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au 31 Mai 21 :
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Quand on parle du Loup...
Par SeanConneraille
Loup, y es-tu?  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
2 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 2     Les chapitres     15 Reviews    
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...il sort du trou.





-Pardon ? Tu n’arrives pas à te transformer ? s’étonna Ambroise.  


C’était la première fois que le vampire entendait une histoire pareille. Et pourtant on lui en avait raconté des vertes et des pas mûres tout au long de ces années… 


-Ouais, impossible, confirma Loup en haussant les épaules d’impuissance.  

-Ce n’est pas commun ça. Mais, je ne comprends pas vraiment… 

-Enfin, c’est même pas la transformation…c’est que la mutation prend pas du tout, expliqua le garçon d’un ton morne. J’ai déjà été mordu hein, mais pour une raison inconnue, ça marche pas. Du coup ça a pas plu à mon père qui m’a foutu à la porte, avoua le jeune homme en détournant le regard.  

-Oh. Je suis désolé, compatit le vampire.  

-Pas autant que moi, rétorqua amèrement Loup.   


Ambroise l’observa en silence. Le pauvre bougre lui faisait véritablement de la peine et connaissant le paternel, il avait dû déguster.

Un frisson lui remonta le long du dos.  

Lotojla Garou était vraiment un type effrayant.   


-Il souhaitait que tu reprennes la tête de la meute n’est-ce pas ? 

-Oui, acquiesça Loup. En fait il m’entraînait pour ça depuis que j’étais gosse. 

-Oh c’est pour cela que tu es si…et bien…si développé.   


Le garçon plongea vivement son regard dans le sien et Ambroise haussa un sourcil. 

Il n’avait rien dit de spécial…si ?  


-Mmh ouais, il voulait que je sois le meilleur partout, particulièrement dans les trucs physiques. 

-Cela n’a pas dû être facile tous les jours. 

-Oh, non détrompez-vous, le contredit Loup, ce n’était pas aussi horrible que ça. Bon ok, admit-il après le coup d’œil plus que sceptique d’Ambroise, y’a des jours où j’avais très envie de l’envoyer chier et de me casser, mais dans l’ensemble ça a été un bon père.  

-Mmh, il a changé alors.  

-C’est parce que vous n’avez dû le voir que pendant les combats. 

-Effectivement. 

-C’est vrai que quand il se bat il fait peur, mais en dehors de ça on a passé de bons moments. Il a toujours été très respectueux de ma mère et il s’est bien occupé de mes frères et sœurs. 

-Bien, bien, je te crois, je ne voulais en aucun cas t’offenser.  

-Ça va, y’a pas d’embrouille. Un des seuls trucs que je lui reproche vraiment, c’est de m’avoir toujours mis en concurrence avec mon petit frère. A cause de ça j’ai jamais réussi à m’entendre avec lui. Enfin bon, c’est trop tard maintenant de toute façon.  


Allons donc, voilà qu’il se mettait à raconter toute sa vie. Est-ce qu’Ambroise allait devoir lui faire un câlin aussi ?   


-Balivernes. Je n’en crois pas un mot. J’ai l’intime conviction que tu le reverras un jour ou l’autre et puis il n’est jamais trop tard pour arranger les choses. Mais peut-être n’as-tu pas envie de faire cet effort…  

-Occupez-vous de votre cul.  

-Hum, gronda le vampire.  

-Désolé, s’excusa rapidement Loup. Bref. Je reprends. Ouais, donc mon père a pas été si horrible que ça puisqu’il m’a pas empêché de devenir coiffeur.  

-Il t’a encouragé ? demanda le vampire d’un ton clairement sceptique. 

-Non, pas franchement, rétorqua l’humain en plissant les yeux de défi.   


Cela le rendait tout de suite plus impressionnant décida Ambroise.  

Avec l’âge, Loup allait certainement perdre les rondeurs juvéniles de son visage et le vampire se retrouverait certainement en face d’un type avec une tête de tueur.  

Il allait essayer d’éviter de le froisser à l’avenir.  


-Mais, poursuivait le garçon, comme j’obéissais à pratiquement tout ce qu’il me demandait, il m’a accordé cette faveur. D’ailleurs, pendant que j’y suis, je tenais à vous signaler que vous avez une coiffure horrible.  

-Et bien, merci. C’est toujours plaisant à entendre, mais sachez jeune homme qu’il est très difficile d’obtenir un résultat digne de la perfection quand aucun miroir ne renvoie votre image.  

-Ah donc ça au moins c’est vrai. Je peux vous coiffer pendant qu’on discute si vous voulez et même vous raser. 

-Me…raser ? 

-Oui, y’a des petits ratés sur votre menton, rien de grave hein, le rassura immédiatement le garçon en voyant le vampire porter une main à sa joue, les yeux écarquillés d’horreur, et puis ça se remarque uniquement si on vous regarde bien.  

-Tu es barbier ? 

-Yep, j’ai fait la formation en même temps que la coiffure. C’est ce que je voulais être à l’origine mais y’a presque plus personne qui le fait à temps plein.  

-Tu n’en profiteras pas pour me faire ressembler à n’importe quoi ou me trancher la gorge ? 

-Je vous le jure, assura Loup en levant la main droite. 

-Très bien, allons-y alors !  s’exclama le vampire. De quoi as-tu besoin ? 

-Allez juste vous mouiller les cheveux et puis rapportez moi une ou deux serviettes et une bassine d’eau si vous avez.  

-Je t’apporte tout sur-le-champ.   


Pendant qu’Ambroise se passait la tête sous le robinet en faisant attention à ne pas trop tremper sa chemise, Loup fouillait dans son sac pour en sortir son matériel.  

Il fit ensuite signe au vampire de s’installer sur une chaise et couvrit son torse d’une serviette avant de poser la protection de plastique souple sur ses épaules.  


-Bon qu’est-ce que je vous fais ? demanda le garçon d’un ton professionnel, pour éviter de se laisser aller à fantasmer sur place devant la vision beaucoup trop érotique que le vampire lui renvoyait à présent.   


L’humidité accentuait le contraste entre les mèches blanches et les mèches noires de ses cheveux les rendant plus…lumineux. 

Ces mêmes cheveux collés aux tempes et au front, gouttant tranquillement… 

L’eau qui coulait doucement sur sa peau, glissant sur la joue avant de descendre rapidement vers la gorge…  

Et les petites gouttelettes accrochées à ses cils… 

Un véritable challenge pour son self-control.  

Son père serait fier de lui. 

Ou pas.  


-Mmh et bien, j’aimerais quelque chose qui dégage mon regard, indiqua Ambroise,  j’en ai assez de ces petites mèches qui me rentrent dans les yeux. Pour le reste je te donne carte blanche. Du moment que je n’en ressors pas complètement défiguré, cela me convient. 

-Ok.   


Loup attrapa un peigne et coiffa les cheveux du vampire en arrière.  

Il recula ensuite pour l’observer, tourna autour de lui pour réfléchir à une coupe et discrètement se rincer l’œil par la même occasion.  

D’une pierre, deux coups.  

Héhé. 

Puis il se plaça face à lui, traça une raie sur le côté gauche et dégagea les cheveux vers la droite.  

Changea la raie de côté. 

Recula encore une fois. 

Là. 

C’était parfait. 

Il n’avait plus qu’à couper les longueurs pour rendre l’ensemble harmonieux.   

Il attrapa ses ciseaux et reprit la parole.   


-Bon, on en était où ? 

-Tu me racontais combien ton père t’avait admirablement soutenu pendant tes études.

-Je serai vous, j’éviterai de me moquer. C’est moi qui ai les armes en main.  


Et il ponctua sa phrase d’un coup de ciseaux près de l’oreille du vampire qui se tendit imperceptiblement.  

Loup eut un sourire goguenard et se remit à la coupe ainsi qu’à son histoire.   


-Donc, mon père a accepté mon choix d’orientation en partie aussi parce que ma mère me soutenait à cent pour cent. Mon frère s’est évidemment foutu de ma gueule. 

-Pourquoi donc ? 

-Parce que, il m’a dit textuellement que « coiffeur c’est un métier de tarlouze tout le monde le sait ». 

-Il me semble bien empli de préjugés ce jeune homme, remarqua Ambroise en fronçant les sourcils.  

-En même temps, il n’avait pas vraiment tort pour le coup, admit Loup. Mais bon, mes deux petites sœurs étaient ravies donc je l’ai envoyé se faire foutre et j’ai continué ma vie.  

-De charmantes demoiselles, sans aucun doute, commenta le vampire d’une voix absente.  


C’était effroyablement plaisant de se faire couper les cheveux. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu d’attention aussi agréable, aussi se laissa-t-il totalement aller.  


-Ouais, je les adore. Enfin…bref. Après ça…  


Les dernières paroles du garçon atteignirent doucement son esprit engourdi et lui firent brusquement ouvrir les yeux qu’il ne se rappelait pas avoir fermés.  


-Un instant, le coupa Ambroise en se redressant vivement. Tu es homosexuel ?  

-Euh, oui, il me semblait que c’était assez évident. 

-Ah bon ? Pourquoi cela ?  

-Et bien, vous savez, étant donné ce que je vous ai dit quand on s’est rencontré… 

-Quand tu m’as demandé de te…Oh ! Ambroise s’interrompit et ouvrit de grands yeux scandalisés. Oh Seigneur !! C’était donc pour cela !! Tu t’adonnes à ce genre de pratiques ?! Oh Jésus Marie Joseph !  

-Quoi, gronda Loup, vous avez un problème avec les homos ? 

-Seigneur non ! s’exclama le vampire. Je suis juste diablement surpris ! Tu es si jeune ! Je ne pensais tout simplement pas que tu…que tu…tu… 

-Que je me faisais sucer ? termina à sa place le garçon. J’ai déjà couché avec un mec et si vous voulez tout savoir je serais pas contre le faire avec vous.  

-Tu n’as pas besoin de le dire aussi crument ! s’indigna Ambroise avant de se radoucir brusquement. Et je…je…tu m’en vois sincèrement désolé mais je ne partage pas ce genre d’orientation. Je suis vraiment confus. Ne m’en veux pas trop.  

-Ça va c’est bon, pas la peine d’en rajouter, se rembrunit le jeune homme. Mais vous aviez vraiment pas compris tout à l’heure ? 

-Et bien non, avoua le vampire en se grattant la tête d’embarras. Comme tu le sais maintenant, je suis un vampire. Quand on me demande de…sucer, cela n’a pas exactement la même connotation pour moi.  

-Forcément. Et ça ne vous a jamais tenté ? demanda Loup par curiosité.  


Professionnelle bien évidemment.  


-Quoi donc ?  

-Un mec.  


Il était un peu lent quand même ce vampire ou alors il faisait semblant de ne pas comprendre.  

Loup espérait vraiment que c’était la deuxième solution.   


-Non.  

-Vraiment ? s’étonna le jeune homme.  

-Vraiment, assura le vampire.  

-Vous avez quel âge ? 

-Bientôt quatre cent ans. 

-Et pendant tout ce temps vous ne vous êtes jamais demandé ce que ça faisait de le faire avec un gars ?  


Il était prude ou quoi ?  


-Non, jamais, répondit Ambroise avec une certaine lassitude.  


Qu’est-ce que c’était que cet interrogatoire ? Est-ce qu’on pouvait le laisser non-vivre tranquillement par tous les Saints ?  


-Menteur, le taquina l’humain, je suis sur que vous y avez déjà pensé et que ça vous a même excité. 

-Pas le moins du monde.  


Il s’accrochait le bougre ! Il était en train de sérieusement raccourcir son espérance de vie.   


-En tout cas, je sais que si j’avais l’éternité devant moi, j’essayerais au moins une fois. Enfin, façon de parler, puisque techniquement je l’ai fait.   

-Et bien, je n’ai pour ma part, jamais éprouvé le besoin de tenter ce genre d’expérience, rétorqua Ambroise.  

-Vous êtes vachement coincé pour un vampire en fait, constata Loup. 

-Je ne te permets pas, jeune impertinent.  

-Vous allez me dire que ça ne vous fait jamais bander de sucer un mec ? 

-Je me nourris, évidemment que j’apprécie. Mais j’apprécie le contenu, pas le contenant. C’est là toute la nuance.  

-Mouais, à mon avis vous avez juste la trouille.  

-Pense ce que tu veux.   


Loup décida d’abandonner avant d’énerver pour de bon le vampire.  

Il n’avait pas spécialement envie de se le mettre à dos et s’il voulait avoir une chance de rester un moment avec lui, il fallait qu’il calme un peu ses ardeurs.  

Il céda donc la partie à son adversaire mais ce n’était que partie remise. 

Il comptait bien remporter la guerre un jour, et Ambroise allait le sentir passer. 

Au sens figuré, comme au sens propre.  

Héhé.   


-Bon ok. Vous revenez vous asseoir que je finisse ?   


Le vampire s’installa sans un mot et Loup reprit son travail.   


-C’est naturel votre couleur de cheveux ? 

-Mmh ? Oh ! Oui.  

-Vous avez l’air jeune pourtant, vous avez été mordu à quel âge ? 

-Vingt-trois ans, répondit Ambroise. En vérité, les hommes de ma famille ont plutôt tendance à blanchir très rapidement. Heureusement pour moi, j’ai eu la chance de mourir avant de commencer à perdre mes cheveux.  


Loup hocha la tête et changea de côté. Il se serait presque cru dans son ancien salon de coiffure.   


-Est-ce que ton père sait que tu es homosexuel ?  


Presque…  


-Ouais.   

-Oh. 

-Et bien il a répondu exactement la même chose quand je lui ai dit, ricana Loup. 

-Tu lui as dit ?! De ton plein gré ?! s’exclama Ambroise. Seigneur ! Es-tu suicidaire ?  


Loup sourit devant la réaction du vampire. Il la comprenait tout à fait cependant.   


-En vérité, quand je lui ai annoncé, c’était plus pour qu’il arrête de me faire chier avec ses vieux sous-entendus à propos de copuler avec une femelle, pour fêter ma première transformation.   

-Hum, c’est assez…sordide.  

-Ouais hein ! Et bon sur le coup j’ai pas réfléchi, je lui ai tout balancé à la gueule comme ça, raconta le jeune homme. Ah c’est sûr, il disait plus rien le paternel.  

-Je me doute.  

-A la suite de ça, il m’a collé une baffe pour avoir été insolent et m’a gentiment fait comprendre que ça ne devait surtout pas se savoir, et qu’il comptait quand même sur moi pour lui offrir un petit-fils.

-Hum. 

-Tout ça, ça s’est passé environ deux semaines avant ma cérémonie de transmission.  

-Ouch, c’est plutôt mal tombé.   


Loup ne répondit pas et se concentra un instant sur la coiffure qu’il avait légèrement délaissée ces dernières minutes. Il avait à peine commencé à couper les mèches de devant à force de s’arrêter pour discuter. 

Il fallait dire aussi qu’Ambroise était un bon interlocuteur.  

Il commentait de temps en temps, relançait la conversation pour montrer son attention et savait brosser les gens dans le sens du poil sans en faire trop.  

Le vampire ferait un bon coiffeur en fait.  

Loup esquissa un sourire avant de poursuivre.   


-J’ai passé deux semaines le cul sur des braises, et pas parce que j’avais fait des folies de mon corps.   


Ses épaules tressautèrent en voyant Ambroise lever les yeux au ciel, l’air de se dire clairement quelque chose comme « Quel dévergondé ce gamin ! Et quelle grossièreté !» ou un truc du style.   


-Je flippais que mon père décide du jour au lendemain de me virer de chez moi parce que j’étais gay. Je m’attendais vraiment pas à ce qu’il le fasse parce que j’étais humain.

-Oui, on se passerait bien de certains petits coups de théâtre, approuva le vampire.  

-Exactement. Le lendemain de ma cérémonie, on est allé voir le doc pour la confirmation. Mon père était limite extatique. Son fiston, son champion, enfin un loup-garou. Imaginez un peu.  

-J’ai quelques difficultés à me le représenter mais je saisis l’idée.  

-Héhé, alors forcément quand le doc nous a dit que la mutation avait pas pris, il a d’abord éclaté de rire, croyant à une blague. Après il a vu la tête super sérieuse du médecin, ça l’a refroidit direct.  

-Aïe aïe aïe ! 

-Il est devenu tout rouge et il a commencé à gueuler sur le doc qui a pas bougé d’un sourcil. J’ai repassé quelques examens rapides et en gros je suis parfaitement normal, sauf que mon code génétique intègre pas celui du loup.  

-Voilà qui est fâcheux.  

-Mmh. Pendant tout ce temps mon père a serré les dents et a pas décroché un mot jusqu’à ce qu’on rentre à la maison.  

-C’était plutôt de mauvaise augure.  

-Pas qu’un peu. Arrivés chez nous, il m’a laissé deux heures pour faire mes bagages et me tirer. J’étais banni de la meute.  

-Sans un mot ? 

-Presque. Le seul commentaire que j’ai eu c’était, je cite : « J’aurais pu accepter de vivre avec un fils homo, mais un fils pédé, doublé d’une sous-merde d’humain, c’est trop. »  

-Une perle de tact et de diplomatie, ce cher Lotojla.  

-N’est-ce pas ? 

-Et comment a-t-il expliqué ton départ aux membres de ta famille ? 

-Il leur a dit que je m’étais enfui parce que j’avais peur de prendre mes responsabilités de futur chef de meute.  

-Mince ! Il avait si honte que cela ?  

-Vous imaginez pas à quel point. Un humain dans la famille Garou, c’est pas arrivé depuis je sais pas combien de générations.  

-J’avais oublié à quel point les loups méprisaient la faiblesse des hommes. Est-ce que tu as pu garder contact avec ta mère et tes sœurs ?  

-J’ai réussi à avoir ma mère au téléphone pendant quelques minutes il y a deux semaines. Mais bon…voilà quoi. Bref.  


Loup essayait de prendre les évènements à la légère, mais la vérité c’est qu’il se sentait comme un moins que rien depuis ce jour-là. Il avait perdu toute confiance en lui et vivait avec un sentiment constant d’humiliation.   

Alors repenser à sa mère qui s’était effondrée en larmes en entendant sa voix dans le combiné, ça lui serrait un peu trop le cœur pour le moment.  

En plus, pour une fois qu’il trouvait quelqu’un prêt à l’écouter, même si le vampire s’en moquait au final et l’enverrait sûrement paître, ça lui faisait du bien.    


-Depuis combien de temps es-tu parti ? 

-Pratiquement trois mois.  

-Tu ne souhaites pas y retourner ? 

-Même si je voulais, je pourrais pas. Notre loi indique clairement que, tout loup banni de n’importe quelle meute, n’est plus autorisé à pénétrer à nouveau sur son territoire sous peine de mort.   

-Oh. Oui. C’est bien vrai. Où avais-je la tête ?  

-De toute façon, j’ai pas envie d’aller là-bas. Plus le temps passe, plus je me rends compte que c’était pas pour moi cette vie. Trop de contraintes, trop peu de libertés. Je sais que y’ a certains groupes beaucoup plus laxistes et je voulais essayer d’en intégrer un, mais c’est la galère franchement. 

-Pourquoi cela ? 

-Ben, seulement une semaine après mon départ, je me faisais déjà tomber dessus par je sais pas combien de loups qui voulaient se mesurer à moi. Et ça fait à peine deux jours que je suis dans cette ville, que je me suis fait agresser, hier par deux loups et aujourd’hui par un vampire.  

-Je m’en excuse encore. Et pourquoi Diable tous ces gens en ont-ils après toi ? 

-Encore la faute de mon père, soupira Loup. Il était tellement obnubilé par faire de moi un super-chef qu’il m’a fait une putain de réputation dans toutes les autres meutes. Paraitrait que je suis totalement imbattable. Et comme tout le monde croit maintenant que je suis un loup-garou, ils veulent tous vérifier par eux-mêmes. Surtout que je suis pas vraiment aidé avec mon nom, comme vous me l’avez déjà dit. 

-Hum, effectivement. Mais, pourquoi ne pas simplement tout leur avouer ?  

-Bah déjà, premièrement, je pense pas qu’ils me croiraient vu comment ça a pris des proportions gigantesques et deuxièmement… Loup s’interrompit.


Voyant que le jeune homme n’avait pas l’air décidé à continuer, Ambroise l’invita à le faire.  


-Deuxièmement ? 

-J’ai trop honte, avoua brusquement le garçon avant d’enchaîner rapidement. Bref. Je suis désolé que ça prenne autant de temps pour la coupe mais ça doit bien faire dix ans que j’ai pas parlé autant ! Donc je vais me taire pour toute la prochaine décennie et finir de vous coiffer.  

-Cela ne fait pas de mal de vider son sac de temps en temps mon jeune ami, le rassura Ambroise avec indulgence, et je dois avouer que c’est plutôt plaisant de converser avec toi.    


Loup se décida finalement à se remettre convenablement à son travail et s’attaqua à la nuque de son client improvisé.  


-Même si ta manière de t’exprimer laisse un peu à désirer, continua le vampire.   


Il tira un peu le col de la chemise pour en dégager les cheveux et fronça les sourcils en voyant une marque sombre sur la peau.   


-Qu’est-ce que…  


Ambroise se retourna d’un bond et porta une main à sa nuque en le fusillant du regard.


-On va s’arrêter là je crois.   


Sa voix claqua dans le silence de la pièce et l’atmosphère se rafraîchit subitement.

Loup déglutit difficilement et retint un ricanement nerveux.  

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il avait vraiment fait du bon travail.  

Les yeux du vampire étaient maintenant parfaitement visibles, rendant de ce fait la lueur dangereuse qui les habitait beaucoup plus impressionnante et…captivante.  

Il avait l’impression qu’Ambroise allait le tuer sur place.  

Loup avait réussi, à son insu, à faire sortir le côté démoniaque de la créature de la nuit.

Et cette voix si froide et coupante…  

Wow…Il en avait des frissons d’excitation partout sur le corps. 

Il inspira un grand coup le plus discrètement possible et se força à penser à des choses immondes pour reprendre ses esprits.  

Puis il fronça les sourcils et croisa les bras parce qu’il était peut-être jeune, mais fallait pas le prendre pour un jambon.   


-Hey dites-donc, vous seriez pas un peu en train de vous foutre de ma gueule par hasard, Messire de la Tour ? demanda-t-il d’un ton railleur. Et notre marché ? Je me le colle au cul ?  


Les yeux clairs du vampire le transpercèrent encore un peu plus fort et Loup haussa un sourcil blasé.   

Quoi ? Il croyait franchement lui faire peur ?  

Il avait résisté aux pires regards mauvais de son père, alors ceux d’un vampire en rogne c’était que dalle à côté.  

Ouais ouais, il avait eu peur tout à l’heure, il était au courant.  

Mais bon quand il était saoul il perdait un peu le sens des réalités et faut dire qu’il avait été surpris...  

Maintenant c’était différent. 

Loup avait été entrainé à se battre et, même s’il ne connaissait pas la force du vampire, il n’avait pas l’intention de mourir cette nuit.   


-De toute façon j’ai vu votre tatouage, continua le garçon en levant le menton de défi, je peux aller le crier sur tous les toits si j’ai envie, même si je sais pas pourquoi vous vous enflammez comme ça… 

-Tu ne sais pas ? l’interrompit Ambroise en le dévisageant d’un œil suspicieux.  

-Non, répondit le garçon avec franchise.  

-On ne vous apprend vraiment rien. Enfin, je ne vais pas m’en plaindre, ça fait bien mon affaire, avoua le vampire avant de reprendre d’un ton menaçant. Tu veux aller le crier à tout va ? Pas de problème. Je peux aussi te tuer sur-le-champ, ça éliminera mon souci et les tiens par la même occasion. 

-Ou bien vous vous rasseyez, je finis ma coupe, et vous m’expliquez tranquillement ce que tout ça signifie, proposa calmement le jeune homme.    


Ambroise garda le silence un moment.  

Cet humain était plutôt téméraire pour quelqu’un de son âge. Il connaissait des loups plus âgés et plus musclés qui avaient déjà fui devant lui, et ce garçon lui faisait face pratiquement comme si de rien n’était.   


-Et bien, déclara lentement le vampire, on peut dire que tu n’as pas froid aux yeux pour un humain.   


Loup se redressa fièrement et Ambroise esquissa un sourire en coin.   


-Fort bien ! s’exclama-t-il finalement. J’aime les gens qui ont du caractère !   


Il se réinstalla une énième fois et s’éclaircit la gorge.   


-Très bien, jouons franc jeu.  


Il attrapa le bras de Loup pour avoir son entière attention et énonça avec sérieux.   


-Si tu me dénonces, je me verrai dans l’obligation de t’éliminer. Mais si tu gardes ce secret pour toi, nous pourrons entamer une collaboration amicale.   


Le garçon acquiesça d’un signe de tête.   


-Etant donné que je ne pourrai pas te surveiller si nous nous séparons, continua le vampire, tu viens de signer l’arrêt total de ton indépendance.  


Loup fit semblant d’être ennuyé par la nouvelle tout en se retenant de sauter de joie.  

Il se frotta les mains mentalement.   


-Tu vas donc devoir me suivre. Il est absolument hors de question que ce soit toi qui nous serves de guide. Premièrement parce que tu manques sensiblement d’expérience, étant donné que tu prends le risque de te saouler alors que ta vie même est en danger.

-Pour ce qu’elle vaut, marmonna Loup en roulant des yeux.   


Il ne la vit même pas arriver mais il la sentit très bien, la claque que lui colla le vampire.  


-Redis encore une fois ce genre de sottises et je te ferai regretter de m’avoir croisé, gronda Ambroise alors que Loup portait une main à sa joue en le dévisageant, complètement stupéfait. C’est compris ? 

-Ouais, grogna le jeune homme.  

-Bien. Deuxièmement, reprit le vampire, je pense connaître suffisamment le pays et la plupart des régions à éviter. Si tu as des réclamations je m’en moque, tu as scellé ton destin au moment où tu as posé les pieds dans cette ville et dans cette taverne.  

-J’avais pas l’intention de râler, protesta Loup, je vous suis, c’est bon ! J’ai nulle part où aller de toute façon. 

-Très bien…nous verrons les détails plus tard, conclut Ambroise en le relâchant finalement.  


Loup se massa discrètement le bras. Il l’avait serré fort cet enfoiré ! Il tourna la tête vers le vampire en voyant qu’il se relevait et écarquilla les yeux.   


-Qu’est-ce que vous faites ?! s’exclama-t-il.  


Le vampire ôta son gilet et le ruban autour de son cou avant de les poser délicatement sur le dossier d’une chaise, sans répondre. 


-Ambroise ? 

-Tu n’en as vu qu’une partie n’est-ce pas ?  


Ambroise  finit de déboutonner sa chemise et la fit glisser légèrement sur ses épaules avant de se retourner.   


-Regarde bien.    


Loup, qui avait légèrement déconnecté à partir du moment où les clavicules du vampire étaient devenues visibles, secoua la tête pour se remettre les idées en place et s’approcha d’un peu plus près.  

Là, sur la nuque, ce qu’il avait pris pour un tatouage était en réalité une trace de brûlure complètement noire.   

Et, étant donné les arabesques compliquées et le cercle parfaitement rond qui la composaient, elle n’était certainement pas due à un accident domestique.   


-Qu’est-ce que ça signifie ? demanda doucement le garçon.  

-C’est un symbole très ancien pour désigner les monstres et autres créatures impures et malfaisantes, expliqua Ambroise d’un ton détaché.  

-Ah. Sympa. Je…qui vous a fait ça ? Des humains ? 

-Non. 

-Des loups ? 

-Mes semblables.  

-Quoi…Des vampires ? s’étonna le jeune homme. Mais pourquoi ?  

-Parce que même pour eux, j’étais, nous étions, les serviteurs du Diable en personne.  

-Nous ? 

-Mon clan.   

-Je comprends rien du tout.  


Ambroise eut un reniflement moqueur et s’assit, invitant Loup à faire de même.   


-Je vais tout t’expliquer depuis le début. 

-Ça serait pas mal ouais, approuva le garçon en attrapant une chaise.   


Il s’installa en silence pendant que le vampire fermait les yeux, se concentrant sur ses souvenirs. 

Puis il ouvrit les paupières et plongea son regard dans celui de Loup.   


-Tu dois savoir avant toute chose que mon véritable nom n’est pas Ambroise de la Tour.

-Ah ouais ? C’est une sorte d’identité secrète ? C’est vous qui l’avez choisi ? 

-Oui.  

-Sans dec’ ? Ça fait vachement gay comme nom vous savez ? 

-Pardon ? s’indigna le vampire. Bref ! Peu importe. En réalité, je me nomme B….   


STOOOOOOOOOOP !!  


-Ba…  


J’ai dit STOP par l’Enfer  ! 

Interrompez-moi ce flashback immédiatement ou je ne réponds de rien !  

 

Merci.  


Hum hum. 

Bien bien, mes chers amis, je reprends le contrôle de cette histoire.  

Et rangez moi cette mine déconfite par tous les diables ! Je n’ai jamais dit que je vous raconterai toute ma vie à ce que je sache.   

Vous n’êtes qu’une bande de sournois petits voyeurs pervers de surcroit !

Parfaitement ! 

Et je ne suis pas fourbe !  

Ou peut-être un soupçon.  

Hihihi ! 

Bref.   


Grâce à ce (très) long voyage dans notre passé commun, vous en savez dorénavant (un mot tout à fait charmant ne trouvez-vous pas ?) un peu plus sur Loup et moi-même.

J’ose espérer que cela aura embelli votre existence ne serait-ce qu’un instant (et si vous croyez que je ne vous ai pas vu vous gausser de moi –à plusieurs reprises qui plus est- vous vous fourvoyez dans toute votre entièreté). 

Je nourris également l’espoir de vous voir rester avec moi jusqu’au fin mot de cette histoire. Vous me combleriez de joie.  

Personnellement, ce petit retour en arrière (d’autant plus que je connais la suite et pas vous) m’a empli d’une certaine nostalgie, et me rappeler à quel point Loup était pitoyable m’imprègne d’un contentement immense.  

Comment cela je l’étais aussi et je le suis toujours ?  Je ne vous permets pas !  

Votre nez ne vous plait plus ?  

Vous désirez voir la couleur de votre sang ? 

Venez tâter de mes poings et de mes crocs si vous l’osez ! 

Ah ! On fait moins les fiers hein mes coquins ! 

Haha ! 

Bref.  

Passons. 


Que vous dire de plus ? Mmh ? 

Peut-être éclaircir quelque peu cette histoire de cérémonie de transmission ? 

Tout ceci un peu barbant…c’est un comble pour un barbier !  

Hohoho ! 

Et bien soit ! Parlons peu, parlons bien.  


Sachez que les enfants de lycans ne naissent pas loups-garous.  

Surprenant n’est-ce pas ? 

En réalité, ils possèdent une prédisposition naturelle et génétique à le devenir et, pour accéder à leur statut officiel -et ainsi vivre normalement parmi leurs congénères-, il est nécessaire qu’un loup-garou adulte les morde et « active » leurs gènes lycanthropes.

Ce rite s’exécute habituellement à l’adolescence, l’âge variant en fonction des traditions de chaque meute.  

Cependant, tous les groupes ne pratiquent pas la transformation automatique (et bien oui, comme les antibiotiques). 

Il existe certaines meutes où le choix de la morsure est laissé aux enfants et, si ceux-ci (Hohoho ! Tordant à prononcer !) la refusent, ils n’en sont jamais blâmés et vivent parmi les autres avec, bien évidemment, quelques aménagements pour assurer leur sécurité lors des nuits de Pleine Lune, cela va de soi.  

Comme vous devez vous en douter, la meute de Lotojla Garou ne laisse guère d’opportunités à ses louveteaux. La condition de loup-garou y est glorifié au-delà de toute décence, ce qui explique les réactions bien trop excessives en cas de refus ou de rejet de la mutation.  

Lotojla ayant vécu celui de Loup comme un échec personnel, cela n’a pas franchement arrangé les choses.  

Ceci dit, malgré des premiers temps difficiles, Loup a su prendre sur lui et aller de l’avant.  

Au fil des mois et des années, je l’ai observé doucement retrouver son assurance et sa confiance en lui.  

Bien sûr, il n’est pas particulièrement enchanté de n’être qu’un humain, mais il a appris à vivre avec et je suis fier de voir qu’il est devenu un adulte serein et responsable.  

Ce qui ne l’a jamais empêché de me tourmenter, bien au contraire ! 

Je me demande parfois si le fameux dicton « qui aime bien châtie bien » s’applique à mon ami. 

Si c’est le cas… 

Et bien je vais m’appliquer à me faire détester. Peut-être aurais-je la paix pendant cinq minutes.  

Oh ! Flûte ! 

J’ai envoyé valdinguer mon crayon de l’autre côté du salon. Pauvre petit, j’espère qu’il s’en est sorti indemne.  

Qu’il est difficile de se lever de son siège quand on n’en a guère l’envie.  

Mais je ne peux décemment pas abandonner mon ami de bois et de carbone seul à son triste sort, loin de mes doigts agiles et cajoleurs.  

Sacrebleu !  

Où diable est-il donc allé rouler ce chenapan ?  

J’ai comme l’impression qu’il s’est décidé pour une petite virée dans la réserve. Quel petit canaillou !  

Ah ! Te voilà scélérat !  


Quelle idée saugrenue (hohoho !) que voilà, que d’aller se cacher sous les cartons de lotions capillaires ! Que je ne vous y reprenne plus vilain garnement !  

… 

Mmh.   

Et bien, qu’est-ce donc que cela ? 

Approchez votre oreille, il me faut dès à présent chuchoter.  

Il semblerait en effet, qu’un visiteur inattendu se soit glissé dans le salon alors même que j’étais parti en quête de mon collègue de comptabilité.  

Et cette jeune personne en a visiblement après notre caisse enregistreuse, si vous voyez ce que je veux dire.  

Quel manque flagrant de politesse ! 

Venez, approchons nous subrepticement. 

Cette fripouille va avoir la surprise de sa vie.  


Vous ai-je dit que le mur derrière la caisse est en réalité constitué d’un immense miroir du sol au plafond ? 

Que, par conséquent, si vous tentiez un jour de chaparder, tout en surveillant vos arrières uniquement grâce audit miroir, vous ne pourriez voir le vampire qui arrive derrière vous ? 

Héhéhé.  

Saviez-vous également que le comptoir était entouré d’une barre métallique à laquelle était fixée en permanence une jolie paire de…  


-Hééé !! Enlève ça !   


…menottes.  

On est jamais trop prévoyant.   


-Enlève ça connard ! s’écrie la jeune voleuse.   


Seigneur !  Tant de grossièreté pour un si joli visage…  


-Enlève ça j’te dis sale suceur ! 

-Modérez votre langage jeune fille ! Il me semble que vous n’êtes pas en position d’exiger quoique ce soit.  

-Ta gueule et détache moi !   


J’ai comme l’impression que je l’exaspère à m’asseoir tranquillement sur mon tabouret –hors de portée de sa main libre bien sûr- tandis qu’elle s’excite comme une puce.   


-Je crains que non. 

-Je crains que tu vas mourir si tu me relâches pas sale con ! continue-t-elle en tirant -bien inutilement – sur les menottes. 

-Mademoiselle, lorsque l’on ne sait conjuguer ses verbes, il semble fort peu judicieux d’user d’expressions bien trop audacieuses pour votre langue fourchue.  

-Mais je t’emmerde sale bouffon !  

-Bien, je vois que vous n’êtes pas décidée à vous calmer de vous-même, je vais devoir me résoudre à appeler les forces de l’ordre.  

-NON ! s’écrie-t-elle de nouveau (le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle possède un puissant organe). C’est pas la peine !   


C’est fou un tel esprit de contradiction, n’est-ce pas ? Ces jeunes qui ne savent pas ce qu’ils veulent, cela m’épuise.   

-On va bien trouver moyen de s’arranger, poursuit la demoiselle d’un ton beaucoup moins agressif (vraiment très étrange !), pas besoin de faire déplacer des gens pour rien. C’était qu’une blague, je vais vous le rendre votre fric.   


Les billets retombent miraculeusement sur mes livres de comptabilité.  

Quelle tristesse ! Elle est pourtant mignonne cette petite voleuse avec son nez en trompette, sa bouche fine et ses joues rouges de colère.  

Dommage que ses yeux soient autant fardés de noir.  

Ils sont pourtant d’un joli bleu, quelle utilité peut-on bien trouver à les noyer sous cette couche de maquillage ?   


-Une plaisanterie ? Voyez-vous cela !  


En revanche, ces ongles rongés, c’est terriblement disgracieux !  

Et regardez-moi ces cheveux ! Ils auraient mérité une coupe un peu plus agréable à l’œil, que ce triste rideau châtain qui pend de chaque côté de son visage.   


-Oui bon ça va, t’as jamais fait de paris stupides quand t’étais jeune ?  

-Oh, je ne m’en souviens guère, c’était il y a fort longtemps. Pourrais-je savoir quel était l’enjeu de ce pari ? 

-Bah c’était juste d’arriver à piquer un truc au célèbre Loup Garou, sans se faire casser la gueule ! 

-Cette jeunesse me désespère…Ne pouvez-vous rien trouver de plus honnête à faire de votre vie ?   


Elle se renfrogne. Quelle tête de lard ! 

J’oublie parfois à quel point les adolescents sont de petits êtres susceptibles.   


-Quel âge avez-vous ? 

-Seize ans.  

-Vous êtes bien jeune pour plonger dans la voie de la criminalité. N’avez-vous donc aucun autre but que celui de vous retrouver en prison un jour ou l’autre ? 

-C’est bon ça va, t’es pas ma mère à ce que je sache ! 

-Effectivement…   


La cloche de l’entrée tinte, m’interrompant, et nous nous tournons vers la porte.    

Loup pénètre dans le salon le visage fermé.  

Il s’approche sans un mot, se penche par-dessus le comptoir pour récupérer ses lunettes, et les enfile en me fixant.  

Et, alors même que je le vois chaque jour que Dieu fait depuis huit années, je me rends soudain compte à quel point il a changé.  

Ses cheveux rasés, sa barbe bien taillée et ses lunettes rectangulaires lui donnent un visage plus homme, plus sérieux.  

Hélas oui, à mon grand regret, Loup a coupé ses belles boucles brunes qui lui donnaient un air plus…romantique et Rome Antique (Hohoho ! Je sais…ne m’applaudissez pas vous me gêneriez), si je puis m’exprimer ainsi.  

Je trouve cela dommage.  

Certes il parait beaucoup plus viril ainsi, mais tout ceci manque un peu de folie.  


Loup saigne vaguement à la lèvre et sa langue vient récupérer une petite goutte carmin.

Puis il suçote doucement la coupure, ôtant de ma vue cette terrible tentation. 

Sage garçon.   


Il a vraisemblablement perdu ses lentilles dans la bagarre, il est couvert de poussière et le col de sa chemise est légèrement décousu, mais il va bien. 

C’est ce que ses yeux noirs me disent.   


-Qu’est-ce que c’est que ça ? me demande-t-il en me désignant du pouce notre cambrioleuse du dimanche, sans lui accorder le moindre coup d’œil.  

-Encore un pari, je soupire en roulant exagérément des yeux. 

-Oh, quel manque flagrant d’originalité ! se moque mon ami.  

-Je trouve aussi, je lui réponds en lui renvoyant son sourire.  

-Ça va je vous dérange pas les tourtereaux ? nous coupe notre jeune invitée surprise.  


Loup ricane et se traine vers un fauteuil pour se reposer, pendant que je fusille cette petite…effrontée du regard.   


-Très bien. Finies les plaisanteries. Quel est le numéro de téléphone de ton domicile ?

-Oh ça y est il me tutoie l’ancêtre !  

-Le numéro, je répète calmement, je ne vais certainement pas m’emporter pour si peu. Ou bien préfères-tu que je compose celui de la police.    

-C’est bon, c’est bon, j’appelle mon frère relax papy !  

-Certainement pas ! Donne-moi ce téléphone.  

-Vraiment relou…bougonne-t-elle en me tendant l’appareil. Tu sais t’en servir ou tu veux que je te file la notice ? 

-Je ne suis pas si arriéré que cela ! Qui dois-je appeler ?  

-Regarde dans le répertoire à Luke, c’est mon frangin.   

-Skywalker ? demande Loup de son fauteuil, pendant que le téléphone sonne à mon oreille.  

-Ouais, acquiesce la demoiselle. Ma mère a accouché de lui juste après avoir vu la Guerre des Etoiles. Fun hein ? 

-Trop. Et toi c’est quoi ?   


Non mais regardez-les moi tous les deux en train de papoter comme si de rien n’était !


-Loïs…  


Loup éclate de rire et la jeune fille grogne.   


-Oui ?   


Une voix d’homme à mon oreille.

Je me détourne des deux zouaves pour lui répondre.   


-Etes-vous Luke, le frère de Loïs ?   


Seigneur, c’est d’un ridicule à énoncer ! Certains parents devraient sérieusement modérer leur consommation de substances illicites.   


-C’est bien moi. Vous êtes ? 

-Ambroise de la Tour, je travaille au salon Croc’Coiffure et je suis au regret de vous informer que nous avons eu un léger souci avec votre… 

-Et merde, me coupe le frère avant de soupirer. Bon très bien, j’arrive.  


Je raccroche après lui avoir donné l’adresse.   


                                                                       -  


Les minutes passent dans un silence étonnamment paisible.  

Loup lit distraitement une revue pendant que je poursuis la comptabilité.  

Loïs s’est avachie sur le comptoir et me fixe en tentant de me déstabiliser.  

Qu’elle essaie autant qu’elle le souhaite, elle n’est pas prête d’y arriver…  


La clochette tinte une énième fois et un homme de haute stature fait son entrée.  

Il doit bien avoir une trentaine d’années et son front est barré d’un pli soucieux.   


-T’en as mis du temps, ronchonne la jeune fille.  

-Loïs ! s’exclame l’homme en s’approchant à grands pas. Qu’est-ce que tu as encore fait ?   


Tranquillement appuyé sur une main, je les observe se disputer.  

J’avoue avoir toujours eu un petit faible pour les discordes familiales.  

J’aimais beaucoup regarder mes tantes se crêper le chignon quand j’étais enfant, c’était un spectacle très distrayant.  

Loup partage visiblement mon point de vue quoique…

Son point de vue à lui doit plutôt se situer en dessous de la ceinture du dénommé Luke et étant donné que le frère de la jeune rebelle me fait face, je vous laisse deviner ce qui peut bien le subjuguer.  

Ce serait mentir que dire du nouvel arrivant qu’il est d’une laideur effroyable.  

Bien évidemment, je ne partage pas les goûts de Loup en la matière, mais je sais reconnaître une œuvre d’art lorsque j’en vois une. 

Et il faut bien admettre que ces cheveux de miel, ce regard bleu océan et ce corps bien bâti, sont des aspects tout à fait appréciables chez ce grand gaillard.    

Qui tourne finalement un visage contrit dans ma direction.   


-Je suis vraiment désolé monsieur de la Tour, s’excuse-t-il.  

-Allons, ce n’est pas de votre faute… 

-Si ! Je suis impardonnable, me coupe-t-il encore (c’est une manie !). Depuis la mort de nos parents j’essaie tant bien que mal de m’occuper correctement de Loïs, mais j’ai l’impression de ne faire que boulettes sur boulettes. Je vous prie de nous excuser. Je tacherai de faire plus attention la prochaine fois, mais j’aimerais vraiment éviter des ennuis avec la police.  

-Ne vous inquiétez pas, intervient Loup en venant poser une main sur l’épaule de ce Luke. Nous n’avions pas l’intention de porter plainte. Nous avons récupéré tout ce qui a été volé n’est-ce pas Baz’ ? 

-Effectivement.  

-Loïs ! s’exclame le grand blond. Excuse toi aussi !  Elle lève les yeux au ciel avant de me regarder et d’esquisser un petit sourire forcé.   

-Je suis vraiment déééésolé monsieur le vampire ! s’exclame cette petite teigne d’une voix mielleuse.  

-Ça ira pour cette fois, mais ne t’avise pas de recommencer.  


Je force un peu mon ton menaçant sans grande conviction, cela ne lui fait aucun effet de toute manière.   


-Promis ! Vous pouvez me détacher maintenant ?  


J’attrape la clé bien cachée dans un petit renfoncement du comptoir et consent finalement à la relâcher.  

Les deux partent après une dernière série d’excuses, et je ne manque, ni le petit signe de la main accompagné d’un sourire goguenard de Loïs, ni l’échange de regard entre Loup et le frère ainé.  

Hum.  


                                                              -  



Quelques minutes plus tard, me voici penché sur un épineux problème.  

Et ce n’est pas de la comptabilité.  


-Tu es sûr ?  

-Mais oui vas-y ! Au pire je me finirai tout seul.   


Doux Jésus ! 

Permettez-moi de retrousser les manches de ma chemise le temps de me concentrer.


-Très bien. Mais tu es vraiment sûr ? 

-Baz’…  


Mettez-vous un instant à ma place.  

Un Loup fraichement douché et changé vous demande de lui tailler… 

La barbe par l’Enfer !  

Quoi d’autre ?! 

Franchement ! Votre esprit est aussi corrompu que le sien ! Si ce n’est plus encore ! 

Bref.  

Je me sens un peu fébrile.  

J’admets en toute sincérité ne pas être très à l’aise un rasoir en main.  

D’autant plus que Loup ne souhaite obtenir qu’une fine ligne de poils tout au long de sa mâchoire. 

…  

Et pourquoi ne pas la lui tailler en damier ou lui dessiner une barbe Tour de Pise mmh ?

Non mais je vous jure ! 

Il me demande sans cesse l’impossible…  

En vérité, ce n’est pas tant la difficulté de la tâche qui m’effraie, mais plutôt la perspective de le couper par inadvertance.  

Je refuse déjà de raser notre clientèle pour ne pas encourir ce genre de risque (les plaintes pour jet de sang inopiné, très peu pour moi, merci) mais Loup semble décidé à ce que j’exerce à ses côtés.  

Il s’est donc proposé en tant que cobaye jusqu’à ce que je maîtrise totalement l’art du rasage à la main, sans traces, ni bavures.  

Surtout sans bavures.  

Cela ne m’effraie que plus encore. 

Loup soupire d’impatience et je me lance malgré tout.  

Ce n’est pas la première fois que je le rase, mais j’ai toujours cette petite angoisse qui me saisit aux tripes quand j’approche ma main de sa gorge.  

Lui, par contre, a cet air totalement confiant et détendu qu’il arbore perpétuellement en ma présence.  

Il semble apprécier de me voir prendre tant de précautions pour m’occuper de lui.

Monsieur Loup Garou aime à se faire dorloter. 

Nous ne sommes pas vraiment du genre à échanger de longues accolades chaleureuses et réconfortantes, ou à nous épancher pendant des heures dans de larmoyantes déclarations d’amitié éternelle et inébranlable.   

Non. 

Nous pratiquons de préférence la bonne vieille tape virile qui vous décolle quasiment la plèvre et qui vous assure, certes un soutien inconditionnel, mais également un aller simple pour un bon massage de dos.  

Aussi, nous apprécions de temps à autres ce genre de petites attentions.  

J’aime quand il masse délicatement mon cuir chevelu avant de me couper les cheveux avec soin.   

Lui aime que je le rase.  

Nous échangeons un sourire complice et je sais qu’il sait ce à quoi je suis en train de penser.  


-Alors ? je demande en faisant glisser doucement la lame sur sa peau. Que souhaitaient les trois charmants individus de tout à l’heure ?  

-Comme d’hab, répond tranquillement mon ami.   


S’il y’a une chose qui n’a pas changé d’un poil en huit ans c’est bien cela et Dieu seul sait combien tout cela est fatiguant !  

Loup se fait toujours autant harceler de combattants et leur acharnement ne faiblit pas. 


D’autant plus que Loup n’a, me semble-t-il, encore jamais concédé une seule victoire à l’un de ses adversaires.  

Il est finalement devenu à la hauteur de sa légende tout en ne restant qu’un simple humain. 

Avouez que cela force le respect et l’admiration.  

J’ai même trouvé, au gré de mes explorations sur cette grande toile qu’est l’internet, un groupe sur ce site au nom ridicule (tête de livre, c’est d’un grotesque !) qui s’intitulait, si je ne m’abuse : « Moi aussi je me suis fait dérouiller par Loup Garou ».  

Le nombre de membres y était d’ailleurs assez conséquent…    


-Et toi ? me demande-t-il avec un sourire dans les yeux, me tirant de mes pensées. C’est le grand amour avec Loïs ?  

-Ne dis pas de bêtises veux-tu !   


Mes gros yeux le font rire et je lui donne une tape sur l’épaule en représailles.   


-Certes, cette jeune fille est très mignonne et pourrait devenir tout à fait charmante en changeant de coiffure et de style vestimentaire, mais elle est terriblement grossière, malhonnête et effrontée ! Et surtout, elle n’a que seize ans !  

-C’est plutôt que c’est un garçon, me répond-il avec un sourire narquois.  


Quoi ? Qu’est-ce qu’il raconte ?  


-Pardon ? Un garçon ? Tu divagues Loup. Tu divagues complètement !  

-Je t’assure que non.  

-Ecoute, ce n’est pas parce qu’une jeune demoiselle s’habille de vêtements larges et qu’elle n’a pas de poitrine que cela fait d’elle un homme ! 

-Non, rétorque mon ami, mais ce qu’il y’avait dans son pantalon si.  

-Comment aurais-tu pu t’en apercevoir, tu étais bien trop occupé à te rincer l’œil sur le fessier du grand viking ! Et son prénom… 

-Loïs est un prénom mixte. Comment sais-tu que je matais le cul de Luke ?   

-Vraiment ? Mais ses yeux… 

-Certains garçons se maquillent de nos jours tu sais. Tu n’as pas répondu à ma question.  

-Seigneur ! Je sais bien que les codes de la mode ont changé, mais son visage était tellement…  


Doux Jésus ! Comment ai-je pu me tromper à ce point ?  

Elle…enfin il était vraiment très charmant.  

… 

Hum.  

Je suis un peu perdu.   


-Tellement ?  

-AAAH !!  


Mer…credi !   

Il m’a fait sursauter…encore.  

Et…j’avais le rasoir en main.  

Sur sa joue.  


-Sacrebleu…  


Seigneur, je ne peux plus bouger. 

Mes sens s’emballent.   


-Sa…cre…bleu.  


Mon dieu… 

Je déglutis.  

Le rasoir m’échappe.  

Une goutte perle et coule lentement le long de la coupure.  

Je la cueille de ma langue.  

…  

Le gémissement qui résonne dans le salon je crois que c’est le mien.  

De toute façon je m’en moque parce que… 

Mmmh ! 

C’est si bon… 

Seigneur. 

J’avais oublié le goût de son sang.  

Je suçote doucement sa joue et mes canines raclent légèrement contre sa peau.  

Puis deux mains se posent sur mes épaules et me repoussent doucement mais fermement.  

Non !  

Encore un peu ! 

Ma langue se tend désespérément pour atteindre la coupure.   


-Baz’…  


Ce n’est qu’un chuchotement à mon oreille, mais sa voix envoie des frissons tout le long de ma colonne vertébrale.  

J’en ferme les yeux de plaisir.  

Je suis totalement enivré. 

Je me sens faible, si faible et  son sang me manque.  

Mes mains s’emparent délicatement de son visage et glissent tendrement sur sa mâchoire.  

Mon front se pose contre le sien.   


-J’en ai tellement envie Loup…  


Ma voix est tellement rauque que j’ai bien du mal à la reconnaître.  

Le souffle de Loup est rapide.  

Et j’entends son pouls qui s’affole…  


-Désespérément envie. 

-Alors…  


Le téléphone sonne.  

J’ouvre les yeux brutalement et plonge dans un océan de chocolat noir. 

Intense.  

Seigneur ! 

Le téléphone sonne toujours.  


                                                         -  


Je me dirige légèrement groggy vers le comptoir pour prendre l’appel.  

Je ne me souviens absolument pas de la conversation téléphonique. 

Un client pour un rendez-vous il me semble.  


Loup s’approche de moi…à pas de loup.  

Je n’ai même pas envie de rire de cette plaisanterie ridicule.   


-Baz’…commence-t-il d’un ton inquiet en tendant une main vers mon épaule.  


Mais je l’évite et je m’enfuis à l’étage pour m’enfermer dans ma chambre.  

Je suis un lâche.  

Et un monstre. 

Je suis pathétique !  

Et je n’ai même pas la force de faire une crise d’hystérie en bonne et due forme. 

Voyez à quel point je suis misérable !   

Seigneur ! Mais qu’est-ce qui m’a pris !? 

… 

Bon très bien… 

Je sais parfaitement ce qui m’a pris. 

Je vais tout vous avouer.  

Si si, pas de blague cette fois-ci. 

… 

Je suis… 

Un vampire.  

Haha ! 

Pardonnez-moi je suis incorrigible. Il semblerait que même en plein désarroi émotionnel, je sois totalement incapable de retenir mes plaisanteries.  

Affligeant.  

Bien, je vais tenter (je dis bien tenter vous avez remarqué) de conserver mon sérieux pendant plus de cinq minutes.  

Voilà. 

La vérité… 

La vérité rime avec vampire.  

La vérité… 

C’est que Loup m’attire. 

Quel poète je fais !   

Très bien ! Très bien ! J’arrête d’essayer de faire diversion par une petite pirouette, ne vous énervez pas !   

Et je ne répèterai pas vous avez parfaitement lu ! 

Voilà.  

L’incident est clos. On ferme la boutique !  


-Baz’ ?   


JESUS MARIE JOSEPH !!   

Pas lui !  

Pas maintenant !   


-Baz, je…je sors. A…à plus tard.  

-O…Ok, passe une bonne soirée.   


SEIGNEUR !  

Qu’est-ce que c’est que cette toute petite voix tremblotante !!

Je suis un flanc ! 

Ambroise de la Tour est un mollusque !  

Donnez-moi un pieu !   

J’entends Loup fermer la porte d’entrée à clé et je me laisse tomber sur mon lit. 

Un moelleux des plus appréciables si vous voulez tout savoir. 

Parfait pour y faire une crise de larmes. 

Mais les vampires ne pleurent pas.  

Dommage.   


                                                                 -  


Je tourne en rond dans ma chambre depuis deux heures.  

La nuit est finalement tombée accompagnée d’une petite brise fraiche qui devrait normalement me remplir de joie.  

Au lieu de ça, je m’agite dans tous les sens. 

Il faut que je sorte ! 

J’enfile une veste légère et me voilà parti.  

Peut-être arriverai-je à retrouver Loup au détour d’une rue ?   


Ce n’est pourtant pas sur lui que je tombe au coin d’une ruelle sombre.  

Des yeux cernés de noir, un sourire moqueur sur un visage fin encadré d’un rideau de cheveux clairs.  

La petite furie.   


-Tiens tiens, mais revoilà l’ancêtre ! 

-Dégage gamin.   


Au Diable la politesse, je n’ai clairement pas l’envie de perdre mon temps avec lui.   


-Tiens ça y est t’as imprimé que je suis un mec.   

-Pardonne moi, tu es tellement chétif, efféminé et ta voix est si fluette que j’ai commis une effroyable méprise.   


Oh ! Cela ne lui a pas plu.  

Ses petits poings se serrent de toutes ses forces.  


-Tu vas regretter ça connard.  

-Excuse-moi, mais on m’attend ailleurs.  

-Je ne crois pas non, rétorque-t-il avec assurance.  

-Pardon ? 

-Tu ne vas aller nulle part.  


Trou noir.   



                                                               -  


Mardi 5.   



Oui, étant donné que le ciel est d’un bleu légèrement moins nuit à l’Est, je pense sans trop me tromper que nous avons changé de jour.  

Alors ! 

Faisons un rapide état des lieux.  

J’ai une migraine atroce. 

Je suis… 

Attaché avec des chaines.  

Et il semblerait qu’elles soient elles-mêmes fixées au sol. 

Un courant d’air frais m’informe que je suis nu.  

Me voilà bien avancé. 

Un bruit derrière moi me fait tourner la tête. 

Une lampe-torche s’allume, éclairant le visage de Loïs par en dessous lui donnant un aspect fantomatique de film d’horreur.  

C’est d’un cliché !  


-Ca y est ? On a fini sa sieste ?  

-Alors ? On a oublié de muer ?  


Humpf !  Un coup de pied dans le dos m’informe que le gnome n’est pas seul.   


-Ta gueule sale con !   


Les bonnes manières se perdent ma bonne dame ! 

Les gens se vexent bien trop facilement de nos jours.   


-Très bien. Ta petite farce était très amusante, maintenant pourrais-tu me détacher ?


Le gamin ricane.   


-Tu l’as rêvée celle-là. Tu vas griller ici comme c’est prévu depuis le jour où tu as mis les pieds dans cette ville.  

-Allons bon, me voilà transformé en futur barbecue. 

-C’est ça, fais le malin. Tu rigoleras moins quand le soleil fera cramer ta sale gueule de Maudit.  

-…Comment m’as-tu appelé ?   


Est-ce que… Je n’aime pas vraiment cela.  


-Oh, Maudit ça te plait pas ? Tu préfères peut-être…Basile de Moratour ?  


Vraiment pas… 

Ça sent le roussi, si vous me permettez l’expression.  

Parce que ce patronyme, seuls Loup et les membres de mon ancien clan le connaissent.


-Qui t’a donné ce nom ?   


Je sais parfaitement que Loup n’aurait jamais pu faire une chose pareille et mon clan a été décimé il y a quarante ans.   


-Bien trouvé le coup de l’anagramme, vraiment. Je t’applaudirais bien mais mes mains sont occupées tu vois…  

-Qui t’a donné ce nom ?!   


Je n’avais pas très envie de hausser le ton, mais ma patience s’effrite à une vitesse assez prodigieuse.   

-Mais c’est qu’il montre les crocs le vieux bout de peau ! s’exclame le sale gamin. Tu t’es vendu tout seul bâtard !   


Quoi ?   


-Tu sais papy, les chevalières c’est traître ! Et tu es le seul vampire encore en vie de ta famille. Alors après, c’est pas très difficile d’ouvrir un bouquin de généalogie ou de demander aux mormons de faire des recherches à ta place par internet. Tu vois ? T’es qu’un guignol !   


… 

Et merde ! 

Je suis tellement stupide parfois ! 

Je savais bien que j’aurais dû m’en débarrasser de cette bague. 

Mais elle possède une telle valeur sentimentale ! 

Et je déteste les nouvelles technologies !   


-Et bah alors ? Tu ne dis plus rien ? 

-Très bien, qu’est-ce que tu veux ?  

-Que tu crèves.  


Oui, il me semblait que c’était assez évident.  


-Pourquoi ?  

-Vengeance personnelle. 

-Pardon ?  

-Tu as tué mes parents !  


… 

Pardonnez-moi. Je vais sans doute me répéter et paraître insensible et froid, mais… Seigneur ! C’est tellement cliché !  


-Impossible ! Je n’ai tué personne depuis plus de deux cent ans ! 

-Menteur !  

-Je peux jurer sur tout ce qui m’est le plus cher, que je dis l’entière vérité.  

-TU MENS ! Tu es un Maudit ! 

-Et alors ?  

-Les Maudits sont tous des tueurs !   


Vôtre Grâce aidez moi, ce garçon va me rendre fou !  


-Fadaise ! Ce ne sont que des rumeurs destinées à faire peur aux loups-garous ! 

-Ta gueule ! Je me fous de ce que tu peux dire ! Si c’est des conneries explique-moi pourquoi un type avec la même marque que toi dans le cou a saigné mes parents ?   


… 

Oh…. 

Hey ! 

Ce n’était pas moi ! 

Vous me croyez vous n’est-ce pas ? 

Il semblerait cependant que je n’aie pas été le seul survivant du massacre de mon clan.


-Ce n’est pas moi pourtant ! 

-La ferme ! Je m’en fous de ton baratin ! Tu vas crever ici ça changera rien !  

-Loup te le fera payer…cher, très cher.   


Il explose de rire. Il ne doute de rien ce petit…  


-T’es vraiment un marrant toi ! Ton pote est en ce moment-même avec mon frangin. Je n’ai pas besoin de te faire un dessin. Si ?  


Effectivement, il n’a aucune raison de douter pour l’instant…  


-Ils doivent être en train de bai-ser comme des bêtes.   


Je ne dois pas m’énerver.  


-Ah putain trop énorme la tête, tu fais vraiment pitié.   


Surtout pas !   


-Rah mon pauvre tu crois vraiment tout ce qu’on te dit.   


Je vais le décapiter.   


-Ils baisent pas, enfin, j’en suis pas vraiment sûr évidemment. Il est quand même avec mon frère, mais c’est juste parce qu’on le surveille pour la cérémonie. 

-Quelle cérémonie ? 

-Le rituel de purification.  

-Purification ?  


Dans quel pétrin me suis-je encore fourré ?


-T’as souillé ton pote avec ton âme de Maudit. Il a besoin d’être lavé de toutes ses impuretés. 

-Tu es complètement malade ! 

-La ferme !  


Le type qui me frappe derrière commence sérieusement à me taper sur les nerfs.  


-Ce soir c’est la Pleine Lune, il recevra la bénédiction de ses frères loups et reprendra une vie normale après la régénération de son âme animale. Et TOI, tu seras plus là pour le détourner du droit chemin !  


Seigneur !  

Une secte !  

Il ne manquait plus que cela !   


-Sur ce, bon bain de soleil !    


                                                        -  


J’apprécierais fortement, que les gens cessent de prendre mon crâne pour un punching-ball. 

Ce serait vraiment aimable à eux.  

Oui, vraiment. 

Quand je me réveille –à nouveau- le ciel a considérablement bleui.   

Doux Jésus !  

Hâtons-nous !  

Humpf… Dieu que ces chaînes sont lourdes.  

Bien, j’en profite, le temps de les retirer (je suis un vampire, je sais ôter des chaînes sans aucun outil, cela fait partie du lot de talents divers et variés que nous possédons), pour vous donner quelques précisions.  

Maintenant que nous sommes seuls et que vous connaissez désormais ma véritable identité, je peux vous révéler la raison pour laquelle cette marque orne mon cou.  

Je vous ai précédemment expliqué que les différentes espèces étaient régentées par un ensemble de lois propres à chacune d’elles. 

Et bien, il existe également un certain nombre de règles implicites entre espèces qui ne sont, généralement, jamais bafouées.  

Comme unique exemple je vous indiquerai seulement cette simple loi : « Un loup ne mord pas un vampire, un vampire ne mord pas de loup. »  

Question d’étique.  

Le sang de l’un serait, d’après les rumeurs, nocif à l’autre.  

Et inversement.  

Si bien que chacun reste dans son coin tranquillement, se tape sur le museau de temps en temps, mais personne n’échange de sang.  

Jamais. 

Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’il existe un nombre infime de vampires qui, allant à l’encontre de toutes ces superstitions de grand-mère, ont un jour décidé de s’essayer au sang de lycan.  

Et qui n’en sont pas morts (certes, ils l’étaient déjà, ne jouez pas sur les mots !). 

Bien au contraire. 

Ils ont découvert avec stupeur que le sang de loup-garou les rendait plus…vivants. 

Que ce sang les nourrissait plus longtemps. 

Qu’il leur permettait de retrouver une partie de leurs sens humains tout en conservant les leurs (et croyez-moi, quand vous retrouvez le goût, c’est purement jouissif).  

Ils pouvaient voir les couleurs à nouveau, sentir autre chose que la peur, apprécier le toucher d’une étoffe soyeuse.  

Ce sang leur rendait une part d’humanité, il relançait le processus de pousse des cheveux.  

Détail futile pensez-vous ?  

Quand vous avez toujours la même apparence, il est difficile de se faire oublier.  

Or, pouvoir changer de coupe, c’était retrouver une certaine liberté et cela mettait du baume au cœur. 

Et, point non négligeable, le sang de loup a un goût bien plus agréable.  

En bref, que des avantages ! 

Ces quelques vampires se sont bien évidemment gardés de prévenir leurs petits congénères car ils venaient de découvrir un trésor inestimable.  

Les loups-garous étant moins nombreux que les humains, il était d’autant plus nécessaire de maintenir le secret.  

Quelques vampires ont tenté de répandre l’information dans notre communauté. Ils ont rapidement été réduits au silence.  

D’autres ont découvert par hasard ce fameux secret, à la suite d’accidents ou de morsures hasardeuses.  

Je fais partie de ceux-là.  

J’ai mordu -sans m’en rendre compte- un loup-garou et laissez moi vous dire que j’ai été bigrement surpris en remarquant que c’était délicieusement bon !  

Je me suis ensuite fait embrigader dans le clan secret des buveurs de sang lycan.

Malheureusement, il y a quarante ans, un de nos membres a vendu la mèche à nos congénères qui nous ont attaqués pendant un de nos rassemblements.  

Ils ont éliminés les plus puissants d’entre nous et ont marqué les autres au fer rouge comme du bétail pour s’en servir de jouets lors de « chasses au Maudit »  

C’était une petite distraction qu’ils appréciaient énormément.  

Vous vous dîtes maintenant que je suis un faible puisque j’ai survécu ?  

Que nenni mes amis ! J’avais admirablement bien caché mon jeu.  

La paresse c’est payant ! Moins vous en faites, moins on vous remarque.  

Je suis passé entre les mailles du filet et me suis enfui à la première occasion.  

J’ai appris par la suite que le reste des membres de mon clan avait été éliminé suite à ma fugue mais il semblerait que quelques uns aient réussi à faire les morts.  

Haha.  

Bref.  

Ah !  

Enfin ! 

On est quand même plus à l’aise sans ces entraves inutiles !  

Bien, maintenant vous m’excuserez, mais je dois courir nu jusqu’au salon de coiffure, j’apprécierai que vous ne regardiez pas.

Merci.  


                                                              -  



Ah ! Vous revoilà !  

Avez-vous remarqué ?  

La journée est passée à une vitesse folle et la Lune est maintenant sur le point de se lever.  

Je suis à présent, lavé, coiffé et surtout, habillé !  

Tout spécialement pour vous !  

Hoho ! Je plaisante !  

Je suis actuellement devant le hangar dans lequel sont attroupés les membres de la secte, pour tenter de sauver ce cher Louloup.  

Je doute cependant qu’il ait réellement besoin de mon aide.  

Enfin, s’il a affaire à toute une meute de loups-garous sous forme animale, il ne sera certainement pas contre un petit coup de main.  

Il m’a été terriblement facile de les retrouver.  

Une telle concentration d’hormones, cela ne passe guère totalement inaperçu.  

Et j’ai apporté avec moi, un sac rempli de quelques petites choses qui devraient leur faire plaisir.  

L’avantage de ce genre de bâtiments, c’est que vous avez toujours une échelle à portée de main pour vous permettre d’accéder au niveau supérieur.  

Je surplombe à présent cette bande de dérangés du bulbe qui forment un cercle autour du corps de mon ami.  

Rassurez-vous il est encore en vie.  

Attaché sur une sorte d’autel avec des dessins cabalistiques sur le torse certes, mais en vie.  

On se croirait presque dans une série télé.  

Ils sont tous vêtus de longues capes à capuche et psalmodient des paroles incompréhensibles en se balançant d’avant en arrière.  

Ils sont ridicules ! 


Et n’ont absolument rien inventé! On pratiquait déjà ce genre de rituel il y a trois siècles !  

Un peu d’innovation c’est trop demander ?  

Ah ! Ce cher Loïs se présente devant l’autel avec une dague dans les mains !  

Seigneur, c’est d’un ennui !  

Il se place à califourchon sur les cuisses de Loup… 

Descends de là immédiatement petite pu…stule ! 

…et grave un dernier signe à même la peau de mon ami ! 

Très bien. Il vient de signer son arrêt de mort !  


-HEY !   


Oups, je n’avais pas prévu de me faire remarquer de si tôt.  

Tant pis, continuons sur notre lancée, ils se sont tous retournés vers moi.   


-PAS TOUCHE ! C’est peut-être un connard mais c’est MON connard ! Si t’en veux un tu prends un ticket et tu dégages !  


Oui c’est bien moi qui ai crié cela. 

Je sais, je me fais honte avec ce langage de mal dégrossi, mais il semble que cela soit le seul moyen de communiquer avec ce jeune blanc-bec.   


-Viens le chercher si t’as des couilles ! beugle-t-il en réponse.  


Et bien soit ! Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ! 

Je repère une échelle et m’empresse de descendre. 

Bien évidemment, alors même que je rejoins le sol, les loups commencent tous à se transformer. 

Ce serait trop facile sinon.  

Joie. 

C’est là qu’intervient le génie électronique.  

Il est bien utile de disposer d’un grand congélateur chez soi.  


On peut y entreposer toute sorte de victuailles, des légumes, des pizzas, des hamburgers…de la viande.   


-Allez approchez mes loupiots ! C’est l’heure de manger !   


Et hop on s’enfuit en courant avec tout le stock de barbaque rouge et saignante à point ! 

Je suis un génie !  

Ou pas.   

Me voilà coincé dans un coin du hangar !

Quel idiot je fais… 

Bref !  

Haut les cœurs ! 

Sortons les poings !  

Faisons voler dents et mâchoires !  



                                                           -  



Je m’amuse comme un petit fou, je dois bien l’admettre.  

Les loups assommés commencent à s’entasser autour de moi et ceux que j’avais éloignés en lançant la viande un peu partout, reviennent à présent pour venger leurs frères endormis.  

Je m’échappe, après une diversion, de ce coin qui… 

Arg !  

L’enflure !  

Un loup me mord l’épaule !  

Et j’ai beau m’escrimer à lui frapper la truffe, ce scélérat refuse de me lâcher !

Humpf ! 

Un deuxième vient de s’attaquer à ma cheville… 

Je l’expédie d’un coup de genou quand un troisième me saute dessus et tente de me défigurer.  

Ah non ! Certainement pas Monsieur !  

J’arrive à me débarrasser de lui et détache finalement celui qui me laboure l’épaule droite.   

Mon bras est totalement engourdi et je me vide de mon sang d’un peu partout. 

Et bien, pourquoi pas, qu’y puis-je après tout ?  

Seigneur… 

J’ai comme une petite faiblesse dans les jambes.  

Je me sens légèrement nauséeux.  

Et où Diable donc est passé Loup ? 

J’espère sincèrement qu’il ne lui… 

Qu’il ne lui est… 

Rien… 

Arrivé.



                                                     - 



-…z’  


Mmh ?  


-…az’   


Qui me parle ?  


-Baz’ !   


Doux Jésus !  

Loup est en vie ! 

Et il me secoue doucement l’épaule (gauche, quel homme prévenant !) pour me faire reprendre mes esprits.  

Je n’arrive même pas à ouvrir les yeux.  


-Baz’ réveille toi putain !  


Mmh sa voix est faible.  

Mes paupières s’ouvrent et je le vois penché sur moi.  

Il fait encore nuit. 

Un rayon de Lune traverse une lucarne pour nous éclairer doucement. 

C’est beau.  

Loup m’envoie un petit sourire et je remarque finalement des tâches sombres sur son visage. 

Mon Dieu !  

Il est couvert de sang !  


-Hey ! Panique pas, je vais bien, continue-t-il à voix basse. J’ai été mordu au bras sinon tout le reste c’est ton sang et je…  


Quoi ?  


-Mmh ? 

-J’en ai bu un peu, je crois, sans faire exprès.  


QUOI ?   


-Calme-toi Baz’…tu perds trop de sang. Vraiment…  

-Loup…  


Oh ! Ma voix est aussi faible que la sienne.   


-Ne parle pas, s’il te plait.   


Toi tais-toi.   


-Baz’…  


Une violente quinte de toux l’interrompt.  

Que lui arrive-t-il ?  


-Loup ?  

-C’est…c’est rien, prononce-t-il difficilement, je crois que…je crois que je fais une réaction.   


Il tousse à nouveau et cette fois-ci je sens des gouttelettes tomber dans mon cou.  

Du sang… Il crache du sang ! 

Seigneur…  


-Loup !   


Je puise dans mes maigres réserves de force pour tenter de me redresser mais il s’écroule sur moi, inconscient.  

Mon Dieu ! Que dois-je faire ?  

Je… 

Je ne peux pas le laisser.  

Je refuse de le voir mourir.   

Il n’a pas le droit !   


-Tu m’entends Loup ! Je t’interdis de crever ! Tu n’as pas le droit ! Sale petit con ! 


Oh Seigneur aide-moi par pitié !   


-Mmh !  


Ah ! Le frapper était visiblement une bonne idée.   


-Loup ! Reste avec moi ! Dis-moi ce que je dois faire !  

-M…r moi.  

-Quoi ?  


Il tousse encore…toujours plus violemment que la fois précédente.   


-Loup ! 

-Mords-moi…s’il te plait.   


Sa voix s’éteint dans un souffle.  


-Je…  


Il ne vient pas de me demander ça…n’est-ce pas ? 

Il ne peut pas !! 

…  


Mais quel autre choix se présente à moi ?  

Si je ne me décide pas rapidement, il risque bien de mourir dans mes bras et je suis beaucoup trop faible pour l’emmener dans un quelconque hôpital.  

Une nouvelle quinte de toux le fait tressauter et puis… 

Plus rien. 

Non… 

NON ! 

Pas ça ! Pitié pas ça !  

Oh Seigneur je vais commettre une folie !  


                                                                -



La première gorgée est… 

Orgasmique ! 

Nom. 

De. 

Dieu.  

La deuxième… 

Oh Seigneur !  

C’est tellement…bon ! 

Tellement trop ! 

Je vais m’évanouir de plaisir. 

Faites que cela ne s’arrête jamais…   



                                                              -  


Environ deux mois plus tard.  


Je meurs de chaud (appuyez bien sur le « meurs » je vous prie) et, -que le Ciel en atteste- je ne suis pas loin de fusionner avec mon fauteuil tellement je brûle.  

Mais…cette fois-ci, je suis très loin de m’en plaindre.  

Parce qu’un fauteuil en peau de Loup Garou, on s’y fond avec plaisir.  

Beaucoup de plaisir.  

Enormément de plaisir.  

Et ne rêvez pas, je n’ai aucunement l’intention de partager.  

Je vous vois venir avec vos petits yeux larmoyants…  

Je vous connais vous savez.   


-Baz’ tu es avec moi ?  

-Cesse donc de poser des questions aussi stupides et embr…  


Je vous rassure tout de suite.  

Loup aime toujours autant me tourmenter. Je crois même que cela a empiré.

Cependant j’aime sa nouvelle manière de m’ennuyer et puis je l’aime lui, tout simplement.  

Mais il ne le sait pas encore, je compte le laisser mariner un petit moment avant de tout lui révéler.  

Et puis, de toute manière, j’attends qu’il me l’annonce en premier.  

Je suis galant voilà tout.  

Honneur aux dames… 

Hahaha !  Ne lui répétez jamais cela, il me tuerait !  

C’est notre petit secret.  

Vous vous demandez s’il est finalement devenu loup-garou ? 

Et bien…pas vraiment.  


-Aïe ! Loup !  

-Quoi ? 

-On ne mord pas !   


Quelle sale bête.  

Bref. 

Après les évènements dans le hangar, nous étions un peu inquiets quant à son état de santé.  

Bienheureusement, un médecin nous a rassurés immédiatement.  

Loup était hors de danger. 

Cependant, le docteur n’était pas en mesure de nous dire si la mutation avait réellement pris ou non. 

Il nous a donc conseillé d’attendre la prochaine Pleine Lune. 

Ce que nous avons fait. 

Nous étions légèrement stressés bien entendu, mais le résultat s’est avéré…surprenant. 

Du fait de la part de vampire et de la part de loup-garou qui sommeillent à présent en lui, le corps de Loup n’a pas vraiment su comment réagir.  

Les deux gènes se sont battus pour prendre le contrôle et chacun s’est exprimé à sa manière.  

Aussi, si jamais vous croisez un vampire aux oreilles pointues et à la queue velue, ne soyez pas étonné, ce n’est qu’un Loup Garou qui se promène. 

Sur ce, chers amis lecteurs je vous abandonne.  

Ce soir, c’est la Pleine Lune.  

Laissez-moi vous dire que ma lune sera pleine ! Et plutôt deux fois qu’une ! 

Hohoho ! 

Je suis véritablement plein d’humour n’est-il pas ?        





Fin…  

 

                 ****************************************************

Wow, j'ai fini. Je peux aller me coucher, me pendre, changer de bras MAIS JE L'AI FAIT !

Avec une deuxième partie encore plus longue que la première. Je ne suis pas vraiment satisfaite de toute la fin, c'est pas vraiment comme ça que j'avais prévu que ça se fasse (en fait ça devait être encore plus long...) mais j'ai fait ce que j'ai pu.

Je m'excuse à l'avance pour la qualité de cette note de fin, je la fais alors que je viens juste de finir de tout mettre en page et j'ai les yeux défonced.


Je tiens à remercier :

-En premier Kid Cudy, wesh merci gros. Parce que pendant les deux semaines intenses que je viens de passer, j'ai pratiquement écouté que sa chanson en boucle et que j'en suis même pas dégoutée. Et ouais. (la chanson s'appelle Pursuit of Happiness, la version remixée et non remixée).

-Ensuite je remercie camille, qui m'a donné le lien de cette putain de chanson qui troue le slip.

-Après je remercie en vrac Fanny, Artoung, artemis, Nessy, Drakky et Little-B.

Drakky et Little-B pour leurs encouragements en review ou sur le chat.

Fanny pour son soutien (je t'aime même si tu m'as menacée de ban, je l'oublie pas è_é) et pour m'avoir écouté me plaindre de mon bras qui souffrait.

artemis pour son soutien inconditionnel et pour être restée jusque tard cette nuit avec moi au détriment de sa capacité à soulever des brindilles de foin. jte sushi <3

Artoung...ma pompom d'amour, la reine des combos de smiley sur msn, TOU ROXX et je crois que je peux te dédier cette fic parce que franchement voilà quoi. Tu y as cru plus que moi depuis le début. Alors merci.

Mention spéciale à Nessy qui est restée avec moi jusqu'à plus de 7h du mat' sur le chat uniquement pour me soutenir. Merci du fond du coeur, je te revaudrai ça è_é


Voilà j'arrête les conneries, ça me fait vraiment bizarre de les laisser là mes deux p'tits gars. P'tet bien qu'un de ces quatre on les reverra...

Je vous embrasse et je vous aime.

Sur ce, je vais m'échouer sur mon lit telle la baleine sur sa plage de sable blanc...

Parce que cétacé, dit la baleine...

 
 
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