Bonjour, voici la suite des tribulations du Professeur Binns, qui a été très longue à venir, faute de courage et de patience. Merci mille fois à ceux qui ont laissé des reviews et qui m'ont ainsi donné la force de lutter contre la flemme des vacances, merci...

Disclaimer : Tous les personnages et l'univers sont à J.K.Rowling, hormis Demian qui est mon invention. Le nom du Professeur de Soins aux Créatures Magiques est donné en l'honneur à Eoin Colfer et son héros génial.

Rating : K+ pour l'instant

Bonne lecture !

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Chapitre 4 : Le Phénix

Je n'ai plus envie de sortir dehors... Aujourd'hui tous les élèves sont à Pré-au-lard, occupés à acheter le maximum de choses inutiles possible. Je n'ai jamais compris cet engouement ridicule. Ce n'est qu'un petit village avec cinq magasins miteux... Je crois que je vois tout en noir... Je ne sais plus comment agir. Il faut que je mette mes idées au clair si je ne veux pas devenir fou... Que Demian me trouble c'est une chose, mais il faut que je garde ma raison. Demian est avant tout mon élève. Il ne faut pas que je l'oublie. Je n'ai pas le droit d'espérer une relation avec lui. C'est complètement immoral... J'ai paniqué, j'ai été trop émotif pour voir au-delà de cette... attraction. Je suis son professeur, il ne faut pas que je lui laisse une prise pour m'atteindre ! Qui sait s'il n'a pas déjà parlé de moi à ses amis... Je me prends la tête entre les mains. Comment est-ce que j'ai pu me laisser aller comme ça ? J'ai été totalement inconscient... Il faut que je me contrôle. Je dois arrêter d'essayer de le voir, de lui permettre d'avoir une prise sur moi. Ne plus le regarder, ne plus lui parler, ne plus chercher sa présence comme de l'oxygène... Je suis le professeur, il est l'élève, ça doit d'arrêter là...

Cette décision me donne un regain d'énergie. Maintenant je sais où je vais. Même si ça sera dur au début, il faut que je mette fin à cette attirance ridicule. Je sais qui je suis.

La première étape, c'est d'arrêter de me cloîtrer dans ma chambre comme un Poufsouffle terrifié... Je sors et j'emmène un paquet de copies pour aller les corriger dans la salle des professeurs. Il n'y a là que le professeur Fowl qui sirote son café en lisant des copies. A mon entrée elle lève la tête et me sourit.

" Stephen ! Comment vas-tu ? ça fait un petit moment que tu n'es pas venu ici."

Elle se décale et pousse ses parchemins pour me laisser une place.

" Je vais bien, c'est juste que j'ai été un peu malade alors je ne trouvais pas le courage de sortir de ma chambre une fois les cours terminés. Et toi tu vas bien ?

- Oui ça va. Je suis allée dans la forêt hier pour trouver quelques Botrucs à montrer aux élèves. J'ai failli y laisser un bras mais finalement j'en ai ramené une petite dizaine."

Je lui souris et sors mes copies. Edna Fowl est sûrement le professeur le plus inconscient que j'ai jamais vu. C'est une véritable passionnée des créatures magiques et elle ne recule devant aucune difficulté, aucun danger. Si elle n'avait pas été à Griffondor, celle-là ! Je commence à lire une dissertation qui me semble d'une bêtise incroyable. Je griffonne des corrections depuis dix minutes quand je sens le regard d'Edna posé sur moi. Il est lourd et insistant. Je relève la tête et hausse un sourcil en guise d'interrogation.

" Tu es sûr que tout va bien Stephen ?

- Oui. Pourquoi cette question ?

- Je ne sais pas, tu sembles absent... Et pour être franche tu as une tête de déterré. J'ai l'impression que tu es encore plus pâle que d'habitude !

-J'ai été un peu malade, je ne dors pas très bien.

-Mais ça remonte à au moins un mois... Je trouve que tu es différent, tu ne souris plus du tout, tu passe en coup de vent, tu parais constamment soucieux et tu as des cernes énormes...

- Je ne vois pas très bien en quoi ça change de d'habitude. J'ai toujours été distant et peu loquace à ce que je sache.

- Oui mais...

-Je vais très bien Edna, d'accord ?"

Elle me regarde bizarrement et retourne à ses copies. Elle m'agace. Depuis quand est-ce que je suis un modèle de sociabilité et de joie ? Cette compassion mielleuse m'énerve. Je n'ai pas besoin qu'on s'inquiète pour moi ! Je veux être tranquille... J'essaie de ne pas penser à Demian et elle me rappelle que je n'ai fait que ça le mois dernier... Je soupire et reviens à mes corrections. Une heure s'égrène doucement. Edna rassemble ses copies et se lève. Avant de quitter la salle, elle se tourne vers moi.

" Je m'inquiète juste pour toi, Stephen. Mais tu es si irascible et borné que tu te complais dans ton malheur. Il serait temps de grandir."

Je relève la tête, soufflé. "Il serait temps de grandir" ? Mais pour qui est-ce qu'elle se prend ? De quel droit se permet-elle de me dire ça ? Je me lève d'un coup et sors de la salle.

"Mais pour qui est-ce que tu te prends, Edna ? Comment oses-tu me juger comme ça ?"

Elle se retourne et paraît étonnée. C'est le genre de personne prétentieuse qui ne doit pas avoir l'habitude qu'on lui réponde.

" Stephen ?

- Tu parles alors que tu ne sais rien du tout ! Tu portes un jugement alors que tu ne connais rien de moi ! Mais tu as un tel ego que tu te permets de conclure sur tout et n'importe quoi !

- Moi j'ai un ego ? Mais tu ne t'es pas vu mon pauvre Stephen ! Je venais juste prendre de tes nouvelles et toi tu me rembarres comme si j'étais un elfe de maison ! C'est toi qui as un ego sur-dimensionné ! Tu te crois spécial et au-dessus de tout le monde ! Tu joues les incompris mais tout ce que tu y gagnes c'est d'être pathétique !

- Pathétique ! Mais qu'est-ce que tu crois que tu es toi ?! Avec tes envies de grandeur et tes airs de bon samaritain ! Tu es ridicule !

- Espèce de sale... !"

La cloche sonne et un flot d'élève sort des salles, passant devant nous en jetant des regards étonnés. On est à dix centimètres l'un de l'autre, rouges et les poings crispés, prêts à sortir notre baguette. Je lui jette un regard que j'espère rempli de mépris et tourne les talons. Je prends mon paquet de copies dans la salle des professeurs et rentre dans ma chambre à grandes enjambées. Je tremble un peu et j'ai la respiration hachée. Je m'enferme et m'écroule sur un fauteuil... Mais qu'est-ce qui m'a pris ? C'est la première fois que je m'énerve comme ça, en public, et surtout avec l'un de mes collègues... En plus avec Edna ? L'un des seuls professeurs qui ne s'est pas arrêté à mon apparence ennuyeuse ! Je fais apparaître un verre de Whisky Pur Feu que j'avale cul sec. Je ne me reconnais pas... Cette fougue et cette hargne ce n'est pas moi. Moi je suis le timide et réservé Stephen Binns, je ne m'énerve pas... Il faut croire que toute cette histoire avec Demian m'a plus chamboulé que je ne le croyais...

Mais finalement, est-ce que je n'ai pas préféré ce Stephen Binns là ? Celui qui n'a pas peur de dire ce qu'il pense, qui montre sa colère. Est-ce que ce caractère ne me plaît pas plus ? J'ai aimé remettre Edna à sa place, il faut que je sois sincère envers moi-même. Cette fille se targue d'être toujours là pour les autres, mais elle profite de cette façade pour se mêler de ce qui ne la regarde pas... En fait, elle est assez irritante. La seule chose dont elle parle c'est de ses créatures hideuses et de son rêve de devenir leur protectrice... Je crois que finalement cette incident avec Demian m'a rendu plus fort. Je restais avec elle parce qu'elle était aimable et qu'elle s'était intéressée à moi. Mais je ne l'apprécies pas plus que ça en réalité. J'avais besoin d'un soutien, d'une protection. Mais maintenant est-ce que c'est toujours le cas ? Je ne veux plus être faible.

~o~

J'ai l'impression qu'une nouvelle force palpite en moi. Cette confrontation avec Edna m'a galvanisé. J'ai enfin réussi à dire ce que je pensais, à ne pas me laisser marcher sur les pieds. On dirait qu'un nouveau Stephen Binns est né. Plus fort et plus confiant. Il peut venir à bout de toutes les difficultés. C'est un phénix flamboyant que rien ne peut arrêter.

Ce matin, je me rends à la Grande Salle sans peurs. Je sais que je peux lui résister. Je croyais que je n'avais pas assez de force et de volonté, mais tout ce qu'il me manquait c'était plus de confiance en mes capacités. Et rien d'autre. Il est révolu le temps où je tremblais, seul dans un recoin sombre. Je m'assois à ma table en ignorant superbement Edna qui me fixe d'un air incrédule. En voilà encore une qui pensait que je n'étais qu'un faible inutile. Tout cela va changer, je m'en fais le serment. Je sens un petit sourire qui flotte sur mes lèvres tandis qu'un incroyable sentiment de force emplit mon esprit. Je lève la tête et regarde fixement Demian. Ce n'est pas de la bravoure, ce n'est pas de l'effronterie. C'est juste une preuve que le jeu est en train de changer. Il remarque que je le fixe et je vois ses sourcils se froncer légèrement quand il s'aperçoit que je ne détourne pas le regard. Une lueur de contrariété passe dans ses yeux puis il hausse les épaules et tourne la tête avec indifférence. Il a beau faire comme si tout cela ne l'atteignait pas, je sais que c'est moi qui ai gagné. Enfin...

Toute la journée, je me sens incroyablement sûr de moi et apaisé. C'est la première fois que j'ai vraiment l'impression de contrôler les événements. C'est une étrange sensation. Comme si j'étais un peu ivre mais que cet alcool donnait à mon cerveau plus de clarté. Je vois avec discernement tout ce qui m'échappait avant. Le regard méprisant de Steuer, le professeur d'Astronomie, celui indifférent et moqueur des élèves, celui furieux et déconcerté d'Edna... Et surtout les éclairs d'agacement que je distingue dans les yeux de Demian. Le cours des sixièmes années de Serpentard m'a prouvé que j'étais dorénavant suffisamment puissant pour lui résister.

Quand il arrive dans la classe, je comprends tout de suite qu'on est dans un jour de feu et de désir. Il n'a sûrement pas apprécié ma « bravade » de ce matin et veut prouver qu'il a toujours le contrôle. Sauf que maintenant je devine son jeu et ses intentions. Je ne me laisse pas bêtement avoir par mes émotions. C'est comme si j'avais pris un élixir de Force, même mes muscles sont bandés. Il coule vers moi son regard tentateur et je sens un sursaut de désir me faire trembler le cœur. Non ! C'est moi qui décide, maintenant ! Je peux lui résister. Au prix d'un lourd effort, je détourne le regard et continue mon cours sans rien laisser paraître. J'essaie de me concentrer sur autre chose. Je promène mon regard sur le classe et m'aperçois avec surprise que personne n'écoute... Les élèves somnolent, papotent, dessinent, lisent, mais aucun n'est concentré. J'ai l'impression de recevoir une gifle dans le visage. Je n'ai jamais été quelqu'un de passionné dans mon travail, mais il y a quand même un certain respect à avoir ! Comment est-ce qu'ils osent ignorer ainsi un professeur ? Je regarde deux élèves assis devant moi. La jeune fille discute avec sa voisine de derrière et le garçon dort sur sa table. Lentement, je vérifie leur nom et me lève. Je me poste devant eux et prend un ton doucereux.

« Miss Adamson et Monsieur Gresham, c'est bien cela ? »

La fille se retourne, interloquée et le jeune homme relève la tête.

« Je pense qu'une petite semaine de retenue ne sera pas de trop pour vous apprendre le respect et la bonne conduite à adopter en cours d'Histoire de la Magie.

Hein ?

Quoi ? Mais Professeur... !

Et c'est aussi valable pour n'importe quelle personne que je surprendrais à avoir une attitude déplacée dans ce cours, est-ce compris ? »

Je balaie la classe du regard sous les regards choqués des Serpentards. Ils me fixent comme s'ils venaient de se rendre compte que j'étais un être humain doté d'opinions propres et non un fantôme apathique . Le regard de Demian me brûle l'épaule mais je ne daigne pas le lui rendre. Je reprends la parole du même ton calme et dangereux qu'il a pris les rares fois où il s'est adressé à moi.

« Maintenant vous allez tous sortir un parchemin et répondre aux questions que je vais inscrire au tableau. Elles portent sur le chapitre que nous venons de finir, alors je suis sûr que tout le monde saura parfaitement y répondre. Cette note aura un double coefficient dans votre moyenne du trimestre. »

Des exclamations indignées résonnent dans la salle tandis que je note les questions. Un sourire se forme sur mes lèvres pendant que j'annonce d'un ton légèrement menaçant un dernier avertissement.

« Et si j'entends un seul bruit à partir de maintenant, je retire trois points à tout le monde sur la note finale. »

Des soupirs rageurs se font entendre, puis rapidement seul le grattement des plumes sur le papier remplit la salle. Je porte un regard satisfait sur la classe et j'ai du mal à réprimer un sourire en voyant Demian écrire, penché sur sa table. Il a beau être la personne la plus envoûtante que j'aie jamais vue, il n'en reste pas moins un élève... Qui aurait cru qu'il était si facile de se faire respecter ? J'ai passé mon temps à m'écraser devant ceux qui me paraissaient plus puissants, mais finalement je peux très bien les égaler. Ce que j'ai réussi à faire dans cette classe, je peux le refaire n'importe où. Maintenant j'en ai la force.

~o~

Je traverse les murs pour me rendre près du lac. Cet endroit m'apaise quand mes souvenirs se font trop étouffants... Comme j'ai été prétentieux. J'ai honte en repensant à l'homme méprisant et trop sûr de lui que j'ai été. Mon aveuglement n'aura jamais été si important. Même quand j'ai été fou d'amour et de désir pour Demian je ne me suis pas leurré à ce point là. Je croyais être invincible. Je voulais tout contrôler et montrer ma puissance à tout le monde. Les sentiments les plus mauvais ont empoisonné mon esprit et je m'y suis complais avec délectation. Cette auto-suffisance noire a complètement avilie ma raison et mes sens. Je me nommais secrètement le Phénix... Mais mes larmes n'ont jamais ramené quelqu'un à la vie.

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Voilà merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire ce chapitre. A bientôt !

Taion