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Princesse(s)
Par Myschka
Originales  -  Drame/Angoisse  -  fr
5 chapitres - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 2     Les chapitres     8 Reviews    
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Katiouchka

Claimer : tout à moi, même les idées (oui, oui)…bien que je doute me faire ne serait-ce qu’un kopeck avec ça ^^

Rating : T/M pour la plupart des textes, pas pour les scènes de cul (inexistantes), mais plutôt pour les thèmes traités.

Note : bonjour. Voici le deuxième texte de « Princesse(s) », avec un contexte historique un peu différent. Bonne lecture.

Les orgues de Staline (Katiouchka)

Lorsqu’elle se réveille, tout est flou autour d’elle, comme si elle était enveloppée d’un brouillard cotonneux. Tout est blanc autour d’elle, d’un blanc mat et sale mêlé de gris, et qui semble absorber toute la lumière de la pièce.

Le lit grince lorsqu’elle s’assied, difficilement, comme si ses propres articulations étaient aussi rouillées que les montants de fer. Les draps sont rêches sur sa peau trop sensible, et la mince couverture grise râpeuse sous ses doigts fragiles.

Le sol est froid sous ses pieds nus quand elle se lève, vacillante comme un reflet fugace sur un étang en plein hiver. Elle rétracte inconsciemment ses orteils sur le carrelage ébréché, blanc comme les murs de la chambre.

La tête lui tourne brusquement et elle se retient d’une main au mur dont le plâtre se craquèle et se fissure jusqu’au plafond. Elle a la bouche pâteuse et sa langue forme une masse compacte et bizarrement sèche contre son palais. Il y a un lavabo un peu plus loin, mais elle ne sait pas si elle sera capable de l’atteindre tellement ses jambes tremblent et tellement sa tête lui semble résonner de l’intérieur.

L’émail du lavabo est écaillé, et du robinet ne s’écoule qu’un maigre filet d’eau glacée, mais cela suffit pour apaiser sa soif. Elle frissonne un peu – il y a un radiateur à côté d’elle, mais lorsqu’elle pose la main dessus, elle s’aperçoit qu’il ne chauffe pas. Il fait froid dans la pièce, elle se demande vaguement quel jour on est.

Il y a une petite armoire à pharmacie accrochée au-dessus du lavabo. Quand elle essaie de l’ouvrir, elle se rend compte qu’elle est fermée à clef, mais ne s’en formalise pas vraiment. Ca n’a pas réellement d’importance, réalise-t-elle.

La porte de l’armoire est un miroir, alors elle y jette un regard indifférent, à peine intéressée par ce qu’elle pourrait bien y voir. Elle se trouve bien pâle malgré tout, des cernes noirs soulignent ses yeux bleus, et elle est quand même un peu étonnée de constater que sous le bandage qui recouvre son crâne, ses cheveux blonds ont été entièrement rasés.

Elle ne reconnaît pas vraiment la femme qu’elle voit dans le miroir, qui lui paraît si jeune alors qu’elle se sent aussi fatiguée que si elle avait vécu plusieurs vies. Et les souvenirs qui flottent dans son esprit, vagues et inconsistants comme s’ils essayaient de filer entre ses doigts, semblent appartenir à quelqu’un d’autre.

Ce sont des réminiscences plutôt que des souvenirs. La sensation d’un cœur battant irrégulièrement, un souffle précipité qui forme une buée blanche dans l’air immobile et saturé de glace. Une course effrénée dans la neige épaisse qui ralentit les mouvements et gêne la progression.

Une voix, la sienne, qui hurle des insanités, un corps qui se débat violemment entre deux bras aussi épais et solides que des rondins de bois.

Une autre voix qui chuchote à son oreille des paroles rassurantes. Ne t’inquiète pas, ma princesse, ma jolie Katiouchka, n’aie pas peur, tout ira bien à présent, tu n’as plus rien à craindre.

La voix de son père qui murmure à son oreille, et la peur, si terrible, si envahissante qu’elle en devient paralysante. Les entrailles nouées par le désespoir, une pensée fulgurante – elle a échoué – qui la rend muette de terreur.

Elle sait où elle est à présent, du moins elle s’en doute. Elle sait aussi qu’elle aurait dû raisonnablement se sentir au moins un peu en colère – révoltée, comme elle l’était avant. Elle soupire profondément, elle a bien compris qu’elle ne peut plus.

Du bout des doigts, elle effleure la peau sous son bandage. La cicatrice est douce au toucher, elle se demande si elle finira par disparaître un jour. Sans doute que non. Elle se fait la réflexion un peu saugrenue que cela lui permettra de se rappeler ses erreurs passées – bien qu’elle sache qu’elle les oubliera probablement bientôt.

La porte s’ouvre en grinçant sur ses gonds, et une femme vêtue de blanc entre dans la chambre. Elle ne sait pas si c’est une infirmière ou un médecin, quelque part elle s’en moque un peu. La femme la tutoie, l’appelle camarade Katerina, et elle grimace imperceptiblement. Elle préfère le surnom que son père lui a donné, même s’il lui rappelle désagréablement les orgues de Staline et la guerre pas si lointaine que ça.

Elle appuie son front contre la vitre froide de la fenêtre ornée de barreaux d’acier et son poing se crispe involontairement sur sa chemise de nuit blanche et trop longue. Elle entend confusément la femme lui expliquer que si son père l’a fait interner ici, c’était pour lui éviter une déportation – elle devrait lui être reconnaissante d’être aussi haut placé au Parti, car elle n’aurait sûrement pas survécu au climat de la Sibérie.

Elle hoche doucement la tête alors que la femme quitte la pièce en refermant lentement la porte. Elle entend vaguement un bruit de clef dans la serrure rouillée, mais ne s’en formalise pas. Elle a compris qu’on l’avait amputée d’une partie d’elle-même à cause de ses convictions. Elle comprend également que désormais tout ceci lui est indifférent. Elle est même plutôt contente de cette nouvelle docilité – tout est tellement plus facile à présent.

Alors qu’elle regarde le morne paysage du parc de l’hôpital à travers les barreaux, elle se demande tout de même si le monde restera aussi blanc jusqu’à la fin de sa vie.

 
 
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