Chapitre 1
Un mois, cela faisait un mois qu’ils vivaient ensemble et Drago ne lui parlait pour ainsi dire pas. Il se levait tôt, mangeait à la cafète, enfin, il le supposait, et rentrait tard ou s’enfermait dans sa chambre, son attitude face à lui oscillait entre agressivité et indifférence. Harry se demandait s’il avait bien fait de vouloir s’imposer au blond de cette manière. Il l’avait observé quand il n’allait pas en cours, il était toujours seul, il faut dire que malgré sa transformation physique, tout le monde ou presque savait qui il était et à part Zabini qui suivait les cours de droit, personne ne lui parlait. Il se prépara pour partir en cours de potions en commun avec les futurs médicomages dont faisaient aussi parti Malefoy qui avait quant à lui choisit la potiologie.
- Herm’ !
- Eh, salut Harry, tu vas bien ?
- Aussi bien que je le puisse en cours de potions !
- T’exagères ! Le professeur Mercier n’a rien à voir avec Rogue pourtant… il est vraiment charmant tu ne trouves pas ? C’est gentil à Beaubâtons de nous l’avoir prêté.
- Je plaisantais, évidemment, il est même canon pour un mec de son âge !
- Franchement ! Tu ne penses vraiment qu’à ça !
Harry rit mais il s’étrangla quand il aperçut Malefoy qui le regardait avec dégoût. Hermione tourna la tête.
- Oh, salut Malefoy.
- Granger.
- Comment ça se passe pour toi ? Demanda poliment la jeune fille.
- Pourquoi ? Ca t’intéresse ?
Elle soupira.
- Ecoute Malefoy, tu partages un appart’ avec Harry, on a des cours en communs, on pourrait essayer de s’entendre un minimum, non ?
- Si tu le dis…
Il n’ajouta rien de plus et s’engouffra dans le laboratoire où il trouva une place au premier rang. Le Français lui fit un sourire qu’il lui rendit à moitié, en fait, avec deux autres professeurs étrangers, il était le seul à le considérer comme un étudiant comme les autres. Hermione et lui faisaient parti de ceux qui se démarquaient par leur virtuosité dans cette matière et entraient donc dans la catégorie des « chouchous » du prof. ce qui en irritait certains.
A la fin du cours, le blond discuta quelques minutes avec le prof. mais une fois la plupart des élèves partis, trois garçons l’encerclèrent.
- Alors Malefoy, on fayote encore ?
L’un d’entre eux enroula la queue de cheval de Drago autour de sa main et tira en arrière.
- T’as tout d’une gonzesse comme ça, tu sais ? Le frenchie à l’air d’apprécier on dirait, qu’est ce que tu lui fais pour qu’il t’ait à la bonne, hein ? Demanda le plus grand.
- Tu nous montres ? En rajouta un autre, tout en appuyant sur ses épaules pour le mettre à genoux.
Des rires gras s’élevèrent, immédiatement coupé par une voix d’une froideur polaire.
- Je peux savoir ce que vous foutez ?
Les trois jeunes se retournèrent comme un seul. Harry Potter leur faisait face, sa magie crépitant autour de lui.
- Cassez vous avant que je m’énerve… et un conseil, ne vous approchez plus de lui, compris ?
- Euh, ouais, tout-tout c’que tu veux ! Bafouilla celui qui semblait être le chef.
Ils détalèrent sans demander leur reste. La tension retomba.
- Ca va Malefoy ?
Le blond fixait son « sauveur » avec hargne. Mais de quoi se mêlait-il celui-là ? Il était assez grand pour se défendre tout seul !
- T’attends quoi Potter ? Des remerciements ? Je n’avais pas besoin de toi pour me débarrasser de ces mecs ! Arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas et lâche-moi !
- Mais…
- La ferme !
Drago ramassa son sac et partit à grandes enjambées, plantant là un Harry désappointé. Le brun soupira. Qu’aurait-il dû faire ? Laisser ces trois types menacer Malefoy sans rien dire ? C’était au dessus de ses forces, il n’aurait pas pu. Malefoy n’était pas une petite chose sans défense, il le savait, mais ses élans protecteurs envers lui étaient incontrôlables, mais là, il l’avait vexé. Il traina les pieds jusqu’à son appartement, il avait des devoirs à faire…
-ö\_/ö-
Trois mois passèrent.
Harry s’écroula comme une masse sur le pauvre canapé qui gémit sous son poids et saisit la télécommande de la télévision qu’il avait acheté quinze jours plus tôt. Il passait l’essentiel de son temps ici seul, puisque le blond le fuyait comme la peste et il en avait marre. Il devait sortir avec Hermione, Ginny et Ron ce soir, ils allaient rejoindre Georges et Angelina chez eux pour manger et après, et bien il verrait bien. Il avait mis sa vie « sentimentale » en stand by depuis la rentrée et ça commençait sérieusement à lui peser, à sa main droite aussi d’ailleurs. Il n’arrivait à rien avec Drago, pourtant il faisait des efforts, mais ce dernier ne voyait rien, ce qui était normal puisqu’il l’évitait… Alors pour ce soir, il ferait une pause, il avait besoin qu’on « l’aime », de toute façon son coloc’ n’en avait rien à faire. Il ferma les yeux et s’assoupit, bercé par le ronron de la télé.
Le blond rentra environ une heure plus tard et pinça les lèvres le voyant ainsi avachi. S’il avait été honnête avec lui-même, il aurait reconnu que le brun n’était pas si désagréable à vivre et que cela se passait beaucoup mieux que ce qu’il avait craint. Mais il était Drago Malefoy et de ce fait, n’admettrait jamais qu’Harry Potter puisse être quelqu’un de sympa. Ce fieffé imbécile était souvent d’une maladresse incroyable, mais en même temps désarmante, en fait, Drago ne savait pas comment se comporter avec lui, aussi, le fuyait-il. Il avait réussi à s’entendre avec Granger (elle était obstinée) et ils faisaient parfois leurs révisions ensemble, mais avec lui, il y avait autre chose qui l’empêchait de se laisser aller… peut-être parce qu’il était gay et que sa réputation de dragueur invétéré était fondée ? Il fallait dire que cela le gênait de partager un espace aussi restreint avec une personne qui pouvait avoir des vues sur lui… Encore que Potter ne semblait pas s’intéresser à lui, ce qui était heureux puisqu’il n’était pas de ce bord.
Il éteignit la TV comme il avait vu Harry le faire et s’enferma dans sa chambre, il avait une chose déplaisante à vérifier. Il s’installa à son bureau, saisit un morceau de parchemin déjà utilisé sur une face et commença à faire quelques calculs :
Son loyer annuel lui coûtait 1'200 galions, son inscription aux cours 500 galions, ses frais de rentrée/vêtements & divers 700 galions, ce qui lui faisait déjà 2'400 galions. Il estima à environ 600 galions les fournitures de cours qu’il devrait acheter durant l’année, ce qui lui restait donc pour vivre se montait à 2'000 galions, soit environ 5.50 galions par jour... Il se rendit alors compte qu’il avait dépensé plus rien qu’en mangeant tous les jours à la cafète ! Il soupira et se résolu donc à ne plus faire que deux repas par jour, dont un à l’appart, au moins cette année, il ne risquait pas de prendre du poids…
Harry se réveilla en sursaut. Il s’étira, un peu courbaturé et jura en regardant l’heure : il avait moins de trente minutes pour se préparer et être sur place ! Il se précipita dans la salle de bain, se doucha en cinq minutes, se brossa les dents, sécha sommairement ses cheveux, qu’il n’avait pas l’intention de tenter de discipliner, puis se rendit compte qu’il avait oublié de prendre des vêtements propres… il enroula une serviette autour de ses hanches et se dirigea rapidement vers sa chambre. Il faillit percuter le blond qui sortait de la sienne le nez dans un bouquin. Ils restèrent quelques secondes immobiles, se fixant l’un l’autre avant qu’Harry, rougissant, ne marmonne de vagues excuses et ne rentre dans sa chambre. Drago haussa un sourcil. C’était la première fois qu’il voyait le survivant en petite tenue et il était surpris. Il en était resté à l’ado maigrichon de Poudlard et avait eu aujourd’hui face à lui un presque homme plutôt musclé, surement grâce à ses entrainements sportifs de futurs aurors pensa-t-il. Il secoua la tête, qu’est-ce-que ça pouvait bien lui faire ? Il prit le verre de jus de citrouille qu’il était venu chercher puis retourna chez lui.
Harry arriva au rendez-vous avec un quart d’heure de retard, ce qui n’était pas inhabituel chez lui. Ginny l’accapara rapidement lui racontant les derniers potins de Poudlard et lui ceux de la fac Quand il avait découvert son homosexualité, la rousse avait été la première à l’apprendre puisqu’ils sortaient ensemble, ils étaient resté brouillés quelques temps, puis elle avait accepté et ils étaient redevenus amis, encore plus complices qu’avant. Harry n’avait rien du gay des clichés, maniaque de fringues et de déco, aussi se reposait-il sur elle pour ça et elle adorait cela. Ron les regardait parfois avec un air de regret, car, même s’il avait admis que sa sœur et son meilleur ami ne seraient jamais ensemble, il ne pouvait s’empêcher de le déplorer en les voyant tous les deux, ils formaient un couple si harmonieux...
La soirée chez Georges et Angelina se passa à merveille, la jeune femme avait réussi à tirer le jumeaux survivant de son apathie après la perte de son double, la guérison ne serait jamais complète, tous le savait, mais la vie continuait, inexorable et inflexible.
- Harry, viens par là, j’ai un truc à te montrer !
- J’arrive.
Le brun et le roux après avoir descendu les marches qui menaient de l’appartement jusqu’au magasin, se retrouvèrent dans l’arrière boutique.
- Regarde ça, on a fait une série collector pour les 5 ans de notre fameuse potion Can you feel it ?
- Waouh ! C’est génial…
- On a fait plusieurs versions : la Biereaubeurre, la Wizard-cola©, la CitrouWiz© et même la WPF dans une flasque en métal !
- C’est super comme idée !
Harry, admiratif, tripotait les bouteilles très semblables aux originales à quelques détails près.
- Elles ont le même goût que les vrais ?
- Ouais, plus ou moins, le goût de la potion ressort quand même un minimum, le but n’est pas de tromper le client non plus, tu vois, c’est juste un clin d’œil. ‘Faut pas oublier que c’est un booster de libido additionné d’aphrodisiaque, pas une simple boisson !
- T’as raison, imagine quelqu’un qui la boit par erreur !
Ils se firent un sourire narquois entendu.
- Alors, t’en veux une ? Et si t’en prenait une de chaque ? C’est pas comme si t’en avait besoin, mais après tout, sans ta contribution de départ, on n’en serait jamais là.
- Quand je vois ce que vous avez fait de ce petit pécule, je me dis que j’ai fait un investissement vraiment très rentable !
- Tiens, deux trois gadgets de plus et on y retourne avant qu’ils montent une expédition pour venir nous chercher !
Harry mit les divers objets dans un sac en remerciant son ami et ils rejoignirent les autres. Il fut décidé qu’ils passeraient le reste de la soirée dans la nouvelle boite sorcière ouverte par leurs ex-condisciples Seamus Finnigan et Lavande Brown, le Black Swan. La pétulante blonde était devenue aveugle à la suite d’un traumatisme crânien et l’irlandais boitait, car sa jambe avait été écrasée par un pan de mur, mais ils n’avaient pas perdu leur joie de vivre et s’étaient appuyés l’un sur l’autre pour remonter la pente. La soirée était animée, la clientèle étant essentiellement composé d’étudiants ou de jeunes actifs qui se lâchaient et évacuaient leurs tensions dans la danse et l’alcool.
Vers le milieu de la fête, un joli blond fit de l’œil à Harry qui répondit positivement et ils s’éclipsèrent dans un recoin sombre pour se donner du bon temps. Le brun leur jeta un sort de délusion pour les cacher du reste de la salle et commença à déshabiller l’autre garçon qui gémissait sous ses caresses et ses baisers. Il le poussa, face contre un mur et entreprit de le préparer magiquement tout en le masturbant, son partenaire était vraiment très réactif et cela l’excita d’autant plus. Il ajouta un peu de lubrifiant qu’il avait pris la précaution d’emmener avec lui et pénétra le blond qui gémit en se cambrant. La chaleur moite de la boite les faisait transpirer, la main gauche d’Harry sur la hanche blanche glissait et griffait tandis que la droite continuait ses va et vient sur le membre tendu de son partenaire. Ce dernier frissonna violement puis se raidit avant d’éjaculer sur le mur en se mordant le poignet, le brun mit quelques minutes de plus à venir. Après avoir nettoyé les lieux puis s’être revêtus, il annula le sort et ils échangèrent les banalités d’usage puis partirent chacun de leur côté. Harry n’aimait pas ce genre de « coups » rapides, mais ça lui permettait de relâcher la pression et cette fois, il en avait vraiment besoin.
La petite troupe rendue joyeuse et bruyante à cause des diverses boissons alcoolisées ingérées au cours de la nuit, se sépara à la fermeture de l’établissement. Harry rentra seul dans son appartement de l’université, Hermione passant le week-end avec Ron au Terrier, il y entra sans faire de bruit et s’endormit comme une masse à peine la tête posée sur l’oreiller sans prendre la peine de se doucher.
Le samedi matin, Drago se leva à 7h00, il n’avait jamais été un gros dormeur et s’apprêtait à faire son petit-déjeuner quand il remarqua un sac posé sur le comptoir de la cuisine. Il jeta un coup d’œil dans la pièce et vit les chaussures de Potter gisant à l’envers à côté de la porte et son blouson à moitié pendu à la patère. Le brun ramenait souvent du ravitaillement qu’il laissait trainer, ce que Drago ne supportait pas. Curieux, il regarda dans le sac et en sorti les bouteilles qu’il rangea dans le placard à provision et rougit quand il comprit ce que contenait la boite rouge et noire et décida de ne plus toucher à rien. Il fit chauffer l’eau pour son thé et rôtir les toasts, ajouta du jus de citrouille et de la confiture de pissenlits d’un beau jaune vif. Tout en mangeant, il réfléchit à sa cohabitation forcée avec le Sauveur. Celui-ci avait changé depuis la fin de la guerre, tout comme lui, ils avaient muris tous les deux, lui surtout, il n’était plus ce petit con si sûr de lui ayant une confiance aveugle en ce que disait son père et l’heure n’était plus aux enfantillages. Granger lui avait dit qu’il faisait de gros efforts pour lui être agréable et il dû reconnaître qu’il n’avait pas à se plaindre, enfin la plupart du temps.
Granger… ça lui faisait drôle de parler avec elle amicalement alors qu’il l’avait si ouvertement méprisé durant des années. Pourtant, Drago devait bien l’admettre, l’ex-Gryffondor était loin d’être repoussante, et même, un comble pour un Malefoy, elle était tout à fait son type de femme : un sacré caractère, intelligente, volontaire, empathique, jolie, réfléchie et spontanée… il aurait volontiers tenté sa chance, mais Weasley était dans la place et rien ne pourrait l’en déloger !
Il soupira, reprit le cours de ses pensées et se dit qu’il devrait peut-être y mettre du sien lui aussi, il ne voulait pas qu’ils deviennent amis Potter et lui, juste que les trois ans qu’ils auraient à passer ensemble soient satisfaisants. C’était bientôt les vacances de Noël, un traité de paix serait un beau cadeau, non ?
Bien. Ceci étant décidé, il ne savait pas pour autant comment s’y prendre, il n’avait jamais rien eu de semblable à faire avant. Quand il était plus jeune, les autres voulaient être amis avec lui, il n’avait qu’à choisir… Il pensa alors à Blaise et à lui demander conseil : si quelqu’un savait se faire des amis, c’était bien lui. Cependant, le noir n’était pas là le week-end, cela devrait donc attendre lundi.
Drago s’ennuyait, il se sentait seul et, à part réviser ses cours, préparer quelques TP et rédiger les conclusions des expériences faites en classe, il n’avait rien à faire. Son père était pensionnaire à vie d’Azkaban et sa mère devrait y résider pour trois ans encore, il ne pouvait les voir qu’une fois tous les deux mois... Sa vie privée ressemblait à s’y méprendre à un désert, il était systématiquement exclu des groupes et des conversations, en fait, en dehors de Zabini, seuls Granger et Potter lui adressaient la parole. La disgrâce avait un goût amer.
Harry se leva, un peu vaseux, vers deux heures de l’après-midi. Il plissa le nez en sentant l’odeur de tabac froid qui imprégnait ses cheveux, de plus, sa peau moite de transpiration lui procurait une sensation désagréable. Il se dirigea vers la salle d’eau avec l’intention de prendre une bonne douche et de se dégotter un fond de potion contre les gueules de bois car son crâne semblait avoir conservé le beat de la boite de nuit. C’est une fois sous l’eau bienfaisante depuis une dizaine de minutes qu’il se rappela qu’il avait, comme la veille, oublié de prendre des vêtements propres… il soupira, coupa l’eau et tendit l’oreille, mais n’entendit rien. Il se drapa dans une serviette de bain et ouvrit la porte en jetant un coup d’œil. Bon, Malefoy ne paraissait pas être là, aussi sortit-il sans se presser et alla-t-il à la cuisine pour se préparer un café. Il retournait dans sa chambre quand Drago sortit de la sienne et la scène eu un goût de déjà vu pour les deux garçons qui ne purent réprimer un sourire.
- Ca devient une habitude Potter…
- Euh… je vais essayer d’y remédier, mais pour aujourd’hui, c’est râpé !
Le brun se dépêcha néanmoins d’aller s’habiller. Quand il ressortit, le blond avait disparu. Il haussa les épaules et prit son café tranquillement installé sur un des tabourets. C’est là qu’il remarqua le sac et se rappela l’avoir rapporté de chez Georges. Il l’ouvrit et examina son contenu, sans prendre garde à l’absence des bouteilles qui lui avaient été offertes en même temps. Il était déjà trois heure et demi et il ne se sentait pas de faire quelque chose qui nécessiterait de sortir dans le froid brumeux de ce début décembre, aussi passa-t-il l’après midi à glander vautré devant la télé.
Drago, quant à lui était à la bibliothèque où il passa son temps à essayer de trouver des livres lui permettant de mieux comprendre les bases de la chimie Moldu. En effet, c’était une nouveauté, son cursus incluait dès la première année une heure par semaine de « potions Moldu » appelés médicaments, mais il ne trouvait rien d’intéressant, rien qu’il n’ait déjà dans la documentation qu’on leur avait demandé d’acheter. A six heure, lassé, il décida de jeter l’éponge, le cours était trop récents apparemment, il devrait en parler à Granger.
Quand il rentra dans l’appartement, il trouva Harry à moitié allongé sur le canapé, la télécommande dans la main, à zapper d’une chaine à l’autre. Le blond était intrigué par cette boite à images animées et n’avait pas osé y toucher en l’absence du brun de peur de casser quelque chose. Harry tourna la tête en se rendant compte de sa présence et se rassis prestement dans une position plus correcte. Cela fit sourire intérieurement Drago qui décida de demander des explications sur cet engin…
- Potter, fit-il en s’asseyant, il ne savait pas trop comment aborder la conversation.
- Oui ? Tu veux t’asseoir et regarder un truc ? Demanda Harry en se poussant pour lui laisser de la place.
- Pourquoi pas, je… euh, je ne connais pas cette chose…
- La télé ? Attend, je vais t’expliquer…
Les deux garçons eurent leur première discussion civilisée depuis quatre mois et Drago se sentit fier de lui d’avoir fait le premier pas. Après tout, Potter ne semblait pas être comme tous ces homos pervers qui sautaient sur tout ce qui bouge… en plus, la télévision était vraiment une invention incroyable !
Harry se coucha dans un état à la limite de l’euphorie, il avait passé sa soirée avec le blond de ses rêves à discuter tranquillement et regarder la TV ! Ils avaient même mangé des pâtes au pesto tous les deux comme des amis, il avait vraiment eu une riche idée en achetant ce poste, il l’aurait fait avant s’il avait su que cela favoriserait le rapprochement !
Le lendemain, l’ex-Gryffondor parti pour le Terrier vers dix heures avec, pour la première fois, un peu de regret et Drago passa son dimanche à apprivoiser la télévision…
Le lundi, bien décidé à enterrer la hache de guerre, le blond se rendit dès la fin de son cours sur les interactions des potions avec l’organisme à la salle où Blaise devait être à cette heure. Il le trouva en charmante compagnie, papotant en jouant de son charme. Drago soupira, le noir avait hérité de sa mère cette manie de séduire à tout va, bon, en même temps il avait aussi hérité de sa beauté alors… Quand il l’aperçut, son ami quitta les deux filles et s’approcha.
- Eh Drago ! Qu’est-ce-qui t’amène ?
- Salut Blaise, j’aimerais te parler, ça t’ennuie si on va chez moi ?
- Pas du tout, j’ai un creux d’une heure, allons-y.
Une fois qu’ils furent confortablement installés dans le canapé, le blond prit la parole.
- Voilà, j’ai décidé de faire une trêve avec Potter, car je vis avec et qu’il n’a pas un comportement aussi détestable que je l’avais craint…
- Waouh !
Blaise siffla pour appuyer son étonnement.
- Tu veux faire la paix avec Potter, toi ?
- Ouais, faire la paix c’est beaucoup dire, on ne sera jamais amis, mais j’ai envie que le temps qu’on va passer ensemble soit le plus agréable possible.
Zabini regarda le blond d’un air dubitatif. Ca l’étonnait vraiment qu’il veuille faire ce genre de démarche, surtout pour Potter, même s’il savait que son ami était seul, il ne le pensait pas si désespéré. La neutralité de sa famille dans le conflit lui avait épargné bien des soucis. Il culpabilisait parfois de le laisser tomber, lâchement, mais il ne voulait pas se retrouver dans la même position que lui, paria d’une société en reconstruction. Il ne pouvait de ce fait pas l’imposer à ses nouvelles relations… qui s’empresseraient de lui tourner le dos. Mais il pouvait l’aider.
- Soit. Et qu’attends-tu de moi exactement ?
Le blond souffla.
- Eh bien, comme tu le sais, je ne suis pas vraiment doué pour me faire des relations et j’avais pensé que tu pourrais me donner des conseils…
- Je vois…
Le métis entreprit donc d’expliquer à son ami quelques règles fondamentales dans l’élaboration de liens amicaux et trouva qu’il avait très bien commencé avec cette histoire de TV. Drago, rassuré, repartit en cours accompagné de Blaise qu’il abandonna pour rejoindre Granger pour deux heures d’anatomie.
- Granger, attend !
- Quoi Malefoy ?
- J’aurai besoin de ton aide pour la chimie Moldu, je n’ai rien trouvé à la bibliothèque et j’aimerais en savoir plus…
- Tu as raison, c’est très intéressant ! Ca te dirait qu’on aille dans le Londres Moldu dans une librairie où tu pourras trouver ce qu’il te faut ?
- Euh… je ne sais pas… pourquoi pas ?
- Génial ! Tu fais quelque chose demain après les cours ? S’enthousiasma Hermione, ravie de voir le blond s’ouvrir un peu.
- Et bien, non, fit Drago avec un grand sourire, gagné par l’excitation de la jeune femme.
- Super, je passe te prendre vers 17h00. Ah une chose surtout : habille toi en conséquence ! Si tu as un doute, n’hésite pas à demander à Harry, il t’aidera volontiers.
- Ok, à demain alors, merci !
- C’est un plaisir !
Hermione partit toute guillerette pour son cour suivant, Drago pouvait être charmant quand il faisait un effort !
La journée du lendemain passa rapidement et le moment venu, la jeune femme toqua à la porte de l’appartement.
- Entre Hermione ! Entendit-elle à travers le battant.
- Je suis presque prêt ! Lança Drago depuis la salle d’eau.
Harry regardait son colocataire se faire beau avec suspicion. En fait, ça ne lui plaisait pas du tout qu’il sorte avec sa meilleure amie, même en tout bien tout honneur ! Le blond sortit enfin et le brun ne pu manquer le regard admiratif d’Hermione.
- Je suis à toi, nous pouvons y aller.
- Waouh, Drago, je ne savais pas que tu avais ce genre de vêtements ! Ils te vont vraiment bien tu sais !
Drago rougit légèrement sous le compliment, cela faisait longtemps qu’on ne lui en avait fait… Il avait dû chercher dans sa garde-robe une tenue simple qui puisse passé inaperçue chez les Moldu et avait opté pour un pantalon droit gris anthracite, un pull col cheminée chiné bleu pâle et une veste en cuir doublée noire. C’est Blaise qui lui avait acheté la plupart de ces habits non-sorciers vu qu’il n’était jamais allé lui-même dans ce monde, contrairement au noir qui s’y rendait régulièrement. Il espérait ne pas faire de bévues trop flagrantes et éviter de faire honte à Hermione.
- Je te retourne le compliment, tu es vraiment très jolie ainsi. Répondit-il galamment.
La brune lui fit un large sourire et se retourna vers Harry.
- Bien, je te l’emprunte pour deux-trois heures maximum, à tout à l’heure !
La porte se referma et le brun desserra sa mâchoire qui lui faisait un peu mal. Il secoua la tête.
- Je ne vais quand même pas être jaloux de ‘Mione ! S’exclama-t-il. En plus, ils n’ont même pas pensé à me demander si j’avais envie de venir avec eux, ressassa-t-il avec dépit.
C’est qu’il avait vu leurs regards et celui de Drago en particulier, il était sûr que le blond n’aurait rien contre le fait d’être un peu plus qu’un ami avec la jeune femme et ça lui tordait l’estomac. En plus le blond était à tomber habillé comme ça… Il passa sa fin d’après midi devant la télé à ruminer au lieu de se concentrer sur ses cours de DCFM. Soudain, il entendit du bruit dans le couloir et ce qui lui sembla être des rires. Les sons s’amplifièrent jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur ses deux amis.
- Hello Harry, nous sommes de retour ! Annonça Hermione d’une voix presque chantante.
Le brun les regarda entrer. Ils souriaient, apparemment heureux de leur sortie, Drago paraissait si vivant en cet instant, plus qu’il ne l’avait été en quatre mois à vivre avec lui. Il se décida enfin à dire quelque chose.
- Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ?
- Oui, en fait ça a été assez vite, n’est-ce-pas Drago ?
Harry tiqua sur le « Drago ».
- Effectivement, tu es bien plus efficace que tous les sorts de recherche que je connaisse. Consenti le blond.
- Vous avez fait quoi alors tout ce temps ? Demanda Harry en essayant de cacher son irritation.
- Oh, et bien je me suis dit que Drago aimerais peut être voir un peu Londres et nous nous sommes baladé, on s’est arrêté boire un truc chaud et on a même fait quelques emplettes ! Je ne peux jamais le faire avec Ron, ça l’ennuie toujours.
Le blond souris à nouveau.
- Elle a même acheté un échantillonnage de boissons Moldu pour que je goûte ça avec toi devant la télé ! Et puis des… attend… snips ? Ajouta-t-il incertain en sortant un paquet rouge d’un sac en papier.
- Non Drago ! Des chips ! S’exclama la brune en riant.
- Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié.
- Bon, je dois vous laisser les garçons, je dois réviser un peu…
Elle se tourna vers Drago.
- …c’est quand tu veux pour remettre ça, dac. ?
- Ce sera un plaisir pour moi aussi.
Le blond disparut cinq minutes dans la salle de bain puis vint s’asseoir sur le canapé. Il attrapa un des manuels dont il venait de faire l’achat et se mit à le parcourir. Harry n’avait pas bougé et le regardait sans vraiment le voir, les yeux dans le vague. Il avait l’air différent, plus détendu. Et ce n’était pas grâce à lui… |