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au 31 Mai 21 :
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Drago Malefoy chez les Incas
Par kazuha
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
6 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 6     Les chapitres     8 Reviews    
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Phobie et vomissements

Annonce : Ce chapitre est le plus long de la série (j’en suis la première étonnée), mais ne vous habituez pas trop non plus à avoir plus de 10 000 mots à chaque chapitre parce que ça ne risque pas d’arriver bien souvent XD

Sur ce, bonne lecture à tous et on se retrouve en bas !

 

Chapitre 6 : Phobie et vomissements

Drago ignorait totalement où il se trouvait, mais il s’en fichait complètement car l’endroit où il était dégageait une atmosphère paisible, sereine, qu’il n’avait encore jamais ressenti auparavant. Ce sentiment de paix semblait d’ailleurs émaner de cette lumière blanche si étrange qui l’entourait. Elle était très intense, vive, sans pour autant faire mal aux yeux. Elle était si intense, qu’il lui était impossible de voir ce qu’il y avait aux alentours. On aurait presque dit le Paradis comme pouvaient le décrire les gens ayant vécu une expérience de vie après la mort. Pouvait-il vraiment se trouver là ? Au Paradis ? Non, bien sûr que non ! Les gens ayant vécu ça disaient à peu près tous que leurs proches leur étaient apparus et étaient restés près d’eux tout le long de leur voyage, et il était tout seul dans cet endroit étrange.

A cette pensée, une silhouette sombre se forma non loin de lui et elle s’approcha d’un pas rapide dans sa direction. Drago eut soudain peur. Non pas de cette silhouette inconnue qui s’avançait vers lui, mais du fait qu’il soit peut-être mort. C’est vrai ! Qui sait ce qui avait pu se passer pendant la nuit ? Il avait très bien pu être piqué par une bestiole vénéneuse qui s’était glissé sous ses couvertures. Ou bien, il avait pu être bouffé par un félin du style panthère. Ces deux hypothèses étaient tout à fait plausibles, mais il préférait tout de même que ce soit la première, au moins dans ce cas-là, son corps n’avait subi aucun dommage. Et puis, à bien y réfléchir, il ne préférait aucune de ses suppositions. Il voulait vivre ! Il était tout de même sur le point de découvrir la cité perdue de l’Eldorado ! Et il y avait Harry ! Il venait de le retrouver, alors il serait injuste de le perdre maintenant !

En parlant du loup, la silhouette, jusque là inconnue, avait peu à peu pris les traits de Harry. A croire que, dans cet endroit, dès qu’on pensait à quelque chose ou quelqu’un, il se matérialisait soudain devant vous.

...

Frites et poulet rôti avec gâteau à la crème ! Bon, apparemment, ça ne marchait pas à tous les coups...

Harry s’arrêta à quelques centimètres de Drago. Ce dernier n’osa faire aucun mouvement. Il restait seulement là, à le fixer de ses yeux gris en attendant que le brun fasse quelque chose, n’importe quoi. Après un long moment où aucun des deux hommes n’esquissèrent le moindre geste, Harry leva sa main droite vers l’ancien Serpentard pour remettre, avec une grande délicatesse, une mèche blonde derrière son oreille. Voyant que Drago ne le repoussait pas, il continua alors sa douce et lente caresse et effleura de ses doigts la mâchoire du blond jusqu’au menton, pour ensuite remonter vers ses lèvres fines et rosées.

Drago ferma les yeux sous les mains douces et expertes du brun. Malheureusement pour lui, les caresses s’arrêtèrent brusquement et il ne put retenir un grognement de frustration, déçu que cela ait été si rapide. Il rouvrit ensuite les yeux pour s’apercevoir que le visage de Harry se trouvait à à peine dix centimètres de lui. La surprise le fit légèrement reculer, mais le brun combla rapidement la distance qu’il venait de mettre entre eux et déposa doucement ses lèvres sur les siennes. Le baiser était tellement tendre, pur, amoureux, que Drago ne pensa même pas à l’approfondir, et pourtant, Merlin sait qu’il en avait très envie ! Mais tout comme les caresses, le baiser ne dura que quelques secondes et Harry s’écarta de lui, un doux sourire aux lèvres. Puis, il lui tourna le dos et s’en alla d’où il était venu. Drago lui courut après en criant son prénom pour qu’il revienne, mais il ne se retourna même pas, s’éloignant de plus en plus. Bientôt, il disparut complètement de sa vue et le blond se retrouva seul et désemparé.

Alors, tout à coup, un brouillard étrange apparut et la visibilité fut encore plus réduite que lorsqu’il y avait cette lumière vive. Drago essaya tant bien que mal de retrouver Harry dans ce brouillard, mais plus il avançait vers l’inconnu, plus il sentait que c’était sans espoir. Pourtant, une silhouette se forma peu à peu devant lui et il s’approcha d’elle en courant, persuadé que c’était Harry qui se trouvait là. Arrivé à la hauteur de la silhouette, Drago posa une main sur son épaule pour signaler sa présence et lorsque la personne se tourna vers lui, il eut l’affreuse surprise d’y voir Ginny Weasley !

Celle-ci affichait un sourire mauvais et elle avait un air tellement diabolique sur le visage que Drago eut un bref instant peur d’elle. Elle ouvrit alors la bouche et dit d’une voix sourde qui faisait penser à un grondement : « C’est mon petit ami ! Il est à moi ! Tu n’es rien pour lui ! C’est mon petit ami ! ». Et elle répétait sans cesse cette phrase qui résonnait comme le glas d’une cloche dans les oreilles du jeune homme. Puis, son ton devint de plus en plus aiguë, pour se transformer en un sifflement. La rousse se métamorphosa alors en un serpent gigantesque qui se tenait à hauteur de Drago en position de combat et elle l’attaqua au visage qui ruisselait à présent de sang...

Drago se réveilla en sursaut, le front en sueur à cause de cet affreux cauchemar qu’il venait de faire. Couché sur le dos, il voyait à travers le branchage des arbres le ciel clair et sans nuages de ce dimanche matin. Il se rappelait être sorti de la tente, qu’il devait partager avec Blaise, au beau milieu de la nuit à cause des ronflements incessants de ce dernier qui l’empêchait de dormir. D’habitude, cela ne le gênait pas plus que ça, car il s’endormait souvent avant le noir et celui-ci ne donnait son concert de ronflements que tard dans la nuit. Mais Drago avait eu beaucoup de mal à s’endormir hier soir, et cette fois-ci, il n’avait pu échapper aux bruits nocturnes que faisait son meilleur ami.

Il releva légèrement le torse pour regarder autour de lui et lorsqu’il eut confirmation qu’il se trouvait bien au camp, il laissa lourdement retomber sa tête sur le matelas en poussant un petit soupir. Alors, ce qu’il avait cru être la réalité n’était en fait qu’un rêve. D’un côté, il en était soulagé, car il n’aurait vraiment pas aimé finir en nourriture pour rouquine foldingue transformé en serpent. Mais d’un autre côté, ce rêve lui laissait en goût amer de regrets. Regrets car Harry ne l’avait pas réellement toucher, caresser, embrasser... Cela pourra-t-il un jour arriver dans la vraie vie ? Il en doutait de plus en plus. A cause de cette Weasley, il ne pouvait lui parler tranquillement sans qu’elle ne vienne les interrompre et ne l’écarte de lui. Il repensa alors aux paroles que la jeune fille prononçait dans son rêve. « C’est mon petit ami ! Il est à moi ! Tu n’es rien pour lui ! ». Cela sonnait tellement vrai qu’une pointe de tristesse enflamma soudain le cœur de Drago.

Un sifflement aiguë l’empêcha de s’apitoyer sur son sort plus longtemps. Rêvait-il encore une fois de serpent ou celui-ci était-il bien réel ? Le reptile glissant lentement le long de sa jambe lui confirma qu’il était bien réveillé. Avec des gestes lents et minutieux, il souleva alors la couverture qu’il avait sur lui et découvrit un serpent de couleur verte dont le nez allongé donnait une drôle de forme à sa tête. Drago connaissait plus ou moins bien les différentes espèces d’animaux qu’il pouvait rencontrer au cours de ses missions et il savait, dans le cas présent, que ce reptile était un serpent liane à long nez : une sous-espèce de serpent qui, de part sa couleur et son comportement, ressemblait étrangement à des lianes (d’où son nom) et était totalement inoffensif pour l’homme. Enfin, ce détail, tout de même important, n’empêcha pas le blond de se lever brusquement en poussant un petit cri de surprise mêlé de peur. Il s’éloigna ensuite de l’animal et l’observa ramper lentement à l’endroit où il était allongé quelques secondes plus tôt.

Réprimant un frisson de dégoût, il pris la longue branche dont il s’était servi la veille au soir pour attiser le feu et l’utilisa pour prendre le serpent et le jeter dans la broussaille environnante, le plus loin possible du camp, mais surtout de lui.

- Saleté de bestiole ! dit-il en regardant le reptile voltiger dans les airs et atterrir dans un bruit sourd sur le sol terreux à environs cinq mètres de lui.

Le pauvre serpent, qui aurait pu se plaindre à la WWF pour mauvais traitement, siffla furieusement vers Drago avant de s’enfoncer dans la forêt pour vaquer à ses occupations habituelles, c’est-à-dire, la chasse aux lézards. Le blond, soulagé que l’animal soit parti, se tendit de nouveau lorsqu’une voix au ton amusé s’éleva derrière lui.

- Alors, Malefoy ! On a peur d’un malheureux serpent ? C’est assez ironique pour un ancien Serpentard.

Drago se retourna vers Harry qui, l’air encore passablement endormi, avait les cheveux plus ébouriffés que jamais. La remarque et le sourire, semblait-il, moqueur du brun rendit Drago plus grognon qu’il ne l’était habituellement le matin et il répondit sur un ton des plus glacials un « La ferme, Potter ! », avant de passer devant lui sans même un regard et de s’en aller faire un brin de toilette près du fleuve.

Harry, quant à lui, était totalement perdu. Il suivit Drago des yeux en se demandant quelle mouche l’avait bien piquée. Il n’avait pourtant pas dit cela sérieusement et il aurait cru que le blond aurait compris qu’il ne faisait que le taquiner. Mais apparemment, ce n’était pas le cas et Drago s’était braqué sans même penser à riposter avec ses habituelles répliques désobligeantes. Le jeune homme avait simplement fui la confrontation, ce qui n’était pas vraiment son genre ! Allez savoir pourquoi...

Pourtant, il n’avait aucune honte à avoir à ne pas aimer les serpents. Beaucoup de gens, courageux ou non, évitaient ces créatures visqueuses et rampantes. Lui-même n’aimait pas trop leur compagnie. Il n’en avait pas peur, mais cela lui rappelait de trop mauvais souvenirs qu’il préférait oublier, comme le basilic, Nagini ou encore Voldemort... Et même s’il n’y avait aucun danger à prendre dans ses mains un serpent liane comme celui rencontré à l’instant, il se disait que Drago ne savait peut-être pas que le reptile était inoffensif, ou alors, peut-être était-il allergique au venin (Nda : Le serpent liane possède un venin assez fort pour tuer de petits animaux tels que les lézards, mais pas assez pour tuer un homme sauf si celui-ci est allergique). Après tout, c’était une possibilité...

- Excuse-le, dit alors Blaise qui sorti soudain de sa tente, faisant sursauter Harry au passage.

Il avait été réveillé par les bruits qu’avait fait Drago en se levant précipitamment de son matelas pour échapper au serpent et avait donc suivi ce qu’il s’était passé entre les deux jeunes hommes.

- C’est pas contre toi, tu sais ? Il ne faut pas le prendre mal. C’est juste qu’il a horreur qu’on lui fasse des réflexions, aussi anodines soient-elles, sur sa phobie des serpents.

Harry tilta au mot « phobie » et il regarda Blaise d’un air incrédule.

- Sa phobie ?! Je pensais juste qu’il n’aimait pas être trop proche des serpents. Jamais je n’aurais imaginé qu’il en était phobique !

Et qui l’aurait cru ? Le grand Drago Malefoy, Serpentard de renom, avait peur des serpents ! C’était un scoop à mettre à la une de Sorcière Hebdo ! Il devrait même y avoir une page consacrée à ça dans la Gazette du Sorcier tellement c’était énorme. Harry imaginait déjà les gros titres : « Ironie du sort : un Serpentard a peur de l’animal représentant sa maison ». Lui qui se vantait d’être à Serpentard, il devait sûrement revoir son jugement à présent.

- Et pourtant, il les déteste ! affirma Blaise. Il en a une peur bleue.

Puis, il prit un air affligé, avant de dire :

- Il va me tuer si un jour il apprend que je t’ai parlé de ça... Il veut que personne ne sache pour sa phobie. Il a peur qu’on se moque de lui, et il y aurait de quoi !

Pourtant, les phobies n’étaient pas vraiment un sujet de plaisanterie. Cela pouvait poser un vrai problème pour certaines personnes et être un handicap dans la vie courante. Heureusement pour lui, Drago ne rencontrait pas des serpents tous les jours, mais son métier ne lui permettait pas non plus d’y échapper constamment.

Harry fronça soudain les sourcils et tourna la tête vers Drago qui faisait une toilette sommaire sur la berge au loin. Quelque chose clochait, mais il ne put mettre la main dessus. Il avait beau se repasser les événements de la matinée dans sa tête pour savoir ce qui avait bien pu lui échapper, mais rien ne lui parut anormal. Et pourtant, il avait la sensation que cette situation n’était pas normal, que la peur des serpents de Drago n’avait pas lieu d’être, et pas seulement à cause de sa fierté d’appartenir à la maison des Serpents, mais à cause d’un événement qui s’était produit il y a très longtemps. Puis, il se souvint.

C’était en décembre de l’année 1992. Drago et lui étaient en deuxième année. Une période plutôt sombre pour les élèves de l’école puisque des attaques contre des enfants de moldus bouleversaient la petite vie, pas si tranquille que ça, de Poudlard. C’est donc pour cela qu’un club de duel avait été mis en place par les professeurs, pour apprendre aux élèves à se défendre contre cet ennemi inconnu (même si le seul sortilège que Harry avait appris à ce club était l’Expelliarmus et qu’il n’avait pas eu à s’en servir contre le basilic...).

En tout cas, il se souvenait avec une précision incroyable le moment où Rogue les avaient choisi tous les deux (comme de par hasard...) pour s’affronter devant public. Le moment où le professeur de potions avait soufflé un sort précis à l’oreille de Drago, qui souriait narquoisement, tandis que lui avait dû se contenter des conseils inutiles d’un professeur narcissique qui laissait plus souvent tomber sa baguette magique qu’il ne lançait de sorts efficaces. Le moment où le blond avait levé sa baguette et crié un « Serpensortia » tonitruant avant qu’un long serpent noir n’en jaillisse de l’extrémité. C’était précisément ce moment qui faisait que toute cette histoire de phobie clochait. Drago ne pouvait décemment pas être phobique s’il avait de lui-même fait sorti un serpent de sa baguette ! A moins qu’il ait été sado-masochiste, ce que Harry doutait fort.

- Drago ne peut pas être phobique des serpents, dit-il alors. C’est illogique.

- Et pourquoi ça ? demanda Blaise qui mit une gamelle remplit d’eau potable à chauffer sur le feu fraîchement rallumé.

- Eh bien, parce que pendant le club de duel lors de notre seconde année, il a sorti un serpent de sa baguette magique et, même si c’était un conseil avisé de la part de Rogue, il ne l’aurait jamais mis à exécution s’il avait vraiment eu peur des serpent. Quant bien même il l’aurait fait pour ne pas contrecarrer les plans de Rogue visant à m’effrayer, il n’avait pas du tout l’air paniqué à la vue du reptile, bien au contraire, finit-il en se rappelant parfaitement du rictus victorieux qu’il affichait en voyant son ennemi paralysé à la vue de l’animal.

- Ça, c’est parce qu’il n’était pas phobique à ce moment-là.

- Comment ça « il n’était pas phobique à ce moment-là » ? La phobie, ce n’est pas une maladie qui s’attrape. On ne devient pas phobique du jour au lendemain.

Et pourtant, s’il réfléchissait bien, il connaissait une personne qui était devenu phobique à cause d’un événement particulièrement choquant de sa vie. C’était même son meilleur ami : Ronald Weasley. Lorsqu’il avait trois ans, le frère de celui-ci, Fred, avait changé son ours en peluche en une grosse araignée et depuis, il détestait ces bestioles. Cela prouvait donc que l’on pouvait devenir phobique, mais il fallait tout de même un élément déclencheur, un traumatisme passé. En ce qui concernait Drago, peut-être avait-il été traumatisé par Voldemort plus qu’il n’avait voulu l’admettre... La face de serpent de ce fou furieux avait de quoi rendre phobique n’importe qui après tout.

- Que s’est-il passé ? demanda-t-il alors. Que s’est-il passé pour qu’il ait peur des serpents ? Il a bien dû se passer quelque chose. On ne devient phobique d’une chose d’un simple claquement de doigts !

Blaise ouvrit la bouche pour la refermer ensuite. Il était en conflit avec lui-même et ne savait pas trop quelle partie de lui écouter. Une partie lui conseillait de dire la vérité à Harry, d’expliquer tout ce qu’il s’était passé. Après tout, raconter une partie de la vie de Drago, même les moments qu’il aurait préféré oublier, pouvait rapprocher les deux hommes, et c’est ce que Blaise voulait avant tout. Tandis que l’autre partie lui intimait de se taire, car s’il parlait, il ne donnait pas cher de sa peau et il préférait ne pas mourir si prématurément.

Au bout de longues minutes de réflexion sur quelle partie de lui il devait adopter, il choisit de jouer la carte de la prudence et répondit :

- Il... Il vaudrait mieux que tu le lui demandes par toi-même.

- Pour qu’il me remballe en me disant que ce ne sont pas mes affaires ? Non merci !

- Mais moi, je ne suis pas autorisé à te raconter tout ça. Si je le fais et que Drago l’apprend, il va vraiment être très en colère... Je lui ai promis que je n’en parlerais à personne et c’est ce que je vais faire car je tiens mes promesses.

- Je comprends ton point de vue et je respecte ta décision.

Blaise fut légèrement étonné que le brun n’argumente pas plus, mais également soulagé car il savait qu’il n’aurait pas résisté bien longtemps à l’envie de tout lui dire. Mais alors qu’il enlevait la gamelle remplit d’eau bouillante du feu, il faillit la faire tomber lorsque Harry se mit d’un coup face à lui et dit :

- Mais il n’est pas obligé de l’apprendre, tu sais ? Je sais très bien tenir ma langue !

Le noir rit doucement. Il se doutait bien que c’était trop simple, que Harry avait abandonné trop vite la partie tout à l’heure. Mais au moins, là, il reconnaissait le vrai Harry, celui dont la curiosité était insatiable.

- S’il te plait ! insista-t-il en joignant ses mains, dans un signe de prière, et en lui faisant un magnifique sourire.

Cela fit rire Blaise qui regretta de ne pas avoir pris son appareil photo. Il aurait pu faire une photo souvenir...

- Le sourire Colgate ne marche pas avec moi, Potter. Mais si tu essayes avec Drago, je suis sûr que ça fonctionnerait. C’est lui qui est gay après tout, pas moi.

Touché ! Les joues de Harry devinrent soudain rouge pivoine et le sourire de Blaise s’intensifia, mais il eut l’intelligence de ne faire aucun commentaire. Harry se remit vite de ses émotions et il renouvela sa tactique de supplication, en ajoutant cette fois la méthode spéciale « yeux de cocker ». Le noir n’étant pas imperméable à cette petite bouille adorable d’enfant de cinq ans, il craqua vite et leva les bras en signe de reddition.

- Okay, okay ! Mais il faut que tu me promettes que tu ne lui en parleras jamais.

- Promis, répondit Harry, heureux d’être parvenu à ses fins.

- Et je ne veux pas non plus que tu m’interrompes.

- D’accord.

- Bien. Alors, il faut tout d’abord que tu saches que Drago et Théo - Théodore Nott - avaient pris l’habitude, depuis environs la troisième année, de se faire des blagues.

- De quels genres ?

- Du genre complètement stupide, si tu veux mon avis. Un jour, par exemple, Drago avait éteint le réveil de Théo et il avait loupé tous les cours de la matinée, ce qui lui avait valu quelques heures de colle... Un autre exemple : Théo avait une fois trafiqué le balai de Dray et au lieu de tourner à gauche, celui-ci tournait à droite. Il était revenu avec un œil au beurre noir ce jour-là. Il avait foncé dans une estrade. Enfin, ces blagues étaient certes de mauvais goût, mais eux, ça les faisait rire... Le problème, c’est qu’un jour, ça a assez mal tourné... On était en cinquième année...

Flash-back

- Voici ton cadeau d’anniversaire ! s’exclama Théo en ouvrant une porte qui menait, semblait-il, à un placard à balais vide. Je sais que ton anniversaire n’est que dans une semaine, mais je n’ai pas pu résister à l’envie de t’offrir ton cadeau maintenant. Alors, qu’est-ce que t’en penses ?

Drago jeta un coup d’œil dans la petite pièce sombre et il vit, rampant sur le sol, une serpent long d’une cinquantaine de centimètres environs. Il regarda l’animal d’un œil sceptique avant de se retourner vers Théo.

- C’est un serpent !

- Je sais bien que c’est un serpent, répondit le brun en levant les yeux au ciel. C’est d’ailleurs un jeune serpent. Il n’a que quelques mois. Il ne te plait pas ? demanda-t-il en voyant la mine légèrement dégoûté de son ami.

- Euh... Si, si, il est très beau, mais... C’est un serpent ! répéta Drago.

Théo leva une nouvelle fois les yeux au ciel et soupira devant le manque d’enthousiasme de son ami.

- Non mais, qu’est-ce que je vais bien pouvoir en faire ? Poudlard n’accepte pas les serpents comme animaux de compagnie. Où est-ce que je vais le mettre ?

- Tu peux le laisser dans ce placard. Il est très bien ici.

- Je risque de me faire prendre !

- Eh bien, tu n’as qu’à l’envoyer à ton père en attendant.

Drago eut une moue sceptique, mais Théo balaya ses doutes d’un geste de la main.

- Ne t’en fait pas, on trouvera bien une solution. Tu ne veux pas aller le caresser ?

Drago hésita une seconde, sentant le piège quelque part. Il connaissait bien Théo pour l’avoir côtoyer pendant plus de cinq ans, et il savait que ce n’était pas du tout son genre d’offrir des cadeaux aussi chers, même à ses meilleurs amis. C’était pour cela qu’il se méfiait de ce cadeau peut-être empoisonné, ou plutôt, empoisonnant.

- Il est... venimeux ? demanda-t-il en plissant les yeux pour montrer sa méfiance.

- Bien sûr que non ! Je ne suis pas stupide au point d’orchestrer ta mort avec le venin d’un serpent ! Je laisse ce plaisir là à Cléopâtre. Si j’avais vraiment envie de te tuer, je t’enverrai un Avada Kedavra dans ton sommeil. C’est plus simple et beaucoup plus rapide.

Aaah ! Sacré Théo ! Toujours le mot pour rire ! Le tuer d’une façon lâche et ordinaire, c’était tout lui ça. Il méritait bien sa place à Serpentard. Il allait devoir jeter des sortilèges de protection aux rideaux de son lit à baldaquin maintenant...

Drago entra dans le placard à balais et s’accroupit pour toucher la peau froide et visqueuse de l’animal. Mais pendant qu’il faisait connaissance avec son nouvel ami, la porte du placard se referma dans un claquement sonore derrière lui et il entendit un Théo hilare s’exclamer :

- Je vous laisse en tête à tête tous les deux. Il est important que vous appreniez à vous connaître et je ne voudrais pas m’imposer dans votre relation maître-serpent.

- Tu es stupide, Théo. Cinq ans qu’on se connaît et tu ne sais toujours pas que je n’ai peur ni des serpents, ni du noir. Je ne suis pas non plus claustrophobe.

Drago fouilla la poche extérieure droite de sa robe de sorcier pour y dénicher sa baguette magique, mais il la trouva vide.

- Si tu cherches ta baguette, je te l’ai empruntée, annonça Théo, extralucide. En tout cas, je suis content que tu n’ais pas peur des serpents, car d’autres vont bientôt arriver.

- Comment ça ?

- J’ai jeté un sort de reproduction complexe à ce serpent. Donc toutes les minutes environs, il va se séparer en deux et tu auras de plus en plus d’amis avec qui faire connaissance. Je te dis donc à tout à l’heure, enfin... si tu as survécu.

Et Théo partit dans un grand éclat de rire qui fut très vite couvert par le sifflement furieux du serpent rampant à ses pieds, bientôt rejoint par un deuxième sifflement, ce qui prouvait ce que le Serpentard avait dit juste avant.

- L’enfoiré ! s’exclama Drago en colère contre lui-même pour ne pas avoir été un peu plus sur ses gardes. Mais s’il croit que je vais avoir peur de quelques malheureux serpents, il se trompe lourdement.

Mais plus les minutes passaient, plus le serpent se dédoublait et moins d’espace dans le placard il y avait. Au bout d’une heure, le sol était devenu complètement impraticable et Drago s’était figé dans un coin après s’être fait mordre plusieurs fois les chevilles pour avoir marcher sur la queue de l’un des reptiles. Mais il tenait toujours le coup. C’est seulement une heure plus tard qu’il craqua réellement. Les sifflements de tous ces serpents réunis l’empêchant de penser correctement et certains grimpant même sur lui à cause de l’espace trop confiné de la pièce, il se sentit obligé de faire une chose à laquelle il se refusait depuis bientôt une demi-heure : appeler à l’aide. Mais c’était soit ça, soit attendre d’étouffer sous un amoncellement de serpents.

Il frappait donc à la porte depuis un bon quart d’heure et lorsque celle-ci s’ouvrit enfin, il se rua dehors, bousculant au passage la personne qui venait de le sauver. Blaise, qui cherchait son ami depuis des heures et commençait sérieusement à s’inquiéter, fut très étonné de voir le blond, plus pâle que d’habitude, collé contre le mur d’en face avec un expression de peur sur le visage. Il fut encore plus surpris de voir une centaine de serpents en train d’essayer de se faufiler vers la sortie et il n’eut même pas besoin d’attendre que Drago le lui dise pour refermer la porte aussi vite qu’il l’avait ouverte.

- Mais qu’est-ce que... commença Blaise, n’y comprenant rien.

Mais il fut interrompu par un Drago épuisé moralement qui se jeta sur lui et l’enlaça avec reconnaissance. Jamais Drago ne fut si heureux de voir son meilleur ami. Il était particulièrement content que ce soit Blaise qui l’ait sorti de cet enfer, car il n’imaginait même pas les quolibets qu’il aurait dû subir si c’avait été un autre qui l’avait vu dans cette situation.

Il s’écarta de Blaise au bout de quelques minutes, mais laissa sa main gauche sur l’une de ses épaules comme geste de remerciement pour n’avoir fait aucun commentaire sur ce qu’il venait de se passer. Mais Drago sursauta d’un coup et commença à se tortiller dans tous les sens, ses mains allant sous ses vêtements comme s’il cherchait quelque chose. Il en sortit un des serpents du placard qui s’était malicieusement faufilé dans ses habits et le jeta rapidement le plus loin possible de lui. Malheureusement, le professeur Rogue passait par là et il se reçut le serpent en pleine tête, ce qui ne lui plut pas du tout.

- Malefoy ! Zabini ! hurla-t-il presque. Puis-je savoir pourquoi vous vous amusez à lancer des serpents sur les gens ?

- Je ne l’ai pas fait exprès, Monsieur, répondit Drago, un peu exaspéré de devoir s’expliquer. J’éloignais juste ce serpent de moi. Vous êtes arrivé au mauvais moment.

- Cela n’explique pas pourquoi vous avez en votre possession un serpent ! s’exclama Rogue de mauvaise humeur.

Drago se demanda ce qui avait bien pu le rendre dans cet état et le nom d’un jeune homme brun à lunettes lui vint soudain à l’esprit. Qu’avez donc encore fait Potter pour ennuyer ce cher professeur des potions ? Exister, peut-être ?

Au bout de quelques secondes où Rogue tapait du pied avec impatience, Drago consentit enfin à tout raconter à son professeur, en omettant tout de même le nom de l’instigateur de cette farce idiote (après tout, ce n’était pas une balance). Puis, après avoir fait disparaître les serpents qui continuaient de se dédoubler d’un mouvement de baguette, Rogue les laissa partir non sans leur avoir enlevé quelques points, mais tellement minimes qu’ils oublièrent vite ce fait.

Ils prirent ensuite la direction de la Grande Salle où le dîner allait être servi d’un instant à l’autre et ils s’assirent à leur table où ils furent vite rejoint par leur bande de potes habituels, dont Théo. Celui-ci s’assit face à Drago avec un grand sourire aux lèvres, mais ce dernier se contenta de le fusiller du regard.

- Rends-moi ma baguette, ordonna-t-il simplement.

- Je suppose que je ne dois pas m’attendre à un « s’il te plait » ?

Il attendit quelques secondes, mais face au silence et au regard meurtrier du blond, il ajouta :

- C’est « non » alors...

Il fouilla alors dans une de ses poches et lui rendit son bâton de bois fait d’aubépine et de crin de licorne. D’habitude, il aurait fait traîner les choses en longueur jusqu’à ce que Drago perde patience, mais il sentait le blond déjà à bout de nerfs, il préféra donc ne pas faire d’histoires pour cette fois.

Drago rangea précieusement sa baguette dans la poche intérieure gauche de sa robe et s’enferma dans le silence, ignorant superbement le brun.

- Alors, tu t’es bien amusé avec tes nouveaux amis ? continua Théo, avec un sourire narquois. J’espère qu’ils ont été gentil avec toi et que tu ne leur as pas fait trop de mal.

Le blond repensa aux nombreuses morsures dont il avait écopé pendant son séjour au pays des serpents et il se dit que ces bestioles ne pouvaient vraiment pas être qualifiées de « gentilles », ni d’inoffensives...

Théo continua ses simagrées tandis que Drago serrait les dents pour ne pas lui jeter un Endoloris en pleine face. Il se répétait sans cesse ces mots : « On est en public. Ce n’est pas bien Drago. Tu risques la prison à vie. », mais c’était de plus en plus difficile de se retenir à chaque secondes. Puis, le brun s’exclama :

- Oh ! Y’en a un qui t’as suivi ! Comme c’est mignon !

Drago fit un bond d’au moins deux mètres sur sa chaise avant de se retourner brusquement et de regarder partout sur le sol, mais il n’y avait aucune trace d’un quelconque serpent. Il foudroya alors Théo du regard, toujours pas décidé à aller en prison pour un abruti dans son genre. Ce dernier éclata d’un grand rire, qui pourrait être charmant s’il n’était pas aussi agaçant, puis il colla sa langue contre ses dents et une sorte de sifflement s’échappa de ses lèvres.

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le fleuve et son imitation ratée du serpent se transforma en cri de douleur lorsque Drago, excédé par les heures passées entouré de centaine de reptiles et les moqueries de son camarade de chambre, se leva et lui envoya son poing droit en pleine figure. Bien sûr, cela ne passa inaperçu ni par les professeurs, ni par les élèves qui mangeaient dans la Grande Salle, surtout que, par la force du coup, Théo en tomba à la renverse. Drago avait donc écopé de deux semaines de colle et perdu cinquante points pour sa maison. Et même si la majorité des Serpentards lui en voulait pour leur avoir fait perdre la première place, rien n’aurait pu gâcher le bonheur qu’il ressentait à avoir rabaissé le caquet de cet abruti de Nott. Et la cerise sur le gâteau était qu’il avait dû aller à l’infirmerie pour se faire faire repousser une dent, ce qui combla Drago au plus haut point.

Fin du flash-back

- Oui, je me souviens de ce moment ! En même temps, comment l’oublier ! Que Drago Malefoy soit collé pendant deux semaines et qu’il soit responsable de la chute de Serpentard à la troisième place est écrit dans les annales de Poudlard à présent ! Je n’ai pas arrêté de sourire de la soirée. Je regrette un peu maintenant...

- Y’a pas de quoi, le rassura Blaise. Vous étiez ennemis à l’époque, c’est donc tout à fait normal que tu ais été content de son malheur.

- C’est vrai... En tout cas, il a eu raison de le frapper ! J’aurais fait pareil à sa place ! commenta Harry, scandalisé par ce qu’avait fait Théo.

- Eh bien, on est deux dans ce cas alors, annonça le noir. Mais malheureusement, cette histoire ne s’arrête pas là ! Pour se venger du coup de poing, Théo a attendu un soir que tout le monde dorme à poings fermés pour glisser dans le lit de Drago un serpent, pas mortel, certes, mais assez dangereux pour paralyser les membres pendant plusieurs heures. Heureusement, Drago s’en est sorti indemne, mais depuis ces deux incidents, il a horreur des serpents.

- Et je le comprends ! soutint le brun avec véhémence. Ce qui lui est arrivé rendrait phobique n’importe qui. A-t-il réussi à se venger ?

Blaise hocha la tête de gauche à droite et dit :

- Non, mais il aurait bien voulu. A vrai dire, c’est moi qui l’en ai empêché. Je savais que s’il se vengeait, Théo ferait de même et cela n’aurait jamais fini. De plus, Théo connaissait à présent le point faible de Drago, puisqu’il en était à l’origine, donc mieux valait ne pas lui donner l’occasion de s’en servir, Merlin sait ce qu’il aurait été capable de faire...

- Qui aurait été capable de faire quoi ? demanda soudain une voix derrière eux.

Tous d’eux sursautèrent et se retournèrent pour faire face à un Drago les regardant à tour de rôle avec méfiance. Il y eut alors un petit silence gênant avant que Blaise ne prenne la parole, au grand plaisir de Harry.

- Oh, rien ! On parlait juste de ce que Rogue aurait pu faire subir à Harry s’il s’était rebellé contre lui dès le début.

Harry devait avoué que question excuses bidons à trouver en une seconde chrono, Blaise était champion. Il n’aurait pas fait mieux lui-même. A vrai dire, lui aurait paniqué et bafouillé pour ensuite tout avoué dans les secondes qui suit, donc heureusement pour eux que Blaise avait prit les choses en main.

Drago continua de les observer un moment du coin de l’œil, mais finit par hausser les épaules, préférant croire ce que son ami disait plutôt que de chercher le véritable sujet de conversation des deux jeunes hommes. Il avait dans l’idée que ça ne lui plairait pas du tout...

oOoOoOoOo

Les autres se réveillèrent peu de temps après et lorsqu’ils eurent fini de prendre leur petit-déjeuner et de faire une toilette sommaire, ils levèrent le camp, remballant tout dans les nombreux sacs que les trois porteurs remirent sur leur dos. La route fut très longue. Aussi longue que le voyage en bateau qu’ils avaient fait la veille, sauf que là, ils étaient à pied et c’était, avouons-le, beaucoup plus fatiguant. Ils firent tout de même des pauses de dix minutes toutes les heures, ce qui leur permettaient de souffler un peu après la marche éreintante qu’il venait de faire. La seule fois où ils restèrent plus d’une demi-heure sur place, c’était pour déjeuner.

Mais malgré leurs nombreux arrêts, ils progressèrent rapidement, et au crépuscule, ils arrivèrent à l’endroit où la rivière se jetait dans le fleuve. Ils quittèrent donc les bords de l’affluent pour suivre le cours de cette rivière qui était beaucoup plus étroite et calme, et moins de deux heures plus tard, ils pouvaient apercevoir au loin les toits des habitations du village indien. Pendant qu’ils parcouraient les derniers mètres, Rafael leur expliqua certaines choses importantes à propos de la culture de cette tribu et les mit en garde sur ce qu’il devait faire ou pas pour ne pas les insulter.

- Ne refusez jamais quelque chose qu’il vous donne. Ça peut être l’objet le plus horrible du monde, acceptez-le ! Ces objets sont généralement sacrés pour eux et ils verront comme une insulte le fait que vous les rejetiez. Ne faites pas non plus la fine bouche. Je pense que vous êtes habitués à manger des aliments parfois spéciaux puisque vous voyagez beaucoup, donc ne vous attendez pas à avoir des fish and chips au menu ce soir. Ils ne manquent pas de nourriture, mais évitez de mettre des aliments de côté, ce n’est pas très bien vu, et finissez votre bol. Si vous suivez mes conseils, tout se passera bien.

- Et sinon ? demanda Blaise, un peu inquiet en se rappelant de la conversation qu’il avait eu avec Drago au sujet du cannibalisme toujours existant.

- Sinon, on peut dire adieu aux pirogues et là, on aura vraiment perdu du temps...

Une vingtaine de minutes plus tard, ils arrivèrent à l’entrée du village. A peine eurent-ils posé le pied sur le territoire des Indiens, qu’ils furent assaillis de toute part par une centaine de personnes, tous de différentes tailles et de différents âges. Les sourires sur leur visage témoignaient de leur joie à les voir parmi eux et ils leur firent un accueil des plus royal. Les quatre Anglais en furent ravis, même si la nudité de certains de ses Indiens les gênaient un peu. Pourtant, contrairement à certaines tribus Amérindiennes d'Amérique du Sud qui ne portent généralement jamais de vêtements, les gens de cette tribu portaient pratiquement tous des pagnes, fait pour la plupart de longues feuilles d’arbres et de lianes, et parfois même, mais plus rarement, des shorts.

Malgré ça, les femmes se retrouvaient tout de même les seins à l’air et cela aurait pu être excitant pour les hétéros mâles de ce groupe d’aventuriers, si ça n’avait pas paru aussi horrible. Car n’étant pas coutumières des soutiens-gorge et la loi de la gravité étant parfois très cruelle, leurs seins ressemblaient plus à des ballons de rugby crevés qu’à de véritables poitrines féminines. En dehors de ça, ils remarquèrent que les villageois étaient tous très petits (ils ne devaient pas dépasser les un mètre soixante) et avaient tous un ventre un peu bedonnant. Certains s’affichaient même avec des visages couverts de peintures rouge ou noir, ce qui était pour eux un signe de bienvenue, comme les Occidentaux l’apprirent plus tard par leur guide.

Rafael, justement, s’approcha d’un homme plutôt âgé qui se démarquait des autres par une sorte de couronne faite de grandes plumes jaunes qu’il était le seul à porter. Il accueillit le Brésilien chaleureusement, dans une langue inconnue des quatre Anglais, puis Rafael fit les présentations en portugais, une langue que seul un petit nombre d’Indiens avaient appri. Lorsque ce fut fait, le Chef de tribu les conduisit près du grand feu qui brûlait au centre de la clairière, celle-ci étant en quelque sorte la « cour » du village, là où se réunissait tous les villageois. Il s’assit face au brasier géant et intima ses invités à prendre place à ses côtés, ce qu’ils firent : Rafael et Ginny d’un côté, Harry, Drago et Blaise de l’autre. Les porteurs, quant à eux, s’étaient intégrés aux autres Indiens qui s’assirent également autour du feu.

Après un discours incompréhensible prononcé par le Chef en guise de bienvenue, le repas leur fut apporté dans un bol en terre cuite. Tout le monde commencèrent à manger, sauf les Britanniques qui jaugèrent la nourriture visqueuse présente dans leur bol d’un air dégoûté. Rafael tourna alors la tête vers eux et leur rappela les règles de bienséance.

- Souvenez-vous de ce que je vous ai dis tout à l’heure ! Ne pas manger la nourriture qu’il vous offre est une insulte à leur culture.

Suite à la remarque du guide, le Chef, assis entre eux, les observa attentivement et Drago se sentit alors obligé de goûter à cette mixture qui lui donnait envie de vomir rien qu’en la regardant. Il trempa deux doigts dans le bol et s’en servit comme cuillère pour prendre la nourriture et la happer ensuite avec ses lèvres. Une fois dans sa bouche, il mâcha lentement avant d’avaler difficilement et il fit un sourire engageant au Chef, en lui disant, même s’il ne pouvait pas comprendre :

- Hmm... C’est vraiment... dégueulasse !

Blaise toussa un moment après avoir failli s’étrangler de rire à la remarque de son ami. Harry, lui, était déjà plié en deux et même Rafael ria de bon cœur. La seule qui ne partagea pas l’euphorie générale fut Ginny, qui regardait son bol d’une mine dégoûtée, en ayant l’air de se demander si elle devait s’enfuir en courant maintenant ou si elle attendait de vomir avant.

- Vous comptez manger, j’espère ? demanda le Brésilien à la jeune fille.

- Non, mais si vous aimez tant que ça, je peux vous donner ma part, dit-elle dans une vaine tentative de plaisanterie.

- Mangez, s’il vous plait ! fit Rafael, inquiet que cette fille ne gâche tout. S’il vous ne le faites pas, ils vont se sentir insultés.

- Je ne mangerais pas ça ! s’exclama-t-elle alors.

- Ginny ! Manges, tu me fais honte ! insista Harry, en jetant des coups d’œil fréquents au Chef qui regardait sa petite amie.

- Mais Harry ! Il y a des choses bizarres dedans ! se plaint-elle. J’ai cru voir des pattes d’insectes ou des antennes, je ne sais pas trop...

- Au lieu d’essayer de deviner ce qu’il y a dans ce bol, tu ferais mieux de manger ! intervint Drago en essayant difficilement de contrôler sa voix pour ne pas paraître trop brutal (plus pour faire bonne impression devant Harry que pour réellement se montrer gentil avec elle). Nous, on fait l’effort de manger, alors pourquoi tu t’en dispenserais ?

C’était la première fois depuis le début de cette expédition que l’ancien Serpentard adressait la parole à la jeune fille. D’habitude, il se contentait de l’ignorer, ce qui était tout de même très dur vu qu’elle était constamment présente, mais le fait qu’elle se mette à jouer la fine bouche l’avait énervé et il n’avait pu se retenir de lui faire une remarque.

Ginny, quant à elle, était très satisfaite que le blond l’ignore, surtout depuis la poignée de main où elle avait fait l’effort d’être gentille avec lui. Donc elle fut un peu surprise lorsque Drago s’adressa à elle, mais ce fut comme le déclencheur des hostilités entre les deux anciens Poudlariens.

- Je ne mets pas n’importe quoi dans ma bouche, contrairement à toi, répliqua-t-elle. Je n’ose même pas imaginer ce qui est passé dans la tienne !

Drago accusa le coup et tout le monde autour d’eux se tut. Le sous-entendu était tellement évident qu’il n’espéra même pas que Harry n’ait pas compris. Même Ron, pas très réputé pour son intelligence, aurait saisi le sens de cette phrase. Il serra donc les dents et répondit sur le même ton :

- Au moins, moi, je goûte à tous les petits plaisirs de la vie.

- De nombreux petits plaisirs alors...

- Ce qui ne sera jamais ton cas, je le crains fort...

- Un seul plaisir me suffit, dit Ginny en prenant un air suffisant.

- Encore faudrait-il que tu y goûtes...

- Et qui te dit que ce n’est pas déjà fait ?

- Une simple intuition.

- Eh bien, je suis au regret de te dire que tu te mets le doigt dans l’œil, Malefoy. Ou devrais-je plutôt dire, dans le cul, c’est beaucoup plus ton genre.

Drago perdit son sang froid et esquissa un mouvement pour se lever, mais Blaise l’en empêcha en le retenant par le bras.

- Bien ! s’exclama-t-il alors pour changer de sujet et détendre l’atmosphère. Mangeons avec que ça ne refroidisse !

Puis, il jeta un coup d’œil dans son bol et ajouta :

- Ou plutôt, avant que ça ne pourrisse...

Personne ne rit à sa petite blague, Drago et Ginny fulminant de rage dans leur coin et Harry étant concentré à regarder ses mains en rougissant de gêne. Rafael, lui, était complètement perdu. Il n’avait aucune idée de comment ils en étaient arrivés là et il rassura le Chef qui n’en savait pas plus que lui, même si c’était pour une autre raison, c’est-à-dire, son incompréhension de l’anglais.

Le repas continua alors dans une ambiance plutôt tendue, mais au moins, tout le monde mangeait et c’était ça le plus important. Ginny avait fini par toucher à la nourriture avec l’insistance de Harry, mais à chaque bouchée qu’elle avalait courageusement, elle poussait un gémissement de dégoût qui avait le don d’énerver tout le monde. Harry fut le seul du groupe, avec Rafael bien sûr, à ne pas être dégoûté par ce repas original qu’il mangeait sans vraiment de difficulté.

- Je trouve ça plutôt bon, moi, déclara-t-il alors sous les yeux stupéfaits de Drago et Blaise qui luttaient depuis tout à l’heure pour ne pas vomir. Qu’est-ce que c’est, exactement ?

Rafael se tourna vers le Chef pour lui demander et lorsqu’il eut la réponse, il la traduisit à Harry :

- C’est de la bouillie d’anaconda mélangée à des insectes grillés et découpés en morceau.

A l’annonce de leur festin, ils arrêtèrent tous de manger immédiatement. Harry perdit son air un peu gourmand et trouva soudain la nourriture beaucoup moins attrayante. De son côté, Blaise reposa son bol sur le sol, l’éloigna quelque peu de lui et le regarda d’un œil méfiant en disant :

- J’ai plus faim, d’un coup...

- Tu pouvais pas te taire ? s’exclama Drago en fusillant le brun du regard.

- Désolé ! Je ne pensais pas que ce serait aussi... spécial ! se défendit vivement Harry.

- Tu devrais pourtant savoir que la curiosité est un vilain défaut ! Tout le monde te l’a dit à Poudlard ! Mais non ! Monsieur Potter n’en fait qu’à sa tête !

- Ça va ! J’ai saisi le message.

Ils se regardèrent un moment en chiens de faïences avant d’être comme toujours interrompu par Ginny qui avait le teint livide et ne semblait pas aller bien du tout.

- Je crois que je vais vomir, dit-elle alors.

Puis, elle eut soudain un haut-le-cœur , se couvrit la bouche d’une main et courut vers les arbres de la forêt pour aller se soulager à l’abri des regards. Le Chef indien la regarda partir avec étonnement et Rafael lui dit alors quelque chose en portugais pour tenter de le rassurer. L’Indien se retourna ensuite vers Harry, lui sourit et se leva en poussant de grands cris de joie et en faisant un petit discours dans sa langue. Les villageois se levèrent tous et commencèrent à exécuter une danse que les Anglais regardèrent avec curiosité.

- Qu’est-ce que vous lui avez dit ? demanda Harry, inquiet, en se tournant vers Rafael.

- Qu’elle était enceinte et que c’est donc pour cela qu’elle était partie vomir.

Drago, qui était trop choqué pour se rendre compte que ça n’était pas vrai, tourna brusquement la tête vers Harry, scandalisé qu’il ne lui ait rien dit. Mais c’est en réfléchissant un peu plus et en voyant la tête du brun qui avait l’air aussi déconcerté que lui, qu’il comprit qu’il s’était fait avoir.

- Mais elle n’est pas... Elle n’est pas... bafouilla Harry dont le cœur s’était mis à battre à cent à l’heure.

- Je sais, coupa le guide. Mais il fallait bien que je trouve une excuse à ce qu’il s’est passé. Le Chef commençait à se poser des questions.

- Et vous n’auriez pas pu dire qu’elle était malade, non ? rétorqua Drago froidement.

Il en voulait à Rafael d’avoir inventé une telle excuse. Il avait déjà assez de mal avec le sujet « Harry Potter » pour qu’en plus de sa petite amie, il y ait une affaire de bébé à ajouter...

- Je n’y avais pas pensé, répondit le guide sur un ton d’excuse. J’ai seulement dit la première chose qui m’est venu à l’esprit.

- Eh ben, heureusement que je ne suis pas allé vomir avant elle alors... répliqua Blaise.

Drago leva les yeux au ciel avant de lui asséner une légère claque derrière le crâne pour sa stupidité, tandis que les deux autres riaient de bon cœur à la plaisanterie.

oOoOoOoOo

Il était une heure du matin passé et après la soirée d’accueil que les Indiens avaient organisé en l’honneur des Occidentaux, tous le village dormait profondément à présent. Tous ? Non ! Un irréductible jeune homme résistait encore et toujours au sommeil : Drago Malefoy. Enfin, non pas qu’il refusait de dormir, mais après le repas de ce soir qu’il avait été obligé d’ingurgiter, même en en connaissant les ingrédients, sa digestion avait totalement échoué et il était donc plié en deux à vomir la bouillie d’anaconda jusqu’à ce que son estomac redevienne entièrement vide.

- Bordel de merde ! jura-t-il en se relevant et en s’essuyant la bouche avec sa manche. Ces enfoirés de serpents vont me pourrir la vie jusqu’au bout !

Il se rinça ensuite la bouche avec un peu d’eau qu’il avait trouvé dans un seau et, se sentant à présent beaucoup mieux, il se décida enfin à aller se coucher dans le hamac qui lui était réservé. Il fit à peine deux pas que deux voix, reconnaissables entre mille, s’approchèrent de lui et, ne voulant pas interrompre leur petite discussion dans laquelle il était le sujet principal, il se cacha dans l’ombre d’une bâtisse, écoutant attentivement ce qu’ils se disaient.

- Je dis simplement que tu aurais pu te montrer un peu plus polie, expliqua la voix masculine. Ton comportement m’a vraiment mis à l’aise... Et devant le Chef indien en plus ! Heureusement que Rafael a su calmer le jeu en trouvant des explications valables.

- Je te l’ai déjà dit, ce n’est pas moi qui ait commencé ! criait presque la voix aiguë de la femme.

- Eh bien, tu n’aurais pas dû continuer.

- De toute façon, quoi qu’il se passe, tu prendras toujours sa défense.

- Bien sûr que non ! s’exclama Harry. Seulement, je ne veux pas que tu fiches tout en l’air à cause d’un différent qui remonte au collège ! On a grandi depuis. On est des adultes maintenant. Alors, conduits-toi en tant que tel ! Si j’ai réussi à passer outre mes problèmes avec Malefoy, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas le faire.

- Parce que je ne suis pas comme toi ! Il faudra te faire une raison, Harry, moi et Malefoy, on ne pourra jamais devenir amis.

- Je ne te demande pas d’être amie avec lui. Simplement de le supporter le temps de l’expédition.

Ginny sembla réfléchir un moment, puis elle répondit :

- Et s’il me provoque ?

- Montre-lui que tu es plus intelligente et plus adulte que lui en n’y répondant pas. Tu peux faire ça ?

- Oui, dit-elle de mauvais gré, mais alors seulement parce que c’est toi !

- Bien, soupira Harry, content d’avoir pu régler certaines choses.

- Et que dirais-tu d’oublier Malefoy et de t’occuper de moi, dit Ginny en collant sa poitrine contre le torse du brun. Depuis que nous sommes partis, tu n’as pas beaucoup fait attention à moi... On pourrait mettre en pratique ce que tout le monde croit à présent, à savoir que je suis enceinte. Qu’est-ce que tu en dis ?

Elle glissa une main coquine le long de son torse jusqu’à son entrejambe qu’elle caressa brutalement à travers son pantalon, ce qui eut don de lui faire mal au lieu de l’exciter. De son côté, Drago tentait tant bien que mal de ne pas vomir à nouveau et détourna le regard en espérant qu’il ne ferait pas ça sur place.

- Ecoute... Euh... tenta-t-il de dire en essayant de se dégager de l’emprise de Ginny. On en reparlera plus tard, d’accord ? Ce n’est pas vraiment l’endroit idéal pour en parler...

Le rouquine se décolla du jeune homme, vexée que sa tentative d’excitation ait échoué.

- Ce n’est jamais le bon moment avec toi, de toute façon ! Dès que je tente de parler de ça, tu esquives vers autre chose. A croire que tu ne veux pas des enfants...

- Si ! Bien sûr que je veux des enfants ! déclara-t-il. Seulement...

- Tu n’en veux pas de moi.

Dire que Harry était choqué était un euphémisme, il était littéralement sur le cul et il regardait Ginny comme si elle était devenue folle. Même Drago n’en croyait pas ses oreilles, mais il était surtout impatient de connaître la réponse qu’il imaginait rêveusement être « oui ».

- De qui d’autre voudrais-tu que j’ai des enfants ?

- Je ne sais pas...

- Ecoute, dit-il en la prenant par les épaules pour la forcer à le regarder dans les yeux. Je veux des enfants de toi, seulement je pense que l’on devrait attendre d’être marié pour y songer.

- Je ne te savais pas si croyant, répondit-elle, rassurée et émue par ce que venait de dire son compagnon. Mais je ne suis pas contre cette idée. Après tout, nous n’avons pas beaucoup à attendre avant d’être officiellement mari et femme, ajouta-t-elle euphorique. La cérémonie est pour bientôt !

Harry lui sourit et elle approcha sa tête de son visage pour lui donner un baiser langoureux. Mais un bruit sourd retentit alors non loin d’eux et le brun se retourna pour tenter d’apercevoir d’où provenait ce bruit étrange à travers l’obscurité.

- Qu’est-ce que c’était ?

- Sûrement un de ces indiens qui est tombé de son hamac, plaisanta la rousse. Tu viens te coucher ?

- J’arrive tout de suite, lui répondit Harry, réticent à aller dormir de suite.

Ginny le laissa donc pour se diriger vers la hutte qui leur était réservée. Harry, quant à lui, se dirigea vers la source du bruit, curieux de savoir ce que c’était, sans même réfléchir au danger qu’il pouvait y avoir. A vrai dire, il n’y avait aucun danger puisque le son que le couple avait entendu provenait simplement du coup qu’avait fait la tête de Drago lorsqu’il s’était adossé à la bâtisse, choqué et attristé d’apprendre le futur mariage de Harry avec la belette. D’ailleurs, c’est dans cette position que le brun le trouva.

- Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il. Je croyais pourtant que tout le monde dormait.

- Il faut croire que non...

- Est-ce que tout va bien ? questionna Harry en remarquant l’air triste de son vis-à-vis.

- A merveille, répondit le blond, sans afficher la moindre expression sur son visage. J’ai juste un peu de mal à digérer la bouillie d’anaconda mélangée aux insectes...

- Oui, rit le brun. Je dois bien reconnaître que c’était un repas un peu spécial.

Harry observa Drago un moment. Celui-ci évitait soigneusement de le regarder et le concerné ne savait pas pourquoi, mais il tenta tout de même d’engager la conversation. Après tout, depuis cette fameuse discussion sur leur passé, ou plutôt sur son passé, ils n’avaient pu parler en paix une seule fois.

- Je tenais à m’excuser pour le comportement de Ginny de ce soir, annonça-t-il. Elle n’avait pas à te provoquer de cette façon.

- Tu n’as pas besoin de t’excuser à sa place, ce n’est pas toi qui t’es comporté comme un idiot à ce que je sache.

- Non, mais je...

- Laisse courir, tu veux, coupa Drago. Elle ne m’a jamais aimé, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Surtout que c’est réciproque. Mais ne t’embête pas avec ça. Saches seulement que je n’irai pas la provoquer intentionnellement, si ça peut te rassurer.

Harry hocha la tête, mais le blond, qui était toujours très occupé à éviter son regard, ne le remarqua pas. Il avait réussi à se concentrer sur un seul et unique point et il admirait à présent la vue qu’offrait la lune se reflétant sur l’eau de la rivière. Un long silence de gêne s’installa alors entre les deux jeunes hommes, Harry n’osant pas prendre la parole puisqu’il avait la forte sensation que son interlocuteur n’avait pas envie de parler. Il se décida donc à aller se coucher, mais au moment où il s’apprêtait à partir, Drago lui fit enfin face et dit :

- Au fait, félicitation... pour ton mariage...

- Ah... Euh... Merci... bafouilla le brun, le rouge aux joues.

Cette fois-ci, ce fut lui qui n’osa pas regarder Drago dans les yeux, mais cela ne dura pas longtemps puisque le blond continua :

- C’est une surprise... Je n’ai pourtant pas vu de bague au doigt de Weasley.

Et c’est ce qui l’avait rendu encore plus heureux lors de ses retrouvailles avec le héros du monde sorcier. Au moins, à ce moment-là, il avait toujours l’espoir fou de les faire rompre facilement. Mais à présent, il les savait engagés l’un envers l’autre. Bien que des fiançailles pouvaient également se rompre... Il remerciait tout de même Merlin pour qu’ils ne soient pas encore mariés. Si cela avait été le cas, il n’aurait plus eu qu’à se pendre à un arbre en espérant que personne ne viendrait le sauver...

- Elle ne la porte jamais lors des expéditions de peur de la perdre.

- Et depuis quand êtes-vous fiancés ?

- Fin janvier, répondit Harry.

Puis après un moment de silence où Drago eut le temps d’enfermer dans son cœur tout ce qu’il ressentait pour ne le ressortir qu’au moment de sa mort - ce qui n’allait sûrement pas tarder -, il précisa :

- La cérémonie aura lieu en juin. Au Terrier. Ça ne sera qu’une toute petite réception où seuls la famille et les amis seront présents.

- En juin ?... C’est du rapide.

- Oui, je sais, dit le brun. Ginny veut qu’on se marie au plus vite. On a pas vraiment le temps d’organiser un mariage à cause de nos nombreux voyages, donc plus vite ce serait fait, mieux ce sera...

Drago hocha la tête comme pour montrer qu’il comprenait, ce qui était en parti le cas. Mais la seule chose qu’il comprenait vraiment dans cette phrase était que la rousse avait réussi son coup en plaidant l’excuse des voyages pour changer de nom le plus rapidement possible et devenir Madame Potter. Car voyages ou pas, il pouvait se marier n’importe quand, tout était une question de volonté. Et volonté il y avait du côté de Ginny, mais peut-être pas du côté de Harry, et c’était peut-être pour cela que la jeune femme précipitait les choses, pour ne pas que son fiancé ne change d’avis entre temps...

- Tu... Tu peux venir, si tu veux, proposa Harry. Tu seras mon invité.

- Je croyais que c’était seulement réservé à la famille et aux amis, répondit le blond, un soupçon d’amusement dans la voix.

- Eh bien, ça va peut-être te sembler difficile à croire, mais je te considère comme un ami, sourit l’ancien Gryffondor.

- Ouh ! Dois-je me préparer à faire un discours de remerciement devant les médias du monde entier ?

- Non, rit Harry. Tu peux tout simplement accepter mon invitation.

- C’est gentil d’avoir pensé à moi, j’en suis flatté, mais... je suis au regret de refuser. Les Weasley risquent de ne pas être très contents de me voir, en particulier, ta charmante fiancée.

Drago avait intentionnellement et ridiculement accentué le mot « charmante », mais cela passa totalement inaperçu aux oreilles de Harry qui répondit :

- Je peux toujours essayer de les convaincre.

- Ma réponse restera négative. Et puis, tu ne devrais pas autant insister. Après Weasley va penser que tu ne peux plus vivre sans moi et que tu vas annuler ton mariage pour t’enfuir avec moi dans un pays quelconque, blagua Drago.

Quel beau rêve ! pensa-t-il alors.

- Pour que cela soit possible, il faudrait que je sois gay, expliqua Harry avec un sourire amusé.

- Ce n’est pas le cas ? Pourtant, Weasley a l’air de le penser...

- Comment ça ? questionna le brun dont le sourire disparu rapidement de son visage pour faire place à une totale incompréhension.

- Eh bien, elle est beaucoup trop sur ses gardes lorsque tu es avec moi. Comme si j’allais me jeter sur toi et te violer sur place. D’accord, je suis homosexuel, mais si elle avait réellement confiance en toi et surtout qu’elle te savait cent pour cent hétéro, je pense qu’elle ne serait pas aussi parano.

- Elle n’est pas parano ! la défendit Harry. Simplement, elle se méfie de toi. Elle a peur que ce qu’il s’est passé il y a cinq ans ne recommence...

Une lueur apparut dans les yeux de Drago lorsqu’il se mit à se rappeler des événements.

Ça s’était passé lors des vacances de Pâques de leur septième année au collège Poudlard. Tous les membres de l’Ordre du Phénix était alors au Quartier Général en train de se préparer au combat qui approchait. Drago, dont la mission d’agent double allait bientôt prendre fin, était de plus en plus inquiet quant à l’issu de cette guerre et quant à l’avenir du Survivant, qui allait devoir combattre une énième et dernière fois le plus grand mage noir de tous les temps.

C’est donc pour cela qu’un soir, après l’une des nombreuses réunions que tenait l’Ordre pour finir d’organiser les défenses, il s’était décidé à dire adieu à Harry, à sa manière. Il l’avait retenu à la fin de la séance en justifiant qu’il avait un truc important à lui dire et il l’avait embrassé sans vraiment expliquer son geste. Il lui avait juste dit, avant de le surprendre par son baiser, qu’il voulait lui dire au revoir au cas où l’un des deux ne reviendrait pas.

Harry, lui, avait totalement été décontenancé par ce baiser auquel il ne s’attendait pas. D’ailleurs, à cet époque, il n’était même pas au courant de l’homosexualité de Drago, et l’apprendre de cette façon était assez déroutant. Son étonnement était tel qu’il ne pensa même pas à se dégager des bras du Serpentard et ce fut le plus beau moment de la vie du blond. Malheureusement, cela n’avait pas duré longtemps puisque Ginny (ex-petite amie du Survivant à cet époque, puisqu’ils avaient rompu à la fin de la sixième année) était entrée dans la pièce et les avait surpris étroitement enlacés, la langue de l’un dans la bouche de l’autre.

Environs une minute était passé avant que Harry ne se rende soudain compte de sa présence et ne rejette brutalement Drago, comme il l’avait fait sur le port de Manaus avant qu’ils ne prennent le bateau. Il avait emmené ensuite la jeune fille hors de la pièce pour tout lui expliquer, laissant Drago seul face à son désarrois.

Bien sûr, ils avaient tous les deux survécus à l'horreur de la guerre, mais rien n’avait changé entre eux et ils ne reparlèrent même pas de cet unique baiser d’adieu. Ginny redevint la petite amie officielle du héros national et ils partirent tous les deux pour les Etats-Unis.

- Elle a raison d’être inquiète, dit alors Drago en s’approchant dangereusement du brun, ses yeux gris brillant d’une lueur étrange. Qui sait ce qu’un homosexuel pervers et en manque de sexe comme moi peut bien faire à un hétérosexuel tel que toi...

Et plus Drago avançait vers Harry, plus celui-ci reculait, jusqu’à se retrouver bloqué par une hutte sur laquelle il se colla le plus possible. Le blond posa ensuite ses mains de part et d’autre du brun pour l’empêcher de s’échapper et il approcha son visage du sien comme s’il allait l’embrasser, mais il s’arrêta lorsque Harry déclara d’un ton plutôt sec :

- Désolé, mais je ne suis pas gay. Et que tu le crois ou non, j’aime Ginny, et on va bientôt se marier.

- Alors, je pense que tu vas faire la plus grosse erreur de ta vie...

Harry poussa Drago pour se dégager de lui et après un dernier regard mauvais, il s’en alla rejoindre Ginny dans leur hutte.

Lorsque le brun disparut complètement, Drago poussa un cri de rage et donna un coup de poing contre la bâtisse en bois, ce qui lui fit énormément mal, mais ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait. Il était furieux contre lui-même, mais surtout contre cette rouquine qui lui pourrissait la vie de plus en plus chaque jour.

Et s’il la tuait ? Non seulement, le mariage n’aurait plus lieu d’être, mais en plus, il débarrassait le monde d’une grave erreur de la nature ! Et s’il jouait bien son coup, personne ne saurait que c’est lui ! Après tout, ils étaient dans la forêt amazonienne... Les accidents, ça pouvait arriver...

 

Finiiiii ! Vous m’en voulez pas trop ? Je suis sûre que non :p Je précise que si vous me tuez, je ne pourrais pas écrire la suite, alors rangez vos baguettes ^^

Je voulais dire aussi que je n’ai pas copié la phobie des serpents à Indiana Jones, je trouvais juste ironique le fait que Drago ait peur de l’animal qui représente la maison qu’il aime tant. S’il avait été à Serdaigle, par exemple, je l’aurais rendu phobique des aigles et pour Poufsouffle, des blaireaux. Ça n’aurait juste pas marché avec les lions, car même si on aime ses gros félins parce qu’ils sont beau, tout le monde en a peur XD

Voilà, j’attends vos commentaires à présent :)

 
 
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