Harry plaça rapidement et silencieusement un bouclier de protection autour de chaque membre de la Communauté. Aragorn et Boromir s'élancèrent, suivis de Legolas pour barrer les portes et repousser l'attaque tant qu'ils le pouvaient. Alors que Boromir allait fermer les portes, il baissa la tête juste à temps pour éviter une flèche. Alors qu'il la fermait rapidement, un bruit sourd leur parvint, comme un grognement.

« Ils ont un troll des montagnes », dit Boromir d'une voix joyeuse et sarcastique à la fois.

  Ils commencèrent rapidement à placer des barres contre la porte pour l'empêche de s'ouvrir de l'extérieur. Ils revinrent ensuite en courant. Aragorn et Legolas sortirent leurs arcs et encochèrent leurs flèches. Puis ils pointèrent les pointes de celles-ci vers la porte pour se tenir prêt. Remus et Harry encochèrent rapidement leurs propres flèches dont les pointes brillaient d'une lumière blafarde et verte. Un silence tendu et gêné s'installa, rythmé par les échos des tambours. Puis cela commença.

Les bras des gobelins traversèrent la porte et leurs visages laids apparurent au travers des trous. Harry laissa sa flèche voler droit entre leurs deux yeux. L'un d'eux poussa un cri strident et disparu. D'autres flèches suivirent la sienne, en essayant d'en tuer le plus possible sans en gaspiller.

  Bientôt, les gobelins défoncèrent la porte. Harry et Remus se concentrèrent et leurs arcs disparurent comme s'ils n'avaient jamais existé. Puis ils tirèrent leurs épées. Ils tailladèrent les gobelins de droite à gauche, et la Communauté fit la même chose autour d'eux. Gimli se tenait sur la tombe de son cousin et tuait tout gobelin qui s'en approchait. Sam tapait avec une poêle sur chaque gobelin qui essayait de lui sauter dessus pour l' assommer. Frodon, Merry et Pippin poignardaient tous ceux qui étaient proches grâce à leurs courtes épées, celle de Frodon brillant d'une menaçante lumière bleue. Gandalf brandissait son bâton et son épée, en les faisant tournoyer de gauche à droite. Legolas dégaina deux lames jumelles et sembla danser tandis qu'il tuait les gobelins. Boromir et Aragorn se battaient avec leurs épées.

  Alors qu'il semblait qu'ils allaient gagner, il y eut un autre rugissement et un troll apparut avec un collier autour du cou et de grandes chaînes qui traînaient derrière lui. Deux gobelins le dirigeaient grâce à ces chaînes. Harry attira l'attention de Remus et fit un signe vers les deux gobelins. Il hocha la tête et prit l'un des poignards qu'il portait et le lança en visant l'un d'entre eux. Il siffla en traversant l'air et égorgea le gobelin avant de revenir vers Remus comme un boomerang mortel. Harry fit rapidement la même chose et obtint le même résultat. Le troll, remarquant sa nouvelle liberté, regarda autour de lui bêtement avant de repérer Frodon qui était isolé. Harry, voyant cela, le poignarda à l'arrière du genou dans l'espoir d'attirer son attention et de le détourner de Frodon. Le troll poussa un cri avant de se retourner et de balancer Harry au loin. Celui-ci atterrit contre un pilier, ce qui lui coupa le souffle et il vit apparaître des tâches noires devant ses yeux. Pendant ce temps, le troll avançait vers Frodon qui ne le remarqua pas jusqu'à ce qu'il soit attrapé par la cheville et tiré vers le troll. Il essaya de s'agripper à l'un des nombreux rochers autour de lui, mais ses mains glissaient.

« Harry ! Remus ! Aragorn ! » cria-t-il en espérant que quelqu'un pourrait l'aider.

Enfin il utilisa Dard pour blesser la main du troll, qui le libéra. Très vite il recula, alors que le troll regardait sa main.  Puis Aragorn arriva par le côté et poignarda le troll avec l'une des nombreuses lances qui se trouvaient dans la salle. Le troll frappa Aragorn comme il l'avait fais avec Harry et retira la lance d'entre ses côtes. Tandis qu'il faisait ça, Frodon tentait de réveiller Aragorn qui venait de s'écraser. Il se remit à courir tandis que le troll tentait de le poignarder avec la lance jusqu'à ce qu'il se trouve acculé contre un mur, coincé dans un coin, laissant sa poitrine vulnérable. Alors le troll le poignarda rapidement dans la poitrine.

  Harry, qui s'était tracé un chemin à travers la horde de gobelins vit cela mais il sut qu'il n'était pas mort. Cela n'empêcha pas de le rendre furieux, ce troll avait tenté de tuer son petit frère ! Tout le monde dans la salle se figea lorsqu'un hurlement retentit dans les mines. Les yeux autrefois verts d'Harry étaient dorés et des torrents de magie s'écoulaient de lui. Un autre hurlement lui succéda et Remus le rejoignit en lacérant les gobelins paralysés. Ils atteignirent le troll en même temps. Ils hochèrent la tête en se regardant avant de prendre leur forme de loup, leur taille aussi grande que celle de Gandalf sans son chapeau. Ils se jetèrent sur le troll et mordirent ses membres jusqu'à ce qu'ils grimpent sur lui vers sa tête. Ensemble, ils reprirent leur forme humaine et dégainèrent leurs épées alors qu'ils se tenaient sur ses épaules, pour les planter dans son cou.

  Le troll commença à vaciller avant de tomber, mort, sur le sol de pierre de la salle. Harry et Remus avaient rengainé leurs épées et avaient sauté pendant la chute du troll pour atterrir sur les pieds avec élégance. Harry s'approcha du corps de Frodon comme le faisait Aragorn. Il s'agenouilla à côté de lui et, avec l'aide d'Aragorn, le retourna sur le dos. Toute la Communauté -excepté Harry- cria de surprise lorsque Frodon poussa un halètement pour reprendre de l'air.

« Je vais bien », haleta-t-il en se frottant la poitrine à l'endroit où la lance l'avait frappé.

« Vous devriez être mort ! Cette lance aurait embroché un sanglier ! » s'exclama Aragorn avec crainte.

Harry répondit, « N'avez-vous pas remarqué qu'aucun d'entre vous n'a de blessures, même lorsque les épées ont touché vos peaux ? » Quand tous hochèrent la tête, il termina, « J'ai placé un sort de protection autour de vous, mais je ne pense pas que ce soit la seule chose qui ait sauvé la vie de mon petit frère ».

Tout le monde se tourna vers Frodon alors qu'il déboutonnait sa chemise pour montrer la cotte de mithril qu'il portait en-dessous.

« Mithril », dit Gimli d'une voix haletante.

« Comment te sens-tu louveteau ? » lui demanda Remus en s'agenouillant devant lui pour lui reboutonner sa chemise.

« Juste un peu essoufflé, je pense que la lance va me laisser une ecchymose », dit Frodon à bout de souffle.

« Probablement. J'y jetterai un œil lorsque nous serons sorti de ces mines, mais en attendant nous devons partir avant que d'autres gobelins n'arrivent », dit Harry en remettant Frodon sur ses pieds, avant d'aller vers Aragorn et de lui offrir une main pour l'aider à se lever.

Aragorn la prit et sentit un frisson lui remonter le long du bras. Il l'ignora en tentant de réprimer un rougissement. Il fut bientôt sur ses pieds, et alors qu'il était sur le point de dire merci, les cris de guerre des gobelins se firent entendre.

« Allons au pont de Khazad-Dûm ! » cria Gandalf, et tous sortirent en courant de la salle.

  Ils arrivèrent dans un espace ouvert soutenu par de nombreux piliers et se firent rapidement encerclés par une horde de gobelins. Ils se mirent tous dos à dos et sortirent leurs armes, prêts à se battre jusqu'à la mort. Il y eut un grand fracas qui envoya des frissons dans le dos d'Harry ; quoique ce fût, il ne venait pas pour prendre le thé d'après-midi. Les gobelins fuirent à ce bruit et c'est alors qu'Harry remarqua l'étrange lueur rouge qui venait de la direction opposée à celle vers laquelle ils se dirigeaient. La bonne nouvelle, c'est qu'ils n'allaient pas avoir besoin d'aller vers le monstre. Mais la mauvaise nouvelle était que le monstre venait vers eux !

« Quelle est cette nouvelle forme de diablerie ? » demanda Boromir qui avait les jointures blanches à force de  serrer une torche.

« Un Balrog », dit Gandalf, la  voix remplie de dégoût, mais Harry pouvait entendre la crainte sous-jacente.

« Et de quelle manière devons-nous prendre cette information ? » demanda Harry en attirant les deux plus proches hobbits à ses côtés.

  Un autre rugissement résonna, mais celui-ci secoua les fondations mêmes de la mine. « Courrez ! » dit Gandalf avant de se précipiter en avant. Il leur fallut un certain temps pour comprendre son ordre, avant de se mettre à courir derrière lui. Ils arrivèrent à un escalier qui ne possédait pas de rampe. Harry regarda sur les côtés mais ne put voir le fond du gouffre. Ils descendirent rapidement et Harry se tourna pour voir une horrible... chose ! Il était juste derrière eux et semblait être fait de lave, ses yeux brillaient étrangement et des cornes tordues apparaissaient de chaque côté de sa tête. Il fit exploser une petite porte faisant tomber des rochers du haut plafond sur l'escalier qu'ils souhaitaient prendre.

  Ils étaient à mi-chemin de l'escalier lorsqu'un rocher vint s'écraser, laissant un espace vide entre eux et le reste de l'escalier. Legolas sauta en premier, suivi de Gandalf. Alors qu'Aragorn était sur le point de sauter avec Sam, une pluie de flèches s'abattit sur eux. Harry pensa à son arc et celui-ci apparut dans sa main tendue. Il commença rapidement à tirer des flèches sur les gobelins qui se trouvaient sur un promontoire à leur droite. Il n'y en avait plus assez pour que les gobelins tués soient remplacés. Bientôt, il ne resta plus qu'Aragorn et lui-même. Alors qu'ils allaient sauter, un rocher tomba dans les escaliers non loin derrière eux, laissant la partie sur laquelle ils se trouvaient sans aucun soutien. Le morceau d'escalier commença à vaciller, puis à pencher de droite à gauche et d'avant en arrière.

« Aragorn, accroches-toi à moi ! » cria Harry avant de se transformer et d'attendre qu'Aragorn monte sur son dos.

Quand il vit la forme loup d'Harry, il jeta ses bras autour de son cou et passa une jambe par-dessus son dos pour le chevaucher. Dès qu'il sentit qu'Aragorn le tenait assez fermement pour ne pas risquer de tomber, il s'arrêta et attendit le meilleur moment pour pouvoir sauter. Lorsque l'escalier s'inclina vers la partie où se tenaient ses amis, il sauta à travers le vide, volant au-dessus de leur tête et atterrissant sur ses pieds devant eux. Il dérapa un peu avant de retrouver son équilibre sur la légère pente de l'escalier. Aragorn descendit rapidement de son dos pour qu'il puisse se transformer de nouveau. Harry se mit à courir dans sa forme de loup et se transforma à mi-course.

« Frimeur », entendit-il murmurer Gimli.

Le rire chaleureux d'Harry résonna autour d'eux et sembla leur apporter de l'espoir et de la force alors qu'ils courraient. « Tu es juste vexé que Legolas ait du te rattraper par la barbe, mon frère nain ! » rappela-t-il d'un ton railleur.

« Pourquoi as-tu peu... » dit Gimli, écumant, mais tout le monde pouvait voir son sourire et l'amusement dans ses yeux.

  Ils arrivèrent bientôt à un pont de pierre sans qu'il n'y ait rien qui puisse les empêcher de tomber dans le gouffre sombre en-dessous. Harry le traversa en courant, conduisant les autres. Gandalf se trouvait derrière, mais il s'arrêta au milieu du pont pour se tourner vers le Balrog, qui arrivait derrière eux. La Communauté se figea en appelant son nom, sauf Harry. Il se concentra et regarda dans l'esprit du vieux sorcier. Il en sortit avec un soupir, les larmes coulant de ses yeux et il envoya ce qu'il avait appris à Remus. Remus se mit à pleurer silencieusement mais les autres membres de la Communauté n'y firent pas attention, concentrés sur la vision devant eux.

« Vous ne pouvez pas passer ! » dit Gandalf, la voix forte et puissante. Il fit claquer son bâton devant lui. Il avait perdu son chapeau pointu à un quelconque moment de leur course.

Le Balrog rugit et abattit son épée seulement pour rencontrer un dôme de pouvoir blanc.

« VOUS NE PASSEREZ PAS ! » cria-t-il plus fort en plantant son bâton une dernière fois.

Le pont devant lui commença à se détruire et finit par tomber, entraînant avec lui le Balrog. Gandalf se retourna et commença à marcher vers eux. Tous sauf Harry et Remus laissèrent échapper un soupir de soulagement. Mais le fouet du Balrog s'enroula autour de sa cheville, le traînant avec lui. Alors qu'il était sur le point de tomber, il s'agrippa au rocher.

Ses yeux d'un bleu pur rencontrèrent ceux de Frodon, « Fuyez pauvre fou », dit-il avant de lâcher prise et de se laisser tomber.

« GANDALF ! » cria hystériquement Frodon.

« Bottez-lui le cul et ne lui laissez aucune pitié Gandalf, que le destin soit avec vous », dit Harry avant d'envoyer une boule de lumière à la suite de Gandalf.

Remus fit bientôt la même chose, puis ils rejoignirent les autres membres. Boromir tenait Frodon afin de l'empêcher de courir après Gandalf. Harry attrapa l'épaule d'Aragorn qui semblait en transe, fixant l'endroit où se tenait Gandalf quelques instants auparavant, et l'entraîna vers la sortie. Remus les suivait de près pour les protéger contre les flèches des gobelins qui pleuvaient sur eux depuis l'autre côté du pont.

  La Communauté s'assit sur les rochers qui entouraient la sortie des Mines. Merry et Pippin se tenaient alors qu'ils pleuraient, Sam avait les yeux fixés sur le rocher sur lequel il était assis. Harry et Remus observait cette scène avec un souvenir amer de la guerre qu'ils avaient vécu avant. La même chose s'était passé lorsque tout le monde était mort pour la Lumière. Ils haïssaient cela, parce que cela signifiait qu'ils avaient une nouvelle fois échoué à protéger leur meute.

« Legolas, relevez-les », dit Aragorn d'une voix ferme mais emplie de force et de confiance fausses.

Legolas le fit, les yeux vitreux comme s'il n'avait toujours pas réalisé. 

« Laissez-leur un moment par pitié ! », dit Boromir avec colère.

« Les gobelins vont déferler sur ces terres lorsque la nuit sera tombée, nous devons aller vers les bois de la Lothlorien », dit Aragorn avec colère. « Levez-vous Legolas, Boromir ».

« Debout Sam », dit-il en mettant sur ses pieds le hobbit aux cheveux châtains. Il leva les yeux pour voir Frodon qui s'éloignait lentement.

« Frodon ! » appela-t-il  après le hobbit. Frodon tourna ses yeux bleus hantés vers lui.

Harry, voyant cela, courut vers le hobbit et le souleva dans ses bras pour lui offrir du réconfort. Quand il revint vers la Communauté, il fit la même chose avec Sam. Tous les deux enfouirent leur tête dans son cou et il sentit des larmes chaudes couler sur le col de sa chemise. Remus fit de même pour Merry et Pippin, et bientôt ils commencèrent à courir vers les bois de la Lothlorien. Alors qu'ils courraient, une voix envoûtante et triste chanta.

Sonnez les trompettes maintenant... Jouez juste pour moi

Au fil des saisons... souvenez-vous de ce que j'étais

Maintenant, je ne peux plus continuer... je ne peux plus commencer

Je n'ai rien à ma gauche... juste un cœur vide

Ils se retournèrent pour voir Harry, les larmes coulant de ses yeux vert émeraude. Sa voix lente et envoûtante leur donnait envie de pleurer.

Je suis un soldat... blessé si je dois abandonner la lutte

Il n'y a plus rien pour moi... laissez-moi partir loin

Ou laissez-moi couché ici

Sonnez les trompettes maintenant...dîtes leur que je n'ai pas peur

Aucune route que je connais ne mène nulle part

Sans lumière, je crains de sombrer dans l'obscurité

D'aller en bas et décider de ne pas revenir

Puis sa voix prit de la force en se remplissant d'amour, presque d'admiration.

Puis venant d'en haut, quelque part il y a une voix qui appelle,

« Souviens-toi qui tu es... si tu te perds

Ton courage va s'effondrer,

Donc sois fort ce soir... rappelles-toi qui tu es »

Oui tu es un soldat maintenant,

Te battant dans les batailles,

Pour être libre, une fois de plus

Oui, cela vaut la peine de lutter

Sa chanson se termina alors que sa vois était pleine de force et de confiance. Les larmes de Frodon s'étaient taries entre-temps et il était motivé à ne pas laisser tomber. Maintenant il avait la force, Gandalf aurait voulu qu'il continue ! Les autres hobbits le suivirent bientôt et Remus s'avança pour passer un bras autour des épaules d'Harry afin de le soutenir. Il se pencha et chuchota contre son oreille.

« Tu as bien fait, louveteau, je suis si fier de toi ». Il l'embrassa ensuite sur la tempe avant de reprendre le chemin devant eux et en laissant son bras autour des épaules du plus vieux de ses louveteaux.