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Aladin, Mozenrath et les sorciers
Par Aqat
Harry Potter  -  Action/Aventure  -  fr
7 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 6     Les chapitres     0 Review    
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Le vrai visage de Dumbledore

La baguette de sureau, maniée de main de maître en dépit de son arthrose, vomit un rai orange. La clé interceptée par lui fusa dans les airs du côté du vieux mage. Du moins jusqu’à ce qu’un jet de magie non moins efficient ne l’interceptât. L’objet s’en retourna à son point de départ, quatre mètres plus ou moins entre le haut sorcier et celui auquel le destinait l’infirmière.

— “ Je me suis montré fort patient jusqu’ici, géronte ”, laissa tomber Mozenrath d’une voix qui aurait suffi à congeler un lac. “ Maintenant, c’est entre vous et moi... ”

Un afflux de puissance souleva les pans de sa cape et les plis de ses riches vêtements. Le rai qui s’échappait de sa baguette tripla d’intensité, attirant la clé à lui sur les trois quarts de la distance. Le jeune sorcier avait entre-temps doucement repoussé les fauteuils sur sa droite et sa gauche, ce qui ménageait un boulevard devant lui dans la ligne droite de Dumbledore.

— “ Je n’ai rien contre toi, mon garçon ; au contraire ! Mais tant que je serai en charge de ces lieux, les règles s’appliqueront ! Aucune initiative que je n’aie cautionnée ! ”

— “ Lesquelles, de règles ? Les vôtres !? Belle réussite qu’elles vous ont value ! Un enfant pour unique barrière entre le mal et vous, et des mensonges, des contre vérités que je pressens orchestrées par vous à cette fin de garder le contrôle... Le bien ne justifie pas tout ! ”

Le rictus qui fleurit sur la lèvre inférieure du plus vieux des adversaires, peu de sorciers eussent pu se vanter de l’avoir contemplé. C’était une expression venimeuse. Elle répugnait à Dumbledore tout le premier, car, quand elle lâchait la bride sur le cou à la violence, quasiment toujours sous contrôle, enfermée dans l’âme du vieil homme, la conséquence inéluctable était la défaite, voire le trépas, du coupable de sa résurgence. Le plus que centenaire opta pour le parti qui lui rendrait le plus vite sa prise sur l’assistance : il lui fallait corriger le gamin, aussi ravala-t-il les beaux sentiments qui étaient sa seconde nature de sorte d’embrasser le pouvoir brut.

— “ Dans ta bouche ”, lança-t-il d’une voix altérée par la concentration de ses pouvoirs, “ cela sonne quasiment comme une insulte... Avec le mal que tu as répandu autour de toi, je te dénie, m’entends-tu, le droit de me faire la leçon ! ”

La montée en flèche des mauvais sentiments dans l’aura de son ami inquiéta vivement McGonagall ; elle se rappelait le duel disputé contre Grindelwald. Un souvenir plutôt cuisant ; les suites de la défaite de l’atroce mage blond avaient nécessité des trésors de patience, avec un Dumbledore à deux doigts de l’overdose magique — vindicatif, brutal et aveugle à n’importe qui ou quoi. Hors de question que cela se reproduisît ; il y avait trop en jeu, avec ce Mozenrath aux capacités inconnues désormais que la baguette de Voldemort répondait à ses ordres, et puis son camarade avait tellement vieilli depuis les derniers jours de la Seconde Guerre Mondiale chez les Moldus ! La directrice de Gryffondor déploya la considérable envergure de sa magie. “ Finite Incantatem ! ”, lança-t-elle sur la balle de force mixte occasionnée par l’opposition des pouvoirs. Son rayon atténua, puis estompa dans un pof ! retentissant, les deux attaques, ce qui eut comme effet de faire basculer la clé sur la marqueterie du sol.

— “ Minerva ! ”, rugit Dumbledore dans un geste du bras, et la grande et sèche sorcière vola contre le mur le plus proche, dans l’embrasure de la fenêtre duquel elle s’encadra une seconde avant de partir en avant et tomber sur ses genoux.

Son emprise sur le moyen d’accès à l’infirmerie fut neutralisée par une balle de magie rouge. Il ne l’avait pas sentie venir, celle-là, occupé à isoler le milieu du bureau d’éventuelles autres interventions au moyen d’un rideau d’air irisé, comme il l’avait été. Il lui était désormais si facile de soutenir la pression de la force impressionnante qu’il devinait derrière la baguette et dans les entrailles de Mozenrath... Dumbledore en apporta la démonstration en dardant ses doigts vides vers ce dernier, le cristallisant sur place à force de particules de glace. Il accrut son effort ; le givre et le froid constituèrent une véritable colonne autour de son opposant. Tout à coup, sa force fut repoussée et lui revint à la face telle un soufflet ; le sort de blizzard explosa sous une myriade de langues de feu, suivi par la décharge ambrée d’un Destructo.

— “ Pas mal, mais un peu court, papy ! ”, le narguait le sorcier d’un siècle son cadet.

L’affrontement pour la clé et la mainmise sur l’esprit des occupants du bureau reprit de plus belle. Des rayons translucides bombardaient de toute part la barrière entre les limites de laquelle s’entrechoquaient leurs forces ; elle ne donnait cependant aucun signe de vouloir se résorber tantôt. Harry en particulier s’échinait sur le quadrilatère diapré ; c’était tellement idiot de s’entre-déchirer de la sorte suite à toutes leurs épreuves... Si seulement Dumbledore parvenait à reconnaître qu’il n’avait pas la science infuse, mais que l’on pouvait avoir raison contre lui ! Il entendit ce paltoquet de Rogue vociférer un ordre à propos de la méthode suivant laquelle il convenait de s’en prendre à cette restriction. Non loin de lui, ses amis dardaient sort après sort sur le front diapré de la barrière. Malefoy pour sa part recourait carrément aux Avadas. L’idée n’était pas sotte, vu la puissance du sortilège fatal ; et ce n’était pas comme si les duellistes sur le versant intérieur de la restriction ressentaient quoi que ce fût. Le Survivant mit de ce fait en branle le pire des Sorts Impardonnables. Un laps de temps remarquablement bref vit la totalité des occupants du bureau lancer l’incantation de mort sur le front de la barrière dans une hideuse et grandiose harmonie vert vitriol.

Mozenrath suait sang et eau afin de hausser son niveau jusqu’à égaler le vieux crabe. Le gant lui manquait terriblement ; sa baguette répondait certes à la moindre de ses suggestions mentales, or le schéma qui les liait différait autant que possible de celui auquel il était rompu. Avec cette verge de bois, point d’instinct ni d’idées qui se réalisaient au travers de l’influx enchanté, mais des mots à prononcer bas, des formules à esquisser dont il ne savait pas le début du commencement d’une. Bref il improvisait. Et c’était à peine suffisant face à cette momie de malheur qu’avait quitté toute sa bonhomie, remplacée par une hostile confiance en soi. Qui pis était, il avait la certitude que l’autre n’ignorait pas qu’il était peu à peu en train de l’emporter. De l’user. La clé s’approchait de fait toujours plus près de Dumbledore ; une fois au contact de sa baguette, l’antiquité l’escamoterait et expédierait un sortilège bénin quoique incapacitant ou douloureux à celui qu’il aurait donc surpassé. Perspective absolument, entièrement inadmissible — cela eût revenu à laisser aux griffes du reptilien Voldemort Potter, la fille aux anglaises, le rouquin, le blondinet pâlichon, et les centaines, sinon les milliers, de pensionnaires qu’un aussi grand château ne pouvait pas ne pas abriter en pleine année scolaire. Cela sans parler d’Aladin. Ni des risques, très réels vu le tour pris par les événements, que son cher gantelet ne lui revînt jamais. D’aucune de ces possibilités, le sorcier pâle ne voulait, quel que fût le coût à acquitter.

Dumbledore jurait tel un Serpentard. Lui qui avait supputé qu’à son meilleur niveau le combat ne durerait guère, force était de constater qu’il avait préjugé de ses forces ! Le jeunot faisait mieux que de se défendre ; la différence de capacités entre la baguette de sureau et celle d’if héritée de Jédusor équilibrait à peine la différence de potentiel entre les duellistes. Le vénérable mage eut un frisson à cette pensée ; rien de surprenant à ce que Mozenrath eût déboulonné Voldemort avec son gant, si, armé d’une baguette d’emprunt, il lui tenait tête, à lui le sorcier célébré de par le monde comme le plus brillant émule de Merlin qu'on eût vu depuis des siècles ! A ce stade, serait vainqueur celui des deux dont la magie, ou le physique, le trahirait en dernier.

Si d’ici là les efforts des professeurs et élèves pour se frayer un chemin au travers de sa barrière ne rencontraient pas le succès. En Potter les présents à la réunion tenaient un mage de tout premier ordre, certes pas encore aussi brillant qu’un ou l’autre des adversaires, ou que Voldemort, mais incomparablement au dessus d’un Severus, trop rationnel, ou d’une Minerva, aux talents arrivés à leurs limites et bientôt déclinants.

Le dénouement approchait. Dumbledore et Mozenrath se préparaient à user de leur sorcellerie sans baguette dans ce qui serait leur suprême mouvement, lorsque un changement dans l’atmosphère magique de l’intérieur de la barrière eut lieu. Un choc sonore contre le mur recouvert de tableaux retentit, puis un nuage de fumée violette s’épancha du parterre. Devant les yeux éberlués des duellistes, il en émergea une figure humaine.

— “ Excusez, Professeur ”, entonna la voix joviale et masculine ; “ le Portoloin prêté par mon patron n’est pas du genre réglable... C’était la tour, ou les souterrains, et vous connaissez mon aversion envers les bêtes rampantes ! ”

L’arrivée de Bill Weasley offrit l’occasion aux deux grands magiciens d’asserter leur supériorité. Chacun d’eux cibla l’autre d’un Expeliarmus. Or ils avaient fait montre de la même précision et d'une force identique exactement au même instant, tant et si bien que leurs deux baguettes leur sautèrent entre les doigts au cours de la seconde suivant la fin de l’introduction du rouquin. Aussitôt la barrière enchantée disparut.

— “ Euh ”, commença Bill en promenant ses yeux sur le désordre de la pièce et le branle-bas de combat de tous les assistants ; “ j’interromps quelque chose ? ”

— “ William Arthur Weasley ”, entama Dumbledore avec un défaut notable d’assurance dans le timbre. “ Je... tu nous prends, là, quelque peu au dépourvu... Je n’imaginais pas que tu serais parmi nous aussi vite. Enfin, c’est aussi bien ainsi. ”

Minerva et Severus s’étaient précipités sur les baguettes, qu’ils maintenaient contre leur poitrail du geste de personnes peu décidées à les relâcher. Le même regard inquisiteur, si ce n’était franchement hostile, habitait leurs prunelles et celles de chacun des sorciers présents — Aladin formant exception attendu qu’il se tenait derrière Hermione et n’avait d’yeux que pour elle. Bill n’eut aucun mal à deviner que son vieux professeur et le jeune homme habillé à la mode arabique qui se dévisageaient de part et d’autre du somptueux bureau directorial couché sur le flanc, sa chaise de style partiellement détruite, n’étaient autres que le motif en raison duquel on l’avait mandé à Poudlard toutes affaires cessantes, nanti d’une concession dans le carré le plus sécurisé de Gringotts, à Londres. Le garçon brun manquait étonnamment de hâle, pour un habitué des déserts, ce qui ne trompait pas sur l’élévation de son extraction ; sa mise élégante allait de pair avec la distinction aristocratique de son visage, et la défiance hautaine qui caractérisait sa posture tant à l’égard de Dumbledore que de l’aîné des Weasley assurait ce dernier que l’inconnu avait toutes les chances du monde de s’identifier au pourquoi de la requête du directeur. Le brun dégageait une présence, un charisme certains, au plan physique aussi bien que sous le rapport de la force magique. Bill n’avait pas fréquenté les magiciens de l’ancien temps, à Thèbes, sans en retirer quelque teinture de la sorcellerie pharaonique ; et elle murmurait dans un recoin de son esprit qu’il y avait infiniment davantage derrière cette façade glaçante que ce qui frappait l’œil. La curiosité atavique aux Weasley démangeait l’employé de Gringotts. Ce fut non sans mal qu’il s’obligea à rompre le contact visuel avec le magicien au turban et focalisa sur Dumbledore un visage interrogateur.

Mozenrath, quant à lui, ne détestait rien tant que de se sentir mal à l’aise face à un beau garçon. Et charmant, le grand gaillard roux aux cheveux retenus en catogan le long d’un visage séraphique, indéniablement viril mais profilé en lignes d’une délicatesse féminine, l’était sans l’ombre d’une hésitation. La dent de reptile ou d’animal de cet ordre qui oscillait sous le lobe de son oreille gauche, faisant de l’ombre à une mâchoire volontaire et rasée de si près qu’elle se donnait pour imberbe, ajoutait la touche mutine qui terminait de rendre irrésistible l’athlète aux yeux vairon. Le charme mieux que la beauté, de laquelle il n’était pas médiocrement doté, se lisait dans l’expression ouverte en cet instant fixée sur Mozenrath avec l’espèce de naturel propre aux gens qui n’ont rien à cacher. Ce dernier trait rappelait Potter, en plus enthousiaste et charismatique chez le nouveau venu. Le Sire du Désert Noir attribua la trentaine d’années à ce Weasley — tiens donc, un parent de l’escogriffe jaloux d’Aladin ! — et, sans le vouloir dans son moi conscient, il l’accueillit avec le sourire.

— “ William Weasley ! ”, dit McGonagall en se dirigea vers lui, la baguette de sureau campée dans sa main gauche — elle avait entre-temps escamoté la sienne, à l’instar de Rogue et ses collègues professeurs, de telle sorte que les seuls élèves brandissaient encore la leur. “ Albus tenait à faire passer un test à notre nouvelle recrue, et les choses ont un peu dégénéré. Monsieur le Directeur, êtes-vous satisfait maintenant ? ”

Le vieil homme et la patronne de Gryffondor échangèrent un regard aigu, suite à quoi l’intéressé mit les mains dans ses poches et vissa son éternel air bienveillant sur son visage. Le comédien admirable ! Pour un peu, Harry et les autres jeunes s’y fussent laissés prendre. Dans l’esprit du Survivait se pressaient des foules de questions à propos de la sincérité de son mentor et des motivations réelles à toutes les cachotteries qu’il avait faites ou cautionnées envers lui. Décidément Dumbledore ne sortait pas grandi de la chute de Voldemort...

— “ On ne peut l’être davantage ”, répondit-il. “ Mozenrath l’a remporté haut la main. Bill, à propos de ce que je t’ai demandé... ”

— “ Justement, Monsieur ”, fit le rouquin en levant les deux mains afin qu’on ne l’interrompît point qu’il n’eût été au terme de ce qu’il avait à dire, “ il va être impossible de donner suite à votre requête. Gringotts vient d’être la cible d’une attaque majeure ; la nouvelle ne s’en est pas encore répandue, mais il y a des morts un peu partout, la moitié au moins des concessions les plus importantes ont été forcées et pillées, et l’incendie qui fait rage résiste à la magie de l’eau. Considérant le caractère pressant de votre demande, Monsieur, mes employeurs me placent à votre disposition, comme le Gardien du Secret de l’objet que vous entendiez nous confier, ou de son propriétaire s'il est connu de vous. Je sais que ce n’est pas vraiment ce qu’il vous fallait, mais c’est cela ou rien. ”

Dumbledore fit le tour de son bureau, redressant au passage la chaise de sa magie sans baguette. “ Voilà qui est fâcheux ”, dit-il ; “ ce que j’étais désireux d’y placer en dépôt dépasse pour la valeur le trésor des Gobelins. Ceci, jeune Weasley, a consommé la perte de Voldemort. ” Il lança le coffret dans les bras du mage de Gringotts.

— “ Je ne saisis pas ”, Bill répondit après un regard peu intéressé à son contenu. Un gant, a priori tout ce qu'il y avait d'anodin ; le prenait-on pour un simple d'esprit ? “ Il a déboulé dans la salle des opérations il y a moins d'une heure trente, flanqué de cette mégère de Lestrange, de Greyback — vous savez bien ! le chef loup-garou qui vous accompagnait, Rogue, durant le coup de main sur Poudlard, l’année dernière... —, et de quelques Mangemorts portant masque. Je me trouvais au poste de sécurité, à enchanter des passes ; je l’ai vu tuer les gardes, se frayer un chemin vers le tunnel des wagonnets, et ça a été l’enfer ! Les renforts et moi nous les avions coincés dans un embranchement ; Il a invoqué un Poltergeist ou une saleté ayant partie liée au feu, et la banque toute entière a roulé sur ses bases. Dans la panique, Scrimgeour et votre serviteur nous nous sommes faits Lestrange, alors Il contraint d’un sort le lupin à s’interposer entre lui et nos baguettes, et s’est échappé dans un panache de gaz. Vous sous-entendez qu’Il aurait transplané directement ici ? Et qu’est-ce que cette histoire au sujet de Sa perte ? ”

— “ Plus tard les questions ”, le coupa Dumbledore en replaçant sur l’arête de son nez sa paire de lorgnons. Ses prunelles bleues demeurées alertes malgré l’âge transpercèrent le sécurimage.

“ J’ai eu ton répondeur magique il y a quarante ou cinquante minutes de cela, et tu ne semblais pas lancé dans la troisième guerre mondiale à ce moment ! Tu vas devoir, je le crains, apporter la preuve que tu es qui tu prétends... ”

— “ Polynectar ? Mais vous n’y songez pas ! Je rappelle que c’est moi l’expert en philtres. Que je sentirais à plusieurs mètres le fumet de ce breuvage et des forces qu’il met en branle. Or rien de semblable ne flotte autour de ce dadais — sauf peut-être la puanteur des Gobelins ! ”

— “ Servilus dans ses œuvres ”, persifla Rémus ; “ modeste, poli, de bon aloi... ”

Harry et Mozenrath intervinrent simultanément dans la conversation en voie de devenir de plus en plus irréelle. Le second étendit le bras ; le gantelet tressaillit dans le capitonnage du coffre, avant de fuser hors de sa prison de tulle et de noyer pour recouvrir le poignet de son maître. Il s’y ajusta un éclair noir diapré de bleu, lequel s’épancha en ligne courbe et encercla la silhouette du possible mais incertain Bill Weasley. La magie se résorba immédiatement à l’intérieur des habits chiffonnés du rouquin.

Mozenrath défia du regard celui contre lequel il venait de disputer son second duel de la nuit, et le força à détourner les yeux. Il s’excusa auprès de Bill d’un mouvement du menton, suite à quoi sa voix vibrante couvrit le brouhaha provenant des présents :

— “ Nulle magie ne s’exerce sur ce type, ou ma force l’aurait neutralisée. Satisfait ? ”

— “ Vous ne croyez pas que c’est perdre son temps en vaines chicanes ? ”, embraya Potter en ignorant ostensiblement son mentor. “ Cela explique l’intervention de Tom ; il a dû sentir que Neville et son commando étaient proches de la défaite, il n’y aura pas réfléchi plus avant... Ce qu’il venait dérober dans les coffres est sans importance, maintenant ; pareillement les doutes oiseux sur l’identité de certains. Tout cela nous éloigne de la seule véritable question : oui ou non, Directeur, nous traiterez-vous comme des personnes majeures, en nous permettant d’opter pour le parti qui semblera le plus sûr à une majorité d’entre nous ? ”

— “ Mon petit Harry, ne t’y méprends pas ; la démocratie n’a guère lieu de s’appliquer ici. Nous foulerions aux pieds l’ensemble des lois qui font de nous des êtres civilisés... ”

— “ Trêve de rhétorique ! ”

L’intervention émanait de Minerva. L’assistance entière détourna les yeux vers elle. La sorcière décharnée et trop grande traversait le bureau dans sa longueur, sans forcer le pas mais non point avec lenteur, pour se camper face à son vieil ami. Dumbledore soutint son regard, avant que celui-ci ne se moirât de stupéfaction — un ample geste de la patronne de Gryffondor avait aspergé d’un liquide grumeleux le visage du directeur. Les flots de la potion dégoulinaient sur sa barbe et ses pieds, délogés par les mains frénétiques du vieillard. Il crachotait et grasseyait, dans ses tentatives pour expulser le produit dont il avait conscience qu’il en avait absorbé, si peu que ce fût, en inspirant par la bouche et le nez. Ses yeux comme fous roulaient dans ses orbites.

— “ Que m’as tu fait ? Tu n’aurais pas osé... pas avec moi ! ”

— “ J’ai osé, Albus. Cessez de vous agiter ; il est déjà trop tard. Suffisamment de Véritasérum a pénétré en vous afin de faire éclater au grand jour ce que vous dissimulez ! ”

Les bras du directeur s’étaient levés, très haut, imposants dans leurs manches et le tissu bouffant dont s’alourdissaient ses robes. Son intention de frapper McGonagall n’éveillait nulle peur ou appréhension sur les traits de son adjointe. Il n’en allait pas de même chez les présents. Un avertissement aux lèvres de chacun d’eux et leur baguette au poing, ils pressaient lentement Dumbledore contre son bureau, en lui coupant la retraite incarnée par le dégagement sur le petit salon. Jusqu’à Bill qui avait sorti sa verge de cornouiller et suivait les opérations...

Minerva fit venir une coupe argentée dont l’intérieur s’emplit d’eau au toucher de sa baguette. Elle demeura suspendue dans les airs à hauteur d'homme. La décoction de vérité, c’était notoire, donnait très soif une fois épuisés ses effets. Le haut mage regarda le récipient à la dégoûtée, partagé entre son désir de lui faire un sort et l’envie mordante de boire que la lutte qu’il livrait contre les effets confesseurs de la potion décuplait dans sa sphère buccale. Les articulations noueuses de ses mains jouaient au rythme des vagues de chaleur irrésistibles qui déferlaient sur ses membres. Ses épaules s’affaissèrent et il commença de parler à travers une bouche que l’assèchement et le mauvais vouloir déformaient affreusement. Son monologue débité d’une voix mourante était haché, entrecoupé de silences, pauses quelquefois si longues et prononcées que ceux des assistants que la confession regardait au premier chef sentaient l’impatience leur poindre les sangs. Mais Dumbledore recommençait toujours. Toujours il reprenait le fil de ses pensées et enlevait un récit qui avait semblé définitivement compromis. Un silence de mort s’était établi quand il fut près de conclure.

— “ Je ne puis admettre que violence soit faite à Tom si ce n’était légitime défense durant un affrontement... Vous voulez savoir le fin mot de cette histoire ? Personne ne m’arrachera cela ! Je perdrais définitivement la confiance de mes enseignants et des parents d’élèves, que dis-je : les parents ? celle de la communauté sorcière entière, dût ce que je ne veux à aucun prix révéler sortir des limites de cette pièce... Maudite potion ! Vous vous êtes surpassée, Minerva. Même moi, je sens que je n’y puis rien... Tous autant que vous êtes, vous vous imaginez me connaître : Dumbledore le roc, soixante ans dans la chaire de Métamorphose et jamais un jour de congés ni la visite d’un proche ! Dumbledore et son phénix, ses sucreries, ses mots de passe ridicules, l’emphase de ses discours et sa confiance aveugle dans la bonté de la nature sorcière ! Mais on a beau étendre son affection aux limites de la Terre, cela n’empêche que, certains jours, elle paraisse bien abstraite, ni qu’il vous saute aux yeux comme très vide et triste, ce temps passé à faire de jeunes braillards des sorciers bons et braves... Mon cœur, ce traître ! ne s’est accéléré pendant mon existence que deux fois. La première il y a très, très longtemps, et j’ai été déçu à un degré que vous n’imaginez pas. La seconde fois reste gravée en moi au fer rouge... L’année de l’ouverture de la Chambre des Secrets. Il était parfait, tel aucun autre mage passé ou présent. Tu l’as vu, Harry, de par la puissance du journal... J’en ai été envoûté. Vampirisé. Merlin m’a accordé la grâce qu’il n’en ait jamais rien su. Hélas, alors que je me débattais contre moi-même, la vigilance m’a fait défaut. Je savais qu’il filait du mauvais coton et tutoyait la magie noire ; je l’ai tenu à l’œil, de trop loin ainsi que je l’ai réalisé bien plus tard, mais je n’avais rien contre lui qui fût probant. Après l’obtention de ses diplômes, convaincu qu’il avait trempé dans les morts du manoir Jédusor, j’ai manoeuvré afin que sa candidature à la chaire de Défense contre les Forces du Mal n’aboutît pas. J’étais dans l’illusion la plus complète ; sa douceur apparente me cachait l’effrayante corruption de son âme... Bien des années passèrent. A son retour de clandestinité, j’eus quelque peine à reconnaître sous cet homme difforme le garçon magnifique parti de ce bureau avec le maximum à toutes ses BUSES et ASPICS. Je l’ai haï du fond de mon cœur, et malheureusement cela m’a rendu faible — s’il n’y avait eu l’amour inconditionnel de Lily Potter envers son nourrisson, Voldemort n’aurait sans nul doute jamais été renvoyé dans les limbes pour une décennie... Si vous le tuez maintenant, ou arrachez sa magie de ce corps, vous aurez démontré une clarté de décision supérieure à la mienne, et je serai ce que j’ai refusé de voir en face : un vieux fou idéaliste, accroché à des conceptions périmées. Il ne vous aura pas échappé que, lorsque je me livre à mes instincts les plus profonds, à la source de ma magie innée, je ne suis pas fondamentalement différent de Voldemort... ”

 
 
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