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Mille et une Nuit(s)
Par Cloe Lockless
Harry Potter  -  Mystère/Fantastique  -  fr
4 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 3     Les chapitres     18 Reviews    
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Narcose

EDIT : J’assume moyen ce paquet de morceaux qui fait semblant d’être un OS, mais il a le mérite de ne pas être un HP/DM ? Ce devait être un mélange des mythes de Narcisse et Endymion, ambiance clair-obscur vert et argent (inspiré du Sommeil d’Endymion de Girodet, tableau assez laid finalement), c'est devenu un fantasme étrange. A lire avec des pincettes...

Rating : particulièrement glauque.

 

 

Narcose

 

 

Des doigts sombres grignotaient la lune. La paume de nuages s’élargissant en lambeaux recouvrait tout, puis se délitait. C’était la mi-juin. La main de gloire l’entraînait à travers les terres de l’école, près des serres, des formes étranges du terrain de Quidditch ; elle lui serrait le poignet, s’amusait à se glisser entre ses doigts lâches comme si elle l’emmenait à un rendez-vous amoureux. Tous les contours étaient clairs comme en pleine lumière, mais il n’avait aucune ombre.

 

 

On lui prêtait tous les adjectifs : hautain, prétentieux, arrogant, suffisant, gâté, méprisant, lâche, conscient d’être beau, imbu de lui-même…

Il était beau. Il le voyait dans le visage des autres, et dans cette manie qu’il avait d’arranger ses mèches méticuleusement le matin, et le soir avant d’aller au lit — un baiser du soir. Il en avait pris conscience un jour, et cela lui avait arraché un sourire.

 

 

C’était la sixième année. Les tables de la grande salle avaient été repoussées sur les bords pour la première leçon de transplanage. Premier essai. Il y eut des cris et une cacophonie. Dans le cercle flottaient un poignet, un morceau de son visage ; il fixait le cercle.

Ce n’était que le début. Il réessaya. Il ne ressentait pas de douleur ; à la fin de la séance il riait, effaçant sa première surprise. Seulement le trouble ne le quittait pas.

Plus tard dans la salle de bain, croisant son reflet dans la glace, il s’aperçut de ce détail, détail infime, auquel il n’avait jamais vraiment prêté attention : il était entier… dans l’asymétrie parfaite de ses yeux, le léger repli de ses lèvres, à gauche, l’ouverture de sa main et la courbe de son épaule… Entier. Il se déshabilla plus lentement que de coutume, découvrit les lignes qui composaient son apparence, et ces lignes bleues qui affleuraient le long de ses bras, dérangeantes et sublimes. Et sa peau, impeccablement lisse.

Les vêtements glissaient sur le sol, son regard suivait leur mouvement, avant de se relever. Il était si sûr de se connaître, pourtant c’était la première fois qu’il voyait cet air décontenancé, ce froncement de sourcils léger qui déséquilibrait son regard...

Et lui donnait le vertige. Il ferma les yeux. Il y avait des voix derrière la porte.

 

 

C’était l’été. Il s’habillait sans se quitter des yeux, mais ne se détaillait plus comme la première fois. L’idée du morcellement le terrifiait.

Il avait eu dix-sept ans et son permis de transplanage. Chaque jour, il sortait aux heures où l’on ne s’occupait pas de lui ; il s’éloignait de la maison de quelques pas, jetant un œil par-dessus son épaule, cherchait son reflet dans les fenêtres. Puis il se laissait happer dans la brèche, par ce courant froid qui pouvait le démembrer à tout instant ; et il se retrouvait en un seul morceau : Allée des Embrumes, Chemin de Traverse, Pré-au-Lard, la gare de Londres, toujours auprès des bruits de la foule, toujours noyé, ou tout comme, dans un chaos amniotique. Tous les fragments de lui-même lissés les uns aux autres, il Disparaissait encore.

A table le soir, on lui parlait de son avenir. Il s’entendait répondre avec assurance, son inépuisable désinvolture. (Monologues.) Il monta les marches jusqu’à sa chambre, épuisé par ses insomnies de la veille. Les phosphènes le faisaient chanceler comme au sortir de la brèche, mais dans le silence il avait mal. Il se serra contre le mur et sanglotant se passait les mains sur le visage, pressait ses doigts sur sa nuque, dévalait les lignes.

Il ne voyait rien au terme de la septième année. Il ne voyait que ce qu’il était, l’effroyable intensité de son adolescence, sa fortune, son insouciance. Les matins passaient sans que rien ne s’altère. Il riait encore. Mais tout cela allait finir. Il allait vieillir.

 

 

En septembre, quelque chose avait changé dans son arrogance. Il séduisait, n'importe qui, des gens finalement sans goût, qui avaient peur de baiser dans un couloir ou contre la rambarde des escaliers mobiles.

« Ce n’est que l’escalier. »

« Quoi, tu as peur qu’on nous voit ? »

On acquiesçait, ou haussait les épaules : la fascination l’emportait toujours. Mais il fallait dire « c’est toi qui me terrifies » — le frémissement d’une coupe de cristal caressée du bout du doigt, les lignes de sa gorge faisaient le même son quand son ongle les effleurait.

Il arrêta net /oubliettes/ et s’en alla. Finalement il ne supportait pas qu’on le touche. Il ne releva la tête que fermé à double tour dans la salle de bain, face au miroir. Ses lèvres étaient mal, ses vêtements en vrac, son regard luisait de violence fade et de mélancolie. Il avait oublié le visage vaguement désiré ; il n’y avait plus que le sien. Cela suffisait.

Il s’endormit sans vraiment rêver.

Cela ne venait qu’au matin. Il voyait le dortoir dans la pénombre, il y avait sa silhouette nue dans les draps et sans visage qui se laissait prendre ; il était les gestes inconnus de l’autre, amoureux, frustrés de ne pouvoir embrasser son dos, entre les omoplates, ce dos qui devait être doux, maigre, et parfait.

Décembre, alors qu’il n’y avait plus personne dans le dortoir, un matin, cela avait duré plus longtemps, ce rêve à demi éveillé. Depuis, il essaya de le retrouver. Mais en vain bien sûr.

 

 

Juin déjà. Il faisait chaud. Des joueurs de Quidditch rentraient de l’entraînement, la peau marquée de soleil ; il y avait un brun, une brune, pas trop mal, une trace de hâle sur son épaule en sueur.

Au lavabo des toilettes il laissa échapper son sac et vomit. C’était immonde. C’était comme si son cadavre se vidait soudain de tous ses fluides dégueulasses.

Il n’osa relever les yeux qu’en tremblant, devant la glace. Il voulait (dormir) éteindre sa fièvre. Il regarda son pouce essuyer sa lèvre inférieure doucement.

 

 

« Je peux faire quelque chose pour toi ? »

Est-ce qu’il y aurait une drogue, quelque chose pour se couper en deux, de haut en bas — il fit le geste avec le doigt, sec.

« Pour dormir… c’est à l’infirmerie qu’il faut que tu ailles. »

Il en venait, avec sa mine affreuse. Mais il fallait quelque chose de plus magique. Là-bas ce n’était pas de la vraie sorcellerie.

Décroche-moi la lune !

« Bientôt cinquante ans ?

Le professeur tiqua, ne dit rien. Non. Pas encore. Mais ça l’angoisserait bientôt, ça le travaillerait vite, la mort. C’était l’âge où on pouvait comprendre.

Il se laissa aller à rêver de ce corps médiocre et de ces mains rugueuses autour de sa gorge, que son dos pâle s’abîme sur le sol ou les murs de pierre moite. Comme il se briserait. Ce serait bien.

Non, jamais.

- Va te coucher, Draco. »

 

 

C’était une belle nuit de juin. La lune à son zénith lui caressait la joue, blanche et froide ; cela ne brûlait pas. La main de gloire était allée se perdre parmi les racines de la forêt interdite : il lui avait cassé trois doigts. Il tendit les bras au fond du lac, son reflet morcelé, et fixa ses poignets à travers l’eau transparente.

Il s’entoura de ses bras pour les sécher sur ses vêtements. Il faisait froid, avec ce vent, les feuilles se crispaient sur les arbres — tout son corps s’engourdit, peu à peu ; il faisait bon.

 

 

Qui a dit : « A thing of beauty is a joy for ever » ?

 

 

 
 
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