Claimer : les personnages et les idées sont à moi (même s’ils ne le savent pas)

Rating : K

Note : bonjour. On aurait pu croire qu’après Chuck Norris et Hulk Hogan, ce défi me semblerait plus facile à écrire…Il n’en fut rien, j’ai cruellement manqué d’inspiration et j’ai mis plus d’une semaine pour pondre cinq cent malheureux petits mots, ce qui est proprement honteux. Cela dit, j’espère tout de même que ça vous plaira…Bonne lecture.

Thème : En Finlande

Mots :

forêt

boire

sauna

alchimique

esprit

crépusculaire

serpent

Le dernier été

Le vieil homme est assis sur le banc de bois posé contre le mur de la maison. C’est un endroit tranquille, à l’orée de la forêt, où les seuls éléments qui pourraient perturber l’écoulement paisible et immuable du temps sont les cris des animaux, ou le chant des oiseaux que l’on peut entendre quelquefois au loin.

C’est la fin de l’été et le soleil se couche encore très tard sous ces latitudes. Le vieil homme a oublié l’heure qu’il est, mais il ne se lasse jamais d’admirer les lueurs crépusculaires qui semblent embraser la cime des conifères d’une couronne de feu orange et rose. L’homme frissonne un peu – l’air commence à se rafraîchir, mais il ne veut pas se résoudre à regagner l’intérieur de la maison. Près du banc, lové contre une pierre qui garde encore un peu de la chaleur de l’après-midi, un serpent semble somnoler comme s’il voulait profiter des derniers rayons du soleil. Le vieil homme n’a pas le cœur de le déranger – il y a bien longtemps qu’il ne craint plus les animaux qui s’aventurent ici, si tant est qu’il les ait jamais craints.

Bientôt, lorsqu’il fera trop froid et trop sombre pour rester dehors, il se lèvera de ce banc presque aussi vieux que lui, faisant fuir le serpent qui se faufilera rapidement dans une fissure entre les pierres, et il gravira les quelques marches qui le séparent de la chaleur qui règne à l’intérieur de la maison. Le feu bienfaisant brûlera déjà dans la cheminée, et sa femme lui demandera s’il veut boire quelque chose. Il choisira la liqueur de lakka, parce que c’est ce qu’il prend toujours et parce qu’il aime le goût de cette framboise jaune au point que sa femme a appris à la cuisiner de mille manières différentes pour ne pas risquer de se lasser. Elle soupirera encore en lui demandant s’il n’aimerait pas varier un peu de temps en temps, et ça les fera sourire, de ce sourire à la fois bienveillant et complice uniquement connu d’eux seuls.

Ensuite, quand les étoiles commenceront à briller faiblement dans la voûte céleste encore pâle, il se rendra dans le sauna, pour se détendre et pour prolonger un peu plus l’état de tranquille félicité dans lequel le plongent immanquablement les fins de journée comme celle-ci. Ce n’est plus si difficile, à présent. Avant, la plus subtile modification de l’atmosphère suffisait à briser cette sérénité, et quand il était jeune…le vieil homme soupire. Avant, c’était presque un art alchimique que de réussir à atteindre une telle paix de l’âme. Désormais, il a vu bien trop de saisons pour ne pas avoir appris à profiter de chaque instant qui passe.

Bientôt, ce sera l’hiver. Le soleil ne se lèvera plus et le vieil homme songe qu’il verra probablement ses dernières aurores boréales cette année. Il espère simplement que son esprit rejoindra les milliers d’autres qui flottent à la surface du monde, au bord de l’horizon où les âmes parent le ciel de voiles iridescents. Ainsi, il continuera à contribuer à la beauté de cet endroit qu’il n’a, malgré tout, jamais voulu quitter.