Chapitre 09 : Scandale

Mais pourquoi avait-il voulu aller chercher ces fichues sucreries ? A peine avait-il posé le pied devant la boutique qu'une nuée de journalistes l'avait alpagué. Il entra à grand-peine dans le magasin, non sans être suivi par deux ou trois de ces maudits vautours. Comment pouvaient-ils être à tous les endroits en même temps ? Ils faisaient le pied de grue devant leur maison ! Ils l'attendaient à la porte de la Fondation ! Ils l'avaient même surpris quand il avait été convoqué par le Ministère. C'était là qu'il enviait Harry d'avoir une excuse pour rester caché chez eux. Cela ne faisait qu'une semaine que le "scandale" avait été diffusé dans les journaux et à la radio sorcière, mais cela avait suffi pour faire de leur vie un enfer. Ils ne comptaient plus la quantité de beuglantes qui leur avaient éclaté les tympans, ni celles, non-ouvertes, qui avaient laissé des traces de suie partout. Des dizaines de hiboux et de chouettes avaient laissé leurs messages, et leurs excréments, sur les sols neufs de la maison.

Devant tout cela, Harry s'était réfugié dans le grenier, et ne s'occupait que de l'aménager pour les jumeaux. Ce n'était que le soir, au dîner, qu'ils pouvaient se parler car, obstinément, l'homme enceint faisait la grasse matinée tous les matins. Il était entré dans le septième mois, son dos lui faisait mal, et ses jambes commençaient à gonfler lui offrant ainsi un prétexte à flemmarder au lit. Du coup, Kreattur et Drago se retrouvaient astreints à "gérer" les arrivées de lettres et de beuglantes. Au sujet de l'elfe de maison, le chercheur était soufflé de voir à quel point celui-ci se révélait être une vraie mère poule pour Harry. Les repas qu'il préparait ravissaient les papilles du parturient et accessoirement de son conjoint.

Drago plongé dans ses pensées remarqua au dernier moment que Madame Flume lui tendait le sac de bébés-bonbons.

- M. Malefoy, c'est prêt !

- Merci

- Voulez-vous repartir par cheminée ?

- Oh, oui, merci !

Il rejoignit alors sa maison. Il sortait tout juste de la cheminée quand il vit une silhouette toute ronde se jeter sur le sac.

- C'est pas trop tôt ! Dit Harry qui commençait à se remplir la bouche et la panse de ses sucreries préférées.

- Harry ! Tu en manges trop ! Et puis tu ressembles à Ron à t'empiffrer ainsi !

- Mais Drago, y'a tellement d'aliments que je n'arrive plus à manger, c'est une des rares choses que je peux encore supporter !

- Des excuses ! Je pense plutôt que tu manges et que tu bricoles pour éviter d'affronter la réalité !

- Quelle réalité ? Demanda Harry avec une mauvaise foi confondante.

- Harry, il va falloir affronter le monde !

- Naaan !

- Harry ! Sais-tu tout ce que l'on nous reproche ?

- Nan et j'm'en fiche !

- Et bien pas moi, car un jour tout ceci reviendra aux oreilles de nos enfants !

- Hein ?

- Je vais te dire tout ce que l'on nous reproche. On nous reproche déjà d'être homosexuels et de "trop" s'afficher !

- Pfff !

- On te reproche de vivre, et d'avoir fait un bébé, avec un mangemort !

- Tu n'as jamais été un mangemort !

- Je sais, mais on me reproche d'avoir ouvert Poudlard, et d'être avec toi pour me refaire une virginité sociale !

- Des jaloux !

- On nous reproche de n'avoir pas voulu nous contenter d'être des parents adoptifs !

- Ah oui, on pourrait aussi adopter, c'est une bonne idée !

- Harry…

- Ben quoi ?

- On nous reproche d'avoir "détourné" la magie pour faire des bébés contre-nature, et on nous accuse d'avoir "sûrement" employé la magie noire pour cela. On nous soupçonne d'avoir utilisé des produits de contrebande pour fabriquer les potions de grossesse !

- Ils n'ont aucune preuve !

- Je sais tout cela Harry, mais j'ai un mauvais pressentiment !

- Ah mon Drago, je ne savais pas que tu étais l'héritier de Trelawney !

- Ne te moques pas, Harry, c'est sérieux !

- Je le sais que c'est sérieux mais je veux penser aux bébés et à toi ! Et je suis obligé de nier tout cela pour ne pas me rendre malade.

- Comme de t'occuper du grenier ?

- Oui ! Au fait, y'a longtemps que tu n'es pas venu le voir ! Je vais te montrer tout ce que j'ai fait !

Harry prit la main de son compagnon et le tira derrière lui. Malgré son gros ventre, il monta quatre à quatre les marches et rejoignit le dernier étage de la maison. Le spectacle laissa Drago pantois. La pièce était lumineuse et avait l'air d'avoir grandi. Si le sol était fait d'un doux parquet lasuré vert pastel, les murs étaient totalement jaunes, mais d'un jaune très pâle, les poutres étaient peintes dans la même couleur que le sol. C'était d'une fraîcheur printanière. Déjà, deux lits avaient été installés, accompagnés par deux armoires et deux commodes à langer du même style. Ils étaient en bois, le jaune pour la fille, le vert pour le garçon. Des fées et des papillons magiques voletaient sur les murs, les poutres et quelque fois dans les airs. On pouvait entendre le bruissement des arbres de la fresque peinte sur un des plus grands murs. Elle représentait une forêt illuminée de soleil. On entendait aussi le ruissellement de sa cascade et le chant de ses oiseaux. Un havre de paix pour les futurs enfants Malefoy-Potter.

- C'est magnifique, Harry ! Du très bon boulot !

- Tu trouves ?

- Oui ! Juste deux choses : pourquoi n'as-tu pas cédé à la mode du rose et du bleu, et le fond sonore s'éteindra-t-il pendant le sommeil des bébés ?

- Ah, je vois que tu penses toi aussi au confort de nos petits anges. Et oui, il est prévu que cela s'amenuise, au fur et à mesure, qu'ils sombreront dans le sommeil, tu vois, j'ai pensé à tout ! Sinon, si c'est très amusant chez les autres ou sur les bébés-bonbons, je détestais l'idée d'utiliser ces deux "couleurs" pour nos bébés.

- Je vois que mon bon goût déteint sur toi, mon cœur !

- Oh, petit crétin ! S'exclama Harry.

- Petit ? Tu ne dirais pas cela si tu m'avais dans ton lit !

- Oh, sale obsédé ! S'indigna Harry.

- Sale, moi ? Moi qui prends deux douches par jour !

- Drago, tu es impossible !

- Oui mais c'est pour cela que tu m'aimes !

C'est alors que retentit la sonnette de la porte d'entrée. Ils se regardèrent étonnés.

- Tu attends quelqu'un ? Demanda Drago.

- Non et toi ?

- Non plus !

Ils descendirent l'escalier main dans la main et ouvrirent la porte. La première chose qu'ils virent fut une nuée de flash de lumière qui les éblouirent. Puis, ils purent constater la présence d'un sorcier qui ressemblait fortement à un représentant du Ministère encadré par le flot de journalistes.

- Messieurs Harry Potter et Drago Malefoy ?

- Oui ! Evidemment ! Ricana Drago.

- Je dois vous remettre cette assignation. Dit l'homme en remettant une grosse enveloppe à Drago.

- Hein ? Cria Harry.

Et l'homme transplana sans attendre. Le couple referma la porte en la faisant claquer. Harry chercha le regard de Drago qui commençait à ouvrir l'enveloppe. Ce dernier releva la tête et remarqua l'inquiétude dans le regard vert.

- C'est quoi ?

- Attends, laisses-moi le temps de lire !

Il prit la liasse que contenait l'enveloppe et commença sa lecture. Ses yeux allaient à toute vitesse d'une ligne à l'autre, et plus il lisait plus ses traits s'affaissaient et son visage blêmissait. Il laissa tomber ses bras le long du corps, puis tourna son regard vers Harry.

- Mon cœur, c'est horrible !

- QUOI ? Cria Harry très inquiet.

- Mon père…

- Oui ?

- Mon père nous fait un procès pour avoir la garde des enfants dès qu'ils seront nés.

- HEIN ? NON, IL N'A PAS LE DROIT ! CE SONT "NOS" BEBES ! NON, IL N'A PAS LE DROIT ! ET SOUS QUEL PRETEXTE ?

- Il dit que vu nos mœurs dépravées et notre incompétence concernant les enfants, il était indigne de nous laisser la garde de nos enfants !

- MAIS AUCUN NOUVEAU PARENT N'EST COMPETENT !

- Ne crie pas, Harry, je le sais bien et je suis d'accord avec toi ! Nous allons nous battre ! Il n'est pas question que je laisse nos enfants à ce monstre d'égoïsme qui ne m'aime pas assez pour accepter qui je suis !

- Oh non ! Gémit Harry en tremblotant. Avec son argent et ses "connaissances", je suis sûr qu'il va nous les prendre ! Drago, ce sont nos bébés, je ne veux pas qu'il nous les prenne, non, je ne veux pas.

Il s'écroula au sol malmenant ses genoux. Drago s'accroupit à son côté et le prit dans ses bras, il le berça puis l'emporta vers sa chambre. A peine Harry fut-il endormi qu'il battit le rappel de tous les amis de Harry et aussi les siens. Il leur donna rendez-vous pour dix-neuf heures. Il multiplia des copies de l'assignation et prépara des dossiers pour tous. Puis il demanda à Kreattur de préparer à manger pour une vingtaine de personnes.

Harry se réveilla encore très somnolent et la main sur son ventre. Les bébés lui donnaient des coups montrant ainsi leur vitalité. Il avait craint que la nouvelle du procès fasse des ennuis à son corps, mais apparemment, ce dernier, comme son esprit, s'était stabilisé. Il décida de se lever pour aller retrouver son homme. Il vit qu'il était tard presque vingt et une heure. Comme Drago l'avait déshabillé, il se revêtit d'une robe de chambre bien chaude. Alors qu'il descendait les escaliers, il entendit un brouhaha monter de la salle. Il s'y dirigea. Il fut agréablement surpris d'y découvrir tous ses amis habituels. Il y avait Ron et Hermione, Arthur et Molly, George et Angelina, Percy et Pénélope, Bill et Fleur ainsi que Gabrielle, Charlie et Natacha, Blaise et Pansy, Luna, Neville, Dean, Seamus et leurs conjoints respectifs. Des bambins courraient partout, plus ou moins contrôlés par leurs parents. La grande table était recouverte de dizaines de dossiers. Harry, les yeux ronds, se laissa enlacer par Drago qui venait de le voir.

- Bonsoir, Harry ! Lui dirent ses amis.

- Bonsoir à tous !

Ils étaient souriants et bienveillants. Molly et Hermione s'approchèrent de lui et simultanément l'embrassèrent sur les joues.

- Bon ! Dit Molly. Maintenant que Harry est descendu, il est l'heure de manger. Rangez vos dossiers que nous mettions la table.

Alors que deux ou trois des invités et Drago suivaient la matriarche, Harry s'approcha du groupe constitué d'Arthur, Ron, Hermione et Blaise.

- Je peux savoir ce que vous faîtes tous ici ?

- C'est Drago qui nous a contactés ! Dit Hermione.

- Et pourquoi ? Grinça Harry.

- Il veut notre soutien, nos conseils et notre… bonne réputation pour vous aider à combattre le procès pour la garde de vos enfants !

- Tu penses…

- Oui ?

- Tu penses que vous pouvez y arriver ?

- Bien sûr que nous allons y arriver, Harry ! Intervint Arthur. J'ai de bons amis et de bonnes relations au Ministère, qui trouvent lamentable ce que vous ont fait les journaux et qui ne portent pas Lucius dans leur cœur, loin de là !

- Et "Le Chicaneur" fera votre apologie ! Chuchota Luna qui venait d'arriver auprès d'eux.

- Merci à tous ! Vraiment je n'y croyais pas trop ! Après tout Lucius a toujours eu beaucoup de pouvoir !

- Pas autant que tu crois, plus autant en tous cas ! Dit Drago qui venait d'arriver à leurs côtés.

- On va gagner ? C'est vrai ? Demanda à nouveau Harry visiblement inquiet.

- OUI ! S'écria l'ensemble des invités qui se trouvaient dans la pièce.

Harry se réfugia alors dans les bras de son homme qui savait si bien s'occuper de lui.