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au 31 Mai 21 :
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contenant 15226 chapitres
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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
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    Chapitre 10     Les chapitres     28 Reviews    
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Le jour de Noël

NdA : Bonjouuuuuuur ! (ou plutôt bonsoir/ bonne nuit vu l'heure...). I'm back :D (ça va commencer à devenir une habitude ^^'). Mais cette fois ci j'ai fini tous mes concours ! Je dois encore trouver un appart' puisque je quitte la maison pour continuer mes études ailleurs mais ça me laisse beaucoup plus de temps pour écrire.

Voilà donc le chapitre 10~ Je l'ai fait assez long, histoire de me faire pardonner de mon énième retard prolongé. Vous remarquerez peut être un changement de style par rapport à avant (j'ai essayé de faire en sorte que ça ne se voie pas trop mais bon...), la raison est simple, j'ai commencé d'autres fictions, dans un autre fandom, et je trouvais ma manière d'écrire bien trop guindée... Du coup y'a du dépoussiérage en cours et ça déteint probablement ici. Désolée d'avance si ça vous gène >.<

Bref, merci d'avoir lu et bon chapitre !

 

 

 

Chapitre 10- Le jour de Noël

 

 

Ça faisait une semaine. Une semaine que Léna était en infiltration à Hillsborough et qu'elle faisait son travail à la perfection. Une semaine de Padma galérait à contrôler les liés, parce qu'aussi doués soient-ils, quand l'un était en danger, l'autre marchait à l’instinct, son cerveau se mettant en 'mute'. Pas question de laisser son binôme en mauvaise position ne serait-ce qu'une seconde, même si cela aurait permis une action qui leur aurait sauvé la mise à tous les deux. L'auror en choppait des migraines, mais n'était pas plus étonnée que ça, face à un vrai danger, un lien mal dominé prenait forcement le dessus...

Une semaine également qu’Anaïs bossait avec ses tuteurs, s'étant très bien intégrée. Sauf que leur première mission finie, Harry avait été obligé de les envoyer en Irlande du nord, les événements commençant à l'inquiéter. Il avait longuement hésité, mais finalement le manque d'effectif avait fait pencher la balance. Et les aurors l'avaient assuré qu’Anaïs était au point.

Une semaine que le groupe de Patrick était sur une autre mission et que Tony, Philip et Sidley passaient leur temps à classer les infos renvoyées par Léna, à vérifier tout leur équipement et à monopoliser la salle d’entraînement. Ils sentaient tous que le moment d'attaquer arrivait à grand pas. Harry avait recommencé à se ronger les ongles.

 

De son côté, ça faisait une semaine que Draco hésitait à se rendre au rendez-vous proposé. Il avait lu la lettre une bonne dizaine de fois, cherchant à deviner qui avait pu l'écrire, mais rien à faire, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Pour ne pas arranger les choses, il avait croisé plusieurs fois un des auror de Potter, l’espèce de géant à la peau basanée. Et à chaque fois celui-ci n'avait pas manqué de lui décrocher un de ses sourires hautement contagieux. Il avait échangé quelques mots avec lui, d'abord de mauvaise grâce et parce que l'autre voulait le remercier pour les informations qu'il avait donné, mais il avait fini par apprécier ces courts échanges. Sidley avait la même gentillesse et chaleur que celle que Blaise essayait de cacher pour se donner un masque de méchant serpentard. Ce genre de gentillesse qui fait culpabiliser quand on va à son encontre.

Il renversa sa tête sur le dossier du fauteuil, balançant le papier sur la table basse. Il avait encore trois jours pour se décider. Au début, il s'était dit qu'y aller serait peut être une bonne idée, puisque quel que soit son choix définitif, ça ne lui fermait aucune porte : soit les rejoindre, soit aider Potter avec les info qu'il aurait récupéré au rendez-vous. Sauf qu'une autre lettre était venu changer la donne deux jours après la première.

 

Cher ami,

 

Nous avons été étonnés de vous voir assez régulièrement en compagnie de Potter ces derniers temps. Nous en avons conclu que vous étiez déjà en train de récolter des informations au sommet de cette hiérarchie pourrie de l’intérieur pour aider notre cause. Nous en sommes ravis, nous aimons les personnes avec de bonnes initiatives autant que nous exécrons les traîtres.

 

 

Décryptée, le message qu'elle contenait était clair. S'il allait au rendez-vous, il ne pourrait plus faire marche arrière, il en saurait déjà trop. Et ceux qui en savent trop, on les élimine.

Ça voulait aussi dire qu'il était surveillé d'une manière ou d'une autre, à moins que ce soit un coup de bluff. Après tout pas mal de bruits concernant leur pseudo-amitié couraient en ce moment dans le ministère, ce n'était pas dur de tendre l'oreille.

Dans tous les cas, Draco espérait qu'ils n'appliquaient pas la même règle que leur ancien mentor, à savoir « les bons sorciers qui ne rejoignent pas mon camps ne rejoindront pas non plus celui de l'ennemi. » . Il allait devoir redoubler de prudence.

 

Un soupir franchit ses lèvres. Il en avait marre de se prendre la tête. En plus, aussi claires et fondées soient ses analyses, rien ne l’apaisait. Il avait toujours cet espèce de poids désagréable en travers de la poitrine. Il laissa courir son regard autour de lui. Tout était impeccablement bien rangé, comme d'habitude. Même son hibou se tenait parfaitement immobile sur son perchoir.

Tiens, d'ailleurs, en parlant de hibou, ça faisait un moment qu'il n'avait pas vu Archimède. Il avait bien remarqué qu'elle se nourrissait dans la mangeoire de Denaï ou en volant dans la cuisine. Il avait plusieurs fois retrouvé des traces de ses larcins, mais elle refusait de se monter. Elle avait vraiment eu peur de sa dernière menace. Ou sinon elle l'avait juste mal pris, et elle boudait. Draco secoua la tête en souriant. Fallait pas exagérer non plus, c'était d'un piaf qu'il parlait, pas d'un être humain.

 

« Archimède ! »

 

Denaï sursauta puis gonfla ses plumes avant de s'assoupir de nouveau.

 

Silence.

 

« Archimède ! Montre toi sale piaf ! »

 

Silence. En même temps, ce n'était peut-être pas la manière la plus diplomatique qui soit pour la faire sortir de son trou. Le blond reprit donc sur un ton plus doux.

 

« Archimède. Arrête de bouder et viens, je te ferais pas de mal, promis. Et tu dois crever la dalle.»

 

Toujours rien.

 

«Tu es comme ton maître niveau caractère, hein... »

 

Elle était morte ou quoi ?

 

« Allez viens, on fait la paix je te dis. »

 

Il déposa sur la table basse une coupelle avec un biscuit émietté et quelques fruits sec qu'il était allé chercher dans la cuisine puis croisa les bras.

Un très léger craquement le fit sourire mais il ne bougea pas. Puis un crissement de griffes sur le parquet. Toujours immobile et les bras croisé, Draco finit par l’apercevoir. Elle contourna le fauteuil du blond en restant à bonne distance, releva la tête en se sentant observée, lui rendit son regard pendant quelques secondes, la tête presque complètement enfouie dans ses plumes, puis reprit son chemin jusqu'à la table le tout en restant à même le sol, avançant avec une démarche de pingouin.

Draco faillit éclater de rire mais ce n'était pas le moment de la froisser. Il la regarda donc sauter sur la table en s'aidant d'un coup d'aile et picorer en quelques secondes la totalité de ce qui se trouvait dans l’assiette. Puis elle lâcha un ronronnement satisfait.

 

« T'es l'oiseau le plus étrange que je connaisse... »

 

Elle pencha la tête sur le côté en l'observant.

 

« Et voilà que je parle à un piaf maintenant. » Grommela Draco en soupirant. Mais il reprit quand même. « Je vais enfin répondre à ton maître. Contente? »

 

Pour toute réponse, elle étira ses ailes au maximum et s’ébouriffa les plumes.

 

Alors il attrapa de quoi écrire et se mit à la tâche. Sauf que c'était plus facile à dire qu'a faire. Il ne savait pas par quoi commencer, ni que dire. Il n'avait pas envie de lui envoyer de piques pour une fois. Et penser à lui ramenait les inquiétudes liées au rendez-vous avec l'organisation rebelle.

Il reposa sa plume.

 

« Je sais pas quoi dire. » Lâcha il à voix haute.

 

Bizarrement, Archimède n'essaya pas de le scalper pour le forcer à reprendre. Au contraire, elle se rapprocha en quelques bonds et frotta sa tête contre son bras.

 

« Je suis sûr que tu as des gènes de chats. C'est pas possible autrement... »

 

Draco se mordilla la lèvres quelques secondes avant de se pencher sur le papier.

 

Potter,

 

Ta chouette va se laisser dépérir si je te réponds pas. Elle boudait et refusait de se montrer.

C'est complètement con mais je sais pas trop quoi t'écrire en fait. C'était sympa au chaudron baveur, du coup j'ai pas spécialement envie de commencer à te balancer des piques. Tu disais dans ta première lettre que tu voulais pas que j'aie changé. Faut croire que malgré tout, si, j'ai changé...

 

Faut vraiment que tu m'expliques ce qui se passe avec Archi', elle s'est perchée sur mon épaule et ronronne en continu depuis deux minutes.

Je n'arrive pas à savoir jusqu'à quel point elle comprends ce que je lui dis, soit elle est super conne et a des réactions tellement générales qu'elles peuvent être comprises comme des réponses réfléchies pour à peu près tout, soit elle est super intelligente et fait exprès de nous répondre à moitié pour nous forcer à réfléchir par nous même. Dans tous les cas, elle est intrigante.

 

Draco M.

 

 

Il allait vraiment envoyer ça ? Dire qu'il avait pas d'inspiration était un euphémisme là... En même temps, c'était plus simple de parler à quelqu'un qu'on avait en face de soit. De toute façon, Archimède avait décidé que cela suffisait. Elle s'était emparée de la lettre et fuyait vers la fenêtre, n'ayant clairement pas envie que le jeune homme change d'avis et renonce à envoyer le message.

 

« Attends idiote ! Il pleut dehors, ça va devenir illisible ! »

 

Rien à faire, comme la fenêtre du salon était fermée, elle se dirigeait vers celle de la chambre de Draco, encore entrouverte.

 

Le blond jura et lui courut après, balançant un sortilège d'imperméabilisation. Raté. Au moins Archimède ne souffrirait pas de la pluie. Le deuxième essai fut plus concluant, il toucha la lettre une demi seconde avant que l'oiseau ne s'engouffre dehors, probablement en réalité bien plus pressé de se dégourdir les ailes que d'apporter la lettre à son maître.

 

Le silence retomba dans la maison.

Est-ce que ç'avait été une si bonne idée d'aller boire un verre avec Potter ? Être heureux et profiter de la présence de quelqu'un, ça ne lui était pas arrivé depuis un moment et il était en train d'y reprendre goût. Du coup, il se sentait seul. Il soupira, c'était une réaction complètement humaine après tout mais ça le rendait faible, il n'aimait pas ça.

 

 

 

Une goutte d'eau dévala le long de son nez. Puis une deuxième. Draco ouvrit les yeux. Il s'était endormi en travers de son lit, tout habillé. Archimède, dégoulinante d'eau de pluie – le sortilège avait dû prendre fin-, était de retour, perchée sur une accroche murale juste au dessus de lui. Et il aurait mis sa main à couper qu'elle l'avait fait exprès pour qu'il se prenne de l'eau sur la tronche. Sale piaf.

Mais il n'eut pas le temps de râler, elle lui lâcha la lettre sur le nez et repartit se percher en haut de son armoire.

 

 

Draco,

 

Idem, donc les piques ça attendra.

Y'a que les imbéciles qui changent pas d'avis pas vrai ? (C'est un proverbe moldu...) Donc ça ne me dérange pas tant que ça que tu aies changé. Tant que c'est en bien.

 

Draco sourit légèrement. Il pouvait presque deviner le regard amusé du brun en écrivant ces lignes.

 

Archimède est unique, ça c'est clair. T'as de la chance qu'elle t'aie accepté, c'est rare... d'habitude elle fuit ou agresse les gens qui s'approchent de trop près. Je lui ai appris à se tenir à peu près bien quand elle livre le courrier -mais tu as vu par toi même qu'elle a tendance à n'en faire qu'a sa tête- pour le reste, c'est une rustre. Elle fait même peur à Pattenrond, le chat d'Hermione, tu sais, cette espèce de boule rousse poilue et insupportable...

Si elle grimpe sur ton épaule, ronronne ou se frotte contre toi, c'est que c'est fini pour toi, tu t'en débarrassera plus jamais. Elle est affectueuse ET collante. Bienvenue au club.

Personnellement, je pense qu'elle est très intelligente, peut être même plus que nous. Parfois elle donne l'impression que ses actions vont toutes dans le même sens, comme si elle préparait quelque chose. Un peu comme si elle avait un but qui nous dépassait. Enfin c'est comme ça qu'Hermione l'analyse... C'est peut être un peu tiré par les cheveux.

 

Te force pas à me répondre toute suite, de toute façon elle m'obligerait à te ré-écrire. Elle a décidé qu'elle dormait chez toi. Elle a dû trouver un coin confortable.

 

Harry.

 

 

Draco ne réussit pas à faire disparaître son sourire ce soir là. C'était con, mais il était de bonne humeur.

 

 

 

Harry vérifia pour la dixième fois que le col de sa chemise retombait bien et que son pull ne faisait pas de plis bizarre. Comme ça, peut-être que Mme Weasley s'abstiendrait d'essayer de remettre sa tenue en place. Pour les cheveux, s'était autre chose, mais normalement, elle était trop petite pour l'atteindre. Et puis de toute façon il n'y avait rien à faire, nid d'oiseau un jour, nid d'oiseau toujours.

 

Par réflexe, il attrapa ses clés et les mis dans sa poche. Sa baguette suffisait amplement mais c'était un de ces petits gestes du quotidien inutile et rassurant qu'il aimait à faire.

 

« Effie ! J'y vais ! »

 

La petite elfe trottina jusqu'à la porte en souriant. Elle lui tendit le bouquet de fleurs qu'elle venait de retirer du vase. Elle avait même attaché les tiges avec un petit ruban violet en plus de la feuille de plastique transparent.

 

« Merci. Je serais de retour pour le dîner normalement.

-Mme Weasley risque de ne pas vouloir vous laisser revenir. Surtout le jour de noël » Lâcha Effie avec un air amusé. Harry sourit et ébouriffa un peu plus ses cheveux.

 

« Possible qu'elle ne se contente pas de m'avoir uniquement pour le déjeuner. Et connaissant Hermione, je vais avoir du mal à m’éclipser. »

 

En vérité, il savait très bien que personne ne le laisserai quitter la maison Weasley après le déjeuner. C'était juste ce qu'ils disaient pour que son côté rustre et solitaire ne panique pas. Une excuse débile que Molly avait inventé pour être sûre profiter de celui qu'elle considérait comme son fils adoptif pendant un maximum de temps.

 

L'elfe hocha la tête avant de conclure :

 

« Je ne m'inquiéterai pas si je ne vous vois pas revenir aussi tôt que prévu. »

 

Son maître lui sourit puis sortit en la laissant fermer la porte derrière lui. Cette petite était bien plus qu'une elfe de maison à ce niveau là. L'instinct maternel d'Hermione l'avait influencée à un point assez impressionnant. Elle avait toujours la discrétion propre à sa race et savait parfaitement faire oublier sa présence dans la maison, mais elle indiquait par de petites actions comme celle de la minute précédente qu'elle était comme une ombre protectrice qui ne l'abandonnerai pas.

 

Harry referma les pans de son manteau autour de lui. L'hiver anglais était rude. La neige s'était remise à tomber quelques jours plus tôt et elle était maintenant bien installée, même en plein Londres, près du ministère. Le vent lui fouettait le visage, emmêlant encore plus ses cheveux si cela était possible.

Il rejoignit en vitesse le petit sentier qui menait vers la foret qui bordait sa banlieue londonnienne calme et silencieuse. Il avait voulu profiter du calme avant de rejoindre la ruche qu'allait être la maison Weasley, mais il commençait à sentir les degrés négatifs un peu trop précisément à son goût. Une fois sûr d'être hors de vu de qui que ce soit, il ferma les yeux et transplana.

 

Le maison Weasley rougeoyait, envoyant de grandes traces lumineuse dans l'étendue blanche du jardin. Des rires joyeux retentissaient à l’intérieur. Harry observa pendant quelques secondes le nuage de fumée quitter sa bouche et se disperser dans l'air froid avant de s'avancer jusqu'à la porte. Il n’eut qu'à donner un très léger coup sur le bois usé pour entendre des pas précipités de l'autre côté. Le visage ravi de Mme Weasley apparut dans l’encadrement. Une bouffée de chaleur et une délicieuse odeur de dinde submergèrent Harry.

 

« Bonjour Moll- » Mais il n'eut pas le temps que finir sa phrase que la petite bonne femme l'avait tiré contre elle pour le serrer de toutes ses forces.

« Mon petit Harry ! Quelle joie de te voir enfin ! Entre, entre, tout le monde est déjà là ! »

 

En effet, le salon était pris d'assaut par une quinzaine de personnes, tous répartis sur les canapés et fauteuils qui entouraient une table basse garnie d’amuse-gueules.

Le brun retira son manteau et alla les saluer les uns après les autres. Ron lui donna une vigoureuse tape sur l'épaule en rigolant.

 

« Alors mon vieux ? Quoi de neuf ? Ça va au ministère ?

-Ah non, on avait dit qu'on ne parlait pas boulot ! » Intervint Hermione en poussant son petit-ami pour pouvoir étreindre Harry.

 

L'ambiance chaleureuse de la maison Weasley lui avait manqué. Cette effervescence de vie qui donnait le tournis, c'était bien loin de son quotidien à lui. Mais il manquait quelques personnes qu'il aurait aimé voir. Il ne s'habituerait probablement jamais aux noëls sans Lupin, Tonk et Fred. Bizarrement, Ginny manquait aussi à l'appel. Pas qu'il en soit vraiment déçu, il n'aurait de toute façon pas trop su quoi lui dire.

 

« Ginny a un match dans très peu de temps, elle n'a pas pu faire le déplacement. » Lui expliqua la mère de l’intéressée.

 

« Ouai, elle avait surtout peur de prendre trop de kilos à cause de ta cuisine et de ne plus être aussi rapide. » Rigola George avant de d'esquiver habilement une taloche de sa mère. « Mais c'est pas une critique ! Moi j'ai rien contre ta cuisine maman ! »

 

Molly fit mine de ne pas entendre et, un léger sourire sur les lèvres, elle le força à se pousser pour faire de la place à Harry. Il se retrouvait coincé entre le dernier des jumeau et Fleur, qui s'empressa de lui demander de ses nouvelles avec son accent français à couper au couteau. Elle était enceinte jusqu'aux dents, Bill souriant niaisement à ses côtés.

 

Naturellement la conversation dévia sur chacun des convives, passant par le bébé qui ne tarderait pas à montrer le bout de son nez, par Percy qui avait « enfin » une petite amie, absente car avec sa famille, et finalement par Ginny et son fiancé. L'expression de Mme Weasley s'était assombrie à l'entente du nom de sa fille. Elle ne pu s’empêcher un petit commentaire, comme quoi elle aurait préféré avoir Harry comme beau-fils, et récolta les regards noirs de tous ses fils. Le brun s'empressa de dissiper la mauvaise ambiance qui commençait à pointer le bout de son nez.

 

« Ne vous inquiétez pas, hein. Ginny et moi, ça fait longtemps que c'est terminé, ça ne me dérange pas de parler d'elle et je lui souhaite beaucoup de bonheur. »

 

Et il ne se forçait même pas. Il avait bel et bien tourné la page. Son cœur ne battait plus pour elle.

 

« Et Seamus est quelqu'un de bien.

-J'espère ! En tout cas il a intérêt à assumer ses actes ! » Fit Molly avec un air furieux.

« Ses actes ? »

 

Le silence s'installa autour de la table. Le genre de silence qui veut dire que tout le monde est au courant de quelque chose sauf vous. Assez désagréable. Finalement c'est Hermione qui prit la parole.

 

« On vient d'apprendre que Ginny est enceinte. D'un mois seulement, donc elle peut encore participer aux match de son équipe, mais elle devra bientôt arrêter. »

 

Harry cligna des yeux plusieurs fois, laissant l'information faire son chemin dans ses neurones.

 

« Mais c'est génial ! Pourquoi ça vous pose un problème Mme Weasley ? »

 

L’intéressée avait l'air passablement surprise, elle devait sûrement s'attendre -comme toutes les autres personnes autour de cette table- à une réaction moins enthousiaste. Elle avait l'air d'imaginer que son gendre idéal allait se battre pour récupérer sa fille. Sauf que, manque de bol, ledit gendre n'en avait plus rien à faire. Ce n'était plus les sourires de Ginny qui lui donnaient envie de se lever le matin. Ce n'était plus son regard qu'il cherchait par automatisme quand il était entouré d'inconnus.

 

M. Weasley répondit à la place de sa femme.

 

« On trouve Ginevra très jeune pour avoir un enfant.

-Si cela peut vous rassurer, je pense qu'elle comme Seamus sont très matures pour leurs âges. Vu tout ce par quoi ils sont passés... »

 

Ron approuva les dires de son meilleur ami en secouant vivement la tête. Il avait l'air soulagé d'avoir Harry de son côté, probablement qu'il supportait cette discussion depuis que la nouvelle était tombée.

 

Le four sonna, coupant Molly avant qu'elle ne puisse répondre. Ils se levèrent tous pour rejoindre la salle à manger, oubliant en quelques seconde ce dont ils étaient en train de parler. Les dindes de noël des Weasley étaient bien plus digne d'attention que les inquiétudes maternelles de Molly. Ou alors c'était juste que tout le monde était content d'échapper à une discussion qui n'arriverait pas à les mettre d'accord, quoi qu'ils aient comme arguments.

 

« J'ai fait la dinde pour ce midi, ce soir ce sera plus léger. Sinon on ne pourra pas danser. »

 

Sourires de toute la tablée. Mme Weasley tenait, chaque année, à ce que ses invités « s'amusent ». Comprenez qu'elle mettait de vieux morceaux des années soixante et obligeait ses fils à danser avec elle. Et comme ils voulaient faire plaisir à leur mère, aucun n'avait eu le courage de lui demander d'arrêter. Ou au moins de changer de playlist.

 

« Je croyais que j'étais invité pour le déjeuné seulement... » Fit Harry avec un sourire.

« Tu pensais sérieusement que ma mère te laisserait partir ? » Rigola Ron.

« Fuis Harry, fuis pendant qu'il en est encore temps. » Souffla George du coin de la table, suffisamment doucement pour que seuls Harry, Ron, Hermione et Percy puissent entendre. Le reste de la tablée ne compris pas pourquoi ils éclataient de rire.

 

Comme d'habitude, le repas préparé par Molly était délicieux. Et comme d'habitude, elle était curieuse. Harry n'avait pas avalé trois bouchées qu'elle se tournait vers lui.

 

« Au fait mon chéri, tu ne nous as pas dit. Tu as quelqu'un en ce moment ? »

 

Au moins, elle n'y allait pas par quatre chemins. Ron et George cachèrent leur fou-rire derrière leur serviette, Hermione leur lançant un regard d'avertissement. Ils ne sauraient jamais se tenir à table ces deux là.

 

« Non. Non, je n'ai personne. » Répondit Harry en piquant un fard sans trop savoir pourquoi.

« Au fait ! Je voulais te poser une question ! S'écria Percy en relevant la tête. Il y a beaucoup de bruits qui courent au ministère en ce moment... C'est vrai que tu es ami avec Malfoy ? »

 

Tous les regards se braquèrent sur lui.

 

« Euh... Amis, non, je ne dirais pas ça. On se parle juste de temps en temps. Enfin, on s'écrit...

-Vous vous écrivez ? » La tête de Ron était assez hilarante. Un peu comme celle de toutes les autres personnes autour de la table en fait. Sauf Hermione. Elle n'avait pas l'air plus surprise que ça.

« Oui. En fait il m'a écrit une lettre il y a quelques mois, pour me remercier de l'avoir défendu devant la cour de justice. Un torchon de servilité et de gentillesse. Je l'ai remis à sa place, Malfoy reconnaissant, ça me semblait vraiment pas normal. Et finalement on a continué à s'écrire.

-Vous arrivez à faire ça sans vous insulter ?

-Il a changé Ron. Tu sais, au fond, je pense qu'il a surtout manqué d'attention. Et il est né dans la mauvaise famille. »

 

Son meilleurs ami le regardait avec des yeux ronds. Il ne s'attendait pas à ce qu'il prenne la défense de son ancien ennemi.

 

« Je t'assure Ron, on est allés boire un verre il y peu de temps, il peut être très sympa...

-Boire un verre ? »

 

Bon, convaincre le rouquin -et sa famille- que Malfoy était quelqu'un de fréquentable n'allait pas être facile.

 

« Et Archi' l'aime bien. »

 

Hermione sourit.

 

« Vous voyez, si Archimède s'est attachée à lui, c'est qu'au fond, il doit pas être bien méchant. »

 

Ron grommela quelque chose comme « je fais pas confiance à une chouette bizarre » mais finit par hausser les épaules.

 

« Tu fais comme tu veux vieux. Mais c'est Malfoy quoi... »

 

La conversation dévia -merci Hermione- mais l'esprit d'Harry resta sur le blond. Il commençait à l'apprécier. Il n'aurait pas cru cela possible, mais il espérait maintenant avoir d'autres occasions pour le voir. Sa compagnie était agréable. Bien sûr, il fallait faire attention à ce dont ils allaient parler, Draco se vexait facilement quand on abordait certains sujet sensibles. Mais il l'aimait bien. Il avait découvert que son rire était très doux. Et lorsqu’il souriait vraiment, ses yeux se plissaient jusqu'à former deux demi-lunes pétillantes. C'était joli à voir.

 

 

C'est vers 17h qu'un gros hibou brun vint toquer à la fenêtre. Les mots « Pour M. Potter » étaient écrit sur l'enveloppe à l'encre noire, d'une manière sèche et rapide. Mme Weasley lui tendit la lettre après un instant d'hésitation. Elle aurait aimé le garder loin de son travail, de ses obligations et de ses inquiétudes, mais c'était peut-être urgent. Tout le monde vaquait à ses occupations, certains discutaient au coin du feu, d'autre jouaient à un jeu de société sorcier incompréhensible. Tout le monde riait. Harry aussi. Puis il décacheta l'enveloppe et commença à lire. Son sourire disparut progressivement. Certains commençaient à le regarder d'un air inquiet. Il leur offrit un pâle sourire et expliqua qu'une affaire urgente allait l'obliger à écourter sa visite. Même Molly n'en fit pas toute une histoire, elle avait compris que ce devait être quelque chose de grave.

 

La neige crissait sous ses pas alors qu'il s'éloignait du terrier. Les mots qu'il venait de lire tournoyaient dans son esprit.

 

M.Potter,

 

Nous venons de recevoir un message de l'unité 4, actuellement en mission en Irlande du nord. Nous vous le transmettons.

 

''Avons été attaqués par surprise par des sorciers noirs. Nous avons la certitude qu'ils sont liés aux émeutes. Demande urgente de rapatriement de corps. L'apprentie de notre unité, Anaïs Prévot a été tuée.''

 

Nous avons accédé à leur demande. Il ne reste sur place que les deux autres membres de l'unité. Nous demandons l'autorisation de les faire rentrer à Londres. Il ne resterait sur place que les unités 3, 5 et 12, mais nous pensons qu'il est impératif de placer les deux aurors restant en cellule psychologique, compte tenu de la violence des événements.

 

Bureau pscho-médical du ministère

 

Les doigts tremblants, il sortit un stylo de la poche intérieure de sa veste et gribouilla une réponse hâtive avant de tendre la lettre au hibou qui l'avait suivi. Il sentait les regards de ceux qui étaient encore dans le terrier le suivre. Il hâta le pas, les poing serrés jusqu'au sang, ses ongles ayant percé sa peau sans difficulté. Dès qu'il fut sorti de la zone de protection de la maison, il transplana, ne laissant derrière lui qu'un tourbillon de neige, des traces de pas et quelques gouttes. Certaines rouges, d'autres incolores.

 

 

Draco était installé tranquillement dans son salon, un gros volume de « potions et mixture » sur les genoux. Il tournait distraitement les pages, attendant de tomber sur quelque chose qui pourrait l'éclairer. Il était tombé sur un terme incompréhensible dans le dernier livre qu'il avait acheté et s'en était remis à la bible de potionniste pour essayer de comprendre. Mais cela faisait une bonne heure qu'il ne trouvait rien. Une après-midi comme les autres. Il essayait de refouler dans un coin de sa tête que c'était le jour de noël et qu'encore une fois, il était complètement seul. Un piaillement douloureux retenti dans sa chambre. Il releva la tête en fronçant les sourcils.

 

« Archimède, si tu fais des conneries dans ma chambre, je te jure que ça va mal se passer ! »

 

Une demi seconde plus tard un boule de plume traversa la pièce à toute allure et s'écrasa lourdement contre la vitre fermée.

 

« Mais t'es folle ? Demande moi si tu veux que je t'ouvre ! »

 

Mais l'oiseau semblait pris de folie. Il se précipita une seconde fois sur la fenêtre, essayant d'attaquer la poignée avec ses serres. Évidement cela ne servit à rien. La chouette se posa sur le rebord d'un guéridon en tournant sa tête dans tout les sens, comme si elle cherchait désespérément quelque chose. Interloqué, Draco posa son livre en oubliant de marquer la page et s'avança doucement vers elle.

 

« Archimède ? Ça va ma vieille ? »

 

Elle interrompit tous ses mouvements à l'entente de la voix grave du jeune homme. Ses yeux jaunes se posèrent sur lui. Puis elle lâcha un long cri douloureusement aigu et, tout en restant en vol comme elle pouvait, elle agrippa la manche du pull de Draco.

 

« Doucement. Doucement Archi... »

 

Mais rien à faire, elle semblait de nouveau être prise de folie. Elle desserra ses griffes et se précipita cette fois sur la porte d'entrée, grattant le bois avant de retourner vers le blond en lui piaillant dans les oreilles. Celui-ci, complètement dépassé, leva les mains en l'air pour essayer de la calmer.

 

« Archimède qu'est-ce qui se passe ? Calme toi ma belle. »

 

Elle l'ignora superbement et se repris la porte de plein fouet en gérant mal son demi-tour. Draco l'observa avec horreur essayer de s'accrocher au bois, ne réussissant qu'à se blesser un peu plus, quelques plumes virevoltant jusqu'au sol. Au bout d'une trentaine de secondes, elle finit par se laisser lourdement tomber sur la moquette.

Le jeune homme s'approcha doucement. Il renonça à la prendre dans ses bras après avoir évité un méchant coup de bec et préféra entrouvrir la porte en essayant de ne pas lui faire plus de mal. Un courant d'air gelé parsemé de flocons fit voler ses cheveux et il plissa les yeux face à tant de blancheur. Archimède se redressa immédiatement et, d'un coup d'aile laborieux, elle se ré-agrippa à sa manche pour le tirer dehors.

 

« D'accord Archimède, d'accord ! Je te suis, j'ai compris ! Laisse moi juste enfiler un manteau. »

 

Il agita sa baguette de sa main libre, récupéra le vêtement fourré qui arrivait vers lui à toute vitesse et sortit. La chouette le lâcha aussitôt pour s'envoler un peu plus haut, vérifiant toute les deux secondes qu'il la suivait bien. Il claqua la porte derrière lui et enfila son manteau en courant derrière elle. Elle ne lui avait jamais fait un truc pareil. C'était la reine des emmerdeuse, mais là, quelque chose de grave avait dû arriver. Il chercha ses gants au fond de sa poche. Ses mains étaient déjà gelées. Il remonta son col jusqu'à son nez et enfonça son bonnet sur sa tête. Un piaillement furieux lui parvint entre les bourrasques de vent : il n'allait pas assez vite au goût d'Archimède.

 

Elle le fit courir comme ça pendant tellement de temps qu'il fini par arrêter de chercher à comprendre où elle l'emmenait. Il arrêta de penser tout court. Qu'est-ce qu'il foutait là, dans le froid, à suivre une chouette il ne savait où ? Aucune idée, il l'avait suivit, point. Son instinct l'avait poussé à le faire. Au fond de lui il savait que si Archimède l'avait obligé à venir avec elle, c'est qu'il avait un rôle à jouer. Il ne savait pas ce qui l'avait mise dans cet état, mais ça devait être lié à son maître, d'une manière ou d'une autre.

 

Son visage était en train de geler. Ses lèvres étaient devenues violettes à cause du froid. La neige couvrait ses épaules. Il n'était plus qu'une ombre noire dans la tempête blanche qui envahissait les rues de la banlieue qu'il traversait. Il ne savait pas où il était non plus. Ils n'allaient pas vers le centre de Londres en tout cas. Les maisons commençaient à s'espacer.

 

Ses pas étaient de plus en plus lourds. Ses jambes raides commençaient à avoir du mal à la porter. Heureusement, le vent s'était calmé. Un silence pesant écrasait le quartier. Seul le crissement de la neige sous ses pas brisait le silence. Il marchait, son souffle court l’empêchant de courir derrière Archimède. Elle avait ralenti, elle aussi. Voler dans la tempête l'avait sûrement épuisée. Brusquement, elle vira sur le côté, quittant la route. Draco ne posa pas de question et s'engagea à sa suite. Des arbres entièrement blanc ployant sous leur fardeau bordaient le chemin. Impossible de savoir depuis combien de temps il marchait, mais il se serait cru en pleine campagne si les maisons d'un quartier résidentiel n'étaient pas encore visibles derrière son épaule.

Deux-trois minutes plus tard, après avoir longé une petite forêt puis avoir traversé un ruisseau gelé et être passé sous un rideau d'arbres enneigés, il se retrouva dans une petite clairière bordée de peupliers. Une silhouette sombre était près de l'un d'eux, s'arrachant la peau à frapper sur l'écorce, hurlant sa douleur au vent froid de l'hiver. Draco avait l'impression de se retrouver devant la même scène que celle à laquelle il avait assisté une bonne heure plus tôt. Sauf que ce n'était plus l'oiseau cette fois, c'était le maître. Qui venait de s'effondrer à genoux, des sanglots agitant toujours ses épaules. Les jambes de Draco se réveillèrent brusquement, le portant jusqu'à son ancien ennemi. Il était mal en point. Ses mains saignaient, de petits morceaux de bois étant resté coincés dans les plaies, ses yeux étaient rouges, sa peau était rougie par le froid et ses lèvres étaient complètement bleues. Il était au sol, vulnérable. Le blond s'arrêta. Potter ne l'avait pas encore remarqué. Il était faible et facilement maîtrisable. S'il lui jetait un sort maintenant et qu'il rejoignait l'organisation rebelle, ce n'était pas seulement une place de choix qu'il aurait. Il serait de nouveau respecté. Admiré. Il regagnerai son rang. Sa main s'arrêta à quelques centimètres de sa baguette et son regard croisa celui d'Archimède, posée à même la neige. Il cligna des yeux et sentit une vague de culpabilité l'envahir. Jurant silencieusement, il laissa filer sa chance de gloire et combla la distance qui le séparait du brun.

 

« Pot... Harry ! Harry, qu'est-ce que tu fous ? »

 

L’intéressé ne lui répondit pas, il ne fit que poser son regard vide sur lui. Draco s'agenouilla, l'humidité transperçant son pantalon trop fin.

 

« Tu es complètement gelé ! T'es malade ou quoi ? Vient là imbécile ! »

 

Harry cligna des yeux en sentant un bras entourer ses épaule et son flanc gauche se réchauffer au contact d'un autre être humain. Il fronça les sourcil, semblant enfin être revenu à lui.

 

« Draco ? Qu'est-ce que tu fais là ?

-Archimède. Elle a piqué une crise avant de me traîner de force dans la tempête et de me faire marcher pendant des heures. »

 

Ils tournèrent en même temps la tête vers la chouette. Elle n'avait pas bougé, toujours à moitié enfoncée dans la neige, la tête légèrement penchée sur le côté. Elle les fixait de ses yeux jaunes, complètement immobile.

 

« Je suis désolé, qu'elle t'ait fait chier.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Pardon ?

-Qu'est-ce qui t'es arrivé ? »

 

Harry sembla hésiter une seconde.

 

« C'est... c'est con...

-Si ça t'a mis dans cet état, j'en doute.

-Ma réaction, pas la chose en elle même. »

 

Le brun baissa la tête, refusant de croiser le regard de Draco. Il ne comprenait pas pourquoi Archimède l'avait ramené. Il ne comprenait pas non plus pourquoi il était agenouillé à côté de lui, sa main passant un peu maladroitement dans son dos pour le réconforter. Mais il n'allait pas s'en plaindre. Sa chaleur commençait à lui parvenir, même s'il grelottait toujours autant.

 

« Je... j'ai reçu un message du ministère. Tu es au courant de ce qui se passe en Irlande du Nord ? »

 

Draco hocha la tête, il en avait entendu parler au boulot et plusieurs journaux titraient à ce sujet.

 

« J'ai plusieurs unités qui sont sur le terrain. On pense qu'une organisation terroriste sorcière est sur le coup. »

 

Il s'interrompit, fixant le blond, comme s'il essayait de lire quelque chose dans le gris de ses prunelles. Draco se crispa.

 

« Tu penses que j'y suis lié ? »

 

Le silence s'étira pendant quelques secondes. Puis Harry le brisa d'un ton ferme.

 

« Non. Tu es un sale gosse prétentieux qui a été confronté à des choix aussi affreux les uns que les autres, pas un connard qui tue des gens juste pour foutre la merde.

-Pourtant, à Poudlard, t'avais l'air de me considérer comme ça, comme un connard.

-Et c'était réciproque. Mais c'était avant. »

 

Le blond hocha la tête, un très léger sourire étirant ses lèvres fines. La voix d'Harry trembla légèrement quand il reprit.

 

« Une de mes unités s'est fait attaquer par surprise. On s'est fait avoir comme des bleus. Et Anaïs est morte. C'était une apprentie Draco. Elle avait quasiment notre âge. Elle était doué, intelligente. Elle allait avoir une carrière brillante ! Bordel. J'étais responsable de cette gosse. »

 

Sa voix se brisa, un sanglot secouant ses épaules. Le blond ne savait pas quoi dire. Il préféra donc se taire, époussetant la neige qui s'était accumulée sur les épaules d'Harry.

 

« Des fois, je me dis qu'il faut que j'arrête. Que je ne supporte plus ça. Avoir une responsabilité sur la vie de quelqu'un, c'est la chose la plus affreuse au monde. J'en ai marre. J'en ai marre de voir les gens mourir autour de moi. Je pensais qu'avec la fin de la guerre tout s’arrangerait. »

 

Il essuya rageusement une larme qui roulait le long de sa joue.

 

« Mais en fait non, des gens meurent sans arrêt autour de moi. Ça ne s'arrêtera jamais ! J'en peut plus de voir leurs visages à chaque fois que je ferme les yeux.

-Tu n'es pas responsable Harry...

-Bien sûr que si ! Je n'aurais jamais du l'envoyer là bas ! J'aurais dû être moins con et me rendre compte que la situation était bien plus grave que ce que l'on pensait, j'aurais dû arrêter de placer cette affaire au second plan. »

 

Draco se mordit la lèvre, cherchant un moyen de stopper les larmes qui s'étaient remises à couler en flot continu sur les joues rougies.

 

« Tu ne peux pas tout prévoir... Et tout le monde sait que c'est un métier risqué.

-Je n'ai aucune excuse, je l'ai envoyé à la mort comme tant d'autre parce que je n'étais pas foutu d'analyser une situation. »

 

Le blond fronça les sourcil.

 

« Harry. Arrête. Oui des gens sont morts et oui, des gens mourront. Parce que même si la guerre est finie, il y a encore pas mal de problèmes à régler. Mais arrête de penser aux morts, pense aux vivants ! Tu réalises le nombre de personne que tu as sauvé en tuant Voldemort ? En menant à bien une mission avec tes aurors ? Bordel lève la tête et regarde moi ! Je suis là ! Rappelle moi grâce à qui ? »

 

Le ton était monté sans qu'il le veuille vraiment. Harry le regardait avec un air passablement surpris, mais au moins il ne pleurait plus.

 

« Putain, tu réalises que Draco Malfoy est en train d'essayer de te remonter le moral ? Je te jure que tu me paiera ça. Toi aussi Archimède !»

 

Un rire étouffé sortit de la gorge du brun, ses grands yeux verts se remettant à pétiller.

 

« Merci. Et désolé qu'elle t'ai dérangé pour ça, je dois te sembler bien pathétique.

-Non, humain. Et c'est plutôt rassurant de s'en rendre compte. »

 

Un roucoulement leur fit lever la tête. Archimède gonfla ses plumes, l'air clairement satisfaite.

 

« Ta chouette est bizarre.

-Je sais. »

 

Draco se redressa, tendant sa main pour aider Harry à faire de même. Il dû le soutenir pour qu'il tienne debout, ses jambes étant trop gelées pour lui répondre correctement. En tournant la tête, il vit que l'oiseau, toujours au sol, les suivait du regard. Si elle avait eu visage humain, Draco aurait mis sa main à couper qu'elle aurait été en train de sourire d'un air bienveillant. Ses lèvres s'étirèrent, la remerciant silencieusement. Pour une fois, c'était lui qui était utile à quelqu'un. Lui dont on dépendait. Son cœur se réchauffa. Il se sentait presque investi d'une mission divine. Une mission divine donnée par un piaf ? Bon d'accord, il s'emballait peut-être un peu. Il resserra son emprise sur Harry et transplana.

 

 

La chaleur commençait doucement à se répandre dans leur membres frigorifiés. Le thé au miel préparé par Draco y contribuait beaucoup. En observant la pièce autour de lui, Harry réalisait une fois de plus à quel point son ancien rival était seul. Puis son regard était tombé sur les gros volumes posés sur la table basse. Il avait oublié que le serpentard aimait autant les potion. Pas sûr qu'il l'ai jamais remarqué d'ailleurs, dans sa tête, s'il avait des bonnes notes avec Rogue c'est parce que c'était son parrain. Il avait toujours refusé d'admettre que leur professeur n'aurait jamais fait de faveurs à un élève, quel qu'il soit. Draco fut ravi de répondre à ses questions et il eu la surprise de découvrir une nouvelle facette du blond, un passionné qui s’émerveillait comme un gamin devant chaque découverte. Vers 21 heures, leur estomac les rappelèrent à l'ordre. Se souvenant que c'était quand même le soir de Noël, ils essayèrent de cuisiner quelque chose de digne de l'occasion. Harry n'avait pas fait mine de vouloir partir et Draco ne l'y avait pas non plus poussé. Il appréciait sa compagnie. Ils discutaient et rigolaient comme s'ils n'avaient jamais été ennemis, comme si la guerre ne les avait jamais placés dans des camps opposés. Après une série de fou-rires incontrôlables, un fond de casserole brûlé et le sauvetage in extremis d'un plat en porcelaine, ils purent se mettre à table. Ce n'était objectivement pas aussi bon que les repas de Mme Weasley, mais ils y firent honneur comme si c'était un festin royal.

 

Puis Draco obligea Harry à retourner s'installer sur le canapé. Il commençait à sentir les effets secondaires de sa crise, ses yeux papillonnaient, et le blond ne voulait pas risquer de voir toute sa vaisselle rejoindre le sol.

 

« C'est le Noël le plus bizarre de toute ma vie. » Lâcha Harry en baillant.

« Tu m'étonnes. Si ça peut te rassurer, c'est réciproque. Mais vois les choses du bon côté, tu ne recevra pas un de ces ignoble pulls tricotés main que vous étiez toujours obligés de porter le lendemain ton pote rouquin et toi.

-Les pulls de Mme Weasley ? T'inquiète pas que dès que je rentre, j'en trouve un au coin de ma cheminée. Faudrait que j'arrive à lui dire un jour que je ne grandis plus vraiment et que ce n'est pas la peine de m'en faire un nouveau chaque année. Ou plutôt non, je demanderai à Ron de le faire. »

 

Draco sourit en portant sa tasse de tisane à ses lèvres. Harry l'avait traité de petit vieux en découvrant cette habitude de boire une infusion après le repas, mais finalement il avait lui aussi sa tasse entre ses mains et la buvait gorgée par gorgée en observant un des rares tableau qui ornait le mur. C'était agréable de voir quelqu'un déambuler dans son salon. D'avoir une présence à ses côté. Ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé.

 

« C'est joli.

-C'est le résultat d'une des potions-peintre de mon grand-père. Je l'ai trouvé dans un de ses carnet. C'est assez impressionnant ce truc. »

 

Harry approuva d'un signe de tête tandis que le blond se levait pour se resservir, sa tasse étant déjà vide. Un bruit de porcelaine brisée le fit lever la tête et il retourna rapidement au salon.

 

« Harry ? »

 

Le brun était au milieu de la pièce, sa tasse en morceau à ses pieds. Il tenait une enveloppe grise entre ses doigts. Draco sentit son sang sa glacer. Il avait oublié de brûler cette fichue lettre des rebelles et Potter l'avait maintenant sous les yeux. Son regard émeraude rencontra le sien, sa main ayant déjà rejoint sa baguette.

 

« Tu comptais faire quoi Malfoy ? Me vendre à ces types ?

-Non, Harry, c'est pas ce que tu crois...

-Ou alors tu espérais endormir ma méfiance pour que je te révèle des informations ?

-Non, Harry, je...

-Et le pire c'est que je commençait à vraiment te faire confiance. Je suis vraiment con. »

 

Le visage de Draco se crispa. Ce qu'il entendait lui faisait mal, bien plus que raison. Mais il n’eut pas le temps d'essayer de s'expliquer, Harry lui jeta un regard plein de mépris et transplana sans dire un mot de plus, gardant la lettre comme pièce à conviction.

 

Le silence retomba sur la pièce. Seul le balancier de l'horloge se faisait entendre. Draco se laissa glisser le long du mur. Son cerveau était en ébullition, il n'arrivait plus à émettre une seule pensée construite. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait mal.

 

 

.oOo.

 

Woohooo~ Je suis en train d'écrire le suivant mais l'histoire est finie dans ma tête donc ça devrait pas être trop dur.

J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis !

À la prochaine :) !

 
 
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