Les ondes calmes du lac se brisaient sur les rochers. Le jour se levait, une aube grise se répandait à la surface de l’eau, léchant les contours de terre où le parc de Poudlard formait de petites criques. La terre sablonneuse se soulevait puis se redéposait. Un souffle de vent remontait les pentes, estompant les chants timides des oiseaux qui avaient fui le château puis étaient revenus. Le Saule Cogneur était immobile, indifférent au vaste remous de l’herbe qui l’entourait, à la rosée qui venait se condenser comme de la sueur dans les craquelures de son écorce ; c’était la même chose au Château. Une odeur douce de bois brûlé flottait depuis la cabane de Hagrid, l’odeur de l’automne qui tombe, des premiers froids de septembre et des premiers feux ; mais c’était mai. Si quelque chose devait gêner le Saule, c’étaient les boutons de fleurs qui s’ouvraient et tombaient à chaque secousse de ses branches. Les pierres de la cabane suintaient. Un grand cercle de débris noirs marquait le sol, au milieu de reliquats de pousses, d’escargots, de traces de pas… Il fallait dire un mot du silence : l’agitation du soir s’était à présent concentrée dans la Grande Salle du Château, les voix ne parvenaient plus, de temps à autre le Calmar géant s’accrochait aux rochers, aux barques, et le Saule imperturbable attendait les premiers sorciers à revenir dans la Cabane Hurlante.