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Human connect to human
Par elvina
Tokio Hotel  -  Romance  -  fr
1 chapitre - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     1 Review    
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Chapitre 1

Titre : Human connect to human

Auteur : Elvina

Disclaimer : Les personnages s'appartiennent à eux-même (heureusement pour eux)

Note : Ce texte a été écrit pour un jeu d'os sur un forum consacré aux fictions sur tokio hotel (oui ça existe, et j'avoue que ça peut faire peur quand on ne s'y attend pas - ou qu'on n'aime pas les tokio hotel, aussi). L'idée de base n'est donc pas de moi, il y a juste la rédaction qui m'appartient.

Merci à celle qui a lu cet os avant tout le monde, pour me dire ce qu'elle en pensait, merci de son soutien, sachant que ce n'est pas du tout son fandom de prédilection.

Bonne lecture

Human connect to human

 

- BILL ! UNE LETTRE POUR TOI !

- C’EST DE QUI ?

- JE SAIS PAS , Y’A RIEN DE MARQUE !

 Ca, c’était plutôt bon signe. Bill adorait recevoir du courrier, sauf quand il s’agissait de factures, de publicité ou de lettres administratives. En général, ce type de courrier portait toujours un tampon sur l’enveloppe. Mais cette fois ce n’était pas le cas. Le garçon sortit précipitamment de sa chambre et dévala les escaliers. Il finit par entrer dans la cuisine familiale – à vingt ans, Bill vivait encore chez ses parents – et il découvrit une lettre à son nom posée en évidence sur la table. L’enveloppe immaculée – à l’exception de son nom et son adresse inscrits au stylo noir – contrastait avec le bois sombre de la table. Se retournant, le garçon brun se saisit d’un couteau dans le buffet, et décacheta délicatement la missive. Aucun signe de l’identité de l’expéditeur n’était inscrit sur l’enveloppe, la surprise de qui lui écrivait serait donc totale. Serrant son bien dans sa main, Bill remonta dans sa chambre.

Assis sur son lit, le garçon dévorait des yeux l’écriture présente sur l’enveloppe. Il aimait détailler la forme des lettres, l’appui du stylo sur le papier, essayant de deviner qui lui écrivait. Mais cette fois-ci, la calligraphie lui était totalement inconnue, la lettre ne provenait pas de l’un de ses amis dont il connaissait la façon d’écrire. Bill se décida enfin à sortir la lettre de son enveloppe. C’était une simple feuille à carreaux, surement arrachée d’un bloc-notes. Il se mit à lire les mots lui étant adressés.

 Cher Bill,

Wow, quelle entrée en matière… Pardonne-moi, je ne savais pas vraiment comment commencer cette lettre. T’écrire enfin est quelque chose de très étrange, vraiment. C’est un peu comme donner une réalité à nos échanges, approfondir notre relation virtuelle. Oui, alors même qu’on se connait maintenant depuis plus d’un an, et qu’on se parle régulièrement au téléphone. Ne me demande pas pourquoi t’écrire me parait être plus réel que te parler de vive voix (surtout que j’adore le son de ta voix (rappelle-toi le « oh t’as une trop jolie voix » que je t’ai dit la première fois où l’on s’est téléphoné)), je ne suis pas très net comme garçon. Mais ça, tu le sais déjà. Mon dieu, je crois que je vais mourir de honte après t’avoir écrit, j’ai l’impression d’être carrément inintéressant. Que te dire de plus ? Oui, j’ai la prétention de t’écrire, et me voilà déjà à court de mot. Je ne sers vraiment à rien. Souviens-toi (oui encore je te demande de faire des efforts de mémoire, ami indigne que je suis (comment ça tu n’as pas à faire d’efforts pour te rappeler de quelque chose nous concernant ? (oh tiens, tu subis actuellement ma manie de la parenthèse dans la parenthèse))), bref, souviens-toi de cette conversation téléphonique que nous avions eu, un grand silence entre nous et « on a épuisé tous les sujets de conversation ? Mais nan, on va bien trouver autre chose pour parler ». Voilà, je vais donc trouver un autre sujet pour continuer cette lettre. Hm… ouais bon, je sais pas vraiment si ça va t’apporter quelque chose de le savoir, mais je suis actuellement en train de fumer. De la main gauche, pour pouvoir t’écrire de la main droite. Et je t’avoue que je ne suis pas très habile, je mets de la cendre un peu partout, même sur ta lettre ! Ami indigne, te dis-je. En fait, il est temps pour moi de retourner en cours, je te dis à tout de suite, juste le temps de m’installer dans l’amphi.

TADAM ! De retour \o/ (ouais je fais même des smileys à la main, je suis trop fort)

Le cours est chiant. Et le prof inintéressant. Ou inversement, je sais pas trop. Bref, je suis encadré par mes deux meilleurs amis qui s’emmerdent autant que moi. A ma droite (ça fait très présentateur de jeu télé, la classe (ou pas)), Andi ronfle comme un bienheureux. Je te jure. Heureusement que l’amphi est plein, on se ferait trop capter autrement. A ma gauche, Georg dessine sur ma main (la gauche donc). On amuse les enfants comme on peut… Non mais bon, si je devais vraiment suivre le cours, je finirais par me pendre avec ma trousse. Ou me jeter par la fenêtre, même si y’en a pas… Je lutte en buvant du café-caramel – ou du café-vanille, ça dépend des fois. La vie est fun en fac d’éco.

Allez, à plus tard p’tit loup, je vais faire mon sérieux un peu (je suis crédible hein !)

                                                               Tom (tu remarqueras que je termine cette lettre aussi bien que je ne l’ai commencée… Pas d’amélioration en vue.)

 

Un sourire un peu idiot naquit sur les lèvres du brun toujours assis sur son lit, et il se précipita à son ordinateur pour voir si son ami était connecté.

[BILLIE’s JEAN] dit :

Pseudo de merde, très cher. J’ai reçu ta lettre.

[TOM… ASS] dit :

Je te retourne le compliment. C’est quoi ? Un hommage à MJ ? Ou tu portes un jean ?

[BILLIE’s JEAN] dit :

            Je porte effectivement un jean, tu croyais quoi ? Non mais tu peux pas comprendre, t’aimes pas MJ. Ouais bref, juste au cas, je me répète : J’AI RECU TA LETTRE (en majuscule, comme ça tu verras ce que j’écris. Ami indigne :p)

[TOM… ASS] dit :

            Huhu. Ouais, mais j’vais pas faire mon fan de moi-même style « t’as vu, j’écris TROP BIEN. Et j’suis trop intéressant quewa » (autant que mon cours d’éco XD)

[BILLIE’s JEAN] dit :

            Mais LOL. Tu sers à rien mec (l). Non mais j’suis sur, j’ai eu l’air trop con, je sautillais assis sur mon lit.

[TOM… ASS] dit :

            Roh, j’veux voir ça en vrai. J’t’imagine vachement bien rebondir sur ton lit.

[BILLIE’s JEAN] dit :

            Ouais ben compte là-dessus et bois de l’eau !

[TOM… ASS] dit :

            OK, j’ai un verre plein à côté de moi.

On se voit quand ?

[BILLIE’s JEAN] dit :

            Cet été ? Tu veux venir à la maison ? Mes parents partent en vacances en août, mais j’ai pas envie de les suivre, je reste chez moi. J’leur demande ce soir s’ils sont d’accord.

[TOM… ASS] dit :

            OK, j’ai rien de prévu pour l’été, tu me redis ce soir ? Que je prévois pour le train, toussa toussa.

[BILLIE’s JEAN] dit :

            Sans souci tomi (je fais des rimes quand je m’exprime). Je vais manger justement. A toute !

[TOM… ASS] dit :

            A toute p’tit loup (l)

Assis à la table de la cuisine, face à ses parents, Bill s’agitait sur sa chaise, mal à l’aise. Il ne savait pas trop comment amener le sujet des vacances de Tom dans la conversation. Il avait beau avoir vingt ans, il vivait toujours chez ses parents, il ne pouvait pas vraiment faire tout ce qu’il voulait. Ce fut sa mère qui sauva la situation.

« Bill, arrête de te tortiller ainsi, tu m’énerves. Tu ressembles à un ver de terre que j’ai envie d’écraser. Tu veux nous demander quelque chose, à ton père et à moi ?

- Ben ouais en fait. Tu sais cet été, j’avais prévu de rester tout seul à la maison mais…

- Tu veux nous accompagner finalement ? le coupa sa mère. Je crois qu’il est trop tard, les réservations sont faites, mais je peux me renseigner. Je téléphonerais cet après-midi.

- Non, mais c’est bon, je veux pas venir avec vous. Je voulais juste savoir si Tom pouvait passer le mois d’août avec moi ici, il n’a rien de prévu chez lui.

- Oh… Je ne pense pas que cela pose problème. Tom, c’est ton ami dont tu parles tout le temps c’est ça ? Celui de Hamburg ?

- Oui, c’est lui. Donc c’est bon, il peut venir cet été ? C’est pour qu’il puisse prendre ses billets de train, si on attend trop, ça va être trop cher, faut que je lui réponde ce soir. »

Bill se sentait tout excité de l’accord de ses parents. Enfin il allait voir Tom. Depuis plus d’un an qu’il attendait cette rencontre. Les trois mois restants allaient passer à une vitesse folle. Les partiels à la fac au mois de mai, dès le lendemain, en fait, puis les vacances de juin et juillet, et enfin la visite de Tom.

En quelques mois, l’autre garçon était devenu la vie du brun. C’était l’amour de sa vie amicalement parlant. Ils avaient une relation trop forte pour parler simplement d’amitié, mais ce n’était pas de l’amour au sens le plus commun du terme. C’était indéfinissable, et Bill espérait que cette relation dure le plus longtemps possible. Toute la vie peut-être. Le brun se demandait parfois comment il avait pu vivre sans Tom auparavant. Ils avaient tellement de choses en commun. Ils pouvaient discuter des nuits entières dans avoir à chercher de sujets de conversation, tout se faisait naturellement. Même lorsqu’ils étaient en désaccord sur certaines idées, ils réussissaient toujours à transformer leurs discussions en de longs débats passionnés. Quand le sujet qui les rapprochait le plus arrivait, il était alors impossible de les décrocher l’un de l’autre. La musique les liait tout autant qu’elle les séparait, leurs goûts dans ce domaine étant des plus différents. Mais c’était ce qui rendait leur relation aussi riche, pouvoir parler à l’infini de ce qu’ils aimaient le plus, avec la personne qu’ils aimaient le plus au monde, même si leurs avis divergeaient de temps en temps. C’était grâce à la musique qu’ils s’étaient rencontrés, qu’ils s’étaient trouvés, tous les deux.

Quand Bill repensait à la première fois qu’ils s’étaient parlés, c’était parfois un peu flou, dans son esprit. Mais presqu’aussitôt, il repensait au message privé qu’il avait reçu d’un garçon, sur un forum musical où il était inscrit. Un message des plus basique, qui lui demandait un renseignement. Les garçons avaient fini par échanger leurs adresses msn, comme ça, parce que c’était bien plus simple, parce qu’ainsi, leur boîte de messages ne serait pas saturée. Et tout s’était enchaîné à une vitesse folle, c’était presque incompréhensible. Jamais le brun ne s’était entendu aussi bien et aussi vite avec quelqu’un. Peut-être que le caractère virtuel de la chose rendait tout ça plus facile. A vrai dire, il n’avait jamais cherché à décrypter leur relation. C’était ainsi, et c’était tout. Bill s’empressa d’envoyer un message sur le téléphone de Tom. Il n’avait pas vraiment le temps de lui téléphoner. S’il le faisait, il allait passer des heures à discuter, et malheureusement, il n’en avait pas vraiment le temps, ce soir. Le lendemain, les partiels commençaient.

[…]

Bill sortit de la fac, totalement éreinté. Il n’avait qu’une hâte, parler à Tom. Vraiment, toute cette période d’examens l’avait épuisé, autant moralement que physiquement. Dormir et parler à son ami, c’est tout ce qu’il allait faire. Cela faisait presqu’un mois qu’il passait sa vie devant des copies et des brouillons d’examen. Il n’avait même plus de temps à consacrer à Tom. Il n’avait plus le temps d’aller à son ordinateur, plus le temps de téléphoner. La seule chose qu’il pouvait faire c’était lui écrire – après tout, il profitait du temps qu’il avait pendant les partiels pour rédiger ses lettres. Les échanges postaux entre les deux garçons s’étaient donc intensifiés, jamais il n’avait reçu et envoyé tant de courrier dans un laps de temps si court. Mais enfin, il était libéré, il pourrait réentendre la voix de son ami qui lui manquait atrocement.

[Billy Boy] dit :

            Salut. Je reste pas, c’est pour te faire savoir que j’ai survécu à mes partiels et qu’enfin ils sont terminés. Quoique survécu est un bien grand mot, je suis totalement épuisé. Vivement que je me couche.

[Simply Tomi] dit :

            Va dormir alors, traine pas ici. J’espère que tout c’est bien passé et que tu auras ton année. Je crois en toi \o/ Et du coup… plus aucun stress avant mon débarquement chez toi !

[Billy Boy] dit :

            Ouais, pressé que tu arrives. Tu m’excuses, mais il faut vraiment que j’aille dormir, je fais n’importe quoi. Je me reprends à trois fois pour écrire une phrase, c’est n’importe quoi. Désolé d’écourter ainsi la conversation.

[Simply Tomi] dit :

            Allez au dodo l’asticot, je te comprends. J’étais pareil il y a une semaine. Bonne nuit.

Bill prit tout juste le temps de répondre à son ami et se déconnecta. Il n’était même pas allé voir autre chose sur le net, la seule chose qui l’intéressait, c’était de parler à Tom, même rien qu’un peu. Il lui avait beaucoup trop manqué. Le brun se prépara pour la nuit, et se glissa entre ses draps avec bonheur. Un long sommeil réparateur, voilà ce qui l’attendait, et il espérait ceci plus que n’importe quoi d’autre.

Le lendemain, Bill se réveilla, se leva et descendit dans sa cuisine, les yeux à peine ouverts. Il se prépara un petit déjeuner de manière absente, et l’absorba dans un état second. Le temps que le café fasse son effet, il posa les yeux de manière distraite sur l’horloge fixée au mur. Il ouvrit alors de grands yeux choqués. Il était presque seize heures de l’après midi, il avait dormi pendant dix-huit heures. Lui qui ne dormait qu’à peine six heures en règle générale… Il remarqua tout de même que ce sommeil lui avait fait grand bien, il se sentait reposé comme jamais, et totalement frais et dispo pour commencer sa journée. Enfin, le reste de sa journée. Et puis comme ça, il pourrait parler une bonne partie de la nuit avec Tom.

La première chose qu’il fit en remontant dans sa chambre, ce fut d’allumer son ordinateur. En attendant que celui-ci soit prêt, il finit de se préparer. Lorsqu’il revint devant son écran, Bill fit la première chose qu’il réalisait une fois à son ordinateur, il se connecta sur MSN. Une fenêtre de conversation s’ouvrit presque aussitôt, signalant un message qu’il avait reçu pendant son sommeil.

[Simply Tomi] dit :

            Je profite de ton sommeil pour venir te parler. Parce que j’ai quelque chose à te dire, qui me ronge, et que je n’ose jamais en discuter réellement quand tu es là. C’est un peu idiot, n’est-ce pas ? Je sais que je peux tout te dire, après tout, n’est-ce pas ce que je fais déjà ? Mais cette chose-ci, je ne peux pas t’en parler au téléphone. Ne t’inquiète pas, ce n’est rien de très grave. Ou peut-être que si, je ne sais pas très bien. Plutôt que tourner autour du pot encore longtemps, le garçon peu courageux que je suis va prendre sur lui, surmonter sa peur et te dire : je suis amoureux de toi. Fais ce que tu veux de ça. Tu avais déjà mon cœur de toute façon, et peu importe ce que tu dises, rien ne changera entre nous. C’est juste… un peu plus ? Parle-moi de ça, ou reste silencieux, l’important maintenant, c’est que tu le saches.

Bill resta interdit de longues secondes, puis se précipita sur son téléphone.

«  Salut.

- Je… QUOI ?

- Quoi quoi ? Tu saurais t’exprimer un peu mieux ?

- Je viens de voir ton message de cette nuit… Tu m’expliques ?

- T’expliquer quoi ? Je pensais pourtant avoir été très clair. Je suis amoureux de toi. C’est tout.

- Mais… pourquoi ?

- Ben… je sais pas, comme ça… Je t’aime c’est tout. Mais c’est pas important, c’est juste que je voulais te le dire. Tu n’es certainement pas obligé de répondre, c’était juste une information que je devais porter à ta connaissance.

- OK d’accord… mais quand même… Je ne sais pas quoi te répondre Tom.

- Ecoute, je t’ai dit, c’est comme tu veux. Ne réponds rien si t’as pas envie, ou dit oui ou non. Ca ne changera rien entre nous.

- Mais JE SAIS PAS ! Je n’ai aucune idée, j’ai jamais réfléchi à ça enfin. Et comment tu peux être sur que ça ne changera rien. Je veux dire… si t’es amoureux et pas moi, tu souffriras, tu t’éloigneras de moi, et on ne se parlera plus.

- Ca n’arrivera pas. Tu es beaucoup trop important pour moi. Je te promets que tout sera pareil, on discutera toujours autant, de tout et rien.

- Mais tu es vraiment vraiment sur d’être amoureux de moi… c’est pas juste… à force de se parler, tu as cru que tu m’aimais ?

- Oui je suis sur. T’as vachement confiance en moi toi, c’est dingue. Et je crois vraiment qu’il y a des signes qui ne trompent pas. Je sais pas… si je te dis que je fais des rêves érotiques sur toi, ou que je vois ton visage quand je jouis, ça te rassure ?

- Heu…

- J’suis sur que t’es en train de rougir. Je t’ai choqué ?

- Non… c’est juste… bizarre, tu dis ça tellement naturellement.

- Ben d’un côté, c’est la vérité, que veux-tu que je dise d’autre… Et donc, tu me réponds ou pas ?

- D’accord.

- D’accord tu me réponds ? ou c’est un autre genre d’accord ?

- Heu… un autre genre ? ‘fin je pense.

- Te force pas si tu n’es pas certain. Si tu veux, je te laisse quelques jours pour y réfléchir.

- Non, non, je suis certain. ‘TAIN mais en fait, je viens d’avoir une révélation, en y pensant là. Moi aussi je suis amoureux de toi !

- Tu fais pas genre pour me faire plaisir hein ? C’est là que je risque de t’en vouloir et ne plus te parler.

- Non je fais pas genre. C’est à toi d’avoir vachement confiance en moi là… J’te jure, ça vient de me tomber dessus comme… j’sais pas quoi, mais en tout cas, je suis sur et certain de moi.

- Bien. Mais ne t’attends surtout pas à des mots d’amour tout le temps, et à des surnoms dégoulinants à chaque fin de phrase hein. Tu sais que ce n’est pas mon genre.

- Je sais. Et ça m’arrange, ce n’est pas le mien non plus.

- On est bien d’accord sur ce truc hein, qu’on soit amoureux l’un de l’autre ?

- Oui, je pense que oui, quand même. Tu en doutes ?

- Moi non, pas de mon côté. C’était pour avoir confirmation, que je sache comment me comporter en août.

- Oh ouais, j’avais pas pensé. C’est quoi ? Tu vas faire ton timide et tu vas à peine oser me prendre la main ? Ou tu vas te jeter sur moi à la descente du train ? J’te rappelle que j’suis fragile, tu feras attention à ne pas me broyer les os.

- Je peux pas tellement te dire, là. J’aviserais quand je te verrais.

- Je vais raccrocher maintenant, ça fait pas tellement longtemps que je suis debout, j’vais quand même essayer d’optimiser le reste de ma journée.

- D’accord. Bonne journée. Je t’aime, mon cœur.

- TOM !

- Je t’ai fait peur hein. Je déconnais. Bonne journée quand même. Et je t’aime quand même.

- Ouais, moi aussi. »

Bill raccrocha, le visage rayonnant, un grand sourire ornant ses lèvres, et des étincelles de bonheur brillant dans ses yeux. Il avait un petit ami. Et c’était Tom. Et il venait tout juste de réaliser qu’il était amoureux d’un garçon, qu’il connaissait depuis presque deux ans. Il devait avoir un problème, pour ne pas s’en être rendu compte avant. Après tout, lui aussi faisait des rêves érotiques sur Tom.

[…]

Les quais de gare. Bill leur avait toujours conféré un univers romanesque. Ils étaient le théâtre de tellement de scènes intenses. Des retrouvailles passionnées aux départs larmoyants, c’était un lieu grouillant de vie.

Enfermé dans sa bulle, attendant son amoureux, le monde l'entourant lui semblait flou, parfois accéléré, parfois ralenti, lui faisant tourner la tête comme dans les carrousel de sa jeunesse, avec leurs chevaux de bois et leurs couleurs passées. Assis par terre contre un mur un peu sale, le brun contemplait la valse des talons résonnant sur le carrelage, se cognant contre sacs, valises, ou tout autre objet à terre. Pour un peu, on aurait même pu lui marcher dessus. Après tout, il était un également objet à terre. Mais heureusement, par un concours de circonstance tout de même très étrange, personne ne l'approchait de vraiment très près. Comment les gens pouvaient-ils trébucher contre les valises, se cogner les épaules, voire même se rentrer les uns dans les autres, et réussir à l'éviter lui ? C’était un mystère qu’il ne s’expliquait pas, et pour tout dire, il préférait cela. Se faire piétiner par une foule d’inconnus n’était pas vraiment ce qu’il souhaitait, surtout avant que Tom ne débarque à Berlin. Il fallait qu’il reste présentable. Son maquillage léger et ses cheveux lisses mettaient son doux visage en valeur, et il aurait été grandement dommage de briser cette perfection.

Bill finit par jeter un coup d’œil à sa montre, et se redressa. Le train de Tom ne devrait pas tarder à arriver, et il tenait absolument à l’accueillir directement dès sa descente du wagon. Il se sentait terriblement angoissé, un nœud lui tordait l’estomac et une grosse boule douloureuse s’était logée dans sa gorge. Il avait à la fois envie de rester collé au plus près du bord du quai et à la fois envie de partir en courant, rentrer chez lui et se cacher sous sa couette. Ses mains tremblaient, nerveux et impatient, il souhaitait juste une chose, que tout soit terminé. Qu’enfin Tom soit avec lui.

Un frisson parcourut son dos, lorsqu’il entendit l’annonce prédisant l’arrivée du train qui amènerait Tom près de lui. Son regard se fixa loin sur les rails, tentant de distinguer un petit point annonciateur de l’arrivée du véhicule, et comme si, de la seule force de sa pensée, il pouvait le faire arriver plus vite. Enfin, un grondement sourd retentit, et le train apparut au bout des rails. Il finit par ralentir doucement, jusqu’à finalement s’arrêter totalement. Les portes s’ouvrirent et les premiers voyageurs descendirent, trainait sacs et valises. Bill laissait son regard voyager d’un bout à l’autre du quai, cherchant son ami des yeux. Tout de même, il était reconnaissable, avec ses longues dreads lui tombant dans le dos. Il ne pouvait pas le rater, c’était impossible. Et pourtant, personne ne ressemblant à Tom ne descendait du train. Le brun attendit de longues minutes, observant les autres voyageurs quitter seuls la gare, ou retrouvant les proches qui les attendaient.

Peu à peu, la cohue s’amenuisait, le train était totalement vide, et toujours personne à l’horizon. Le brun resta seul sur le quai, attendant un peu. Peut-être Tom était-il entré à l’intérieur de la gare, parce qu’il ne l’avait pas vu en descendant du train ? Bill attendait, le rechercher dans le bâtiment était mission impossible, il valait mieux rester au même endroit, au point de rendez-vous convenu. Tom finirait bien par revenir.

« Le train va repartir vous savez… »

Bill leva un regard confus vers l’homme qui lui avait adressé la parole, et remarqua alors un contrôleur debout à ses côtés.

« Je… merci… Vous ne savez pas si un autre train en provenance d’Hamburg arrive aujourd’hui ?

- Non, c’était le dernier. »

Le brun remercia à nouveau l’homme, et entra dans la gare. Peut-être finalement retrouverait-il Tom à l’intérieur ? Il explora les différentes boutiques et les différents cafés qui peuplaient la gare, mais personne ne ressemblant à Tom ne semblait être là. Bill se décida alors à sortir son téléphone de sa poche. Pourquoi n’avait-il pas pensé à téléphoner avant ? La bulle d’espoir qui s’était ancrée en lui éclata, quand il tomba sur la messagerie de l’autre garçon.

Tom, c’est moi. Pourquoi tu n’es pas là ? Ecoute, je vais rentrer chez moi, appelle moi si t’es à Berlin. Appelle-moi-même si tu n’y es pas. Ou envoie moi un message ou n’importe quoi d’accord ?

Il raccrocha, le cœur lourd. Il n’avait plus qu’à rentrer chez lui, seul.

Les quais de gare. Bill leur avait toujours conféré un univers romanesque. Il n’aurait jamais pensé y connaître l’abandon.

[…]

Depuis des semaines, Bill n’avait aucunes nouvelles de son amoureux. Tom n’était jamais venu à Berlin. Le brun avait tenté de lui téléphoner un nombre incalculable de fois, ce jour là, mais Tom n’avait jamais répondu. Il était retourné à la gare, le lendemain, le surlendemain aussi. Mais rien. C’était comme si Tom n’avait jamais existé, n’avait jamais prévu de venir lui rendre visite.

Bill était resté des jours, comme ça, contemplant simplement le dernier message que Tom lui avait envoyé. Un dernier sms, juste avant qu’il ne prenne sa voiture pour se rendre à la gare.

Je pars pour la gare. J’arrive très bientôt. A très vite. Je t’aime mon cœur (aha, tu as toujours peur n’est-ce pas)

C’était devenu comme une plaisanterie entre eux, depuis leur conversation mettant au point leurs sentiments. Tom finissait très souvent leurs discussions comme ça « je t’aime mon cœur… Je t’ai fait peur hein ». Au début, Bill pensait justement que c’était le moyen pour Tom d’exprimer ses sentiments, avec un petit surnom tendre et des mots doux, parce que ce n’était pas dans ses habitudes de parler de ça autrement. Après tout, même s’ils étaient amoureux, rien n’avait changé dans leur relation. Ils parlaient toujours autant, s’envoyaient de longues lettres, se téléphonaient, pour parler de tout et rien. Bien plus souvent de rien, d’ailleurs. C’était eux, tout simplement, et rien n’avait changé. La seule nouveauté finalement, c’eut été le contact physique qu’il aurait pu y avoir, s’ils avaient été proches l’un de l’autre. Mais en attendant août, tout était resté semblable. Quelques « je t’aime » parfois, s’immisçaient dans leurs conversation, quelques mots d’amour et quelques « et si… » « quand on se verra… », qui prenaient une toute autre dimension, maintenant qu’ils s’aimaient. Mais tout ça, les jolies paroles et les espoirs grandissants avaient été réduit à néant, par l’absence de Tom.

Bill l’avait cherché, longtemps, pendant des jours, essayant de lui téléphoner, de le contacter sur msn, lui envoyant des e-mails, lui envoyant de réelles lettres. Mais le vide était total. Tom n’était nulle part, injoignable, n’écrivant plus, ne téléphonant plus.

Bill avait pleuré, longtemps, des journées entières, en se demandant pourquoi Tom l’avait abandonné. Il avait cherché à comprendre, par tous les moyens. Il ne demandait pas grand-chose après tout, juste de savoir pourquoi, pourquoi Tom l’avait laissé seul, alors que c’était lui, qui avait dit en premier qu’il était amoureux. Bill ne cherchait rien d’autre qu’une explication, tant pis si Tom ne voulait plus de lui. Mais il n’avait pas à le laisser comme ça, désespéré, sans un mot. Un simple message expliquant son geste, même pas une conversation téléphonique, s’il ne voulait plus de lui. Mais une explication, rien d’autre, un pourquoi, parce que Bill ne comprenait pas. Il pleurait sans cesse, resté seul dans sa grande maison, ses parents partis, ses amis en vacances, avec pour seule compagnie son cœur déchiré et son manque de Tom. Tom qui aurait du être là avec lui, riant de tout, discutant de rien, ils auraient du être là, tous les deux, s’embrassant, se promenant dans la rue, juste en se tenant la main, les doigts à peine enlacés, faisant l’amour peut-être, Bill n’avait pas tellement réfléchi à tout ça. «  J’aviserais », alors Bill était resté à attendre, simplement, attendre de découvrir de quelle façon Tom allait aviser. Après tout, c’était lui qui l’avait débuté, cette histoire d’amoureux.

Bill passa le reste de l’été ainsi, à attendre Tom, sans espoir, mais tout de même, pourquoi pas, il répondra bien un jour, avec tous les messages qu’il lui laissait. Il avait l’impression d’harceler Tom, c’était un peu ce qu’il faisait d’ailleurs, mais tout de même, il ne demandait presque rien, une toute petite explication à ce geste inattendu, comme une froissure dans son cœur.

Mais le mois passait, et rien rien rien, Bill consultait ses messages, son téléphone, plusieurs fois par jours, des centaines peut-être, espérant, toujours déçu, mais ne renonçant pas, ce n’était pas normal, Tom l’aimait n’est-ce pas ? Il lui l’avait dit, tant de fois « je t’aime mon cœur » et peut-être qu’il regrettait, mais ce que Bill regrettait surtout, c’était de ne pas lui avoir répondu, répondu autre chose que « moi aussi » parfois un « je t’aime aussi » mais rien d’autre et pourtant, Tom l’était devenu, son cœur.

Le mois passait, et Bill attendait, attendait que le mois passe. Dormant, à peine, somnolant dans la journée, se lavant, quand même, s’habillant, et que faire d’autre ? Attendre, le retour de ses parents, la reprise de la fac, même si, ce n’était plus intéressant, sans Tom à qui raconter ses journées. Manger, aussi, un peu, ce qui voulait bien passer la barrière de sa gorge nouée, pas grand-chose, un yaourt de temps en temps, et encore, si son estomac ne se décidait pas à se croire sur un manège de montagne russe. Tom adorait les montagnes russes, il lui l’avait dit un jour « j’adorerais louer un parc d’attraction uniquement pour moi, ne pas attendre pour aller dans les manèges, et monter autant de fois que je veux dans les montagnes russes, j’adore ce truc, je te l’ai déjà dit ? » et oui, Tom lui l’avait déjà dit, mais ce n’était pas grave, bien souvent ils se racontaient les mêmes trucs, mais c’était toujours intéressant, parce que c’était la vie de Tom, et que Tom passionnait Bill, et l’inverse était valable, ou peut-être pas finalement, parce que si Bill avait intéressé Tom, alors Tom serait avec lui, il ne l’aurait pas laissé seul sur un quai de gare, en plein soleil, alors que Bill détestait le soleil, la chaleur le rendait malade, et Tom le savait pourtant, mais il devait s’en ficher, puisqu’il n’était pas venu.

Les amis de Bill revinrent de  vacances, mais pas ses parents « tu comprends on profite, on n’a pas vraiment d’obligations pour rentrer dès maintenant, tu vas bien, tu es capable de te débrouiller seul ? », et oui, Bill allait bien après tout, pourquoi ça n’irait pas, non Tom n’était pas venu, mais ce n’était pas grave il avait eu un empêchement, répondit Bill, d’une petite voix brisée, mais ses parents ne firent pas attention, parce qu’ils étaient trop pris dans leurs vacances, ils n’en avaient pas eu depuis tellement longtemps.

De toute façon, les cours reprenaient, alors Bill se rendit à l’université, c’était sa dernière année, c’était important, et tiens, Tom aussi devait être retourné en cours, mais Bill s’en fichait maintenant, Tom pouvait bien faire ce qu’il voulait, il ne voulait plus le voir, jamais, plus lui parler, et ses amis demandaient pourquoi, et « pourquoi Tom n’est pas venu te voir, il t’avais pourtant confirmé, non ? » et oui, Bill sortait son portable, montrait le dernier message qu’il avait reçu de son amoureux, qui ne l’était plus en fait, et ça faisait mal quand même, juste un petit pincement dans le cœur, juste au milieu, mais non, ce n’était pas pour ça qu’il avait mal. Et comme Bill s’en fichait, alors il demanda à Gustav d’effacer le message, et le numéro de Tom aussi, tant qu’on y est, de toute façon il n’y en a plus l’utilité. Et Gustav était le meilleur ami de Bill, alors il effaça, sans rien demander de plus, parce que Bill ne répondait pas, les yeux toujours dans le vague, faisant mine de s’intéresser à ce qui l’entourait, mais ses yeux étaient éteint, son sourire inexistant, et Bill ne mangeait toujours pas, Bill ne venait presque plus en cours non plus, il n’avait pas la force, et pourtant il allait bien, Bill jurait, franchement ce n’était pas la peine de s’inquiéter.

Il ne fallait pas s’inquiéter, parce que Bill allait bien vraiment, et pourquoi est-ce que Gustav pensait que c’était la faute de Tom, et qui est Tom de toute façon ? Ah oui, mais non, ce garçon n’avait jamais existé dans le monde de Bill, où s’il avait existé, il ne devait pas être important, parce que Bill s’en fichait, il l’avait oublié, et OUI OUI il allait bien, de quoi se mêlait Gustav ? Ce n’était pas sa vie, Bill ne mangeait pas parce qu’il n’avait pas faim, et les cours ne l’intéressaient pas, c’était une erreur cette faculté d’histoire finalement, et s’en rendre compte en troisième année, c’était con, c’était deux ans de perdu, tant pis.

Mais Gustav voyait bien que Bill n’allait pas bien, tout le monde s’en était rendu compte, même ses parents, alors discrètement, avant d’effacer le numéro de Tom du téléphone portable de Bill, Gustav avait noté le numéro, pour chercher à comprendre, pourquoi Tom s’était moqué de son ami, on n’avait pas idée de se jouer ainsi des gens, de les briser autant, de leur enlever la vie, même si Bill n’était pas mort, c’était tout comme, et Gustav voulait savoir, parce qu’on ne faisait pas souffrir son meilleur ami impunément, mais lui non plus ne reçut jamais de réponses. Alors Gustav en conclut que peut-être ce n’était pas plus mal, Tom ne devait pas être un garçon assez bien pour Bill de toute façon, parce que Bill était génial, et il méritait tellement mieux, tellement tout, il méritait d’être heureux « alors s’il te plait, oublie le, mange, reviens-moi je déteste te voir comme ça » alors Bill promit, parce qu’il avait avoué à Gustav que finalement, il avait menti, non il n’allait pas bien, il n’arrivait pas à oublier Tom, mais la promesse était faite, alors Bill fit des efforts, Gustav le surveillait un peu, mais c’était compliqué, surtout de revenir en cours, parce que la seule chose qui occupait l’esprit de Bill, c’était Tom, et même en y mettant toute sa volonté, Tom restait dans un coin de sa tête, il n’arrivait pas à s’en débarrasser, peut-être qu’il ne voulait pas vraiment finalement, il relisait les lettres de Tom et leurs conversations régulièrement, parce qu’il aimait Tom, même si ça faisait mal, et peut-être qu’un jour, quand même, Tom reprendrait contact. Alors Bill pardonnerait, ou peut-être pas, il faudrait en discuter, mais pour le moment, Bill s’efforçait de manger, et de venir en cours, une fois par semaine, de toute façon Gustav l’aidait à rattraper alors il ne fallait pas s’inquiéter.

[…]

La sonnette retentit dans la maison toute entière. Bill traversa le salon en trainant des pieds et ouvrit la porte, un air peu engageant sur le visage. Devant lui, frottant ses mains et un nuage de buée sortant de sa bouche, se trouvait un garçon aux cheveux blonds décolorés. Un sac rouge reposait à ses pieds.

« Nous ne sommes pas intéressés. »

La surprise s’étala sur le visage du blond.

« Je vous demande pardon ?

- Je vous ai dit que nous n’étions pas intéressés. Le froid a gelé votre cerveau, ou vous n’en avez jamais eu ? »

Bill dévisageait son interlocuteur, quelque peu méprisant.

« Vous voulez nous vendre quoi ? Nous n’avons pas besoin de livres, nous ne souhaitons pas voir la lumière et encore moins changer de fournisseur de gaz. Vous pouvez partir. »

Le brun referma la porte sur le visage toujours plus qu’étonné du décoloré. Un second coup de sonnette retentit et Bill ouvrit brusquement la porte. Avant qu’il n’ait pu prononcer un seul mot, l’autre prit la parole.

« Tu es Bill n’est-ce pas ? Je ne veux rien vendre, je veux simplement te parler. Je m’appelle Andreas, je viens d’Hamburg. Je suis un ami de Tom. »

Andreas éternua soudain très violemment. Il sortit un mouchoir de sa poche et l’utilisa, avant de reprendre la parole.

« Je suis navré, je suis allergique au sapin, et ta haie en est remplie. Tu me permets d’entrer ? »

Sur le pas de la porte, Bill était resté figé à l’entente du nom de Tom. Qu’est-ce que ce mec venait faire chez lui, s’il était un ami de celui qui l’avait laissé sans nouvelles pendant des mois ? Le brun s’écarta, laissant passer le jeune homme frigorifié.

« Entre, on a un sapin à l’intérieur, mais il est artificiel, ça devrait aller. Alors, t’es un ami de Tom ? Tu fais quoi par ici ? Tu voulais me voir ? Attends, donne moi ta veste ! Tu veux boire un truc chaud ? Ou tu veux un truc froid, je sais pas ? »

Bill débitait un flot de paroles à toute allure, intérieurement chamboulé par l’annonce d’Andreas. Celui-ci posa sa main sur l’avant-bras du brun, essayant d’attirer son attention, et de le calmer par la même occasion.

« Respire mec, tu vas t’essouffler ! Heu… c’est normal le sapin en plein mois de novembre ? Vous vous y prenez tôt pour fêter Noël ! »

Andreas venait de poser les yeux sur le sapin artificiel, qui reposait dans un coin près de la cheminée.

« Oh ça… Non, mais c’est parce que c’est chiant de toujours le ranger et le sortir d’une année sur l’autre. Alors on le laisse dans un coin de la pièce et on le décore en décembre. Bref… on s’en fiche un peu, du sapin non ?

- Hm… si quand même.

- Ouais donc… Tom ? Qu’est-ce qu’il me veut ? C’est genre « oh tiens, si je reprenais contact avec un vieil ami – mon petit ami en fait – après l’avoir laissé des mois sans nouvelles ? Ca va être fun et je vais même envoyer un pote à ma place, c’est plus drôle ». Il peut pas venir lui-même, s’il a des choses à me dire ?

- Ben… Non il peut pas justement. Crois-moi, s’il avait pu venir, il serait là. Il t’aurait même pas laissé sans nouvelles à vrai dire. T’as un endroit où on peut s’assoir, que je te raconte l’histoire ? Je préfère éviter que tu sois debout quand je t’expliquerais la chose.

- T’es bizarre comme mec. »

Andreas dévisagea Bill. Le brun ne rangeait pas son sapin de noël de toute l’année, et c’était lui, le garçon curieux ? Il devait y avoir des substances étranges dans l’air de cette maison…

« Nan mais ouais, on peut s’assoir sur le canapé. Je vais préparer du café ?

- Pourquoi pas oui… ça pourra être utile, murmura le blond, tandis que Bill se dirigeait vers la cuisine.

Andreas s’installa sur le magnifique canapé en cuir couleur crème, et observa l’environnement tout autour de lui. Les murs étaient recouverts d’une jolie tapisserie de couleur claire, ce qui illuminait la pièce. Les meubles et le rebord de la cheminée étaient faits de bois sombre, contrastant avec les murs et réchauffant l’atmosphère. Une étagère pleine de livres était posée contre un mur, et une autre remplie de DVD la jouxtait. C’était une pièce où il faisait bon vivre, comme en témoignait les nombreux portraits de famille accrochés aux murs ou posés sur les meubles.

En regardant toutes les photos, Andreas voyait Bill grandir, et il compris même à partir de quand le brun avait cessé de recevoir des nouvelles de son ami. Sur certains clichés, Bill avait la même coiffure, à peu près le même visage, prouvant qu’ils s’agissait d’images récentes. Pourtant, le garçon brun n’était plus tout à fait le même. Il souriait largement sur les photos, des étincelles de bonheur dans les yeux. Depuis son arrivée, le blond n’avait pas vu une seule fois Bill sourire, et son regard était éteint. Mais ce qui frappait le plus, c’était la perte de poids intense dont était victime le brun. Sur les photographies déjà, il n’était pas bien épais, mais dans la réalité, le garçon était terriblement maigre. Ses joues étaient creusées, et ses articulations si fines qu’Andreas se demandait comment il pouvait encore tenir debout. Tom serait effondré s’il voyait à quoi ressemblait dorénavant son petit ami.

Bill revint de la cuisine, un lourd plateau entre les mains. Deux tasses pleines, un sucrier, une brique de lait et deux petites cuillères trônaient au-dessus. Les poignets de Bill semblaient si fragiles, prêts à se briser, alors qu’il déposait le plateau sur la table basse face au canapé.

« Alors heu… Andreas ? Pourquoi Tom n’a pas pu venir me voir lui-même, comme le grand garçon qu’il est ? »

Bill ne faisait pas dans la dentelle, Andreas savait au moins à quoi s’en tenir. Il prit finalement la parole.

« Tu promets de ne pas m’interrompre ? C’est long et compliqué. »

- Ouais bon, « il était une fois blablabla, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » ? Si c’est ça, je ne crois pas que j’ai envie de l’entendre.

- Si seulement c’était ce qui s’était passé… Ce serait tellement plus simple, soupira le blond.

Bill le regarda, outré.

«  Quoi ? Non mais en fait, c’est grave ce qu’il s’est passé. Je raconte et tu te tais ! » continua le garçon.

Bill referma la bouche aussi sec. Et alors, Andreas raconta.

«  Tom a eu un accident de voiture. Grave, très grave. Apparemment, il était en route pour la gare, et sur l’autoroute, il a percuté la glissière de sécurité. On ne sait pas trop ce qu’il s’est réellement passé, sûrement une voiture qui s’est rabattue brusquement devant lui. Tom a perdu le contrôle de son véhicule, il a heurté violemment la barrière de sécurité, et sa voiture est passée par-dessus. Il s’est retrouvé sur le toit. Et il est resté presque une heure comme ça, le temps que l’accident soit signalé et que les secours arrivent. Les pompiers ont dû le désincarcérer. »

La voix d’Andreas se brisa et un énorme sanglot le fit tourner la tête vers Bill. Le brun était enfoncé dans le canapé tout contre l’accoudoir, replié sur lui-même comme s’il venait de recevoir un coup de poing dans l’estomac. Son visage était trempé de larmes, qui coulaient sans discontinuer de ses yeux rougis. Il tentait de refouler de gros sanglots, et réussissait avec peine. Andreas s’approcha lentement de lui, comme pour ne pas l’effrayer, et posa une main sur le genou droit de Bill.

« Par miracle, il n’a presque pas été blessé. On ne sait pas comment ça se fait, mais il n’a eu qu’un bras cassé. Il a été transféré de toute urgence à l’hôpital, parce qu’il était inconscient. Mais là encore, il n’est resté qu’à peine une semaine dans le coma. Faut pas croire, il est solide comme mec, Tom. »

Un léger sourire apparut sur les lèvres de Bill à l’entente de cette phrase.

« Ce qui est plus inquiétant par contre, c’est qu’il a perdu de nombreux souvenirs. Toute une partie de sa vie a totalement disparue de son esprit.

- Tu veux dire qu’il est amnésique ?

- Oui, mais il n’a pas tout oublié. Il se souvient bien de sa famille, de ses amis, de son enfance… Mais tous ses souvenirs et tous les évènements récents ont disparu de sa mémoire. Il ne se souvient pas de l’accident, il n’a aucune idée de la raison pour laquelle il se trouvait à cet endroit le jour où c’est arrivé. Les deux dernières années sont totalement absentes de sa tête.

- Tu… Je… Il ne se rappelle pas de moi alors ? demanda Bill d’une toute petite voix. Il ne sait pas qu’il devait venir me voir et passer les vacances chez moi ? Il n’a plus aucune idée qu’il avait un copain, qu’il sortait avec moi ?

- Je suis désolé. Mais non. Il a vu de nombreux spécialistes, il travaille avec des psychologues, pour essayer de ramener  ces dernières années à la surface. Mais personne ne sait combien de temps ça prendra, ni même s’il se souviendra un jour de ces moments là. »

Bill ne put se retenir, et éclata en longs sanglots douloureux. Il hoquetait bruyamment et tremblait de tout son corps. Voyant cela, Andreas se leva doucement et partit à la cuisine, après avoir pressé l’épaule du garçon en pleurs. Le blond décoloré revint presque aussitôt, un verre d’eau fraiche à la main, qu’il déposa devant le brun.

« Tiens bois, ça te fera du bien. »

Bill attrapa le verre reposant sur la table basse, aux côtés de leurs cafés maintenant froids, et tenta de le porter à ses lèvres. Il tremblait tellement qu’il lui fut impossible d’accomplir ce simple geste. Andreas lui enleva le verre des mains, et l’approcha de la bouche de Bill.

« Voilà, doucement. »

Le brun avala quelques gorgées du liquide clair, et se sentit un peu mieux.

« Merci. Désolé de faire ma crise devant toi. 

- Je comprends, c’est normal. Je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu plus tôt.

- Je… c’est pas grave, il fallait que tu restes avec lui. Mais j’ai été tellement horrible pendant ces quatre mois. Tu n’imagines même pas ce que j’ai pu penser de lui. Ce que j’ai raconté sur lui à mes amis. Tu n’as aucune espèce d’idée de ce pour quoi je l’ai fait passer. J’ai été totalement ignoble, alors que rien n’était de sa faute. Je n’ai même pas cherché à comprendre ce qu’il s’était passé, je l’ai accablé de tous les maux alors qu’il était dans le coma, et qu’ensuite, il ne se rappelait même pas de moi. Je suis tellement désolé.

- Hey, calme toi. De ce que je sais, tu as cherché à savoir ce qu’il se passait. Et plutôt deux fois qu’une, si j’en juge le nombre d’e-mails que tu lui as envoyé. Tu n’as strictement rien à te reprocher, je pense que la plupart des gens auraient réagi de la même manière. Tu t’es senti abandonné et tu lui en veux, c’est compréhensible.

- Je sais pas… Merci d’essayer de me remonter le moral, mais je me sens toujours minable. Comment tu sais pour les mails, au fait ?

- J’ai fouillé. »

Andreas dit ça d’une façon tellement détachée que Bill ouvrit de grands yeux, presque choqué.

«  Ben quoi ? Attends que je t’explique pourquoi j’ai fait ça. Est-ce que ça te dérangerais de retourner faire du café, je crois que ça nous remettrais de nos émotions. Ca va mieux ? Tu peux te lever ? J’y vais sinon…

- Non non, reste là, je te remercie. Je peux y aller tout seul. »

Bill se leva, et malgré tout, Andreas le suivit. La discussion reprit autour de la table de la cuisine, tandis que le café passait.

«  Alors tu as fouillé les messages de Tom ? Tu le fais souvent ? »

Un léger rire échappa au blond, alors que Bill posait une tasse de café devant chacun d’eux.

«  Non, je ne le fais pas en temps normal. Mais il fallait bien te retrouver, n’est-ce pas ? »

Un petit « oh » de surprise s’échappa de la bouche du brun.

«  Oui hein. Je sais que j’ai mis beaucoup de temps avant de te contacter, mais j’avais d’autres priorités. Désolé, ajouta Andreas, semblant se rendre compte de ce qu’il disait.

- T’inquiète pas, je comprends. Tu voulais être sur que Tom aille bien avant de venir ici.

- Oui. Et bon… il a fallu que je me souvienne de toi aussi. Andreas leva les yeux au ciel. Pardon, je m’exprime mal. »

Bill lui sourit doucement, et hocha la tête, lui faisant signe que ce n’était pas grave.

« J’étais tellement inquiet pour Tom que je ne me préoccupait plus tellement du reste. C’est quand on s’est demandé la raison pour laquelle il se trouvait sur l’autoroute que ça m’est revenu. Il devait partir en vacances chez son copain. Il me parlait tout le temps de toi, tu sais… Je ne l’avais jamais vu aussi amoureux de quelqu’un avant toi. Et pourtant, il ne t’avait encore jamais vu. C’était dingue, lui qui ne croyait pas aux relations durables, et encore moins aux relations virtuelles.

- Je sais, on en avait parlé plus d’une fois. Mais du coup, comment tu m’as retrouvé ?

- Ben je t’ai dit, j’ai fouillé dans ses messages. Une fois que je me suis rappelé qu’il devait venir te voir, j’ai cherché un peu partout pour trouver une trace de ton existence. Son téléphone portable, c’était pas possible, il a été complètement brisé dans l’accident, totalement irréparable. Du coup, j’ai cherché ailleurs. J’ai trouvé les lettres que tu lui as envoyé, mais tu n’as jamais noté ton adresse sur l’enveloppe. Tu devrais le faire, tu sais, ça pourrait être drôlement pratique. Et je n’ai pas ouvert les lettres, je ne les ai pas lues. Donc je ne sais pas si tu avais écrit ton adresse dans l’une d’elles.

- Non, je lui l’avais donné en direct sur MSN, j’ai jamais eu besoin de la réécrire ailleurs.

- Je sais. Du coup, j’ai exploré dans son ordinateur. Rien dans les mails, j’ai cru désespérer. Genre vous vous envoyiez jamais de mails ? T’imagines si tu lui l’avais donnée au téléphone ?

- Ben non, y’avait pas tellement besoin, qu’on s’écrive par mails… Mais… tu connais le mot de passe qu’utilise Tom ? Super la confidentialité.

- Oh allez, c’est pas comme s’il me cachait des choses. Bien sur que je connais son mot de passe, il se sert du même partout depuis cinq ans. Donc, pas d’adresse dans les e-mails, je me suis attaqué aux historiques de conversations. Ce que vous pouvez être bavards, c’est dingue. Ralentissez la cadence, vos discussions durent des heures. Le bordel pour retrouver où t’habitait sans trop lire ce que vous vous racontiez. Ca m’a pris au moins quinze jours, même avec la fonction recherche ! Et comme je ne connaissais pas ton nom de famille à l’époque, je n’ai même pas pu m’en servir pour trouver plus vite. Et puis un jour, après de longues heures à suer sang et eau, à explorer un an de conversations interminables, j’ai vaincu ! Je t’avais retrouvé, j’avais ton nom et ton adresse. Après, il a fallu organiser le voyage, mais surtout, attendre de voir si Tom n’allait pas mieux. Si ses souvenirs lui revenaient, je n’aurais pas eu à venir ici, il se serait expliqué lui-même. Donc voilà pourquoi j’ai mis longtemps à prendre contact avec toi. Et je voulais t’expliquer les choses face à face, plutôt que t’envoyer un mail impersonnel.

- Surtout que je ne t’aurais peut-être pas cru, si tu m’avais envoyé un message. Et merci de t’être donné tant de mal pour me trouver et me donner une explication. Ca me touche vraiment.

- C’est normal. Tu es le garçon dont est amoureux mon meilleur ami. C’était important que tu saches les choses, et que tu saches que Tom ne t’avais pas abandonné volontairement.

- Et… heu… tu crois que je pourrais venir avec toi pour le voir, quand tu rentreras à Hamburg ? Tu repars quand au fait ?

- Bien sur que tu peux venir. J’espérais que tu me le demandes, d’ailleurs. Pour mon retour, je n’ai rien de fixé, c’était en fonction de toi, si tu m’écoutais ou non. Si ça avait été non, je t’aurais harcelé jusqu’à ce que tu cèdes. »

Les deux jeunes hommes rirent franchement, terminant leurs boissons.

« Sinon, tu as prévu de dormir où ? J’ai vu que tu avais un sac.

- Je sais pas, je vais trouver un hôtel pas trop cher, ça doit bien exister à Berlin.

- Reste ici, ça sera bien plus pratique. Et mes parents sont absents pour toute la semaine, tu ne dérangeras personne. Je vais te préparer la chambre d’ami. Et si on part après-demain, c’est bon ? Le temps que je m’organise et que je prévienne mes parents.

- Après-demain, c’est parfait. Merci pour tout.

- Merci d’être venu me voir. J’espère que tout ira bien maintenant. »

Les deux garçons se sourirent, et s’organisèrent pour le court séjour d’Andreas chez Bill.

[…]

« Bienvenue à ma maison ! La grande et spacieuse et magnifique maison de moi ! » proclama Andreas, en écartant les bras.

Bill éclata de rire, observant l’appartement – ni très spacieux, ni magnifique – du blond. C’était un lieu accueillant, où la personnalité d’Andreas ressortait rien qu’en regardant la décoration.

« Viens, entre, pose tes affaires, nous partons pour la grande aventure dès que tu seras installé. Dès que tu auras mis ton sac dans la chambre, en fait. » précisa le décoloré.

Le brun ne pouvais s’empêcher de rire. En trois jours, les deux garçons s’étaient considérablement rapprochés, se liant d’amitié, et Andreas mettait un point d’honneur à faire rire Bill, éloignant ainsi l’inquiétude qui tiraillait constamment ce dernier.

Andreas guida son ami dans la pièce lui étant destiné et l’observa, appuyé au chambranle de la porte, tandis que Bill déposait ses affaires à l’intérieur de la chambre. Le blond sentait l’autre garçon nerveux et fébrile, comme s’il était à la fois impatient d’aller voir Tom, et totalement effrayé par cette idée.

« Alors, on y va ? 

- Je… Je sais pas, Andi. Je suis mort de trouille en fait. Je veux dire… il ne me connait pas, et moi je débarque « salut, je suis ton copain… enfin le mec qui te servait de copain avant ton accident », alors qu’il ne se rappelle de rien. Je ne suis plus très certain que c’était une bonne idée, de venir ici.

- Je comprends. Mais tout de même, on n’a pas fait tout ce voyage pour que tu abandonnes maintenant. Et on a parlé de toi à Tom, quand on cherchait à savoir de quoi il se souvenait. Et de toute façon, on l’a prévenu que tu viendrais le voir bientôt. Vous allez pouvoir refaire connaissance comme ça. En plus, je suis sur que tu meurs d’impatience de le voir en vrai.

- Oui, mais tout de même… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ?

- Tu aviseras. Attrape ton manteau, on est parti ! » s’exclama Andreas, saisissant ses clés sur le meuble de l’entrée.

Le blond referma la porte de son appartement, et une fois dans la rue, se dirigea vers sa voiture. Bill le suivait, tremblant comme une feuille. Une fois assis, le brun ne put empêcher ses jambes de tressauter nerveusement. Le conducteur posa une main sur son genou, appuyant doucement.

« Calme-toi, tout va bien se passer, je te promets. Je reste avec toi de toute façon, et si vraiment ça ne va pas, on rentrera. Et tu reviendras le voir une autre fois d’accord ? Tu me fais confiance ?

- D’accord. » répondit Bill, d’une toute petite voix à peine audible.

Il avait tellement peur, n’ayant pas la moindre idée de la façon dont la rencontre allait se passer. Bill était presque certain qu’il allait pleurer. Des larmes lui montaient déjà aux yeux. Le trajet semblait à la fois s’éterniser, et à la fois être très court. Lorsqu’Andreas se gara, Bill ne put empêcher un petit « déjà ? » effrayé sortir de sa bouche.

« Haut les cœurs, vaillant chevalier ! Entrons dans l’antre du dragon !

- T’es con » ne put s’empêcher de sourire Bill, d’un sourire un peu crispé, malgré tout.

Ils s’approchèrent de la porte d’une jolie maison, discernant des rires à l’intérieur. Andreas toqua, et ouvrit la porte lui-même, sans attendre de réponse. Bill distingua une masse mouvante qui s’écrasa contre son ami blond.

« Tu m’as manqué Andi. Franchement, me laisser trois jours seul avec Georg, c’est pas très malin. Il a failli m’écrire sur tout le corps. Tu sais que c’est sa passion, m’écrire dessus. Et toi, tu pars, tu m’abandonnes, sans personne pour me protéger. T’es franchement un ami indigne !

- Oh Tom, c’est bon, t’es capable de te défendre contre lui quand même. Et c’est pas comme si t’étais pas habitué… Bref, j’ai ramené un invité, alors si tu pouvais te décoller de moi pour que je te le présente, ça serait vachement bien. »

Bill, qui souriait en entendant Tom, sentit la panique revenir au galop dans tout son corps. Il était bien pourtant, caché derrière le dos d’Andreas, oublié de tous. Malgré tout, malgré les essais de Bill qui lui hurlait intérieurement de reste devant lui, le blond décoloré se décala, dévoilant sa présence aux occupants de la pièce.

« Voilà, je vous présente Bill, c’est lui que je suis allé chercher à Berlin. Bill, voici Tom, et l’autre sur le canapé, c’est Georg.

- Salut ! cria le jeune homme châtain aux cheveux mi-long, qui daigna lever les yeux de la partie de console qu’il était en train de disputer.

- Salut, bienvenue chez moi, ajouta Tom, s’avançant pour serrer franchement la main de Bill.

- Heu… merci. »

Bill s’avançant timidement vers le garçon à dreadlocks qui lui faisait face, attrapant doucement la main tendue vers lui. Son cœur cognait follement dans sa poitrine, il se sentait tremblant et devinait sa respiration haletante. Tom était enfin devant lui, en chair et en os, aussi beau que sur les photos qu’il lui avait envoyé. Le brun avait la gorge sèche, il se trouvait à court de mots, et humecta ses lèvres du bout de sa langue. L’ambiance s’était faite tendue, et Andreas débloqua la situation.

«  Come on boys, qui veut boire quelque chose ?

- Moi, je veux bien un verre d’eau, s’il te plait, murmura Bill, les yeux toujours fixés sur Tom.

- OK, je te prépare ça. »

Andreas se dirigea vers la cuisine, très vite suivi par Georg.

«  Tu veux t’assoir ? demanda Tom à Bill, désignant le canapé d’un vague geste de la main.

- Oui, merci. Je… heu… désolé, c’est un peu étrange tout ça, tu ne trouves pas ?

- C’est certain… Je suppose que je dois m’excuser. Tu sais, Andreas et Georg m’ont raconté. Et j’ai vu tes e-mails aussi. Je suis désolé, sincèrement.

- Non, ne t’excuse pas. C’est plutôt à toi de me pardonner, vu le contenu des messages que je t’ai envoyé. »

Tom sourit doucement au garçon brun assit à ses côtés, et balaya ses excuses d’un geste de la tête. Le silence était revenu entre eux, et Bill ne pouvait s’empêcher de détailler Tom, le dévorant des yeux.

- Tu m’as manqué. »

Bill ouvrit de grands yeux et plaqua ses mains contre sa bouche, horrifié par ce qu’il venait de laisser échapper. Tom ne put s’empêcher de rire légèrement.

« Tu sais, je voudrais pouvoir dire la même chose. Mais j’ai beau essayer encore et encore, c’est le vide total dans ma tête. Je me souvient super bien de plein de choses, mais uniquement des trucs qui se sont passés jusqu’à il y a deux ans. Pardon, je ne voulais pas te faire pleurer.

- C’est pas grave, sanglota Bill, on s’en fiche de moi. Mais c’est pour toi… deux ans de ta vie qui disparaissent d’un seul coup, ça doit être tellement horrible.

- Ben… pas vraiment pour moi. C’est plutôt pour les autres que c’est compliqué. Parfois, ils parlent de trucs qu’on a fait ensemble, mais je ne m’en rappelle pas. Moi, c’est comme si je reprenais ma vie d’il y a deux ans tu vois, je ne m’en rends pas tellement compte. »

Tout à leur discussion, Bill et Tom n’avaient pas vu les deux autres garçons revenir de la cuisine. Ceux-ci les observaient, secrètement ravis de voir qu’ils discutaient assez naturellement, malgré le fait qu’ils n’étaient que des inconnus l’un pour l’autre.

« Bon ben on va vous laisser un peu, Georg voudrait me montrer quelque chose de super important. Je repasse te chercher plus tard, Bill.

- Ouais ouais, c’est ça, allez prendre l’air, vous nous empêchez de parler là. » rit Tom.

Andreas et Georg sortirent de la maison, tout en plaisantant, accompagné du rire de leur ami aux dreadlocks.

- Wow, super discrète, la tentative de diversion. Style ils ont des trucs à voir… C’est plutôt qu’ils voulaient nous laisser seuls, et ils n’avaient pas envie de rester enfermés dans la cuisine. Et du coup, Andi ne t’as même pas ramené ton verre d’eau. Je vais aller te le chercher. »

Tom se leva, et Bill le suivit des yeux tendrement. C’était dingue, même si le blond ne se rappelait pas de lui, ils discutaient ensemble aisément. Rien ne pouvait faire plus plaisir au brun.

« Tiens, ton verre. Mais tu es sur que tu ne veux pas boire autre chose ? J’ai du jus de fruits, je peux préparer du café, si tu veux.

- Non, je te remercie, l’eau, c’est très bien. » répondit Bill en souriant. Tom s’inquiétait de son bien-être, c’était adorable, ne pouvait s’empêcher de penser le brun.

« Alors… heu…, Tom secoua la tête, embarrassé. Je ne sais même pas ce que te dire. C’est bizarre comme situation, le fait que toi tu me connaisses, et que moi, je ne sache rien de toi.

- Ben d’un côté, c’est genre… logique, vu ce qu’il s’est passé.

- Ouais… J’ai lu tes lettres tu sais, elles sont dans ma chambre. Et j’ai relu nos conversations aussi. Je me suis dit que peut-être, je me souviendrais de certains choses, ainsi. Mais ça n’a rien changé. Et ça me tue, si tu savais, de voir qu’on a vécu un truc génial, et de ne me rappeler de rien. C’est comme si je voyais la vie de quelqu’un d’autre, comme si j’étais hors de l’histoire, alors que c’est quand même moi qui ai écrit tout ça, qui t’ai raconté tant de choses. C’est comme pour les lettres… Je suppose que parfois, elles devaient répondre aux miennes, mais comme je n’ai aucune idée de ce que je t’ai écrit, je ne comprends pas grand-chose. Mais le pire de tout, je crois, c’est de savoir, d’avoir lu, que je t’aimais, et qu’il ne reste rien de tout ça. »

Ces mots firent mal à Bill, même s’il comprenait ce que voulais dire Tom. Après tout, comment aurait-il pu être encore amoureux de lui, alors qu’il ne le connaissait pas, ne le connaissait plus ? Le brun retint du mieux qu’il put les larmes qui lui étaient montées aux yeux et réussi à parler, malgré la boule de douleur qui lui obstruait la gorge.

« Je peux t’expliquer si tu veux, les choses que tu ne comprends pas, dans nos conversations. Je suis certain que je ne souviens de tout, ou presque. Et sinon, je ferais un effort de mémoire. »

Un pauvre sourire s’étala sur les lèvres de Bill, quand il repensa aux mots que Tom lui avait écrit dans sa toute première lettre.

« C’est vrai ? Mais tu sais, ça risque d’être super compliqué, il y a énormément de choses que je ne pige pas. Je ne veux surtout pas t’embêter. Mais quand même, j’espère bien me souvenir de tout ça un jour, et le plus tôt possible serait préférable. C’est pas toujours facile de vivre avec un trou noir dans la tête, même si je ne m’en rends pas compte la plupart du temps.

- Mais ça ne me dérange pas, puisque je te le propose ! Et puis très franchement, je veux que tu te rappelles de tout ce qu’on a pu se raconter, et dans quelles circonstances. Tu vois, je le fais un peu pour moi aussi.

- Ah ben merci, ce n’est pas juste ton immense bonté et ton altruisme désintéressé qui te poussent à m’aider ?

- Heu nan hein… Faut pas croire, je pense à moi aussi, de temps en temps. »

Tom tira la langue à Bill, et les deux garçons se mirent à rire de bon cœur.

« Tu vois, reprit Bill, on s’est super bien entendu dès la première fois, il n’y a pas de raisons que ça ne se passe pas aussi naturellement cette fois-ci. On est en bonne voie non ? Va donc chercher les enveloppes, le cours va commencer. »

Tom se leva, tout en décochant un regard et un sourire pleins d’étoiles au brun, qui illuminèrent le cœur et l’esprit de ce dernier.

Lorsqu’Andreas et Georg revinrent chez Tom quelques heures plus tard, ils trouvèrent les deux garçons toujours installés sur la canapé, entourés d’une multitudes de lettres éventrées, et plongés dans une discussion qui paraissait être très passionnante. Le décoloré regarda ses deux amis, attendri, et les observa quelques minutes. Il finit par se racler la gorge, attirant l’attention sur lui.

« Oh Andi, Georg… Désolé, on n’avait pas vu que vous étiez revenus. C’était bien votre truc ? Vous êtes allé voir quoi, au fait ?

- On avait remarqué hein, qu’on était transparents. Et oui, c’était bien, ce qu’on est allés voir. Et vous ? Tout c’est bien passé ? » répondit Andreas, occultant la dernière question de son ami.

- Ouais, Bill me raconte des trucs par rapport à ce qu’on s’est écrit, ça va peut-être m’aider. En tout cas, ça peut pas tellement me faire de mal. Vous restez dîner ici ?

- Heu… je préfère pas. On est venu directement ici après avoir déposé nos affaires à mon appart’. Bill n’a même pas eu le temps de s’installer, et si on reste, on risque de s’éterniser. Puis tu dois te reposer aussi, toi, dit le blond en fronçant les sourcils.

- Oui maman. Vous revenez demain de toute façon ?

- Bien sur, ne t’inquiète pas. On va venir tellement souvent le temps que Bill reste à Hamburg que tu ne nous supporteras même plus. »

Les quatre garçons se mirent à rire, et se saluèrent, Tom venant faire la bise à Bill, qui ne put s’empêcher de rougir légèrement.

Une fois à l’appartement d’Andreas, celui-ci s’enquit de la façon dont s’était passée la rencontre.

« Super bien, c’est dingue. C’est comme au tout début, on se parle directement très naturellement. Hey, mais je suis crevé en fait ! remarqua Bill, en baillant.

- Ouais, c’est ça… Dis plutôt que tu veux échapper à la conversation. Allez, va dormir, les émotions, ça épuise, et tu recommences demain. T’inquiète pas, je vais ranger ce qui traine. »

Bill déposa tout de même l’assiette qu’il avait à la main dans l’évier derrière lui, et alla dans sa chambre. Il se prépara pour la nuit, et s’endormit, la tête tout juste posée sur l’oreiller.

Les journées suivantes passèrent à une vitesse folle pour Bill. Tous les jours, il retournait chez Tom et Georg – il avait appris que les deux garçons vivaient en colocation, et au bout d’un certain temps passés en leurs compagnie, Andreas et Georg quittaient la maison, laissant les deux autres se retrouver et refaire connaissance. Bill parlait, encore et encore, racontait la façon dont ils s’étaient connus, éclaircissait certains points que Tom ne comprenait pas, répétait sans cesse les mêmes choses – parce que Tom adorait entendre certains passages de leur histoire commune. Ils rirent beaucoup, pleurèrent aussi un peu, parfois. Ils reconstruisaient lentement leur relation, pas tout à fait la même, mais pas tout à fait différente non plus. Et puis un jour…

«  Tu veux passer Noël chez moi ?

- Quoi ?

- Ben ouais, ça serait juste comme si tu avais décalé ta visite. Plutôt que d’être venu cet été, tu viens pour Noël . Ca serait sympa tu penses pas ?

- Heu…

- Ah nan mais Noël, c’est une fête familiale, tu veux sans doute la passer avec tes parents. C’était un peu idiot comme idée, pardon.

- Mais laisse moi parler un peu, soupira Tom. Moi, ça ne me dérange pas, je devais juste le passer ici avec Andreas et Georg. Mais toi ? C’est une fête de famille, comme tu viens de dire, tes parents ne seront sans doute pas d’accord que tu amènes quelqu’un avec toi.

- Mes parents sont absents pour Noël cette année. En fait, ils sont même absents pour le Nouvel An… mais je ne veux pas te forcer hein, tu fais ce que tu veux. Je comprendrais si tu veux rester ici avec Andi et Georg.

- D’accord.

- Quoi d’accord ? D’accord tu restes ici, ou d’accord tu viens à Berlin avec moi ?

- D’accord, je viens passer Noël chez toi. » répondit  Tom, un grand sourire ornant ses lèvres.

Il eu à peine de temps de réagir qu’il sentit un poids s’écraser contre lui. Il referma ses bras autour de Bill, en riant.

« Fais attention tu vas m’étouffer. Ce serait dommage que je sois indisponible pour Noël. Je l’ai été pendant trop longtemps, tu ne crois pas ?

- Si, pardon… acquiesça Bill, se reculant.

- Reviens là, j’ai pas dit non à un câlin. Mais préviens la prochaine fois que tu te jettes sur moi comme ça. »

Bill promit.

[…]

Tom était arrivé chez Bill depuis quelques jours déjà.  Il avait lentement mais surement pris possession des lieux, et c’était comme s’il avait toujours vécu là. La relation entre lui et Bill progressait elle aussi de façon intensive. Les deux garçons passaient des heures à discuter ensemble, tout comme avant, mais de manière directe. Ils n’étaient plus séparés par un écran d’ordinateur et des centaines de kilomètres. Ils reprenaient des discussions qu’ils avaient déjà eu, confrontant leurs points de vue et apportant de nouveaux arguments. Pour Bill, rien n’avait de sensation de déjà-vu, c’était comme s’il avait laissé leur histoire en suspens, et qu’ils la reprenaient après quelques jours d’arrêt, certes longs.

Décembre était arrivé et avec lui, le temps de revêtir le sapin de son habit de fête. Il trônait toujours fièrement près de la cheminée, et Bill et Tom étaient actuellement occupés à le décorer. Le reste de la maison avait été parée de différentes guirlandes et autres ornementations de Noël, deux chaussettes rouge et blanche pendaient au montant de la cheminée. Les rires illuminaient la pièce, tandis que les deux garçons tentaient d’accrocher l’étoile de Noël tout en haut du sapin. Les cheveux de Tom étaient entremêlés de fil d’or, des cheveux d’ange qui brillaient sous la lumière de la guirlande électrique. Bill s’était vu affublé d’un collier aux perles de plastique nacrées, enroulées autour de son cou.

«  Porte moi.

- Pardon ?

- Oui, porte moi. Tu vois bien qu’on n’arrive pas à atteindre le haut du sapin. Si tu me portes, j’y arriverais sans aucun problème. »

Tom souleva Bill dans ses bras, le levant du plus haut qu’il put. Le brun poussa un petit cri de surprise, ne s’attendant pas à ce que Tom le porte sans le prévenir avant. Il se dépêcha d’installer l’étoile, n’étant pas très assuré, bien qu’il ait toute confiance en Tom. Lorsque celui-ci le ramena vers le sol, Bill ne put s’empêcher d’enlacer le cou du dreadé de ses bras. Il plongea ses yeux dans les prunelles de Tom, le fixant intensivement. Ce dernier ouvrit la bouche et la referma à plusieurs reprises, comme s’il voulait parler, mais que les mots le fuyait.

« Je…

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Je… attends, viens par là. » murmura Tom, en entrainant Bill au sol.

Ils s’assirent sous le sapin, gardant leur regard dans celui de l’autre.

« Je… heu… » Tom inspira profondément. « Je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi. Voilà.

- Oh…

- Ouais… Fais ce que tu veux, maintenant. Au moins je te l’ai dit, je me sens soulagé.

- Tom ?

- Oui ?

- Je vais me jeter sur toi d’accord ? »

Avant qu’il n’ait eu le temps de reprendre ses esprit, Tom se retrouva avec Bill entre les bras, ses lèvres pressées contre les siennes et son corps serré contre le sien. Le brun s’écarta légèrement.

«  Je n’ai jamais cessé de t’aimer. »

Et à nouveau, Bill s’empara des lèvres du garçon qui était redevenu son petit ami.

Les jours suivants se déroulèrent dans une ambiance des plus joyeuse et des plus amoureuse. Les deux garçons avaient passé la nuit de Noël à faire l’amour, d’abord devant la cheminée, puis ensuite dans la chambre du brun, qui était finalement devenue leur chambre à tous les deux. Pendant la journée, les corps se frôlaient, les gestes se faisaient à la fois tendres et excitants. Ils apprenaient à connaitre le corps de l’autre dans les moindres recoins. Les doigts s’entrelaçaient, les mains caressaient parfois un torse, se risquant même parfois à effleurer un entrejambe. Ils se cherchaient, s’allumaient, faisaient l’amour dans toutes les pièces de la maison, n’importe où, n’importe comment. Ils se retrouvaient après s’être tant manqué.

La seule ombre au tableau de leur bonheur nouvellement acquis était les souvenirs égarés de Tom. Bill lui avait montré ses propres lettres, pensant que lire des mots qu’il avait lui-même écrit déclencherait peut-être la libération de l’esprit du blond. Mais jusqu’alors, rien ne s’était produit. Après tout, ce n’était peut-être pas si grave, ils s’étaient tout de même retrouvés, poussant leur relation bien plus loin que la première fois.

Un jour comme les autres, Tom et Bill étaient simplement installés sur le canapé, devant la télévision, le brun collé au torse de son amant. Une émission un peu idiote passait, les deux garçons la regardant sans vraiment la voir. Tom repoussa un peu Bill, cherchant à se lever.

« Je vais à la cuisine chercher à boire, tu veux quelque chose ?

- Un peu de thé glacé s’il te plait. »

Le thé glacé à la pêche était le péché mignon du brun. S’il avait pu, il n’aurait bu que ça. C’était comme une drogue pour lui. N’ayant plus d’autre distraction que les images à l’écran, Bill tourna son regard vers la télévision. L’émission se termina, et le brun changea de chaîne, mettant un peu de musique. Alors que le clip d’une chanson qu’il appréciait particulièrement débutait, il ne put s’empêcher de sautiller sur son canapé, toujours assis.

« Enfin je te vois faire. »

Bill se retourna vivement vers l’auteur de la phrase, ses yeux immensément ouverts.

« Je… QUOI ?

- Je viens de dire « enfin je te vois faire ». Qu’est ce qui ne va pas ? Ne t’avais-je pas dit que je voulais te regarder rebondir comme ça un jour ?

- Heu… si… mais c’était il y a longtemps. Tu te souviens ?

- Je me souviens, acquiesça Tom, un immense sourire illuminant son visage.

- Mais… comment ça se fait ? On a essayé tellement de choses, et là, rien qu’en me voyant faire n’importe quoi, tu te rappelles de tout ?

- Oui, je me rappelle de tout. D’absolument tout ! Tu n’as pas l’air très emballé…

- SI ! Bien sur que je le suis. C’est merveilleux Tom ! Mon Dieu, je suis si heureux. »

Et Tom reçut un boulet de canon entre ses bras, qu’il avait préalablement ouverts. Bill se jeta avec ardeur sur ses lèvres, l’embrassant comme il ne l’avait encore jamais fait, heureux de retrouver l’homme qu’il aimait de manière enfin totale.

La nouvelle année pointait son nez, les deux garçons étant blottis l’un contre l’autre sur l’immense canapé du brun. Ils avaient réveillonné de peu de choses, quelques toasts, une pizza et un gâteau. Deux coupes de champagne trônaient près d’eux, les lèvres plongeaient de temps en temps dans l’une d’entre elle. Minuit approchait à grand pas, les regards de Bill et Tom étaient rivés soit sur l’horloge, soit sur eux. Ils s’amusaient à enlacer et délacer leurs doigts, parlant doucement.

« Tu sais ce qu’on dit, quand vient la nouvelle année ?

- Non. Que dit-on ?

- Il paraît que lorsque l’on passe le nouvel an avec une personne, on reste avec elle toute l’année suivante.

- C’est vrai ? Tu crois que si on passe ce changement d’année en faisant l’amour, on reste avec l’autre toute sa vie ?

- Je ne sais pas. Tu veux essayer ? »

Et c’est ce qu’il firent.

FIN

merci d'avoir lu

 

 
     
     
 
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