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au 31 Mai 21 :
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La Foi des Réprouvés
Par Natalea
Originales  -  Mystère/Angoisse  -  fr
16 chapitres - Complète - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Chapitre 5

J'ai l'impression de m'être bien déchaînée sur ce chapitre là, je ne sais pas ce que vous en penserez ^^

Bonne lecture ! =)

Nat'

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- Et que suggérez-vous, sœur Théodora ?

Instinctivement, je croisai les mains derrière mon dos, comme un garnement pris en faute, dissimulant son larcin. Je ne savais pas ce qui m’avait pris. J’ignorais pourquoi je me portais au secours de la créature, mais c’était ma conscience qui me le dictait.

Je fermai les yeux, et la voix de ma défunte mère murmura à mon oreille cette consigne qu’elle répétait autrefois comme un credo : « Quand tu te trouves dans une situation où tu ne sais pas quoi faire, Théodora, suis ta conscience. Suis toujours ta conscience. Car si tu agis contre elle, elle te détruira, beaucoup plus vite qu’un germe ».

Forte de cette résolution, je pris une grande inspiration et affrontai le regard de la mère supérieure :

- Cela fait deux jours maintenant. Sans nourriture et sans eau. Si nous la laissons enfermée là-dedans, elle finira par mourir.

- Elle finira par craquer, sœur Théodora. Ce n’est qu’une question de temps. Face à un tel tempérament, nous ne pouvons pas nous permettre de faiblir.

Les yeux glacés de la mère supérieure se promenèrent sur moi, me faisant l’effet d’un prédateur fouillant la terre pour dénicher sa proie.

- Ma Mère, avec tout le respect que je vous dois… Cette femme nous a été confiée pour que nous l’aidions à retrouver le droit chemin. Et ce par tous les moyens possibles, je le conçois. Mais si nous continuons dans cette voie, ce que vous remettrez au prince Dacre lorsqu’il viendra reprendre sa fiancée, c’est un cadavre. Vous savez…

Je sentis ma gorge s’assécher, mais les mots s’écoulèrent de mes lèvres sans que je ne puisse les retenir :

-  J’ai le souvenir d’une année où nous avons connu une disette effroyable au village… Il n’y avait plus de blé, nous avions abattu le peu de bétail qu’il nous restait, et l’été, le torrent était à sec. Il nous fallait marcher trois heures par jour pour trouver de l’eau…

- Epargnez-nous vos souvenirs d’enfance, ma sœur.

Je m’interrompis nette, surprise par le ton cinglant de sa remarque. Mais j’étais bien décidée à défendre mes arguments :

- Ce que je veux dire, c’est que j’ai failli mourir cette fameuse année. Angélique de Bretagne est encore plus frêle que moi. Et elle n’a pas été habituée à de telles conditions de vie. Elle ne sera pas capable d’y survivre bien longtemps, vous pouvez me croire.

- Et bien si elle veut survivre, elle n’a qu’à nous obéir.

Je fis non de la tête :

- Elle est trop fière. Ce n’est pas la bonne méthode.

- Et comment pouvez-vous le savoir ?

- Je le sens, c’est tout…

- Vous me semblez bien proche de notre chère invitée, sœur Théodora, et je vais vous avouer que ça m’inquiète. J’ai peur qu’elle n’exerce une mauvaise influence sur vous.

Je gardai le silence quelques secondes. J’étais consciente que ce que j’allais dire était à la limite de l’offense, mais j’étais allée trop loin pour garder le silence.

- Ne vous méprenez pas sur mes intentions. Je n’éprouve aucune forme de sympathie pour elle, ce serait même l’inverse. Mais j’en fait appel à votre foi à présent, ma Mère. Cette jeune femme est une enfant de Dieu, tout comme vous et moi. Ce n’est pas ainsi que nous sommes censées la traiter. Aussi détestable puisse-t-elle être, même si elle était le pire des assassins, nous ne devrions pas nous abaisser à de pareilles tortures. Ce n’est pas ce que notre enseignement nous a appris.

- Et bien vous tâcherez de revoir votre enseignement, sœur Théodora. Car tant qu’elle n’aura pas revêtu l’habit des novices, elle ne sortira pas de cette cellule. Disposez à présent.

J’ouvris la bouche pour protester, mais ses prunelles translucides étouffèrent ma voix dans ma gorge. On avait l’impression qu’une multitude de faisceaux brillants s’agitaient au fond de ses yeux pâles, comme autant de lames prêtes à s’abattre sur moi au moindre geste qui lui déplairait. Pour la première fois, je ressentis à son égard une émotion qui me stupéfia. De la peur. J’avais la certitude nouvelle mais brûlante, solidement ancrée au fond de moi, qu’elle aussi, elle me ferait du mal si elle en avait l’occasion.

Cette phrase explosa dans mon esprit. « Elle vous fera du mal si elle en a l’occasion ».

Elle te fera du mal si elle en a l’occasion, Théodora…

Et face à moi, je voyais ces yeux bleu fadasse, ces yeux vides, que l’émotion avait désertés il y a bien longtemps, je le savais à présent. Il me vint la pensée incongrue que le couvent abritait peut-être deux démons, après tout.

Puis je me ressaisis, la terreur s’évanouit. Elle fit place à ce sentiment crasse de culpabilité que je trainais sur moi depuis la seconde où j’avais abandonné Angélique de Bretagne dans le dortoir. Je ne pouvais pas penser une telle chose de la mère supérieure. Elle ne cherchait qu’à faire de son mieux, pour remplir la charge que l’empereur lui avait confiée.

Sans chercher à démêler plus avant mes sentiments, j’inclinai humblement la tête et quittai la pièce sans me retourner.

XXX

La nuit venue, je tournais et me débattais encore dans mon lit. J’entendais le souffle régulier de mes compagnes assoupies autour de moi, mais mon esprit ne me laissait pas les rejoindre. La pleine Lune inondait mon lit de lumière comme en plein jour, et je pensais à Angélique de Bretagne. Je la revoyais se dressant, magnifique et fière, sous ce même rayon de Lune. Ce mélange de terreur et de fascination malsaine qu’elle m’inspirait. Je la craignais, oh oui je la craignais par-dessus tout, à un point tel que mes mains se glaçaient de sueur à la moindre évocation de son nom. Mais la pitié surnageait parmi cet océan d’angoisse. J’avais la sensation de me trahir moi-même. D’être complice d’un crime odieux qui me rendait aussi méprisable que le démon que nous étions censées combattre.

Je rabattis la couverture sur moi comme si cela suffisait à effacer la réalité. Je savais que si je posais le pied au sol, je le sentirais pulser comme le bois de la cellule avait pris vie sous ma paume. La créature m’obsédait. La mère supérieure avait raison, elle exerçait une influence sur moi.

Une part de moi-même, toute petite, minuscule, esquissa l’idée qu’elle s’était déjà emparée de moi. Qu’il ne faudrait qu’une seconde pour basculer. Cette perspective me fit l’effet d’un choc, une décharge d’horreur pure qui descendit tout le long de mon dos, me laissant recroquevillée, frissonnante au fond de mon lit. Je la repoussai au plus noir de mon être, mais le mal était fait. La pression sur mon crâne revint, plus puissante que jamais, le bruissement des respirations autour de moi remplit mes oreilles, m’enserra l’esprit comme un étau. C’est alors que le sommeil me faucha.

XXX

J’avais chaud. Horriblement chaud, comme lorsque la fièvre m’avait prise deux jours plus tôt. Je sentais mon sang bouillir dans mes veines, en proie à une véritable agitation, comme si chaque fibre de mon corps se contractait pour me jeter hors de mon lit. Mes yeux s’ouvrirent sur les poutres noueuses du plafond. De là où je me tenais, on aurait dit des doigts morts baignant dans la lueur laiteuse de la Lune.

Finalement, mes muscles se mirent en mouvement, et je me redressai toute droite dans mon lit, mon regard descendant petit à petit le long du mur.

Un hoquet de stupeur se bloqua dans ma gorge. Elle était là, au pied du lit. La créature.

La terreur explosa dans mon ventre, acide, froide, comme un poison dévorant mes entrailles, infectant mes chairs, enserrant mon cœur à l’en faire éclater. Mon esprit se déchirait, me hurlait de fuir, de prévenir les autres, le démon s’était échappé ! Mais je me trouvais incapable de bouger, les membres engourdis comme de la pierre, sans contrôle de moi-même, sans défense.

La créature se tenait à contrejour dans la lumière de la Lune, pourtant je discernais le moindre de ses traits. Et je ne pouvais plus me résoudre à l’appeler « Angélique ». Sa peau était pâle, infiniment plus pâle que la femme que j’avais laissée dans le dortoir, beaucoup trop pâle pour un être humain. Ses lourdes boucles rouges, un rouge violent, agressif, qui semblait luire dans la nuit, me firent l’effet d’une trainée de sang sur du marbre. Mais le pire restait ses yeux. Ses yeux de prédateurs, phosphorescents, la pupille fendue, ils me fixaient sans ciller et je n’y discernai que du vide, un vide sans fond et obscur, un vide qui m’aspirait inéluctablement vers l’abyme.

La créature parla. Elle parla d’une voix rauque, usée, comme une pierre longuement rongée par le sel. Les mots s’imposèrent à mon esprit : c’était une voix d’os. Une voix de cadavre.

- Viens avec moi, Théodora.

La façon dont les lettres de mon prénom glissèrent de ses lèvres rendit vie à mon corps. Je me levai soudain et m’avançai vers elle, tandis qu’elle se retournait pour sortir de la chambre.

Mais qu’est-ce que tu fais ? Elle va te tuer, elle va te tuer, elle va t’attirer dans son antre et te dévorer jusqu’à la moelle de tes os !

Des larmes brûlantes roulèrent sur mes joues tandis que mes jambes s’avançaient d’elles-mêmes vers l’abyme. L’abyme dans les yeux d’Angélique.

Je me retrouvai dans le couloir, et il n’y avait plus personne. Mon esprit se débattait comme un possédé tente de briser ses liens, prisonnière de mon propre corps, incapable d’inverser cette marche funèbre qui me faisait descendre les escaliers jusqu’à la grande salle du couvent. Il régnait un silence surnaturel. Pas le moindre bruit, plus le moindre souffle glacé qui arpentait habituellement les couloirs. C’était comme si le monde autour de moi était mort. Les pierres avaient cessé de respirer. Je dérivais dans un instant hors du temps, où tout était suspendu, et l’univers s’en trouvait étrangement déformé, étiré, mélangé. Je fus prise d’une violente sensation de vertige. J’avais l’impression de marcher dans un labyrinthe sans perspective, incapable de discerner le haut du bas, tous les éléments tournoyants autour de moi dans un silence pétrifiant.

Puis, sans savoir comment, je me retrouvai dehors. Hors du couvent. Je ne pouvais me retourner mais je sentais le poids de la muraille, derrière moi. Au-devant, la forêt tendait ses bras distordus, mais il n’y avait toujours aucun son, aucune vie, pas-même le vent. Pas-même le bruit de mes pas sur le sol. Pourtant je sentais la terre gelée sous mes pieds nus, et je me rendis compte que mon corps me brûlait encore plus, je dégoulinais de sueur et d’angoisse. Comment étais-je arrivée là ? Je ne me rappelais plus de rien, entre le corridor et l’extérieur, le monde n’était qu’un immense gouffre. Comment avais-je pu franchir le mur ?

Il y avait des traces rouges sur le bas de ma chemise de nuit et quelque chose de gluant s’accrochait à mes pieds. Avec résolution, mon corps prit la route qui s’enfonçait en contrebas, vers le torrent.

La descente fut sans doute interminable, mais encore une fois mon esprit s’effaça à la faveur du gouffre noir, et lorsque je revins à moi, j’étais déjà debout sur la rive. Mes pieds étaient en sang, éraflés par les pierres tranchantes du sentier, mais le froid engourdissait les plaies. Le reste de mon corps se consumait de chaleur.

Il faisait noir, très noir dans l’ombre de l’à-pic où se dressait le couvent. La Lune trouvait néanmoins le moyen d’admirer son reflet à la surface de l’eau. Une fois encore, tout me sembla figé. Le torrent restait aussi lisse qu’un lac. Les eaux étaient noires, comme tout ce qui m’entourait. Je sentais le froid glacial qui en émanait, qui cherchait à m’atteindre mais mon corps était protégé. Par quoi exactement, je l’ignorais.

C’est alors que le manège infernal reprit. Mes jambes se détournèrent de la rive et je me retrouvais contre la falaise, suivant la corniche qui surmontait les flots, mes mains s’entaillant la peau à la recherche de prises. Un seul faux mouvement et je pouvais m’engloutir dans l’onde glacée, mais mon corps ne semblait pas s’en préoccuper. La terreur continuait de répandre en moi son poison corrosif, comme une masse noirâtre et chaude pulsant au creux de mon ventre. Pourtant, je commençais à éprouver une sorte de confiance sereine. Mes pas m’avaient parfaitement guidée jusqu’à présent. Une part de moi comprit que je basculais dans un état second, puis je cessai d’éprouver quoi que ce soit.

Jusqu’à ce que je comprenne enfin où mon corps m’entraînait au beau milieu de la nuit. Les grottes. Les anciennes cellules des moines.

Mes doigts se resserrèrent autour des barreaux d’une première fenêtre. Pas de verre pour protéger du vent et du froid, le givre mordillait ma peau sans que je n’y prête attention. Je poursuivis sur la droite, gagnant une deuxième cellule. Quelque chose me dit que je touchais au but. Je sentais la roche s’animer sous mes doigts, comme si ses cristaux infinis se déplaçaient, s’entrelaçaient, formant des motifs complexes et sans cesse renouvelés.

J’agrippai la fenêtre de la troisième cellule et je sursautai. La terreur revint, infiniment plus forte, coagulant mon angoisse. Elle était là, devant les barreaux, à dix centimètres de moi. La créature. Elle m’avait attirée jusqu’ici.

- Théodora…

Etrangement, sa voix me parut différente. Ce n’était plus le monstre qui s’était adressé à moi dans la chambre, de son timbre vertébral. C’était la voix étouffée d’une personne qui n’a pas dit un mot depuis deux jours. La voix d’une femme, d’une enfant même, presque aussi jeune que moi.

Comme dans la chambre, elle se tenait debout, pâle comme la mort, une main enserrant les barreaux. Mais ses cheveux n’avaient plus l’éclat du sang, ils tombaient en pluie emmêlée sur ses épaules. Elle avait des éraflures un peu partout sur le corps, de larges tâches sombres marbraient sa peau, signe qu’elle s’était défendue. Dans l’obscurité malsaine de la falaise, ces tâches m’évoquaient les bulbes noirs de la peste, et elle ressemblait à un cadavre. Dans ses yeux, étrangement, je distinguai l’éclat de la Lune, comme deux lacs verdâtres et sans fond. Ils étaient vides, nulle trace de fierté, nulle trace de révolte dans ces pupilles rétractées. Elle m’apparaissait comme la première fois que je l’avais vue, à l’entrée du couvent : une marionnette dépourvue de toute volonté.

Devais-je y voir le démon qui avait dévoré l’âme de son hôte ? Ou seulement la folie terrible que la faim engendre sur les esprits et les corps ? Ma logique, immédiatement, opta pour la deuxième solution. Je fus prise d’un profond sentiment de pitié, et j’en ressentis la douleur au plus profond de mon être, comme si c’était moi que la faim tenaillait de sa lance. Je tendis la main pour la toucher, hésitante, lorsqu’un fragment de roche céda sous mon poids.

Je me sentis tomber, inéluctablement, mon corps recroquevillé se préparant à l’impact, et surtout au froid qui ne tarderait pas à me déchiqueter. Mais quelque chose me rattrapa. La main d’Angélique, penchée au maximum contre les barreaux de la fenêtre, ses ongles s’enfonçant dans la chair de mon bras.

Avec une force surprenante, elle me hissa à sa hauteur, jusqu’à ce que je reprenne prise. J’avais le souffle coupé, incapable de réaliser, pourtant la moindre sensation de mon corps était exacerbée : la douleur suraigüe qu’elle avait laissée dans mon bras, bien plus grande que celle de mes pieds endoloris, et le contact de sa peau dure et glacée sur mon épiderme. Seigneur, elle était gelée !

Elle ne me laissa pas le temps de réfléchir. Je levai la tête et la regardai dans les yeux, ces yeux immenses prêts à m’absorber. Elle reprit la parole et parla de cette voix d’os qui faisait trembler mon âme :

- Tu sais pourquoi vous ne me briserez jamais, Théodora ? Parce qu’on ne peut pas briser quelqu’un qui est déjà mort.

Et cette fois, sur son visage, dans ses yeux, je ne voyais que du vide.

XXX

J’ouvris les yeux comme on refait surface après une longue immersion en profondeur. Pendant plusieurs secondes, j’aspirai l’air à pleins poumons, incapable de me calmer, jusqu’à ce que je réalise que j’étais dans mon lit, étendue sur le dos, les cheveux collés au front par la sueur. Le Soleil perçait à travers la fenêtre. Autour de moi, les sœurs s’agitaient, revêtant leur voile pour la messe du matin.

Tout mon corps se détendit instantanément. Ce n’était qu’un rêve. Merci mon Dieu, ce n’était qu’un rêve.

Je restais quelques instants incapable de bouger, reprenant mon souffle, calmant les battements de mon cœur. Mes membres me semblaient plus lourds que de la pierre, et j’étais si bien dans ce lit, encore protégée de la réalité du monde extérieur. Il arriva néanmoins un moment où je n’eus plus le choix, et je me redressai en me tenant au montant, les yeux fermés sur l’intensité du jour.

C’est alors que je perçus une douleur, dans l’ensemble de mon corps, comme si j’avais monté dix fois les escaliers du couvent pendant la nuit. Mon regard tomba sur mes draps défaits. Il y avait de petites traces rouges au fond du lit, que je pris d’abord pour du sang, mais c’était autre chose. Quelque chose de spongieux, et gluant.

Je fixai mes pieds sans comprendre. Ils étaient éraflés, meurtris, et sous mes talons, je discernai ces mêmes traces rouges, celles que dessinaient les fruits de l’if qui longeait la muraille du couvent. Je n’osai comprendre. Mon esprit se bloqua instantanément, paralysé, comme plongé dans un liquide froid qui ralentissait tout mouvement. Je ne voulais plus réfléchir, ma tête menaçait d’éclater, je sentis monter en moi une profonde envie de hurler.

Car sur la peau diaphane de mon bras, ils étaient là, cinq petits arcs de cercle rouge sang. Les ongles d’Angélique de Bretagne. 

 
 
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