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Le début de la fin
Par m0uwa
Originales  -  Angoisse  -  fr
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    Chapitre 1     1 Review    
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 Le Début de la fin


 

   Prostré. Accroupi. L’air est froid, mordant comme les crocs acérés d’un fauve. La pierre est dure, cassante. L’obscurité est agressive, plus que la clarté vive du soleil que l’on regarde en face. Tu restes là, sans bouger, à attendre quelque chose qui ne viendra jamais. Les nœuds dans ton ventre sont de plus en plus présents, tu as peur, envie de vomir, la bile remonte dangereusement dans ton oesophage. Le moindre bruit te fait tressaillir alors qu’un bourdonnement incessant s’est incrusté entre tes deux oreilles. Tu trembles, recroquevillé sur toi-même, la gorge sèche, la sueur rendant ta peau poisseuse et le froid aiguisé comme une lame tranchante à souhait. Tes yeux sont comme fous, ta lutte inlassable et intérieure prend toutes tes forces. Ton dos est meurtrit, les pics rocheux contre lesquels tu te presses égratignant ta peau, et la faisant saigner, d’un liquide rougeâtre, presque noir. Tes pieds sont nus, posés sur l’habillage glacé d’eau qui recouvre la pierre lisse où tu t’es réfugié. Les larmes salées qui coulent sur tes joues sont comme des sillons de feu dévorant ta peau fragile. Ton cœur s’effrite, se brise sans répit. Cet organe que tu pensais intouchable te détruit. Des milliers de petites aiguilles le lacèrent tandis que tu sanglotes silencieusement. Tu veux hurler, tu veux te libérer mais la boule qui obstrue ta gorge t’en empêche. Elle coince tout. Ton souffle, ta respiration, ta salive, tes mots.

  Ta main se crispe sur ta chemise en lambeaux, contre ta poitrine, les articulations couvertes de sang séché. Tes yeux bougent d’une manière étrange et vive, injectés de rouge. Tu deviens fou, habité par un démon encore inconnu qui brûle tout sur son passage, ne laissant que le chaos. Tu te blottis encore plus contre la paroi derrière toi, blessant ton dos encore un peu plus en profondeur, rapprochant tes jambes, tes genoux dénudés, couverts de plaies, sentant des sillons de liquide vital couler le long de ton échine. Tes doigts relâchent le tissu d’un geste rapide, se précipitant sur les cheveux gras qui retombent sur tes yeux. Tu enserres ton crâne. Celui-ci se comprime, semble vouloir exploser. La voix qui y retentit brûle à l’intérieur, comme si ta boîte crânienne se fendait en deux sous le poids d’une hache bien affûtée.

  Tu te redresses avec difficultés, vacilles sur tes jambes fragiles, tombes à genoux, ouvrant les plaies déjà présentes, frappes violement ton front parterre. Le choc est rude, glacé, te pétrifie, tends tes muscles en des crampes gênantes. Tes doigts sont si crispés que quelques mèches de cheveux se sont arrachées. Ta bouche est ouverte sur un râle silencieux, un halètement muet.

  Tes paupières sont closes, ne laissant ni couler les larmes, ni voir ce qui t’entoure. Tu mords ta langue pour étouffer la douleur qui se propage et ne garder que le soulagement. Ton front saigne, ton dos tressaute. Le liquide est chaud, réconfortant. Une de tes mains quitte tes cheveux qui restent collés aux doigts poisseux. Ils viennent prendre connaissance des dégâts, tâtant presque avec douceur l’endroit meurtrit. Quel beau contraste avec la violence qui vient de te défigurer. Le geste étale encore plus le sang sur ton visage qui se mêle au torrent salé que les maigres barrières devant tes yeux retenaient.

  Recroquevillé, tu t’allonges sur le côté, un sourire bienheureux collé à tes lèvres. Le froid pénètre ton corps soumit, le sang s’en échappe avec lenteur et sadisme, vicieux comme il est. Des gouttes glacées s’écrasent sur ton visage, ton flanc offert, tes pieds usés. Tu frissonnes, essaie de tousser, mais t’étouffes avec ta propre salive. Ton torse est secoué de spasmes irréguliers, ne faisant sortir de ta gorge râpeuse que des sons gutturaux.

   Les yeux écarquillés ne voient plus, voilés par un drap noir agaçant. Tu essais de le chasser, sans succès. Ta respiration est à nouveau calme. Elle est irrégulière, racle les parois de ta gorge, brûle tes poumons. Tes ongles viennent rencontrer la pierre, la griffe, mettant la chaire à vif. Tu péris lentement dans ta détresse, le regard vide, lointain. Tu t’abandonnes, seul.

m0uwa

 
     
     
 
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