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au 31 Mai 21 :
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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
21 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 20     Les chapitres     28 Reviews    
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Retour

­Titre : Parce que rien n’a changé

Auteur : Ketchupee

Disclaming : Tous les personnages appartiennent à J.K. Rowling, de même pour l’univers où ils évoluent. L’histoire, ce sont mes délires personnels, la pauvre J.K.R. n’y est pour rien XD. Par contre, Sidley Demon, Anthony Hawlker et Philip Schant sont à moi :3 (idem pour les apprentis et tous les gens dont le nom n’apparaît pas dans le livre).

 

NdA : Je suis encore et toujours super lente à écrire et poster ^^' (Mais j'ai fait mon mémoire, passé mon diplôme et commencé à travailler donc je ne suis pas une flemmarde, promis, je suis juste un poil occupée... Pour tout vous dire, j'ai pu finir ce chapitre uniquement parce que je suis en pause après m'être fait arracher les dents de sagesse).

J'ai dû couper ce chapitre pour ne pas que vous attendiez un an de plus, mais il fait quand même une taille décente, pas de panique. Merci à tous ceux qui lisent (et commentent!) encore, vous n'imaginez pas à quel point ça me fait plaisir.

 

 

Chapitre 20 - Retour

 

 

Draco oscillait entre somnolence et violentes prises de conscience de la réalité, lorsque son bras se rappelait douloureusement à lui. Il voguait dans un brouillard dense dans lequel son seul point d'accroche était le torse d'Harry contre son dos et ses bras fermement serrés autour de lui, mais même comme ça, la sensation de flottement un peu nauséeuse ne le quittait pas. Les trois aurors étaient toujours penchés autour du bracelet, mais il aurait été bien incapable de dire depuis combien de temps et s'ils arrivaient au bout de leurs peines. Une vague de douleur se répandit dans son bras, son visage se crispant. Il tourna la tête, appuyant son front contre le cou du brun. Celui-ci serra doucement ses doigts entre les siens avant de bouger légèrement pour pouvoir murmurer contre son oreille.

 

« Tu es réveillé ? »

 

Draco répondit d'un grognement interrogatif et Harry lui expliqua, toujours à voix basse, qu'il avait sombré une dizaine de minutes après que FanYu se soit réellement mis au travail. Un contrecoup dû au trop plein de magie qui circulait en lui en ce moment. Le blond hocha la tête difficilement pour montrer qu'il avait bien entendu, mais il ne réussit pas à maintenir ses yeux ouverts, replongeant dans le cauchemar brumeux dans lequel il se perdait depuis un temps qu'il aurait été bien incapable de déterminer. Il lutta quelques instants, essayant de se réveiller pour de bon, avant de perdre connaissance quelques secondes plus tard. La douleur qui crispa tous ses muscles jusqu'à l'épaule lui fit brusquement reprendre contact avec la réalité une énième fois et son souffle irrégulier se perdit contre le cou d'Harry. Celui-ci dégagea ses doigts, utilisant un bout de tissu – sa manche ou sa cape, probablement – pour lui essuyer délicatement le front. Un frisson parcouru le corps du blond à cet instant, lui faisant prendre conscience qu'il était couvert d'une fine couche de sueur et que si la chaleur qui le brûlait de l'intérieur avait disparu, le froid qui l'avait remplacé était loin d'être plus agréable. Il était engourdi et grelottant, l'inconfort l’empêchant de rebasculer dans l'inconscience.

 

« FanYu. »

 

Il tendit l'oreille en entendant la voix du brun – et en la sentant résonner contre son dos. Le médicomage se tourna vers eux quelques secondes plus tard, passant d'Harry à Draco d'un regard et fronçant les sourcils. Il hocha la tête, bien qu'aucun message verbal n'ait été échangé.

 

« On accélère les gars. À ce rythme il va nous faire une crise d'hypothermie. »

 

Le blond ne fit que hausser un sourcil, bien incapable de formuler une réponse même si son ironie naturelle le titillait particulièrement fort. Fanyu se tourna vers lui une dernière fois, fixant son regard dans le sien, et Draco fronça légèrement les sourcils, se concentrant pour avoir l'air un minimum lucide.

 

« Je te préviens, ce ne sera pas sans douleur. On a fait ce qu'on a pu, mais ça va piquer un peu. »

 

La position du médicomage l’empêchait de voir l'état de son bras, mais il n'était pas particulièrement curieux vu ce qu'on lui annonçait. Anthony releva la tête à ce moment là, lui adressant un sourire crispé au dessus de l'épaule de l'asiatique.

 

« Ça va même faire un peu plus que « piquer », serre les dents Malfoy.

-Attends. »

 

Sidley se pencha sur le côté, apparaissant dans son champ de vision en lui tendant quelque chose qu'Harry se chargea de récupérer. Un morceau de cuir enroulé dans du tissu.

 

« Mors, ça t'évitera de te blesser. »

 

Obéissant à la voix du brun, Draco ouvrit silencieusement la bouche, refermant ses dents sur l'objet avec une grimace. Même complètement shooté, leur histoire arrivait à faire tourner les prémices d'une crise d'angoisse dans le fond de son estomac. Ça ne lui disait rien qui vaille. La main gauche d'Harry se reposa sur son torse un peu plus fermement, la droite lui tournant délicatement la tête, l’empêchant de voir ce qui se tramait autour de son membre blessé. Un chuchotement s'échoua contre son oreille, trop bas pour que les autres l'entendent.

 

« T'inquiète pas Draco, tout va bien se passer. Ils savent ce qu'ils font. »

 

Un très léger sourire étira ses lèvres et, avec toutes les difficultés du monde vu son état et ce qu'il tenait entre les dents, il grommela en retour.

 

« T'es nul pour rassurer les gens Potter.

-Je t'emmerde Malfoy. »

 

L'amusement à peine voilé de son ancien ennemi retira un poids de ses épaules et il appuya son visage contre la main qui était toujours sur sa joue.

 

« Attention Malfoy, trois, deux... »

 

.oOo.

 

« Alors, comment il va ? »

 

Sidley redressa la tête, donnant un coup d'épaule pour se détacher du mur contre lequel il était appuyé dès qu'il vit qui se tenait devant lui.

 

« Il n'a pas vomi de nouveau patron, donc c'est bon signe. FanYu dit qu'il risque de rester un peu nauséeux dans les heures qui viennent, mais ça ne va pas tarder à passer. »

 

Harry laissa échapper un soupir de soulagement. Même rentré au bureau des aurors, même avec toutes ses unités entières et Draco dans un lit de l'infirmerie plutôt que sur le sol froid du manoir, les restes de la tension du combat ne l'avaient pas totalement quitté.

 

« Il est définitivement hors de danger. Il passé le test du sortilège de réduction avec brio.

-Je n'arrive toujours pas à croire que FanYu ait choisi cette méthode. Si j'avais su―

-Tu l'aurais laissé faire parce que c'est le meilleur médicomage de ce pays et que tu es le premier à le dire. En plus on a passé tellement de temps à faire tout ce qui était nécessaire pour que son corps ne le vive pas trop mal... C'est fini maintenant patron. »

 

Le brun croisa le regard de son auror, répondant à son sourire lorsque celui-ci lui attrapa l'épaule dans un geste affectueux. Redevenant sérieux une seconde, Harry soupira.

 

« Fenrir est toujours en interrogatoire. Anthony mène pour le moment, mais j'aurais peut-être besoin que tu prennes la relève si ça se prolonge. Je l'aurais bien fait, mais on a tous jugé que―

-Que tu n'étais pas la meilleure personne pour ça. Sans blague patron, si c'est toi qui y va il va plus penser à t'étriper qu'à répondre à des questions. »

 

Puis, redevenant taquin, Sidley ajouta :

 

« En plus j'ai quelques doutes sur ta capacité à rester concentré alors que Malfoy est enfin sorti de chez les rebelles. Vous devez avoir beaucoup de choses à vous dire. »

 

Une taloche envoyée sans réelle volonté de faire mal lui atterri à l'arrière du crâne – Harry ayant dû se mettre sur la pointe des pieds pour ça – et un éclat de rire dévoila ses grandes dents blanches.

 

« Plus sérieusement, si dans quelques heures l'interrogatoire ne donne rien, il va falloir prendre en main cette histoire de communication à distance avec le réel chef de l'organisation. J'ai fait une réunion express avec toutes les unités pendant que tu étais encore à l'infirmerie avec FanYu et Draco, il y a un compte-rendu dans mon bureau si tu veux mais en gros j'ai juste toutes les unités qui ne sont pas avec les prisonniers qui planchent sur des moyens possibles de retracer notre cible. »

 

Sidley acquiesça immédiatement, prenant note de ce qu'il avait manqué.

 

« J'imagine qu'on ne pourrait pas transformer les carnets en portoloin ? S'ils sont liés ?

-On a peur qu'il y ait un sortilège de protection qui nous bloque tout de suite. En plus si le chef utilise une plume à papote et n'est pas en contact physique direct avec le carnet, ça ne marche pas. Et je ne prends pas le risque d'envoyer des unités dans la gueule du loup. Si c'était seulement l'aspirer lui, oui, mais dans l'autre sens c'est beaucoup trop dangereux.

-Pas faux. Du coup ? »

 

Harry lâcha un soupir las en se massant l'arrête du nez.

 

« On aimerait établir un dialogue, essayer de déterminer l'identité de cette personne.

-Si Fenrir ne dit rien ça va être compliqué. »

 

Un hochement de tête affirmatif lui répondit.

 

« Certains aurors proposaient de demander à Draco de rentrer en contact avec ce mystérieux chef. Il arriverait sûrement à lui soutirer plus d'informations que n'importe lequel d'entre nous.

-Mais ? »

 

Harry lança un regard interrogatif à son auror et celui-ci haussa une épaule.

 

« Il y a un mais en suspens dans ta phrase.

-Je n'ai pas envie de lui imposer ça. Ce n'est pas son travail et il est encore en train de se remettre.

-Ah mon avis tu n'auras qu'à évoquer l'idée pour qu'il te dise oui. Il a autant envie que nous que cette histoire soit définitivement terminée. »

 

Le brun acquiesça sans rien ajouter, se perdant dans ses pensées pendant quelques secondes avant de relever la tête lorsque Sidley posa de nouveau sa main sur son épaule pour attirer son attention. Sans dire un mot, il lui désigna l'infirmerie puis, après un sourire rassurant, il s'éloigna. Laissé seul, Harry hésita un instant le regard fixé sur la porte. Il se répétait en boule qu'il n'avait plus de raisons d'être paniqué mais ça ne l'aidait pas outre mesure à contrôler les battements affolés de son cœur. Réalisant que plus il attendait, plus il allait avoir du mal à se décider à bouger, il prit une grande inspiration et entra.

FanYu leva le nez du carnet dans lequel il était en train d'écrire, buvant une petite gorgée de sa tasse encore fumante. Son regard posé sur le nouvel arrivant ne laissait rien transparaître, mais son directeur le connaissait depuis suffisamment de temps pour savoir qu'il y avait une légère trace d'amusement cachée quelque part, donnant l'impression qu'il lisait en lui comme dans un livre ouvert et savait pertinemment qu'il venait de rester planté devant la porte sans oser la franchir.

 

« Tu peux aller le voir, il est au fond. J'ai préparé un plateau pour vous, ça vous requinquera. »

 

Et suivant son doigt pointé, Harry découvrit en effet un petit plateau de bois posé sur le coin d'une table, deux mugs remplis d'une décoction inconnue attendant d'être bue. Il s'empressa d'aller le récupérer, fuyant le regard qui avait viré un peu scrutateur devant son embarras assez mal camouflé. Il dépassa la rangée de rideaux ouverts et de lits vides en quelques enjambées rapides, tournant pour accéder au fond de l'infirmerie. Draco était là, dans le dernier lit, la pâleur de sa peau et ses cheveux blond étalés sur l'oreiller faisant si peu contraste avec les draps qu'il donnait presque l'air d'être une statue. Le brun s'arrêta net, cherchant avec une légère panique une trace de vie avant de lâcher un soupir silencieux en voyant les lèvres entrouvertes, le léger mouvement de sa poitrine et, en y regardant de plus près, une trace de couleur sur ses joues. Il prit quelques secondes de plus pour observer le visage détendu de son ancien ennemi. Lorsqu'il dormait ses traits étaient emprunt d'une douceur inhabituelle, en temps normal constamment masquée par un air ironique ou hautain et dans tous les cas dur et froid. Il avait maigri pendant son séjour chez les rebelles, rien de dramatique, mais ses pommettes ressortaient un peu plus qu'avant. Ses cheveux avaient poussés, et une barbe de quelques jours suivait le contour de sa mâchoire. L'ensemble lui donnait un petit air négligé qui avait aussi comme conséquence de le faire paraître plus vieux. Ou plus mature. Le petit con qui arpentait fièrement les couloirs de Poudlard dans son uniforme vert et argent était loin.

Harry tira les rideaux pour créer un semblant d'intimité et manqua de lâcher son plateau lorsqu'il se retourna et découvrit les yeux grands ouverts de Draco fixés sur lui. Il lâcha un par Merlin ! À mi-voix, s'empressant d'aller poser son fardeau sur la table de chevet.

 

« Je croyais que les aurors devaient avoir un sang froid hors du commun ? »

 

C'était bizarre à dire, mais ce ton moqueur lui avait particulièrement manqué.

 

« C'est tout ce que tu trouves à dire à la gentille personne qui vient te tenir compagnie ? »

 

Et il fit mine de tourner les talons. Même si son amusement à peine masqué le rendait peu crédible, Draco joua le jeu, levant son bras indemne comme pour essayer de le retenir.

 

« Non, reviens ! Il n'y a absolument rien à faire ici, je m'ennuie. »

 

Il laissa traîner la dernière syllabe et le brun leva les yeux au ciel sans réussir à réprimer son sourire, retournant s'installer sur la chaise installée tout contre le lit.

Le silence retomba violemment. Ils ne dirent rien pendant un long moment, leurs expressions redevenant plus neutres tandis qu'ils s'observaient mutuellement. Harry fut le premier à craquer, tendant les doigts pour attraper la main libre de Draco.

 

« J'avais peur que tu sois mort. Que les rebelles t'ai tué.

-C'est moi qui devrait dire ça. Tu t'es pris un avada sous mes yeux. »

 

Il mit un instant à répondre, son attention ayant été attirée par la façon dont le blond, plutôt qu'à chercher à fuir leur contact, venait de refermer ses doigts sur les siens.

 

« C'est une longue histoire. Mais on peut dire que je suis un miraculé.

-Encore. »

 

Et l'expression du blond, volontairement complètement impassible et un sourcil levé, comme s'il se retenait de lâcher un « sérieusement » avec toute l'ironie dont il était capable, provoqua l'hilarité d'Harry.

 

« Je te jure que je ne fais pas exprès.

-C'est ce qu'on dit. Toi qui ne voulais plus être appelé « l'élu », tu es mal barré.

-Tu me lâcheras pas avec ça.

-Jamais. »

 

Malgré les piques qu'ils se lançaient, il n'y avait aucune animosité, juste la satisfaction de pouvoir enfin rigoler et se détendre après les mois éreintants qu'ils venaient de vivre. Et c'était fou comme, en ayant passé tant de temps à se détester dans leur jeunesse, ils avaient fini par arriver à un point où ils se comprenaient comme deux vieux amis.

Semblant réaliser qu'il avait machinalement commencé à jouer avec les doigts d'Harry, Draco les relâcha en toussotant, s'appuyant sur son bras valide pour s'installer en position assise. Le brun, les joues un peu plus rouge que la normale, attendit qu'il soit bien calé pour lui tendre sa tasse.

 

« Qu'est-ce que c'est ? Encore un médicament dégueulasse ? »

 

Et à la tête qu'il faisait, il avait dû en goûter un ou deux depuis son arrivée à l'infirmerie. Le brun, brusquement soupçonneux – après tout ça aurait été tout à fait du style de FanYu de lui faire boire une de ses décoctions requinquantes tout droit sorties d'un caveau de troll en les faisant passer pour une simple tisane – se pencha sur sa tasse pour la renifler. Après un instant d'incertitude où Draco ne lâcha pas son visage du regard, il finit par hocher la tête.

 

« C'est bon. Il y a probablement des herbes médicinales dedans parce que FanYu ne peut pas faire un thé sans y ajouter tout un tas de plantes bizarres, mais ça n'aura pas un goût de toilette.

-On sent la personne habituée.

-Tu n'imagines même pas. »

 

Le blond fit la grimace avant de tremper ses lèvres dans sa boisson et, après avoir décidé qu'elle était en effet buvable, d'en avaler une gorgée plus conséquente.

 

« Bon, maintenant raconte-moi comment tu as, encore une fois, échappé miraculeusement à la mort. »

 

.oOo.

 

Draco et Harry relevèrent simultanément la tête lorsqu'un toussotement de l'autre côté du rideau interrompit leur discussion, Anthony entrant dans le semblant d'intimité qu'ils s'étaient créés après en avoir reçu l'autorisation.

 

« Sidley t'a remplacé ?

-Oui, il a pris le relais il y a une vingtaine de minutes. Autant d'heures de suite avec le loup-garou, j'allais devenir fou. »

 

Et comme s'il avait lu dans les pensées de son directeur qui se tordait le cou pour essayer d’apercevoir l'horloge murale accrochée dans le couloir de l'infirmerie, l'auror lui annonça qu'il n'était pas loin de dix-huit heure. Autrement dit cela faisait plus de trois heures qu'il était au chevet du blond, retraçant avec lui absolument tout ce qui avait eu lieu pendant les derniers mois. Il n'avait pas vu le temps passer. Anthony profita de son silence pour se tourner vers Draco et, avec un sourire léger mais honnête, lui demander comment il se sentait. Le blond parut surpris par l’amabilité qui lui était réservée mais ne perdit pas une seconde pour le remercier de son intérêt d'un signe de tête.

 

« Je vais bien. Je n'ai pas le droit d'enlever le bandage pour le moment parce qu'il protège tous les onguents qu'on m'a appliqué. Je n'ai pas encore vu mon poignet mais apparemment je garderai une sale cicatrice du bracelet. Mais ce n'est pas grand chose quand on pense à ce à quoi j'ai échappé. »

 

Et après avoir attendu une seconde, il sembla réaliser qu'il pouvait retourner la politesse et, un peu maladroitement, demanda des nouvelles des unités. Si Anthony fut étonné de sa question, il n'en laissa rien paraître, mais Harry, un léger sourire sur les lèvres, ne le lâcha pas des yeux jusqu'à ce que son attention soit de nouveau happée par la conversation.

 

« Et dans ce cas là...

-Il faudra trouver un autre moyen pour chopper celui qui se cache derrière tout ça. Je ne dois pas savoir grand chose de plus que vous, mais si vous avez besoin de moi, je suis à votre disposition. »

 

Anthony hocha immédiatement la tête, visiblement rassuré de ne pas avoir à en faire la demande et évitant soigneusement le regard de son patron. Sidley l'avait forcément mis au courant de l’inquiétude d'Harry à mêler encore Draco à leur mission. Ce dernier, jetant un coup d’œil au brun, ne mit pas longtemps à comprendre l'origine de son froncement de sourcil et de son air désapprobateur et il leva son bras valide pour taper son épaule sans réelle force. Dès que son visage fut de nouveau tourné vers lui plutôt que vers l'auror, il lâcha, le visage impassible.

 

« Je ne suis pas en danger de mort Potter, pas la peine de me materner. »

 

Anthony se mordit les lèvres pour ne pas rire.

 

« Bienvenu au club Malfoy, tu vas vite te rendre compte que notre patron est du genre protecteur. Et j'ai bien peur qu'il le soit encore plus avec toi. »

 

Sa dernière phrase lui valu un regard noir du-dit patron, mais le blond ne s'en rendit pas compte, méprenant le sens de ces mots et lâchant un soupir faussement exaspéré en levant les yeux au ciel.

 

« Le fait que je ne sois pas un auror ne fait pas de moi une pauvre petite créature sans défense. »

 

Et alors que le brun allait répliquer, Draco ajouta, coupant court à ses plaintes.

 

« Et si je peux vous aider à boucler cette sale histoire une bonne fois pour toutes, je le ferais sans hésiter. Si tu veux me protéger, tu sais parfaitement que c'est la meilleure solution, plus on attend sans rien faire plus on risque que la nouvelle de l'attaque remonte à celui qui est derrière tout ça. Et je suis sûr qu'il ne leur faudra pas longtemps pour faire la connexion entre moi et ces événements. S'il y a une vengeance à la clé, ce sera pour ma pomme. »

 

Harry ouvrit la bouche, restant silencieux deux bonnes secondes avant de lâcher un soupir et d'acquiescer. Le sifflement admiratif d'Anthony attira l'attention du blond.

 

« Je viendrais peut-être demander tes services la prochaines fois que j'essayerai de le convaincre de quelque chose. Je croyais qu'il n'y avait que feu notre coéquipier Philip, et à la rigueur Hermione, qui pouvaient réaliser ce tour de force mais je m'étais trompé.

-La logique gagne toujours. »

 

L'auror semblait douter qu'il ne s'agisse là que de logique, mais il s’abstint de tout commentaire, il avait déjà franchit la limite trois fois en moins de dix minutes de conversation et il n'avait pas particulièrement envie de se mettre son patron à dos. Ils avaient beau être amis en dehors du travail, Harry savait s'imposer comme son supérieur quand cela était nécessaire.

 

FanYu arriva peu de temps après pour changer les bandages de son patient, alors que les trois hommes étaient déjà en train de planifier l'intervention de Draco dans la tentative de capture du chef rebelle. Il travailla silencieusement à dérouler la longue bande blanche, dévoilant la cicatrice qui s'étalait sur le poignet du blond.

 

« Ah oui, quand même. »

 

Celui-ci avait les yeux rivés sur la marque violacée qui montait du début de sa main jusqu'au premier tiers de son avant-bras, de longs filaments dont la couleur s’affadissait progressivement continuaient ensuite, les plus grands rejoignant quasiment le pli de son coude. Clairement pas le genre de cicatrice discrète ou facile à cacher.

FanYu, qui avait levé les yeux à la remarque de Draco, lui adressa un petit sourire désolé.

 

« C'est impressionnant, oui. Je pense que la couleur passera un peu, mais c'est une sorte de brûlure magique à un très haut degré, donc il n'y aura pas de miracle. La pommade que je te mets est un cicatrisant mélangé à un insensibilisant assez fort, sinon rien que le contact des bandages te serait insupportable. L'effet à dû diminuer, donc serre les dents le temps que je t'en remette une couche. »

 

Le blond acquiesça, son cœur loupant un battement lorsqu'il sentit brusquement les doigts d'Harry s'entrelacer avec les siens. Il ne dit rien ni ne quitta des yeux son autre bras, mais accepta le contact en resserrant sa main plus fermement.

La douleur fut finalement très tolérable comparativement à ce qu'il avait vécu un peu plus tôt, et une fois que la pommade eut commencé à faire effet, toute sensation disparût de la zone, rendant la mise en place d'un bandage propre bien plus facile. Une fois son travail fini, FanYu vérifia une dernière fois que le pansement tenait bien avant de fermer la boite de l’onguent et de retirer ses gants.

 

« Je vous ai entendu parler de la suite de la mission sur laquelle vous êtes. »

 

Il croisa le regard d'Harry et celui-ci hocha la tête affirmativement.

 

« Si Draco doit intervenir et être en contact direct avec toute forme de magie, je préférerai que cela soit reporté à demain, en fin de matinée au plus tôt, si possible.

-Ça marche. Tu veux qu'il reste à l'infirmerie cette nuit du coup ? »

 

Le visage de Draco se décomposa. L'idée de devoir rester enfermé entre quatre murs blanc après être enfin sorti du manoir des rebelles était tout sauf réjouissante. FanYu se mordilla la lèvre en l'observant, semblant peser le pour et le contre. Anthony intervint à ce moment là.

 

« Désolé de faire le rabat-joie mais ça me semble être le bon moment de rappeler que Draco n'a toujours pas accès à chez lui. »

 

Et devant le regard interrogatif du blond, il lui expliqua que techniquement, son habitation était toujours scellé et interdite d'accès. Il s'en était échappé alors qu'il était normalement assigné à domicile et ça n'avait pas plu au ministère.

 

« Je suis passible d'une arrestation en gros ?

-Non. La première chose qu'Harry a faite en sortant du coma – le brun lui envoya un coup de pied assez peu discret – bon peut-être pas la première, mais bref, ça a été d'aller te faire retirer des dépôts de plaintes, qu'il n'y ait plus aucune accusation contre toi. Mais pour récupérer ta maison il faut une démarche personnelle de ta part et le temps qu'ils vérifient toute leur paperasse ça prendra bien deux jours. »

 

Draco hocha la tête en lâchant un soupir. Il ne s'attendait certes pas à être accueilli en héros, mais être sans domicile n'était pas vraiment ce qu'il avait imaginé en pensant à son retour.

 

« De toute façon tu auras besoin d'aide pour changer ton bandage, tu ne tiendras pas jusqu'à demain. »

 

Et alors que le blond s’apprêtait à accepter de mauvaise grâce, Harry s'exclama :

« Il peut venir chez moi. Ce sera mieux que de rester enfermé là, et FanYu pourra rentrer chez lui plutôt que de passer la nuit ici. Je m'occuperai de ses onguents. Et Archimède sera aux anges. »

 

Tous les regards se tournèrent vers Draco et celui-ci n'eut pas le temps de masquer la surprise de son visage. Après avoir fait mine de remettre bien ses oreillers pour se redresser un peu et être revenu à une expression plus neutre, il acquiesça.

 

« Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue, cette teigne. Comment elle va ?

-Bien, mais elle va probablement te sauter dessus dès qu'elle t’apercevra.

-J'imagine que je peux faire un effort et tolérer ça. »

 

Mais son ton ne laissa personne dupe, il avait trop de mal à réprimer son sourire.

 

Alors qu'il se préparait à partir, rassemblant le peu d'affaire qu'il avait en sa possession – les vêtements qui lui avaient été prêtés au manoir étant restés dans les dortoirs qu'il partageait avec les autres rebelles, il n'avait finalement que son manteau et sa baguette – le médicomage lui tendit une petite mallette contenant tout ce dont il aurait besoin pour prendre soin de sa blessure, lui rappelant une dernière fois de ne pas utiliser de magie jusqu'au lendemain. Harry s'approcha à ce moment là.

 

« Du coup tu préfères qu'on ne transplane pas ? Et qu'on évite les cheminettes ? »

 

Au hochement de tête de FanYu, le brun se mordit la lèvre.

 

« Je ne transporte pas un passager en balai s'il ne peut pas s’accrocher à moi avec ses deux bras. Surtout vu le temps qui était annoncé ce matin. »

 

Après un instant de réflexion et un haussement d'épaule, il finit par conclure sous le regard ahuri de Draco que les transports moldus ne prenaient pas tellement plus de temps. Le médicomage les accompagna jusqu'à la porte de l'infirmerie, listant toute une série de conseils qu'Harry semblait écouter attentivement. Heureusement, parce que de son côté, le blond était resté bloqué sur le moyen qu'ils allaient utiliser pour rentrer chez son hôte. Il n'avait absolument jamais mis les pieds dans les installations que les moldus utilisaient pour se déplacer, il avait une vague idée de ce à quoi elles pouvaient ressembler et cela suffisait à ce qu'il s'en tienne éloigné. Mais avec un peu de chance Harry ne le traînerai pas dans les trains souterrains dont l’existence même lui rappelait que Londres était construite sur un morceau de gruyère. Un bus lui irait bien mieux. Tiré de ses pensée par l'au revoir de FanYu, Draco lui sourit avant d’emboîter le pas à Harry, répondant au salut des aurors à chaque fois qu'ils en croisaient un. Un hochement de tête, un sourire et même parfois quelques mots pour savoir s'il allait mieux lui étaient toujours réservé et le blond ne savait pas trop quoi en dire, légèrement gêné par l'attention. Gêné, mais ayant du mal à s’empêcher de sourire. Ils le traitaient tous comme s'il faisait un peu partie des leurs et au fond de lui cela le rendait plus heureux qu'il n'aurait pu l'imaginer. Sidley fut le dernier à les saluer, leur envoyant un clin d’œil accompagné d'un sourire en coin lorsqu'il les vit partir ensemble. Cela suffit à faire presser le pas à son directeur.

 

Harry le traîna dans les couloirs du département, les faisant descendre en utilisant un ascenseur différent de celui qui menait au grand hall et leur évitant de croiser la quasi totalité des employés du ministère sur leur chemin. Quelle que soit la raison de ce choix, Draco en était reconnaissant, les derniers événements l'avaient vidé des ses forces et devoir soutenir les regards était pour le moment une tâche qui lui semblait un peu trop ardue. Ils débouchèrent dans une petite rue, sortant l'un après l'autre du téléphone public dans lequel l’ascenseur s'était arrêté. Harry ne disait rien. Le blond le voyait vérifier à intervalle régulier qu'il le suivait bien, mais c'était tout. Et il avait presque l'air gêné à chaque fois que leurs regards se croisaient. Le silence commençait à devenir pesant.

 

« Merci, au fait. »

 

Harry leva les yeux vers lui, l'air surpris.

 

« De me permettre de venir chez toi. Rester enfermé aurait été une torture après tous ces mois coincé au manoir.

-Je t'en prie. »

 

Puis après un instant d'hésitation, le brun ajouta :

 

« Je l'ai fait aussi pour moi. Je n'aurais pas été tranquille de te savoir à l'infirmerie toute la nuit. J'y ai passé suffisamment de temps pour savoir qu'il y a plus confortable et chaleureux comme endroit. »

 

Alors que le blond s’apprêtait à profiter de l'occasion pour tenter de relancer une discussion, il prit brusquement conscience de l'endroit vers lequel Harry les dirigeait. Une bouche béante avec des escaliers s'enfonçant dans le sol.

 

« Potter... Quand tu parlais de déplacement moldu... »

 

Son inquiétude devait être assez mal masquée, parce que l'autre homme s’arrêta net, lui jetant un regard surpris. Il sembla hésiter avant de désigner l'entrée.

 

« Le métro ? Il y a une ligne de banlieue qui va directement jusqu'à chez moi. »

 

Puis, voyant que l'expression de Draco n'avait pas changée, il ajouta.

 

« Tu n'as jamais pris le métro, c'est ça ?

-Comme beaucoup de sorciers.

-Et tu as peur. »

 

Ce n'était même pas une question, mais au moins il n'y avait aucune trace de jugement ou de moquerie.

 

« Tu me proposes d'aller m'enfermer dans un train sous terre et de passer sous les centaines de tonnes que représente la ville. En plus il paraît que le passage du... « Métro » fait trembler les habitations qui sont au dessus. Ça me semble tout sauf sûr. »

 

Harry esquissa un sourire, se rapprochant du blond pour parler sans attirer l'attention des moldus qui circulaient autour d'eux – une jeune femme semblait avoir entendu Draco et leur avait jeté un regard en coin surpris.

 

« C'est vrai à certains endroits, mais c'est rare. Et je t'assure qu'il n'y a aucun danger. Ce n'est pas pire que les souterrains de Poudlard ou certains coins du ministère. Fais moi confiance. »

 

Qu'Harry accepte sciemment de rentrer là dedans le dépassait un peu, mais le regard vert planté dans le sien le convainquit de mettre ses angoisses de côté – il n'avait pas l'air de le juger, juste d'être sincèrement attristé de ne pas réussir à le rassurer, et Draco en oublia pendant une seconde la raison de leur discussion. Leur relation avait paradoxalement beaucoup changé pendant les mois qu'ils avaient passés loin l'un de l'autre.

Il finit par acquiescer, laissant le brun attraper son coude valide et le tirer derrière lui. Après avoir passé les étranges machines qu'il fallait nourrir d'un bout de carton, les deux hommes s'engagèrent dans un dédale de couloirs, se frayant un chemin dans le flux constant de moldus qui sortaient du travail. Nul doute qu'il se serait perdu s'il avait été seul, mais l'aisance d'Harry leur permit d'arriver sur le bon quai en quelques minutes. Et lorsque le train arriva, il se glissa avec facilité entre deux businessmen, poussant Draco sur le dernier siège libre, se mettant debout devant lui comme un bouclier humain, une main fermement accroché à la barre métallique qui passait au dessus. Son attitude tira un sourire au blond. C'était probablement de ça dont les aurors parlaient quand ils évoquaient en riant le côté ultra-protecteur de leur patron.

 

Mis à part le bruit inquiétant qui provenait de la jonction entre les rames lorsque le métro prenait un virage un peu serré, ce n'était finalement pas si terrible. Le gros des passagers étant descendu dans les premières stations, la fin du trajet se fit relativement calmement. Ils avaient en plus fini par sortir de terre lorsqu'ils étaient arrivés dans les premières banlieues de Londres et le fait de voir le paysage défiler plutôt d'une suite de tunnels noirs avait terminé de rassurer Draco. Harry le sortit de sa contemplation alors que le train ralentissait pour entrer dans leur gare d'arrivé.

Le reste du trajet se fit dans un silence tranquille, le brun le guidant à travers un petit quartier résidentiel relativement banal. Tellement banal que Draco ne reconnu l'endroit que lorsque les maisons commencèrent à s'espacer et qu'ils passèrent devant un petit chemin de terre semblant s'enfoncer dans la forêt, le bruit d'un ruisseau se devinant un peu plus loin.

 

« L'hiver dernier... »

 

Harry redressa la tête, suivant son regard avant de retourner planter ses yeux dans les siens.

 

« Quand je t'ai trouvé dans la neige...

-C'était par là bas, oui. Archimède t'avait traîné de chez toi ? »

 

Au hochement de tête de Draco, le brun secoua la sienne avec un air désolé. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, le blond ajouta.

 

« Je suis content qu'elle l'ai fait. »

 

Et il recommença à marcher, Harry lui emboîtant le pas immédiatement pour lui indiquer le chemin.

 

« Moi aussi. Mais je suis désolé qu'elle t'ai forcé à marcher dans la tempête. »

 

Draco haussa les épaules.

 

« J'habite dans une banlieue un peu plus à l'est, donc en soit il n'y a moins d'une dizaine de kilomètre entre les deux. C'est juste que les conditions climatiques donnaient un air d'expédition de survie à cette balade. Ça et le fait qu'Archi essayait de m'arracher les oreilles dès que j’arrêtais de courir. »

 

Le brun lâcha un rire discret avant de grommeler un « quelle peste » en secouant la tête. Puis, alors qu'il les faisait tourner et déboucher dans une sorte de petit hameau où une dizaine d'habitations étaient serrées dans la même rue, il ajouta :

 

« Je suis désolé. Pour la façon dont ça s'est terminé. »

 

Le blond ne répondit rien sur le coup, semblant se remémorer lui aussi des événements de cette soirée là. Et du visage trahi de Harry alors qu'il tenait entre ses doigts la lettre des rebelles adressée à Draco, les reste de sa tasse de thé explosée à ses pieds.

 

« Je ne t'en veux pas. J'aurais probablement eu la même réaction tu sais. J'aurais aimé que tu me laisse le temps de t'expliquer, c'est sûr... mais la seule chose qui m'a vraiment rendu fou ce soir là c'est le fait que je n'avais pas brûlé cette lettre dès que je l'avais reçue. »

 

La main d'Harry frôla la sienne et il faillit avoir le réflexe d'attraper ses doigts entre les siens, se retenant à la dernière seconde. C'était comme si son corps prenait conscience qu'il avait manqué de contacts physiques depuis bien trop longtemps et essayait maladroitement de rattraper le temps perdu. Que cela soit quasiment uniquement dirigé vers Potter était encore plus perturbant.

 

.oOo.

 

Harry abandonna ses chaussons au sol, remontant ses jambes pour s'asseoir en tailleur dans son fauteuil, une légère moue sur le visage. Draco était assis sur le canapé qui lui faisait face, complètement obnubilé par la chouette qui n'était toujours pas calmée. En soit, ce n'était pas vraiment une surprise qu'à la seconde où la voix du blond avait résonné dans la maison, Archimède ait déboulé à pleine vitesse, devenant complètement folle. Mais ça faisait maintenant plus de dix minutes qu'après avoir tourbillonné autour du blond en picorant ses cheveux et ses vêtements, elle avait fini par se percher sur son épaule, le laissant s'asseoir uniquement pour qu'il puisse mieux la câliner. Et non, il n'était pas jaloux, c'était juste un poil vexant d'être ignoré par son propre familier. En plus de ça, l'expression complètement détendue de Draco et le rire qu'il lâchait de temps à autre provoquait en lui un frisson qu'il n'avait pas du tout envie d'analyser. Il lâcha un léger soupir, réalisant une seconde trop tard que cela avait attiré leur attention. Deux paires d'yeux étaient braquées sur lui.

 

« Boude pas Potter. »

 

Il leva les yeux au ciel au ton amusé du blond avant de lui tirer puérilement la langue, son rire lui envoyant de nouveau des papillons dans l'estomac. Archimède semblait brusquement calmée, et même si elle continuait à ronronner au rythme des caresses sur l'arrière de son crâne, elle fixait maintenant son maître, ayant clairement une idée derrière la tête.

 

« Qu'est-ce que tu veux Archi ? »

 

Elle répondit d'un piaillement, sautant sur le canapé juste à côté de Draco avant de remonter sur ses genoux d'un battement d'aile.

 

« Je crois qu'elle vous veut à côté d'elle. »

 

Effie venait d'entrer dans le salon, prenant ses trois occupants par surprise. Voyant qu'Harry restait immobile, elle ajouta.

 

« C'est probablement pour vous avoir tous les deux pour elle en même temps. Vous l'avez bien mal éduquée. »

 

Étrangement, Archimède ne réagit ni à ce qui venait d'être dit ni au ricanement moqueur de Draco, se contentant de se dandiner sur ses genoux, ronronnant lorsque le brun finit par se lever pour s'asseoir juste à côté de lui. Jugeant la distance entre eux trop grande, l'oiseau attrapa le pantalon de son maître avec son bec, le forçant à se rapprocher.

 

« Tu es insupportable Archi. »

 

Mais leurs jambes étaient maintenant collées, et la chouette semblait aux anges, placée exactement entre eux, les plumes ébouriffées et les yeux à demi-fermés. Effie rigola en secouant la tête avant de suivre du regard le bras que le blond, sous couvert de le dégager pour faire de la place à Harry, venait de placer sur le dossier. Son sourire s'élargit avant qu'elle ne prenne la parole.

 

« Monsieur Malfoy, est-ce que vous avez des préférences alimentaires ? Je vais préparer le repas de ce soir. »

 

Draco eut l'air brusquement un peu mal à l'aise, lui assurant qu'il n'était pas difficile et que ce n'était pas la peine de faire quelque chose de compliqué. Harry l'interrompit en posant sa main sur son genou – récoltant au passage un coup de bec d’Archimède pour avoir osé la déranger.

 

« Laisse tomber, Effie adore cuisiner. Elle passe son temps à me proposer d'inviter des amis pour avoir une excuse et passer la journée dans la cuisine. Pas que ça l’empêche de le faire d'une manière générale. Elle pourrait ouvrir son propre restaurant.

-Et qui vous nourrira si je ne suis pas là ? »

 

Harry leva les yeux au ciel.

 

« Je ne suis plus un gamin Effie. »

 

Avec un « hum » peu convaincu, l'elfe tourna les talons, sautillant vers la cuisine. Draco se retint tant bien que mal de rire, mais à la seconde où son hôte se retourna vers lui avec une moue sur le visage, clairement un peu vexé, il perdit contenance.

 

« Te moque pas.

-Boude pas, c'était drôle. »

 

Et il ponctua sa phrase d'une légère caresse à l'arrière de la nuque d'Harry, le massant pendant quelques secondes avant de réaliser ce qu'il était en train de faire et de laisser retomber sa main vers l'arrière. Une mouche vola. Archimède s'était immobilisée, ses yeux ouverts au point de ressembler à deux grosses billes jaunes. Elle les observait avec attention, semblant presque frémir d'impatience.

 

« Qu'est-ce que tu veux encore Archi ? »

 

Elle tourna son regard vers son maître et lâcha un petit piaillement lorsque celui-ci lui chatouilla les plumes, préférant l'utiliser comme excuse pour s'occuper plutôt que de prendre en compte la tension qui était brusquement montée dans la pièce.

 

.oOo.

 

Harry n'avait pas menti sur les capacités culinaires d'Effie et ils avaient fêté dignement le premier vrai repas dont il pouvait profiter depuis sa sortie du manoir rebelle – sans compter l'espèce de porridge que FanYu lui avait servi le midi puisqu'il avait de toute façon fini au fond d'une cuvette de toilettes. Repu et sortant d'une bonne douche chaude, Draco était enfin détendu. Son bras ne s'était toujours pas rappelé à lui et il avait même réussi à ne pas trop mouiller ses bandages, rien ne venait perturber le calme qu'il ressentait. Le pyjama qui lui avait été prêté était moelleux à souhait – bien qu'un tout petit peu court au niveau des jambes, Archimède était partie se percher dans un coin obscur, Effie avait disparu depuis un bon moment et le seul indicateur qu'Harry était encore dans la maison était le bruit distant de l'eau qui coulait dans la salle de bain. Le blond passa ses doigts dans ses cheveux encore humides et lâcha un soupir satisfait, ses yeux se fermant malgré lui.

 

« Draco ? »

 

Un grognement inintelligible sortit d'entre ses lèvres et le rire de Potter finit de le faire revenir à lui. Il avait dû s'assoupir, la nuque posée sur le dossier du canapé.

 

« Va te coucher, tu dois être mort de fatigue. »

 

Le blond répondit d'un hochement de tête.

 

« Ton bras ne te fait pas mal ?

-Non, je ne le sens pas. »

 

Harry sembla satisfait de la réponse, lui tendant la main pour attraper son bras valide et l'aider à se relever.

 

« Normalement tu devrais avoir encore deux-trois heures devant toi avant de devoir le changer. Ou sinon on le change maintenant mais dans tous les cas ça ne tiendra pas la nuit entière. »

 

Draco hésita une seconde avant que ses yeux qui menaçaient de se fermer ne décident pour lui.

 

« Je crois que je vais essayer de dormir un peu d'abord... »

 

Un sourire étira les lèvres du brun et il hocha la tête.

 

« Ça marche, je vais mettre une alarme pour me réveiller à temps. Avant que la douleur ne se réinstalle. File te coucher, mon lit est prêt. »

 

Le blond mit deux bonnes secondes à comprendre ce qu'il venait de lui être dit.

 

« Ton lit ?

-Oui, t'inquiète pas, j'ai changé les draps.

-Tu dors où du coup ? »

 

Harry désigna son canapé du doigt, poussant légèrement Draco pour y avoir accès et, après avoir bidouillé pendant quelques secondes, activer un mécanisme qui le fit s'ouvrir en deux.

 

« C'est du mobilier moldu. Très pratique quand on a du monde à la maison.

-Je peux dormir là. »

 

Mais le brun n'avait pas l'air d'être de cet avis, et il poussa son invité dans la direction de sa chambre.

 

« Nan. C'est pratique mais pas très confortable. Tu as passé plusieurs mois dans des conditions affreuses, un vrai lit ça doit te manquer. »

 

Et dans un sens, il avait raison. Finalement la fatigue eu raison de ses réserves et le blond eu tôt fait de se retrouver roulé en boule dans des couvertures moelleuses, le sommeil s'emparant de lui à la seconde où sa tête se posa sur l'oreiller. Il n'ouvrit les yeux que plusieurs heures plus tard, lorsqu'une voix s'insinua dans un rêve fait de couleurs et de formes indéfinies, passant d'un lointain écho à un murmure de plus en plus présent. La main qui caressait sa nuque l'aida à reprendre contact avec la réalité mais il lui fallut encore quelques secondes avant que le visage d'Harry penché vers lui ne devienne net. Il inspira profondément, ses sourcils se fronçant légèrement. La chaleur du lit le poussait à se rendormir immédiatement et il dut lutter pour se concentrer sur ce que le brun lui disait. Un grommellement inintelligible sortit d'entre ses lèvres, faisant sourire l'autre homme.

 

« Je suis désolé Draco, mais il faut qu'on s'occupe de ta blessure. »

 

Le blond hocha la tête plusieurs fois, baillant à s'en décrocher la mâchoire. Un petit grognement mécontent résonna dans sa gorge lorsque les caresses sur sa nuque s'arrêtèrent.

 

« Tu peux te rapprocher du bord ? Comme ça tu n'auras qu'a laisser pendre ton bras hors du lit. »

 

Draco s’exécuta sans poser de questions. Plus il reprenait contact avec la réalité plus il prenait conscience du tiraillement qui commençait à se faire sentir dans son membre blessé. Mais Harry semblait savoir ce qu'il faisait, ses gestes rapides et sûr malgré l'heure avancée de la nuit. Le blond ferma les yeux à nouveau, respirant profondément, mais il ne ressentit aucune douleur particulière, simplement un léger frisson lorsque la crème anesthésiante entra en contact avec sa peau.

 

« Ne bouge pas, je vais enlever les gants et me laver les mains avant de remettre un bandage. »

 

Répondant d'un hochement de tête silencieux, le blond suivit Harry du regard, plissant instinctivement les yeux lorsque la lumière de la salle de bain filtra brusquement dans la chambre à coucher. Il réalisa à ce moment que les soins qui venaient de lui être apportés avaient été fait à la lumière de la lune, pour ne pas le déranger. Quelques secondes plus tard la lumière fut éteinte à nouveau, des pas feutrés s'approchant rapidement.

 

« Tu y vois quelque chose ? Tu peux allumer si tu veux.

-T'inquiète pas, tu n'as pas tiré les rideau et il n'y a pas de nuage cette nuit. »

 

Malgré ce qu'il venait de dire, Harry attendit quelques instants que ses yeux s'habituent de nouveau à l'obscurité pour enrouler délicatement le nouveau bandage autour du bras du blessé, faisant particulièrement attention à ne pas toucher le produit qu'il venait d'appliquer avec ses mains nues.

 

« C'est bon ? Pas trop serré ? »

 

Draco ouvrit un œil pour regarder son bras, son cerveau embrumé mettant un moment à réaliser qu'il n'avait plus a garder son bras hors du lit. Il s'éloigna du bord, reprenant sa position initiale.

 

« Tu as fait vite.

-Pas vraiment, mais tu dormais à moitié. »

 

Le ton légèrement taquin le fin sourire et il haussa un sourcil en direction du brun, désormais assis sur le bord des couvertures.

 

« J'étais un patient sage comme ça au moins.

-Léthargique, même.

-Je t'emmerde Potter, ton lit est confortable, c'est pour ça. »

 

Il sentit le matelas s'affaisser à côté de lui et, quelques secondes plus tard, une main passait de nouveau sur sa nuque. Un soupir de satisfaction s'échappa de ses lèvres et les doigts s'immobilisèrent une seconde, Draco utilisant son bras indemne pour attraper à l'aveugle la manche qui passait près de son visage et l’empêcher de s'en aller. Il sentit le rire silencieux du brun avant que les caresses ne reprennent, le tirant doucement vers le sommeil.

 

.oOo.

 

Ce fut le bruit léger des couverts sur la porcelaine qui tira Harry du sommeil, son cerveau embué prenant progressivement conscience que ce qu'il sentait sur son visage était un rayon de soleil matinal filtrant entre les rideaux du salon. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire, faisait grincer son lit de fortune en s'étirant de tout son long puis se redressa sur un coude, ébouriffant le nid d'oiseau qui lui tenait lieu de chevelure d'un geste machinal avant de tourner la tête vers la cuisine où il devinait une conversation à mi-voix. L'odeur qui arrivait jusqu'à lui termina de le réveiller et il enfila rapidement ses chaussons pour aller voir ce qui se tramait. Il s'arrêta net à l'embrasure de la porte, un sourire éclairant son visage lorsqu'il découvrit Draco posté devant les fourneaux, occupé à faire sauter un pancake de son bras valide. Effie lui fit un petit signe de la main avant de porter la cafetière pleine sur la table.

 

« J'ai un assistant ce matin.

-Je vois ça... »

 

Draco redressa la tête, la surprise laissant rapidement place à l'amusement.

 

« On m'a soufflé que tu aimais les pancakes... »

 

Harry acquiesça, rejoignant le blond en quelques enjambées. Il jeta un coup d’œil au bras bandé et, suivant son regard l'autre homme le décolla de son torse pour le lui montrer de plus près.

 

« Je pense que le bandage tient encore. En tout cas je ne sens rien.

-Parfait. On le changera en arrivant au ministère, d'après FanYu ça devrait tenir jusque là. Je peux vous aider à quelque chose ? »

 

Draco sembla hésiter une seconde avant de lui demander de trouver quelque chose à mettre sur le petit déjeuner qu'il était en train de préparer, le brun s'empressant de chercher toutes les confitures et sirop que sa cuisine contenait, Effie se gardant bien d'intervenir et préférant observer la scène avec un amusement à peine voilé.

 

« Il y a la confiture que Mme Weasley m'a donné, elle est délicieuse. »

 

Le blond haussa un sourcil au nom prononcé et jeta un coup d’œil suspicieux au pot, Harry s'empressant de l'ouvrir et d'y plonger une petite cuillère.

 

« Arrête de faire cette tête et goûte. »

 

Draco prit la cuillère des main d'Harry, gardant une tête peu convaincue pendant toute sa dégustation.

 

« Sinon j'ai aussi de la marmelade d'orange ! Et du beurre de cacahuète ! Et―  »

 

Et Harry se mit à débiter à toute vitesse tout ce qu'il avait posé sur le comptoir, n'arrêtant son énumération frénétique que lorsque Draco plongea son doigt dans le pot ouvert et lui étala la confiture sur le nez. Les yeux ronds comme des soucoupes, le brun passa du pot au sourire satisfait de son invité plusieurs fois de suite.

 

« Tu parles trop Potter. »

 

Se prêtant au jeu, Harry lâcha un grognement faussement outré et tenta d'attraper le pot ouvert, le blond le devançant d'une demi-seconde, agrippant la confiture sous son nez avant de se rapprocher lentement, ses intentions parfaitement claires.

 

« D'accord, d'accord, je capitule. Pas la confiture s'il te plaît. »

 

Draco avança encore un peu, le forçant à se reculer contre le comptoir, puis, le visage à quelques dizaines de centimètres du sien, il esquissa un sourire.

 

« Hum... C'est si gentiment demandé, je t'épargne pour cette fois. »

 

Puis il s'éloigna comme si de rien n'était, gardant un visage impassible malgré les battements affolés de son cœur. Du coin de l’œil il vit qu'Harry était resté sur place, les joues brusquement très rouges. Au moins il n'était pas le seul à être perturbé par leur soudain besoin de proximité.

 

« Viens manger Potter, les pancakes sont prêts. Et la confiture est délicieuse. »

 

 

.oOo.

 

 

Pardonnez les fautes qui doivent se balader, la correction a été un peu expéditive... N'hésitez pas à me le dire si vous en voyez.

J'espère tout de même que ce chapitre qui a mijoté pendant une année vous aura plu (et pas trop frustrés ! Mais je vois mal nos protagonistes foncer tête baissée dans une relation qu'ils ont encore du mal à cerner. Laissez leur encore un peu de temps ;) ). Merci encore de lire et on se retrouve au prochain chapitre qui arrivera... un jour X') (il est déjà écrit à moitié et normalement après le 21 il ne reste qu'un épilogue).

Des bisous.

 
 
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