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Princesse(s)
Par Myschka
Originales  -  Drame/Angoisse  -  fr
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    Chapitre 5     Les chapitres     8 Reviews    
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Katiouchka II

Claimer : tout à moi.

Rating : K+, peut être…

Note : Bonjour. Voici la suite des « Orgues de Staline ». Je n’avais pas du tout prévu d’en faire une à la base, mais l’ambiance s’y prête finalement assez bien. Bonne lecture.

 

Ce texte est entièrement dédié à mes parents.

 

 

 

Une autre guerre en Crimée (Katiouchka II)

 

C’est un endroit hors du temps.

Elle ne sait pas vraiment comment elle est arrivée là, simplement, ça lui semblait la chose à faire. Elle ne sait pas vraiment où elle est. Les dalles de marbre sont un peu ébréchées sur les bords, et en baissant légèrement les yeux elle peut distinguer quelques herbes folles qui poussent entre les pierres disjointes par l’usure. La pierre est blanche, veinée de gris clair – peut-être que ce n’est pas du marbre, finalement, à vrai dire elle s’en moque un peu. C’est de la même couleur que le ciel au-dessus d’elle et qu’elle peut apercevoir au travers de la verrière, d’une luminosité à peine assourdie par quelques nuages bas à l’horizon.

C’est au bord de la mer – un peu plus loin, et malgré l’épaisseur des vitres poussiéreuses, elle peut entendre le ressac des vagues s’écraser contre les falaises de calcaire. Le vent souffle fort et elle peut presque sentir son rugissement sur la peau nue de ses bras – elle frissonne imperceptiblement quand une bourrasque cogne un peu plus fort sur les cadres de fer forgé qui relient les fenêtres de la verrière. Elle n’entend rien d’autre que le bruit du vent et des vagues, et le son même de ses pas semble étouffé sur les herbes folles.

Il y a un piano sur sa gauche, un peu de guingois sur les dalles irrégulières à l’autre bout du jardin d’hiver. En bois blanc, poussiéreux lui aussi comme le reste de cet endroit abandonné. Le velours gris qui tend le petit banc est élimé comme s’il avait été râpé consciencieusement durant des années – peut-être que c’est le cas. Elle se demande vaguement comment un tel instrument a pu être déposé ici : il n’est sûrement plus accordé depuis longtemps.

Pourtant, lorsqu’elle s’assied face au clavier et qu’elle caresse du bout des doigts les touches d’ivoire à peine jauni par le temps, elle peut presque sentir s’élever dans l’air une mélodie familière. Une petite musique entêtante dans l’atmosphère confinée de ce jardin perdu au milieu de nulle part, et qui lui vrille le cerveau aussi sûrement qu’un scalpel. Ses doigts sont hésitants sur les touches, mais la mélodie revient peu à peu et les notes s’égrènent doucement, en contrepoint aigrelet du vent marin qui rugit toujours contre les vitres.

Le piano – il lui semble soudain qu’il appartient à quelqu’un qu’elle a connu. Autrefois, dans un autre monde. Presque une autre vie. Peut-être était-ce sa mère, cette femme dont elle a oublié le visage.

Ou peut-être était-ce elle-même.

 

(…)

 

C’est une ville morte – une ville fantôme où la végétation hésite encore à reprendre ses droits et dispute à la pierre quelques pans de murs fissurés. Les rues droites courent en pente douce vers la mer, là où il y a une petite crique dissimulée entres les rochers et les falaises avoisinantes. Le vent soulève la poussière en bourrasques grises qui recouvrent jusqu’aux toits des maisons. C’est comme si quelqu’un avait décidé de repeindre le monde en noir et blanc.

C’est une ville abandonnée au temps – trop isolée peut-être pour en faire un de ces lieux de villégiature réservés aux membres éminents du Parti. Trop désuète, aussi. Sûrement. Il n’y a pas la moindre trace de vie ici, pas même un chien errant qui se serait égaré entre les ruines de ses faubourgs. Les poubelles sont vides, même le verre des fenêtres brisées a été balayé. Le seul bruit qu’on entend est toujours celui du vent, et de la mer en contrebas.

Katiouchka s’avance le long des murs aveugles, silencieuse comme un spectre. Plus bas, juste un peu plus bas, il y a la plage, et ses souvenirs. Peut-être.

 

(…)

 

Ses chaussures gisent un peu plus haut, abandonnées sur le sable grossier près des rochers. La grève est déserte, si bien cachée du monde extérieur qu’elle a l’impression qu’elle pourrait être le dernier être vivant sur ce coin de terre. Même le cri des oiseaux marins ne parvient pas à ses oreilles ; il n’y a pas de coquillages, pas de crabes, à peine quelques algues brunâtres échouées sur le rivage – mais peut-être est-ce le vent qui lui rabat les cheveux sur le visage et l’empêche de voir correctement. Elle regrette un peu le temps où les infirmières les lui coupaient si court qu’elle n’avait plus besoin de se coiffer. Elle les a laissé pousser depuis qu’elle est partie. Il y a six mois, ou il y a six ans – elle a oublié.

Lorsque les vagues froides et salées viennent lécher ses chevilles nues, Katiouchka ne s’arrête pas de marcher. Elle fixe l’horizon, là où le gris du ciel se confond avec le gris de la mer, et pense qu’elle pourrait rester là jusqu’à la fin du monde.

 
 
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