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au 31 Mai 21 :
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Dulcis mea angelus. Sevan.
Par Hema00
Plume & Crayon  -  Humour/Surnaturel  -  fr
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    Chapitre 1     Les chapitres     0 Review    
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Dulcis mea angelus. Sevan.

 

 

 

« Sevan Diana Capucine Fotroy.
-Quoi ? »
La Marâtre fronce les velus blaireaux qui surplombent ses yeux de rats et qui lui servent de sourcils.
«Je te prierais de mettre tes chaussettes sales dans la CORBEILLE A LINGE SALE , et non sur la table basse, parce que, nous savons tous à quel point tu sens bon des panards, pas besoin de nous le montrer continuellement. Pigé ? »
La Grosse n'attend même pas ma réponse et s'en va avec mes chaussettes entre le pouce et l'index, le bras tendu. J'attends qu'elle quitte le minuscule salon de mon père pour appeler Maman. Je sors mon téléphone, qui est, soit dit en passant, un cadeau du père qui tente de m'acheter. Je ne cède pas, je profite, nuance. Maman décroche à la troisième sonnerie.
«Anabella Houret secrétaire de Mr.Deloisel dirigeant de chez Déco à Gogo, que puis-je pour vous ?
-Où trouves-tu ton souffle pour balancer une phrase aussi longue en deux secondes, bon sang ?
-Ne jure pas délinquante, et puis j'ai du boulot, qu'est ce qu'il y a ?
-''Bon sang'' n'est pas vulgaire Maman, et je t'appelle parce que je me demandais si tu pouvais me payer l'internat pour cette année.
Une, deux, trois minutes de silence.
-Maman ?
-...L'internat, tu dis ?
-Excellente audition, tu ne vieillis pas si mal que ça finalement.»
Je m'attendais à un demi-rire voir même un grognement de désapprobation, mais pas à un silence si... gênant.
«... Maman ?
-L'internat c'est non, Sevan.
-Mais Maman !... »
Et je me retrouve à écouter le tut-tut lamentable du téléphone sèchement raccroché, comme une idiote.
Je savais qu'elle dirait non, mais je suis stupide, alors j'ai quand même tenté. Est-elle vexée ? Est-ce qu'elle a raccroché pour ne pas avoir à dire que nous n'avons pas les sous pour me payer l'internat ?
Je ne sais pas, je culpabilise un peu. Pourtant cela ne dure qu'un dixième de seconde, étant donné qu'ensuite, je me rappelle pourquoi je demande l'internat.
En soi, je crois que je détiens le record nationale de la situation familiale la plus désastreuse qui soit.
Vous voulez la connaître ? Question stupide. Évidemment. La voici :
Une mère cocue et dépravée, un père alcoolique aux accès de colère croissants, une belle-mère laide, idiote, une grande sœur en centre de désintox', un grand frère fantôme, et une maison dans un quartier sale, mal fréquenté.
Pourtant je tiens le coup. Et je ne sais pas pourquoi, ni même comment.


Bennie est accroupie dans un coin de sa chambre stérile. Elle se balance d'avant en arrière, et babille un psittacisme indéchiffrable, les paupières closes. La position typique dans laquelle je la retrouve indéfiniment dans le centre. Je pense que le mieux, pour elle ce serait le centre psychiatrique de la grande ville, mais Maman dit que non, que l'hôpital psychiatrique c'est pour les fous, que Bennie elle serait malheureuse là-bas. Ce que je n'ose pas lui dire c'est que, elle est complètement tarée Bennie, et qu’ici où là-bas, elle est pas heureuse. Peut-être qu'elle le sera jamais plus.
Je l'attrape par ses poignets striés de cicatrices et de piqûres et la force à s'asseoir sur le lit.
Est ce qu'aujourd'hui elle va parler ? Je ne suis pas sûre, c'est rare qu'elle parle. En générale quand elle ouvre la bouche c'est pour chanter ou dire des trucs complètement incohérents. Je passe ma main dans ses cheveux secs.
«Ah cette foutue Madame Kasinzky, si je la chope elle va m'entendre. Non mais sérieux, elle te lave les cheveux avec quoi ? De la Javel ? »
Un petit bruit sourd, saccadé me fait comprendre que Bennie … rit ? Je suis tellement émerveillée par son petit rire nonchalant que moi aussi, je m'esclaffe. Et je la regarde avec des yeux exorbités parce que cela fait un an et demi qu'aucun sentiment ne la stimule, et qu'elle vient, sous mes yeux de rire, comme si c'était parfaitement normal.
Rien de plus courant, non ? Néanmoins j'aurais aimé la prendre en photo, pour montrer à Maman qu'elle n'est pas partie, qu'il y a encore un morceau du puzzle, qu'il y a encore de l'espoir. Et pendant une demie seconde, Bennie et moi nous n'avons plus que sept et huit ans, et nous nous trouvons dans le grand salon chaleureux de tante Adèle, la veille de Noël riant aux éclats à cause du vieux chat Griffon qui se prend les pattes dans le sapin et s'affale sur la moquette, parce que c'est l'un des rares et précieux souvenirs que j'ai de Bennie le sourire aux lèvres. Et puis le décor accueillant s'effondre, laissant place aux néons éblouissants et aux murs blancs et stériles de la chambre du centre. Et Bennie ne rit déjà plus.

Les hurlements stridents de Mme.Outchnavoulski -la voisine du deuxième- me réveillent à sept heures du matin. Avec la paresse d'un retraité milliardaire, je prend le seau d'eau sale de la Marâtre et le vide entièrement par la fenêtre. Une volée d'insultes et de menaces furieuses où mon nom est savamment écorché atteignent ma fenêtre. Après quoi je clos les volets et retourne me coucher.
Quoi ? Parce que hurler après son mari en russe à l'heure où même les mômes dorment encore c'est acceptable peut-être ? Passons, le fait est que je n'ai aucune envie de dormir, ce qui m'amène à allumer mon téléphone. Onze appels manqués du père. Ce qui m'amène à l'éteindre.
En me servant des céréales je me rends compte que la Grosse n'est pas là, et que j'ai donc le miteux appartement pour moi jusqu'à vingt deux heures environ si elle ne compte pas revenir avant son joyeux galopin. Demain je rentre chez Maman. Le seul fait de me le répéter encore et encore me plonge dans un sentiment infinie de quiétude et d'excitation. Faut régler cette histoire de pensionnat, aussi . Il n'est pas question de vivre sous le même toit que cet alcoolo et cette vache. Il n'est pas non plus question que je vive chez Maman. Parce que je ne supporte plus de la voir se donner à une enflure de haut niveau dans la pièce d'à côté pour m'acheter des Chocapic. Mr.Deloisel , c'est la plus grosse erreur de l'humanité qui soit, une espèce d'immondice purulente que le monde a fait par accident et qui le regrette amèrement et ce depuis sa venue au monde. «C'est ton corps ou ton job, ma jolie.», qu'il disait à Maman. Je m'en rappelle. Je vous l'ai dit, c'est dans la chambre d'à côté.
Et nos murs sont aussi fins que du papier.

Vingt heure quinze la porte d'entrée s'ouvre et le plancher ploie sous le poids de la Baleine. Enfin, il ploie, excusez-moi, il hurle de douleur. Bien évidemment, comme toujours c'est avec une douceur incomparable et pleine de charme qu'elle braille à travers la maison pour savoir si quelqu'un s'y trouve déjà. Elle sait pertinemment que je suis là, c'est juste une question d'habitude. Doit y avoir un problème psychologique là-dessous.
«Je suis là.
-Oui, je suis au courant.
-Alors pour quelle raison épuises-tu ta salive ?
-Histoire de voir si quelqu'un d'autre se trouve ici.
-Tu penses qu'un tueur en série t'aurais répondu que, oui il est là, et qu'il fait des pâtes alla carbonara avant de t'égorger à la Dexter sur le plancher plastifié ?
-Je me demande pourquoi je te parle.
-Idem. »

 

Mon père rentre à onze heures. Il titube, il halète. Sa tête dodeline et il sent le bourbon. Pourtant aujourd'hui j'ai fais comme Maman m'a dit. J'ai prié. Faut croire qu'ils ont un soucis avec le réseau là-haut.
Je fais comme toutes les fois où ça se produit. D'habitude tout se déroule avec rapidité, et simplicité. Je vais dans ma chambre, j'ouvre le tiroir rose couvert de strass, je prend la clé qui s'y cache au fond, je m'enferme dans le grenier. Facile.
Et pourtant ce soir, ça ne s'est pas passé comme prévu.

Je détale dans la pièce humide qui me sert de chambre, je bute contre le canapé, au passage. Mes mains attrapent la poignée, la tourne avec violence, j'ouvre le tiroir rose couvert de strass.
Pas de clé.

Et je n'ai même pas le temps de réaliser ce qu'il va m'arriver, je n'ai même pas le temps de calmer le tremblement fébrile de mes mains moites, parce que sa main enserre déjà mon cou.
Et parce que l'autre renverse ma tête en arrière. Sa bouche couverte de bave et de reste d'alcool se trouve si près de mon oreille qu'elle frôle les cheveux qui courent sur ma tempe. Son haleine chaude et poisseuse arrivent à moi en même temps que ses mots.
«Tu t'rappelles la foi où tu m'as promis Anabelle ? T'as aucune parole 'spèce de traînée.»
A ce moment-là, j'ai su ce que le lendemain, je dirais à mon professeur principal.
Je lui dirais que mon vélo avait déraillé. Que les bosses sur la chaussée étaient trop hautes, et qu'elles m'avaient faite atterrir sur la joue et sur le bras, sans doute que j'avais changé de vitesse trop rapidement. Sans doute que mon vélo était trop vieux et qu'il devait être changé.
Parce que si je leur dis que mon père m'a tabassé à sang, pensant que j'étais son ex-femme après avoir fait le tour des bars de la ville, alors il ira en prison.
Et quand il en sortira il me frappera jusqu'à ce que j'en crève.
Et sa main, elle, est avide, elle salive de pouvoir marquer son passage sur mes bras, ma mâchoire, mon dos. Ses ongles décollent mon cuir chevelu, il tire si fort que je me dis qu'il est impossible de survivre à ça, alors il me prouve que mes limites sont bien plus loin. Parce qu'en une seconde je suis à terre, recroquevillée sur mon corps tremblant luttant contre moi-même pour ne pas hurler sous les coups de poings, de ceintures du père qui prend son temps pour faire durer le supplice, qui a pratiquement le sourire aux lèvres, et je vis encore, alors que je devrais mourir maintenant, je devrais déjà être morte. Ce soir là il avait bu bien plus que d'habitude.

 

 

 
 
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