à chercher partout, dans chaque pièce, chaque recoin, un de ses objets personnels.  

Il fini par se laisser tomber sur la banquette en grommelant. Il attrapa le téléphone du bus et composa le numéro de son portable, dans le vain espoir de l’entendre vibrer quelque part dans la pièce principale. Il grogna en tombant sur le répondeur, ne l’ayant toujours pas repéré. Il allait peut-être mettre un bip sur son portable, comme Bill. Quoi qu’il perdrait probablement le bip.  

Ses réflexions furent coupées par la sonnerie du téléphone gisant sur la table.  

« Allo. Dit-il d’une voix lasse.

-Bordel Gus, maintenant tu vas arrêter de faire sonner ton putain de portable alors qu’il est à peine midi ! Hurla la voix endormie de Bill.

-Oh, c’est gentil de l’avoir retrouvé.

-Ouh ! Tu m’énerves ! » 

Gustav voulut remercier Bill de son amabilité, il avait toujours adoré l’ironie, mais seule la tonalité caractérisant la fin d’un appel lui répondit. Il soupira fortement. Ce mec avait un foutu caractère de merde. 

 

[…] 

 

Tom descendit les quelques marches qui menaient à la pièce principale en tanguant. Il bailla bruyamment en se dirigeant vers la table. C’est là qu’il aperçut Bill, le visage tourné vers l’extérieur, ses écouteurs vissés dans ses oreilles, son visage n’exprimant pas la moindre expression.  

Tom resta de longues minutes à le contempler. Son frère avait bien changé durant ces quelques mois. Avant le début d’année, sa joie permanente exaspérait plus d’une personne dans leur staff, désormais, cette joie manquait à ces mêmes personnes.

Il s’était formé une espèce de cocon, renfermant la moindre de ses émotions. Tom savait qu’il voulait paraitre fort, il savait qu’il faisait tout ça pour que, jamais plus, des fans les pensent faibles et s’amusent à profiter de cette faiblesse.  

Tom savait également que Bill ne tiendrait pas encore très longtemps. Il connaissait son frère, à vouloir trop protéger les autres, il en oubliait de se protéger lui-même. Il n’aimait pas le voir comme ça. Mais pour l’instant, il ne pouvait tout simplement rien faire. 

Cela rongeait Tom, il voulait l’aider. Le réconforter, le prendre dans ces bras et le serrer à l’en étouffer pour lui dire que tout va bien. Il voulait pouvoir lui dire qu’il n’avait pas à faire cela. Qu’à plusieurs ils y arriveraient bien mieux que s’il restait tout seul. Mais dès qu’il voulait lui en parler Bill se braquait ou niait tout en bloc avec un sourire. Comme si tout allait bien. Alors que rien n’allait et ça, tout le monde le savait bien.  

Tom savait qu’il passait son temps à sourire, à cacher son inquiétude comme il le pouvait, à paraitre fort, à faire comme s’il contrôlait tout. Pourtant Tom savait qu’il ne contrôlait rien, mais même à lui, Bill ne disait rien. Ne se lâchait pas. Il gardait cette carapace devant lui et cela blessait profondément Tom.

Il aimait son frère plus que tout au monde, mais ces derniers temps, il avait juste l’impression de s’heurter à un mur en béton armé.  

On ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé. 

 

[…] 

 

Gustav toqua un coup avant d’ouvrir la porte du tour bus des jumeaux. Aucun son ne lui répondit. Il fronça les sourcils en montant les marches. 

« Y’a quelqu’un ? » 

Gustav arriva dans la pièce principale et ne trouva personne. Tom était sûrement parti acheter quelques magazines pour le reste du voyage, le chauffeur avait du aller se détendre avec les autres conducteurs, mais si la porte était ouverte, Bill devait encore être ici. Il haussa les épaules et referma la porte derrière lui avant de se diriger vers les escaliers. Peut-être était-il en haut. 

Arrivé à la moitié des marches, Gustav perçut une musique. Il finit de monter et suivit les bruits de la mélodie. Plus il s’approchait de la salle au dessus de la cabine du conducteur, plus la musique devenait forte.

La voix de Brian Molko, chantant Meds,  se faisait de plus en plus forte. Mais Gustav arrivait à entendre la voix de Bill chantant en rythme les paroles.

Le blond souffla un grand coup avant d’ouvrir la porte. Bill était assis là, les jambes repliées contre son torse, chantant à pleins poumons, les yeux fermés. Il referma la porte derrière lui et s’approcha doucement de son ami. Il ne voulait pas lui faire peur, pensant qu’il ne l’avait pas entendu. 

« -Qu’est-ce que tu fais là ? Demanda soudainement Bill sans ouvrir les yeux

-Je suis venu récupérer mon téléphone à l’origine. Répondit-il simplement » 

Bill se contenta d’hocher la tête sans ouvrir les yeux. Gustav s’assis à côté de lui et resta silencieux, écoutant la musique tournée et la voix de son ami murmurer les paroles. L’ambiance était spéciale, mais il ne voulait pas la troubler, il lui semblait qu’elle rassurait son ami, sans vraiment savoir pourquoi.  

Ils restèrent longtemps ainsi, sans parler, sans se regarder, sans bouger. Gustav finit par se racler la gorge et tourner doucement sa tête vers Bill. 

« -Qu’est-ce qui t’arrive ? Demanda-t-il le plus normalement du monde.

- Rien.

-Tu mens.

-Je sais. » 

Gustav resta perplexe quelques instants. Bill n’avait toujours pas ouvert les yeux. Les paroles de son ami l’intriguaient, mais il ne savait pas exactement quoi répondre à cela. 

« -Pourquoi ?

-C’est plus simple que d’essayer de tout comprendre.

-Tout comprendre à quoi ?

-Plus on est faible, plus les gens en profitent. Je suppose que c’est dans la nature humaine. Mais je ne veux plus que cela arrive. Je ne veux plus que des gens de notre entourage en fassent les frais.

-Tu devrais oublier cette histoire.

-Comment ?

-Tu dois oublier, pour avancer. C’est fini maintenant. Il n’y a pas de raisons valables qui expliquent leurs actes. Ce n’est pas en te faisant du mal que tu empêcheras ce  genre de chose. On y peut rien. Tu n’étais pas dans la tête de ses filles. Ce n’est pas toi qui les as obligées à faire tout ça. Cesse de te sentir coupable de quelque chose que tu ne pouvais contrôler. » 

Bill resta silencieux, regardant simplement Gustav dans les yeux. Les chansons continuant de défiler en fond sonore.  

« Alors pourquoi nous ont-elles fait tout ça ? »  

Les actes les plus blessants ne s’expliquent pas forcément.  

 

[…] 

 

David donnait les derniers conseils aux garçons avant qu’ils montent sur scène. Benjamin qui se tenait juste à côté de lui, leur fit un sourire encourageant, cela faisait longtemps qu’il avait confiance en eux.  

Tom se tenait droit, tripotant le bas de son t-shirt, mordillant son piercing et faisant craquer ses doigts. Gustav et Georg se chamaillaient pour savoir lequel aurait le plus de pancartes à son effigie. Benjamin les regarda en retenant son rire. Ces trois là avaient toujours les mêmes comportements avant d’entrer sur scène.

Pourtant, quelque chose clochait. Benjamin fronça les sourcils en tournant son regard vers Bill. Ce dernier, lorsqu’il croisa le regard de son manager lui fit un petit sourire. Mais Benjamin voyait bien qu’il n’était pas sincère.  

Bill se tenait appuyé contre le mur au fond de la pièce, ses bras fermement croisés contre sa poitrine. Il n’avait pas dit un mot depuis le moment où ils étaient arrivés à la salle, sauf pour saluer les différentes personnes du staff qu’ils avaient croisées.

David avait prévenu Benjamin de l’étrange comportement du chanteur, Tom était aussi venu lui parler de ses inquiétudes. Le manager avait essayé de le rassurer en lui affirmant que c’était sûrement du qu’à un stress passager. Mais plus il le regardait, plus il se rendait compte qu’il y avait quelque chose d’autre.  

Il fit un signe à David, lui montrant qu’il devait continuer sans lui et s’approcha de Bill s’appuyant contre le mur à côté de lui.  

«-Alors, prêt pour ce premier concert ?

-Un peu stressé. Mais c’est habituel maintenant. Répondit le chanteur d’une voix distraite.

-Il n’y a pas de raisons que cela se passe mal.

-Je suppose que tu as raison.

-Tu devrais plus croire en vous. Dit Benjamin.

-Je crois en nous. Affirma Bill.

-Alors tu devrais arrêter d’angoisser pour rien. Conclut le blond. » 

Benjamin se décolla du mur et pressa l’épaule de Bill en regardant les autres membres du groupe tournés vers eux. 

«-Allez, en scène les gars. Ca va être génial. Ces filles vous adorent. » 

 

[…] 

 

Bill sortit de scène en sautillant. Les cris des fans parvenaient encore à ses oreilles alors qu’il se dirigeait vers leur loge. Il eut à peine le temps de pousser la porte qu’une masse lui sautait dessus, en poussant de petits « ouhou ». 

« -C’était trop bien ! S’exclama Tom en sautant sur place tenant toujours son frère dans ses bras.

-Tu m’étouffes Tom.

-Rabat-joie ! »  

Tom le lâcha et alla s’affaler sur un des canapés. Les bras en étoiles, un grand sourire sur les lèvres. Un sourire tendre prit place sur les lèvres de Bill. Il alla chercher deux petites bouteilles d’eau, en balança une sur son frère et s’installa à côté de lui.  

« -C’était tellement génial. Déclara rêveusement Tom.

-Tu te répètes Tom-Tom.

-T’es pas d’accord avec moi ? » 

Bill tourna la tête vers son frère en souriant. Il laissa un petit temps de suspens. Le regard de son frère se faisait de plus en plus insistant, Bill se retient de pouffer. 

« Si.  Répondit-il le plus sincèrement du monde. » 

 

[…] 

 

Les cris fusaient à travers le van. C’était celui qui arriverait à parler le plus fort qui aurait raison.  C’était souvent comme ça à la fin des concerts. Cela avait beau être épuisant, le chemin du retour était toujours très mouvementé, l’adrénaline les tenant bien réveillés. Le sujet de dispute ce soir-là était sur le comportement des fans à leur égard.  

« -Non non et non ! La fille du premier rang hurlait plus mon prénom que le tien Tom ! Cria Georg en pointant son doigt vers le ciel.

-Que dalle ! Si elle s’est mise de mon côté c’était bien pour une raison espèce d’imbécile !

-D’où tu me traites d’imbécile ! Elle s’est mise de ton côté parce qu’elle savait qu’elle allait moins se faire écraser !

-Oh ! Comment t’oses dire ça le yéti ?

-Vous êtes ridicules ! La voix de Bill claqua dans l’air, ramenant le silence. Elles étaient toutes venues pour moi de toute façon. Déclara-t-il fièrement. » 

Les autres membres du groupe restèrent interdits un moment avant que de nouveaux cris de protestations retentissent dans tout l’habitacle. Gustav souffla d’exaspération. 

« Vos gueules ! Cria-t-il pour se faire entendre. Ah c’est pas trop tôt tiens. On s’entendait même plus penser. Vos discussions sont puériles les mecs. Il marqua un temps d’arrêt. Et puis vous avez rien compris. Elles étaient là pour moi. » 

Bill éclata de rire face à l’air espiègle de son ami. Tom sourit tendrement à son frère, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu rire comme ça. Georg grogna en frappant Gustav à l’épaule.

Le van se gara devant l’entrée de leur hôtel, les quatre garçons sortirent, riant encore. Ils signèrent quelques autographes et prirent quelques photos avant de s’engouffrer dans le hall d’entrée. Ils prirent rapidement l’ascenseur et se dirent bonne nuit avant de se diriger vers leurs chambres respectives.  

Quand Tom voulut dire bonne nuit à son frère devant sa porte de chambre, celui-ci secoua doucement la tête et attrapa sa main, l’entrainant à l’intérieur.  Tom ne protesta pas et alla s’assoir sur le lit de son frère, pendant que Bill enlevait ses chaussures. Lorsqu’il eut fini, il alla s’allonger à côté de son frère, croisant ses mains sur son ventre. Tom se plaça dans la même position et attendit que son frère se mette à parler.  

« -Ces cinq premiers concerts ont été magiques.

-C’était le bonheur de pouvoir jouer nos nouveaux morceaux. -Toute cette adrénaline, toute cette ambiance si spéciale. L’énergie des fans.

-Ca m’avait manqué.

-A toi aussi, tout ça t’avait man…. ? Demanda Bill en tournant la tête vers son jumeau.

-Non. L’interrompit-il en tournant sa tête vers Bill. Ca m’avait manqué de te voir heureux. » 

 

[…] 

 

« Arrête de le regarder comme ça. » 

Tom sursauta et porta une main à son cœur. Il se retourna et lança un regard noir à Georg qui venait de le surprendre.  

«-Tu m’as fait peur.

-J’avais remarqué. Dit Georg en s’installant près de Tom.

- Et puis je ne le regarde pas. Répondit Tom en détournant la tête vers son frère.

-Non, c’est sûr. Ironisa Georg. Et là non plus d’ailleurs, tu ne le regardes absolument pas. Mon cul ouais. Tu suis ses moindres faits et gestes depuis une bonne heure !

-Tu m’espionnes ? Demanda Tom suspicieusement.

-Pitié Tom, j’ai d’autres choses à faire de ma vie. Mais chaque fois que je t’ai regardé depuis qu’on est arrivé, tes yeux étaient braqués sur ton frère. » 

Tom détourna les yeux et resta silencieux. Il savait que Georg avait parfaitement raison. Mais c’était plus fort que lui, il ne pouvait détacher ses yeux de son frère. Il était inévitablement attiré par lui.  

« -Quelque chose te tracasses ? Finit par demander Georg en suivant Bill des yeux.

-J’crois que je m’inquiète encore beaucoup pour lui.

-Tu ne devrais pas. Il est assez grand pour se protéger tout seul.

-Ce qui s’est passé en début d’année l’a vraiment beaucoup touché. Il est perpétuellement inquiet à propos de tout. Il angoisse pour un rien. Là ça va un peu mieux depuis qu’on a recommencé la tournée. Mais j’ai peur que ça recommence d’un moment à l’autre.

-Pour l’instant il va bien c’est ce qui compte.-Ouais pour l’instant. » 

Georg se leva et pressa l’épaule de son ami en souriant. Il commença à repartir, mais se retourna soudainement vers Tom. 

« Oh fait, petit conseil. Arrête de le regarder de cette manière. On dirait un amoureux transi. Ton image en prend un sacré coup mon vieux. » 

 

[…] 

 

Tobby les avait prévenus qu’il y avait beaucoup de fans à leur sortie d’hôtel. Mais Bill ne s’était pas attendu à un tel nombre. Une foule compacte se pressait devant les portes en verre. Bill distinguait à peine le van qui devait les conduire à la salle de concert au loin sur la rue.  

Leurs gardes du corps essayaient tant bien que mal de leur créer un passage. Bill sentit l’angoisse lui étreindre la gorge. Tom, qui se trouvait juste derrière lui, posa ses mains en bas de son dos et lui souffla qu’ils devaient y aller.  

Bill souffla un grand coup pour se donner du courage avant de pousser les portes et de s’engouffrer comme il le pouvait entre les fans. Les cris de ces filles lui vrillaient les tympans. Il ne savait pas où il mettait les pieds, il ne savait pas s’il allait dans la bonne direction. Il essayait tant bien que mal d’avancer en suivant le trajet que tentait de lui ouvrir le garde du corps.  

Bill avait peur. Il n’avait l’impression de ne ressentir que ça. Il se fixait sur l’objectif, atteindre le van en ayant fait plaisir à quelques fans,  pour ne pas se laisser submerger par la crainte. Il concentrait aussi son esprit sur la pression qu’exerçait la main de son frère en bas de son dos. Le savoir aussi proche de lui le rassurait.  

Tout à coup une feuille vint se coller à son visage, Bill tenta de la repousser en bougeant sur le côté, mais lorsqu’il y parvint, il m’arrivait plus à retrouver son garde du corps. Il se retourna comme il put et aperçut son frère plus loin le regarder avec des yeux inquiets, l’appelant. Les fans l’encerclaient totalement, criaient son nom et hurlaient des paroles dans une langue inconnue.

Il fit un pas un avant, mais fut tiré en arrière par une fan qui se raccrochait à lui pour ne pas tomber. La panique commençait à l’envahir. Il ne supportait pas être entouré d’une foule compacte, il avait l’impression d’étouffer et cela lui créait des crises d’angoisse.Il avait toujours eu peur de tomber dans les fosses bombées de fans.  

Il se résonna comme il put. Il fallait qu’il se rapproche des membres du groupe. Il voyait Georg près de deux grands hommes, juste derrière il lui semblait qu’il y avait Gustav. Il savait qu’au fond il n’avait pas à avoir peur. Tout ça était irrationnel. Son staff allait réussir à écarter la foule et à le récupérer d’ici peu de temps.

Mais il était foutrement anxieux. Pour lui, oui, mais il ne voulait plus laisser son frère seul face à ce genre de bain de foule. Il savait que Tom éprouvait une crainte bien plus grande que la sienne face à ce genre de situation.  

Il crispa ses mains, répétant une litanie de « putain » les dents serrées. Une fille lui tirait les cheveux, une autre lui tendait désespérément son poster devant lui, certaines s’accrochaient à lui. Il fallait qu’il avance, qu’il fasse quelque chose.

Il donna quelques petits coups de coude pour avancer vers là où semblait être Gustav et Georg. Il croisa leurs regards, les implorant de l’aider. Il commençait à vraiment s’énerver et ce n’était pas bon.  

Alors que des larmes de rages se formaient aux coins de ses yeux une main agrippa fermement son bras, le tirant rapidement, écartant plus ou moins brutalement les fans du passage. Il sentit le soulagement envahir tout son corps lorsqu’il reconnu Tobby, passablement énervé, qui l’emmenait vers le van. Arrivé devant, il ouvrit un peu la porte et poussa Bill à l’intérieur, refermant aussitôt derrière lui.  

La main de Tom attrapa sa main et la serra fort avant de lui demander comment il allait. Bill était encore sonné, ses yeux légèrement écarquillés, son souffle rapide et ses oreilles bourdonnantes.  

«-Bill ? Demanda Tom, la voix empreinte d’inquiétude. Ca va ?

-Je...Je...Oui… Ca va. Je crois. » 

Tom voulut ajouter quelque chose, mais la porte s’ouvrit pour laisser passer Gustav et Georg, remplissant l’habitacle de cris hystériques. Bill crispa sa main dans celle de Tom, ce dernier braqua son regard sur son frère inquiet.

Le van démarra directement après que Tobby ait pris place à l’avant. Pas une parole ne fut échangée durant le trajet. Seuls les différents regards teintés d’inquiétude  fixant le chanteur montrait que quelque chose d’inhabituelle était survenue. 

Les doigts de Bill et Tom restèrent fermement enlacés durant tout le trajet. 

 

[…] 

 

Deux heures plus tard, Bill se retrouvait tout seul en compagnie de Benjamin et de David dans une loge vide. Ils voulaient que le chanteur leur explique ce qui s’était passé devant l’hôtel. Mais cela faisait dix longues minutes qu’aucune parole ne sortait de la bouche de Bill. 

Il les fixait tout les deux, les bras entourant ses jambes fermement collées à son torse. Il ne savait plus vraiment ce qui s’était passé, ou peut-être ne voulait-il simplement pas y repenser. Tout lui paraissait confus. Il voulait sortir d’ici, il voulait ne plus sentir ces deux regards perçant, il ne voulait plus que les gens le fixent, il voulait être seul, ou entouré. Il ne savait pas.  

Benjamin soupira et s’approcha de Bill, s’asseyant à côté de lui. Il se pencha en avant et posa ses coudes sur ses genoux, appuyant sa tête sur ses mains jointes. David alla s’assoir sur une chaise en face de lui en copiant sa position. Tout les deux s’efforçaient de ne pas regarder le jeune homme. 

« -Bill…Il faut que tu nous racontes. Soupira Benjamin.

-On doit savoir exactement ce qui s’est passé, pour savoir où ça a merdé et comment éviter ça la prochaine fois. Ajouta David, encourageant.

-Il…Il y avait trop de monde devant l’hôtel. On ne pouvait pas faire un pas devant l’autre. On ne voyait rien. J’me rappelle que Tom m’a poussé à avancer parce qu’il fallait y aller. J’me rappelle d’un tas de visages, d’yeux pleins d’espoirs, de cris. De toutes ces fans là pour nous. J’avançais doucement. J’ai essayé de signer quelques papiers, posters pour leur faire plaisir. J’ai essayé de sourire, pour toutes les photos qu’elles prenaient. Tom était juste derrière moi, il appuyait sa main contre mon dos, pour me guider et pour qu’on reste ensemble. Après je sais plus vraiment ce qui s’est passé. Je…je sais qu’une fille a voulu que je lui signe un papier, elle l’a mis juste devant moi, du coup je voyais plus rien. J’ai essayé de bouger sur le côté, peut-être en arrière, j’avais pas beaucoup de notion d’espace parmi toutes ces filles. Bill marqua une courte pause. J’ai finalement réussis à pousser son papier et là je n’ai vu qu’une marée de filles. Je voyais plus Tom, plus la personne qui me guidait, plus personne à part ces filles. J’ai commencé à paniquer. J’aime pas ça, j’y peux rien. Je sais pas combien de temps j’suis resté sans garde du corps. Je sais pas combien de temps ça a pris pour me récupérer. Je sais juste que je paniquais et que je trouvais pas de solution.

J’ai…J’ai eu peur de ces filles Benjamin. De toutes ces filles, alors qu’elles ne devaient pas être foncièrement méchantes. Mais c’était plus fort que moi, j’avais peur. Je sais que certaines peuvent être violentes. Mais je sais aussi que certaines voulaient juste qu’on les regarde trois secondes, elles voulaient se sentir importantes à nos yeux, elles voulaient un sourire, un simple autographe. Et moi j’ai juste été capable de les regarder, totalement paniqué. Murmura Bill, la gorge serrée.

-Calme-toi Bill. Tenta Benjamin en posant une main rassurante sur l’épaule du chanteur. Ce n’est pas ta faute. Tu es un être humain. Tu as paniqué et c’est un sentiment qu’on ne contrôle pas.

-J’étais pas comme ça avant !

-Bill, arrête de penser à cette histoire. Elle te gâche la vie. Oui c’est arrivé, oui on aurait tous souhaité que ça n’aille pas jusque là. Mais c’est comme ça. Et personne n’y est pour rien. Tu as entendu, personne ! Et sûrement pas toi. Tires-en des leçons si tu veux, mais ne prends pas tout cela sur toi. Ne te sens pas obligé de tout devoir contrôler, de tout devoir gérer. Qu’importe si parfois tu craques. Tu n’es pas une machine. Ajouta David.

-Je ne veux pas recréer de polémique en dérapant !

-Le geste que ton frère a eu en début d’année envers ces filles est malheureux. Tout cela n’aurait pas du se dérouler ainsi. Mais si tu ne lâches jamais la pression tu craqueras aussi Bill. Alors tu vas me faire le plaisir de te reposer, de te laisser aller, de te détendre et de profiter de tout ça. Sinon il n’y a aucun intérêt à ce que tu continues, d’accord ?

-Hm.

-Tu te sens de faire le concert ? Demanda David.

-Oui, oui. Je vais le faire.

-Très bien, alors va te changer les idées avec les autres avant d’aller échauffer ta voix. » 

Bill hocha la tête, se leva et sortit de la pièce, la tête baissée. Il ne regardait pas où il marchait quand il percuta Tom de plein fouet. Celui-ci le retint, l’empêchant de tomber.  

« -Hey. Dit Tom doucement. Ca c’est bien passé ? Demanda-t-il.

-Plutôt. Ils m’ont juste demandé de leur expliquer ce qui c’était passé. Répondit Bill en haussant négligemment les épaules.

-Viens. » 

Bill se laissa entrainer par son frère dans les différents couloirs, ne se posant aucune question, se laissant juste guider. Il n’avait plus envie de réfléchir. Tom regardait toutes les portes, au bout de quelques minutes il finit par en pousser une et les faire tout les deux entrer, avant de refermer la porte derrière eux.

Sans que Bill n’ait eu le temps de prononcer un mot Tom l’enlaça puissamment, l’enserrant de ses bras de manière possessive, nichant sa tête dans son cou, respirant à pleins poumons son odeur. Bill fut d’abord surpris, puis lui rendit son étreinte.   

Il sentit toute la pression retomber. Sentir l’odeur de Tom autour de lui, ses bras, son souffle dans son cou. Cela l’apaisait. Il ressentit la fatigue accumulée, ses muscles endoloris à force d’être contractés à cause du stress. Il sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu’à l’instant présent, il savait qu’il était heureux, beaucoup plus que durant ces dernières semaines.  

Bill se resserra contre son frère, agrippant son dos, enfouissant son visage dans son cou, collant son corps au maximum. Tom souriait, il lui caressa doucement le dos le long de la colonne vertébrale, il voulait le calmer le plus possible et le faire se sentir bien.  

« Merci » Murmura Bill, son souffle effleurant le cou de son frère. 

Tom obligea Bill a relever la tête. Ils se fixèrent longtemps dans les yeux, sans dire un mot. C’était souvent comme ça entre eux. Ils se comprenaient avec un seul regard. Ils avaient aussi l’impression de retourner aux sources grâce à ces longs échanges silencieux.

Tom lui sourit doucement et approcha son visage du sien. Et sans prévenir, il déposa simplement ses lèvres sur celles de Bill. 

Parfois, des choses improbables arrivent. 

 

[…] 

 

Le concert s’était déroulé normalement, sans incident majeur. Bill et Tom n’avaient pas eu le temps de reparler de ce qui s’était passé plus tôt dans la journée. On était venu les chercher quelques minutes après, car ils devaient faire une interview. Puis les derniers réglages avaient du être fait, Bill avait du échauffer ça voix et l’heure du concert était vite arrivée.  

Le show terminé, ils étaient vite rentrés à leur hôtel, passant par derrière pour éviter la  potentielle foule de fan à l’entrée. Ils avaient passé une longue heure ensemble, parlant du concert. Le lendemain, ils reprenaient le tour bus pour une journée et demi de route pour aller à la prochaine salle, ils profitaient donc de leur dernière nuit à l’hôtel. 

Bill était maintenant seul dans sa chambre. Et il sentait le silence l’étouffer. Un mélange de panique, de solitude, de tristesse et peut-être de honte lui étreindre le cœur. Il était presque nu, assis dans un coin de la chambre d’hôtel. Les bras autour des genoux, il avait presque froid. Il tremblait.  

«-Qu’est-ce qu’il y a ?  lui demanda son frère refermant la porte derrière lui. »

-Rien » 

Rien comme un serpent qui glisse dans l’estomac jusque dans le cœur pour le serrer et l’étouffer. Rien comme ses yeux humides qui se ferment de honte. Rien comme sa tête qui tourne et ses mains qui tremblent. Alors son frère l’embrassa sur les lèvres. 

« -C’était quoi ce baiser ? »

-Rien. » 

Rien comme ton amour. 

« -Dis-moi la vérité. Murmura Tom en s’asseyant à côté de lui. 

-Est-ce que ça changerait quelque chose ? Questionna Bill.

-Probablement. A toi de voir.

-Je n’en suis pas sûr. Répondit-il évasivement.

-J’ai besoin de savoir. Je n’aime pas te voir comme ça.

-Je ne veux plus te voir pleurer à cause d’elles. Explique Bill.

-Je ne pleure plus à cause d’elles depuis bien longtemps. Tu n’es pas le coupable de cette histoire Bill. Elles étaient devenues folles !

-La faute à qui ? Demanda doucement Bill.

-A personne, à tout le monde. Il n’y a pas de fautif ! C’est ainsi. Tout ne peut pas s’expliquer Bill. Je ne sais pas pourquoi il a fallut que tu es un kyste aux cordes vocales, je ne sais pas pourquoi il a fallu que je tombe d’un arbre quand j’avais six ans, je ne sais pas pourquoi Gustav a du attraper la grippe juste avant ce concert il y a quelques années et je ne sais pas pourquoi ces filles ont dérapé ainsi.

J’vais pas te parler d’une histoire de destin à la con. De choses pré-écrites, de mauvais œil, ou de je ne sais quelle autre superstition. Toutes les choses n’ont pas forcément de raison pour se produire, ou peut-être que si, elles en ont besoin, mais que tout le monde n’a pas à connaitre ces raisons. Qui sait ce qui est passé par la tête de ces filles ? Peut-être étaient-elles malheureuses, peut-être voulaient-elles se faire remarquer plus que tout autre chose, peut-être voulaient-elles nous marquer à vie et n’ont trouvé que ça comme solution. Mais, honnêtement, savoir pourquoi elles ont fait ça te servira à quoi ? Ca ne changera rien aux évènements. Les choses ce seront quand même déroulés en début d’année. Maman aurait quand même pleuré. J’aurai quand même poussé cette fille. Il y aurait quand même eu des plaintes, un long procès. Cette période aurait quand même était dure et douloureuse Bill !

Des tas de gens foutront un jour le bordel dans notre vie, nous feront probablement mal. Mais il n’y a pas que ça Bill !

Il y a tellement plus, des tas de gens nous aideront à avancer, nous feront progresser, nous rendrons heureux. Des tas d’évènements bouleverseront notre vie en bien ou en mal. C’est juste comme ça. On ne peut n’y les prédire n’y les empêcher car de toutes façons ils seront remplacés par autre chose.

Sans ces évènements nous n’avancerions jamais ! Je sais que certains sont plus durs à surmonter que d’autre. Mais la terre ne s’arrête jamais de tourner, le soleil continue à se lever tous les matins et à se coucher tous les soirs. Fais-toi une raison Bill. Si toi tu t’arrêtes, la vie ne t’attendra pas. Tom marqua une pause, reprenant sa respiration.

Bill regarde-moi. Ajouta-t-il en obligeant son frère à relever les yeux. Tu veux un exemple ? Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de t’embrasser, et je ne sais pas non plus pourquoi j’ai envie de recommencer. Et je m’en fous. A trop vouloir chercher des explications, les choses nous passent sous le nez et on se retrouve con. Qu’importe ce que les autres disent ou font. Ce qui compte c’est ce que toi tu veux vraiment au fond. Si tu ne suis pas tes envies maintenant, si tu ne te laisses pas vivre maintenant, tu ne le feras jamais. » 

Bill fixait son frère avec de grands yeux. Il ne ressentait plus de honte. Son cœur était moins serré. Il se sentait mieux. Et ces yeux pleins d’amour qui ne cessaient de le regarder, jusqu’au plus profond de son âme, le faisaient se sentir vivant.  

Bill se rapprocha de lui-même. Il ne savait pas ce qu’il faisait et pour la première fois depuis bien longtemps, il s’en fichait. Il voulait juste continuer à se sentir heureux et léger. Il voulait juste revoir le bonheur remplir les yeux de son frère, il voulait juste ressentir à nouveau l’amour s’échapper des moindres pores de sa peau.

Alors il embrassa Tom. Là, presque nu, sur la moquette rugueuse de sa chambre. En pleine nuit. Et il trembla, mais pas de froid. D’autre chose, quelque chose de plus agréable, qui remonte le long de la colonne vertébrale et qui donne des frissons.  

Mais il s’en fichait. Tom l’avait dit lui-même.

Ce n’était rien. 

 

[…] 

 

Bill était assis en tailleur dans la salle des médias. Use somebody de Kings Of Leon tournait en boucle en fond sonore. Ses yeux étaient fermés et sa voix chantait en écho avec le chanteur.

Lorsque Gustav poussa la porte de la salle, il eut l’impression d’une scène de déjà vu. Il ne put s’empêcher de rire en voyant Bill totalement absorbé par la chanson, bougeant la tête en rythme.  

Bill ouvrit subitement les yeux, lançant un regard noir au blond et lui tirant la langue puérilement. 

« -Fous-toi de ma gueule, j’te dirais rien.

- Tu étais si chou. Dit Gustav en insistant sur le dernier mot. Que je n’ai pas pu m’en empêcher. Rit-il.

-Tss, que me vaut l’honneur de ta visite. Demanda Bill après avoir grogné pour la forme.

-Je voulais te parler. » 

Bill hocha la tête en se décalant pour laisser de la place à son ami. Il baissa aussi la musique et tourna toute son attention vers son ami. 

« -Je t’écoute.

-J’suis fier de toi en faite. Je sais que ça peut paraitre stupide, mais c’est juste ça. J’suis fier de toi, ouais. Dit Gustav d’une traite, mal à l’aise.

-Pour ? Demanda Bill en haussant un sourcil.

-Tu as réussi à surmonter tout ça. Je sais que ça été dur pour toi, parce qu’elles avaient touché à ta famille. Mais tu as réussi et j’suis fier de toi. Tu as compris que tu ne devais pas leur donner assez d’importance pour gâcher ta vie. Et j’suis vraiment heureux de te revoir comme ça. Bon c’est sûr t’es aussi redevenu aussi chiant qu’avant, mais c’est les mauvais côtés qu’il faut accepter. 

-Hey ! Non, mais oh. S’exclama Bill d’un air outré.  Je ne suis absolument pas chiant. Je suis adorable et parfait même que.

-Rien que ça.

-Eh ouais mon pote ! Bill marqua une pause. Merci Gus. Dit-il sincèrement en souriant. » 

Gustav fit un vague geste de la main, il était gêné. Bill continuait de lui sourire tendrement, Gustav était rarement très proche d’eux, il veillait de loin et dès qu’on le remerciait, il grognait comme un ours mal léché - c’était le surnom qu’ils lui donnaient secrètement - mais tous savaient qu’ils pouvaient compter sur lui. 

Le blond se leva, mettant un terme à la conversation. Il ouvrit la porte, s’apprêta à sortir, mais se ravisa. Il se retourna vers Bill, les sourcils froncés. Bill le regarda, attendant qu’il parle. 

« -Qu’est-ce qui t’as fait ouvrir les yeux ? Demanda Gustav soudainement, surprenant Bill. » 

Bill ne répondit pas directement. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait bien répondre à son ami. Il releva la tête et planta ses yeux dans ceux de Gustav, un sourire timide et reconnaissant accroché aux lèvres. 

« Vous. » 

 

[…] 

 

Benjamin pénétra dans la pièce et tapa dans ses mains pour attirer l’attention des quatre jeunes qui jouaient au ping-pong. Ces derniers s’arrêtèrent et tournèrent la tête vers le nouvel arrivant. 

«-Vous avez une interview dans trente minutes. Déclara-t-il d’emblée. Je pense qu’ils vont surtout chercher à savoir ce qu’il s’est passé devant l’hôtel il y a quatre jours.

-Donc je raconte, en minimisant le truc et en disant que c’était génial de voir toutes ces fans enthousiastes. Soupira Bill.

-Non. Tu vas expliquer clairement ce qui s’est passé, sans tout mettre sur le dos des fans. Tu évites de trop parler de tes peurs. Ils feront peut-être un parallèle avec l’histoire de ce début d’année.

-De toute façon, on sera avec lui. Si à un moment il ne se sent pas de répondre à une question, on l’aidera. Trancha Tom.

-Et on les incitera à parler de la tournée. Ajouta Georg. » 

Benjamin hocha la tête, montrant son accord. Puis il leur dit qu’ils pouvaient aller se détendre, que quelqu’un viendrait les chercher pour le début de l’interview. Les quatre jeunes se dirigèrent vers la sortie. Benjamin arrêta Bill en lui disant qu’il voulait lui parler. Tom les fixa, s’étant arrêté prês de la porte. Son frère lui fit un sourire rassurant l’incitant à rejoindre les autres.  

Bill alla s’assoir sur une chaise en face de Benjamin qui était appuyé contre une table. Ils restèrent quelques instants silencieux. Benjamin observant Bill et Bill attendant que Benjamin prenne la parole.  

« -Tu as changé. Commença le manager.

-C’est une mauvaise chose ? Demande Bill.

-Non. C’est même une bonne nouvelle. Tu ne nous mens plus.-Je ne vous mentais pas. Se défendit Bill.

-Si, ne nie pas. On l’avait tous remarqué. Tu dois te demander pourquoi on ne t’a jamais rien fait remarquer ? Tu aurais nié en bloc et tu aurais continué. Tu l’as fait avec ton frère. C’est lui qui nous en a parlé. Il était vraiment très inquiet. Au tout début de la tournée, il est venu nous voir et nous a dit que tu lui mentais et que tu n’allais pas bien. On a essayé de le rassurer de nombreuses fois, mais ça ne valait pas grand-chose. Nous-même nous nous inquiétions pour toi. Alors tu penses bien que nous n’étions pas très convaincants.

Parfois il est venu nous voir, pensant que tu allais mieux parce que tu avais ris avec eux, que tu avais souris et que pour une fois, il lui avait semblé que tu étais sincèrement heureux. Puis le lendemain, il revenait, plus détruit que jamais. Tu avais repris cette espèce de masque froid, cette carapace pour te protéger de tout, même de lui.

Ce n’était peut-être pas l’impression que tu voulais lui donner. Tu n’as probablement pas voulu le blesser. Mais ton frère tient énormément à toi, plus qu’à sa propre vie. Je pense que c’est réciproque pour toi, non ?

-Si, bien sûr que si. Répondit Bill d’une petite voix.

-Dans ce cas, n’oublie pas que ton frère est pareil que toi. Ce que tu ressens, il le ressent aussi. Même si tout ça m’échappe, personne ne peut le nier. Il avait l’impression que tu t’éloignais de lui et tous les jours il essayait de te retenir un peu plus. Tu ne l’as peut-être pas remarqué. Ce n’est pas un reproche Bill. C’est juste une constatation. Tu étais trop ailleurs. Je ne sais pas ce qui t’es arrivé. Mais je pense que tu devais savoir tout ça. Ton frère a besoin de toi. Mais il n’a pas besoin de quelqu’un qui veut le protéger en décidant d’être aussi fort que possible. Il a juste besoin de son frère câlin, affectueux, infatigable, bavard à souhait, perfectionniste, chiant, et j’en passe et des meilleures.

Bref, tout ça pour dire que ton manège de « monsieur je peux vous faire tout ce que je veux, rien qu’avec un regard » m’avait manqué, enfin seulement un peu. » 

Bill lui sourit et se leva pour le prendre dans ses bras. On lui avait toujours dit qu’il était très spontané et cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pris quelqu’un dans ses bras comme ça, après une envie soudaine.

Il était heureux que Benjamin lui ait raconté tout cela. Il savait qu’il avait inquiété Tom, mais pas à ce point là. Grâce à ce que lui avait dit son manager, il comprenait à quel point son frère tenait à lui. Et cela lui réchauffait le cœur agréablement.  

Il fallait qu’il lui parle.  

 

[…] 

 

« Bill ! On t’a cherché partout ! Les journalistes sont là. On doit aller faire l’interview maintenant. » 

Tom ne laissa pas à Bill le temps de placer un mot. Il le tira rapidement jusque dans la salle aménagée spécialement pour la séance avec les journalistes. Gustav et Georg étaient déjà installés tout les deux d’un côté du canapé placé face à deux fauteuils pour l’interview.

Bill et Tom saluèrent les deux hommes installés dans les fauteuils et s’assirent à côté des deux autres membres du groupe sur le canapé.  

« -Bonjour les garçons. Je ne vais pas passer par quatre chemins et entrer dans le vif du sujet qui intéresse grandement nos lectrices. Que s’est-il passé devant ce fameux hôtel, avant votre septième concert ?

-Il y avait beaucoup de fans devant la sortie de l’hôtel. Commença Bill calmement. A tel point qu’aucune barrière n’avait pu être mise pour nous laisser un passage pour pouvoir sortir et signer des autographes tranquillement. C’est donc seulement avec un garde du corps chacun que nous sommes sortis pour rejoindre le van. Il y avait pas mal de mouvements de foule. C’était assez compliqué d’avancer. A un moment, je n’ai pas réussi à suivre la personne qui me montrait le chemin, j’ai voulu avancer, mais j’me suis déporté sur le côté et j’ai été entrainé plus loin, entouré de plein de fans.

-Je vois. Des fans présentes près de vous ont déclaré que vous paraissiez paniqué, que vous sembliez avoir peur d’elles.

-J’ai eu un peu peur sur le coup car je n’ai pas vraiment compris ce qui se passait. De plus, beaucoup de fans étaient compressées contre moi et j’ai aussi eu peur pour elles, elles se faisaient à moitié marcher dessus par d’autres filles. Une s’est tenue à moi pour ne pas tomber par terre et se faire marcher dessus. C’était assez impressionnant. Mais la situation a vite été réglée. Et on est partis très rapidement à la salle de concert par la suite, car nous avions les soundchecks à faire.

-Cette situation ne vous a-t-elle pas rappelé les débordements survenus en début d’année avec six jeunes filles ? Demanda innocemment le journaliste. » 

Bill ne répondit pas directement à la question. Il ne voulait pas y repenser à nouveau. Tom, Gustav et Georg ne pouvaient pas répondre à sa place, la question lui étant directement adressée. De plus, s’il ne répondait pas les journalistes en feraient des gorges chaudes, créant de nombreuses hypothèses.  

« -Oui et non. Ce sont deux affaires très différentes. Ce qui est arrivé en début d’année n’est pas un bon souvenir. Mais c’est comme ça. Les choses ont dérapés trop vite alors que ça n’aurait pas du. Mais maintenant l’affaire est réglée, il n’y a plus de raisons de continuer d’en parler. Ce qui s’est passé devant l’hôtel est un incident absolument pas prémédité par ces fans. Il y avait juste trop de monde, donc c’était plus dur à gérer et tout est arrivé très vite. Personne n’a été blessé aussi bien du côté du groupe que de celui des fans. Aucune parole blessante n’a été dite. Donc tout va bien. Conclut Bill en souriant. » 

Les journalistes restèrent silencieux, fixant le visage serein et souriant de Bill. Tom plaça discrètement sa main dans le dos de son frère et lui caressa tendrement, fier de lui et de sa réponse.

L’interview repris normalement, les autres membres du groupe participant activement, les questions tournant surtout autour de la tournée et des ressentis du groupe vis-à-vis de celle-ci.  

Le sourire de Bill ne quitta pas ses lèvres de toute l’interview. Il s’en était vraiment bien sorti.  

 

[…] 

 

A la fin du concert, Bill agrippa la main de son frère et l’entraina dans les coulisses en riant. Tom tenta de lui demander ce qu’il faisait et pourquoi il l’emmenait comme ça, mais Bill ne lui répondit pas. Se contentant d’accélérer sa course lui lançant juste un petit regard malicieux.  

Ils passèrent devant de nombreuses salles, mais ils ne ralentirent jamais leur course. Ils rentrèrent dans quelques personnes, mais ne s’arrêtèrent pas, criant simplement des « pardon ». Tom commençait sérieusement à fatiguer et lorsqu’il se décida à enfin essayer de stopper Bill, celui-ci ralentit et s’arrêta pour ouvrir une porte. 

Ils rentrèrent rapidement dedans et Bill referma à clé derrière lui. Il s’appuya contre cette dernière, un grand sourire collé aux lèvres, les yeux légèrement plissés, essayant de ne pas se moquer de son frère qui tentait de reprendre son souffle. Tom était penché en avant, les mains sur les genoux 

« -Putain Bill ! Ne fais plus jamais ça. Surtout quand on vient juste de descendre de scène. Réussit à articuler Tom.

-Il fallait absolument que je te parle. Je pouvais plus attendre » Se justifia Bill penaud.  

Tom se releva tant bien que mal et fixa ses yeux dans ceux de son frère. Bill avait les joues légèrement rouges et ses yeux brillaient d’une étrange lueur. Tom se rapprocha doucement de son frère et l’incita à parler d’un mouvement de tête. 

« -J’ai parlé avec Benjamin tout à l’heure. Commença Bill.

-De quoi ? Demanda Tom en se stoppant à quelques centimètres de son frère.

-De toi. Répondit Bill en plongeant ses yeux dans ceux de Tom.

-Je dois m’inquiéter, ou… ?

-Non. Benjamin m’a appris quelques petites choses à propos de toi. De ton comportement envers moi quand je n’étais pas très bien. Il m’a expliqué que tu étais allé les voir plusieurs fois, que tu étais très inquiet et que ça t’avais beaucoup affecté. Benjamin a aussi dit que tu tenais vraiment beaucoup à moi et que je ne devais pas l’oublier.

-Tu l’avais oublié ? Murmura Tom interrogativement.

-Je ne pense pas. Mais je n’y ai pas vraiment songé ces derniers temps. Mon seul objectif était de ne pas craquer, d’être fort de…Je ne sais pas vraiment ce que c’était mon objectif au fond. J’voulais juste nous protéger plus que tout. Et c’est le seul moyen que j’ai trouvé. Et vu les résultats, il n’était pas très bon ce moyen. J’ai jamais voulu te faire du mal ou t’inquiéter.

-Je sais que tu ne voulais pas faire cela. Mais c’était plus fort que moi. Te voir comme ça me rendait fou. En plus tu t’éloignais de moi vu que tu ne me disais rien, pour « rester fort ».

-Je sais tout ça. J’suis tellement désolé d’avoir réagis comme ça. » 

Tom secoua doucement la tête en souriant et prit son frère dans ses bras. Il ne voulait plus penser à tout cela.  

« On s’en fous. C’est passé, y’a prescription maintenant » Lui dit-il doucement  

Bill lui renvoya un sourire éclatant et se resserra contre Tom. Il lui embrassa doucement le cou avant de remonter vers son visage et finir par ses lèvres. Il les embrassa doucement, tendrement, bougeant sa bouche contre celles de son frère. Il passa sa langue sur la lèvre inférieure de Tom, puis la mordilla et joua avec son piercing.

Tom se laissait complètement faire. Il aimait sentir Bill contre lui, il aimait le sentir s’abandonner ainsi. Il entrouvrit ses lèvres et laissa la langue de Bill rejoindre la sienne. Ils s’embrassèrent longuement, s’enlaçant plus fort, cassant le baiser pour le reprendre plus sensuellement encore. Leurs mains agrippaient parfois leur dos, parfois leur épaules ou se glissaient dans la nuque ou dans les cheveux de l’autre pour approfondir encore plus, si cela était possible, leur baiser.  

Tom finit par casser le baiser et appuya son front contre celui de son frère. Il s’amusait à effleurer ses lèvres légèrement entre-ouvertes.  

« -Tu ne me feras plus jamais ça maintenant alors ? Tu n’oublieras pas que tu peux venir me parler, pleurer dans mes bras, crier dans mes oreilles, t’énerver contre le monde entier devant moi. Tu ne l’oublieras pas hein ? Tu ne laisseras pas ces filles revenir gâcher notre vie non plus ? Promets le moi Bill, s’il te plait. J’veux plus te voir comme ça.

-Non Tomi. Promis. Désormais, l'avenir est la seule chose qui m'intéresse, car je compte bien y passer les prochaines années*…avec toi. »   

 

 

* Cette phrase n’est absolument pas de moi. C’est une des nombreuses citations de Woody Allen que j’aime beaucoup.

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Merci d'avoir lu =)

Bisous <3

Fanny.

 
     
     
 
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