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au 31 Mai 21 :
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Prison intime
Par Berenice
Harry Potter  -  Romance/Drame  -  fr
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Chapitre 3

Chapitre 3

 

Drago avait chaud, ce qui était inhabituel chez lui. Pour une fois, il se sentait bien dans cette douce torpeur qui précède de réveil. Mais il était un peu ankylosé, aussi voulut-il se tourner, mais se vit opposer une résistance. Il soupira et fronça les sourcils, il s’était enroulé dans les draps ou quoi ? Il entrouvrit les yeux et la lumière l’agressa. Il poussa un grognement en se demandant pourquoi il n’avait pas tiré les rideaux, puis remarqua que les choses ne semblaient pas être à leur place. Il essaya de lever la tête mais une soudaine lancée douloureuse lui fit renoncer. Sa bouche pâteuse lui rappela qu’il avait bu la veille et il plissa le nez de s’être laissé aller comme ça. Il prit alors conscience d’une chose incongrue : il y avait quelqu’un derrière lui qui le maintenait et en plus, il était nu ! Cela le réveilla tout à fait et il repoussa brutalement la personne qui squattait son lit.

La personne en question heurta durement le sol.

- Bordel ! Qu’est-ce qui t’arrives ! Fit une voix masculine encore ensommeillée.

- Po-Potter ?! Mais qu’est-ce que tu fous là ?

- J’suis dans ma chambre figures-toi, répondit Harry assit par terre.

Drago regarda autour de lui.

- Mais…

Il fut pris de vertige, sa tête lui faisait atrocement mal, mais pas seulement, tout son corps était fourbu. Que c’était-il donc passé ? Et soudain, comme un barrage qui cède, tout lui revint. Il pâlit considérablement, ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit et il se mit à trembler. Harry qui se relevait, s’inquiéta de cet étrange comportement.

- Dra-Malefoy ? Ca va ?

Le blond secoua la tête en grimaçant et s’enfuit vers la salle de bain où il s’enferma. Il se plaqua contre la porte, l’angoisse lui compressait la poitrine, l’empêchant de respirer correctement. Il n’avait pas pu faire ça ! C’était impossible, pas lui ! Il se dirigea en chancelant vers l’armoire de toilette et en sortit une fiole de potion contre la gueule de bois qu’il avala d’un trait, espérant vaguement que cela ferait disparaître ce qui venait de se passer, que ce n’était qu’un cauchemar. Haletant, il entra dans la cabine de douche et ouvrit le robinet. Aussitôt, l’eau magiquement traitée pour être directement à la bonne température, gicla du pommeau sur son corps malmené. Son mal de tête s’évanouit, lui laissant à la place des flashs de la nuit passée. Il se sentit sale, avili. Sans pouvoir se retenir, il vomit le peu qu’il restait dans son estomac. Une fois calmé, les mains tremblantes, il attrapa son gel douche et entreprit de se savonner pour éliminer cette souillure. Soudain, un haut-le-cœur provoqué par le puissant parfum du savon lui fit expulser un liquide épais en provenance de son rectum. Il se figea et mesura alors toute la portée de ce qui lui était arrivé. Il posa son front contre le carrelage ruisselant et ses doigts se refermèrent sur la surface lisse pour les serrer à s’en faire mal. Il ferma les yeux autant qu’il pu mais les larmes s’en échappèrent malgré tout. Comment ce bâtard avait-il pu lui faire ça ?

Assis sur son lit, Harry, complètement perdu, fixait bêtement la porte par où avait disparu le blond. Il n’y comprenait rien. Quand il s’était réveillé, il nageait dans la félicité la plus absolue, serrant contre lui le corps mince de l’amour de sa vie, enveloppé dans sa chaleur et son odeur. Il avait passé une nuit magique, réalisant un rêve qu’il avait à peine osé faire depuis la fin de sa 6ème année. Pourquoi Drago avait-il réagit ainsi, comme s’il avait fait quelque chose de mal ? Il attrapa son jean qui trainait sur le sol, s’en vêtit et sortit de la chambre. Il entendit l’eau de la douche couler et s’adossa à la porte, il voulait dire quelque chose, demander des explications, mais rien ne sortait de sa bouche. Finalement, il frappa à la porte.

- Malefoy ?

Il n’osa pas l’appeler Drago comme la nuit dernière.

- Eh oh ! Ca va ? Je… on pourrais parler quand t’auras fini ?

Drago bouillait littéralement. Il avait envie de sortir et de casser la gueule de Saint Potty ! Non, en fait, il ne voulait pas le voir et encore moins le toucher ! Putain, ce salaud l’avait baisé, lui ! Et le pire dans tout ça, était qu’il n’avait pas opposé la moindre résistance, non, mieux, il avait participé et de bon cœur en plus… Le sang pulsait dans ses tempes, alimentant un nouveau mal de tête, accentuant la nausée qu’il ressentait à cette pensée. Il entendit deux timides coups sur la porte.

- Casse toi Potter, je ne veux pas te voir ! Cria le blond à travers le battant.

- Mais pour… commença Harry.

- Discute pas et barre toi !

Harry soupira et obéit, résigné. Il se sentait mal à présent, qu’arrivait-il à Drago ? Il n’y comprenait rien. Il se laissa tomber sur le canapé et laissa trainer son regard sur les cadavres de bouteilles qui jonchait la table basse quand l’une d’entre elle accrocha son regard. Il fronça les sourcils, non, ce ne pouvait pas être ça ? Il se pencha et attrapa la canette vide et pâlit considérablement quand il la vit de plus près. Par Merlin ! C’était un des échantillons que lui avait donné Georges ! Comment avait-il bien pu se retrouver ici ? Le jour se fit peu à peu dans son esprit.

- Merde… murmura-t-il pour lui-même.

Le blond en avait bu, il s’en rappelait clairement à présent et lui aussi d’ailleurs ! Il fouillait dans son crâne pour se souvenir de ce qu’il avait bien pu faire de ces bouteilles quand il était rentré l’autre nuit mais ne se souvint que d’avoir laisser le sac sur le comptoir et pas d’avoir ranger ces foutus échantillons. Merde, merde, merde et re-merde ! Voilà ce qui n’allait pas avec Malefoy ce matin ! Il comprenait mieux sa réaction maintenant… en y repensant, il devait bien avouer que c’était bizarre qu’il lui ait quasiment sauté dessus hier soir. Bordel ! Que devait-il faire ? Il se prit la tête entre les mains en gémissant de frustration, puis se releva soudain se froissant un muscle au passage : Hermione, il devait aller voir Hermione. Il se massa mollement l’épaule en grimaçant et chaussa rapidement ses souliers avant de sortir, enfilant sa veste sans mettre de t-shirt.

Drago entendit la porte claquer et en déduisit que Potter était enfin parti. Il se risqua à quitter la salle d’eau et se rendit dans sa chambre. Il frissonna. A présent que la colère était passée, il avait une boule dans la gorge et ses paupières le piquaient à nouveau. Il renifla avant de se laisser choir sur son lit et d’enfouir son visage dans son oreiller pour pleurer. Il se sentait misérable, impuissant, complètement démuni face à cette situation. Il avait beau réfléchir, il ne comprenait pas ce qui avait bien pu se passer pour qu’ils en arrivent là, l’alcool n’expliquait pas tout. Mais il devait quand même admettre une chose : tout était de sa faute, c’est lui qui avait aguiché le brun et pas le contraire… pourquoi ? Qu’est-ce qui n’allait pas chez lui ? Les garçons ne l’intéressaient pas et surtout pas Potter.

Arrivé devant la porte de son amie, Harry reprit son souffle et donna deux coups brefs en ajoutant « Hermione, ouvre, c’est moi ! ».

- J’arrive dans deux secondes ! Entendit-il avant que le battant ne s’ouvre tout seul.

Il entra et s’assit sur un des tabourets.

- Voilà, je suis présentable ! Annonça la jeune femme en sortant de sa chambre avec un grand sourire et les cheveux en désordre.

Harry lui rendit son sourire avec du mal, ce qui n’échappa pas à la brune.

- Qu’est-ce qui t’amène ici aussi tôt ? T’es tombé du lit ?

Il émit une grimace avant de répondre :

- Tu ne crois pas si bien dire…

Elle haussa les sourcils d’étonnement. Harry respira un bon coup.

- Assieds-toi, j’ai déconné hier soir et je ne sais plus quoi faire…

Elle fit ce qu’il lui demandait et il commença à lui raconter ce qui c’était passé. Elle l’écouta sans l’interrompre, consciente de la difficulté pour son ami de relater ces évènements. C’est la voix enrouée qu’Harry finit son récit. Ils restèrent quelques minutes sans parler.

- Bon. Si j’ai bien compris, tu es amoureux de Drago depuis des années et tu t’es arrangé pour qu’il cohabite avec toi et hier soir, sous l’effet d’une potion, vous avez couchés ensemble, et notre blondinet ne veut plus te parler.

- Mouais, c’est plus ou moins ça. C’était accidentel ! Je ne sais pas comment ces bouteilles ont pu se retrouver là… Il va m’en vouloir à mort, j’aurais dû comprendre que quelque chose clochait !

- Tu en as bu toi aussi…

- Juste une gorgée ! Ca compte pas ! J’ai juste cédé à mes désirs, sans réfléchir. J’m’en veux tellement si tu savais ‘Mione, tout est foutu maintenant.

Harry renifla, la gorge serrée, sa vision se brouillait. Il secoua la tête, ça faisait un mal de chien de penser qu’il avait tout gâché avec Drago.

- Harry…

Hermione s’était levé et le pris dans ses bras. Cela faisait des années qu’elle ne l’avait vu dans cet état, à la mort de Sirius en fait. Son ami était si sensible sous ses dehors désinvoltes.

- Tu dois parler à Drago, lui expliquer ce qu’il s’est passé. Tu n’es pas responsable Harry, bien sûr, tu aurais dû être plus prudent. C’est… grave, ne nous voilons pas la face, ça pourrais s’apparenter à un… viol, mais c’est involontaire, c’est un enchainement de circonstances.

Quand il entendit le mot « viol », Harry frissonna violement et comprit que c’était ce que le blond avait du ressentir ce matin au réveil. La culpabilité l’étreignit avec force et il ne pu retenir ses larmes plus longtemps.

Hermione réfléchissait à toute vitesse tout en berçant doucement son ami qui se calma lentement. Elle avait vraiment été aveugle sur ce coup là ! Comment avait-elle pu manquer ça ? Bien sûr, Harry était fort pour cacher certaines choses, mais quand même, elle s’en voulait beaucoup. Cependant, elle n’était pas vraiment optimiste quant à la suite, Drago était quelqu’un de renfermé, mais elle avait pu constater qu’il regardait les filles et même elle… ce qui, elle devait être honnête, l’avait flattée, mais bon, ce qui s’était passé entre eux était grave. Si Harry n’arrivait pas à discuter avec lui, elle essaierait. Le brun avait cessé de pleurer et poussa un soupir à fendre l’âme.

- Il faut que tu ailles le voir et parler avec lui, répéta Hermione d’une voix douce.

- Je sais, mais je doute qu’il veuille m’écouter… et puis, ça ne changera rien.

- Drago est un garçon intelligent, il comprendra que ce n’est pas ta faute, ni la sienne d’ailleurs, vous êtes en quelque sorte des victimes tous les deux.

- Tu parles qu’il comprendra ! Il ne voudra rien savoir, on a couché ensemble alors qu’il était sous l’effet d’une potion, même si se n’est pas moi qui lui ait fait boire, j’ai profité de la situation. Il ne me pardonnera jamais. Si les rôles avaient été inversés, je ne lui aurais pas trouvé d’excuse…

- Tu aimerais que je le fasse pour toi ?

- Tu ferais ça ?

L’espoir dans la voix de son ami lui serra le cœur mais lui donna aussi du courage.

- Bien sûr.

- Oh Hermione ! Merci, toi il t’écoutera, j’en suis sûr.

 

Drago se morfondait allongé sur son lit. Les paroles qu’avaient prononcées Hermione lors de leur conversation ne cessaient de tourner dans sa tête. « …voyons Drago, tu es doué en potions, donc tu sais qu’un booster de libido ne peut booster qu’une envie déjà existante… ». Non ! Enfin, si, mais non… Il s’embrouillait, elle avait raison bien sûr, mais c’était impossible dans son cas, il ne pouvait pas avoir éprouvé du désir pour Potter, c’était… inimaginable ! Et depuis quand ? Ils se connaissaient depuis Poudlard, ils s’étaient toujours détestés ! Non, quelque chose clochait, il ne pouvait pas, pas lui, pas pour un autre homme, jamais. Il y avait de l’aphrodisiaque dans cette foutue boisson aussi, en plus ils l’avaient bu tous les deux et d’après Potter, le jumeaux survivant l’avait prévenu des contres indications entre l’alcool et le principe actif. Ajoutez à ça le fait qu’il soit un homme jeune en pleine possession de ses moyens, pas très porté sur la chose, certes, mais suffisamment pour ressentir une possible frustration… Arghh ! Ses élucubrations ne tenaient pas debout ! Et pourquoi le balafré était-il attiré par lui d’abord ? Qu’avait-il fait pour cela, rien, au contraire !

Il se redressa soudain, cette histoire le minait, il ne pensait plus qu’à ça. Comment avait-il pu faire ça ? Il s’était laissé aller à ses bas instincts, comme un animal. Son corps se souvenait d’ailleurs très bien de tout ce qui c’était passé et ne se gênait pas de lui rappeler, surtout le matin. Ca lui ressemblait tellement peu, dire qu’il ne s’était jamais masturbé… en fait, tout ce qui touchait au corps et au plaisir sexuel le rendait mal à l’aise, il trouvait ça… dégoûtant.

Il se tourna vers son étagère-bibliothèque, résista un instant avant de bouger et saisir un des ouvrages. Il l’ouvrit et le referma aussitôt, en serrant son poing libre. Non, il n’était pas désespéré au point de faire une chose pareille, il avait résisté jusqu’ici et il continuerait. Il allait devenir fou. Potter n’était pas rentré depuis leur « explication » et il était seul dans l’appartement à tourner en rond comme un dragon en cage. La culpabilité était remontée en flèche, pourquoi ce genre de chose lui arrivait à nouveau ? Il se sentait comme au bord d’une falaise, prêt à tomber au moindre coup de vent.

Hermione l’avait presque convaincu de laisser au brun le bénéfice du doute et de le laisser s’expliquer. Il était partagé. D’un côté il reconnaissait à Harry le droit d’essayer de le convaincre de sa bonne foi, mais de l’autre, il doutait fortement de celle-ci, vu son apriori négatif sur les gays. En même temps, c’était d’Harry Potter dont on parlait, pas de n’importe qui non plus et il s’était comporté de manière exemplaire jusque là. Bon sang ! Ce qui c’était passé n’était pas anodin ! D’ailleurs, Hermione n’avait pas minimisé ce fait, il lui en savait gré et c’est précisément ça qui le faisait hésiter. Il inspira profondément et décida qu’il lui donnerait sa chance, mais il avait intérêt à être convainquant.

Deux jours plus tard, Harry se présentait devant la porte de son ancien appartement. Il stressait à mort car il n’avait pas revu le blond depuis l’affaire. Il avait cinq minutes d’avance et n’osait pas se manifester. Jamais au grand jamais il ne s’était senti aussi angoissé, même devant Voldemort. Finalement, il frappa et Drago vint lui ouvrir. Il s’effaça pour le laisser entrer puis referma la porte.

- Hum, euh, salut, bafouilla Harry.

- Bonjour Potter, répondit le blond. Assieds-toi, je t’en prie.

Les deux garçons prirent place dans un silence gêné. Harry ne savait pas par où commencer et gardait les yeux au sol. Après plusieurs minutes de silence, agacé, Drago souffla par le nez.

- Bon, c’est toi qui a demandé à me parler il me semble, alors si tu n’as rien à dire, tu peux partir.

La voix clairement irritée et froide de son ex-colocataire fit frissonner le brun qui releva enfin les yeux.

- Je suis désolé, murmura-t-il avant de s’éclaircir la voix pour parler plus fort. Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable, j’aurais dû me rendre compte que tu n’étais pas dans ton état normal…

Drago ne dit rien, mais hocha la tête.

- Je ne voulais pas te forcer, si seulement j’avais réalisé que quelque chose clochait, j’aurais immédiatement arrêté, je te le jure. Tu es important pour moi Drago, je ne ferais jamais rien qui puisse te faire du mal, je… je… t’aime.

L’ex-Serpentard écarquilla les yeux sous l’effet de la surprise. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, la referma, puis il secoua la tête, incrédule, avant de se ressaisir suffisamment pour parler.

- Tu m’aimes ?

- Oui, confirma Harry d’une petite voix.

- Mais… on se détestait à Poudlard ! S’exclama le blond encore stupéfait.

- Au début, oui, mais mes sentiments pour toi ont changés après l’épisode dans les toilettes de Mimi. J’ai eu si peur quand j’ai cru t’avoir tué et si mal aussi, que j’ai compris que je me fourvoyais…

- Depuis si longtemps ? Mais alors, si on s’est retrouvé dans le même appart, ce n’était pas fortuit ?

- Euh, non, effectivement, c’est moi qui ai demandé à être avec toi, admit le brun en rentrant la tête dans les épaules.

- Donc, tu avais déjà une idée derrière la tête ! Je le savais !

- Non ! Attends !

Drago s’était levé, énervé de s’être fait avoir, il avait bien raison de ne pas faire confiance aux homos !

- Tu as tout manigancé à l’avance et tu voudrais que je te fasse confiance ? Tu rêves en couleur ! Tu m’as manipulé pour arriver à tes fins, je ne veux plus te voir ! Pars ! Maintenant !

- Drago, non, écoute moi ! C’est vrai que je voulais me rapprocher de toi, mais je ne t’ais pas manipulé ! Je suis sincère quand je dis que je t’aime, je t’en prie, crois moi. Je n’ai pas voulu ce qui est arrivé, c’est un accident.

- Un accident ? Tu m’as drogué et tu appelles ça un accident ?!

- Oui, c’était un accident, j’ai rapporté ces bouteilles promotionnelles de chez George mais je ne comptais pas m’en servir, je ne me rappelais plus que je les avais, je ne savais même pas où elles étaient ! Comment se sont-elles retrouvées là d’ailleurs ?

Drago fronça les sourcils. Effectivement, la question se posait, il essaya de se souvenir de ce qui s’était passé ce soir là, mais l’abus d’alcool brouillait sa mémoire. Il doutait.

- Drago ?

- Quoi ?

- Tu es légilimens non ?

- Oui, pourquoi ?

- Vérifie par toi-même si je mens, asséna Harry.

- Tu veux que j’aille fouiller ton cerveau ?!

- Oui. J’ai suffisamment confiance en toi pour te laisser te balader dans mes pensées. En plus, se sera facile, j’ai toujours été nul en oclumencie.

Le blond ne savait pas comment réagir, Harry lui proposait ni plus ni moins qu’un viol mental… Bellatrix lui avait appris quand il était enfant à se protéger des tentatives d’intrusion dans son esprit et plus tard Severus Rogue l’avait initié à l’agression que constituait la légilimencie. Il se rappelait de la sensation affreuse que cela faisait de se sentir envahi ainsi. Non. Il ne pouvait pas faire ça, il lui en voulait, mais pas au point de lui faire subir ce que l’on réserve normalement à ses ennemis, même avec son consentement.

- Drago ?

- Hum… non, je ne ferais pas ça, en plus c’est répréhensible et je ne veux pas d’ennuis.

- Je ne dirais rien à personne.

- N’insiste pas, c’est non.

- Drago, je te jure sur ce que j’ai de plus cher que je n’ai jamais eu l’intention de te piéger, je ne sais pas comment cette bouteille est arrivée là. J’ai perdu la tête quand tu t’es rapproché de moi, ça faisait si longtemps que j’espérais, je n’ai pas su résister.

Leurs regards s’étaient accrochés et Drago su qu’il disait la vérité. Il se laissa tomber sur le canapé et enfouit son visage dans ses mains. Par Merlin, il en avait marre. Ses mains tremblaient, tout son corps tremblait. Il sentit le siège s’affaisser à côté de lui.

- Drago, ça va ? Je suis tellement désolé, je voudrais pouvoir revenir en arrière.

Harry ne savait pas quoi faire, il se sentait démuni face à ce Drago qu’il ne connaissait pas. Il aurait voulu le serrer contre lui pour le rassurer, mais il n’osait pas le toucher et le blond ne bougeait toujours pas. Il s’inquiétait, merde !

Enfin il se redressa, ses yeux étaient un peu rouges, mais surtout vides.

- Je te crois Potter. Mais je tiens à t’avertir que tu n’a rien à attendre de moi. Je ne suis pas gay et, je suis désolé de te le dire, mais ils me répugnent.

Harry ferma les yeux sous l’effet de la vive douleur que ces mots venaient de lui infliger… ainsi Drago était homophobe. Mais quelque chose clochait là dedans.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Je ne comprends pas quand tu dis que je te répugne. Quand on a… enfin… lors de cette soirée… tu étais sous l’effet du filtre d’accord, mais tu as… participé.

La mâchoire du blond se crispa. Le brun semblait marcher sur des œufs, faisant particulièrement attention à ce qu’il disait, mais il avait bien compris le sous-entendu. Il devait reconnaître qu’il ne comprenait pas lui-même son attitude.

- Je ne sais pas pourquoi j’ai agi ainsi, c’est aux antipodes de ce que je ressens, je n’aurais pas dû être capable de le faire.

Harry le regardait avec un air de chien battu qui lui fit un pincement au cœur. Il le plaignait d’être amoureux de lui, car rien ne le ferait changer.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ? Tu étais tellement… insista Harry.

- Arrête, s’il te plait. Tu veux vraiment savoir pourquoi j’en suis certain ?

Les yeux gris sondaient les verts qui exprimèrent une certaine inquiétude, pourtant démentie par les paroles.

- Oui… j’aimerais savoir.

- Si je te raconte tout, tu me laisseras tranquille ? Et tu me jures de ne jamais le répéter à qui que se soit, même à Hermione ?

Le brun fronça les sourcils, partagé entre la curiosité et l’espoir de faire changer l’ex-Serpentard. Cependant, il acquiesça.

- Bien… sache une chose : je n’en ai jamais parlé avant et personne n’est au courant, alors si tu me trahis, je te le ferais payer, au centuple.

Drago vit l’ex-Gryffondor déglutir, il devait se demander dans quoi il s’embarquait… Il inspira un bon coup avant de se lancer, ces souvenirs étaient particulièrement pénibles pour lui et il ne les avait jamais exprimés à voix haute. C’est la gorge un peu nouée qu’il commença.

- « J’avais huit ans. Ce soir là, mes parents avaient invité quelques personnes, environ une dizaine, dont ma tante Bellatrix et son mari qui étaient également ma marraine et mon parrain, les Parkinson, les Crabbe, les Goyle et Nott père et fils. Théo avait le même âge que moi et était le seul enfant invité, sa mère étant morte quelques mois auparavant, son père ne le laissait jamais seul. Nous ne nous entendions pas vraiment lui et moi et ça avait empiré depuis ce décès. Théo était un enfant taciturne, parlant peu et restant toujours à l’écart. Nous avions diné à part avant les adultes et fûmes envoyés au lit vers les 21h00, histoire de les laisser entre eux. Une chambre contiguë à la mienne avait été préparée pour Théo.

Comme tous les soirs avant de me coucher, je passais par ma salle de bain personnelle faire ma toilette, j’abandonnais mes vêtements sur une chaise au bon soin de mon elfe qui s’en chargerait et retournais dans ma chambre pour mettre mon pyjama. J’étais donc en slip quand j’entendis la porte s’ouvrir, je lui tournais le dos mais ne m’inquiétais pas, pensant qu’il s’agissait de Mère ou de Bella qui venait me raconter une petite histoire. Ma tante adorait venir me border et me lire des contes, étant stérile, elle me considérait comme son propre fils.

Je réalisais mon erreur trop tard.

Un sort de verrouillage, puis un de silence me firent sursauter et je fis face à un homme, Nott sénior. Dans mes souvenirs, il était grand, très grand et imposant, un peu comme un ours ai-je pensé sur le coup. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait, je pensais naïvement qu’il s’était trompé de chambre, qu’il cherchait Théo, mais non, c’était bien moi qu’il était venu voir. Je tenais mon pyjama devant moi sans savoir quoi faire. Je lui posais des questions auxquelles il ne répondait pas et je commençais à avoir peur. Son regard était étrange. Je reculais lentement pour m’éloigner de lui, mais je butais contre mon lit, alors je grimpais dessus à reculons pour m’échapper sur le côté, mais avant que j’ai pu faire quoi que se soit, il m’avait lancé un sort qui m’immobilisa, écartelé sur mes couvertures. Je me suis mis à hurler, j’étais complètement paniqué. »

Drago fit une pause, un peu plus pâle que la normale, inspira à nouveau et reprit.

« Il s’est mis à parler, mais je n’entendais rien, je ne voyais que son sourire et son regard sur moi. Il s’est approché, mis à genoux entre mes jambes et à commencé à me toucher, mes cheveux d’abord, mais je secouais la tête dans tous les sens alors il est descendu… je criais encore plus, mais ça n’avait pas l’air de le déranger, il passait ses grosses mains sur mon corps, je tremblais de terreur et de dégoût, puis il a retiré mon sous-vêtement et une boule dans la gorge m’a fait taire. Il a posé la main sur mon entrejambe et l’a caressé, mais aucun son n’arrivait plus à sortir, j’étais tétanisé, mon cœur battait si fort que j’ai cru défaillir.

Il a porté deux doigts à sa bouche et les a sucés, la salive dégoulinait, c’était écœurant, je voulais fermer les yeux, mais quelque chose m’en empêchait. Je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait. Quand son index s’est enfoncé dans mon anus, j’ai eu si mal que tout mon corps s’est crispé. J’essayais de me débattre mais je ne pouvais pas, jamais je ne m’étais senti aussi impuissant et honteux. C’était horrible. J’ai commencé à pleurer et à gémir des « non » désespérés, mais il n’arrêtait pas. Il me disait de me détendre, que j’allais aimer ça… Quand il a mis le deuxième doigt, la douleur m’a coupé le souffle. Ses mouvements étaient plus rapides et profonds, c’était atroce. Il avait déboutonné son pantalon et baissé son caleçon et j’ai vu son sexe énorme et dressé. En un éclair, j’ai compris ce qu’il comptait faire et j’ai voulu mourir.

C’est alors qu’un miracle c’est produit, la porte s’est violemment ouverte sur ma tante qui, saisissant immédiatement la situation, envoya valdinguer Nott contre l’armoire, l’assommant. Elle s’est précipité sur moi et m’a délivré, mais j’étais tellement choqué, que je ne suis éloigné et recroquevillé entre les deux énormes oreillers à la tête de mon lit. Je ne me rappelle plus trop ce qui c’est passé par la suite, elle m’a juste raconté qu’elle m’avait fait boire une potion pour me calmer et me faire dormir. Elle a menacé Nott des pires représailles s’il osait ne serait-ce que poser les yeux sur moi et je ne l’ai plus jamais revu. Mes parents n’ont rien su, j’avais trop honte, j’ai supplié ma tante de ne rien leur dire. Avec le temps, j’ai refoulé cette histoire au plus profond de moi, je ne pouvais pas admettre avoir été victime de ça… mais quand je suis arrivé à Poudlard, les choses ont empirées, il y avait trop de monde, je me suis mis à avoir peur des contacts physiques et surtout masculins… c’est pourquoi j’ai accepté que Crabbe et Goyle soient toujours avec moi. Beaucoup plus tard, j’ai appris, toujours par ma tante, que Théo subissait ça plus ou moins depuis le même âge, d’ailleurs, elle soupçonnait Nott d’avoir soit tué sa femme, soit l’avoir poussé au suicide quand elle avait découvert le pot-aux-roses.

J’ai développé une aversion pour l’homosexualité masculine et le sexe me dégoute. »

Harry ne savait pas quoi dire, ce qu’il venait d’entendre lui donnait la nausée. Il imaginait la terreur d’un Drago enfant, ses grands yeux gris noyés de larmes par les agissements de ce monstre. Si les Nott, père et fils, n’étaient déjà morts, il n’aurait pas pu résister à l’idée de faire payer une telle ordure et pour la première fois de sa vie, il eu une pensée positive pour Bellatrix... Comment le blond pourrait-il lui faire confiance alors qu’il avait agit d’une manière similaire ? Bien sûr, les choses étaient différentes, mais il comprenait à présent les réactions de son colocataire. Mais Drago n’en avait pas fini, les yeux dans le vague, il continua.

- « Mais ça ne c’est pas arrêté là. Un jour après un match de Quidditch, Marcus m’a fait des avances et m’a coincé dans le vestiaire une fois que tout le monde était parti. Il a essayé de m’embrasser, de me caresser, et j’ai réussi à m’échapper avant qu’il n’aille plus loin, et à partir de là, Vincent et Gregory ne m’ont plus jamais quitté. Mais quand j’ai été emprisonné durant ces trois semaines au Ministère avant mon procès, ça a recommencé avec un autre détenu et un gardien aussi, et ils n’étaient plus là… Je ne sais pas pourquoi je les attire, à chaque fois, ils disent que c’est moi, que je le cherche, que je résiste juste pour la forme, pour me faire désirer… mais c’est faux, j’ai peur, ça me révulse, je panique... »

Harry avait envie de le prendre dans ses bras, de le réconforter, de lui dire que rien ni personne ne lui ferait mal à présent, qu’il veillerait sur lui, mais il n’osa pas. Drago n’était pas prêt pour ça, il allait devoir faire un travail sur lui-même pour espérer avoir une vie normale, ça prendra du temps, mais il attendra, il l’aimait et son histoire ne faisait que renforcer ce sentiment. Il ferait tout son possible pour l’aider, sans rien attendre en retour, il mériterait sa confiance.

 
 
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