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Reprendre c'est voler
Par Scrat
Harry Potter  -  Romance  -  fr
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Pas d'actes


Chapitre huitième : Pas d'actes 

Juin 1994

 OoO

 

A tous mes loupés, mes ratés, mes vrais soleils

 

J'observe Harry du coin de l’œil. Il discute avec ses amis.

Il ressemble tellement à James.

Ce garçon m'impressionne.

Sa puissance magique est inattendue mais incontestable.

Je regrette de ne pas l'avoir connu plus tôt.

Je regrette qu'il ait été mis en pension chez son oncle et sa tante.

Bien sur, je n'avais aucun droit sur son éducation.

Et puis, je n'aurais certainement pas eu les moyens de l’élever.

Il faut dire que ma lycanthropie n'est pas du meilleur effet sur mon CV.


Tous les chemins qui me sont passés à côté

 

Mais j'aurais bien aimé, au moins pouvoir lui rendre visite, lui parler de James et Lily.

J'aime bien discuter avec lui.

Snape m'accuse de favoritisme et je l'embrasse pour le faire taire.

Je ne crois pas qu'il ait raison. Harry est réellement doué.

C'est dommage qu'ils ne se supportent pas. Ils se ressemblent plus qu'ils ne l'imaginent.

Je ne crois pas que je saurai un jour le leur faire comprendre.


A tous mes bateaux manqués, mes mauvais sommeils.

 

Je reprends une part de gâteau.

Je vais bien.

Je dors souvent dans les cachots avec Snape.

Enfin. Dormir est un bien grand mot.

J'avais oublié que j'aimais le sexe.

Mais ce n'est pas ce que je préfère avec lui.

Il n'est pas voluptueux, Il est pudique, cassant.

Même durant ces moments il s'abandonne rarement.

C'est peut-être pour ça.

Mais c'est ce que j'aime chez lui aussi. Cette maîtrise absolue.

C'est elle qui lui a donné tant de courage.

Tout ce courage que je n'ai pas eu.


A tout ce que je n'ai pas été

 

OoO

Les couloirs de Poudlard sont silencieux. J'avance, me demandant s'il est encore temps pour rejoindre Severus dans sa chambre. Je supporte de moins en moins de dormir seul.

Avant j'aimais ça.

Je préférais ça.

Mais avec Severus c'est différent.

Soudain des bruits de voix attirent mon attention.

Je tourne dans un couloir, et je reconnais le visage de Harry, éclairé par un lumos.

La voix du sorcier faisant apparaître le lumos je la connais par cœur aussi, alors je me montre.

Severus se retourne. Il a l'air furieux.

- Tiens, tiens, Lupin. Vous êtes allé faire une promenade au clair de lune ? C'est bien ça ?

Je n'aime pas le ton de sa voix.

Ça fait longtemps qu'il ne m'a pas parlé ainsi et je ne suis pas certain d’apprécier.

Je ne suis clairement pas d'humeur pour supporter ses sarcasmes.

- Tout va bien Harry ?

Severus ne le laisse pas répondre et lui arrache le parchemin qu'il tenait dans les mains

- Il se trouve que je viens de confisquer un objet très étrange à Monsieur Potter. Regardez Lupin, vous êtes censé être un expert en la matière. Cette chose, de toute évidence regorge de magie noire.

Je regarde le parchemin et lis son inscription. Mon cœur fait un looping.

Je le connais.

Je ne l'ai plus vu depuis si longtemps.

Quel chemin a bien pu parcourir cette carte pour m'atterrir dans les mains aujourd'hui ?

Des souvenirs affluent, de manière torrentielle. Je me suis habitué à Poudlard sans Sirius, James et Peter. Les souvenirs de mon adolescence ont été remplacé par les yeux noirs du professeur de potion qui hante ce château à toute heure du jour et de la nuit.

Mais je ne laisse rien paraître de mon ébahissement.

Severus est un excellent enseignant pour ce qui est de dissimuler ses émotions. Je dois bien lui accorder ça.

- Oh j'en doute sérieusement Severus. A mon avis c'est tout simplement un parchemin qui a été créé pour insulter quiconque essaie de le lire. Il provient de chez Zonko j'imagine ?

Il tente de le reprendre et j'esquive. Je peux lire la rage dans ses yeux.

Ça fait un moment que je ne l'ai pas vu en colère. Vraiment en colère.

Au moins j'ai ma réponse.

Je dormirai seul ce soir.

- Néanmoins, je vais rechercher les autres facultés qu'il pourrait avoir. Après tout, je suis, comme vous l'avez dit, un expert en la matière. Harry venez avec moi s'il vous plait. Professeur . Bonne nuit.

Je fais demi-tour, empochant tranquillement la carte.

Il me suit jusqu'à mon bureau, visiblement heureux d'échapper aux foudres de Snape.

Une fois là bas, je ne peux me contenir plus longtemps.

Je l’engueule.

Cette carte est une arme.

Je n'ose imaginer ce qu'il serait advenu si Sirius l'avait retrouvée avant Harry.

Le jeune homme semble éberlué.

Il n'a apparemment même pas envisagé cette éventualité.

- Votre père non plus ne faisait pas grand cas du règlement, mais lui et votre mère ont donné leur vie pour sauver la vôtre. Faire fi de leur sacrifice en se promenant sans protection dans le château avec un tueur dans la nature est une bien mauvaise façon de les remercier.

Le regard de Harry est triste.

Je n'aurais peut-être pas du dire ça mais je le pense sincèrement.

Lily et James sont morts.

Cette perte me suffit largement.

Et si je n'ai rien fait pour Harry durant toutes ces années, il est aujourd'hui en mon pouvoir de préserver sa vie.

Par tous les moyens possibles.

Je le congédie finalement, bien décidé à suivre à la trace ses moindres déplacements et de ne pas aller me coucher avant qu'il n'ait rejoint son dortoir.

Il se dirige vers la porte. Ralentit. Puis se retourne

- Monsieur ? Je tiens quand même à vous dire que la carte ne fonctionne pas toujours. J'ai vu quelqu’un tout à l'heure. Quelqu’un qui est mort.

- Ah vraiment ? Et qui était-ce ?

Peter Pettigrew

Mon sang se glace.

- Non. C'est impossible.

- Je vous dis ce que j'ai vu.

Il repart et moi je ne bouge pas.

Des millions de pensées se bousculent dans ma tête.

Peter. Le gardien du secret. Qui a disparu au moment où Sirius a été arrêté. On ne l'a jamais retrouvé.

Peter.

Je le revois, se dandinant derrière James et Sirius. Il était notre ami. Oui. Mais il n'a jamais été si proche de James qu'a pu l'être Sirius.

Je me souviens que Sirius avait lui-même demandé à ne pas être le gardien du secret.

Seigneur.

Et si..

Et si durant toutes ces années je m'étais trompé.

Je marche comme un automate jusqu'à mon bureau, pensant tout de même, dans un éclat de lucidité, à vérifier si Harry est bien retourné dans le dortoir gryffondor.

Je me laisse tomber devant mon bureau et j'allume machinalement une bougie d'un coup de baguette.

Je pense au rire de Sirius. A ses discussions à voix basse qu'il avait avec James, nous laissant exclu Peter et moi.

Ils étaient comme des frères.

Nous n'avons jamais eu de place dans leur amitié.

Les maraudeurs c'était autre chose.

Mais il y avait un lien entre ces deux là...

Ma tête va exploser.

Sirius.

Et si.. et si...

Peter a toujours été le plus influençable de nous tous.

Comment pourrait-il être à Poudlard ?

Je me taperais bien la tête contre les murs.

Peter est mort. Peter est mort !

Vraiment ?

On ne l'a jamais retrouvé. Seulement un doigt. Pourquoi ce doigt ?

Si Sirius avait détruit Peter, il aurait tout détruit.

Il était puissant.

Pourquoi ce doigt ?

Dans ma tête, le puzzle se met lentement en place.

Il n'y a pas eu de procès.

Et si...

Je n'ai jamais douté de la culpabilité de Sirius.

Pourtant elle était improbable.

Elle l'a toujours été.

Comment ne me suis-je jamais posé de question avant  ?

J'ai l'impression désagréable d'avoir manqué un épisode.

D'être sur le point de mettre le doigt sur quelque chose.

Un doigt …

Et si c'était une regrettable, une tragique méprise ?

 

Aux malentendus, aux mensonges, à nos silences

 

Pourquoi n'ai-je rien dit avant ?

Pourquoi ne suis-je pas allé à Azkaban voir Sirius , lui demander ?

Avais-je peur d'être sur ?

Qui a tué les Potter ?

Sirius aurait-il pu tué son meilleur ami ? Son frère ?

Et Lily ? La douce Lily ?

Je vais devenir fou.

Notre amitié se profile dans ma tête

J'ai loupé le coche.

Pourquoi ne suis-je pas comme mon amant ?

Severus remet tout en cause, ne fait confiance à personne.

Pourquoi y ai-je cru ?

Plus j'y pense moins la trahison de Sirius me semble probable.

Et Peter ?

Aurait-il pu nous tromper ?

Nous étions ami.

Il était fragile, gentil.

Je pensais.. je pensais...


A tous ces moments que j'avais cru partager

 

Je revis avec douleur les mois terribles qui ont suivi la mort de James et Lily.

J'étais ami avec Sirius.

Je le connaissais bien.

Comment ai-je pu douter de lui ?

Tout à coup tout me semble clair. La carte ne ment jamais.

Peter Pettigrew est vivant.

Et ce fait, plus que tout autre, l'accuse.

Il y a douze ans, Sirius a été envoyé sans délai à Azkaban pour un crime qu'il n'a pas commis.

Et aujourd'hui Harry est en danger .

Mais la menace ne vient pas de Sirius.

Elle n'est jamais venue de Sirius.

 

OoO

 

Je ne suis pas à ce que je fais.

Je fais mon cours mais mon esprit est ailleurs.

Je me sens misérable et ma vie me repasse en boucle sous les paupières.

J'ai tout fait de travers.

Du début à la fin.

J'ai commencé à faire n'importe quoi le jour où j'ai vu Severus.

Je suis tombé amoureux de lui et je n'ai jamais rien fait pour le lui montrer.

J'ai laisser mes amis l'insulter.

Alors que j'aurais pu intervenir. J'aurais pu m'opposer.

Ils ne m'auraient pas rejeté pour autant.

Ils n'auraient pas compris bien sur.

Mais ça n'aurait pas été important.


Aux phrases qu'on dit trop vite et sans qu'on les pense
A celles que je n'ai pas osées

 

Sa paranoïa nous aurait été utile. A tous.

Il aurait peut-être compris que Sirius faisait un bon petit con mais qu'il aurait été un bien piètre assassin.

Et si je lui avais dit que je l'aimais ?

Je ne lui ai toujours pas dit d'ailleurs.

J’espère qu'il le sait.

Je n'en suis pas sur.

Je voudrais qu'il le sache.

Parce que je le sens, ma vie est sur le point de basculer.

Et j'ai peur qu'il n'y ait plus de place pour mon cœur dans celle-ci.

J'ai trop d’erreurs a rattrapées.

Perdre Severus serait une punition amplement méritée.


A nos actes manqués

 

J'ai voulu me fondre dans la masse, trouver un emploi. Je suis devenu plat.

On m'a interdit de m'occuper de Harry et je me suis sagement conformé à cette interdiction.

Alors que sa vie aurait pu être mille fois plus belle loin des Dursley.

Et je suis bien placé pour le savoir : Je lui ai appris à lutter contre les détraqueurs. Contre ses démons. Cette famille a joué un rôle dans les horreurs que Harry craint de devoir revivre lorsque l'un des gardiens d'Azkaban apparaît.

J'ai par tous les moyens tenté d'être normal pour ne pas être un loup-garou.

J'ai voulu être sage, rangé, raisonnable.

C'était idiot.

James et Sirius le savaient.

Aux années perdues à tenter de ressembler

 

Je les ai toujours tout laissé faire sans jamais les prendre pour modèle.

Peut-être aurais-je du ?

Sirius aurait il été envoyé à Azkaban si j'avais résisté ?

Je ne suis pas si fort.

Ma parole n'aurait sans doute eu aucun poids.


A tous les murs que je n'aurais pas su briser

 

Mais au moins j'aurais su. J'aurais pu me battre au lieu de perdre mon temps à essayer d'être heureux.


A tout c'que j'ai pas vu tout près, juste à côté

 

C'est si évident. Quand je pense que sans Harry, je serais encore dans l'erreur.

Oedipe s'est crevé les yeux pour voir la vérité.

J'ai l'impression que c'est ce qu'il m'arrive.

Je ne vois plus le présent, trop occupé à comprendre le passé.


Tout c'que j'aurais mieux fait d'ignorer

 

OoO

 

On frappe à la porte.

Je ne répond pas.

Je n'ai pas envie.

Je resserre la couverture contre moi.

Je me suis emmitouflé dedans à la fin des cours.

C'est l'été mais je meurs de froid.

Peut-être est-ce parce que je suis assis par terre, accolé au mur ?

Ou juste par ce que je suis un idiot. Allez savoir...

La porte s'ouvre et Severus entre dans la pièce.

Il me jette une regard dévasté.

- Seigneur... Lupin, je peux savoir ce que vous faites ?

- Et vous ?

- Visiblement j'arrive à point nommé. Vous étiez censé venir prendre votre potion chez moi.

- Je vous ai manqué ? Je ricane.

Je n'attends pas de réponse.

Je remonte la couverture au dessus de ma tête.

- Lupin vous êtes ridicule.

- C'est ça. Fichez-le camp Severus.

Un silence. Je ferme les yeux.

Il faut que je fasse quelque chose, je n'ai pas revu le nom de Peter sur la carte et pourtant j'ai passé des heures à essayer de le localiser.

Un bruit. Je me demande ce que fait Snape mais je ne sors pas de ma cachette.

J'ai besoin de réfléchir.

Quand soudain je sens quelque chose qui m'enserre. Deux bras se referment autour de ma couverture.

Severus ne cherche pas à m'en faire sortir il s'est assis par terre et m'enlace.

Les larmes me montent aux yeux.

Je n'ai jamais été fichu d'aimer correctement.

J'aime trop fort.

Avec trop d'intensité, trop de confiance, trop de tout.

Et après je me brise le cœur.

C'est pathétique.

Severus me berce contre lui et je me laisse aller.

- Rémus, qu'est-ce qui ne va pas ?

Sa voix est douce.

Du jamais vu.

Mon prénom sonne bien dans sa bouche.

Je sors la tête des couvertures et rencontre son regard. Il a l'air légèrement inquiet.

Je ne peux rien dire qui ne le déçoive pas.

Je ferme de nouveau les yeux et à tâtons, je cherche ses lèvres. Sa langue. Il me répond. Je m'extirpe de la couverture pour le serrer contre moi.

Je m'agrippe à lui.

Nous glissons sur le sol.

Allongés par terre, nous nous étreignons sans rien comprendre.

Je sens des larmes qui coulent sur mes joues.

Notre baiser est salé.

Je suis vraiment, vraiment perdu.

C'est n'importe quoi.

C'est ridicule.

C'est... merveilleusement bon.

Sa main passe sous ma chemise, lutte avec la boucle de ma ceinture.

J'ai irrémédiablement besoin de lui.

Il roule sur moi.

Ses mains rugueuses caressent mes joues, effaçant les perles de chagrin.

Elles glissent sur mon corps, comme pour panser mes blessures.

J'aspire ses lêvres, sa langue, sa peau, ses dents heurtent ma bouche, mon cou.

Je le dévore.

Severus gémit.

 

Aux amours échouées de s'être trop aimé

Visages et dentelles croisés justes frôlés

 

Le temps s'écoule différemment entre ses bras.

Il faut que je lui dise. Au moins une fois.

Mais pas tout de suite.

Pas maintenant.

Ça sonnerait comme un adieu.

Pourquoi suis-je en train de lui faire mes adieux ?

J'adore sa nudité, sa peau pale et ses frissons.

Le sol est glacial.

Ou alors c'est moi.

 

OoO

 

Nous sommes enlacés.

Nus, enroulés dans la couverture.

Dissimulés dessous.

J'ai l'impression d'être sous la cape d’invisibilité de James.

En sécurité.

Personne ne peut nous voir.

Je niche ma tête dans son cou et il soupire

Le dîner sera bientôt servi.

Je sais qu'il a raison, mais je ne voudrais pas le savoir.

- Je vous aime Severus.

Il ne répond pas. Pas tout de suite.

- Vous ne pouvez pas dire ça.

- Pourquoi ?

- Ce n'est pas vrai.

Je suis blessé. J'ai besoin qu'il me croit. Ne le comprend t-il pas ? Mais je n'ai pas le courage de le redire.

Je me détache de lui et me relève, cherchant mes vêtements.

Je me rhabille sans le regarder. Il s'est redressé aussi, mais ne se met pas encore debout.

- Qu'est-ce qui vous arrive bon dieu Lupin ?

Je me retourne vers lui, furieux.

- Je ne vous aime pas hein ?

Ma colère a l'air de le surprendre.

- Non. Répond-il calmement.

- Dans ce cas sortez !

Un pli soucieux barre son front. Ses yeux deviennent deux fentes de colère.

- Sortez. Je répète.

Il ne répond rien et s'empare à son tour de ses habits. Il prend soin de reboutonner sa robe jusqu'en haut et je le fixe les poings serrés. Je n'en peux plus.

- Sortez, SORTEZ ! Je hurle.

Ses lèvres sont pincées.

Il me passe devant.

- Vous êtes lamentable.

Le coup part tout seul.

Il suffoque.

- C'est moi qui suis lamentable ? Je feule

Plié en deux, je le vois tenter de reprendre son souffle. Il faut dire que je n'ai pas retenu la violence de mon poing.

Au bout d'un moment il se redresse.

Son regard est vide. Aucune chaleur ne s'en dégage. Il ne m'affronte pas. Il sort le flacon de tue-loup et me le lance. Je le rattrape par réflexe. Il efface un pli imaginaire de sa cape et tourne les talons.

La porte se ferme doucement. Sans éclat.

Je donne un coup de poing dans le mur de toutes mes forces.

Je saigne.

Des larmes d'un autre genre me viennent aux yeux.

Je retourne vers mon bureau pour chercher de quoi essuyer le sang.

Mes yeux tombent sur la carte des maraudeurs et subitement la douleur disparaît.

Là, près du saule cogneur, je vois le nom de Ron Weasley, de Harry Potter, de Hermione Granger.

De Peter Pettigrew et de Sirius Black.

 

OoO

 

Je pénètre dans la cabane hurlante et des voix me parviennent depuis l'étage.

Je monte en essayant de ne pas faire grincer les marches.

Une bousculade.

Il faut que j'intervienne.

Je me précipite.

Harry est au dessus d'une forme humaine, cloué au sol, sa baguette planté sur sa tempe.

- Expelliarmus !

Il se retourne vers moi ébahi et je lui fais signe de s'écarter.

Au sol, je reconnais Sirius.

Il est décharné, ses cheveux emmêles et épars, ses vêtements déchirés.

Mes ses yeux.

Ils n'ont pas changé.

- Tiens, tiens Sirius. On est dans un piteux état n'est-ce pas ? Ton corps a fini par refléter la folie qui se cache en toi

- Tu connais ça Rémus, la folie qui se cache en quelqu'un.

Sa voix non plus n'a pas changée.

Il est innocent.

Il a toujours été innocent.

Je lui souris pour me donner une contenance.

Je lui tends la main et il s'en empare sans hésiter.

Il me fait confiance.

Il sait que je suis venu l'aider.

Et il n'a même pas l'air de m'en vouloir de n'arriver que maintenant.

Il me prend dans ses bras. Il a l'air fou.

- je l'ai retrouvé, je l'ai retrouvé.

Je ne le contredis pas. Légèrement troublé.

- Où est Peter ?

Mes yeux se posent sur Ron et je comprends.

Il serre contre sa poitrine un rat qui m'est terriblement familier. Wortmail.

Hermione hurle. Elle explique à Harry que je suis un loup-garou. Ça sonne comme une insulte

C'en est une, je le sais bien.

Ses yeux me fusillent.

Sirius trépigne. Il veut le tuer.

J'essaie de le calmer.

Les trois adolescents en face de nous sont encore convaincus qu'on veut les tuer, et Sirius ne prend même pas le temps de les détromper.

Il n'a pas conscience de ce dont Harry est capable avec une baguette.

Ce dernier ne me regarde même pas. Il dévisage Sirius avec une telle colère.

- Vous avez trahi mes parents. Ils sont morts à cause de vous !

- Non Harry. Quelqu'un a trahi vos parents c'est vrai, mais ce quelqu'un, il y a encore quelque heures, je pensais qu'il était mort.

- ALORS QUI EST-CE ?

- Peter Pettigrew ! Beugle Sirius.

Sa rancœur et sa soif de justice commencent à me gagner.

Harry en colère ressemble plus que jamais à sa mère. Ce regard.

Personne ne pouvait résister aux yeux de Lily lorsqu'elle était déchaînée.

Plongé dans ma mémoire, j'ai perdu le fil. Je ne reviens à la réalité qu'en entendant une voix terriblement familière hurler

- Expelliarmus.

Je me retourne.

Severus.

Il ne me regarde même pas, comme Harry tout à l'heure.

Sirius a toujours su attirer tous les regards me dis-je. Même si quelque chose me dit que dans l'immédiat, il s'en passerait bien.

J'essaie d'intervenir et Snape pointe sa baguette sur moi.

Il y a quelque chose dans son regard qui m’empêche de faire quoi que ce soit.

Colère. Déception. Jalousie.

- J'ai dit à Dumbledore que vous aviez aidé votre vieil ami à s'introduire dans le château. En voici la preuve.

Je veux qu'il se taise. Je déteste qu'il m'accuse de l'avoir trahi.

S'il m'avait laissé lui dire que je l'aimais peut-être que je lui aurais dit pour Sirius. C'est de sa faute.

- Bravo Snivillus. Tu as encore misé sur ton esprit subtil et pénétrant et comme toujours tu n'es pas arrivé à la bonne conclusion. Siffle Sirius

Pourquoi ne peut-il pas s’empêcher de le provoquer ? Autrefois Sirius était en position de force.

Ce n'est définitivement pas le cas aujourd'hui.

Il continue, inconscient du danger.

Ou complètement conscient du danger.

Je ne sais pas ce qui est le pire.

- Maintenant si tu veux bien nous excuser, Rémus et moi avons une tache importante à terminer.

Je n'ai pas aimé la lueur dans le regard de Severus lorsque Padfoot a dit « Rémus et moi ». Il va se faire tuer cet imbécile.

Les éléments s’enchaînent.

Severus fait signe aux jeunes de sortir. Quand soudain, sortant une baguette de nulle part, Harry désarme Severus. Celui-ci vole et va s'écraser un peu plus loin.

Quand je disais que le fils de Prongs était puissant..

- Parlez-moi de Peter Pettigrew !

 

OoO

 

Nous sortons de la cabane hurlante. Je tiens Pettigrew en joue. Ron geint. Je crois que Sirius a mordu un peu fort.

Sirius et Harry se sont éloignés et discutent.

Mon cœur se serre un peu.

Mon rôle dans cette histoire est fini.

Sirius fait bien plus partie de la famille de Harry que moi.

J'ai laissé Severus dans la cabane hurlante.

Il va reprendre ses esprits et je n'ai pas envie d'être là quand ça arrivera.

Je me doutais que je le perdrais ce soir.

Mais peu importe.

Je me serais perdu si je n'étais pas venu au secours de Sirius.


Aux trahisons que j'ai pas vraiment regrettées

 

Je regarde Peter.

Douze années dans la peau d'un rongeur ne l'ont clairement pas arrangé.

Il dégage un parfum de folie sale.

Je n'ai jamais détesté quelqu'un si fort.


Aux vivants qu'il aurait fallu tuer

 

J'ai subitement l'impression que mon cœur bat plus vite.

Quand tout à coup, Hermione hurle.

Elle fixe un point derrière moi. Je me retourne.

Une terreur sans nom s'empare de moi.

La pleine lune.

Je sens mon corps se contracter et une douleur atroce me déchire de l’intérieur.

Je vois Sirius courir vers moi

Puis plus rien.

 

OoO

 

Je me suis rendu dans le bureau de Dumbledore pour démissionner.

La vengeance de Severus a été vraiment basse et inutile.

Mais mon statut de Loup-garou risque de ne pas très bien passer aux yeux des familles.

Je préfère quitter mon poste tout de suite.

Ça fera celui qui s'est convaincu tout seul.

 

Je fais mes valises à regrets.

Malgré tout ce qui a pu se produire, cette année a été, de loin, la meilleure de ma vie.

J'ai rencontré le fils de James et Lily.

J'ai retrouvé Sirius.

Et puis j'ai eu Snape.

Envers et contre tout, je sais qu'il a agi par jalousie.

Parce qu'il ne supporte pas que je puisse aimer Sirius.

Je comprends maintenant.

Il ne sait pas que je l'aime.

Mais il ne le fait pas exprès.

Je sais que seul le temps pourra le convaincre.

Je déplore de ne pas avoir consacré les précédentes années de ma vie à le lui faire comprendre.

A tout ce qui nous arrive enfin, mais trop tard
A tous les masques qu'il aura fallu porter

 

Je ne me sens pas encore près pour l'affronter.

Il s’attend sûrement à ce que je le déteste.

Et se console sûrement en se disant qu'il avait raison.

Je lui laisse son ego.

Je m'occuperai de nos deux cœurs plus tard.

Je n'ai pas la force pour le moment.


A nos faiblesses, à nos oublis, nos désespoirs
Aux peurs impossibles à échanger

 

Mais je ne ferai pas l'erreur de le laisser pourrir dans sa haine.

Pas cette fois.

Pas encore.

Il ne sait pas que je l'aime. Il ne sait même pas qu'il m'aime en fait.

Mais moi je sais.

Pour l'instant ça me suffit.

Je jette un œil à la carte des maraudeurs.

Harry se dirige vers mon bureau.

Je souris.

Ça va aller.

A nos actes manqués

 

OoO

 
 
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