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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
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    Chapitre 14     Les chapitres     28 Reviews    
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La vengeance est un plat qui se mange froid

Titre : Parce que rien n’a changé

Auteur : Ketchupee

Disclaming : Tous les personnages appartiennent à J.K. Rowling, de même pour l’univers où ils évoluent. L’histoire, ce sont mes délires personnels, la pauvre J.K.R. n’y est pour rien XD. Par contre, Sidley Demon, Antony Hawlker et Philip Schant sont à moi :3 (idem pour les apprentis et tous les gens dont le nom n’apparaît pas dans le livre).

 

NdA : Hi Hello Annyeong ! J'avais dit que je posterai avant de partir à l'étranger au mois d’Août mais je crois que je vais arrêter de dire des choses parce que j'arrive jamais à les respecter... Désolée, pour la énième fois, de l'attente que je vous impose. Comme d'habitude, je vais essayer d'écrire le plus vite possible, mais pour ma défense, j'ai beau en avoir terminé avec ma prépa, le rythme de mon école est loin d'être tranquille ^^' (et il paraît que la deuxième année, c'est dix fois pire que la première. Haha. Je vais mourir).

Bref, anyway, bisous de remerciement à ceux qui me suivent encore et bonne lecture !

 

 

Chapitre 14 - La vengeance est un plat qui se mange froid

 

 

Draco s’essuya le front d'un revers de main, un air furieux sur le visage. Il reposa le balai qu'il tenait entre ses mains contre le mur et se laissa glisser par terre, lâchant un juron sonore quand le manche en bois lui retomba sur la tête sans qu'il n'ai eu le réflexe de le rattraper. Un type passa devant la porte ouverte, lui jetant un coup d’œil, mais le regard furieux du blond le dissuada de faire la moindre remarque. C'était déjà ça, les sbires de Greyback commençaient à comprendre qu'il ne fallait pas le chercher. Même si certains aimaient à lui rappeler que trois semaines plus tôt, il était encore une sorte de légume qui vivait dans la cave. Qu'ils attendent, ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ? Ils comprendraient en temps et en heure qu'on n’insulte pas impunément un Malfoy.

Il jeta un coup d’œil mécontent au balai échoué au sol puis soupira en relevant les yeux. Ce manoir était grand, poussiéreux et mal entretenu. Il y serait encore dans dix ans.

Quand, trois semaines plus tôt, il s'était enfin retrouvé face à Greyback, il se doutait bien que regagner sa confiance serait compliqué, mais il n'imaginait pas les choses comme ça. Il savait depuis le début que la flatterie ne marcherait pas avec le loup-garou, aussi lui avait-il préféré le répondant et le mordant typiquement malfoyien. Son air sûr de lui et hautain avait tendance à remettre quiconque à sa place et il comptait bien l'utiliser pour se faire respecter dans ce manoir puant. Sauf qu'il avait donné une image beaucoup trop mauvaise de lui pendant son enfermement dans la cave, l'étiquette de légume inutile risquait de lui coller à la peau. Greyback ne lui faisait pas confiance. Il n'avait juste plus la petite étincelle de pitié dans le regard quand il posait les yeux sur lui. Maintenant c'était plus de la moquerie. Quelle idée il avait eu de ressortir son ironie à un moment pareil aussi ? Se moquer du délabrement de la planque, quelle excellente trouvaille quand on se trouve face à un loup-garou à l'égo un peu trop gonflé. Alors certes, il n'était plus vingt-quatre heure sur vingt-quatre en cellule, il avait juste le rôle de tout nettoyer du sol au plafond. Par Merlin ! Il aurait bien aimé lui faire ravaler son sourire stupide à ce chien galeux. Il ne perdait rien pour attendre lui aussi.

En parlant du loup, justement... Draco se morigéna pour ce jeu de mot pourri et se redressa rapidement, se composant le visage le plus impassible qui soit. Les grosses bottes pleines de boue séchée de Greyback s'arrêtèrent à quelques pas de lui.

 

« Alors, ça avance ? Ça me semble encore bien sale tout ça.

-Évidemment. Mais ce serait déjà en meilleur voie si tu donnais les bonnes tâches aux bonnes personnes. »

 

Il faisait exprès d'utiliser un tutoiement appuyé, comme pour montrer qu'il n'était ni impressionné, ni en position de soumission. Après tout, c'était un loup qu'il avait devant lui, utiliser un code animal comme attitude de base ne pouvait que lui donner plus de force. Il fit donc un pas en avant, entrant dans l'espace vital de Greyback avant que celui-ci ne prenne l'initiative de rentrer dans le sien. Et, comme la personne à qui il faisait face était aussi en partie humaine, il enroba le tout d'un soupçon de diplomatie, faisant comme si ce qu'il venait de faire n'était que dans le but de pouvoir lui parler sans que ses sbires restés à la porte ne l'entende. Il vit le loup-garou hésiter une seconde en gonflant le torse, essayant de déterminer si son interlocuteur venait ouvertement de le défier ou si ce n'était qu'un humain inconscient des règles qui régissaient un monde plus canin. Il ignorait évidement que Draco avait été initié rapidement à ces us et coutumes par son père, et ce dès que les premiers hybrides avaient rejoint les rangs du seigneur noir, et qu'il se faisait manipuler sans s'en rendre compte. Le blond esquissa un sourire avant de continuer, plus bas.

 

« Généralement on choisit ceux qui vont sur le terrain et ceux qui restent nettoyer selon leurs capacités. Il me semble que l'on peut facilement se mettre d'accord sur le fait que l'intervention d'il y a deux jours à amplement montré le niveau déplorable de certaines personnes trop mises en avant. »

 

Les yeux de Greyback brillèrent de colère et sa mâchoire se serra. Mais il ne chercha pas à faire taire l’impertinent qui s’apprêtait à reprendre ce qu'il disait, cela réjouissant Draco intérieurement. S'il commençait à regagner son droit de parole, c'est que le loup-garou le tolérait de plus en plus. Il avait bien fait d'être patient et de ne pas se décourager devant le mépris affiché auquel il avait eu droit trois semaines auparavant. Mais sa confiance n'était pas encore acquise, si tant est qu'elle puisse l'être totalement un jour, il comptait plus sur le fait de devenir utile à la rébellion aux yeux de l'hybride plutôt que de devenir important pour lui, personnellement. Cet animal n'avait pas de cœur de toute manière. Et, en bon toutou, son instinct le poussait à protéger la meute plutôt que sa personne. En d'autres termes, si Draco prouvait son implication dans leur cause, il deviendrait « tolérable » voire « nécessaire » aux yeux de Greyback. Donc il devait tout jouer sur la carte de la rébellion.

 

« Ce genre d'erreur pourrait coûter cher à cette organisation. Nous sommes passés à un cheveux de la catastrophe. »

 

Draco s'efforçait d'employer le plus possible le « on » et le « nous » pour parler du groupe. C'était une manière insidieuse mais efficace de se greffer aux autres et d'implanter l'idée dans la tête du loup-garou. Il avait juste de la chance que celui-ci ne soit ni sémiologue ni psychologue. Quelqu'un d'un peu plus futé -ou plus humain- ne se serait pas forcement fait prendre.

 

« Je crois même qu'on devrait remercier les aurors d'être encore plus mal organisés que nous en ce moment. Mais il ne faudra pas compter sur ça trop longtemps, ils vont finir par se remettre de la mort de leur gourou. »

 

Le blond faisait également de plus en plus facilement référence à Potter, insistant sur sa mort sans aucune expression particulière sur le visage tandis qu'au fond de lui, il priait pour que cet imbécile soit en sécurité. Ça encore, faisait pencher la balance des incertitudes de Greyback de son côté. Bientôt, ce sale clebs lui mangerait dans la main, foi de Malfoy.

 

.oOo.

 

Avec une grimace, Harry étira ses articulations les unes après les autres, l'engourdissement qu'il sentait dans ses membres lui donnant l'impression d'être un petit vieux. Il avait enfin repris l'entraînement. FanYu Lui avait demandé de rester attentif à la moindre sensation de rechute, mais le directeur du bureau des auror l'avait assuré y aller à son rythme. Pour le moment il se contentait d'exercices physiques, remettant à plus tard l'utilisation de sa magie pour des choses plus complexes qu'un leviosa. Sidley l'accompagnait parfois et en profitait pour lui faire part de leurs avancées. S'il y avait un point positif à toute cette histoire, c'était que son auror avait réussi à prouver qu'il avait les épaules pour possiblement prendre sa relève. Pas que ce soit envisagé pour le moment, il était loin de la retraite, mais mieux valait être paré à toutes les éventualités. Harry avait toujours vu son auror comme une tête brûlée qui avait tendance à foncer dans le tas sans réfléchir, mais depuis la catastrophe qui avait coûté la vie à Philip, Sidley était étonnamment calme et posé, faisant preuve de suffisamment d'autorité pour que le reste des aurors se range sous ses ordres sans trop de débordements. Et, débarrassé de la mauvaise habitude de se mettre inutilement en danger sur le terrain, il n'en devenait qu'un adversaire plus dangereux pour les rebelles qu'ils combattaient.

 

« Harry. À quoi tu penses ? »

 

Celui-ci redressa la tête, se rendant compte qu'il était toujours en train d'étirer son épaule droite. Il sourit, répondant avec honnêteté.

 

« À toi. Aux progrès que t'as fait. Tu pourrais presque devenir directeur à ma place. »

 

Le noir écarquilla les yeux avant de secouer la tête.

 

« Parle pas de malheur patron. Je compte bien rester sous tes ordres pendant le plus de temps possible. Mais merci. »

 

Il sembla hésiter une seconde avant d'oser poser la question qui lui brûlait les lèvres.

 

« Pas Tony ?

-Hein ?

-Anthony. Il pourrait pas le devenir lui aussi ? »

 

Harry retira le harnais lesté qui lui servait pour se remettre en forme et se recoiffa du plat de la main.

 

« Non. Tony est fait pour le terrain. Il a l'air d'être un peu brute pour certains, mais en fait il se prend beaucoup trop la tête. S'il était directeur, il passerait tellement de temps à se ronger les sangs pour tous les aurors qu'il finirait par faire une attaque. Il a besoin d'avoir quelqu'un au dessus de sa tête pour pouvoir se donner au maximum. »

 

Sidley hocha doucement la tête avant qu'Harry ne reprenne.

 

« Je précise que cette analyse ne vient pas de moi. C'est Philip qui m'a dit ça quand, après avoir été choisi pour le rôle de directeur, je doutais de ma légitimité. Je sais pas si tu te rappelles, mais c'était un peu tendu entre Anthony et moi à ce moment là...

-Il avait du mal a accepter ton autorité, ouais. Je m'en rappelle. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a sacrément changé d'attitude envers toi. »

 

Harry esquissa un sourire. En effet, au fur et à mesure qu'il prenait sa place en temps que directeur, Tony l'avait tout d'abord toléré, puis accepté, et enfin pris en amitié jusqu'à devenir une vraie mère poule. Les deux hommes échangèrent un regard entendu, lâchant à l'unisson :

 

« Faut qu'on lui trouve une nana. »

 

Et d'ailleurs, en parlant de ça...

 

« Vous êtes allé dans le bar que tu voulais lui montrer finalement ? »

 

Immédiatement Sidley se renfrogna, Harry s'inquiétant pendant une seconde. Mais le grand noir finit par lâcher, avec un air désabusé :

 

« J'aurais pas du lui dire de se faire beau. Les filles regardaient que lui. C'était vexant. »

 

Son directeur éclata de rire, lui tapotant l'épaule gentiment tout en s'agrippant à la barre de l'ascenseur pour ne pas se retrouver par terre. Ils sortirent à leur étage, retrouvant avec plaisir les couloirs lumineux du service des aurors. Il était temps de faire refaire l'éclairage du deuxième sous-sol, celui qui menait à leurs salles d’entraînement, ça devenait glauque.

Le silence s'était installé doucement, uniquement altéré par le léger frottement de leurs semelles sur la moquette. Ils passèrent devant le portrait de Philip, lui jetant un petit regard avant de continuer leur chemin. Il dormait toujours de toute façon. Alors qu'il entraient dans l'infirmerie, Harry se tourna brusquement vers Sidley.

 

« Au fait, l'absence de Dray doit étonner, non ?

-Dray ?

-Draco. »

 

Harry se sentit rougir. Il avait tellement l'habitude de le surnommer comme ça dans ses pensées que c'était sortit tout seul. Mais son auror ne fit aucune remarque, se contentant de se gratter un sourcil.

 

« Ah... Bah en fait, comme tu n'étais pas là pour prendre une décision à ce sujet, j'ai pris l'initiative de descendre dans son bureau pour prévenir qu'il ne pourrait pas être présent pendant un moment pour une raison personnelle.

-Raison personnelle ?

-Ouais, une tante dont il était très proche qui serait décédée... C'est nul mais j'avais pas d'autre idée en tête. »

 

Son directeur secoua la tête, après tout, lui non plus n'aurait pas vraiment su quoi donner comme excuse, et le laissa continuer son récit. Sidley avait eu la bonne idée de préciser que s'ils voulaient, Potter pourrait passer leur donner des nouvelles. Évidemment cela avait cloué le bec à tout le monde et fait disparaître l'excuse bancale de leurs esprits. La seule chose que les collègues de Malfoy avaient dû retenir, c'était qu'il était suffisamment proche du directeur du bureau des aurors pour que celui-ci l'accompagne pendant un deuil. Sidley leur avait ensuite conseillé de prendre un remplaçant et, devant le « mais... » incertain d'un des responsable du bureau, il avait lâché avec un air las que si le fait qu'il se soit lui même déplacé ne suffisait pas et que s'ils le voulaient vraiment, il pouvait demander à ce qu'une lettre officielle leur soit faite. Tous ses interlocuteurs avaient immédiatement été gênés et s'était empressés de lui dire que ce n'était pas la peine. Harry siffla, impressionné.

 

« Joli.

-N'est-ce pas ? Comme quoi, je suis pas si nul que ça en improvisation. Et t'aurais du voir ça, presque tout le monde m'a raccompagné à l'ascenseur comme si j'étais d'une délégation diplomatique... »

 

Son air fier fit sourire Harry, mais il ne plut s’empêcher de lui poser une dernière question.

 

« Pourquoi tu l'as protégé ? »

 

Sidley haussa les épaules et, voyant que son interlocuteur attendait une réponse un peu plus construite, chercha ses mots pendant quelques secondes.

 

« Je me suis dit que ça ferait de la mauvaise pub. J'avais peur que les gens s'imaginent des trucs et que, si l’existence de l'organisation rebelle se faisait savoir, il y soit tout de suite rattaché dans leurs esprits.

-Donc pour toi il n'a pas de lien avec eux ?

-Je...Je crois que je lui fais confiance pour le moment. Innocent tant qu'on a pas prouvé qu'il est coupable. »

 

Harry acquiesça doucement et, au moment où il s’apprêtait à remercier son auror, celui-ci repris la parole, un léger sourire sur les lèvres.

 

« Il t'a sauvé la vie alors qu'il aurait pu te regarder mourir. Et j'ai l'impression que l'affection qu'il te porte n'est pas feinte... Même s'il a l'air affreusement maladroit quand il s'agit de le montrer. »

 

Le brun resta silencieux quelques secondes, la bouche légèrement ouverte. Quand il réussit à reprendre ses esprits, il lâcha un petit rire gêné.

 

« Ouais, je crois qu'il a jamais été très expansif... C'est même possible qu'il refuse d'admettre ce genre de chose.

-Vous faites la paire alors, non ?

-Hein ?

-Bah tu comptes lui dire ? »

 

Harry fixa son auror avec les sourcils levés, incapable de comprendre où il venait en venir.

 

« Lui dire quoi ?

-Que tu l'aimes bien. »

 

Le sourire légèrement moqueur de Sidley ne l'aidait vraiment pas à y voir plus clair.

 

« Je... Bah... Il le sait, non ? Sinon je l'aurais pas laissé faire la mission avec nous. »

 

Le grand noir soupira. Ce n'était pas vraiment la réponse qu'il attendait.

 

« C'est fou comme tu peux être efficace en mission et percuter super lentement quand il s'agit de choses plus personnelles. Bon, ton infirmier attend je crois. À plus patron ! »

 

Et avec un dernier sourire, il tourna les talons, laissant un Harry plus que perplexe derrière lui. Celui-ci finit par hausser les épaules et rejoignit FanYu qui l'attendait derrière son bureau, penché sur un gros livre qui sentait la poussière. Dès qu'il l'entendit entrer dans son bureau, l'asiatique redressa la tête, remettant ses petites lunettes correctement en place sur son nez. Le brun s'empressa de lui dire que tout allait bien et qu'il n'avait pas ressentit l'espèce de pincement au cœur qui le rappelait à l'ordre quand il en faisait trop. Il allait définitivement mieux. FanYu insista quand même pour faire leur petite routine de vérification habituelle. Après avoir posé ses lunettes sur sa table, il accompagna son patient de l'autre côté d'un grand rideau blanc et, point par point, s'assura qu'Harry était en bonne santé. Il remarqua avec une certaine satisfaction qu'en effet, son cœur semblait bien plus robuste que lors du dernier examen.

 

« Tu es en train de guérir.

-Je pensais que je garderais une fragilité à vie...

-C'est le cas, donc ne joue pas au con en mission. Mais ton cœur récupère pus vite que prévu. Disons que ta magie fait du bon boulot. Elle est plus forte, elle aussi. »

 

Le brun l'écoutait attentivement, la tête penchée. Il esquissa un sourire à sa dernière phrase.

 

« Je vais pouvoir recommencer à m'entraîner aux sortilèges ? »

 

FanYu lui lança un regard en coin, pinçant les lèvres. Puis, presque à contrecœur, il acquiesça.

 

« Oui. Mais doucement et progressivement. Ne rigole pas avec ça, ça pourrait te faire faire une rechute. »

 

Harry hocha vivement la tête. Il ferait attention, il connaissait les risques. Mais l'idée de pouvoir de nouveau utiliser sa magie le rendait bien trop heureux pour qu'il puisse rester sur le sentiment amer que FanYu essayait, pour son bien, de l’empêcher d'oublier.

 

.oOo.

 

 

Draco jeta un regard circulaire sur ses nouveau quartiers. Rien de bien réjouissant, il avait été mis dans le dortoir des sous-fifres de l'organisation rebelle. Encore un coup dur pour sa fierté, mais il saurait s'y faire. Greyback essayait simplement de lui imposer son autorité, mais s'il se sentait obligé de le faire, c'était qu'il avait probablement des projets pour Draco plus grands que ceux de le laisser nettoyer la grande bâtisse jusqu'à ce que mort s'en suive. Le loup-garou avait expliqué ce changement en prétextant qu'il transportait la saleté du cachot avec lui et qu'il salissait encore plus. Une excuse bidon, mais le blond avait été suffisamment content de quitter l'humidité de son ancienne chambre pour ne pas faire de remarque cinglante. Si côtoyer une bande de mercenaires stupides ne l'enchantait pas, il sentait qu'il était sur le bonne voie pour monter encore en grade et cela le gardait de bonne humeur.

 

« Malfoy ! »

 

Draco redressa la tête pour dévisager avec arrogance celui qui avait osé l'interpeller de la sorte. Avec satisfaction, il vit l'air sûr de lui du type disparaître progressivement avant qu'il ne lui dise rapidement que Greyback voulait lui parler. Le blond hocha la tête et se redressa, sentant avec satisfaction les regards des autres dans son dos. Ils avaient intérêt à prendre l'habitude de le voir partir pour discuter avec leur chef, il serait bientôt lui aussi dans le commandement de tête. Et dès que ce serait le cas, ils allaient tous payer. Draco avait envisagé de prévenir le bureau des aurors de sa présence dès le moment où il avait pu quitter son cachot pour aller nettoyer le manoir, mais il s'était rapidement rendu compte que temps qu'il n'aurait pas la liberté d'errer à sa guise, il ne pourrait pas envoyer un message discrètement. Il commençait tout juste à regagner la confiance de Greyback et à ne plus avoir sans arrêt quelqu'un sur ses talons, mais il avait toujours l'interdiction formelle de sortir du manoir. S'il désobéissait, il détruisait le piège qu'il était lentement en train de tisser pour tous ces rebelles. Alors il attendait, patiemment, que les mouches se prennent dans sa toile.

Il toqua à la grande porte en bois qui donnait sur le salon personnel que se réservait le loup-garou. Rien de bien luxueux et l'odeur du bois pourri, ayant beau être diminuée par la chaleur des rayons qui filtraient dans la pièce, n'était remplacé que par celle du chien mouillé, tout aussi désagréable.

 

« Greyback.

-Malfoy. »

 

Il entra et, sur un signe de tête de la créature, s'installa en face de lui. C'était bien la première fois qu'il discutait au calme avec lui et pas debout, au milieu d'un couloir. Un sourire étira les lèvres de Draco juste avant que le loup-garou ne le prenne de court.

 

« Tu prétends vouloir aider notre organisation. Pourquoi ne pas t'être rebellé contre le nouveau système plus tôt ? »

 

Ces mots sonnaient bizarrement dans la bouche de Greyback, comme s'ils étaient trop distingués et bien dits pour sortir de sa bouche pleine de crocs, comme s'il ne faisait que répéter ce que quelqu'un lui avait demandé de dire. Draco se doutait depuis longtemps que ce n'était pas le loup-garou qui était à l'origine de ce soulèvement rebelle. Le vrai cerveau se cachait encore. Mais quoi qu'il en soit, le fait que celui-ci ait demandé à la créature d'y aller aussi directement avec ses questions donnait enfin la possibilité à Malfoy de faire définitivement pencher la balance de son côté. Il avait toujours été doué pour manipuler les mots.

 

« Comment aurais-je pu ? J'étais seul. Vous vous êtes bien gardé de me mettre au courant.

-Tu n'avais pas l'air de vouloir faire quoi que ce soit contre eux.

-Oublierais-tu de qui je suis le fils, Fenrir ? »

 

Le ton de Draco s'était durcit, une grimace d'énervement tordant son visage. Il reprit, tout aussi froidement.

 

« J'étais surveillé en continu. Tu ne demandes pas pourquoi on m'a donné un poste au ministère ? Réfléchis un peu... Puisqu'à la fin de mon procès il a été décidé de m'épargner, la seule solution qu'ils avaient pour continuer à me surveiller était de me garder près d'eux. Je suis toujours un fils de mangemort potentiellement dangereux. »

 

Greyback semblait un peu perdu et, lança un coup d’œil au livre qui était ouvert à côté de lui. Brusquement, Draco se rendit compte qu'une plume à papote était en train de retranscrire chacun de ses mots. Et, alors qu'il s'était tut et que l'outil s'était doucement reposé contre la page, de nouvelles lettres se tracèrent, formant de jolies courbes noires sur le vieux papier. Le blond écarquilla les yeux en comprenant. Le vrai chef de cette organisation était en contact avec eux en ce moment précis. C'était lui qui posait les question, le loup-garou ne faisait que les lire. Un frisson glissa le long de sa colonne vertébrale. Il devait trouver qui était cette personne. Greyback venait de finir de déchiffrer la nouvelle question et Draco s'empressa de reprendre une expression neutre et impassible.

 

« Pourquoi ne pas avoir réagit à notre lettre ? »

 

Le blond faillit lâcher un soupir de soulagement, si cette fichue lettre venait d'eux, s'était qu'il n'y avait donc qu'une seule organisation rebelle à détruire. C'était déjà positif.

 

« Ma maison est surveillée, mon courrier aussi. Ils ont trouvé la lettre et m'ont placé en garde à vue. »

 

Puis il se réinstalla plus confortablement dans son siège, posant ses coudes sur ses genoux écartés et se penchant légèrement en avant. Il aurait juré avoir vu la plume à papote tressaillir quand il reprit, le ton mordant et plein d'ironie.

 

« Mais vous vous aviez des observateurs pour me surveiller vous aussi, vous auriez du le savoir. »

 

Il ne s'adressait même plus à Greyback, reprenant un « vous » de circonstance puisqu'il soupçonnait la personne se cachant derrière le livre d'être bien plus noble et distinguée que le loup-garou.

Après plusieurs secondes, une nouvelle phrase s'inscrivit sur le livre.

 

« Nos observateurs t'ont vu avec Potter en tout cas. »

 

Draco se redressa, s'appuyant contre le dossier de son fauteuil et croisant les jambes. Il s'efforçait de garder un visage impassible, en aucun cas il ne devait se faire déstabiliser. En plus il ne savait absolument pas ce qu'ils avaient vu, ils pouvaient très bien bluffer.

 

« Bien sûr. Je ne comptait pas rester simple employé du ministère toute ma vie. Approcher Potter était la meilleur chose à faire. Ce garçon est naïf, il est persuadé que le monde et profondément bon et qu'avec un peu de gentillesse, tout le monde va se ranger à ses côtés. »

 

Il ponctua sa phrase d'un léger ricanement qui, s'il ne fut pas transcrit par la plume à papote, eut le mérite de faire légèrement sourire le loup-garou. Il était lentement mais sûrement en train de se le mettre dans la poche.

 

Et pas moins de deux jours plus tard, Draco fut de nouveau convoqué par Fenrir. Sauf que cette fois il le fut avec quatre autres personnes qu'il savait être des hommes de terrain. Enfin.

En pénétrant dans la pièce qui puait le chien mouillé, il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à l'endroit où il avait vu le livre la dernière fois. C'était peut-être sa clé pour retrouver le vrai responsable de l'organisation, mais pour le moment il devait être rangé ailleurs. La table était désespérément vide. Le jeune homme reporta alors son attention sur les autres hommes postés à ses côtés, attendant silencieusement que leur chef parle. Ils ne payaient pas de mine, mais s'il étaient envoyés en mission c'était probablement qu'ils savaient se servir de leur baguette. En tout cas on était loin de la frayeur qu'étaient censés causer les mangemorts à l'origine.

 

« Malfoy. »

 

Le blond croisa le regard de Greyback et resta immobile tandis que celui-ci le toisait, les sourcils froncés. Puis il reprit.

 

« L'organisation a décidé de te donner une chance de prouver ta bonne foi. Tu vas partir en mission avec ces hommes. »

 

Puis, ignorant certains reniflement dédaigneux et autres réactions de méfiance des hommes entourant Draco, le loup-garou continua.

 

« Nous avons été informés qu'un de nos fournisseurs avait l'intention de nous trahir. Il aurait déjà tenté de joindre le gouvernement en passant outre notre surveillance. Vous allez lui rendre une petite visite pour lui rappeler ses obligations. »

 

Se tournant vers le blond, il expliqua, son sourire dévoilant ses longues canines.

 

« Vous le descendez. C'est Malfoy qui doit s'en charger. »

 

L'intéressé ne parut pas plus surpris que ça. En fait il se doutait que sa réhabilitation allait devoir passer par cette étape. Cette simple idée le répugnait, il se souvenait suffisamment bien de la sensation nauséeuse qui lui avait retourné les entrailles alors qu'il se tenait face à l'ancien directeur de Poudlard, prêt à lui ôter la vie, mais il n'avait pas vraiment le choix. Il devait regagner un semblant de confiance pour avoir les mains libres et tendre un piège à toute cette bande d'abrutis. Joindre Potter risquait d'être compliqué s'il était surveillé en continu. Il releva le menton avec l'air hautain qu'il tenait de son père.

 

« Et je dois le faire à mains nues ou tu comptes me rendre ma baguette ? »

 

Le loup-garou affronta son regard pendant quelques instants avant de lui faire signe d'avancer. Puis il sortit quelque chose d'une des poche de la veste sale et informe qu'il avait sur les épaules. Draco réprima un mouvement de recul lorsqu'il attrapa son poignet pour y clipper une sorte de bracelet. Immédiatement Malfoy fronça les sourcils en jetant à l'objet un regard mi-curieux mi-mécontent.

 

« Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

-Un collier, pour être sûr que tu ne t'échapperas pas.

-Pardon ? »

 

Greyback laissa un sourire moqueur dévoiler ses crocs et expliqua avec un air satisfait que s'il lui prenait la moindre envie de rébellion, que ce soit en faussant compagnie à ses coéquipiers ou en se retournant contre eux, ce bracelet libérerait immédiatement un sortilège mortel. Et puisque les quatre hommes qui l'accompagnaient savaient enclencher le processus, il n'était même pas question d'essayer de les avoir les uns après les autres, il n'en aurait pas le temps.

Lâchant un soupir las, Draco inclina la tête de côté, ne pouvant s’empêcher de faire remarquer que s'il avait voulu faire quelque chose contre eux, il aurait déjà essayé de le faire pendant qu'il était sans surveillance et occupé à nettoyer le manoir. Cet imbécile de loup-garou sembla le croire puisqu'il ne rajouta rien, allant juste ouvrir un plumier rangé sur un coin de l'antre de la cheminée. Il en retira une baguette qu'il tendit au blond et celui-ci se prit à sourire en sentant le contact familier du bois entre ses doigts. Puis celui qui devait être le chef du petit groupe d'hommes qui l'accompagnait décréta qu'ils allaient se mettre en route sans plus tarder et tourna les talons après avoir salué Greyback d'un léger hochement de tête. En fouillant dans sa mémoire, Draco cru se souvenir de l'avoir déjà vu quelque part, probablement parmi les fréquentations douteuses et les mangemorts qu'il avait côtoyés étant plus jeune. Ce ne devait pas être quelqu'un de très important à l'époque cela dit, sinon il s'en rappellerait, il avait une bonne mémoire des visages. Les autres, en revanche, étaient inconnus au bataillon. Ils semblaient obéir au type qui marchaient devant eux mais ils avaient plus la dégaine de chiens galeux typiques des loup-garous. En tout cas, ils en avaient l'odeur.

 

Il sentit plusieurs personnes lui jeter des regards en coin alors qu'il descendait les marches de l'escalier principal avec les autres. Certains avaient clairement du mal à comprendre ce qu'il faisait là et s'il était ou non avec eux en fin de compte. Draco prit un malin plaisir à soutenir leurs regards jusqu'à ce qu'ils détournent la tête. Toute cette bande de crétins s'étaient fichus de lui pendant un peu trop longtemps à son goût, il était temps de reprendre les commandes.

Il plissa les yeux dès que la grande porte s'ouvrit, réalisant brusquement qu'il n'avait pas mis les pieds dehors depuis probablement plusieurs mois. L'air était doux et tandis que son regard glissait sur l'herbe en friche et les arbres du petit jardin, le blond estima que c'était bientôt le début de l'été. La réalisation le frappa quelques secondes plus tard et, même s'il ne laissa rien paraître, il se morigéna intérieurement. Il avait perdu beaucoup trop de temps.

 

Les vieilles grilles grincèrent quand l'homme qui ouvrait la marche s'arc-bouta pour les faire pivoter sur leurs gongs. Draco ne perdait pas une miette du paysage qui se dévoilait devant lui. Il devait absolument découvrir leur emplacement précis. Mais pour le moment, le seul indice potentiellement utilisable était le haut d'un clocher de campagne, visible à l'extrémité de la plaine. Il lui faudrait plus d'informations s'il espérait pouvoir guider les aurors jusque là. Presque inconsciemment et comme à chaque fois que ses pensés dérivaient vers Potter, le blond porta ses doigts au pendentif qui n'avait pas quitté son cou, toujours caché sous ses vêtements. Il ne lui avait jamais été retiré et il le gardait toujours hors de vue de tous. C'était un poids rassurant contre le haut de son torse et il aurait même juré ressentir une légère chaleur s'en échapper de temps en temps.

 

Le groupe continua à marcher silencieusement, s’éloignant du manoir. Naturellement, du moins c'est ce que présumait Draco puisqu'il n'avait pas capté d'ordre allant dans ce sens, les hommes s'étaient placés en étoile autour de lui. Pourtant ils avaient l'air relativement détendus, comme si, malgré le peu de confiance qu'ils lui accordaient, ils savaient que le bracelet qu'il portait au poignet les protégeaient de toute tentative de rébellion. Puis, alors qu'ils avaient probablement marché un petit kilomètre, le chef de la troupe s'arrêta.

 

« Bien. Vous savez tous où on va. »

 

Un à un, les hommes se mirent à disparaître. Draco ouvrit la bouche, s’apprêtant à demander comment il était censé les suivre, mais la main qui s'accrocha à son bras le fit taire, la sensation affreuse d'un transplanage imposé lui retournant les entrailles. Il manqua de se casser la figure à l'arrivée et se força à inspirer profondément à plusieurs reprises pour reprendre des esprits. L'odeur forte du poisson et de l'iode lui piqua les narines, le faisant légèrement grimacer et, par automatisme, il remis correctement en place la chemise de mauvaise qualité et la veste rapiécé qu'on lui avait fourni. Le tissus le grattait, mais cela lui permettait au moins de ne pas rester dans des habits sales.

 

« Suivez moi. »

 

Le chef du groupe venait de parler, rangeant dans sa poche un petit papier. Draco fronça les sourcils en lui emboîtant le pas. À tous les coups, c'était l'adresse du type qu'il devait descendre qui y était inscrite, s'il le récupérait et trouvait un moyen de l'envoyer aux aurors, il les mettrait tout doucement sur la piste. Ça faisait beaucoup de si, mais il n'avait rien de mieux pour le moment et l'arrière du bâtiment qu'ils étaient en train de longer ne lui apprenait rien non plus.

Ils se glissèrent tous entre deux containers de déchets et empruntèrent un petit sentier étroit qui menait directement à un quartier plus résidentiel. Cela leur permettait d'éviter la grand route -bien qu'elle soit probablement vide vu l'air d'abandon total qui régnait dans ces lieux- et ils arrivèrent à leur but en n'ayant croisé qu'un gros matou qui avait fuit, la queue entre les pattes, et était allé continuer sa sieste sur le rebord d'une fenêtre.

L'homme qui les guidait ralenti puis s'arrêta à l'arrière d'une bâtisse semblable aux autres en tout point. Même jardin parfaitement tondu, même pots de fleurs joliment disposé, même rideaux de grand-mère que l'on devinait derrière les vitres. Ils s'accroupirent tous pour avancer jusqu'au muret qui délimitait le fond du jardinet propret et bien entretenu et Draco les imita sans se poser de questions. À mi-voix, leur chef lâcha quelques ordres.

 

« C'est ici. Il cache ses activités derrière la façade du bon père de famille sans histoire donc à priori c'est une maison des plus banales. Bart, Matt, sécurisez quand même les côtés. Malfoy et Zac, derrière moi. On défonce la porte, on trouve le type. Malfoy le descend. »

 

Son visage dur se tourna vers l’intéressé.

 

« Et pas d'hésitation sinon tu subis son sors. Et dis toi que si on doit revenir terminer le travail à ta place, ce sera plus long et plus douloureux pour ce mec. Tu ne voudrais pas qu'il souffre, si ? »

 

Draco lui jeta un regard noir et l'homme esquissa un sourire.

 

« Dernière chose : Pas de témoins. Allez. »

 

Les dénommés Bart et Matt jaillirent de leur cachette, baguette levée, courant de chaque côté de la bâtisse tout en restant le plus près du sol possible. Presque en même temps ils agitèrent leur main libre en l'air dans une série de gestes rapides et Draco se prépara à bouger.

 

« Go. »

 

Après cette simple injonction, le chef du groupe s'était élancé vers la porte arrière, le blond sur ses talons. Il sentait le dernier homme dans son dos et c'était aussi sécurisant qu'inquiétant. Il ne faisait confiance à aucun de ces mecs et il ne pouvait qu’espérer que leur loyauté envers Greyback serait suffisante pour qu'ils n'aient pas envie de le faire disparaître en chemin.

D'un coup de pied, le meneur défonça la porte arrière, le cri d'une femme résonnant à l'intérieur.

 

« Que personne ne bouge ! »

 

Ils venaient de pénétrer dans le salon qui était à l'image du jardin, cozy, relativement bien éclairé et décoré de tableaux et de petits napperons en dentelle. Une femme, les deux mains sur la bouche pour refréner un autre cri, était visible à travers la porte vitrée qui donnait sur la cuisine et un homme, tête levée et yeux écarquillés, venait de lâcher son journal par terre.

Le chef, dont Draco ignorait toujours le nom, ouvrit la porte vitrée à la volée, tirant la femme à l’intérieur du salon et la poussant sans ménagement vers son mari. Celui-ci venait de lever les mains en l'air, dans une tentative évidente de clamer le jeu.

Un bruit retentit à l'étage et Zac, qui était resté entre le couloir et le salon, s'empressa de monter, redescendant quelques secondes plus tard en traînant un petit enfant derrière lui.

 

« Margaret ! »

 

Il fit taire la femme en lui poussant la petite effrayées dans les jambes et elle s'empressa de la serrer contre elle. L'homme ne semblait pas en mener large non plus. Il essuya maladroitement une grosse goutte de sueur qui coulait le long de sa tempe et se mis à bafouiller.

 

« Voyons, messieurs, je suis sûr qu'il s'agit d'une erreur...

-Silence. »

 

La voix du chef de la troupe avait claqué, faisant sursauter les trois personnes qui se trouvaient devant lui. Pour la deuxième fois, il sortit le petit papier de la poche large de sa veste et fronça les sourcils.

 

« Jonas Wester, c'est bien ça ?

-Oui.

-Ancien associé, coupable de trahison. Vous avez essayé de faire du chantage aux personnes de notre association avec qui vous étiez en contact en menaçant de nous vendre aux autorités. Peine prévue : maximale. »

 

Il avait lu le verdict d'une voix froide et sans émotions, ignorant les « tu vois, je t'avais bien dit de ne pas fricoter avec ces types louches » et autres plaintes que le femme murmurait à son mari en caressant nerveusement les cheveux blonds de la petite fille cachée contre ses jambes. L'homme toussa plusieurs fois, essayant de s'éclaircir la gorge et de se donner un minimum de contenance.

 

« Essayons de discuter voulez-vous ? Je suis sûr que...

-Silence. »

 

Puis, se tournant vers Draco, le chef de la bande souffla, un sourire mauvais sur les lèvres.

 

« Je te laisse dix secondes. Sinon pense à ce que je t'ai dit dehors. »

 

Draco sentit son sang se glacer, son cœur battant furieusement dans sa poitrine. Sa main moite glissait le long de sa baguette, son bras était lourd. Il visa.

 

« Jonas, qu'est-ce que c'est que ça ?

-Attendez ! On peut trouver un arrangement ! »

 

Des moldus, comprit Draco. En tout cas la femme. L'homme était soit sorcier, soit un sans pouvoir qui avait connaissance de leur existence et avait voulu jouer avec le feu. Il hésita. Son regard dériva sur la petite tête blonde et il s'empressa de détourner les yeux. Ignorer la femme. Ignorer la fille. Se concentrer sur le type. Il avait les yeux un peu globuleux, les cheveux ras, voire presque absents sur les tempes. Des petites rides marquaient profondément le coin de ses yeux, comme chez ceux qui ont tendance à rire beaucoup. Idem autour de sa bouche. Il suait. La panique sans doute, et son cœur battait à une cadence infernale, sa jugulaire pulsant dans son cou. Draco oublia de respirer et, les doigts tremblants, il ne put s’empêcher de remarquer qu'il était dans le même état que cet homme. Mais la voix sèche du chef de la mission claqua.

 

« Cinq. Quatre... »

 

Draco emplit ses poumons. De toute façon ils allaient tuer ce type, et d'une manière sûrement beaucoup plus violente. C'était une piètre excuse, il en avait conscience. Il n'avait jamais su tuer. Il n'avait jamais eu les tripes pour. Le mage noir ne l'avait envoyé tuer Dumbeldore que pour qu'il échoue et qu'il puisse se servir de cet échec pour manipuler plus facilement son père. Pourquoi était-il là ? Pourquoi faisait-il ça ?

 

« Trois... »

 

Une toute petite chaleur le fit revenir à lui, loin des images macabres qui envahissaient sa rétine dès qu'il repensait au mage noir. Elle s’amplifia, pénétrant la peau de son torse et se diffusant dans son corps. Le pendentif. Harry. Il devait retrouver cet imbécile ne serait-ce que pour s'assurer qu'il était vivant il lui foutre une baffe pour lui avoir faire croire qu'il était mort. Il voulait revoir ses yeux beaucoup trop verts et son sourire qui l'énervait tant quand ils étaient encore écoliers. Et pour ça il devait contacter les aurors, devenir un espion infiltré, regagner la confiance de Greyback. Tuer ce mec.

 

« Deux... »

 

L'éclair vert fusa, atteignant Jonas Wester en pleine poitrine et celui-ci s'écroula dans le canapé derrière lui sans un bruit. Puis la femme se mit à crier, un deuxième sortilège vert provenant de la droite de Draco la faisant taire dans la seconde. La petite fille s'écroula juste après sa mère.

 

Le blond détourna immédiatement la tête, respirant fort et essayant de reprendre le contrôle de son corps, son cœur et ses émotions. L'odeur de la mort le prenait aux narines et ce fut avec une voix faible et basse qu'il réussit à parler.

 

« La femme et la fille... Pourquoi ?

-Pas de témoins. »

 

L'homme avait lâché ça comme s'il parlait du temps qu'il faisait. Puis, sortant une petite seringue de sa poche, il alla piquer la cheville des trois victimes, vidant le reste du réservoir dans le thé encore chaud que la femme venait de préparer. Puis il fit signe aux autres de sortir et, au moment où ceux qui montaient la garde dehors les rejoignaient, il se tourna et répara la porte arrière d'un coup de baguette.

 

« Partons. »

 

Sans un mot, les hommes lui emboîtèrent le pas, leur visages inexpressifs encore plus fermés qu'avant. Zac trébucha devant Draco et pendant une seconde celui-ci se demanda si lui aussi avait du mal à supporter qu'on tue de sang froid une famille devant lui.

Même si la chaleur du pendentif s'était atténué, le blond n'oubliait rien ce que cela lui avait insufflé. Il devait retrouver Potter. Il recouvrait les images horribles qui s'accrochaient à sa rétine par celle de son ancien ennemi, s'accrochant à sa mémoire pour reconstituer un visage fidèle à la réalité et oublier la façon dont les cheveux de la petite fille blonde avaient volé autour d'elle alors qu'elle s'écroulait par terre. Redressant la tête, il posa son regard sur la veste que portait le chef de l'expédition. Sur sa poche droite. Un plan était doucement en train de germer dans sa tête.

 

Comme à leur arrivée, ils se retrouvèrent tous à l'arrière de ce qui devait être un dépôt de poisson, formant un cercle autour du chef. Draco fit mine de frotter sa chaussure un sol pour en retirer un caillou imaginaire, laissant Zac prendre la place à gauche de celui qui donnait les ordres. Un des homme, Bart, lui lança un coup d’œil suspicieux et il planta son regard dans le sien, serrant la mâchoire.

 

« Quoi ? Tu t'imagines que je vais tenter de me faire la malle ? Tu ne penses pas que j'aurais essayé avant ? »

 

Il en profita pour se rapprocher de Bart, se positionnant à côté de lui. Et à la droite du chef. Comme ils commençaient tous à transplaner, Draco se tourna vers lui.

 

« Je présume que vous ne me faites pas confiance et donc que je ne peux pas transplaner seul.

-Tu présumes bien. »

 

Le blond lâcha un reniflement hautain et s'accrocha au bras de l'homme. Un transplanage durait en moyenne quatre à cinq secondes, dans la position où il était, il n'en aurait besoin que de deux.

Quand ils reprirent pied sur l'herbe, Draco fit mine de chanceler, croisant ensuite le regard moqueur de son transporteur qui venait de remarquer qu'en plus de son bras, le blond s'était accroché à sa veste, juste au dessus de sa poche. Faisant mine d'être vexé, le jeune homme recula d'un pas, se redressant et glissant son poing toujours fermé dans sa poche.

 

« Quoi ? Je déteste quand quelqu'un me fait transplaner.

-T'as pas le cœur très bien accroché Malfoy.

-Détrompe toi. »

 

Et ils reprirent le chemin du manoir, Draco inspirant profondément et laissant un léger rictus étirer ses lèvres tandis qu'il lâchait le petit papier plié au fond de sa poche.

 

Maintenant, il ne restait plus qu'à le faire parvenir aux aurors. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.

Rapidement, Draco se rendit compte qu'il allait devoir faire face à un problème de taille : Il avait beau avoir regagné un peu de la confiance de Greyback, celui-ci refusait toujours de lui laisser librement sa baguette. Il ne la récupérait que lorsqu'il était envoyé en mission – plus de tueries pour lui bien heureusement, il s'agissait surtout de sécuriser des livraisons – mais il était dans ces moments là, bien évidement, surveillé de près. Si seulement il avait eu un hibou. Pourquoi Archimède n'était pas là quand il avait besoin d'elle ? Quelle chieuse. Mais il ne pouvait s’empêcher d'espérer qu'elle aille bien, emmerdeuse de première, certes, mais il s'était tout de même attaché à cette boule de plumes.

Le seul autre moment où il avait l'autorisation de quitter le manoir était quand il était envoyé aux courses. Sans baguette, évidement, il devait faire ça dans le style moldu, accompagné d'un autre type qui râlait tout le temps. Ils utilisaient un vieux véhicule qui n'avait rien de magique pour descendre à la supérette du hameau d'à côté. Draco ne savait pas qui leur fournissait de l'agent moldu mais en tout cas ils n'en manquaient pas. Et ce fut lors de l'une de ces virées qu'il trouva comment contacter les aurors. Sans magie. Par la poste.

Acheter des enveloppes ne fut pas réellement une difficulté. Il se doutait bien qu'il ne pouvait pas juste envoyer le petit papier comme ça, sans rien, et il avait entendu une conversation bien utile entre deux moldues arrêtées devant le rayon papeterie. Quelque chose comme quoi elle devait envoyer une lettre et que c'était super qu'ils vendent des enveloppes à l'unité. Draco leur avait jeté un coup d’œil et, vérifiant que l'autre préposé aux courses était occupé du côté boucherie -leurs achats étant réservés aux hauts gradés, les autres se contentant de rations militaires sans goût, ils avaient souvent beaucoup de viande crue à ramener- il attrapa ce qui l’intéressait, y ajoutant un stylo noir, et se dépêcha d'aller payer avant que l'autre ne revienne. Il avait de la chance, Jack était plus râleur que méfiant. Il avait tendance à oublier de surveiller Draco en continu et préférait qu'ils se répartissent les tâches, histoire d'aller plus vite et de rentrer faire la sieste avant que le soleil ne soit trop haut. Le blond avait encore du mal à comprendre ce que faisait ce type dans l'organisation.

 

Pour écrire sur l'enveloppe, ce fut une autre histoire. Il dut déjà attendre son tour de douche pour pouvoir s'isoler dans une des cabines en pré-construit, glisser le petit papier en sécurité, mettre plusieurs minutes à comprendre que le petit dessin qui représentait une langue signifiait qu'il devait lécher le bord pour que ça colle -le goût était immonde d'ailleurs et il s'empressa de se laver la langue- et se trouver bien con à ne pas savoir quoi écrire.

Il soupira, frottant ses jambes nues l'une contre l'autre. Il avait intérêt à se dépêcher s'il voulait avoir le temps de se doucher. Pour éviter d'attirer des soupçons, il alluma l'eau, se plaçant hors de sa portée et mâchouilla le bout de son stylo -qui, contrairement aux plumes, n'avait pas besoin d'être trempé dans l'encre. Les moldus avaient de bonnes idées parfois-.

 

Harry Potter

 

Certes, mais si c'était suffisant avec Archimède, il doutait que cela marche ici. Il se souvenait parfaitement du nom de la banlieue où habitait Potter, mais pour avoir son adresse précise, c'était une autre histoire. Pourtant il était sûr, persuadé même, qu'il l'avait déjà entendue. Mais ça devait remonter à longtemps... Le stylo craqua sous ses dents et il cracha un petit morceau de plastique par terre en fronçant les sourcils.

C'était quand ils avaient bu un verre ensemble. Il avaient parlé du fait de vivre en banlieue et Potter avait expliqué que c'était Hermione qui lui avait trouvé sa maison actuelle. Qu'elle avait choisi la rue parce qu'elle portait le nom d'un auteur français qu'elle adorait. Et que le numéro lui avait tout de suite plu également car c'était un chiffre porte-bonheur selon elle. Quel chiffre déjà ? … Le douze ? Non, le treize ! Encore une croyance moldue bizarre.

Quelqu'un tambourina contre la porte et Draco lui hurla de dégager, qu'il avait bientôt fini. Puis il ferma les yeux essayant de se remémorer chaque détail de la conversation qu'ils avaient eu ce soir là. Il l'avait sur le bout de la langue en plus, c'était frustrant. Ses doigts tapotaient nerveusement contre le mur. Et brusquement le nom lui revint. Bon, il n'était pas totalement sûr de l’orthographe, mais il se rassura en se disant qu'il ne devait pas non plus y avoir trente-six milles rues avec des noms se ressemblant dans cette banlieue. Les moldus qui s'occuperaient de cette lettre allaient sûrement trouver. Et de toute façon, il n'avait pas tellement le choix, il aurait été bien incapable de retrouver l'adresse moldue du ministère de la magie et savait parfaitement que le courrier non-magique était lu et trié avant d'arriver aux différents départements, ça rallongeait le délais d'attente d'au moins deux bonnes semaines. Avec un léger soupir, il glissa la lettre dans le petit casier enfoncé dans le mur où il laissait ses vêtements et se doucha en vitesse.

 

Il avait déjà une idée de comment l'envoyer. Lui n'avait évidemment aucune idée de la façon dont il fallait s'y prendre, mais les gamins qui traînaient toujours près de l'épicerie avec leurs drôles d'engins à deux roues devaient savoir, eux. Aussi quand, trois jours plus tard, il fut de nouveau envoyé aux courses, il n'eut qu'à attendre que Jack aille du côté de la boucherie pour rejoindre les enfant discrètement.

 

« Hey ! Petit ! »

 

Un gosse qui mâchouillait un bonbon s'approcha avec un air désinvolte.

 

« Gamin, si tu me postes cette lettre, je te donne de quoi aller t'acheter d'autres sucreries. »

 

Et, pour donner plus de poids à ses paroles, il sortit au hasard une pièce de ses poches. Il avait encore un peu de mal avec l'argent moldu. Le garçon regarda ce qu'il avait dans la main avant de redresser la tête.

 

« Y'a pas de timbre sur vot' lettre.

-De timbre ? Ah... Oui. Tu peux mettre un « timbre » alors ? »

 

Il n'avait foutrement aucune idée de ce que ça pouvait bien être et, pour la première fois de sa vie, il se sentit bête de ne jamais avoir suivi un seul cours d'étude des moldus. Mais il ne pouvait pas vraiment se douter que ça lui aurait servi un jour...

 

« Faut que tu me donnes l'argent pour le timbre alors. »

 

Draco haussa un sourcil et, toujours au pif, sortit une autre pièce de sa poche.

 

« Et y'a pas de poste ici, faut aller au village d'à côté, c'est loin. »

 

Ce gosse commençait doucement à l’énerver. Il pointa du doigt l'étrange engin à roues qui était resté par terre.

 

«  Tu peux pas y aller avec ta bi...bicy... Bicy-truc là ?

-Bicyclette ? Ouais, mais c'est fatiguant. »

 

Comprenant où il voulait en venir, Draco haussa un sourcil. Puis, après avoir lâché un « tu perds pas le nord toi, hein. », il ajouta une dernière pièce au pactole. Le gamin lui fit un grand sourire où manquaient deux dents et prit le tout avant d'enfourcher sa bicy-truc et de partir à toute vitesse en hurlant qu'il était le facteur le plus rapide du monde.

Posant ses poings sur ses hanches, le blond le regarda partir en esquissant un sourire. Il avait l'impression étrange et satisfaisante d'avoir réussi à se faire comprendre en pays étranger.

 

 

 

.oOo.

 

À la prochaine ! Comme d'habitude, n'hésitez pas à commenter, ça motive ! Et les critiques construites, ça aide à progresser aussi ! (Vous avez même le droit de me lancer des cailloux parce que je ne respecte jamais mes délais.)

 
 
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