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au 31 Mai 21 :
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contenant 15226 chapitres
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Education
Par masamiya
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
10 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 3     Les chapitres     65 Reviews     Illustration    
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Chapitre 3

Je lis Guerre et Paix actuellement. J'ai bien peur que ce livre n'ait achevé de détraquer mon cerveau déjà bien malade.

Alors pardonnez-moi à l'avance pour ce que je compte faire subir aux personnages (qui appartiennent à J.K.Rolling, et maintenant on sait pourquoi elle ne m'en confie pas la garde)

J'ai fait une photo d'une illu que j'avais griffonnée hier soir. Je l'ai mise avec cette fic en passant :) Désolée pour la qualité, pas de scann sous la main!

Merci pour toutes vos reviews. Je continue d'écrire à la gloire de Mzchoco (et je cherche une bêta pour me relire: des volontaires?)

 

                                  ____________

 

Vue d'un oeil extérieur, la journée sembla identique à toutes les précédentes au sein de l'école; les élèves allaient en cours, laissant les couloirs vides; puis repartaient de salle en salle, heure après heure, comme de gigantesques fourmis s'activant fébrilement, le tout baigné des émotions exacerbées par l'adolescence.

Rires, larmes, inquiétudes, joies, même les plus minimes préoccupations occupaient ces cervelles comme de grandes questions d'Etat le feraient.

 

Harry Potter n'échappait pas à cette règle. Ses émotions passaient par le filtre grossissant de ses hormones, et ne lui laissaient aucun répit. Comme tous les jeunes gens de son âge, ses problèmes lui semblaient majeurs, et il désirait les résoudre le plus rapidement possible, sans songer que certaines choses prennent du temps, et demandent moins de fougue.

Ainsi lui apparaissaient sa relation avec Ginny, et le retour à Poudlard de Draco Malfoy, au travers de cette loupe: deux épines qu'il se plaisait à transformer en pieux, se tourmentant encore et encore sans y trouver de solution qui ne soit pas des plus énergiques et dramatiques, formant mille plans dans sa tête, se figurant les situations à venir comme dans un théâtre intérieur, y fabriquant consciencieusement les répliques de tous les protagonistes de ce drame.

 

Cela étant, la journée passa sans qu'il ait eu la moindre réponse à ses questions, et de fantasmagorie que l'on manie et forme par la pensée, sa rencontre avec Malfoy devint imminente et cruellement concrète.

Le jeune homme prit le temps de passer d'abord dans son dortoir après les cours, de plus en plus échauffé, décidant qu'il pouvait bien se rafraîchir un peu avant de descendre aux chachots. Il n'avait pas vu Ginny depuis le petit déjeuner qu'elle avait finalement consacré entièrement à Michael Corner; il constata encore son absence dans la salle commune, grimaça, tenta de se persuader qu'il s'en moquait.

Un coin de sa conscience se demandait si elle passerait sa soirée dans la salle des Serdaigle.

 

L'autre partie de sa pensée tentait de se fixer sur la soirée qu'il passerait à réparer les dégâts induits par son manque de contrôle. Bien que la punition semblât juste, y compris à ses yeux, le fait que Malfoy soit présent d'un bout à l'autre et très certainement dirige cette opération lui donnait envie de se jeter du haut de la tour d'astronomie.

 Il passa un Tshirt propre- le sien portait encore l'odeur douteuse des furets qu'il avait transformé en écharpes en cours de métamorphoses- et jeta un oeil dans le miroir au-dessus des lavabos.

 Il savait qu'il devrait se contrôler, ce soir. Il ne pouvait décemment pas faire exploser deux fois dans la même semaine la classe de potions. Néanmoins cela ne devait pas être une raison pour brader sa fierté. Il se regardait dans les yeux face au miroir, et se posa quelques règles.

 

 Déjà, tenter de rester le plus neutre possible, sachant que l'autre se chargerait probablement de l'ambiance; c'était indispensable pour de pas obtenir de retenues supplémentaires, et surtout pour tenter de sonder son ennemi.

Draco n'était-il revenu que parce qu'il s'était vu refuser du travail partout ailleurs? Il ne voulait pas être paranoïaque, mais il savait d'expérience qu'il fallait se méfier de Malfoy: sa sixième année pouvait en témoigner, on ne surveillait jamais suffisamment cet homme. Bien que Voldemort ait été tué de sa main, il n'était pas certain d'avoir réussi à enterrer le passé et la guerre assez profondément.

 

Il sentait gronder autour de lui, dans la foule anonyme, le sentiments de haine et de rejet, la défiance envers les sang-mêlés, le mépris des cracmols, la haine des moldus pour le confinement qu'ils imposaient aux sorciers. Il savait que ces sentiments-là n'étaient pas morts avec Voldemort: les gens avaient simplement mieux appris à les cacher.

Un jour où l'autre ils resurgiraient, et vaincre cette animosité ne serait peut-être pas à sa portée. Alors autant les étouffer dans l'oeuf, autant surveiller Malfoy, quitte à le faire pour rien.

 

Harry se sentait responsable de cette paix. Il veillait sur elle avec tout l'aveuglement de son âge, avec une naîveté n'ayant d'égale que sa volonté.

Mais il restait un jeune homme de dix-huit ans. Alors face à son miroir, il commençait à divaguer. Il ne laisserait pas sa fierté se faire piétiner par ce soi-disant professeur, et il se voyait déjà briser son voeu de neutralité à la moindre parole blessante, malgré sa réelle envie de voir la paix proliférer.

L'appel de l'aventure battait ses tempes, son sang s'échauffait en imaginant l'autre le rabaisser.

"Alors je lui dirai cela... Ou bien... Non, je lui répondrai plutôt..."

 

Et de rêveries en bons sentiments, l'honorable Harry Potter arriva en retard à sa première soirée de retenue.

 

 Heureusement pour lui, l'air frais pendant sa course pour arriver aux cachots avait refroidi ses ardeurs belliqueuses, et il accueillit avec stoïcisme la bienvenue cinglante mais méritée du professeur Malfoy.

 

-Toujours en retard, Potter, lançait la voix traînante.

 

 Il ne répondit pas, s'assurant d'un rapide coup d'oeil que l'autre avait l'air passablement fatigué, et agacé. Il allait passer une sale soirée.

 Ne sachant que faire, les bras ballants, il appuya une fesse contre le coin d'un bureau et fit face à son professeur qui étudiait une liste sur un parchemin neuf, placé l'air de rien en position de supériorité grâce à la surélévation de la chaire professorale. 

Il patientait, voyant bien à l'air narquois et aux yeux fixes du blond qu'il ne lisait absolument pas le parchemin mais le faisait lanterner, passant sa langue sur ses lèvres pâles, changeant son appui d'une jambe sur une autre, sa robe d'enseignant grande ouverte sur un pantalon des plus provoquants- alors comme ça, même dans la pauvreté, Malfoy avait conservé ses fameux pantalons en cuir de dragon?

 

Malfoy se décida finalement à lever ses deux yeux gris sur lui, deux yeux pleins d'un regret qui s'avéra feint lorsqu'il annonça d'une voix plus moqueuse qu'autre chose:

-J'ai ici la liste des dommages perpétrés par ton ineptie, Potter. Je crains que nos petits rendez-vous ne durent une éternité, du moins toute l'année scolaire. Dans le doute, penses à rester au château pour les vacances de Noël...

-Tu sais que je ne pars jamais.

-Eh bien penses à prévenir Weaslette. La directrice, dans son infinie bonté, a accepté de remplacer les fioles que tu avais brisées... En revanche, il faudra refaire toutes les potions. Je suis passé à Pré-au-Lard prendre les ingrédients nécessaires pour commencer, mais la prochaine fois, c'est toi qui iras. Prends cette liste de courses. Je veux que tous ces ingrédients soient remplacés d'ici la semaine prochaine.

-Mais la prochaine sortie à Pré-au-Lard n'est pas prévue avant...

-Pitié, ne me dites pas que le grand Harry Potter n'a aucun moyen de se rendre dans un village à 10 minutes de vol  d'hypogriffe... 

 

Le brun arracha le bout de parchemin des mains du blond, qui d'un sourire sadique l'invita à aller vers un chaudron.

 

-Comme la plupart des potions étaient d'un niveau que tu ne pourras jamais rêver d'atteindre, et d'une complexité qui dépasse ton entendement, je vais encore devoir me taper tout le boulot, soupira Malfoy. On va commencer par le plus important: Madame Pomfresh a besoin d'un stock de potions pour l'infirmerie... Vas me chercher de quoi faire du poussos dans l'armoire.

 

 Comme Harry restait les bras ballants, se demandant ce qui pouvait bien rentrer dans la composition d'une potion aussi affreuse, son vis-à-vis grogna en lui indiquant un grimoire.

Il s'en saisit rapidement, ayant l'impression de passer pour un parfait demeuré, et essaya de se concentrer sur ce qui était inscrit: de l'Aconit, du sang de licorne, de l'essence de dictame... Il réunissait tout sur le plan de travail à côté de Malfoy qui, le visage impénétrable, commençait à régler la température du feu sous le chaudron. Il aurait voulu savoir ce que son vieil ennemi pensait.

Il aurait voulu être dans sa tête: comment faisait-il pour se concentrer suffisemment pour faire des potions aussi complexes? Même les vapeurs s'élevant du chaudron ne décoiffaient pas une seule de ses foutues mèches. Est-ce qu'il les gominait?  Une fois tous les ingrédients réunis, Harry sentit monter en lui un complexe d'infériorité, restant inutile à contempler Malfoy qui s'activait sans plus faire attention à lui.

Si le but de la manœuvre était de lui montrer qu'il était à la hauteur pour le poste, où même de lui donner une leçon d'humilité, c'était plutôt réussi. Malfoy semblait dominer les lieux en maître, à l'aise et dans son élément, ses doigts fins en mouvance constante, coupant très précisément, finement et rapidement des racines, son attention attirée par le moindre changement de couleur de la potion, s'occupant de mille détails à la fois.

 

-Rends-toi un peu utile, Potter, dégage de là et vas me piler un peu de corne de licorne... Trois grammes, si tu crois en être capable.

 

Harry commençait à avoir mal au crâne. Malfoy ne l'insultait pas directement, mais son comportement était difficile à supporter tout de même. Il lui aurait volontiers fait boire le chaudron entier de Poussos, s'il n'avait pas si peur de MacGonagall. Se résignant à faire un travail de larbin, il se saisit d'une corne et commença à essayer de la piler. Le corne était trop dure. Refusant de demander de l'aide ou des conseils au blond- cela lui aurait ait trop plaisir!-, il se saisit d'une râpe et essaya de toutes ses forces de tirer un peu de matière de la corne.

 Cela faisait un mélange de grumaux et de poussière, mais c'était de loin le meilleur résultat qu'il pouvait espérer obtenir. Au bout de dix minutes de râpage intensif, il avait à peine obtenu quelques grammes. Il n'était pas certain qu'il y en aie tout à fait trois, mais Malfoy le tança:

 

-Potter, c'est maintenant ou jamais pour la corne! Bon sang, mais qu'est-ce que tu fous? Tu es dessus depuis une heure...

-Dix minutes, répliqua Harry avant de verser d'autorité la poudre brillante dans la chaudron.

-Il y avait trois grammes, au moins? demanda les sourcils froncés un Malfoy qui de toute évidence n'aimait pas les initiatives.

Harry haussa les épaules et retourna ranger la corne, marmonnant un pieux mensonge:

-Oui, oui, bien sûr qu'il y avait...

 

BANG!

 

Le chaudron venait d'exploser au visage du professeur de potions. Dont le hurlement glaça le sang de Harry Potter plus que n'importe quelle explosion aurait pu le faire. 

Sans réfléchir, il bondit vers Malfoy, saisit sa robe qui commençait à être rongée par la potion; il l'arracha, vit que le chemise était également imbibée et lui ôta rapidement, sans se soucier de déchirer le tissu; puis hurla: "Aguamenti!" et aspergea du bout de sa baguette comme il put le visage, la peau qui commençaient à rougir sous le coup de la brûlure.

Le blond se tordait de douleur mais ne criait plus. Harry ne pouvait dire quel soulagement c'était pour lui. Il avait cru revivre le jour où il lui avait lancé un Sectumsempra, ou encore les instants douloureux dans la salle sur demande...

La respiration haletante, les yeux gris fermés, le torse dénudé se couvrant de plaques rouges, tout indiquait que Malfoy n'allait vraiment pas bien.

-Merde, merde, merdemerdemerde...

Etait-il seulement encore conscient? 

-Malfoy, MALFOY! Putain, mais qu'est-ce qui s'est passé? MALFOY!

 

Vraisemblablement, il n'avait pas fait une potion de Poussos. Comme Harry aurait-il pu savoir que quelques milligrammes changeraient à ce point la potion? Mais qu'est-ce qu'il avait créé, alors? 

Quels seraient les dégâts infligés par elle, et comment contrer ses effets? Il n'y connaissait rien en potions... Si seulement Malfoy voulait bien lui répondre...

Au moins, il avait arraché la robe imbibée de potion avant qu'elle ne lui ronge la peau; il la voyait qui se réduisait en cendres, un peu plus loin.

Désemparé, ne sachant que faire de plus, il s'agenouilla au sol et posa la tête de Malfoy sur ses genoux afin de la redresser un peu.

 Malfoy allait le tuer.

Non.

MacGonagall aurait le temps de s'en occuper d'abord. Jamais elle ne croirait que cette explosion-ci était fortuite.

Est-ce qu'on pouvait aller à Azkaban pour avoir fait exploser une potion inconnue au visage d'un professeur? Peut-être qu'il aurait un traitement de faveur, étant Harry Potter...

Il fit mentalement une croix sur la moitié de sa fortune, supposant que le blond l'obtiendrait en dommages et intérêts.

Est-ce qu'on le laisserait seulement terminer son année à Poudlard? Allait-il être renvoyé du château?

Sa gorge se serra.

 

-Potter, je vais te tuer, murmura alors faiblement le jeune homme sur ses genoux. 

 

 

                                          ______________

 

 

On n'aurait pu rêver situation plus grotesque. A vingt-quatre heures de différence, les deux jeunes hommes étaient de nouveau réunis avec la directrice de l'école... A l'infirmerie, cette fois.

Minerva MacGonagall s'attendait bien à quelques accrocs dans les premiers temps, mais même quand elle reçut un message de madame Pomfresh l'invitant à venir récupérer les deux hommes, elle n'avait pas imaginé que les choses se seraient envenimées à ce point.

 

Elle était entrée dans l'infirmerie d'un pas martial, prête à séparer s'il le fallait ces jeunes sots qui semblaient croire qu'elle pouvait passer son temps à jouer aux arbitres, et s'était heurtée au silence feutré que l'on réserve aux grandes maladies.

La pièce n'avait pas été éclairée, et la nuit tombée ne permettait pas de percevoir grand-chose. Elle était pourtain certaine d'apercevoir deux silhouettes allongées dans les lits. Merlin, est-ce que son plus jeune professeur et le sauveur s'étaient entretués?

 

Alors que la colère de la doyenne retombait, Draco Mafoy reprenait ses esprits. Les yeux encore mis-clos, il aurait pu jurer que quelqu'un avait pénétré dans la pièce. Ce qu'il allait prendre quand on verrait comme il avait abîmé leur précieux Potter...

C'était certainement à ce genre de choses qu'avait fait allusion MacGonnagall quand elle lui avait parlé de le prendre "à l'essai". Mais elle ne pouvait pas le renvoyer.

Potter avait commencé, avec la corne...

Ce type était un danger public dès qu'il approchait un chaudron, Draco n'y pouvait rien!

 

 Agrippant ses draps du bout des doigts, il essaya de se calmer et de se concentrer sur les bruits.

 

-Je constate que vous vous êtes réveillé, professeur Malfoy...

 

Il repasserait pour la discrétion.

 

Il se racla la gorge.

 

-Mmmh, oui, en effet... Je vous aie entendue rentrer...

 -Et Potter?

-Dans le lit à côté... Je crois...

-Madame Pomfresh a indiqué si nous pouvions le réveiller?

 

L'infirmière revint à cet instant dans la salle, les bras chargés de potions diverses et de nombreux bandages. Elle avait l'air franchement surmenée, en nage, son visage rougi par les allers-retours et creusé de cernes: ces maudits élèves ne la laissaient déjà pas beaucoup dormir, alors si même les professeurs s'y mettaient, maintenant...

 

-Il faudrait laisser monsieur Potter se reposer encore quelques temps... Il a perdu beaucoup de sang -elle lança un regard accusateur à Malfoy. Et je ne suis pas vraiment certaine de savoir comment on guérit cela...

Le sang de Minerva ne fit qu'un tour. De son air le plus glacial, de sa voix la plus menaçante, toisant de toute sa hauteur le blond encore allongé, elle asséna en appuyant sur chaque mot:

-Malfoy, qu'est-ce que vous lui avez fait?

-Rien qu'il ne m'aie jamais fait lui-même...

-Professeur Malfoy, j'exige une réponse plus précise que cela!

Comme il baissait la tête, Pomfresh intervint d'une petite voix:

-Quoi qu'il aie fait, il vous faudra en discuter ailleurs... Plus tard... Il faudrait réellement du repos, et du silence pour obtenir un rétablissement complet...

Elle ne put finir sa phrase et la ponctua simplement d'un geste vers le lit dans lequel gisait toujours, inconscient, Harry Potter.

 

Remettant ses lunettes sur son nez, et reprenant un peu son calme, la directrice s'approcha du lit du convalescent, écarta les rideaux blancs qui entouraient partiellement sa couche et se pencha. De larges bandages autour de la poitrine. Tâchés de sang. Une peau couleur craie. Une respiration difficile.

Elle pâlit en comprenant d'un seul coup. En effet, Potter avait reçu un sort qu'il avait déjà destiné à Malfoy. Elle pouvait en reconnaître les effets, mal soignés par une madame Pomfresh ignorant tout de ce sortilège, et probablement arrivée tardivement près du corps.

 

Sectumsempra.

 

                                              ____________

 

 

L'altercation avait au moins eu le mérite de montrer à Minerva que ces deux-là avaient besoin de bien plus de contrôle. 

Une punition ne serait jamais suffisante; d'ailleurs, avait-on déjà vu punir un professeur? 

Elle avait besoin d'un professeur de potions.

Elle avait besoin de garder Potter dans cette école (rien que sa présence augmentait les dons financiers de 10%).

Et eux avaient besoin qu'on les surveille étroitement.

D'après ce que lui avait brièvement raconté Draco Malfoy, ils refaisaient une potion de Poussos lorsque Potter avait commis une erreur. "En toute connaissance de cause", avait ajouté le blond d'un air méprisant; et cela avait provoqué une explosion. La potion, devenue corrosive, l'avait atteint et fait quelques dommage avant "que ce sale con bouge sa tignasse" et vienne l'aider.

C'est à ce moment du récit que le langage fleuri de Draco Malfoy s'était assagi, et que ses propos étaient devenus vagues, soi-disant à cause du choc selon lui, mais plus par conscience d'avoir commis une grave erreur, selon Minerva.

Toujours est-il que le jeune homme, reprenant conscience près de Potter, se sentant agressé, avait saisi sa baguette et s'était empressé d'obtenir vengeance par lui-même. Il avait bien sûr fini par appeler madame Pomfresh, mais vu l'état du brun, la directrice pensait que son professeur de potion avait dû contempler le spectacle un certain temps d'abord.

Toujours est-il qu'elle les avait laissé se reposer, ce qui l'arrangeait grandement. Elle ignorait quelle attitude adopter et n'avait pas l'ombre d'une solution; un délai supplémentaire était le bienvenu, le temps d'étayer sa réflexion.

Bien entendu, elle ne pouvait pas les surveiller elle-même; ses charges étaient déjà bien lourdes... D'ailleurs confier une mission pareille à qui que ce soit aurait été de la folie. Où trouver quelqu'un d'assez stupide pour surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre ces deux grenades humaines?

Elle passa la nuit à tourner en rond dans son bureau, regardant les tableaux des précédents directeurs, croisant le regard pétillant de Dumbledore.

 

-Qu'auriez-vous fait, à ma place, Albus...?

 

Aucune réponse ne vint du brave homme: et pour cause, il venait tout juste d'engouffrer une poignée entière de bonbons au citron.

Les autres faisaient comme à leur habitude semblant de dormir, ouvrant un oeil de temps à autre en espérant que la solution serait apparue par miracle à la nouvelle directrice de l'école. 

Elle ouvrait des ouvrages de pédagogie au hasard, les reposait juste après, les pages froissées par sa main impatiente; elle avait vaguement songé demander conseil au choixpeau, duquel s'était soudain élevé un ronflement plus sonore encore que ceux provenant des portraits; avait vidé la moitié de ses souvenirs sur les deux garçons dans la pensine, sans effet; elle commençait à jongler avec des boules de cristal tout en sachant pertinement qu'elle n'avait pas le don de double-vue, lorsqu'on frappa à sa porte.

 

Se redressant, remettant son chapeau sur la tête, ses pieds sur le sol plutôt que sur le bureau et son sourire le plus naturel sur ses lèvres, elle toussota et cria en direction de la porte:

 

-Entrez!

Elle jeta un oeil à sa pendule et remarqua que bien qu'il soit encore tôt, la matinée était tout de même entamée. Il lui faudrait expédier son visiteur et trouver rapidement une solution, avant qu'un des deux garçons ne quitte l'infirmerie.

Poussant la porte de ses maigres forces, le souffle comme une forge d'avoir traversé le château mais l'air bonhomme tout de même, le professeur Slughorn entra.

 -Je ne vous réveille pas, Minerva? Oh, vous êtes matinale...

-Les horaires impossibles vont avec la fonction, Horace... Venez-en au fait.

-Eh bien voilà... Je viens requérir une toute petite autorisation, rien de bien méchant. Il me faudrait une salle, et décaler l'horaire du couvre-feu pour les élèves membres de mon club... 

-Encore une de vos petites fêtes?

-Pour le rapprochement entre maisons, bien entendu! Vous savez comme cela me tient à coeur, et je suis certain que cela aiderait...

-Eh bien oui, je ne peux que vous approuver, Horace! Je suis d'ailleurs très heureuse de vous voir dans cette disposition. J'avais justement besoin d'aide pour... inculquer ces valeurs de partage, de respect intermaisons à certains élèves. Vous tombez plutôt bien!

-Ah...?

Le visage de Slughorn s'était affaissé d'un seul coup. Il faudrait le mettre un peu plus en confiance, d'abord...

-Potter ne pourra finalement pas aider monsieur Malfoy à réparer les dégâts occasionnés en début de semaine, aux cachots...

-Le jeune Potter va bien?

-Oui, oui, mentit MacGonagall. Mais il a si peu de talent pour les potions, il pourrait bien faire de nouveau exploser quelque chose, un de ces jours... Alors je me disais, comme vous aviez été professeur de potions...

Soulagé, l'autre retrouva son sourire:

-Oui, bien entendu, Minerva! Dès que j'aurai un moment de libre...

-C'est une bonne chose que vous acceptiez, Horace. Vous profiterez de ces soirées en la compagnie du professeur Malfoy pour... Oh, trois fois rien, disons lui donner quelques conseils pour gérer sa colère...

Slughorn ouvrit des yeux ronds.

-Sa colère...? Mais n'est-ce pas le jeune Potter qui a fait exploser le laboratoire en plein cours?

 -Si, en effet... D'ailleurs ce ne serait pas plus mal que vous leurs fassiez profiter de votre sagesse à tous les deux.

-Mais... Je croyais que justement, Potter ne viendrait plus à ses retenues?

-Si, je ne peux pas lui retirer sa punition sous prétexte qu'il est nul en potions. Je suggère que vous profitiez tous les trois de ces soirées pour resserrer les liens entre maisons, que vous leur appreniez enfin à se tenir l'un avec l'autre...

Le pauvre Slughorn sentit ses jambes flageoler, ses bajoues frémirent d'angoisse.

-Je vous remercie, Horace. Vous serez parfaitement à la hauteur... Je vous laisse l'annoncer à Potter et Malfoy. 

 

Satisfaite, elle congédia d'un sourire et d'un geste de la main son professeur de défense contre les forces du mal. Décidément, cette matinée avait été productive.

 

 

                                   _______________

 

 

Harry s'éveilla au milieu de la nuit. La douleur dans sa poitrine et ses flancs, insupportable, lui remémora instantanément ce qu'il s'était passé.

 

Malfoy.

 

Ce traître. Il avait à peine repris conscience qu'il l'avait prévenu. "Potter. Je vais te tuer". Il ne l'avait pas pris au sérieux, avait passé une main dans les cheveux blonds et recommandé à leur propriétaire de se calmer, de lui dire ce qu'il pouvait faire, et lui avait recommandé de ne pas s'inquiéter, qu'il allait appeler madame Pomfresh.

Il avait sorti sa baguette de sa poche, fermé les yeux pour se concentrer et avait envoyé un patronus avertir l'infirmière. Quand il les rouvrit, Malefoy se redressait avec un air de dégoût- sa tête était-elle réellement en appui sur les genoux du balafré?- et le fixait avec colère.

Harry ne vit pas venir le sort. Il ne l'entendit pas prononcer.

Il ne vit que deux prunelles grises brillantes de colère, de rage accumulés, avant de sombrer dans la souffrance.

 

Apparemment, l'autre avait échoué, il ne l'avait pas tué. Sinon, comment pourrait-il ressentir la douleur provoquée par le poids très léger du drap qui couvrait son corps? Il les yeux. Il faisait encore nuit et l'infirmerie semblait vide, s'il en croyait le silence qui l'entourait. Il ne distinguait aucune respiration, ni même les vas-et-vient que faisait parfois madame Pomfresh; elle s'était certainement couchée.

Il tourna son regard myope vers son chevet. Il était vide des friandises, cartes de voeux et offrandes habituelles: il en déduit que personne n'était encore au courant de ce qui s'était passé plus tôt dans la soirée. Il en était soulagé: il n'avait pas besoin d'encore plus du publicité, ni de voir courir à son chevet Dennis Crivey. Ou même, songea-t-il avec une pointe d'angoisse, de subir les foudres de MacGonagall.

Mais soudain il réalisa ce que cela impliquait également. Si personne n'avait été mis au courant pour le moment, alors Ginny ne savait pas. Donc Ginny ne viendrait pas, puisqu'elle ne chercherait en aucun cas à savoir où il avait passé sa soirée... Il réalisa qu'il n'avait même pas eu le temps de la prévenir pour ses retenues aux cachots.

Comment était-elle devenue si froide? Elle qui auparavant s'inquiétait toujours de lui? Son coeur se serra.

 

Peu à peu, ses yeux s'habituaient à l'obscurité. Il commençait à distinguer les forme des lits, la légère lueur diffuse venant de la fenêtre (la lune? se demanda-t-il), les placards qui se dressaient dans l'obscurité. Il crut voir une silhouette assise sur le lit à côté. Il se maudit de ne jamais avoir accepté qu'on corrige sa vue magiquement, et chercha à tâtons ses lunettes sur sa table de nuit. Ses doigts touchèrent enfin, au bout de quelques secondes, la monture métallique qu'il saisit et posa maladroitement sur son nez.

Et il les vit. Les mêmes yeux gris, qui le fixaient. Mais plus de colère, plus de rage pour s'en dégager. Il n'eut pas le temps d'être surpris, ni celui de dire un seul mot: Malfoy, souplement, s'était levé au bord de son lit, et refermait les rideaux qui l'entouraient, sans le quitter des yeux.

 

Harry laissa retomber ses paupières sur ce monde étrange et s'endormit de nouveau. Après tout, ils auraient tout le temps de régler leurs problèmes le lendemain.

 

                  

                                      _________________

 

 

Voilà M'sieur-Dames! 

Prochain chapitre: Horace Slughorn donne des cours de maîtrise de la colère à un ex-mangemort et au sauveur du monde sorcier.

Yiiihaaaaaa!

Vous ouvrez les paris? Vous donnez cher de sa peau? En tout cas merci de m'avoir lue :)

 
 
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