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au 31 Mai 21 :
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Blitz Lost Complex
Par Natsu
Gundam Wing/AC  -  Romance/Humour  -  fr
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    Chapitre 3     Les chapitres     11 Reviews    
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Chapitre 3
Réunion dans la salle de réunion à la moquette tristement grise premier prix, assortie aux chaises et aux tables.

Murs blancs.

Goûts spartiates pour la déco. Mais corrects pour une salle de cette utilité.

Leur gris est fade, mais bon. Ca a le mérite d’être sobre. Pas très beau, mais sobre.

Il y a aussi un tableau Veleda qui ne sert pas beaucoup, sur un mur. Des stylos qui, après une première utilisation, se mettent à sécher et à ne plus écrire très rapidement, et qui font chier parce que vaut mieux les acheter nous même.

-

L’équipe de choc (au premier sens du terme) est autour des tables disposées en U. Ses membres papotent entre eux de choses inintéressantes, comme d’habitude.

Pour qu’on ne me pose pas de question, je suis obligé de reculer un peu ma chaise et de croiser les bras sur mon torse, le visage fermé, parce que même si je demande rien à personne, y’a toujours un imbécile qui m’adresse encore la parole pour une chose ou une autre.

Il faudra que j’investisse dans un panneau d’interdiction de me dire des trucs qui m’intéressent pas.

-

-Il parait que le nouveau directeur est jeune, vous le saviez ?

-

Il a pas pigé que je raconte pas ma vie et que ses états d’âme, ses sensations ou questionnements du moment, j’en ai rien à battre.

-

-En tout cas, j’espère qu’il va pas augmenter le prix du gobelet de café.

-

Bordel, je veux PAS parler, ça se voit pas ?

Et v’la la réflexion : le prix du café ! Mais putain mais t’es pas payé pour siroter du café ! Feignasse !

Attends mais quoi ! Quand je dis que c’est des glandeurs ! Dés qu’il faut prendre la pause, ils sont toujours en avance sur la seconde où elle doit être commencée, ils se ruent sur la machine à café, et posent leurs gros culs dans les fauteuils.

Et après, blablabla, blablabla avec les collègues sur, « mais oui mais cette grève, moi je suis entièrement d’accord ! D’ailleurs la prochaine, je la fais. J’étais pas trop au courant au début - tu comprends, le boulot et tout… - donc j’ai pas voulu m’engager, mais franchement, là, je suis bien informé et moi à la prochaine grève… non mais ouais t’as raison ! Faut manifester, là. Ils nous prennent pour quoi les politiciens ? Pour des cons ? Attends faut pas abuser… »

-

Ouais.

De Un : fais nous croire que t’étais pas informé au début.

En fait la première grève tu l’as pas faite parce que, bah… une journée de grève ça coûte une journée de salaire.

Pas trop envisageable quand tu veux te payer des vacances aux Antilles avec ta famille. Ben ouais, les grandes vacances d’été c’est dans dix mois, mais on se prépare déjà. D’ailleurs la valise elle a pas été rangé bien longtemps.

Mais on prévoit pas qu’un concurrent nous mette des bâtons dans les roues.

Si ça arrive, c’est pas grave. Y’a toujours Yuy qui est là pour redresser la boîte.

De Deux : fais nous croire que c’est à cause du boulot que t'étais soi-disant pas informé.

Si tu bossais, ça se saurait.

De Trois : manifester, pourquoi ? Parce que le gouvernement a voulu faire une nouvelle réforme ? Tu la veux pas, mais tu l’a même pas essayée. Tu juges avant de savoir ce que c’est. Tu râles pour une réforme qui doit améliorer les conditions de vie que tu critiques AUSSI. Faudrait savoir ce que tu veux.

De Quatre : oui, les politiciens te prennent pour un con. C’est normal, t’en es un.

Moi je manifeste contre la connerie humaine.

-

Bref. L’autre gars qui me parle, il est maso ? Il sait pas que si je lui répond, ça va pas lui plaire ?

Ignorons le.

La psy a dit que mieux vaut ne rien dire que de dire des trucs qui cassent.

Donc, tournons la tête de l’autre coté et…

Aaah… bah voila ! L’autre con a stoppé la nouvelle phrase qu’il avait commencé. Il a enfin percuté. C’est bien.

-

Qu’est ce qu’on attend au fait ?

Ah oui, le nouveau directeur - en retard, ça commence bien - et la matinée est destinée à nous barber sur sa vie, son œuvre, ce qu’il attend de nous, et comment il nous dirigera.

Son œuvre, j’entends sa carrière, sera certainement la partie la plus pompeuse et la plus frappe-toi-la-tête-contre-le-mur de cette réunion.

Ma partie détestée, parce qu’hypocrite à mort.

Les patrons, c’est super doué pour faire passer leurs actions sans conséquences et sans intérêts pour des faits qui mériteraient d’être mondialement connus.

Ils se prennent pour les maîtres du monde parce qu’ils sont au dessus de nous, et veulent déverser sur nous une aura exemplaire.

-

Et que je te vante mes décisions, et que je te barbe sur ce que j’ai estimé qu’il aurait été bon de faire, qui a été fait et qui a sublimement réussi.

Je te parle pas du pourquoi j’ai été viré de chez le voisin et j’ai dû entrer ici. Non, non. Tout ce que j’ai fait, c’était super. Les autres ont eu tort de me foutre à la porte. Ou alors, c’est que j’étais trop bon pour eux.

Encore que ce dirlo là, qui est en retard d’une nouvelle minute montre en main, on sait pas pourquoi il vient nous voir.

On verra. Ca sera dans les parties « Ma vie, mon œuvre ».

-

Ah. La porte s’est ouverte et la basse-cour commence à arrêter de jacasser.

Y’a un mec qui est entré mais il fait parti de la boîte.

C’est le futur lèche-botte de monseigneur le directeur.

Sa spécialité, c’est de toujours être d’accord avec ses supérieurs. C’est pour ça qu’il a survécut à toutes les générations des personnes de Battlers, même quand c’était en crise. Il est vieux, en a vu passer sur la chaise éjectable ce mec.

C’est le survivor. Il doit être là depuis le début de la boîte.

-

-Alors, mesdames, messieurs, le nouveau directeur va arriver dans quelques instants. Il arrive.

-

Ca lui fait sept minutes de retard pour le moment.

-

-Tenez, justement le voila.

-

Oh, bah justement, hoho…

Ca y’est, il commence son show. Grand sourire méga confiant et chaleureux et la main tendue devant lui pour serrer vivement celle de…

Nan.

Me dites pas que…

-

-C’est un plaisir, monsieur.

-De même pour moi.

-

Que…

-

-Bon, eh bien je vous laisse le champs libre, voici une chaise.

-Merci.

-

Que c’est…

… lui ?

-

-Bonjour mesdames, messieurs, je suis le nouveau directeur de Battlers Paris, comme vous pouvez le constater.

-

Mais… c’est pas possible.

Il a quel âge ?

18 ans ?

19 ?

Il vont les chercher au berceau les patrons maintenant ?

-

-Je m’appelle Duo Maxwell, aucun lien de parenté avec la compagnie de café si c’est la question qui peut vous venir à l’esprit et qu’on m’a déjà posée…

-

Aha. La blague d’entrée qui tue.

Y’en a quand même qui rient.

T’iras loin, gamin.

-

-Je suis ravi d’être parmi vous aujourd’hui.

-

Bon. Examinons de plus prêt cet oiseau.

Cheveux bruns limite roux, bêtement très longs, natte. On dirait Jackie Chan dans le film Shanghai Kid en occidental.

Il a du culot de ne pas se les couper. Dans le business, on n’aime pas les mecs avec une longueur de cheveux qui dépasse les épaules. Ca fait pas sérieux, ça fait négligé, ça fait adolescent en crise.

Et même les cheveux des ados n’atteignent pas cette longueur là.

Maxwell a dû payer un supplément pour sa natte.

Et… matez cette frange ridicule ! Ca va pas du tout avec la natte.

-

-J’ai fait des études…

-

Bon allez, niveau études, je m'en branle.

Je zappe.

-

Il doit être à peut être de ma taille.

Non.

Je suis sûrement plus grand.

Tant mieux. Je pourrai le regarder de haut, pour me venger du Chauve.

Son costard…

Son costard doit valoir un paquet de pognon. Le salaud. Vu d’ici je dis… du sur mesure parce que y’a pas de plis nulle part, ça baille nulle part, et ça le sert nulle part. C’est parfaitement ajusté.

Il ne fume pas, sinon sa poche de pantalon serait déformée.

Il n’est pas nerveux, car ses mains ne tremblent pas.

-

-Si vous voulez savoir mon âge, j’ai 26 ans. Je sais, c’est jeune. On disait de moi que j’étais surdoué. C’est ainsi que j’ai pu grimper les échelons et atteindre plus rapidement les hauts postes que d’autres.

-

Maxwell…

Ca me dit quelque chose…

Eh mais ouais. Maxwell, c’est le PDG qui tient la compagnie Sender Informatique et Cie.

Je comprends pourquoi Maxwell junior est directeur de la boîte. C’est facile de vivre quand papa allonge pour le costard et la place sur le fauteuil de cuir dans le bureau de patron.

Facile. Merci papa.

-

-J’ai peut être moins d’années de carrière derrière moi que vous, mais si je suis aujourd’hui parmi vous en tant que directeur, c’est que je ferais tout pour l’épanouissement de Battlers.

-

Et ta place, tu l’as eu dans une pochette surprise ou cadeau ?

-

-Mes motivations viennent du fait que j’ai suivi de près l’évolution de Battlers depuis un moment. Je me suis aperçu qu’il y avait une faille. Une faille qui ferait la différence entre une boîte qui vend des logiciels anti-virus comme la nôtre - puisque maintenant, nous travaillons ensemble - et qui, certes, fais quelques bénéfices, mais sans grimper une pente de chiffres très raide, et une autre boîte concurrente qui évolue de la même façon.

-

Bien. Maintenant, fais nous ton speech sur « Pourquoi je suis l’Elu et comment je vais faire de cette boîte la plus génialissime ».

En plus qu’apparemment c’est la deuxième boîte qu’il dirige. Vache. Même le premier boulot de sa carrière était un poste de directeur. Directeur financier. Il serait resté une paire d’année.

Je ne peux pas croire qu’il est doué. Pas à son âge. A son âge, on dirige pas une boîte comme celle là.

Y’a de la magouille dans l’air.

Putain de gosse de riche. Il doit être pourri jusqu’à la moelle.

-

-J’ai remarqué que Battlers vendait trop peu de produits sur le marché pour le faire exploser. Ca reste des ventes minimes qui se noient parmi celles des concurrents. Et si je dis qu’on peut le faire, acheter plus d’actions et fructifier les ventes, favoriser les capitaux, c’est parce que tous les produits sont vendus dans un bon délai. Aucun n’est laissé à part.

-

Ben voyons. Tu crois que t’arrives et pof ! Cette idée si simple va régler tout le problème ? Apprend nous notre boulot tant que t’y es.

Le Chauve qui a de l’expérience, lui, n’as pas eu l’idée avant toi ? Crétin.

D’ailleurs, y’a pas vraiment de problèmes, tant que je suis là.

-

-Bien sûr, il faudrait aussi améliorer l’argument commercial. Je pense qu’on ne se préoccupe pas assez de l’esthétique, et de la pub. Un produit puissant qui fonctionne et qui est bien vendu, c'est bien. Un produit puissant qui fonctionne et qui est très bien vendu parce qu’on parle de lui partout, c’est mieux. Battlers gagnerait à se faire plus connaître.

-

Amen.

-

-Quand à la transparence de nos services…

-

Putain mais qu’est ce qu’il va encore trouver de nul à la transparence de nos services ? Il nous fait chier là. Il débarque et il veut faire des trucs qui vont soit nous faire nous casser la gueule, soit nous faire monter et là « Vous voyez, j’ai fais ça et c’était ce qu’il fallait faire… » pour bien se vanter avec modestie après.

De toute façon on verra ce qu’il vaut.

L’argent ne fait pas le talent. Quand il sera fini, il demandera à papa de le placer dans une autre grande boîte.

Vive papa et ses contacts de roi. Vive la thune et les postes de thunés.

J’ai même pas envie d’écouter le reste de ce que ce bouffon, qui croit que quand on est en haut, on peut pas descendre, dit.

-

Son regard parcourt les tables, sonde les personnes, les examine, les catalogue.

Il s'est arrêté sur moi à plusieurs reprises. Je n'ai pas bougé, pas cillé. Toujours les bras croisés sur mon torse, levant à peine les yeux sur lui.

J'ai senti un courant electrique passer. Il parlait normalement quand il me regardait... de haut, comme s'il me disait qu'il allait me prendre en main, et comme si je lui répondais qu'il pouvait toujours courir, et que s'il commençait dés maintenant à me faire chier, ça allait mal se passer entre nous deux.

Je lui lançai un avertissement, il n'en tient pas compte. Il s'en fout.

Il m'avait remarqué, j'étais dans sa ligne de mire. Je sais pas encore ce qu'il veut, mais ça va vite tourner au drame s'il me prend pour un débutant dans la boîte.

-

Moi j’ai 27 ans, donc je n'ai qu'un an de plus que lui, et encore. C’est les personnes de plus de trente ans (tout le monde quoi) qui doivent se mordre les doigts.

Se faire diriger par un mioche…

Trop la honte.

Au moins peut être qu’ils se rendront compte que j’avais raison, qu’ils sont des incapables.

 
 
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