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Le Temps de Paniquer

Note : Ce chapitre m'a demandé beaucoup de travail, je ne sais pas s'il est crédible mais c'est plus fort que moi, de temps en temps j'ai besoin de parler Poufsouffle... même au travers de la bouche de Malfoy XD

 

Bonne lecture !

 

Chapitre Quatre - Le Temps de Paniquer

 

Quelle heure pouvait-il bien être ? Seule dans sa chambre de préfète, Pansy émergeait lentement de ce qui lui semblait être le sommeil le plus comateux de son existence. Bien que sa tête lui fît atrocement mal, elle se redressa et essaya vainement de se rappeler comment elle avait atterri là, dans son lit. Elle ne souvenait que du milieu de la soirée, mais après… le vide total. Puis son regard s’arrêta sur la robe qu’elle portait la veille et la panique fit irruption dans son esprit. Quelqu’un l’avait déshabillée. Quelqu’un l’avait vue à demi-nue, quelqu’un… Pitié, dîtes-moi que c’était Millicent, implora Pansy en se jetant hors de son lit. Un violent flash de douleur la fit alors grimacer. Ça y est, elle se souvenait d’avoir trop bu. Beaucoup trop bu, à vrai dire, et son sang malmené se glaça d’effroi à l’évocation du comportement qu’elle avait dû avoir sous l’emprise de l’alcool. Tant pis, songea-t-elle, si je me suis montrée ridicule, j’assumerai. Fière comme seule peut l’être une petite aristocrate réduite à s’aimer toute seule, Pansy se fichait de l’avis d’à peu près tout le monde sur terre. Tout le monde sauf Draco, mais avec un peu de chance, il avait été trop occupé à butiner pour…

 

Pendre sa robe à un cintre ? Pansy grimaça en caressant l’étoffe soigneusement déployée. Millicent, elle, l’aurait jetée en vrac sur le fauteuil, Blaise n’aurait pas pris la peine de la déshabiller pour la mettre au lit (ou bien se serait amusé à tagger ses miroirs d’inscriptions moqueuses)… Non, il n’y avait guère que Draco pour faire cela. Le soin et la discrétion étaient signés Draco L. Malfoy, tout comme le petit mot qu’elle trouva épinglé au dos de la robe et qui vint confirmer ce qu’elle redoutait.

 

« Embarras, mal à la tête ? C’est bien fait pour toi, écrivait son ami de sa graphie élégante. J’ai laissé un flacon de dégrisement sur ta table de nuit mais j’espère que ce sera la première et la dernière fois que j’aurai à le faire. Viens me rejoindre près du lac quand tu auras refait surface. »

 

 

Près du lac, Draco fumait adossé à un arbre, tout occupé à écouter la musique que Pansy lui avait offerte. Il la regarda venir sans expression notable, ni mépris, ni jugement, et la jeune femme le maudit d’être si beau, si odieusement parfait, et de ne pas être à elle. La gueule de bois n’était rien à côté du désir qui la harcelait en permanence, elle aurait encore préféré se réveiller chaque matin avec un marteau piqueur dans la tête plutôt que de crever d’amour pour lui.

 

-       Assieds-toi, lui proposa le Serpentard. Je déteste ça, mais il va bien falloir qu’on parle.

-       Si tu veux, dit Pansy. C’est toi qui m’a… ?

 

Le blond hocha la tête.

 

-       Oh Draco, tu n’aurais jamais dû me voir comme cela. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne me souviens de rien… Pitié, dis-moi que je ne me suis pas donnée en spectacle !

-       Non, rassure-toi. Tu as été très malade et je t’ai ramenée dans ta chambre, mais ce n’est pas de cela que je veux parler.

 

De quoi d’autre, alors ? Ses yeux, de la couleur exacte du lac, étaient emprunts d’une gravité tout à fait inquiétante. Pansy se mit à caresser nerveusement le sol sur lequel elle était assise, à arracher de petits brins d’herbe tandis que Draco fixait le lointain, manifestement gêné.

 

-       Quand tu étais ivre, lui confia-t-il, tu m’as dit un truc… perturbant. J’aimerais savoir si c’était vrai.

-       Quoi ? demanda Pansy, tendue, au comble de l’angoisse.

 

Draco darda son regard dans le sien, hésitant.

 

-       Tu m’as dit que tu m’aimais.

-       Ah. J’ai dit ça ?

 

Pansy se mit à contempler le lac à son tour. Elle n’avait plus qu’à lancer un Stupefix pour immobiliser Draco pendant qu’elle courrait y noyer sa honte. Elle ne s’était jamais sentie si désespérée, si pitoyable qu’en cet instant intenable où son secret lui échappait, ridicule. Il allait l’éconduire d’un instant à l’autre et c’en serait fini de leur amitié, de ses espoirs, de sa vie. Pansy pria pour trouver la force de ne pas fuir, de ne pas se montrer plus pitoyable qu’elle n’avait déjà dû l’être… Sans même s’en rendre compte, elle tâtonna à la recherche de son pendentif et ne le lâcha plus, contractée en un semblant de dignité factice.

 

-       Oui, et tu avais l’air sincère. Excuse-moi de te poser la question mais ça expliquerait tellement de choses… Si tu m’aimes et que tu en souffres au point de te souler, il faut me le dire ! Sis’ ?

 

Drôle de chose que le courage. On croit en avoir plein quand on trouve la force, jour après jour, de se lever et de faire face à un quotidien pénible, mais c’est finalement quand on en a le plus besoin qu’on en manque. Quand la vérité nous pétrifie et qu’on ne fait que s’enliser dans l’océan de lâcheté qu’on a au fond du cœur.

 

-       Tu ne vas pas te mettre à pleurer, hein ? s’inquiéta Draco.

-       Et puis quoi encore ? répondit Pansy, la main crispée sur la tête de dragon.

 

Elle éprouva le besoin soudain de se relever, non pas pour dominer son interlocuteur mais juste pour se mouvoir, se donner une contenance.

 

-       J’aurais voulu que tu ne l’apprennes jamais, dit-elle en tendant la main pour l’aider à se relever également, mais puisque cela m’a échappé… Je t’en supplie, oublie cela. Je t’aime mais je n’attends rien de toi, on n’a qu’à tout oublier et…

 

Draco lui prit la main mais resta assis-là, à la retenir.

 

-       Faire comme si de rien n’était ? compléta-t-il, dubitatif. Non, il faut qu’on mette tout ça au clair, tu te sentiras mieux après.

-       Très sincèrement, Draco, j’en doute, répliqua Pansy en récupérant sa main pour ne pas fondre en larmes. D’ailleurs c’est inutile, je sais ce que tu vas me dire : tu es immature, je suis trop bien pour toi… Le genre de trucs que tu dois sortir à toutes tes conquêtes au moment de les larguer, non ?

-       Erreur, je prends rarement cette peine et cela n’a rien à voir avec la situation actuelle. Mais peut-être que c’est toi qui es immature.

-       Quoi ?

-       Ben oui : si tu m’aimes, c’est forcément que tu te berces d’illusion ou que tu crois encore au prince charmant parce que, crois-moi, il n’y a rien de vraiment aimable en moi.

 

L’incrédulité se peignit sur le visage de la jeune femme alors que ces mots polluaient son cerveau, y soulevant l’indignation.

 

-       Si je ne t’aimais pas, je te giflerais pour avoir osé dire cela, lui répondit-elle froidement. Je ne me berce pas d’illusions, je ne suis pas ce genre de filles. Je sais pertinemment que tu n’es pas un prince charmant, ni un crapaud d’ailleurs. Tu es ce que tu es, qu’est-ce que je pourrais bien vouloir de plus ?

-       Oh, je ne sais pas, ironisa Draco en se remettant sur pied, autre chose qu’un fils de mangemort pourri jusqu’à la moelle ?

-       C’est comme ça que tu te perçois ?

 

Draco haussa les épaules.

 

-       Ou peut-être quelqu’un d’assez normal, d’assez intelligent pour t’aimer comme tu le mérites, ne voir que toi et se sentir capable de faire ton bonheur ? Parce que ça ne sera jamais mon cas, Sissy, et je t’aime trop pour accepter ce que tu m’offres.

 

Pansy ferma les yeux un bref instant, souhaitant devenir sourde.

 

-       Draco, je n’ai vraiment pas envie d’entendre cela. Tais-toi, s’il te plait. C’est parfaitement ridicule, on se croirait dans une de ces séries moldues… Je ne t’ai rien demandé !

-       Je savais que cette conversation risquait d’être pénible.

-       Alors mets-y un terme ! s’écria-t-elle, plus énervée qu’elle ne pensait l’être. Tous ces sentiments réveillent ma nausée d’hier.

-       Je ne peux pas, répondit-il doucement. Si la vérité doit te blesser, alors il vaut mieux qu’elle le fasse une bonne fois pour toutes. C’est l’ami qui te parle. Je préférerais encore que tu me détestes, tout plutôt que d’aimer un type comme moi.

-       Merci du conseil, répliqua-t-elle d’un ton sarcastique, mais l’ennui, tu vois, c’est que tu t’y prends un peu tard. Fallait y penser avant de naître. Maintenant c’est mort, tu n’arriveras pas à me dégoûter de toi.

 

Draco rougit et Pansy, transpercée de tendresse, le couva d’un petit sourire douloureux. Tout en lui la bouleversait, y compris la façon qu’avait sa peau de trahir sa sensibilité insoupçonnée.

 

-       Je n’aurais jamais pensé que… Je suis désolé. De tout. Désolé de t’avoir donné de faux espoirs, désolé de ne pas m’en être rendu compte, désolé pour toutes ces filles, désolé de…

-       Stop. Un désolé de plus et je te vomis dessus, le prévint la Serpentarde d’un ton ferme. Non mais qu’est-ce qui te prend ? Tu n’as pas à t’excuser de ne pas ressentir la même chose, c’est comme ça, un point c’est tout.

 

Le blond hocha la tête, désolé quand même.

 

-       Tu es vraiment une personne magnifique, lui dit-il, ses yeux glissant sur elle comme s’il la regardait pour la première fois.

-       C’est ça, grinça son amie. J’ai du sang Vélane, tu n’avais pas remarqué ?

 

Draco sourit.

 

-       Les Vélanes n’ont pas ton charme piquant. Je veux que tu le saches : si je ne t’aime pas, c’est parce que je t’adore. Ce que je ressens pour toi, c’est tellement plus simple, tellement plus fort qu’une banale envie de… Enfin, regarde-nous, on n’arrive même pas à en parler ! Je cherche mes mots pour la première fois depuis que je te connais et toi aussi, tu es mal à l’aise…

 

Ça, Pansy ne pouvait le nier. Ils avaient l’air de deux parfaits nigauds, les mains dans les poches, à donner de petits coups de pieds dans la terre tout en se parlant Poufsouffle… La plupart de leurs amis Serpentards se seraient gaussés en les voyant ; Théo leur aurait lancé quelque chose du genre «Bordel, mais  envoyez-vous en l’air une bonne fois pour toute, le problème sera réglé ! » et les autres auraient parié sur les chances de voir Pansy accéder à la fortune des Malfoy… Pansy savait juste qu’après une conversation pareille, elle devrait avaler au moins trois somnifères pour espérer dormir.

 

-       Pourquoi tout compliquer, lui dit-il, pourquoi nous tromper de relations ?

 

Parce que j’y crois, songea Pansy. J’y croirai pour deux, s’il le faut.

 

-       Cette conversation est inutile, trancha-t-elle enfin. Tu vois ces chiens qui n’aspirent qu’à se jeter sur les miettes de repas que leurs maîtres veulent bien leur laisser ? Qui s’accommodent de tout pourvu qu’ils aient le droit de rester à leurs pieds ? Ou mieux, tu vois comment se comportent les elfes de maison ?

 

Draco acquiesça, cherchant où elle voulait en venir.

 

-       Et ben c’est horrible à dire, mais… c’est mon cas. Je sais, ne me regarde pas comme ça. C’est juste une comparaison, Draco. C’est juste pour dire que, même si je serai toujours jalouse de celles que tu toucheras, que je rêverai toujours de tout ce que tu pourrais me donner, au fond ton amitié me comble déjà. J’espère tout mais je n’attends rien de toi, tu comprends ? Je serai toujours là et tu suffiras toujours à mon bonheur, même partiel.

-       Et hier ? objecta Draco. Arrête-moi si je me trompe mais il m’a semblé que tu baignais davantage dans l’alcool que dans un bonheur partiel ! Millicent m’a dit que c’était de ma faute.

-       Millicent parle trop. Et nous aussi d’ailleurs ! Si on m’avait dit qu’un jour je me livrerais autant, je me serais coupé la langue sans hésiter. Hier soir était une erreur. S’il te plait, retournons au château et n’en parlons plus.

-       Ok, attend juste un instant, lui dit Draco avant d’accéder à sa demande.

 

Et là, sans prévenir, il la prit dans ses bras. D’abord trop surprise pour comprendre, puis pour réaliser, que le paradis était terrestre et que ses portes venaient de s’ouvrir et de se refermer sur elle, Pansy se raidit. Ces bras-là la serraient plus fort que ne l’avaient jamais fait ceux de sa mère, de son père ou de Dilis. Elle comprenait à présent à quel point cela lui avait manqué et se demanda comment elle avait pu grandir jusqu’ici en recevant si peu d’amour, mais la réponse s’appelait Draco et valait toutes les enfances heureuses, justifiait tous les manques imaginables. Totalement déconcertée, elle finit par fondre et s’accrocher à son ami autant que lui s’accrochait à sa taille, semblant ne plus vouloir la lâcher. Par Merlin ! Elle ignorait que Draco était capable de tels gestes mais c’était bien dans son cou qu’elle enfouissait la tête, ses cheveux blonds qu’elle avait sous le nez. Plus que fraternelle et à peine moins que fusionnelle, cette étreinte remplaçait tous les mots qu’ils avaient échangés.

 

-       Merci, lui murmura Draco en cet instant divin, la berçant imperceptiblement et l’enveloppant de son parfum.

-       C’est moi qui te remercie.

 

Quand elle pensait qu’un quart des gens de ce château disaient que Draco était un bloc de glace, un apollon au cœur de pierre ! Il était merveilleux. Il lui rappelait cette chanson moldue qu’elle avait découvert grâce à Dilis, leur elfe de maison étant secrètement passionnée par l’univers moldu : ‘l’amour que nous ne ferons jamais ensemble est le plus beau, le plus violent, le plus pur, le plus enivrant’… Il n’y avait plus de chagrin en elle, plus vraiment de honte ou de jalousie… Elle venait de se faire une raison.

 

... to be continued !

 

A bientôt si ça vous a plu ! 

 
 
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