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au 31 Mai 21 :
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Highlands
Par artemis
Huis-Clos '10  -  Romance/Général  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     10 Reviews    
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Disclaimer : Tout à moi (et y a pas de fierté à en tirer :p)

Note du champi : Voilà voilà, ma participation de dernière minute (comme toujours :p) au concours huis clos.

Je préviens, c’est court (j’ai du zapper pas mal de passages pour finir à temps :p), ça ne sert pas à grand chose (à part ne pas être jury), je mentionne juste Noël et ça doit piquer les yeux.

En plus de ça, Arsen est un chacal :p

Sur ce, bon courage

Highlands


« Je m’appelle Arsen. Je viens d’emménager pas très loin d’ici »
« Arsen ? C’est joli, on dirait un nom de conte de fées »
« Merci ? Et toi, tu t’appelles comment ? »

La vitre qu’il avait devant les yeux était grisâtre, opacifiée par la poussière et parcourue de toiles d’araignée. C’est à peine si l’on pouvait distinguer à travers la silhouette trapue de l’église quelques mètres plus loin. L’image de la nef de l’église, immense, noyée sous des chaises drapées de blanc, lui revint à l’esprit. Il grimaça en se remémorant la pénombre du bâtiment, étouffé par le manque de lumière qui ne parvenait pas à traverser les vitraux trop torturés.

Il secoua la tête, avançant d’un autre pas prudent. Le col amidonné de sa chemise lui cisailla le cou et il se retint difficilement d’arracher le nœud trop serré de sa cravate. Il se sentait engoncé, passablement ridicule, et ses nouvelles chaussures de cuir lui torturaient les pieds.

Il ferma les yeux, inspira profondément. L’endroit sentait le renfermé et la poussière, mais même ici, l’odeur électrique du printemps parvenait à s’infiltrer. Un mélange d’air chauffé par le soleil, d’herbe et de fleurs. C’était une odeur assez inconnue pour le distraire quelques secondes. Il avait l’impression d’être coupé du monde, bien loin du bourdonnement incessant de Paris.

Sa silhouette fine, sur laquelle le vent des landes se brisait dans un chuintement lugubre, ses cheveux fouettant son visage. Avec son teint de cendre, son regard absent et l’auréole de ses cheveux, il semblait tout droit sortir des histoires que lui racontait sa mère depuis des années. Grand du haut de ses huit ans, grave du haut de sa jeunesse. Il était assis dans l’herbe, visiblement indifférent au fait qu’il avait plu l’heure précédente, et ses pieds nus et blancs barbotaient dans le lac, crevant la surface noire dans un doux clapotis.
« Elle est froide ? »
Un hochement d’épaule et un sourire de bienvenu, doucement chaleureux.
« Tu n’as pas peur que quelque chose t’attaque ? On ne sait pas ce qui nage là dessous… »
« Les Highlands et les Lochs se fichent des humains. Tant que tu ne les embêtes pas, elles ne te feront jamais rien »
« Pourquoi tu en parles comme de quelqu’un ? C’est un endroit, ça n’attaque pas les gens un endroit. Je parlais plutôt d’un gros poisson »
« T’es vraiment nouveau toi hein… »

Et ce rire, spontané et surprenant, qu’Arsen n’était jamais vraiment parvenu à oublier. Ce son étrangement fragile, aérien, au bord de la fêlure. D’un geste sûr, le brun avait arraché une motte de terre, s’était relevé vivement et la lui avait tendue avec solennité. Curieux, Arsen avait observé la terre noire, riche, à l’odeur puissante d’humus. Le garçon à côté de lui avait balayé le paysage d’un ample mouvement du bras et, fasciné, Arsen avait observé les landes qui se découpaient au bout de la main blanche aux ongles noircis. Il avait contemplé les rayons lumineux tombant des failles des nuages, l’herbe dansant sous le vent, le temps gelé, la solitude et la liberté à perte de vue.

« Ici, tout est magique. Ne l’oublie pas Arsen, jamais »

Et le petit blond avait acquiescé, avec le sérieux et la foi sans limite des enfants de leurs âges. Ce jour là, Arsen avait appris à aimer l’obscurité. Celle de la terre qui s’effritait dans sa paume, celle de cette eau à l’odeur métallique. Celle d’un regard trop sérieux dans un corps d’enfant.


Arsen s’ébroua, tentant de supprimer la scène de son esprit. Il repoussa avec acharnement l’image des yeux noirs et du fantôme d’un sourire malicieux. Son regard s’ancra avec obstination sur la poussière dansant dans le rayon de lumière. Dans son dos, un léger soupir se fit entendre et le mur en bois craqua. Arsen se tendit et refusa obstinément de se retourner.

A travers la fenêtre, au loin, il distingua la silhouette floue d’un homme à la chevelure rousse s’occupant des invités qui commençaient à pénétrer dans l’église. Thomas sembla sentir son regard sur lui car il se tourna vers le petit cabanon et son visage se fendit d’un sourire radieux.
Arsen eut de nouveau envie de le frapper. Fort.

Arsen avait eu un doute pourtant devant son air trop amusé alors qu’il le trainait vers l’arrière de l’église, lui promettant une surprise qui allait le déstresser. A peine était il entré que son futur témoin avait claqué la porte et que le bruit d’un vieux verrou s’était fait entendre. Il lui avait suffi d’un coup d’œil à l’ombre appuyée nonchalamment contre l’un des murs pour comprendre ce qu’il faisait là, et, depuis, pas un mot n’avait été prononcé.

Malheureusement, la pièce était à peine plus grande qu’un placard et même en voulant fuir en s’écrasant le nez contre la vitre, le souffle de l’autre s’échouait encore de façon presque perceptible dans son dos. S’il l’avait voulu, Arsen aurait peut être même pu sentir l’habituel mélange de café et de métal qu’il lui avait toujours associé.

« Encore du café ? Mais tu vas te rendre malade à force… »
« Arsen, tu n’es pas ma mère. Et puis j’aime le café »
« Mais quand même, sans aucun sucre…C’est super amer ! »
« J’ai quinze ans, plus dix tu sais. Et c’est pour l’amertume que j’aime le café, ça me rappelle les gâteaux que nous donnait toujours le vieux du village avant de raconter ses histoires »
« Ben mange plutôt des gâteaux. Ce truc doit te ronger les dents, j’en suis persuadé »
« Arsen ? »
« Hm ? »
« Tu veux un sucre trempé dans mon café ? »
« …Avec de la mousse dessus ? »
« Bien sûr »
« J’ai cru que tu ne me le proposerais jamais »


Arsen passa une main agacée dans ses cheveux, grimaçant alors que ses doigts accrochaient les mèches domptées par le gel. Les souvenirs se bousculaient dans sa tête, sans cohérence, après deux ans d’oubli.

Quelques minutes plus tôt, il était pourtant parfaitement heureux. Il était parvenu à se convaincre qu’il était chez lui. Avec un rictus proche de la grimace il se demanda si Thomas n’avait ne serait ce qu’une vague idée des fantômes qu’il allait réveiller en l’enfermant ici.

En se concentrant un peu, Arsen savait qu’il pourrait faire apparaître derrière la fenêtre poussiéreuse un paysage tout autre que celui de cette campagne tranquille. Il reverrait avec précision ces terres sauvages où il avait grandi, celles que l’homme n’avait jamais vraiment dompté. Les falaises abruptes au Nord du village, blanches comme l’os, léchées par l’écume de vagues monstrueuses. Ce loch à l’eau noire, insondable, coincé entre deux collines. Le ciel bleu laisserait place à celui nuageux sous lequel il avait grandi et à sa luminosité particulière, poussiéreuse, souvent constellée d’arcs-en-ciel.

Déjà, l’odeur rassurante du feu de tourbe et de la terre noire après la pluie semblait le narguer dans un coin de sa mémoire, tout comme la voix desséchée du vieux O’Neil et le son mélodieux du vent dans les herbes hautes.

Il se frappa le front du plat de la main, dans une tentative désespérée de retrouver un soupçon de maitrise sur ses souvenirs. Il jaugea assez mal sa force et laissa échapper un grognement de douleur.

Il perçût parfaitement le rire tout en souffle de l’homme derrière lui, plus rauque que celui qui était gravé dans ses souvenirs. Le changement lui serra la gorge, sans qu’il ne parvienne à savoir si l’émotion qui l’étouffait s’approchait plus du soulagement ou de la tristesse.

« Arsen » Murmura l’autre avec amusement, affection. Une voix pas vraiment plus grave, à peine effleurée par le temps.

« Arsen, tu y crois toi, aux fées ? »

« Arsen, regarde, nous aussi on l’a, notre arbre de Noël…»

« Arsen ! Sors de là, tu vas te noyer idiot ! »

« Arsen ? Tu crois que ça fait quoi, d’être adulte ? »

« Arsen… »


« Tu as décidé de m’ignorer ? » Continua l’homme derrière lui, en se rapprochant d’un pas. Il savait au ton de sa voix qu’il levait les yeux au ciel et un sourire lui échappa sans qu’il ne s’en rende compte.

Il lui avait manqué. A en crever.

« A Paris ? »
« Oui. Mon père a été muté »
« Je vois »
« …C’est tout ? »
« Que veux tu que je te dise Arsen ? Paris est une très belle ville, je suis sur que tu t’y habitueras très vite »
« Tu t’en fous en fait hein ? »
« Oh je t’en prie, ne joue pas l’outragé avec moi. Et arrête de taper sur la table, le patron nous regarde bizarrement. Et moi, je compte revenir dans ce café pendant encore quelques temps »
« Tu n’es qu’un enfoiré »
« Qu’est ce que tu croyais que j’allais te dire ? Que tu seras à jamais la personne la plus importante pour moi, que je refuse de me lier à un autre que toi, que je repousserai ne serait ce que la notion d’amitié si tu n’es pas impliqué ? Tu veux que je te fasse une déclaration d’indéfectible affection, bien virile avec une bonne claque dans le dos, ou tu préfères que je me roule par terre en pleurant ? »
« Tu n’es qu’un abruti… »
« C’est toi qui te barres Arsen, n’inverse pas les rôles ! Ne me prend pas pour un con, il te faudra combien de temps pour m’oublier ? Un mois, deux ? Quand est ce que tu vas commencer à cacher à toutes tes connaissances parisiennes ton ami d’enfance mal dégrossi, pour qui la civilisation se limite à de brèves visites à Ullapool ? Bientôt tu me regarderas avec compassion quand je te parlerais du village et moi je serais condamné à t’écouter me raconter ta vie fantastique là bas. C’est moi que tu abandonnes Arsen, je ne te dois rien, et tu viens de perdre tout droit de m’en vouloir… »
« Tu crois vraiment que des gens vont m’apprécier ? Je pense plutôt que je vais me retrouver totalement seul… »
« Merci de me détromper, espèce de con. Et sinon, j’espère bien que tu seras tout seul et que tu pleureras tous les soirs en marmonnant mon nom. C’est tout ce que tu mérites »
« … »
« …Ca va, fais pas cette tête, je plaisante. Evidemment que tout le monde va t’adorer, comme d’habitude, et comme je ne serais plus là pour les rebuter tu vas devenir indécemment populaire et moi je vais être condamné à ronger mon frein du fin fond de ma campagne profonde. Il n’y a aucune justice »
« Tu penses que Paris c’est aussi beau qu’on le dit ? Et si jamais je me perds ? Qu’on m’agresse ? Que je n’arrive pas à suivre les cours ou que tous les élèves se moquent de moi parce que je ne parle pas très bien français ? »
« Mon dieu, tu n’as vraiment aucune délicatesse c’est effrayant. Je désespère et toi t’en fous »
« …Je suis mort de trouille »
« Je sais abruti. Faut pas, ça va être bien. Je suis sûr que tu seras heureux là bas »
« C’est toi qui le dis.. »
« Oui c’est moi. Et je t’ai déjà menti ? Bon. Alors maintenant tais toi et bois ton chocolat »   

C’était le premier et le seul mensonge qu’il n’y avait jamais eu entre eux. La France, ses beautés et sa grisaille n’étaient jamais parvenues totalement à éloigner de son esprit le vert unique des landes. Dans ce bonheur superficiel et effréné, il n’avait jamais pu ne serait ce qu’effleurer celui pur et brut qu’il avait connu au bord d’un loch et au coin d’une cheminée d’une vieille maison de pierre. Cette pensée acide dansa dans sa tête comme un constat évident sur lequel il ne s’attarda pas.

Ce dernier souvenir, il n’essaya pas de le repousser. Avec une résignation presque masochiste, il tenta de se remémorer les moindres détails, curieux de savoir si les années étaient parvenus à l’effriter, ne serait ce qu’un peu.

Il ne fallut pourtant qu’une seconde pour que derrière ses paupières closes vienne se dessiner la silhouette longiligne, toute en peau blanche et cheveux sombres, assise avec une élégance décalée sur une vieille chaise en bois vermoulu. Il revoyait le mystère qui le fascinait tant alors dans l’éclat malicieux d’un regard noir, dans la grâce de ses mouvements, dans l’onctuosité de sa voix.

Il revoyait les deux tasses identiques, fumantes dans l’atmosphère froide de la fin d’octobre. Chocolat contre café. Comme toujours.

Le visage de son ami était blême de n’avoir jamais quitté les Highlands et leur ciel nuageux et son sourire était doucement moqueur quand il observait Arsen souffler sur la boisson chocolatée pour la faire refroidir. Son expression restait cependant neutre, détachée, ne présentant plus aucune trace de colère froide. Ses yeux refusaient de soutenir ceux d’Arsen.

Savait-il alors déjà qu’il lui mentait, ou était il juste en train de le souhaiter de toutes ses forces ?

Il avait trempé un sucre dans son café, le tenant du bout des ongles pour ne pas se salir, avant de le tendre à Arsen sans un mot. Une petite habitude trop ancrée pour être perturbée par une dispute.

Pour la première fois, le sucre n’avait pas atténué l’amertume du café qui avait fait monter les larmes aux yeux d’Arsen. Alors il s’était contenté de le fixer, ce petit carré presque entièrement noir au coin grignoté qui se dissolvait dans sa paume, luttant contre des larmes malvenues chez un homme de dix sept ans.

Une main douce s’était posée sur celle d’Arsen, sans que jamais les yeux de son propriétaire ne se tournent vers lui. Des doigts froids avaient tracés des cercles réconfortant sur son poignet, lui tirant un frisson violent.

Arsen avait toujours eut du mal à s’exprimer. Pas lui.

Et il n’avait jamais oublié sa façon de dire adieu. Deux mains enlacées pour la première et la dernière fois, le froid d’un endroit qui ne serait plus jamais familier, une fossette au coin de son sourire vide. Et un arrière goût de café.

Arsen se frotta les yeux d’une main tremblante.

 

« J’ai croisé ta fem…Sylvia ce matin » Continua l’autre, sa voix semblant hésiter devant le prénom.

Arsen laissa échapper un éclat de rire bref, bruyant, faux.

Sylvia.

Il l’avait complètement oublié dès l’instant où il avait mis un pied ici. Le jour le plus important de sa vie était en train de prendre une tournure complètement insensée et il était un être horrible.

Il avait connu Sylvia quelques semaines après son arrivée à Paris. A l’époque, les lettres qu’il recevait en provenance d’Ecosse se remplissaient progressivement de noms qu’ils n’étaient pas les siens, parlaient de nouvelles amitiés qui lui donnaient envie de brûler les enveloppes à peine ouvertes. Ils se disputaient souvent, ne se téléphonaient presque plus.

Sylvia étudiait dans la même université que lui, et ils se croisaient au hasard des cours. Leur première véritable rencontre s’était déroulée comme dans les films, la jolie brune laissant échapper ses livres devant lui. Il l’avait aidé en souriant, elle s’était présentée.

Il se souvenait parfaitement qu’à l’époque son prénom lui avait fait penser à celui d’une fée ou d’une nymphe échappée d’un conte. Ca l’avait fait sourire. Ca l’avait marqué. Il avait refusé en souriant le café qu’elle lui avait proposé, mais avait accepté le thé.

Plus d’un an après, elle lui avait avoué, nue dans leur lit et un rire au creux de la voix, qu’elle avait volontairement jeté les livres au sol pour qu’il la remarque.

Elle était belle, de cette beauté rare de ces femmes qui portent aussi bien le tailleur chic et les chignons que les cheveux libres et les vieux pulls rapiécés. Un sourire à épingler le cœur, un caractère doux, un rire lumineux.

Arsen avait été heureux avec elle. Elle avait accepté son silence sur son enfance, ses colères quand d’autres essayaient de lui faire parler de l’Ecosse. Elle avait ri de sa méfiance envers les chevaux, repensant aux nombreux mythes de chevaux mangeurs d’hommes sensés hanter les lochs. Elle avait compris son besoin de solitude, toléré la façon dont il se noyait dans le travail jours et nuits. Elle avait été à ses côtés quand un cancer avait enfermé sa mère, si vive, si joyeuse, dans un hôpital pendant de trop courts mois sans espoir d’en ressortir un jour.

Là bas, il avait rencontré Thomas, médecin attentif qui était devenu un appui majeur pour lui. Quand le jeune oncologue l’avait appelé un jeudi, après un énième test, pour lui annoncer qu’il ne lui restait plus à sa mère que quelques jours à vivre, Arsen n’avait pas hésité longtemps. Le soir même, il demandait Sylvia en mariage. Il voulait que sa mère sache qu’il était heureux, qu’elle ne s’inquiète plus pour lui.

Ce n’était seulement maintenant qu’il comprenait l’étincelle hésitante qu’il avait vu dans les yeux de sa mère quand ils étaient venus lui annoncer la nouvelle le lendemain, les quelques secondes de silence avant son sourire.

Elle l’avait toujours bien mieux connu qu’il ne se connaissait lui même.

« Reste »
« Je sors juste cinq minutes. Je vais fumer »
« Je ne parle pas de ça. Et tu ne fumes jamais après un chocolat »
« Ben aujourd’hui j’en ai envie. Et je ne peux pas rester, tu sais très bien que c’est impossible »
« On pourrait rester ici ensemble. On louerait une maison près du Loch, personne ne veut y vivre à cause du froid et de la solitude. Je passe mon permis dans peu de temps, je pourrais t’emmener à la fac tous les matins. Jerry a déjà proposé de m’embaucher au bar si j’avais besoin d’argent »
« Je ne peux pas. On ne peut pas. Sois réaliste, tu sais aussi bien que moi que c’est impossible. Deux adolescents vivant seuls au milieu des Highlands ? C’est de la folie »
« Les Highlands ne sont pas dangereux. Et tu sais Arsen, la réalité c’est comme le chien du vieil O’Neil : le tout c’est de courir assez vite pour les semer »
« Je ne peux pas. Pardonne-moi »
« Ma proposition n’a pas de limite dans le temps. Si un jour tu changes d’avis, on plaque tout. Et on court Arsen. On court jusqu’à ce que plus personne ne prenne la peine de nous poursuivre »



Arsen laissa un sourire douloureux déformer ses lèvres en observant au loin le défilé tranquille des invités. Les deux années qui venaient de passer lui semblaient soudain floues, sans intérêts. Il se sentait soulagé, comme si sa vie venait enfin de reprendre le bon chemin après des années à se laisser porter par les évènements sans s’impliquer réellement.

Il sourit tristement une dernière fois en direction de l’église, embrassant du regard la silhouette hilare de Thomas, celles colorées et joyeuses de ses amis. Ils allaient le détester. Ils ne comprendraient pas.

Il se retourna.

L’homme qu’il avait désormais en face de lui était bien différent de l’adolescent qui hantait ses souvenirs. Ses traits s’étaient affirmés, délaissant sa beauté à mi chemin entre l’enfant et l’adulte pour un charme plus doux, mélancolique. Une petite cicatrice blanchâtre s’étalait près de son œil gauche et l’ombre d’une barbe courait sur ses joues. Il avait remplacé ses vieux jeans par un pantalon de costume et ses éternels pulls abimés par une simple chemise blanche, roulée jusqu’au coude. De la poussière s’était nichée dans ses cheveux coupés courts et une toile d’araignée était accrochée à son épaule.

Il était beau à en pleurer.

« Geil » Souffla finalement Arsen, le prénom coulant sur sa langue avec un sentiment proche de l’ivresse.

Le visage de Geil sembla s’illuminer et il pencha la tête légèrement sur le côté, le nez froncé et son immense sourire à fossettes aux lèvres.

« Tu n’as rien écouté de ce que je t’ai dis hein ? » Soupira le brun, essayant sans succès de prendre l’air affligé.

« Absolument rien » Confirma Arsen, se rapprochant d’un pas pour se coller à lui. Geil

l’observa, surpris par sa franchise, et éclata de rire. Le sourire d’Arsen s’agrandit, carnassier.
Avec naturel, Geil vint poser son menton sur son épaule, appuyant sa tempe contre la sienne. Arsen sentit son rire courir sur sa peau et il ferma les yeux une seconde. Il ne savait pas qu’il était possible d’être si profondément heureux.

La main de Geil vint frôler la sienne, caresse légère et presque imperceptible pendant quelques secondes. L’instant d’après, elle se referma avec force sur la sienne, glissant entre ses doigts un objet froid.

« Ton ami Thomas, il m’a donné le double de la clé » Lui confia Geil avec malice.

« Si un jour tu changes d’avis, on plaque tout. Et on court Arsen. On court jusqu’à ce que plus personne ne prenne la peine de nous poursuivre »


Arsen se pencha vers lui, laissant ses lèvres effleurer la peau douce près de son oreille.

« Tu sais Geil, je dirais que c'est une journée idéale pour courir »

Fin

 

Note du champi : hop la, débarrassée :p Encore désolée pour ce truc qui sert à rien (à part à ne pas être jury, ce qui roxxe !) et que j'essayerais de relire quand mon cerveau remarchera correctement :p


Sur ce, je vais dormir. Et bravo à ceux qui sont parvenus jusque là sans s’arracher les yeux :p
artemis


ps : Pour ceux intéressés, voilà l'image qui m’a inspiré ce truc, dont la maison près du loch

http://www.flickr.com/photos/29609591@N08/4638141721#/photos/29609591@N08/4638141721/lightbox/

 
     
     
 
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