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Groupe W
Par KalySo
Gundam Wing/AC  -  Action/Aventure  -  fr
4 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Remords

Episode 2: Remords

Le remord est le propre de l’être humain. Au début, ce n’est qu’un tourment, une prise de conscience. Puis, la douleur morale s’installe, troublante et lancinante. Et soudain, l’étincelle met le feu à l’âme et au cœur et laisse la place à la passion. Et le feu se transforme en brasier, ardent, mystifiant et envoûtant, qui vous dévore de l’intérieur.

Si le remord est là, c’est que l’amour n’est pas loin…

* * * 

Au sous-sol d’une vieille bâtisse délabrée, cinq hommes étaient assemblés autour d’une grande table circulaire. Comme à son habitude, le Premier prit la parole et ouvrit la séance:

"Où en est notre Joker?"

"Il progresse. Sa dernière communication date d’hier soir. Il se rapproche de Yuy. Lentement mais sûrement."

"Et pour Treize?"

"Toujours en vadrouille! Nous l’avons manqué de peu à Athènes la semaine dernière. Il rassemble des hommes."

"Bien, bien! Tout marche comme prévu…"

Et de nouveau, son rire cruel emplit la pièce.

* * * 

Big Board du Groupe W, siège du Groupe W, Manhattan, New York

Une fois de plus, une grande agitation règnait au sein du Grand Conseil du Groupe W, le plus grand groupe économico-industriel mondial. En effet, le tout nouveau et tout jeune directeur devait donner aujourd’hui la nouvelle constitution du Groupe.

Comme prévu, Heero Yuy franchit la porte de son ascenseur privé à dix heures précises. Le silence se fit instantanément. Car il ne faut pas oublier de préciser que, outre un compte en banque frôlant les dix milliards de dollars, Heero Yuy était également le célibataire le plus beau et le plus convoité de tous les Etats-Unis d’Amérique. Fidel à ses habitudes, il ne portait pas de costume, mais un jeans bleu enserrant sa taille fine et galbant ses longues jambes ainsi qu’une chemise gris perle laissant voir la base de son cou. Nonchalamment, il s’assit dans son fauteuil et regarda tour à tour chacun des onze (ex? futur? futurs-ex? ) directeurs de chacune des onze divisions internationales du Groupe W.

Les voyant tous suspendus à ses lèvres, il décida de mettre fin à leur supplice:

"Bonjour, mesdames et messieurs. J’espère que vous vous êtes bien reposés toute cette semaine, car les jours à venir risquent d’être très éprouvants. Le Groupe W va voir son organisation interne totalement remaniée."

Il marqua une pause, ménageant un suspens sadique. Il sortit lentement une feuille de sa poche arrière droite (1), la déplia puis reprit:

"Je vais dès maintenant vous énoncer les nouvelles attributions aux postes directoriaux: Mlle Lucrezia Noin dirigera le département Presse; Mlle Iria R.Winner prendra la direction de notre chaîne Hôtels; Miss Dorothy Catalogna se voit confier la division Télévision et Radios; Mlle Hélène Zana s’occupera de la Banque; la Señorita Isabela Despina prendra en charge la direction du département Supermarchés."

Il refit une pause, étudiant les réactions des différentes concernées. Puis il tourna sa feuille et poursuivit:

"Passons à ces messieurs: M.Zechs Merquise reste à la Wing Airlines; Mr Howard remplace M.Chang Wufei au département Aérospatial; Mr Waris McLoyd se charge dès à présent de notre Pétrole; M.Kyle Kelsey prend la tête du département Métallurgie; le Señor Felipe Caso dirigera notre Flotte Marchande."

Heero s’arrêta. Il a intentionnellement oublié deux divisions importantes, sans lesquelles le Groupe ne pouait fonctionner. Et Zechs se fit le devoir de le lui rappeler:

"Monsieur Yuy, qui prend la tête du département Administration ainsi que du Management?"

"Je m’attendais à cette question M.Merquise. L’Administration sera prise en charge par Mlle Réléna Darlian, tout comme le Secrétariat général. Ce sont de grandes responsabilités, mais Mlle Darlian a fait ses preuves en travaillant sous les ordres de mon père, et c’est une façon pour moi de la récompenser pour ses bons et loyaux services. Quant au Management, je m’en chargerai personnellement à compter d’aujourd’hui. Voilà, mesdames et messieurs, vous pouvez dès à présent rejoindre vos nouveaux bureaux respectifs. Le prochain Big Board aura lieu dans une semaine."

Ne laissant nullement le temps à ses directeurs de réagir, Heero quitta la pièce et remonta dans son bureau.

* * * 

Etage privé de Heero Yuy, dernier étage du siège du Groupe W, Manhattan, New York

"Où êtes-vous?"

"A son étage privé. Je viens de me faire muter au poste de secrétaire adjoint. La Darlian s’occupe aussi de l’Administration, alors elle a besoin d’aide. Faut dire qu’elle a besoin d’aide pour beaucoup de choses, mais bon…"

"Très bien. Si vous faîtes correctement votre boulot, dans une semaine, tout sera terminé."

"Comment ça tout…? Allô? ALLO?"

Enervé, le jeune homme raccrocha violemment le combiné et saisit le petit arrosoir posé à sa droite sur le bureau. Il se lèva et se dirigea vers le ficus ornant le couloir privé de Heero Yuy, situé juste en face de l’ascenseur. Il se pencha et commença à verser l’eau. Il en profita pour revoir ses objectifs.

« Bon, mon vieux, c’est simple: tu te rapproches, tu deviens son ami, tu hacks son ordi perso, tu y fous un bordel monstre et tu te tailles. Le tout en essayant de pas lui sauter dessus… Ben ça va pas être du gâteau! Rien qu’en photo, c’est limite, alors en chaire et en os… Je promets rien… Mais s’il me fait des avances, je refuserai pas… Sait-on jamais… Il me faudrait bien ça pour oublier So… »

Le « tin » annonçant l’arrivée de l’ascenseur privé de sa cible le tira de ses pensées. Toujours occupé à donner à boire au ficus, le jeune homme ne s’en redressa pas pour autant.

* * *

« Et bien, cela ne s’est pas si mal déroulé en fin de compte. Je vais néanmoins demander à Wufei de me faire une enquête complète sur Miss Catalogna et sur M.Kelsey. On ne sait jamais. Il faut aussi que je contacte Trowa et Quatre pour savoir comment se passe leur infiltration en Russie… »

S’appuyant contre une des parois de la cage d’ascenseur, Heero ferma les yeux et écouta la musique qui sortait des haut-parleurs, histoire de ne pas penser que l’espace clos dans lequel il se tenait faisait moins de deux mètres carrés (2)

« Il faut que je demande à Réléna si elle a terminé son rapport. Le problème, c’est que rien que le fait que je lui adresse la parole la fait presque tomber dans les pommes. Ce qu’elle peut me gonfler des fois! Ce qu’il me faudrait, c’est une bonne soirée de détente au Touch. Je vais demander à Wufei, ça le tentera peut-être… »

Le « tin » de l’arrêt de la bête infernale le sortit de sa torpeur et il s'éjecta de l’ascenseur. Il n’avait pas fait trois pas qu’il stoppait net.

La vue panoramique d’une superbe paire de fesses galbées dans un jeans noir bien trop moulant pour les bonnes mœurs était très certainement responsable de la déconnexion momentanée de son cerveau. Et le propriétaire de ladite paire de fesses n’avait pas l’intention d’en rester là: se redressant très sensuellement, sa longue natte passée par-dessus son épaule, il se retourna vers le grand patron et l’achèva avec son arme secrète: il plongea son regard d’améthyste dans celui de cobalt de Heero. Et ce fut à celui qui serait le plus surpris des deux.

« Oh Gosh! Quelle bombe! »

« … »(3)

Reprenant ses esprits en premier, le jeune homme natté s’approcha de Heero en roulant des hanches, adoptant la démarche d’un fauve traquant sa proie.

"Veuillez me pardonner M.Yuy", s’excusa-t-il, "je ne voulais pas vous déranger. Je m’appelle Duo Maxwell et je suis votre nouveau secrétaire adjoint, Mlle Darlian ayant désormais beaucoup de responsabilités. Non qu’elle s’en plaigne, remarquez bien, mais elle ne peut pas être toujours à vos côtés. Donc je la remplace! M.Yuy, vous allez bien? Vous êtes tout pâle! Je vais appeler du secours…"

Tournant le dos à cette vision de rêve, Duo se dirigea vers son bureau et composa le numéro du service santé du bâtiment. A l’instant où la personne de permanence décrochait, la ligne fut coupée. Levant les yeux, Duo plongea dans deux immenses glaciers.

Il reposa le combiné et contourna le bureau, se glissa entre Heero et le mobilier et s’y assit (4) Durant toute l’opération, leurs yeux ne s'étaient pas quittés et Duo saisit sa chance.

"Bien, je vois que vous allez mieux. Il ne faut pas faire peur à un pauvre secrétaire comme moi. Je pourrais avoir envie de démissionner… A moins que je ne sois obligé de vous faire du bouche à bouche pour vous ranimer! Voyons voir, quelle solution choisir…"

Tout en prononçant ses mots, Duo avait posé sa main droite sur le torse de Heero et sa voix s’était faite plus rauque, plus caressante et aguichante (5)

"Je pense qu’en réalité, le mieux serait que vous vous détendiez un peu. Toutes ces responsabilités pour une personne aussi jeune, je crois que je pourrais pas supporter. Je connais un bar sympa où je vais souvent après le boulot. C’est pas super bien famé, mais on est pas emmerdé la plupart du temps. Si ça vous dit, on pourrait y aller un de ces soirs?"

Heero sembla se réveiller à ce moment précis connexion des neurones survivants et se recula légèrement, se libérant du contact troublant de la main de Duo sur son torse.

"Excusez-moi de vous avoir causé cette frayeur inutile. J’accepterai volontiers votre invitation, mais pas pour ce soir. Très heureux de vous avoir rencontré M.Maxwell."

"Tout le plaisir a été pour moi. Et vous pouvez m’appeler Duo, je ne m’en offenserai pas!"

"Je n’y manquerai pas. Bonne journée et à bientôt!"

Et Heero s’éloigna, droit et fier mais heureux de cette petite touche de gaieté dans sa journée. Passant devant le ficus, il s’arrêta, se retourna et s’adressa à Duo:

"Je vous laisse prendre soin de cette plante. J’ai l’impression qu’elle apprécie énormément votre touche quotidienne."

Sur ces paroles mystérieuses, Heero tourna les talons et pénètre dans son appartement, direction la douche… froide.

* * *

« Mais qu’est-ce qui m’a pris de lui sauter dessus comme ça, moi? Je vais le faire fuir! Ah lala! Je suis incorrigible…Mais va falloir modérer tes ardeurs Maxwell. Ce serait bête de tout faire foirer pour une partie de jambes en l’air… »

Reprenant le contrôle de ses hormones, Duo se rassit devant son ordinateur et finit de taper le rapport de Mlle Darlian. Elle aurait dû le remettre au patron la veille…

* * *

« Passons à la Wing Airlines maintenant: quatorze milles employés, deux millions de dollars de recette par an, un milliard de passagers et sept cent cinquante avions. C’est ma division la plus importante… Zut, j’ai oublié d’appeler Trowa pour savoir si tout se passait bien avec Quatre en Russie…et Wufei pour mes enquêtes! »

Tenant absolument à avoir ces dossiers sur Miss Catalogna et M.Kelsey, Heero posa son dossier descriptif de la Wing Airlines et tendit la main vers le téléphone au moment où celui-ci sonnait. Intrigué, il décrocha:

"Heero Yuy, j’écoute.a

"C’est Trowa. Tu vas bien?"

"Tiens, justement je comptais vous appeler. Je vais très bien. Et vous?"

"Très bien. Notre enquête… Attends, Quatre souhaite te dire quelque chose."

"Allô, Heero?"

"Oui, qu’y a-t-il?"

"Oh, rien… A part que la Russie est magnifique!(6) Je voulais savoir comment tu t’en sortais?"

"Ca peut aller. Réléna est toujours aussi collante mais les Grands semblent se remettre de mon « débarquement » Avez-vous trouvé ce que je vous avais demandé?"

"Oui. Je te repasse Trowa."

"Oui, nous avons trouvé tous les documents concernant notre affaire. Il semblerait que Odin aie trempé dans des magouilles encore plus louches que ce que nous avions imaginé."

"De quel genre?"

"Du genre « manipulations génétiques », « transformation et combinaison d’ADN », et j’en passe…"

"Je vois. Bon, vous pouvez continuer à profiter du paysage histoire de donner le change, mais je veux que vous soyez de retour dans maximum dix jours. Je vous rappellerai si j’ai besoin de vous. Bonnes vacances!"

"MERCI HEEROOO!" hurla la voix de Quatre au loin.

"Je pense que tu as fait un heureux", fit remarquer Trowa.

"C’était le but du jeu!" rétorqua Heero avant de raccrocher.

« Au moins, il y en a qui s’amusent bien… (7) Bon, maintenant, Wufei… »

Heero tendit de nouveau la main vers le téléphone mais fut cette fois interrompu par un coup frappé à la porte. Agacé par ce nouveau contre-temps, il ordonna néanmoins à la personne d’entrer, priant intérieurement pour que cela ne soit pas Réléna.

C'était Wufei

"Et bien, que de coïncidences en si peu de temps!" s’exclama Heero.

Le sourcil levé en signe d’interrogation, Wufei le salua puis s’approcha du bureau et lui tendit deux dossiers.

"Voici les dossiers de Miss Catalogna et de M.Kelsey. J’ai pensé que tu allais me les demander, donc je t’ai devancé."

"Parfait, j’allais justement t’appeler. Vous n’arrêtez pas de me surprendre aujourd’hui", lâcha-t-il énigmatiquement.

Ne faisant aucune remarque face aux phrases pour le moins étranges de son employeur et ami, Wufei lui lança tout de même un regard qui en disait long.

"Ne t’inquiète pas, je pense tout haut", le rassura Heero.

"As-tu des nouvelles de Trowa et de Quatre?"

"Oui. Leur enquête se termine et ils doivent actuellement batifoler dans la neige…"

"Je vois, tu forces légèrement le Destin!"

"Pas du tout, mais tu ne peux pas nier l’attirance qu’il y a entre ces deux-là! Je ne pense pas que cela se fasse si rapidement de toutes façons. Rome ne s’est pas bâtie en un jour!"

"Tu as raison. Bon, si tu n’as rien d’autre à me dire, je vais redescendre au bunker…"

"Ah si! J’allais oublier: cela te dirai de faire un tour au bar ce soir. J’ai besoin de me détendre…"

"Bonne idée. Je passe te prendre à 19h tapantes. A ce soir!"

"Okay, à ce soir."

Et le directeur se replongea dans ses dossiers. Il n’en avait pas lu la moitié qu’un « bip » familier lui fit lever le nez vers son ordinateur. Un e-mail venaitt d’arriver. Il l’ouvrit et le consulta. Il était de Trowa:

« Treize s’est échappé »

"Et bien, il semblerait que la soirée de détente soit reportée!"

* * *

Prenant appui sur le dossier de son fauteuil, Heero s’étira et fit craquer son dos endolori par trois heures de recherches intensives…et infructueuses. En effet, aussi étrange que cela puisse paraître, Treize Kushrenada restait introuvable de part le monde. Passablement énervé, Heero décida de se lever et de sortir se balader dans New York. Central Park n'était pas loin et il avait toujours adoré les bords de lacs.

* * *

Arrivé au centre du parc, sur les rives du lac artificiel, Heero s’assit à même le sol et laissa son esprit se détendre au gré des vaguelettes s’échouant sur la petite plage de sable gris.

« Comment peut-il avoir disparu? Ce n’est pas possible! Et comment a-t-il pu s’échapper? Il va falloir interroger ses gardiens…Je te retrouverai Treize, je peux te l’assurer! Au fait, et cet étrange jeune homme que j’ai rencontré aujourd’hui… Comment s’appelle-t-il déjà? Ah oui ! Duo Maxwell! Je le trouve bien mystérieux… Je ne l’avais jamais vu parmi le personnel… Wufei devra me faire une recherche sur lui, on ne sait jamais… »

Prenant une profonde inspiration, Heero se relèva, regarda une dernière fois le soleil se coucher sur la surface immobile du lac et se détourna, reprenant la direction de son immeuble.

* * *

Le lendemain, Heero se lèva avec la ferme intention de visiter tous les services du bâtiment, histoire de rencontrer le personnel. Il sortit de son appartement et se dirigea donc vers le bureau de Réléna, résigné à devoir la supporter durant la matinée. Mais qu’elle ne fut pas sa surprise de constater que Mlle Darlian n'était pas là et que son charmant remplaçant se proposait volontiers de l’accompagner, connaissant déjà par leur prénom chaque employé du Groupe.

La visite se passa très bien et les deux jeunes hommes sympathisèrent rapidement. Duo en fut ravi, cela n’en faciliterait que plus sa mission. Néanmoins, quelque chose chez Heero le gênait, comme une sorte de réserve extrême. Lui jetant un coup d’œil, il le découvrit absorbé dans une passionnante discussion avec le chef du réseau informatique. Discussion à laquelle Duo ne comprenait strictement rien.

"Merci beaucoup, M.Files", l’interrompit Heero. "Je suis désolé de vous couper, mais j’ai encore quatre services à visiter. Je reviendrai vous voir dès que possible."

Prenant Duo par le bras, il l’entraîna vers l’ascenseur le plus proche.

"Pourquoi avez-vous dit ça? Le service informatique était le dernier que nous visitions."

"Il ne cessait de se plaindre à propos de virus impossibles à déloger. Je lui ai donc promis de l’en débarrasser puis…"

Il regarda Duo d’un air amusé avant d’ajouter:

"Vous n’avez rien écouté de la conversation, n’est-ce pas?"

"Ca se voyait tant que ça?" demanda le jeune natté, embarrassé.

"Non, rassurez-vous. Bon, je vais vous laisser. Il est temps pour moi de me remettre au travail. Les affaires ne vont pas se faire toutes seules!"

"Je vous raccompagne, dans ce cas. J’ai moi-même des rapports à terminer."

Entrant dans l’ascenseur, il tourna le dos à Duo qui en profita pour reluquer allègrement le postérieur de son patron.

« Couchez, les hormones! Couchez! »

Détournant le regard, il entra à son tour dans la cage de métal et appuya sur le bouton 45. La montée devrait durer une dizaine de minutes. Duo sentit que ces dix minutes risquaient d’être difficiles pour sa santé mentale, compte tenu de l’espace restreint de lequel il se trouvait et de la personne avec qui il s’y trouvait. Fermant les yeux, il tenta de faire le vide dans sa tête et d’oublier que le patron le mieux roulé du monde était actuellement à ses côtés.

Un son étranglé provenant de derrière lui le fit sursauter et rouvrir les yeux. Il se retourna vivement, sur le qui-vive. Mais ce n'était que Heero. Heero qui était plié en deux, le front couvert de sueur, et qui semblait avoir le plus grand mal à respirer. Inquiet, Duo se pencha sur lui.

"Heero? Daijobou?"

Puis il pausa sa main sur son épaule et tout s’arrêta. Heero se redressa vivement, manquant lui percuter le nez. Sa respiration était redevenue normale et ses yeux s'étaient faits de glace. Sa voix n’avait rien de rassurant lorsqu’il déclara, atone:

"Je vais très bien. Nous sommes arrivés."

Bousculant l’américain, il sortit de l’ascenseur et se dirigea directement dans son bureau. Duo, choqué, ne sut que penser mais inconsciemment il s’en voulut.

« Qu’est-ce que j’ai fait? »

* * *

Le soir, Heero s’interrogeait toujours sur son étrange réaction face à l’américain.

« Mais pourquoi est-ce que je suis parti aussi brusquement? Il n’allait quand même pas me mordre! (8) Je ne comprend pas: tout allait pour le mieux, jusqu’à ce qu’il me demande si j’allais bien… Il voulait simplement m’aider, et j’ai dû lui faire peur. Mais, sa voix ressemblait tant… ressemblait tant à celle… de Kairu… que cela m’a fait réagir. »

Il s’interrompit, s’engageant sur une pente dangereuse de sa vie sentimentale. Kairu avait été son premier amour de jeunesse. Avec lui, il avait appris tant de choses, et notamment à vivre. Même si tout était terminé aujourd’hui, il lui en serait redevable jusqu’à la fin de sa vie. Surtout après l’adolescence qu’il avait eue…

Arrêtant là le fil des souvenirs, Heero sortit son téléphone de sa poche et composa de mémoire le numéro de Wufei. Au bout de cinq sonneries, il tomba sur le répondeur:

-Je ne suis pas joignable pour le moment. Veuillez me laisser un message après le bip sonore. Merci.

BIP!

"Wufei, c’est Heero. Je vais au Touch, j’ai besoin de me changer les idées. Rejoins-moi si tu as ce message pas trop tard. Sinon, bonne nuit et à demain... Ha, si! Peux-tu me faire une recherche sur un certain Duo Maxwell. Merci."

Il raccrocha, sortit de son appartement, puis de l’immeuble pour s’engouffrer dans la nuit d’un noir profond, direction les quartiers mal famés de Manhattan.

* * * 

Le Touch, bar de Manhattan, New York

Depuis plus d’une heure qu’il était accoudé à ce comptoir, Heero n'était toujours pas parvenu à noyer le poids de ses récentes et écrasantes responsabilités dans le fond de son verre de sake. Sans oublier le fait que se collait, environ toutes les deux minutes, la vision du visage inquiet d’un certain américain superposé à celui d’un jeune japonais depuis longtemps disparu.

Cela faisait des mois qu’il n’avait pas eu l’occasion de penser à Kairu. Et comme d’habitude, son souvenir remontait au moment où il s’y attendait le moins. La matinée avait pourtant bien commencé, mais il avait suffi d’une crise de claustrophobie plus forte que d’ordinaire pour tout foutre en l’air. Et cette phrase…C’était la première phrase que lui avait adressé Kairu. Cela s'était passé dans les mêmes conditions: une crise de claustrophobie dans l’ascenseur du centre commercial principal de Tokyo. Après, ils ne s’étaient plus quittés…

« Cela fera deux ans le mois prochain… Il me manque tellement, c’est dingue… Je fais tout pour ne pas y penser, mais rien n’y fait… Il se débrouille pour revenir me hanter dès que je ne pense plus à lui… Quand donc te décideras-tu à me lâcher Kai? Peut-être qu’il ne faut pas que je t’oublie, finalement. Maître Haini disait: « Il ne faut jamais oublier; il faut accepter. » Il devait avoir raison, mais je ne suis pas encore prêt à accepter le fait que tu sois… »

Toujours incapable de faire face à cette terrible réalité, Heero retint ses pensées. Au prix d’un suprême effort, il détacha ses yeux du fond de son verre et en commanda un autre. Le barman lui lança un regard désapprobateur mais consentit néanmoins. Après tout, le client est roi…

Après encore deux ou trois verres, Heero ne différenciait même plus le fond du récipient de la surface du comptoir. Mais cela lui était parfaitement égal. Il s’apprêtait à commander une cinquième rasade lorsqu’il sentit, ou plutôt devina, un regard lourd posé sur lui. L’air aussi aimable que pouvait l’être un ours polaire à qui venait d’échapper son repas, Heero tourna la tête. Ce qu’il regretta amèrement dans la seconde.

En effet, la personne qui le regardait n’est autre qu’une espèce de grosse brute aux bras constellés de tatouages et à l’air pour le moins intéressé par le jeune japonais. Reportant son attention sur son verre, Heero espèra que la brute allait l’oublier. Il n'était pas venu ici pour se battre, mais pour oublier. Même si cela ne marchait pas.

Ce fut peine perdue. Moins de trente secondes après avoir formulé cette pensée, le tabouret à côté de lui craqua, protestant sous le poids conséquent du tatoué. Heero lâcha un soupir et se lèva. Il n’avait pas fait deux pas en direction de la porte que quatre autres types se levèrent et l’encerclèrent. Exaspéré de devoir recourir à la violence, Heero se retourna et fit face à la brute n°1.

"Ecoute", ordonna-t-il, "je n’ai aucunement envie de me battre avec toi. Alors tu vas être bien gentil et dire à tes gars de me laisser sortir ou je risque de…"

Un formidable uppercut le cueillit à l’estomac avant qu’il n’achève sa phrase et le plia en deux. Ne lui laissant pas le temps de se redresser, les coups plurent. Dans le brouillard de l’alcool et de la douleur, ce fut à peine s’il distinguât ce qui arriva ensuite.

* * *

Duo avait décidé de faire le tour des bars de la ville pour se détendre de cette journée prise de tête. Après avoir écumé les quartiers chics, il était passé dans les quartiers chauds, se faisant allumer à chaque coin de rue. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais au bout de trois ou quatre « Hé bébé! Tu viens dire bonjour à papa? » la plaisanterie perdaitde son mordant.

Il devait être environ trois heures du matin quand Duo franchit la porte de son bar favori, le Touch. Il sentit immédiatement que quelque chose d’anormal allait se produire.

Cinq grandes brutes qu’il reconnut comme faisant partie de la bande des Black Birds (9) se tenaient au centre de la salle, entourant un autre homme dont Duo ne parvint pas à voir le visage. Un quart de seconde, il se demanda s’il devait intervenir pour empêcher le lynchage assuré qu'allait essuyer le pauvre mec. Il ne s’interrogea pas plus lorsque s’élève la voix du futur lynché:

"Ecoute, je n’ai aucunement envie de me battre avec toi. Alors tu vas être bien gentil et dire à tes gars de me laisser sortir ou je risque de…"

« Mauvaise réplique » pensa Duo à l’instant où les brutes se jetaient sur le pauvre malheureux… « Pauvre? » répèta une voix dans sa tête. Réalisant soudain que la voix qui venait de parler n'était autre que celle de Heero, Duo ne se posa pas plus de question et laissa sa colère prendre le dessus.

Il joua des coudes pour atteindre Heero, le chopa par le col de sa veste et l’envoya au loin avant de ramener son attention sur les Black Birds. Il allait leur faire une fête dont ils se souviendraient. Shinigami était de sortie.

* * *

Se sentant happé hors de la pluie de coups, Heero se roula en boule. Sa tête heurta le pied d’une chaise et il perdit connaissance. Lorsqu’il revint à lui, deux minutes furent nécessaires à l’arrêt complet du looping que faisait la salle. Lentement, il prit appui sur ses mains et se relèva. Ce ne fut qu’à ce moment-là que l’ampleur des dégâts lui sauta aux yeux: toutes les tables étaient cassées, les chaises renversées, des morceaux de verre brisés jonchaient le sol. Ainsi que cinq corps. Ceux des cinq brutes qui l'avaient tabassé. Analysant le spectacle d’un air ahuri, Heero se rendit compte que les hommes avaient été sérieusement amochés. Pas que cela lui fasse de la peine, mais il était étonné: qui avait bien pu faire ça?

La réponse ne tarda pas à lui parvenir : un craquement le fit se retourner et il découvrit au centre de la pièce une longue silhouette tout de noir vêtue. Elle semblait essoufflée mais en pleine forme. Incrédule quant à l’identité de la personne, Heero chercha confirmation:

"Duo?"

L’alcool lui fit oublier toute convenance et de toutes façons, ce n’est pas vraiment le lieu où l’appeler « Monsieur Maxwell ».

Ce dernier fit un quart de tour sur lui-même et esquissa un sourire. Ses vêtements étaient en lambeaux, ses joues rougies et ses cheveux s’échappaient de sa tresse.

"Hi, patron! Vous allez bi…?"

Pressant douloureusement ses mains contre son abdomen, les traits déformés pas la douleur, Duo s’effondra.

* * * 

Appartement de Heero Yuy, dernier étage du siège du Groupe W, Manhattan, New York

Arrivé devant son appartement, Heero fit glisser délicatement Duo dans ses bras de manière à pouvoir le soutenir d’un bras autour de la taille pendant qu’il ouvrait la porte. Y étant parvenu, il le reprit dans ses bras et entre. D’un coup de pied, il referma le battant qui se verrouilla automatiquement et se dirigea vers sa chambre où il déposa Duo sur son lit. Puis, il fila dans la salle de bains chercher la trousse de secours.

Se regardant distraitement dans la glace, il enregistra un œil droit au beurre noir, une lèvre inférieure ouverte et une ecchymose sur la joue gauche. Il retourna dans la chambre et n'alla pas plus loin. Duo n'était plus sur le lit. Pestant mentalement contre la bêtise du baka, il prit la direction du salon. L’américain était là. Il était parvenu à se traîner jusqu’au poste de télévision et s'était écroulé sur le canapé.

Esquissant un sourire, Heero s’approcha et posa une main sur son épaule. Duo sursauta et se redressa, un peu trop vite au goût de sa blessure. Ecartant sa main gauche de son flanc droit, il regarda incrédule ses doigts maculés de sang puis le canapé. Un sourire désolé apparut sur son visage.

"Oups! Désolé, patron. Je crois que le canapé a eu droit à une nouvelle coloration gratuite. J’espère que vous aimerez…"

"C’est pas grave", l’assura Heero. "Je n’ai jamais aimé ce canapé. Assieds-toi et retire ton tee-shirt que je soigne ta blessure."

Pris au dépourvu par la voix impérieuse du japonais, Duo m"t un certain temps à réagir.

"Non, c’est juste une égratignure. Je vais rentrer."

"Je ne crois pas, non."

En deux enjambées, Heero était face à lui et tendait la main vers son flanc. Sa main passa à travers les lambeaux de tissu et effleura la peau de l’américain, le faisant frissonner… Juste avant d’entrer en contact avec la plaie et de le faire glapir de surprise autant que de douleur.

"Yeeep! Ca va pas, ça fait mal!"

"Alors enlève ton tee-shirt."

Vaincu, Duo obtempèra. L’opération lui arracha quelques grognements et ses muscles protestèrent douloureusement. Puis, il se rassit et se tourna d’un quart vers Heero pour lui faciliter l’accès à sa blessure. Le japonais n’avait pas chômé pendant ce temps-là: le désinfectant imbibait déjà les compresses et les bandages étaient prêts à être utilisés. A peine Duo fut-il tourné vers lui qu’il appliquait une des compresses contre la plaie, le faisant tressaillir.

"Ca ira?" demanda Heero.

"O… Oui", hésita Duo.

"Tu me dis si je te fais mal, surtout."

"Non, c’est bon. Tu peux continuer."(10)

De toutes façons, il n’avait pas l’intention de le laisser repartir tant qu’il ne l’aurait pas soigné. Après avoir désinfecté la plaie, plus profonde que ce qu’il n’auvait cru, Heero y appliqua un spray, faisant de nouveau sursauter l’américain.

"Mais t’as pas fini de me martyriser!" protesta ce dernier. "Si c’est ça, je peux aussi bien le faire moi-même, j’ai l’habitude…"

S’apercevant un peu tard qu’il en avait peut-être trop dit, Duo se mordit la lèvre et évita soigneusement le regard interrogateur de Heero. Mais le japonais n'était pas décidé à le laisser s’en tirer comme ça.

"Oh, moi aussi tu sais", avoua-t-il. "J’ai fait pas mal de conneries quand j’étais plus jeune. Et j’ai eu plusieurs blessures, certaines encore plus graves que celle-ci. Mais si tu ne me fais pas confiance, fais-le toi-même."

Et il lui tendit le coton imbibé et les bandages. Surpris de cette franchise, Duo l’observa afin de juger de la véracité de ses propos. Pendant quelques secondes, ils se regardèrent chacun dans le blanc des yeux. Et la confiance mutuelle s’installa.

"Non, c’est bon", lui assura Duo. "Je te fais confiance."

A cet instant, un éclair passa simultanément dans leurs regards et chacun se sentit électrisé par la présence de l’autre. Imperceptiblement, Heero se rapprocha de son ami jusqu’à n’être bientôt plus qu’à quelques centimètres de son visage. L’ambiance était électrique et les cœurs battaient à tout rompre.

Puis tout s’arrêta. Cet instant magique n’avait duré que quelques secondes, mais tous deux l'avaient senti, ressenti.

Reportant son attention sur la blessure de Duo, Heero se rendit compte qu’elle ne saignait plus. Ce qui signifia que le jeune homme allait pouvoir rentrer chez lui. Immédiatement, Heero sentit qu’une part de lui ne voulait pas voir l’américain partir, tandis que l’autre ne souhaitait qu’une chose: l’éloigner le plus vite possible. Tiraillé par deux parties de lui-même qu’il pensait éteintes depuis longtemps, Heero ne savait que faire. Il prit finalement les bandages posés derrière lui et entreprit de panser le natté.

Il fit démarrer le bandage dans le dos, ce qui l’obligea à se pencher par-dessus Duo. L’américain saisit sa tresse dans sa main afin de l’aider, dégageant ainsi une douce odeur de vanille… Et son cou, dont la peau d’albâtre ne manqua pas d’attirer l’attention du japonais. Déglutissant péniblement, Heero reprit son ouvrage, ses doigts courant sur le ventre du jeune homme, le faisant tressaillir. Intrigué par le fait que l’américain réagisse de nouveau aussi franchement et aidé par l’alcool circulant toujours dans son organisme, Heero décida de vérifier une petite chose :

"C’est moi qui te fais de l’effet ou bien juste le fait que mes doigts te fassent des chatouilles."

"Pour être franc", avoua Duo, "je te dirai les deux."

Ce faisant, il prit le visage de Heero dans ses mains et le relèva au niveau du sien. Il aurait presque pul’embrasser.

"Et vous M.Yuy, je vous fait de l’effet?"

N’écoutant plus que son instinct et la proximité du corps de Duo, Heero s’empara de ses lèvres dans un baiser passionné et le repoussa contre le dossier du divan. Immédiatement, Duo passa ses bras autour de son cou, le rapprochant de lui. Torse contre torse, ils sentaient le cœur de l’autre battre à tout rompre.

Une main dans les cheveux bruns en bataille et l’autre autour de la taille de son partenaire, Duo lui ouvrit le passage menant à sa bouche. La langue de Heero s’y engouffra, lui caressa le palais, la langue. Des frissons de plaisir lui parcoururent le corps. Il cambra le dos, se collant davantage à Heero qu’il sentait réagir.

En effet, la main de l’américain dans ses cheveux et ses râles de plaisir ne laissaient pas le japonais totalement indifférent. Abandonnant finalement la bouche rougie par ses assauts, il entreprit une descente lente et adorablement torturante le long du cou de l’américain. S’approchant du bord de la mâchoire, il y donna de petits coups de langue. Duo gémit, l’implora de continuer et commença à onduler du bassin, faisant grandir son désir.

Depuis Kairu, Heero ne s'était pas permis de relations aussi poussées avec une autre personne. Il se l'était interdit, de peur d’oublier ce qui était arrivé, d’oublier leur passé, leur vie commune, leur amour. Pourtant, à cet instant, cette peur le quitta.

Sa main passa délicatement sur le bandage neuf, lui rappelant de ne pas être trop brusque de ce côté-là. Elle remonta lentement vers un sein dont la pointe était déjà dure. Il la pinça entre ses doigts, délicatement.

Duo n’en pouvait plus. Heero lui faisait vivre une véritable torture. Mais soudain, il se rappella ce pourquoi il était ici. Sa mission. S’il couchait avec lui, il trahirait sa confiance.

« Non! Je ne peux pas faire ça! »

Plaquant ses deux mains sur les épaules de son patron, Duo le repoussa gentiment (11)

"Hee… M.Yuy", dit-il d’une voix ferme. "On ne peut pas faire ça. Je ne peux pas faire ça."

Il parvint à se dégager et se relèva, attrapant sa veste au passage. Heero, confus, rougit violemment en se rendant compte de ce qu’ils s’apprêtaient à faire.

"Je suis désolé, Duo… Je n’aurais pas dû…"

"Non! C’est moi. Je ne peux pas faire ça. Pas maintenant. Vous me faîtes confiance et moi… Au revoir!"

Enfilant son blouson, il se rua sur la porte de l’appartement et sort à toute vitesse, laissant Heero abasourdi, frustré et intrigué.

* * * 

Appartement de Duo Maxwell, Manhattan, New York

Il avait marché dans New York tout le reste de la nuit. Mais ses pensées étaient toujours aussi chaotiques dans son esprit. Pourquoi s'était-il enfui? Pourquoi n’avait-il pas profité de la situation? C'était bien la première fois qu’il refusait de s’envoyer en l’air. Et tout ça pourquoi? Parce qu’il avait eu des remords? Non! Pas lui. Pas Duo Maxwell! Duo Maxwell n’avait pas de remords… Ou plutôt n’en avait plus… Il les avait banni de sa vie, de sa conscience et de son cœur depuis deux ans… Depuis Solo… Alors pourquoi revenaient-ils aujourd’hui?

« J’ai besoin d’un bon café » pensa Duo en entrant dans son appartement.

Il posa ses clés sur la tablette de l’entrée, retira son blouson et alla dans la cuisine mettre la cafetière en route. Il retourna dans le salon et s’affala dans le fauteuil. Par la fenêtre, il avait une vue magnifique sur Central Park. Il poussa un soupir:

« Mais qu’est-ce que j’ai? C’est pas comme si je le connaissais depuis longtemps. Alors pourquoi est-ce que je n’ai pas osé? Parce qu’il me fait confiance? Parce que je lui fais confiance? Si j’avais fait ça, je l’aurai… trahi… Et alors? Pourquoi ça me fait mal de devoir le tromper? J’ai l’impression que mon cœur me brûle… Mais c’est impossible, j’ai déjà accompli ce genre de missions, et je n’ai jamais réagi de cette manière. Alors pourquoi maintenant? Est-ce que c’est parce que c’est lui? C’est vrai qu’il me fait de l’effet, mais c’est seulement physique… Non? Raaah! Ca m’agace de me torturer comme ça pour un mec… Mais c’est pas un mec, c’est Heero. Est-ce que je serai… amoureux? »

Vaincu, Duo fut bien obligé de s’avouer que, non content de trouver chez Heero un idéal physique masculin, il avait eu le coup de foudre. Son cœur s’en était rendu compte depuis longtemps. D’où ce sentiment de remord.

Le café était prêt. Duo se lèva et alla le chercher. Il était noir et très fort, comme il l’aimait. Mais cela ne suffit pas à le détendre. L’esprit préoccupé, il prit finalement sa décision et s’empara de son téléphone. Il composa un numéro et attendit trois sonneries. Quelqu’un décrocha:

"Ici le Joker. Passez-moi le Premier."

Il attendit de nouveau quelques minutes puis une voix lui annonça qu’il pouvai parler.

"L’opération a foiré", déclar"-t-il froidement.

"Que s’est-il passé?" demanda la voix du Premier

"Je n’ai pas eu l’occasion d’être seul pour m’introduire dans son bureau et je pense qu’il a des soupçons sur moi."

"Pas l’occasion de vous introduire? Je croyais pourtant que vous y étiez entré en sa compagnie…"

"Co… comment le savez-vous?" demanda Duo, soudainement angoissé.

"Vous semblez oublier que nous avons des agents infiltrés un peu partout dans cette ville, M.Maxwell. Bien évidemment, nous ne pouvons tolérer pareille trahison."

"Je préfère vous trahir vous plutôt que lui!"

"Quel esprit chevaleresque! Mais cela ne vous sauvera pas. Une équipe est déjà en route pour votre domicile et celui de M.Yuy. Bonne journée."

Duo prit à peine le temps de raccrocher et se précipita hors de son appartement. Si une équipe était en route pour le siège du Groupe W, il lui fallait faire vite. Il allait couper par Central Park.

« Je dois le sauver. Je ne dois pas le perdre… »

* * * 

Appartement de Heero Yuy, siège du Groupe W, Manhattan, New York

Heero tournait en rond. La nuit dernière, il avait bien senti l’attirance de Duo envers lui. Et pourtant, l’américain s'était enfui comme s’il avait le diable aux trousses. Il n’y comprenait rien. De quoi voulait-il s’excuser?

Le dossier d’enquête de Wufei intitulé « Duo Maxwell » trônait sur son bureau depuis quelques minutes. Même le chinois avait remarqué l’attitude préoccupée du jeune président. Il n’avait rien dit, mais lui avait vivement conseillé de lire son rapport sur le natté. Le problème c'était que Heero avait peur d’y trouver la réponse à ses questions et la cause du départ du jeune homme.

Prenant son courage à deux mains, Heero s’assit à son bureau, ouvrit le dossier et le parcourut des yeux. Puis, lentement, il le referma, se lèva, se dirigea vers la porte, enfila sa veste et sortit.

Son attitude en apparence calme et sereine cachait tant bien que mal le feu bouillant de la colère. Car Duo lui avait menti: il faisait parti de OZ.

Heero était envahi par la colère et le chagrin. La colère d’avoir été trahi, et le chagrin pour avoir espérer que Duo puisse être celui qui lui aurait fait oublier Kairu. Décidé à ne pas laisser passer cette trahison envers son âme et son cœur, Heero se dirigea vers les portes de l’ascenseur.

Quelques minutes plus tard, il débouchait sur le parvis de l’immeuble. Le soleil l’aveugle un court instant, le forçant à fermer les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, il remarque simultanément une camionnette bleu marine qui déboulait sur l’avenue et une silhouette noire courant dans sa direction en lui faisant de grands gestes.

"Duo? Mais qu’est-ce que…"

"Heero, attention!" hurla l’américain.

Et tout se passa très vite: Duo se jeta sur Heero au moment une rafle de mitraillette retentissait dans l’air. Serrant le corps frêle de l’américain dans ses bras et roulant avec lui pour amortir leur chute, Heero prit alors conscience que les coups de feu étaient dirigés contre lui. Il se relèva et tira Duo avec lui contre le tronc imposant d’un grand chêne. Le plaquant entre lui et l’écorce, il tenta un coup d’œil vers la rue.

La camionnette avait disparu. Il reporta alors son regard sur le jeune homme qui lui avait sauvé la vie…et il retint son souffle. Duo est très pâle, sa respiration était sifflante et saccadée. Il se recula et le corps de Duo s’affaissa sur lui. Il l’étendit sur l’herbe et remarqua alors une large tâche sombre juste en dessous du cœur. Heero sentit les battements de son propre cœur s’accélérer.

"Duo, ouvre les yeux", le supplia-t-il.

L’américain obéit, luttant de toutes ses forces pour garder ses pupilles fixées sur les yeux cobalt de l’homme en face de lui.

"Heero", souffla-t-il péniblement, "je suis désolé… Tout est de ma faute… Pardonne-moi…"

"Chut, ne parle pas. Tu es blessé. Je vais appeler une ambulance. Tiens le coup."

Il sortit son téléphone portable de sa poche intérieure et indiqua l’adresse à l’opératrice. Il se pencha ensuite sur le corps du jeune homme allongé devant lui et le prit dans ses bras.

"Duo, comment as-tu su qu’ils allaient tenter de me tuer?

"Je les ai appelés… je leur ai dit… que j’avais pas pu… pas pu hacker ton ordi… et que je refusais… de continuer… à bosser… pour eux… que je refusais… de te perdre…"

Ses dernières paroles se perdirent dans la sirène de l’ambulance qui arrivait au même instant et sa tête retomba lourdement sur les genoux de Heero dont la main serrait convulsivement celle du jeune homme évanoui.

* * *

Dans le sous-sol de la vieille bâtisse qui abritait les cinq Olders, la tension était à son apogée. Et il y avait de quoi: le dernier agent immiscé au sein du Groupe W venait de faire foirer la mission d’infiltration informatique la plus prometteuse de toute l’histoire de l’Organisation Zodiacale. Et le Premier n'était pas connu pour sa clémence ni pour son pardon.

"J’ose espérer que vous l’avez éliminé…"

"Malheureusement, non", le détrompa le Troisième, "mais il a été gravement blessé. Nous espérons qu’il succombera à ses blessures…"

"Alors c’est mal connaître mon Joker", rétorqua un vieil homme au physique de champignon. "Je ne l’ai pas entraîné pour succomber à une banale fusillade de rue!"

"Vous avez raison, mais il s’est tout de même pris toute la rafale en tentant de protéger Yuy…"

"Dans ce cas, il ne mourra pas! S’il l’a protégé, c’est que Yuy a su prendre possession de son cœur. Je connais mieux Duo que vous tous. Sa psychologie est simple: « J’aime donc je protège ». C’est ainsi qu’il fonctionne. Et c’est pour cette raison que nous avons failli le perdre il y a deux ans."

Il se tourna vers le Premier, ses yeux lançant des éclairs:

"Vous n’auriez jamais dû tenter de tuer Solo! Ce fut une grossière erreur qui a bien manqué de me faire perdre mon meilleur élément!"

"Merci de cette remarque fort instructive, Professeur G (12). Votre poulain nous ayant trahi, il devra craindre de sérieuses représailles. Après sa sortie de l’hôpital, bien sûr. Quant à vos poulains respectifs, messieurs, je vous prierai de les surveiller de près à l’avenir. Chacun à sa place et les moutons seront bien gardés."

Cette fois-ci, son rire cruel ne résonna pas dans la pièce, inquiétant encore davantage les quatre autres Olders. Cela en disait long sur son état d’esprit…

* * *

Si la confiance qui lie deux personnes est bafouée, la colère envahie et déchire les cœurs.

Mais le remord est toujours là pour réparer les dommages. Patiemment, consciencieusement, il recoud les cœurs brisés avec le fil de la passion. Puis, il y met le feu, faisant brûler les âmes et les cœurs.

Quand les cœurs et les âmes brûlent, la confiance renaît.

Mais il faut du temps…

To Be Continued

(1) Clin d’œil à ma Fa et à Eszebeth pour sa fic Heero and Me down by the schoolyard. Ta fic est super, je me suis réellement éclatée à la lire. A tous ceux qui ne la connaisse pas, je vous la recommande…chaudement!
(2) Légèrement claustro le Hee-chan…
(3) Son cerveau est toujours déconnecté
(4) Sur le bureau, pas sur Heero!
(5) En gros, il l’allume
(6) Il est d’une innocence
(7) Ou peut-être pas…
(8) Rien n’est moins sûr!
(9) No comment, j’ai pris le premier nom qui me venait…
(10) Comment ça ce dialogue peut prêter à confusion? Mais c’est fait exprès!
(11) Je sais, j’ai recommencé: j’ai arrêter un lime. Mais j’avais promis d’arrêter sur Papas, pas sur Groupe W! Je me réserve donc le droit de recommencer…pour mon plus grand plaisir sadique! Niark, niark, niark!
(12) Comment ça c’était prévisible? Qui a dit que c’était gros comme un gundam? Mais bien sûr que c’est fait exprès!

 

Achevée le 9 février 2004. Dernière modification le 1er mai 2005.

 
 
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