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Pandora's Blood
Par Lia-chan
Naruto  -  Action/Aventure/Surnaturel  -  fr
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    Chapitre 1     0 Review    
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Dies Irae

Pandora’s Blood

Chapitre 1 :

Dies Irae

 

Le fin gravier crissait régulièrement au rythme des pas qui le foulaient tranquillement. Les rangées groupées et symétriques de sépultures semblaient laisser place à l’intrus comme des soldats muets et glacés.  Les allées, une fois minutieusement explorées, redevenaient mornes et sombres, condamnées à l’inconnue jusqu’à la prochaine fois où on les contemplerait.

Ce n’étaient pas les stèles de marbre rutilantes, ni les vieilles croix de bois abandonnées et pourrissantes qui était objet d’attention. Seul était balayé du regard les pierres de grès mats usées par l’érosion, celles qui semblaient avoir poussées là et qui partageaient, avec la terre et la végétation alentour, le déferlement des années. Comme pour marquer leur appartenance au sol, la mousse venait entraver les dalles, noircis par le temps, de ses chaînes végétales.

Ce fut une énième tombe souillée qui attira enfin complètement l’attention qui passait les sépultures au peigne fin depuis près de deux heures. S’accroupissant en grimaçant, le visiteur essuya difficilement la crasse et le lichen moisissant incrusté dans les sillons des lettres et chiffres centenaires,  semblant tendre peu à peu à camoufler l’identité du défunt. Ses yeux se plissèrent pour déchiffrer les écritures partiellement effacées par les âges avant que son regard ne laisse passer une subtile étincelle.

Uchiha Sasuke

1685-1712

 

Un rictus railleur étira faiblement les fines lèvres de la jeune femme.

      -  Je t’ai trouvé.

      -  J’ai toujours détesté les sépultures. Essayer de retenir la mémoire d’un mort indéfiniment… Je trouve ça si vain et inutile. Même la nature accepte et permet l’effacement de l’existence. Résonna une voix grave et profonde dans son dos.

La jeune inconnue se releva doucement, fixant toujours l’identité du mort avec attention.

      -  En même temps, l’existence n’est pas sensé traverser les âges indéfiniment, n’est-ce pas ? Sasuke… Fini-t-elle en se retournant calmement vers son interlocuteur.

L’homme était nonchalamment posé sur une haute tombe comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire fauteuil, jaugeant l’intruse de son regard abyssal et brillant. Une légère exclamation moqueuse passa ses lèvres.

     -  Cette règle ne vaut que pour la race humaine…

     -  Effectivement, vue comme ça…

     -  Puis-je vous demander ce que vous faites ici mademoiselle ?

     -  Ne te fou pas de moi, tu le sais très bien. Gronda la jeune femme.

Son sourire s’agrandit.

     -  Petite fille prétentieuse et inconsciente… Tu oses t’aventurer ici malgré le danger.

     -  Je n’ai pas peur.

Le brun haussa un sourcil avant de gagner une expression ennuyée.

     -  Menteuse, je sens d’ici la tension de tes muscles et les battements affolées de ton cœur.

     -  Simple excitation. Se défendit-elle.

Il se leva tranquillement  surplombant majestueusement son hôte.

     -  Que ferais-tu si je t’attaquais ici et maintenant ?

     -  Je te tuerais avant de mettre fin à mes jours.

     -  Tu as été bien formatée… Mais je sens autre chose en toi. Serait-ce des sentiments ?

Elle grinça des dents.

     -  Je suis chasseuse, il n’y a pas de place pour les sentiments.

     -  Faux, tant que tu es humaine les sentiments feront partie intégrante de ta vie, que ce soit l’amour… ou la haine. Termina-t-il en un chuchotement  à son oreille.

Les yeux verts de la jeune femme s’écarquillèrent de surprise.  Elle se retourna rapidement en un mouvement ample et habile, assénant un coup de poignard dans le vide alors qu’elle bondissait en arrière pour se retrouver hors de porter de son ennemis.

     -  Tu n’es pas très rapide ! Railla-t-il, esquivant l’attaque bien trop facilement.

Maintenant à bonne distance l’un de l’autre, les deux individus se jaugèrent avec attention.

     -  Moi je peux effacer les sentiments comme s’il ne s’agissait que d’une vulgaire trace d’encre sur ma peau. Mais ce ne serais pas amusant.

Elle fronça les sourcils.

     -  Amusant ?

     -  Ressentir la rage d’un combat, la frustration d’un échec ou l’excitation d’une victoire. Crois-tu que l’on puisse vivre trois-cent ans sans rien sentir ? Ce serait d’un ennuie…

     -  Baliverne. Asséna-t-elle.

La voix placide et grave de l’homme se fit plus froide et sérieuse.

     -  Seuls ceux qui  risquent de perdre une chose en apprécie la subtile valeur. Vous autres, pauvres créatures stupides, tentez par tous les moyens de rester aveugle à vos ressenti sans cerner leur potentiel.

     -  Quel potentiel ?

     -  Savoir ressentir c’est aussi savoir sentir… la peur, l’angoisse, la haine, l’amour… Savoir en user pour arriver à ses fins est considérablement attrayant. Mais quand on ne sait pas comment faire, on préfère traiter tout ça comme des entraves mortelles.

Il se retrouva en une demi-seconde a à peine un mètre d’elle.

     -  Je vais te dire ce qui est mortel, c’est d’ignorer ce qui peut te sauver la vie.

L’instant d’après elle le vit fondre sur elle et eu juste le temps de parer le coup de kunai avec sa propre arme. Sasuke bondit en arrière mettant à nouveau de la distance entre eux.

      -  Tu vois ? Tu as eu peur donc tu t’es protégée…

      -  Arrête de jouer ! Ragea la jeune femme à bout de nerfs.

A nouveau il fut derrière elle, entravant sa main armé d’une poigne de fer et l’autre de son bras qui enserrais  son abdomen, menaçant ses côtes d’une douloureuse fracture ou pire encore. 

      -  Et là… qu’est-ce que tu ressens ? Murmura-t-il sensuellement à son oreille.

Sa bouche prit la relève de son souffle en caressant doucement la peau fine recouvrant la jugulaire de la jeune femme. Si les caresses étaient douces, elle ne s’y trompait pourtant pas. Derrière la chair tendre de ces lèvres se cachait l’arme la plus dangereuse qui puisse exister en ce monde, des crocs de bête, acérés et mortels. Des Canines de vampire.

      -  Alors ? Quand partons-nous Mademoiselle Haruno ?

 

***

 

      -  Sakura… Sakura…

Le brun soupira et donna un puissant coup de pied dans le sac de couchage qui accueillait le corps roulé en boule de sa partenaire de voyage.  Le duvet remua vivement le temps que son occupante s’en extirpe.

      -  Non mais ça va pas la tête ! Rugit la jeune femme échevelée par ses longues heures de sommeil.

      -  Enfin…

      -  Tu pouvais pas me réveiller calmement comme tout le monde ? Maugréa-t-elle en se relevant avant d’épousseter ses vêtements.

      -  Je ne suis pas tout le monde. Et puis je déteste quand tu recases notre rencontre…

      -  Je… Je ne rêvais pas du tout de ça !

      -  A d’autre, tes fonctions vitales réagissaient exactement comme ce jour-là… avec le même timing.

Sakura s’empourpra légèrement de gêne avant de froncer les sourcils et de s’enfoncer dans les bois en grognant.

      -  Si j’étais toi je n’irais pas par là…

      -  Je me fou de ton avis !

Elle continua son chemin, laissant son acolyte au campement. Elle évitait habilement les racines et souches pourrissantes, avançant rapidement dans la forêt sombre qu’ils devaient traverser dans leur périple.  

      -  Non mais quel naze ! Vampire… tu parles ! Juste une grosse brute sans cervelle ! Aucun soupçon de délicatesse ! Non mais quel con ! Qu’est-ce que j’ai été m’enticher d’un mec pareil, franchement ! La prochaine fois je…

Un craquement de bois mort stoppa son monologue enragé. Elle se figea, tous les sens en alerte, concentrée, à l’affut du moindre mouvement. Sa main se porta doucement au fourreau de son poignard pour l’en sortir dans un sifflement métallique aiguisé. Le fourré face à elle s’ébroua et Sakura se mit en garde. Une seconde plus tard ce fut pourtant sur sa gauche qu’une branche craqua. Interloquée, elle se retourna vers le bruit sec, se retrouvant face à face avec un énorme puma pas franchement amical.

      -  Merde… Mais qu’est-ce que tu viens foutre ici toi ?

Elle recula d’un pas lorsque le fauve se jeta sur elle sachant que si elle le touchait, lui non plus ne louperait pas sa cible. Ce fut au dernier moment qu’elle se sentit tirer brusquement en arrière, échappant aux griffes du prédateur de justesse. La seconde d’après, elle assistait à l’exécution de l’animal par Sasuke. Un craquement affreux retentit contre les troncs abimés et le corps de la bête s’affaissa mollement tandis que le brun lâchait sont énorme tête.  L’homme ne s’attarda pas plus longtemps et passa calmement à côté de la jeune femme pour rejoindre le campement.

       -  Tu me remercieras plus tard. Lui murmura-t-il à l’oreille d’une voix roque.

Sakura fulminait. Pourquoi n’avait-elle pas tout simplement écoutée cet enfoiré au sens surdéveloppés !  Oui, elle allait devoir le remercier, comme à chaque fois qu’il la sauvait d’ailleurs, de moins en moins souvent heureusement… Sakura progressait dans son entrainement. Les enseignements de la Guardia lui avait appris à se battre, à réfléchir rapidement, à développer nombre de facultés mais sur le terrain c’était une toute autre histoire. Sur le terrain, le meilleur professeur qu’une chasseuse pouvait avoir était bien… la plus puissante de ses proies. Elle avait eu de la chance de ne jamais croiser un Erudit, avant Sasuke.

Arrivée au campement, stressée par son manque de méditation et énervée de devoir à nouveau la vie au jeune homme, Sakura alla tout de même s’assoir entre les jambes de son acolyte, tranquillement assis contre un arbre. Il l’a regarda s’approcher d’un regard intense et assoiffé, ses pupilles dilatées faisaient ressortir le rouge éphémère de ses iris qui ne se départait pas de l’éclat d’envie qui les faisait briller.

Une fois installée, la jeune femme attrapa sa chevelure mis-longue pour l’écarter de son épaule gauche et pencha la tête sur la droite avant de fermer les yeux.

       -  Ouvres-les. Ordonna-t-il.

       -  Quoi ?

       -  Ouvres-les. Je veux les voir se fermer de plaisir…

Bien que gêné, elle obtempéra. La seconde d’après, elle sentait les crocs acérés du brun s’enfoncer dans sa gorge, faisant légèrement et douloureusement rouler sa jugulaire avant de la percer.

Ce faire mordre par un vampire était une chose particulièrement déroutante. Il y avait, bien sûr, la douleur de la morsure mais ce n’était pas tout… Le venin qui infectait la plaie rendait l’aspiration du sang… excitante, tel un puissant aphrodisiaque qui se diffuserait du cou pour ensuite  gagner tout le corps, veine par veine, capillaire par capillaire. Des caresses internes qui faisaient vibrer de plaisir les proies de ses êtres nocturnes. C’était pour cette raison qu’ils se nourrissaient en priorité du genre opposé. Sakura ne faisait pas exception à la règle et elle détestait être ainsi à la merci des jeux et de la luxure de Sasuke.

Elle ferma enfin les yeux dans un soupir tandis que son corps se laissait suavement allé contre celui de l’Uchiwa. La respiration de la jeune femme s’approfondit alors que les mains du brun se faisaient baladeuses. Elle haïssait ne pouvoir lutter contre les réactions de son corps, elle haïssait aimer et vouloir servir de vulgaire pantin pendant que Sasuke s’abreuvait

Et puis tout s’arrêta, comme d’habitude. Repus, Sasuke se releva, laissant le corps pantelant et fatigué de la jeune femme essoufflée  s’étaler sur le sol. La vision de Sakura se troubla, elle ne décela encore une  fois que le sourire vainqueur et moqueur du vampire avant que le manque de sang ne la face sombrer dans l’inconscience.

 

***

 

Sakura se réveilla au beau milieu de la nuit, frigorifiée. Elle était seule au milieu du campement, Sasuke avait dû aller chercher une autre proie … Il aimait batifoler avec vampire ou humaine… mais elle était différente. Elle était son ennemis et à ce titre, ne servait que de garde mangé. Tous les gestes osés du brun n’était là que pour l’avilir, l’enrager… C’était son jeu.

Surtout que Sakura n’était pas une chasseuse ordinaire. Le terme exact de sa condition était Traqueur. Elle ne se contentait pas de faire le tour des sanctuaires, des cimetières ou des vieux rads où cette espèce ce retrouvait le plus souvent. Non, elle était affiliée aux profils les plus recherchés, les plus dangereux, les plus puissants, ceux du bingo-book de la Guardia. Elle « traquait » littéralement ses cibles sur des mois, des années, pour les éliminer.  Sasuke était lui aussi répertorié dans ce fameux bingo-book, comme la plus part des Erudits d’ailleurs... Cette appellation désignait les vampires de plus de deux-cent ans, les anciens, des maîtres de leur espèce.

 

Alors pourquoi ce retrouvait-elle à bivouaquer à travers le monde en compagnie de l’ennemis, loin du QG de la Guardia ? Pourquoi avait-elle mis en stand-by ses fonctions de traqueur depuis près d’un an ?

Depuis l’Apocalypse, la jeune femme avait fait beaucoup de chemin. Ses rêveries adolescente devant le nom d’Uchiwa Sasuke sur ces parchemins d’archives était devenu une obsession poignante, une petite réserve d’espoir dans un monde chaotique.

Oui, chaotique… En quelques mois le monde avait sombré dans une ère de terreur et d’horreur inégalable. Une puissante organisation, le Purgatoire avait rapidement fait mains mise sur les plus grandes nations du monde et avait débuté une grande opération nommée Dies Irae. Une terrible razzia c’était organisé, un génocide sans précédent… Les armés du Purgatoire abattaient hommes, femmes et enfants sans remords, sans sommations.

Réinstaurer la hiérarchie entre vampire et homme… voilà ce qu’était les ambitions de l’organisation. Les opposants étaient anéantit, tout simplement, et la terre était devenue un vaste terrain de chasse où la loi du plus fort trônait en maître, où tuer ou être tué était la devise du monde. La première vague de carnage, la plus meurtrière, fut nommé Apocalypse et laissa une profonde cicatrice dans l’histoire de l’humanité, une cicatrice qui suintait encore aujourd’hui.

La Guardia avait été créé pour réfréner la population vampirique qui c’était mise à abuser de sa puissance prédatrice. Des règles avaient fini par être instaurées :

       -  Un vampire ne pouvait rester nomade plus de cent ans.

       -  Un vampire devait intégrer un clan structuré et officiel au bout de cent-cinquante ans maximum.

       -  Le quota de proie par individu  est de quatre par semaine au grand maximum.

       -  Les génocides perpétrés sur les humains seront punis de mort.

       -  Les tueries abusives non déclarées sous vingt-quatre heures seront punis de mort.

       -  Les rassemblements de vampires en dehors des clans déclarés et légaux sont interdit sous peine de mort.

Les vampires du bingo-book dérogeaient au sus et vus de tous à ce règlement.

Sakura faisait partie de la Guardia depuis ses dix-huit ans, depuis la mort de ceux qu’elle aimait. Elle connaissait très peu de gens de sa génération qui avait encore leur parents, leurs frère, leurs sœurs… L’Apocalypse avait fait trop de victime pour avoir laissé ne serait-ce qu’une famille intact. Les hommes de la Guardia était le plus souvent solitaire, près à être formaté à souhait, ils étaient, pour la plus part, des survivants, fait prisonniers puis réquisitionnés au service du Purgatoire.

Sakura était à leur service depuis maintenant trois… presque quatre ans. Elle avait vue des choses horribles, innommables… Elle connaissait le goût du sang, les relents de la peur, la mort sous d’innombrables aspects… et ce monde lui réservait encore bien des immondices. Elle avait tout plaqué en retrouvant la piste de Sasuke Uchiwa, en consultant de vieux papiers à moitié brûlés. Ce nom était tous ce qu’elle avait, il engendrait en elle un sentiment d’espoir, de réconfort et de détermination qui ne collait pourtant absolument pas au personnage de Sasuke.

Ce jour-là, dans ce cimetière, Sasuke s’était adressé à Sakura comme si elle savait exactement où elle devait aller, comme si il n’avait qu’à la suivre… Pourtant, la vérité était que c’était Sakura qui suivait Sasuke, aveuglement, sans savoir vraiment où ils allaient… Elle ne possédait que le début d’une vieille prophétie en grec ancien qu’il refusait de lui traduire.  La jeune femme ne savait pas vraiment ce que cherchait le brun et comment il avait tout su d’elle d’un regard mais il était son seul repère et un précieux allié.

Un craquement se fit entendre à quatre mètres vers le sud.

       -  Je sais que c’est toi Sasuke… Tu pue le sang et l’alcool à dix mètres.

L’homme sortit enfin de l’ombre, calmement pour rejoindre le campement.

       -  Dommage… Tu aurais pu te mettre une nouvelle fois en position délicate. J’ai encore faim.

       -  Tu as largement outre passé les lois du Dies Irae Sasuke…

       -  Je t’en prie Sakura ! Ça fait trois-cent ans que je viol ces jeunes lois, je fais partis du Bingo-book de la Guardia depuis sa création alors un peu plus ou un peu moins…

       -  Tu ne comprends pas. Soupira-t-elle.

       -  Quoi ? Ton âme de Traqueur te pousse à m’arrêter ? Viens, je t’attends.

       -  Ne me pousse pas à bout. Tu sais très bien que si l’on est arrêté…

       -  Tu as sciemment déserté ton poste pour sympathiser avec l’ennemi, tu connais tout le fonctionnement de la Guardia et une bonne partie du QG du Purgatoire. Crois-moi, à côté de ça, mes petites incartades ne pèsent pas plus lourd qu’une plumes d’oie. L’interrompit-t-il d’une voix morne.

Il se laissa tomber sur son sac de couchage et se mit à fixer la jeune femme sans ciller.

       -  N’insiste pas Sasuke, c’est non ! Je ne me suis même pas encore remise de ta dernière fringale !

       -  Ce que ton organisme peut être lent… Grogna-t-il.

Elle le fusilla du regard. Elle détestait son arrogance, la façon dont il la rabaissait… Elle était peut-être humaine, elle n’avait peut-être que vingt et un ans mais elle était tout de même plus résistante qu’une simple civile. Elle avait tout plaqué, elle s’était mise en danger pour le suivre. Aujourd’hui  c’était lui ou la mort et il le savait, il en profitait avidement. Elle se leva pour aller s’installer contre lui en dégageant sa gorge…

       -  Alors vas-y, aspire ce qui reste. Après tout, ça te fera quoi de me tuer hein ? Je ne suis qu’une pauvre petite chasseuse lente, faible, inutile et qui ne peux même pas combler toutes tes envies !

       -  Sakura… arrête ça immédiatement. Lui ordonna-t-il froidement.

       -  Mais quoi ?! J’ai raison, non ?! Ça fait huit mois qu’on voyage ensemble sans même savoir pourquoi on s’encombre l’un de l’autre ! Je ne sais même pas où je vais ! Mais toi, Sasuke… toi tu peux très bien voyager tout seul. Alors va te chercher un autre garde-manger et débarrasse-toi de moi.

       -  Eloigne-toi Sakura.

       -  Tu peux me répondre tu sais.

Le brun l’attrapa par le bras pour l’écarter d’un geste brusque qui aurait pu lui briser les os. Elle se réceptionna rapidement tandis qu’il se levait lentement, soutenant son regard noir de ses yeux froid et inquisiteur.

       -  Je n’ai pas envie de m’encombrer d’un boulet pire que toi, alors tu m’es utile.

       -  Trop d’honneur ! Cracha-t-elle.

L’instant d’après il avait disparu, surement assoiffé par la proximité et la tentation qu’elle avait créé pendant quelques minutes. Si Sakura pouvait avoir un impact sur l’Uchiwa… c’était bien celui de la faim et elle aimait le lui rappeler, quoi qu’il lui en coûte.

Sasuke, quant à lui, rejoignait rapidement le petit village qu’il avait déjà visité plus tôt. Sa gorge le brûlait atrocement. Il pesta contre son acolyte. Imprudente, stupide… Elle avait bien faillit y passer encore une fois. Heureusement, ses trois-cent ans lui avaient octroyés une bonne maîtrise.

Il soupira. Devoir se coltiner une plaie pareille était parfois bien difficile mais il en avait besoins. Ses projets réclamaient peut-être quelqu’un de plus encré dans la Guardia, quelqu’un qui connaissait mieux le Purgatoire mais Sakura possédait ce qui faisait la différence…

Il atterri à l’entrée du village et parcourue calmement les ruelles. Toutes personnes qu’il croisait aggravaient encore un peu plus sa faim… Il ne pourrait rien y faire, se contenir lui était devenu impossible à présent, sa prochaine proie allait forcément  y passer. Lui et Sakura devraient reprendre la route avant que les villageois ne découvrent le cadavre, ce serait juste mais ils n’avaient pas vraiment le choix.

        -  Bonjour… Vous venez d’arriver en ville ?

La petite brunette qui lui faisait face devait à peine avoir la vingtaine, certainement plus jeune que Sakura. Elle avait un aspect de petite brebis fragile. Quand on savait qu’il était le loup… Cette comparaison le fit doucement sourire. Malgré la connaissance que les hommes avaient des vampires, qui aurait pu se méfier de lui ? Lui qui ressemblait plus à l’ange qu’au démon ? Lui qui paraissait si calme et placide là où les siens semblaient nerveux et avide ?

Lorsqu’ils étaient tiraillés par la faim, les yeux de ses semblables brillaient de soif et d’envie, une lueur de folie sourde ou d’empressement bien visible tintait leurs pupilles, mettant n’importe qui en garde. Ils tremblaient presque, leurs gestes étaient maladroits, secs et leur voix vibrait par à-coup. Mais lui avait bien trop d’expérience et d’années pour ressembler à cette vision pathétique du vampire affamé. Et puis il était un Uchiwa. Ces yeux ne reflétaient que ce qu’il avait envie d’y laisser voir. Le plus souvent c’était du néant. Il était calme, paisible et sa voix profonde laissait passer les sons graves et habiles de la séduction. Oui, ces trois-cent années lui conféraient une transparence auprès des humains qui lui était parfois bien utile. Il était bien le loup déguisé en agneau.

         -  Effectivement mademoiselle, sauriez-vous où je pourrais trouver un endroit où me reposer pour la nuit ?

Et puis il avait gardé de sa vie passé, les manières et paroles de l’aristocratie et de la noblesse du dix-septième siècle.

         -  L’auberge est au complet ce soir mais je propose le gite et le couvert lorsqu’il le faut, comme beaucoup d’autre foyer d’ailleurs.

         -  Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse…

         -  Ne vous en faites pas pour ça ! J’adore recevoir ! Et puis ce n’est pas comme au siècle dernier où l’on devait faire à manger à la main.

Il était bien d’accord… Les avancées technologiques de l’histoire étaient une véritable aubaine.

         -  Vous avez raison… Et bien, je pense que je peux accepter une si charmante invitation.

L’affaire était dans le sac. Cette jeune femme ne soufflerait pas ses prochaines bougies, ce ne serait ni la première ni la dernière malheureusement… Mais tant que sa Pandore restait en vie…

 

 

 
     
     
 
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