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au 31 Mai 21 :
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Papas
Par KalySo
Gundam Wing/AC  -  Romance/Surnaturel  -  fr
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    Chapitre 7     Les chapitres     2 Reviews    
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Septième Mois: Octobre

Septième Mois : Octobre

Le soleil d’automne perçait timidement le brouillard matinal. Lentement, avec une paresse grandissante à mesure que les jours raccourcissaient, la Nature s’éveilla. Comme à son habitude, le coucou donna le signal du début de la journée et les autres suivirent le rythme. L’hiver serait bientôt là, et il était plus que temps de faire des réserves pour ceux qui s’endormiraient bientôt pour six longs mois d’hibernation. Le vent ne soufflait pas encore en longues rafales glaciales, et la mer n’était pas encore déchaînée par les courants, mais tous savaient que ce n’était que le calme avant la tempête. Et comme l’être humain fait également partie intégrante de la Nature, certains de ces spécimens étaient également en grande agitation.

L’aube se levait à peine que déjà les résidents de la demeure Winner du Sud de la France étaient en effervescence. Ou tout du moins trois d’entre eux. Réveillés bien avant le lever du soleil, ils s’étaient réunis dans le salon privé du maître de maison et revoyaient une dernière fois le programme de la journée.

"Heero a-t-il été prévenu de notre absence ?" demanda le seul à être resté professionnel.

"Oui, je l’ai pris à part hier soir après le dîner. Et apparemment, Shin ne se doute de rien", ajouta le blond.

"Parfait. Il est hors de question qu’il participe à cette opération. Sa dernière réaction à l’évocation de MacBee (1) n’avait pas été des plus encourageantes."

"Le mieux serait qu’il ne soit au courant de rien, mais je pense que cette éventualité est à exclure d’office. D’une : il finira par l’apprendre tôt ou tard ; et de deux : une fois la grossesse achevée et la petite née, il voudra le retrouver de lui-même", fit remarquer Trowa.

"D’où la nécessité de l’appréhender avant qu’il ne soit victime légitime d’une vengeance personnelle. Bien qu’elle soit plus que compréhensible, on ne peut se permettre de perdre cette chance inouïe de mettre enfin la main sur cet homme", acheva Wufei.

"D’après les documents que nous a envoyés Lady Une, MacBee est en déplacement en Europe du nord, du côté d’Amsterdam. Avec mon jet, on peut y être avant ce midi. De là, on gagnera un petit appartement que nous avons déjà utilisé pendant la guerre et que je sais inoccupé. Ensuite, soit on intervient dans la soirée, soit le lendemain, de manière à être rentré demain après-midi", expliqua Quatre d’une voix posée.

« On se croirait vraiment revenu cinq ans en arrière » ne put s’empêcher de penser Trowa devant l’attitude de son compagnon, redevenu l’espace d’un instant l’excellent stratège d’antan.

Un sourire passa sur les lèvres de l’objet de ses pensées lorsque son empathie reçut la vague d’amour du Français. Ces derniers jours avaient été assez éprouvants pour eux. De longues discussions en explications explosives, ils étaient parvenus à mettre à plat tous les petits clashs de leur couple, le plus gros étant l’absence d’un enfant. Finalement, ils avaient opté pour l’adoption, bien que cette solution soit longue et douloureuse pour la famille, aussi bien administrativement que sentimentalement. Et Quatre était bien décidé à obtenir la garde d’un enfant sans passer par une quelconque relation familiale, politique ou professionnelle.

Et depuis cette mise au point, leur couple connaissait un essor et une communion presque aussi forte qu’à son début.

"Pour ma part, le mieux serait d’attendre le soir. Une fois qu’il sera chez lui et avec une vigilance moindre, nous n’aurons aucun mal à l’arrêter", se prononça le Chinois.

"Très bien. Cela me semble également la meilleure solution", approuva Quatre, rapidement imité par Trowa qui ne fit qu’hocher la tête. "Je préviens de suite mon pilote, à moins que tu ne préfères t’en charger, chéri ?"

Le sourire de Trowa aurait pu tout aussi bien être muni de néons qu’il n’en aurait pas été plus éclatant !

* * *

Ce ne fut que deux heures plus tard que Heero se réveilla. Le réveil à affichage digital indiquait huit heures. L’heure idéale pour commencer une journée, d’après l’ancien Soldat Parfait, mais une à deux heures trop tôt pour son compagnon, bien décidé à profiter de quelques minutes de répit, et pas tout seul si possible.

C’est ainsi qu’au moment de poser le pied par terre dans l’idée de se lever, Heero se sentit-il ceinturer et retomber en arrière sur le matelas. Immédiatement, deux bras et deux jambes lui bloquèrent toute retraite et une tête se nicha dans le creux entre son épaule et son cou. Un souffle chaud remonta jusqu’à son oreille où une voix rauque de sommeil murmura :

"Si tu fais le moindre geste, j’enclenche le mode peluche jusqu’à au moins midi. Et c’est pas négociable !"

Un léger baiser derrière le lobe et la tête se reposa, son propriétaire replongeant dans les doux limbes de Morphée pour une bonne heure.

Ne voyant pas comment se sortir de cette situation périlleuse, Heero, dont l’envie de se lever venait subitement de disparaître, s’installa de manière à tenir le natté dans ses bras, son menton posé sur le haut du crâne châtain. Et ses pensées dérivèrent. De l’annonce de la grossesse à sa fuite, de son retour à la mission foireuse, de la sortie de l’hôpital à leur arrivée ici. De sa relation avec Duo à sa relation avec Shinigami. Qui finalement, après examen poussé et consciencieux, ne différait pas tant que ça de la première. Car à bien y réfléchir, si l’on mettait de côté les quelques excès de colère de la seconde personnalité de Duo, les sentiments que Heero ressentait envers le natté ne différaient pas selon la personne qui était aux commandes. Ils entretenaient le même amour, la même douceur, la même complicité et la même harmonie que si Duo avait été en plein contrôle de ses capacités.

« Le sexe en moins, mais vu le stade avancé de la grossesse, avec l’un ou l’autre, ç’aurait été du pareil au même » pensa le Japonais amusé de ses propres pensées.

Un bougonnement se fit entendre à ses côtés et il sourit de plus belle. Ils étaient identiques. Que ce soit Duo ou Shinigami, en sa présence ils avaient les mêmes réactions, les mêmes mimiques ou expressions. Et les mêmes sentiments.

« Finalement, que ce soit l’un ou l’autre, je les aime » réalisa Heero « Ils sont faits du même bois et se protègent mutuellement, quoi qu’ils puissent en dire »

Doucement pour ne pas réveiller le natté, le brun déplaça sa main droite et la plaça délicatement sur le ventre rebondi de son compagnon. Sa fille. Leur fille était là, si près et pourtant si loin encore. Tant qu’il ne la verrait pas, qu’il ne la tiendrait pas dans ses bras, elle ne serait qu’un rêve, un fantasme juste plus réalisable que les autres. La concrétisation de sa paternité le rendait fébrile, mais une once de peur subsistait. Pas de quoi fuir, mais juste assez pour douter de ses capacités à être père. Après tout, aucun d’eux n’avait réellement eu d’exemples concrets et probants de ce rôle. A l’exception du père Maxwell, Duo n’avait connu aucune figure paternelle stable, et celle qu’Heero avait côtoyée en la personne d’Odin Lowe n’était pas des meilleures pour ce qui est de la stabilité et de l’équilibre psychologique d’un enfant. Autant dire qu’ils allaient devoir apprendre sur le tas et juger au feeling des réactions à avoir.

« Il faudra lui apprendre les bonnes manières ainsi que l’étiquette du Royaume de Sank. Je pense qu’elle y passera beaucoup de temps puisque j’ai déjà demandé à Léna d’être sa marraine. Et d’ici à ce qu’elle ait elle aussi un enfant, il n’y a qu’un pas donc… Mais Laora voudra peut-être aller dormir là-bas certains soirs ? Il faudra peut-être déménager ! Et si ça se trouve, elle se sentira mieux chez Léna que chez nous… Elle y verra une présence féminine indispensable… »

"T’as fini de te prendre la tête si tôt le matin ?"

Surpris, Heero retint in extremis un sursaut plus que malvenu, le ventre de l’Américain étant appuyé au niveau de ses côtes. Il déposa un baiser dans ses cheveux avant de lui répondre :

"Je pensais à Laora. J’ai proposé à Réléna d’être sa marraine si cela ne te pose aucun problème…"

"Aucun, il est encore trop tôt pour que j’y réfléchisse sérieusement. Mais Léna est une fille bien, une femme responsable et aimante. Elle fera une parfaite figure féminine pour la petite."

Sa voix était encore engourdie pas le sommeil et le léger rocaillement occasionné n’était pas pour déplaire à Heero. Il respira calmement et reprit le cours de ses explications :

"Je suppose qu’elle passera du temps chez Léna, et je m’inquiète un peu du fait qu’elle pourrait s’y sentir mieux que chez nous. D’autant plus si Léna lui donne un compagnon de jeu d’ici quelques mois…"

"Ah bon ! Je la croyais célibataire ?" s’exclama doucement le natté se réveillant complètement.

"Célibataire, je ne sais rien de concret, et enceinte encore moins. Mais je ne doute pas qu’elle trouvera bientôt quelqu’un qui lui corresponde et avec qui elle pourra fonder la famille qu’elle désire tant. Mais pour en revenir à nos moutons, je me disais qu’on allait devoir apprendre le rôle de père sur le tas, et que cela risquait de ne pas être facile…"

"Ca ne l’est jamais pour personne, Heero. Nous aurons juste un peu plus de trucs à gérer du genre les dessins de Papa et Maman à la maternelle, ou les réactions des parents des copains et copines quand elle voudra en inviter à dormir. Mais tout ça n’est pas insurmontable, nous y arriverons."

Un léger silence s’installa le temps que le natté se retourne sur le dos suite à une série de coups de pieds indiquant clairement que la position n’était plus très confortable vue de l’intérieur.

"Sans compter les réactions des petits copains à l’adolescence…"

"Hors de question ! Pas avant d’être majeure ! On va pas laisser la petite fréquenter n’importe qui ? Si ça se trouve, elle se fera aborder par des opposants de la paix sachant qu’elle es notre fille et qui feront pression sur elle pour…"

"Mais qu’est-ce que tu racontes !" s’exclama le châtain en rigolant. "D’une, je pense que côté majorité on n’a pas trop notre mot à dire, et de deux, elle est pas encore née et encore moins à l’âge d’avoir des petits copains. Conclusion de cette passionnante discussion : je meurs de faim et il est plus que l’heure d’investir la cuisine pour dévaliser le frigo !"

Un rapide baiser sur des lèvres aux couleurs d’un pétale de rose et le natté disparut dans la salle de bains pour enfiler un peignoir et ressortir en coup de vent de la chambre. Heero sourit, amusé de la manière dont son compagnon avait mis fin à leurs plans d’avenir plus que lointain et se leva enfin.

* * *

La bouilloire siffla et Réléna éteignit le gaz. Soulevant dans sa main droite le lourd récipient, elle versa lentement l’eau chaude dans les trois tasses disposées en triangle sur la table. Elle avait entendu les autres partir et, son sommeil léger l’empêchant de se rendormir par la suite, elle avait traîné un peu au lit avant de se décider à préparer le petit déjeuner pour ses deux amis restants. Ses lourdes responsabilités au sein de la nouvelle communauté terrestre lui avaient appris à se lever tôt et à ne plus se rendormir après avoir massacrer le réveil. Les quelques jours de vacances qu’elle s’était octroyée dans le but de soutenir ses amis tiraient à leur fin et elle appréciait d’autant plus de les choyer. La paternité de Duo lui donnait d’ailleurs des idées, et elle commençait à regretter de n’avoir personne dans sa vie trop remplie.

« Peut-être que finalement une année sabbatique serait la bienvenue » songea-t-elle en repensant aux conseils de son frère. Milliardo, malgré tout son temps occupé par Lucrézia et les affaires courantes du Royaume de Sank, avait émis le souhait que sa chère petite sœur se repose enfin de ces trop longues années d’altruisme et de défense de la paix. Ce à quoi elle avait répondu qu’elle accepterait le jour où lui serait prêt à assumer toutes les responsabilités dues à son titre de Roi de Sank. Et une énième dispute avait éclaté, sans pour autant que la jeune femme n’oublie l’idée de son frère. Mais vu la situation de ses amis, ce ne serait pas encore pour cette année.

Elle laissait donc infuser et griller les toasts lorsqu’une tornade châtaigne déboula dans la cuisine et lui colla deux bises bruyantes sur les joues avant de sauter sur un tabouret et de beurrer les premières tartines. Ils échangeaient les politesses en règle au lever quand Heero fit à son tour son entrée, les cheveux plus en bataille que dans la journée et un reste de pli sur la joue. Il embrassa sa meilleure amie qui frotta un peu sa joue en souriant, complice, et s’assit face à son compagnon tout en lui piquant le toast qu’il s’apprêtait à enfourner.

"Hee-chan ! C’est ma tartine !"

"Et bah viens la chercher si tu la veux…"

Un rapide baiser joueur et le natté reprit son beurrage de toast collectif. Réléna s’assit enfin en bout de table et sirota son thé brûlant. Elle était toujours amusée de voir à quel point ils se montraient tendres et attentionnés envers l’autre. Leur complicité n’avait jamais diminué et l’amour qui unissait ce couple en faisait son modèle de bonheur simple et émouvant. Elle secoua la tête pour chasser ses pensées un peu trop guimauve à cette heure de la journée et reporta son attention sur la conversation. Entièrement assumée par l’Américain et approuvée par le Japonais.

"Et il va falloir ramener les affaires de la puce. On a tout laissé à la maison hormis les premiers vêtements pour la maternité. A moins que j’arrive à dénicher un vieux berceau au grenier – j’ai l’impression qu’il y a de véritables trésors là-haut – on devra également le ramener… Sans compter les biberons, les couches, lingettes, sérums et autres laits. Remarque que j’ai la liste complète dans la table de nuit, mais bon je la connais par cœur et puis on a encore un peu de temps, donc…"

"Un peu de temps, à moins que tu nous fasses un prématuré", rappela Réléna. "Donc pense à te reposer. Heero et moi on pourra très bien racheter tout ce qui te manque, ou alors je peux faire affréter un avion si nécessaire."

"Oh non, je pense que les courses seront plus pratiques", opta le natté. "Et puis si jamais nous restons un peu de temps ici, il faudra demander à Quatre d’aménager une chambre pour elle. D’autant plus qu’il sera le parrain, donc quoi de plus normal ?"

"Oui, et pour ma part, je pense que mon majordome n’aura aucun mal à trouver une chambre de libre à redécorer pour ma future petite filleule", assura-t-elle d’un ton chantant. Quand veux-tu que nous allions faire les courses ?"

"Et bien, je pense que cette après-midi ce sera parfait. Après ma sieste bien évidemment !"

"Oh mais nous pouvons y aller pendant, sinon. Il ne faut pas que tu te fatigues. Tu n’auras qu’à me confier la liste et Heero et moi pourrons très bien nous débrouiller."

Un regard suspicieux en direction de son compagnon fit comprendre à Réléna que le jeune homme châtain n’avait aucune confiance dans le sens de la décoration du Japonais. Ce qu’elle devait bien lui allouer.

"Tu as raison. Peut-être ferais-tu mieux de venir avec nous…"

"Non, je t’expliquerai ce que je veux et Hee-chan n’aura qu’à sortir la carte de crédit", annonça-t-il fièrement en lui envoyant un clin d’œil.

Un déglutissement leur parvint et ils éclatèrent de rire. L’objet de la plaisanterie, bon joueur, se joignit à eux. Ils rirent quelques instants avant que le natté ne mette le doigt sur ce qui le gênait depuis leur arrivée dans la cuisine :

"Mais où sont Tro, Quat’ et Wu ?"

L’atmosphère changea radicalement et un silence embarrassé lui répondit. Son regard s’aiguisa devant le malaise de son compagnon et de son amie. Quelque chose lui disait qu’on lui cachait délibérément un élément important, et il n’avait aucun mal à deviner lequel.

"Ils l’ont retrouvé, n’est-ce pas ?"

Réléna hocha imperceptiblement la tête et Heero emprisonna délicatement une de ses mains dans les siennes et ancra son regard dans le sien.

"Ils sont en vol pour appréhender MacBee à Amsterdam. Ils seront de retour d’ici demain après-midi et l’opération, dirigée par Wufei et secondée par les Preventers, est annoncée sans aucune difficulté. Je t’assure que dans quelques heures, nous n’entendrons plus jamais parler de cette ordure."

Une profonde inspiration retentit dans la cuisine et le natté soupira longuement avant de hocher la tête en signe d’assentiment. Lentement, comme soumis à une force de gravité exceptionnelle, le châtain se leva, contourna la table et prit la direction du salon. Il se retourna néanmoins avant de franchir le seuil et planta ses yeux dans ceux de ses amis.

"Je l’interrogerai. Et il est hors de question que l’un de vous tente de m’en empêcher."

Son ton glacial fit tomber sur la pièce une atmosphère plus froide encore que quelques secondes auparavant et bientôt, ses pas s’éloignèrent et montèrent l’escalier.

Il fallut près d’une minute à chacun pour reprendre ses esprits. Réléna se leva et débarrassa la table du petit déjeuner. Elle n’avait pas imaginé que cela finirait comme ça, mais il aurait fini par l’apprendre à un moment ou un autre. Elle mit les tasses et les couverts dans l’évier puis entreprit de commencer la vaisselle. Il y avait un lave-vaisselle dans la cuisine, mais cela lui changerait les idées, ou bien l’aiderait à y mettre de l’ordre. Heero se leva à son tour, saisit un torchon et essuya la vaisselle. Le silence dans la pièce s’était allégé, mais une certaine tension persistait, et cela les mettait mal à l’aise. La jeune reine décida d’y mettre un terme :

"Pourquoi veut-il l’interroger ? Cela ne fera que remuer le couteau dans la plaie, sans mauvais jeu de mots. Il ne peut rien arriver de bon si Shin ou même Duo se retrouve face à MacBee…"

"Je le sais parfaitement, mais tu comprendras qu’il veuille se faire justice lui-même. Bien sûr, nous l’en empêcherons, mais je ne peux pas lui refuser cette entrevue, et ce pour l’unique raison qu’en tant que victime, il a le droit d’être confronté à son agresseur. La loi internationale le lui permet, et le connaissant, il en fera bon usage."

La tête blonde acquiesça. Elle aurait du s’en douter : c’est elle-même qui avait fait voter cette loi après sa propre agression trois ans auparavant (2). Mais elle n’aurait jamais pensé qu’un de ses amis en ait un jour besoin. Revenant à sa conversation avec son meilleur ami, elle aperçut un grand trouble dans son regard.

"Heero ? Qu’y a-t-il ?"

"Je me disais juste que… La confrontation… Ce serait peut-être le moyen de faire revenir Duo… Je n’ai rien contre Shin, entends-le bien, mais Duo me manque. Et je m’inquiète pour lui. J’aimerai pouvoir le consoler, le prendre dans mes bras en lui assurant que tout ira bien, toujours, que je ne l’abandonnerai jamais et que je l’aimerai pour l’éternité, mais je n’ai jamais été doué pour ce genre de déclaration. Je ne suis même pas sûr qu’il veuille de moi en revenant : il a perdu confiance alors que toute notre relation est basée sur cette confiance. Alors, si la confrontation ne marche pas, je ne sais pas quoi faire d’autre. Je pense que c’est la dernière solution."

Cette déclaration résonna dans la pièce comme le marteau d’un juge, et Réléna frissonna. Elle n’avait vu Heero aussi abattu que pendant leur crise de couple le mois précédent leur union (3). Bien sûr, ç’avait été la faute du Japonais, mais il avait vite réalisé sa connerie et son défaitisme avait presque fait peur à la jeune dirigeante. Et aujourd’hui, alors qu’ils traversaient une nouvelle crise, elle ne pouvait de nouveau que montrer qu’elle était là pour les soutenir et les aider dans leurs choix, même les plus douloureux. Finalement, être la meilleure amie des anciens pilotes de Gundam, c’était presque aussi épuisant que d’être reine du Royaume de Sank et Vice Présidente de la Communauté Interspatiale.

« Vivement que je retourne au boulot » pensa ironiquement la jeune femme.

* * *

Les marches ne craquèrent pas lorsqu’il monta l’escalier, tout comme la porte ne grinça pas quand il pénétra dans la chambre à coucher. En fait, tout était silencieux. Etrangement silencieux. Il s’avança dans la pièce, la désagréable impression d’être séparé de son corps chevillée aux tripes : il ne contrôlait plus ses mouvements, ses jambes le déplaçaient lentement mais sûrement vers le lit et son corps s’y assit sans lui demander son reste.

Il leva alors son regard vers le miroir posé sur la commode au pied du lit.

Et il comprit.

Des yeux mauves le regardaient. Des yeux remplis de tristesse et d’espoir, un soupçon de colère pointant son nez derrière le voile des interrogations.

Ils cohabitaient de nouveau. Après plus de six mois de conflits intérieurs et d’emprisonnements mutuels, ils revivaient pour la première fois côte à côte.

Il ne savait pas s’ils allaient parler, si la reprise en main de Duo allait durer une seconde ou toute la vie, une poussière de temps ou une éternité, s’il serait enfermé encore, s’ils vivraient tous les deux comme quand ils étaient enfants, si Duo allait lui abandonner son corps ou tenter de les tuer tous les deux…

Trop de questions, et sûrement autant de l’autre côté. Mais les réponses, ils ne pourraient les obtenir qu’en se parlant, et le regard qui le fixait ne lui promettait rien de bon. Et ce fut confirmé quand la voix froide, presque métallique de son double résonna implacablement dans la pièce :

"Tu t’es bien amusé ?"

Il ne lui laissa même pas le temps de répondre et enchaîna :

"Depuis quand tu te permets d’intervenir dans mes relations de la sorte ? Et qui plus est avec Heero ? Pourquoi ne t’es-tu pas tenu à l’écart comme d’habitude ! Qui t’a permis d’agir de la sorte !"

"Mais moi-même voyons", répondit Shinigami d’une voix calme, posée, contrastant avec la tempête qui faisait rage dans son esprit. "Pensais-tu pouvoir me garder enfermé indéfiniment ? Je ne faisais que reprendre mes forces avant de t’envoyer bouler au fin fond de notre inconscient ! Je n’ai pas fait attention, mais cette petite intervention qui t’est permise aujourd’hui n’est qu’un accident de parcours."

Rassemblant toutes ses forces, il reprit le dessus sur la personnalité de Duo et la renferma une nouvelle fois au plus profond de leur être, bien plus profond que précédemment. Ses yeux reprirent doucement leur teinte pailletée et le rouge prima sur le bleu dans la nuance violette. Il respira un bon coup et se rassit sur le matelas qu’il n’avait pas souvenir d’avoir quitté.

Cette incartade avec son ‘colocataire’ n’était pas de bon augure pour la suite des événements. Duo était sensé retrouver sa confiance en ses proches, mais aussi en lui Shinigami, car leurs deux existences constituaient l’équilibre mental sur lequel Duo s’était toujours appuyé, et ce depuis ses premiers souvenirs jusqu’à ce jour. Hors la haine qu’il venait de témoigner n’était pas exactement ce à quoi l’entité s’attendait. Et il craignait désormais que le retour à leur ancienne vie ne soit plus difficile que prévu.

Exténué par la dispute et par la perte d’une forte quantité d’énergie nécessaire à l’emprisonnement de Duo, Shinigami s’installa plus confortablement sur le lit, décidé à reconstituer ses forces en prévision d’une nouvelle ‘attaque’ de ce genre.

* * *

L’heure du déjeuner approchait, et son ami n’était toujours pas redescendu. L’inquiétude n’était pas encore de la partie, mais l’appréhension était quant à elle plus que présente.

"Tu crois qu’il boude encore ?" s’enquit sa meilleure amie.

"J’en sais rien", répondit évasivement Heero, "mais ça ne lui ressemble pas de rester enfermé des heures de la sorte. D’ordinaire, quand il se repose en matinée, il va au moins une fois aux toilettes et descend chercher une tranche de brioche. Là, il n’est ni allé aux toilettes, ni descendu à la cuisine."

Le voyant se mordiller la lèvre inférieure du fait d’un trop plein d’interrogations, Réléna sourit et posa une main légère sur le bras du Japonais, le faisant imperceptiblement sursauter.

"Il s’est peut-être endormi à cause de la nouvelle de ce matin. Ne t’inquiète pas. Cependant tu ferais bien d’aller le prévenir que le déjeuner sera bientôt prêt. Je sais que même s’il dort, une nouvelle pareille trouvera très bien le chemin jusqu’à son cerveau !"

Souriant maladroitement à la boutade de sa meilleure amie, Heero hocha la tête et se leva prestement. En fait, il hésitait depuis quelques minutes déjà, mais il ne savait pas comment Réléna allait réagir à le voir si tendu et… inquiet. Car même s’il avait depuis longtemps accepté la grossesse particulière de son compagnon, il n’en restait pas moins que le jour fatidique approchait et que cette perspective le rendait de plus en plus nerveux.

Tout à ses réflexions, il se retrouva bien vite devant la porte de leur chambre. Aucun bruit ne lui parvenait de l’intérieur, malgré le naturel bruyant du natté. Il tourna la poignée lentement, remettant en service ses sens de soldat et poussa le battant. L’Américain était allongé sur dos, en travers du lit, sa main droite à hauteur de son visage alors que la gauche se posait comme un petit bouclier sur son ventre, juste au dessus de son nombril légèrement ressorti. Une vague d’amour envahit le brun à cette vision et il se promit une fois de plus qu’il protègerait sa famille coûte que coûte, envers et contre tout.

Avec l’agilité d’un fauve, il grimpa sur le lit et s’allongea aux côtés du natté toujours endormi. Il fut un instant surpris de ne pas le voir s’éveiller en sursaut en sentant un poids de plus sur le matelas, mais le sommeil du châtain était plus lourd depuis les six derniers mois.

Il eut cependant à peine le temps de sourire mentalement que la main droite de l’endormi, précédemment posée près de son visage, saisit la sienne et l’étreignit dans un étau aussi puissant et destructeur que l’avait été la main d’HeavyArms quand Trowa était de mauvaise humeur. Serrant les dents devant la douleur violente et inattendue de son compagnon, Heero leva les yeux vers son visage et le découvrit tordu par une grimace de souffrance pure. Cela dura près de trente secondes, mais cela lui parut bien plus long.

Enfin, le natté desserra sa main et soupira de soulagement. Ne sachant pas ce qui venait de se passer, Heero préféra garder le silence et attendit les explications. Le silence se poursuivit quelques minutes, le natté semblant dans l’attente d’un événement qui ne vint finalement pas. Soupirant de nouveau, il s’assit précautionneusement sur le bord du matelas et respira profondément pendant une minute entière.

Plus qu’intrigué par l’étrange manège du châtain, le Japonais se décida enfin à poser la question de circonstance :

"Tout va bien ?"

Un tressaillement secoua les épaules du jeune homme assis qui se retourna vers le brun, un large sourire aux lèvres.

« Le même que celui qu’il arborait lorsque nous avons fêté notre premier Noël à la maison » ne put s’empêcher de penser Heero… Juste avant de tressaillir aux paroles prononcées comme un triomphe par l’ex-pilote de DeathScythe Hell :

"J’ai eu une contraction !"

* * *

"Mais enfin puisque je te dis que c’est inutile !"

L’exclamation amusée teintée d’un léger agacement fit sursauter la jeune femme qui manqua de lâcher son livre. Elle était plongée dans un passionnant roman d’aventure romantique un brin surnaturel du début du vingt et unième siècle : une femme se retrouvait catapultée deux cents ans dans le passé à travers un cercle de menhirs. Epoustouflant et bourré d’humour, elle avait énormément de mal à poser le volume ne serait-ce que quelques minutes depuis qu’elle l’avait commencé, mais le troupeau d’éléphants qui descendaient à l’instant l’escalier de marbre, elle ne pouvait l’ignorer. Surtout quand une boule de nerfs brune passa dans le couloir, un petit sac de voyage à la main et son compagnon natté dans l’autre.

Jetant le livre sur la table basse après avoir soigneusement marqué la page, elle déboula à son tour dans le hall pour y trouver Heero à genoux devant l’Américain et essayant malgré le fou rire de ce dernier de lui faire enfiler une paire de baskets. Face à ce spectacle aussi inattendu qu’hilarant, Réléna eut la réaction que tout humain aurait eu : elle éclata de rire !

Surpris par ce soudain éclat de voix, et réalisant qu’il ne parviendrait pas à nouer les lacets des tennis blanches, Heero releva la tête vers son amie et son compagnon, ne comprenant pas pourquoi ils rigolaient autant. Car ce n’était absolument pas le moment : Duo avait des contractions, il allait accoucher prématurément, la chambre n’était pas prête et aucune des affaires de la petite n’avait été rachetée ou rapatriée ! Il n’y avait donc pas de temps à perdre.

"Heero, je peux savoir ce qui se passe ?" parvint à articuler la jeune femme blonde qui avait fini par maîtriser son hilarité.

"Duo a des contractions, je l’emmène à l’hôpital. C’est beaucoup trop tôt, il faut se dépêcher !"

Comprenant la soudaine et pourtant inutile angoisse de son meilleur ami, Réléna commença par aider le natté à se relever, puis elle prit Heero par la main et le ramena calmement au salon où Duo les suivit, gloussant aussi discrètement que possible. La jeune dirigeante annonça alors :

"Ce n’est pas le moment, Heero. C’est tout à fait normal d’avoir quelques contractions avant l’annonce ‘officielle’. Mais cela ne sert à rien de se précipiter à l’hôpital à la moindre petite manifestation de l’envie de sortir de Laora, n’est-ce pas ? Je sais que l’agression dont Duo a été victime est susceptible de déclencher le travail plus tôt que prévu, mais vu sa tête, je pense qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter aujourd’hui."

Ladite tête acquiesça et Heero bredouilla quelques excuses, que c’était pas sa faute, qu’une visite au Dr.Piétri serait la bienvenue et que de toutes façons, c’était pas une raison pour rigoler comme des baleines. Ce à quoi le natté rétorqua qu’il était actuellement la seule baleine présente dans la pièce, compte tenu de son état. Les rires chassèrent rapidement les restes d’une quelconque angoisse.

* * *

Le reste de la journée ne vit aucun autre incident et Shinigami omit volontairement de parler de la courte réapparition de Duo, sa réaction ne pouvant que blesser Heero, ce qu’il tenait à éviter plus que tout.

Au cours de la nuit, deux nouvelles contractions le réveillèrent et au matin, rendez-vous fut pris pour l’après-midi avec Hélène Piétri pour une petite visite de contrôle. Le petit déjeuner leur apprit que Réléna n’avait plus que deux jours à passer avec eux avant la fin de ses congés et ils décidèrent de reporter les courses pour bébé à la semaine suivante.

Ce fut légèrement nerveux que les futurs pères partirent pour leur rendez-vous, bien que leur amie ait tout fait pour les rassurer.

* * *

Le gravier crissa légèrement quand la voiture stoppa au bas du perron. Immédiatement, Réléna fut sur le seuil de la porte, prête à entendre le verdict du médecin et à recueillir les réactions des concernés. Elle espérait de tout cœur que ce ne serait qu’une fausse alerte, mais elle n’était pas des plus aptes à donner un diagnostic, juste à rassurer voire à consoler. Elle avait donc patienté la majeure partie de l’après-midi dans un état d’anxiété latente et de lecture captivante.

Les deux hommes descendirent du véhicule avec une synchronisation parfaite, bien que la prudence du passager la fît sourire. Quoi qu’ils en disent, ils n’avaient rien perdu de leur coordination qui avait fait d’eux les meilleurs agents des Preventers à l’ouverture de l’agence. Leurs visages n’exprimaient rien qui aurait pu la rassurer et, bien malgré elle, elle envisagea le pire.

"Qu’a dit la gynéco ?" s’enquit-elle de suite.

L’Américain soupira et secoua la tête avant de la regarder dans les yeux, le soulagement et la malice y brillant comme jamais :

"Tout va bien ! J’ai encore un bon mois à tirer avant que Laora Maxwell-Yuy ne vienne au monde !"

Relâchant sa respiration qu’elle n’avait pas eu conscience de retenir, Réléna se joignit à son ami pour fêter la bonne nouvelle avant de reporter son attention sur son meilleur ami, étrangement silencieux dans la circonstance.

"Heero ? Qu’y a-t-il ? Tu n’es pas content ?"

Il sursauta légèrement, probablement perdu dans ses pensées, et adressa un regard un brin perdu aux deux personnes qui comptaient le plus dans son existence.

"Non… Tout va bien. C’est juste que… j’avais espéré… Mais laissez tomber, c’est pas grave !"

"Taratata, Hee-chan ! Dis tout à ton Shini préféré", minauda le natté avec un grand sourire communicatif.

"M’est d’avis", intervint Réléna, "qu’il est déçu du fait que Laora se fasse attendre. N’est-ce pas Heero ?"

Une brève rougeur sur les pommettes du Japonais leur apprit qu’elle avait vu juste et Shin lui sauta, doucement, au cou pour le consoler d’une grosse bise sur la joue.

"T’en fais pas, Hee-chan, elle arrivera quand elle jugera que ce sera le bon moment."

Heero acquiesça répondit à la bise par un légère caresse sur la joue. Puis, lui prenant la main, il monta le perron, embarqua Réléna et ils entrèrent dans la maison. En traversant le hall, la sonnerie du téléphone les arrêta et ils le fixèrent une seconde comme s’il s’était agi de l’objet le plus dangereux de tous les temps. Heero parvint finalement à sortir de sa torpeur et décrocha le combiné.

"Allô ?"

"Heero, c’est Quatre. L’opération est terminée et le suspect est sous les verrous."

"Des dégâts ?"

"Wufei et moi sommes entiers, mais Trowa a encore voulu jouer les héros et s’est pris une balle dans la cuisse. Elle est ressortie mais on va passer au QG des Prev’ pour tout remettre en état."

"Vous serez rentrés quand ?"

"D’après mes estimations, on sera là demain matin pour le petit déjeuner."

"Okay. On vous attendra. A demain."

Il raccrocha, analysant rapidement les informations que son cerveau venait d’enregistrer. Il était enfin sous les verrous. Ils seraient enfin tranquilles et pourraient se consacrer entièrement à eux-mêmes désormais.

"Qui c’était ?"

La Japonais se retourna vers son compagnon pour lui répondre mais les mots ne purent franchir ses lèvres. Les paillettes avaient disparu. Le bleu avait repris le dessus dans le mauve. Enfin il lui revenait.

"Duo ? C’est bien toi ?"

"Qui veux-tu que ce soit ?" demanda-t-il abruptement.

"Shinigami, par exemple", rétorqua Heero sur le même ton. "Sachant que cela fait plus de deux mois que je ne t’ai pas parlé, j’estime être en droit de me poser des questions !"

Le ton s’échauffait rapidement et la conversation menaçait de dégénérer. Aussi Réléna préféra-t-elle intervenir :

"Les gars ! Pas la peine de s’énerver ! Duo, je suis heureuse de te revoir mais il vaut mieux que l’on discute de tout ça dans le salon, d’accord ?"

"C’est inutile, Léna", balaya Heero sans quitter son compagnon des yeux. "Il est en colère. Laisse-nous s’il te plaît."

Ne souhaitant pas être prise à parti dans une dispute conjugale entre les deux anciens soldats (4), la jeune femme quitta rapidement le hall, laissant ses deux amis à une nouvelle crise de couple.

"Quand avais-tu l’intention de m’annoncer son arrestation ?"

"Tu l’aurais su en temps voulu. Pour le moment, je doute que cela soit raisonnable pour toi d’être confronté à cet homme. Dans ton état…"

"Mon état ! J’attends un enfant, c’est cela qui te gêne ? Je pensais que nous avions réglé le problème, mais apparemment non ! Y a-t-il autre chose qui te dérange ? Dis-le maintenant que je ne sois plus surpris !"

"Je te parle de ta perte de confiance en nous ! Et en moi, en l’occurrence ! Je pensais que ce point-là était réglé depuis longtemps !"

"Et comment crois-tu que je réagisse quand du jour au lendemain tu disparais, effrayé à l’idée d’avoir un bébé ! Je dois tout assumé et gérer la douleur en plus !"

Le ton montait encore d’un cran et Heero souhaitait plus que tout que leur dispute cesse rapidement. Une heure plus tôt, Hélène leur avait conseillé de ne pas créer de contrariété et de choc émotionnel, et là ils avaient les deux, ce qui était loin d’être bon pour la petite. Il avait peur que leur altercation n’aggrave les choses et ne provoquent de nouvelles contractions qui pourraient cette fois-ci déclencher le travail prématurément. Mais Duo continuait à s’invectiver et sa véhémence ne lui était pas coutumière.

"Sans compter que l’autre psychopathe m’a enfermé, et toi tu n’as rien fait ! Tu as accepté la situation sans rien dire, soi disant pour mon bien ! Damned shit ! Tu croyais quoi ! Qu’il allait vous protéger ! Je suis le seul à pouvoir le contrôler !"

"Je dirai plutôt qu’il te contrôle, vu la situation", contra Heero. "Il m’a tout expliqué, alors arrête de tout lui mettre sur le dos. Et si la situation ne te convient pas, tu ne peux t’en prendre qu’à toi : c’est toi qui nous as abandonné, c’est toi qui a voulu nous laisser tomber ! Alors ne viens pas dire que c’est de la faute de Shin car ça ne tient pas debout !"

La colère de Duo s’effaça instantanément, remplacée par une vague de tristesse choquée. Il reprit une respiration saccadée et ses yeux s’écarquillèrent. Il réalisa brutalement la véracité des paroles d’Heero et ouvrit la bouche pour se confondre en excuses :

"Je… n’avais pas réalisé… Ma confiance… tu l’as toujours eu mais… J’avais peur… Je suis… désolé, Hee-chan… Je… Ouch !"

Il se plia soudain en deux, les bras repliés sur son ventre et le visage crispé par la douleur. Heero fut immédiatement à ses côtés, le soutenant jusqu’au salon derrière eux. L’absence de Réléna de la pièce ne l’arrangeait pas, mais il devrait s’en contenter. Il allongea doucement Duo sur le canapé et lui prit la main, l’appelant à voix basse. Son visage était maintenant détendu mais son teint très pâle, comme extrêmement fatigué.

"Duo… Chéri, réponds-moi. Ouvre les yeux, s’il te plaît. Allez, je sais que tu peux le faire…"

Il fallut près de cinq interminable minutes pour que les paupières du natté frémissent enfin et découvrent ses pupilles.

Ses pupilles aux iris recouvertes de paillettes dorées sur un mauve tirant sur le rouge.

Heero soupira, un brin déçu par la trop brusque, dans tous les sens du terme, réapparition de son compagnon. Il laissa quelques secondes à Shinigami pour reprendre pied dans la réalité avant de lui poser les questions qui le taraudaient :

"Comment tu te sens ?"

"Ca peut aller", répondit-il d’une voix pâteuse. "Mais mes réserves sont à plat. Je risque de m’endormir à tout moment."

Heero acquiesça avant de continuer :

"Pourquoi est-il reparti ? Il m’avait pardonné, je ne comprends pas…"

"La contraction. Laora n’a pas aimé la dispute. Duo a été surpris et j’en ai profité pour reprendre le dessus. Il n’aurait de toutes façons pas supporter la douleur. Je crains de devoir assumer l’accouchement le jour venu…"

"Mais il reviendra, n’est-ce pas ?" s’enquit le Japonais.

Shinigami soupira de fatigue et ses paupières s’abaissèrent, mais il parvint néanmoins à répondre d’une voix éteinte :

"Oui, il reviendra. Mais pas tout de suite. Nos réserves sont vides et il ne tient pas à te parler pour le moment. Il a trop de choses à assimiler d’un coup. Sois patient."

Sa voix se fit murmure et sa tête bascula sur le côté, sa respiration presque inaudible et très calme. Il dormait. Rassuré, Heero s’assit à son tour sur le fauteuil face au canapé et décida qu’une sieste ne serait pas de trop. Les deux derniers jours avaient été forts en émotion.

Alors qu’il fermait les yeux, un murmure s’éleva du canapé :

"Pardonne-moi, Hee-chan."

Tsuzuku

(1) Alors là je suis vraiment désolée, mais en relisant les chapitres précédents, je me suis rendue compte qu’en réalité, Deepack est mort et que MacBee est l’homme à abattre. Je suis impardonnable, désolée !
(2) Cet épisode fera probablement l’objet d’un one-shot, mais je compte finir Papas avant de commencer quoi que ce soit.
(3) Comme je l’ai déjà dit dans un chapitre précédent, cette crise fera aussi l’objet d’un one-shot. Elle explique pas mal de choses !
(4) Non, je ne pense pas du tout à Mr and Mrs Smith, que je n’ai pas vu mais dont je connais pas mal de détails, notamment ceux des crises de couple

 

Achevée le 7 août 2005. Dernière modification le 12 juillet 2005.
 
 
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