Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, l'univers non plus. D'où le bordel.
Warning : Violence physique et psychologique ! Et relation entre hommes...
Bêta : Skalyann et Duncan
NdA : Vous avez sous les yeux une version éditée et nettoyée, avec quelques changements mineurs.
Eve of Destruction
Chapitre 1
Bon, brute et cinglé
C'était le bordel.
Un putain de BORDEL. Il ferma les yeux, refusa de se laisser aller. De tomber. Respirer par le nez lui faisait un mal de chien et pourtant il ne montrait rien. Ainsi étaient les choses à St Brutus : afficher la douleur était un signe de faiblesse. Et être faible, c'était être la pute. Et Harry n'était la pute de personne.
Il ravala le sang qui lui souillait la bouche et sourit. L'autre : Ravelson, un nouveau du genre grand costaud qui voulait faire ses preuves, s'était définitivement trompé de numéro. Car malgré son gabarit de gringalet, Harry était au Centre depuis des années et il en connaissait toutes les règles.
En plus, il est était complètement taré.
Ravelson commençait à hésiter, et il avait raison, la réponse de Harry ne se fit pas attendre. Il y alla de toutes ses forces. Un uppercut du droit, un coup de pied dans les côtes et un acharnement quasi-maladif sur la tête de Ravelson avec ses poings. Ce dernier était resté tétanisé par la vitesse de l'attaque. Ses quatre-vingt-dix kilos, passifs, accusaient l'infernal déferlement de violence.
Comme à chaque fois cela se terminait par un KO, Harry se réveilla des heures plus tard dans la chambre noire.
La chambre noire, c'était là qu'ils les mettaient dès que la violence naturelle qu'ils manifestaient allait à l'encontre des règlements. Et cette violence n'était en rien à prendre à la légère. Le Centre d'éducation de Jeunes Délinquants Récidivistes de St Brutus n'accueillait pas des enfants de chœur. C'était le dernier recours des parents et des juges pour enfants avant la prison. Harry, qui n'avait rien d'un délinquant, ne devait son billet d'entrée dans ce lieu de perdition qu'à la bienveillance de sa famille d'accueil.
Il passa mollement une main sur la bosse au-dessus de son crâne que les surveillants lui avaient faite. Un sourire tordit ses traits dans l'obscurité. Il reconnaissait la marque de fabrique de Buddy Halley, le surveillant le plus vicieux de St Brutus, qui avait pris Harry en affection. Il l'avait laissé se venger avant d'arrêter le combat.
Harry ferma les yeux pour se concentrer sur la douleur. Il ne pensa à rien d'autre et s'autorisa enfin à souffrir. Par ses poings d'abord, il avait sûrement un doigt de cassé. Ensuite, son visage, un monstrueux hématome se profilait sur sa pommette droite - là où Ravelson l'avait frappé en premier. Et pour finir, il avait l'impression que son crâne allait se fendre en deux à tout moment.
Ce ne fut qu'après le dîner qu'il fut autorisé à rejoindre sa chambre. Une minuscule pièce sans fenêtre qui sentait le moisit et qu'il partageait avec Ripley - un crétin fini qui avait atterri à St Brutus pour d'obscures raisons. Son manque d'intelligence, de ruse et de muscles le rendait parfaitement antipathique. Il s'agissait du genre de boulet qu'on rencontre dans ces zones sinistres aux frontières de l'humanité, comme St Brutus. Ripley ne disait jamais rien. Il se contentait d'être là à observer leur petit monde pourri, le faciès ravagé de tics nerveux. Harry lui foutait la trouille et il en était bien content, ça lui permettait d'avoir la paix, au moins dans ses quartiers. Et c'était tout ce dont Harry avait besoin.
Les journées à St Brutus étaient monotones et rythmées par la même série d'événements immuables - avec son lots de combats surprises. Bien sûr, Harry ne cherchait jamais personne, c'était les ennuis qui le trouvaient.
C'était pathologique : à chaque fois, il attirait les petits nouveaux qui cherchaient à se prouver aux yeux des autres.
C'était une journée du mois d'août, le camp était pratiquement désert. Il ne restait que les plus violents, ceux que les familles ne pouvaient plus héberger et ceux dont personnes ne voulaient. Les gamins de St Brutus étaient spéciaux dans leur genre. Ceux qui restaient pendant les vacances d'été étaient la fine crème. Harry ne s'en plaignait jamais, il avait l'habitude.
Ce fut durant un déjeuner assez ordinaire que Harry fut appelé dans le bureau du directeur. Ce n'était jamais un bon signe d'être appelé par Witman. En temps ordinaire c'était un type réglo, mais il avait la main dure.
Harry n'avait rien à se reprocher, mais cela ne changeait rien. C'était comme en prison : on était toujours coupable jusqu'à ce qu'on prouve le contraire. Il se demandait vaguement si cela avait un lien avec sa famille. Ils payaient assez cher pour ne pas l'avoir dans les pattes. Peut-être avaient-ils trouvé une solution plus économique? Harry n'y croyait pas un instant.
Les surveillants le guidèrent jusqu'au bureau vide de Witman où il resta debout à attendre. La porte était vitrée et les surveillants étaient en train de l'observer de l'autre côté, Harry n'avait pas besoin de se retourner pour le savoir. Il était tendu et prêt à se défendre d'une possible injustice.
Il patienta de longues minutes en observant les éternels photos de soleils couchants et de palmiers sur les murs de Witman, jusqu'à ce que des voix le fassent se retendre. La porte s'ouvrit dans son dos, il ne se retourna pas.
Witman n'était pas seul.
« Le voilà. Le fameux Monsieur Potter, disait Witman.
Il vint se placer à ses côtés avec son interlocuteur - qui s'avéra être un vieil homme avec une barbe qui ressemblait à celle du père Fouettard. En plus blanche et moins hirsute. Et il portait un ridicule costume violet usé çà et là.
Harry n'était pas sorti dans les rues depuis cinq ans, pour ce qu'il en savait cela pouvait bien être la mode du moment.
- Monsieur, répondit Harry entre ses dents.
- Monsieur Durrington... commença le directeur.
- Dumbledore, corrigea l'inconnu.
- Excusez-moi, Monsieur Dumbledore, mais êtes-vous certain de ne pas vous tromper? Vous devez savoir qu'une fois votre décision prise, il ne peut y avoir de retour en arrière. Les places sont précieuses ici et nous ne reprenons jamais les jeunes gens qui nous quittent. Cela donnerait une bien mauvaise image de notre établissement.
Harry se mordait les lèvres pour ne rien dire. Il ne savait pas ce qu'il faisait là, en fait il ne voulait pas savoir. Il concentrait toute son attention sur le bleu-violet du soleil couchant sur l'une des photos qui lui faisait face.
- J'en suis certain. Maintenant si vous permettez, j'aimerais avoir une discussion en privé avec le garçon, dit le dénommé Dumbledore.
- Nous ne pouvons vous laissez seul avec lui.
- Seul - la voix du vieux ne souffrait aucune réplique.
Harry vit du coin de l'œil Witman ouvrir puis refermer la bouche.
- Très bien, comme il vous plaira Monsieur Durember. Sachez néanmoins que des surveillants se trouvent de l'autre côté de la porte en cas de besoin, même si, Harry est un jeune homme tout à fait charmant...
Plus bas, lorsqu'il s'approcha de Harry il susurra :
- On vous a à l'œil, attention aux faux pas Potter...
Harry sentit le souffle chaud de Witman se faufiler derrière son oreille. Il ne cilla pas, son œil fixé sur le soleil qui coulait dans l'océan.
Harry entendit la porte se refermer derrière lui et la voix étouffée de Witman qui lançait avec brusquerie des ordres à tout va. Il attendit, tendu.
- Tout d'abord, asseyez-vous mon jeune ami, débuta Dumbledore.
Harry jeta un regard au vieil homme, lui indiquant clairement ce que Harry pensait de lui. Il resta debout.
Le vieux ne fit pas attention au regard menaçant et s'installa naturellement à la place de Witman. Harry put ainsi l'observer. Il n'était pas un homme d'âge mûr, mais un véritable vieillard au visage ravagé de rides profondes, sa peau même la couleur grisâtre de la décrépitude.
- Jeune homme, permettez-moi de me présenter convenablement.
Blasé, Harry se demandait si le vieux n'était pas sénile pour lui faire autant de politesses.
- Je suis le professeur Dumbledore, directeur de l'école privée de Poudlard. Il est normal que vous n'en ayez jamais entendu parler. Nous avons une sélection à l'entrée extrêmement sélective. Et vous vous demandez sûrement que je fais ici?
Du moment que cela ne lui retombait pas dessus, Harry s'en foutait.
Il haussa des épaules, observant les mains fripées sur le bureau vide.
- Nous nous intéressons à vous.
Harry resta silencieux. Foutaises! Le monde n'en avait que faire de Harry Potter.
- Car voyez-vous, vos parents: James Potter et Lily Evans Potter, ont fait parti de nos élèves.
Ça, il ne l'avait pas vu venir, c'était une attaque vicieuse qui lui coupa la respiration pendant quelques secondes. Le vieux le regardait, traquant la moindre émotion qui pourrait trahir Harry. Du coup, il était en terrain familier, c'était comme prendre un direct du droit. Et s'il y avait une chose que Harry savait faire avec brio, c'était encaisser les sales coups.
- Poudlard est une école spéciale et vous y avez une place réservée depuis des années. J'apprécierai que vous acceptiez de nous rejoindre maintenant que vous êtes en âge. Vous avez seize ans, n'est-ce pas?
Harry venait effectivement de fêter son seizième anniversaire. Un étrange son sortit de sa gorge pour confirmer.
C'était tellement du n'importe quoi qu'il n'y croyait pas. Et si Witman n'avait qu'une once de sens de l'humour, Harry aurait pris cela comme une gigantesque blague. Mais le regard bleue électrique du vieux était trop sérieux. Évidement si cela se trouvait son école était aussi tordue si ce n'était pire qu'ici.
Qu'est ce qu'il le pousserait à accepter? N'avait-il pas dit, après tout, qu'il s'agissait d'une école spéciale? Et même si St Brutus était un lieu horrible, cela restait néanmoins un lieu qu'il connaissait et dont il maîtrisait parfaitement les us et coutumes. En plus, il ne lui restait que deux ans à tirer et ensuite, il serait libre de faire ce qu'il voulait de sa vie.
- Monsieur, sa voix était un peu rouillée, je suis désolé mais je ne peux accepter. Même si mes p-parents y ont été, sa voix trébucha mais ne tomba pas.
- Je comprends que tout cela puisse être un peu soudain, mais songez au choix que je vous offre. Vous pourrez quitter ce lieu et enfin connaître l'endroit d'où vous venez.
- Monsieur, sauf votre respect, mais quel genre de directeur d'école se déplace lui-même pour recruter des élèves dans ce type institut ? Pour quelle genre d'école?
- Je vous assure qu'il s'agit d'une école respectable et que vous y avez votre place.
Il marqua une pause puis ajouta :
- Contrairement à ici.
- J'ai du mal à vous croire.
- Je sais que cela n'est pas facile. Mais si cela peut vous rassurer, sachez que j'ai connu vos parents en personne et qu'ils ont été très heureux à Poudlard. Même si les choses ont changé depuis, j'ai toujours fait mon possible pour que tous mes élèves y soient à leur aise.
Il avait dit ça avec ses yeux bleus enfoncés dans les siens.
Harry était perplexe. Il refusa de se laisser toucher par l'argument sentimental. Si le vieux pensait qu'en agitant le drapeau des parents devant le pauvre petit orphelin, il réussirait à faire mouche une seconde fois, il pouvait se le carrer profond.
S'il résumait l'histoire bancale et avec ses revers: un directeur d'une école tellement huppée que personne ne la connaissait, était venu spécialement le rencontrer pour lui proposer de venir y étudier parce que les parents de Harry y avaient été heureux. Ce n'était pas simplement louche, c'était comme si un énorme éléphant était en train de se balader dans le bureau de Witman et qu'ils faisaient tous les deux semblant de ne pas le voir.
- Quand bien même je serais intéressé, je n'ai pas les moyens de financer les coûts scolaires, déclara prudemment Harry.
- Ce n'est pas un problème, vos parents s'étaient déjà occupés de cela. Et ils vous ont même laissé de quoi vivre. Je vous en parlerais plus en détail lorsque nous serons à Poudlard, dit le directeur en le fixant toujours aussi intensément.
- Et vous pensez que c'est si facile de me faire sortir d'ici? C'est ma famille qui m'y a fait entrer ajouta Harry laconique.
- Ne vous inquiétez pas, je m'occupe personnellement de votre dossier. » Conclut Dumbledore décidé.
Harry ne voulait pas connaître les motivations du vieux, mais il prit néanmoins sa décision rapidement et acquiesça.
Il était persuadé que : 1) il n'existait pas de nourriture plus infecte que celle de St Brutus et 2) les Dursley n'écouteraient jamais un vieux fou vêtu d'un costume violet.
TBC...
Note : Comme on me l'a souvent demandé, je réponds ici : c'est une fic HPDM ! |