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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
21 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 11     Les chapitres     28 Reviews    
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La fuite

Titre : Parce que rien n’a changé

Auteur : Ketchupee

Disclaming : Tous les personnages appartiennent à J.K. Rowling, de même pour l’univers où ils évoluent. L’histoire, ce sont mes délires personnels, la pauvre J.K.R. n’y est pour rien XD. Par contre, Sidley Demon, Antony Hawlker et Philip Schant sont à moi :3.

Genre : Dur dur… hum… Romance/drama/humor

Pairing : Harry-Draco

Rating : T, pour le moment.

Avertissement : Je préfère prévenir maintenant, vous avez ici affaire à une fiction Yaoi… Comprenez relation amoureuse entre deux hommes. Slash, si vous préférez. Donc les homophobes ou les personnes que ce type de sujet dérange, veuillez rejoindre les sorties, merci.

 

NdA : Bonjour à tous ! Voilà -enfin !, mais vous allez finir par vous y habituer ^^'- le nouveau chapitre. J'ai pas grand chose à raconter, j'ai juste mis pas mal de temps à le rédiger, j'espère que ça se sentira pas trop et qu'il sera assez fluide. Bref, je pense que cette fiction arrive bientôt à son terme. D'ici deux ou trois chapitres à priori (mais vu la façon dont je tiens mes prévisions...).

Anyway, bonne lecture !

 

Chapitre 11- fuite

 

 

Draco avait reçu une lettre du ministère. Il était suspendu de ses fonctions et assigné à domicile pour cause d'enquête pesant sur sa personne. C'était les mots employés par les types en costard qui étaient venu l’empêcher de sortir de chez lui alors qu'il allait partir travailler. Ils avaient des têtes de bouledogues et leurs baguettes à la main, ça dissuadait de les contrarier.

Il n'avait même pas pu s'expliquer. Potter ne l'avait pas recontacté et les gentils messieurs -ironie quand tu nous tiens- devant sa porte n'étaient pas franchement causants. Sa maison avait été passée au peigne fin, ses ouvrages de potions traînant sur sa table basse lui avait été confisqués. Heureusement, pris d'un mauvais pressentiment, il avait eu la présence d'esprit de camoufler la porte qui menait à sa cave. Mais du coup, il n'osait plus s'y rendre, de peur que les hommes qui le surveillaient entrent à ce moment là. Impossible également de transplaner, un sort avait été posé sur toute sa maison. Du coup Draco se retrouvait à tourner dans son salon comme un lion en cage. Il ne savait pas ce qu'il allait lui arriver, s'il allait passer devant un tribunal ou quoi que ce soit. Ça le faisait rager. Il était innocent putain. Et il était inquiet. Il avait entendu les deux types qui le surveillaient parler entre eux. Les mots « mission » et « bataille » revenaient assez souvent mais rien ne permettait à leur prisonnier de comprendre exactement à quoi cela faisait référence. Il savait juste que le nom de Potter revenait toujours en même temps. Apparemment il serait parti avec un groupe de ses aurors sur le terrain. En Irlande ? Possible, vu les événements qui s'y déroulaient. À moins que ce soit lié à l'organisation rebelle qui l'avait contacté. Ou la mission sur laquelle étaient Anthony, Sidley et le vieux aux cheveux poivre et sel dont il ne se souvenait plus du nom. Ou les trois en même temps ? Il souffla de frustration en passant sa main dans ses cheveux. Il n'avait aucun moyen de le savoir et cela commençait à lui user les nerfs. Il se laissa tomber dans son canapé avant de se relever moins de deux secondes plus tard, incapable de rester sans bouger. Il était stressé à un point qu'il avait lui-même du mal à comprendre.

Il avait mal aussi. Pourquoi Potter n'avait pas au moins essayé de comprendre ? De lui parler ? Draco lui en voulait, même s'il savait qu'au fond, c'était aussi de sa faute, qu'il aurait dû jeter cette fichue lettre bien avant. Mais quand même, s'il avait voulu le trahir, il l'aurait fait bien avant, non ? Il en avait eu l'opportunité quand Harry était faible et sans défenses devant lui mais il avait choisi de lui venir en aide, ce n'était pas une preuve suffisante ? Preuve de quoi d'ailleurs ? Ça non plus, il n'était pas sûr de le savoir, de bien comprendre pourquoi il s'était senti si proche de son ancien ennemi. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait une douleur dans la poitrine qui commençait à devenir insupportable et qu'il ne savait pas quoi faire pour la faire passer.

 

Le jeune homme se rapprocha de la fenêtre, jetant un coup d’œil dédaigneux aux deux types qui étaient devant sa porte. Sa seule consolation c'était que, vu le temps qu'il faisait, ils devaient se peler les miches dehors. Bien fait. La neige couvrait la route. Tout était blanc. Les arbres nus balançaient leur branches dans le vent froid. Il n'y avait pas âme qui vive dans sa petite banlieue. Rien qui puisse le distraire de son énervement et de sa douleur.

Il retourna traîner des pieds autour de la table basse de son salon, jetant de temps à autre un petit regard à l'armoire qui camouflait, en plus d'un sortilège, la porte qui menait à sa cave et à ses trésors de potions.

Poussant son centième soupir de la journée, il retourna à la fenêtre et l'ouvrit. Ça faisait trois jours qu'il était assigné à domicile. Il devenait fou et un peu d'air frais lui ferait peut-être du bien. Une bourrasque de vent gelé le fit frissonner.

 

« Hey ! Qu'est-ce que vous faites ? »

 

Ah, donc les deux types ne s'étaient pas encore transformés en glaçons. Ils pointaient leurs baguettes d'un air menaçant.

 

« J'aère.

-refermez la fenêtre.

-J'aère j'ai dit. Vous avez peur de quoi ? Je vous rappelle que ma baguette a été confisquée. »

 

Ils grommelèrent quelque chose en se questionnant du regard puis le laissèrent faire, reprenant leur place près de la porte et lui jetant quand même de petits regards suspicieux de temps à autre. Draco enfila un pull épais et croisa les bras sur le rebord de sa fenêtre. La neige n'avait pas atteint cet endroit mais la pierre restait affreusement froide. Il s'en foutait, essayant d'effacer les pensées qui tournaient en boucle dans sa tête en se concentrant sur la blancheur qui s'étalait devant lui. Certaines branches de l'arbre devant lui ployaient sous son poids, c'était dire à quel point elle était épaisse. Tout était blanc. Et gris. Avec des yeux jaunes. Pardon ? Il plissa les yeux, sentant son cœur accélérer. Mais non, il ne rêvait pas, il y avait bien un oiseau gris perché sur l'angle du toit de la maison d'en face. Ses gros yeux jaunes le fixaient.

 

« Archi ? » Souffla le blond.

 

L'oiseau pencha la tête sur le côté avant de gonfler ses plumes d'un air satisfait. Un grand sourire éclaira le visage de Draco. Cette peste lui avait manqué. Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ? Son maître avait enfin décidé de prendre contact avec lui ? Difficile à croire puisqu'il était censé être en mission. Et pourquoi passer par Archimède quand deux types du ministère pouvaient aussi bien lui transmettre un message. Sauf si Potter ne voulait pas qu'ils soient au courant.

Draco plissa les yeux mais il n'arriva pas à voir si un papier était accroché ou non autour de la patte de l'oiseau. En tout cas elle ne transportait pas de lettre dans ses serres.

Puis, d'un battement d'aile, elle quitta son perchoir pour se poser à quelques mètres de lui en hululant. Immédiatement, deux baguettes se braquèrent sur elle. Elle s'immobilisa et les regarda en penchant la tête, sentant clairement qu'elle risquait fortement de se prendre un sortilège sur la gueule.

 

« Ne la blessez pas !

-Qu'est-ce que c'est que ça Malfoy ? T'essaie d'entrer en contact avec tes potes les rebelles? 

-D'une je ne suis pas pote avec les rebelles, si votre patron utilisait ses neurones, il s'en serait déjà rendu compte. Ensuite, vous croyez vraiment que ces mecs enverraient un message à un type sous surveillance ? Qui plus est avec une chouette ? C'est vrai que c'est tellement discret... »

 

Sa remarque eu le mérite de mettre Archimède hors de danger, les baguettes se tournèrent vers lui.

 

« Et puis elle ne transporte pas de message, ça se voit.

-Je me méfie de vos stratagèmes. »

 

Draco retint un soupir d'agacement. Mais bon, ils faisaient leur boulot. En attendant, Archimède était toujours dans la neige, étant clairement en train de jauger les probabilités de se prendre un sort si elle allait rejoindre le blond. Ses yeux jaunes passaient sur chacun des hommes présents. Elle gonfla ses plumes avec un air légèrement outré, comme si elle insultait mentalement le malotru qui pointait de nouveau une baguette sur elle. De son coté, Draco soupira.

 

« Allez donc vérifier si elle n'a pas de message caché si vous voulez. Faites attention à vos doigts, elle a un sale caractère. »

 

Le regard furibond de la chouette le fit rigoler. Impossible que ce ne soit pas lié à ce qu'il venait de dire. Donc elle comprenait ce qu'il racontait...

Les deux hommes s'approchèrent, l'un d'entre eux s'agenouillant pour observer la chouette avec précaution. Puis un détail remonta à la surface de la mémoire de Draco.

 

« Au fait, je ne sais pas si vous traînez beaucoup dans le bureau des aurors, près de M. Potter, mais si oui, vous devriez l'avoir déjà vue. C'est la chouette de votre patron. »

 

Un roucoulement vint appuyer ses dires, faisant écarquiller les yeux aux deux hommes. Après plusieurs minutes de conversation à mi-voix et après avoir vérifié que rien ne se cachait dans ses plumes, ils finirent par la laisser rejoindre Draco et frotter sa tête contre sa paume ouverte.

 

« Comment vous connaissez la chouette de M.Potter ? »

 

Le blond lui jeta un regard froid. Déjà qu'il ne le portait pas dans son cœur, ce type commençait à se mêler de choses qui ne le regardaient pas. Il finit par lâcher avec un air suffisant que c'était elle qui transportait leur correspondance. Et c'est avec une grande satisfaction qu'il vit les deux hommes s'entre-regarder avec surprise avant de rejoindre leur poste en grommelant des phrases inintelligibles.

 

« Alors Archi, ça va ma belle ? »

 

Elle lui répondit en frottant sa tête contre sa main une nouvelle fois puis se mis à sautiller sur le rebord de la fenêtre en roucoulant. Draco haussa un sourcil. Elle lui faisait quoi là ? C'était son quart d'heure de folie, comme les chats ? Remarquez, ce serait bien possible la connaissant. Puis elle s'envola en vitesse, disparut derrière la barrière qui bordait le jardinet d'en face et revint quelques secondes plus tard avec une brindille dans le bec qu'elle posa devant le blond. Immédiatement, les deux hommes ressortir leurs baguettes.

 

« Qu'est ce qu'elle t'a apporté ? »

 

Draco soupira, pris la brindille entre ses doigts et la tendit vers eux.

 

« Une brindille. Et je suis sûr que ça se voit très bien de là où vous êtes. »

 

Ils ignorèrent sa remarque et l'un deux continua.

 

« Pourquoi elle t'apporte ça ?

-Aucune idée. Vous savez, elle est bizarre cette chouette. Tel maître, telㅡ Aie ! Archimède ! Ça fait mal ! »

 

Il massa son doigt douloureux pendant que la coupable sautillait à droite à gauche, très fière de son méfait. Avec un froncement de sourcil, il balança la brindille plus loin.

 

« J'en veux pas de ton bout de bois. Sale chouette mal élevée. »

 

Oh l'insulte suprême. Mais Archimède eut l'air ravie. Elle fondit sur la brindille au sol pour la ramener à Draco en roucoulant.

 

« Je t'ai dit que j'en voulais pas. »

 

Et il la lança un peu plus loin. Une fois encore, elle se dépêcha de retourner la chercher pour la lui rapporter. Elle la posa juste devant ses doigts et la poussa du bout de l'aile. Draco observa son petit manège pendant plusieurs secondes avant de comprendre.

 

« Attends... Tu veux que je te l'envoie pour que t’aille la chercher, c'est ça ? Donc en plus d'avoir des gènes de chat, t'en a aussi de chien. Je veux même pas savoir ce que t'a fait ton maître pour que tu deviennes comme ça. »

 

Et pour lui faire plaisir, il envoya la brindille voler un peu plus loin. Archimède lâcha un piaillement satisfait et se jeta dessus.

Draco finit par se prendre au jeu. De toute façon il n'avait pas tellement le choix, dès qu'il s'arrêtait, elle essayait de lui pincer le doigt pour le punir. Une vraie chieuse. Du coup, pour se venger, il envoyait le petit bout de bois le plus loin possible, essayant de la feinter sur la direction dans laquelle il allait le jeter. Les deux hommes qui étaient postés devant sa porte s'étaient lassé du spectacle et discutaient à mi-voix.

 

Il commençait à avoir froid l'air de rien. Son pull, bien qu'assez épais, ne le protégeait pas vraiment contre les rafales de vents froid qui s'engouffraient à intervalles réguliers dans son appartement. Il balança de toute ses forces le jouet d'Archimède, atteignant le jardinet de son voisin d'en face. L'oiseau disparut derrière la barrière couverte de neige. Il lui fallut un peu plus de temps pour revenir, à tel point que Draco crut qu'elle avait perdu la brindille dans la neige sûrement plus épaisse. Mais non, un dizaine de secondes plus tard, la chouette revenait vers lui à tire d'aile et déposait son fardeau avec empressement sur le rebord de la fenêtre. Le blond s'en saisit machinalement et écarquilla les yeux en santant ce qu'il avait entre les doigts. Ce bois là était lisse et doux, pas rugueux comme la brindille. Et surtout, il était parfaitement droit. Il baissa le regard, sentant son cœur louper un battement. Avec empressement, il rentra la main à l’intérieur et glissa son précieux fardeau dans sa poche. Archimède lui avait ramené une baguette. Et pas n'importe laquelle, la sienne. Pas de doute possible, il l'aurait reconnue entre milles. Et le fourmillement qui s'était répandu dans ses doigts quand il l'avait empoignée ne laissait pas place à l'erreur. Draco releva la tête. La chouette ronronnait en dansant d'une patte sur l'autre, l'air très satisfaite d'elle même. Puis, après un dernier piaillement, elle s'envola et disparut dans les nuages qui couvraient le ciel de la petite banlieue londonienne.

Le jeune homme la regarda partir, toujours incapable de comprendre ce qui venait de ce passer, puis referma la fenêtre. Archimède lui avait ramené sa baguette. Donc tout ce petit manège avec la brindille ne servait qu'à endormir la méfiance de ses gardes ? Mon dieu, plus jamais il ne douterait de l'intelligence de cette chouette. Enfin chouette... à ce niveau là, il avait du mal à croire que ce n'était qu'un oiseau. Ça faisait presque froid dans le dos. Mais elle était de son côté.

Draco secoua la tête, ce n'était pas le moment de se perdre dans des considérations inutiles, il avait autre chose à faire. Déjà, il n'était plus coincé ici. Enfin si mais il avait la clé de son évasion.

Il fallait réfléchir calmement. Pour prouver son innocence, à moins d'attendre que l'enquête sur sa personne ne soit levée, ce qui risquait de prendre du temps, il fallait aller à la source du problème. Potter. Il fallait lui prouver d'une manière où d'une autre qu'il était innocent et ne surtout laisser personne s'interposer avant qu'il ait fini de lui parler. Donc il fallait trouver Potter. Il savait juste qu'il était sur le terrain avec une de ses équipes, mais où, impossible de le savoir.

Il lui fallait cette info et il n'y avait qu'un seul endroit où il pourrait la trouver : le ministère. Sauf que s'y rendre, c'était se jeter dans la gueule du loup. Sauf s'il était déguisé.

Pris d'une détermination nouvelle, Draco verrouilla sa fenêtre et, lançant un sortilège d'isolation sonore, déplaça l'armoire qui cachait l'entrée de sa cave d'un coup de baguette. Être privé de sa magie, était particulièrement désagréable. La retrouver lui donnait l'impression d'être complètement invulnérable.

Il descendit les marches quatre à quatre, refermant la porte derrière lui, et fonça sur la table où il entassait tous ses tubes à essais et ses ustensile. Il n'avait malheureusement ni le temps ni les matériaux pour faire une bonne potion polynectar, il lui faudrait faire autrement. Mais ça n'allait pas lui poser de problème. Dans les mois suivant sa libération, il avait eu énormément de mal à assumer le regard que les gens posaient sur lui dès qu'il se rendait dans un lieu sorcier. Évidemment que ses cheveux blond et ses yeux bleu-gris étaient facilement reconnaissables... Il avait donc adapté une potion qu'il avait découvert dans un vieux grimoire, inspiré de la capacité métamorphe de certaines personnes. Après plusieurs semaines de peaufinage, il arrivait à changer à peu près tout les composants de son visage. Pas énormément, bien sur, mais suffisamment pour que l'harmonie entre ses traits ne soit plus la même. Impossible de le reconnaître, au pire il donnerait juste une vague impression de déjà-vu. Sa plus grande fierté était d'avoir réussi à influer la pigmentation de ses cheveux et de son iris. Tout était question de dosage.

 

En cinq minutes, tout son matériel était prêt. Il alluma le feu sous son chaudron miniature et commença sa préparation, un plis soucieux apparaissant sur son front.

 

Une quarantaine de minutes plus tard, il rebouchait précautionneusement les deux flacons qu'il avait rempli. Il rangea en quatrième vitesse tout le bazar qu'il avait mis -comprenez trois éprouvettes, un chaudron et quelques boites de conservation- et remonta les marches quatre à quatre.

Maintenant, il fallait trouver comment sortir. Parce que même sous une autre apparence, ça serait plus que suspect qu'il sorte de chez lui comme si de rien n'était. En fait il se ferait choper immédiatement. Donc non, mauvaise idée. Pourquoi toutes ses foutues fenêtres donnaient-elle sur la rue hein ? Draco se mordilla la lèvre pensivement en tournant en rond. Pris d'une impulsion soudaine, il se rua dans la chambre puis dans la salle de bain adjacente. C'était un de ces gros cliché qui revenait sans cesse dans les films d'actions moldu, en tout cas le peu qu'il avait vu, mais il ne perdait rien d'essayer. À sa grande déception, la bouche d'aération était bien trop petite pour qu'il puisse ne serait-ce qu'espérer s'y glisser. Il se laissa tomber sur un tabouret recouvert de sa serviette de bain soigneusement pliée. Il avait l'air malin. S'il sortait d'une fenêtre où de la porte, les deux types s'en rendraient compte tout de suite. Et même s'il utilisait l'effet de surprise pour les avoir ça ne l'arrangerait pas. Ils faisaient des compte-rendus à intervalle réguliers. Dès que leurs supérieurs n'en auraient plus, ils enverraient quelqu'un, découvriraient son escapade et il serait activement recherché. Et il se passerait volontiers d'avoir des aurors aux trousses.

Draco leva son regard pensif sur la bouche d’aération et sur la moisissure qui l'entourait. Pris d'un doute, il utilisa le tabouret pour retirer la plaque métallique et glissa sa main à l’intérieur. C'était affreusement humide. Il grimaça et étira son bras un peu plus. Et ne rencontra pas d'obstacle. Il retint une exclamation de surprise. Le trou était nettement plus large que la plaque en elle-même. Pas étonnant que son plafond soit moisi, il n'y avait qu'une fine couche métallique entre son revêtement et la bouche d'aération.

Il recula de quelques pas, se protégeant avec la porte qui donnait sur sa chambre et jeta un sortilège en agitant violemment le bras. Dans un craquement sonore et un nuage de poussière, une partie du plafond s'effondra, dévoilant un trou largement assez grand pour qu'il puisse s'y glisser. Les films d'action moldus ne mentaient donc pas. En tout cas pas toujours.

Il alla chercher une veste qu'il enfila, glissant les flacons de potion dans un poche intérieure, puis retourna dans la salle de bain et verrouilla la porte derrière lui. Il se hissa sur le tabouret. Mais même comme ça, il n'avait que le haut de la tête dans le conduit et aucun prise pour s'y hisser... Il réfléchit une demi-seconde avant qu'une idée un peu folle lui traverse la tête. Un léviosa ? Sur lui même ? C'était possible ça ? En théorie oui, mais il ne se souvenait pas avoir un jour vu quelqu'un le faire. Mais au point ou il en était de toute manière... Il agita sa baguette et sentit son estomac se retourner. Ah oui, il comprenait pourquoi ce n'était pas courant. La sensation était affreusement désagréable et en plus de ça, il réalisa quelque chose de tout bête. Dans un léviosa, l'objet ou le corps visé bougeait par rapport à un point fixe. Ou plutôt, il se déplaçait selon le révérenciel corps-baguette. La baguette bougeait, le corps restait immobile. Sauf que dans le cas présent, les choses étaient un poil plus complexes. En plus de lui donner envie de rendre son dernier repas, chaque infime mouvement l'envoyait valser contre les parois métalliques du conduit.

Après de longues minutes aussi difficiles physiquement que mentalement, Draco réussit à atteindre un embranchement à l'horizontale ou il put s'asseoir. Et en se glissant un tout petit peu plus sur la droite, il sentit un poids quitter ses épaules. Un mouvement sur la gauche et il le sentait à nouveau. Il lui fallu plusieurs secondes pour comprendre qu'il se trouvait à la limite de la zone de non-transplanabilité posée par les aurors. Soulagé, il franchit la limite une seconde fois et quitta les lieux dans un « pop » sonore.

 

Le brusque changement de température le fit frissonner. Il jeta un coup d’œil autour de lui. Il avait transplané par réflexe, sans vraiment réfléchir à un endroit précis où aller. Son esprit s'était donc accroché à l'image du dernier endroit qu'il avait vu : la clairière où il avait retrouvé Potter. Elle était encore couverte de neige. Ses chaussures étaient déjà trempées, le bas de son pantalon ne tarderait pas à l'être aussi. Et il y avait une saleté de vent froid dont sa veste ne le protégeait pas vraiment. Il glissa sa main dans sa poche intérieure pour en retirer les flacons et découvrit avec horreur qu'ils n'avaient pas résisté aux chocs répétitifs dans le conduit. Le premier était en morceaux, tout son contenu ayant imbibé le tissu et le second était fêlé. Draco poussa un juron. Il nettoya les dégâts d'un coup de baguette et s'empressa de boire le contenu du deuxième flacon avant que le précieux liquide ne se perde. Il avait intérêt à faire vite, sans prise de rappel, les effets allaient s'estomper assez vite.

Il grimaça en sentant un picotement se répandre sous la peau de son visage et s'avança vers la rivière gelée. Le reflet n'était pas très net mais il pu observer la plupart des changements. Son nez s'était raccourci, ses lèvres s'étaient épaissies. Ses yeux semblaient plus sombres et plus rond, plus rien à voir avec son ''regard de glace'' habituel. Ses cheveux étaient toujours de la même longueur, mais ils avaient virés au châtain tirant vers le brun. Parfait, il n'était plus reconnaissable. Il arrangea une dernière fois ses vêtements avant de transplaner.

 

Il utilisa un chemin différent de celui qu'il utilisait habituellement, passant par une des cabines téléphonique qui se trouvait dans une ruelle londonienne. Il déboucha dans la partie sud du grand hall et le traversa à grands pas, un air décidé sur le visage. Avoir l'air de douter aurait attiré l'attention sur lui et il n'avait qu'une couverture physique, il était encore en train de se créer un personnage avec une raison de monter au bureau des aurors.

Comme d'habitude, les ascenseurs avaient décidés de faire rendre leur déjeuner à tous leurs occupants. Râlant dans sa barbe, Draco s'accrocha à la barre murale. Tous le monde descendit avant lui, il fut le seul à aller jusqu'au bureau des aurors. Il foula la moquette du pied, étonné du silence qui régnait dans les locaux. La dernière fois qu'il était monté jusqu'ici, c'était un joyeux bordel avec des allées et venues continuelles. Mais cela concordait avec ce qu'il avait entendu des deux hommes qui le gardaient. Toutes les unités devaient être en mission, autrement Harry ne se serait sûrement pas déplacé lui-même. Quelques personnes travaillaient encore dans leur bureaux, penchés sur des piles de documents, l'air aussi concentré que fatigués.

Draco s'avança encore. La porte du bureau de Potter était fermée, évidemment. Et il n'avait pas la moindre idée de comment faire pour trouver une information concernant son emplacement actuel. En plus de ça, il avait intérêt à se dépêcher, sa potion ne le protégerait pas indéfiniment.

 

« Excusez moi Monsieur ? Je peux vous aider ? »

 

Un homme d'une trentaine d'année se tenait dans l'embrasure d'une porte, le regardant avec les sourcils froncés.

Draco n'eut pas le temps de réfléchir. Il se composa un visage sévère et impatient avant de se tourner vers lui.

 

« Je dois voir le directeur de toute urgence. Je viens de la part de monsieur le ministre. »

 

L'homme sembla pris au dépourvu.

 

« Ah mais... Bien. Il n'est pas là pour le moment. Vous voulez lui laisser un message ?

-Non. C'est hautement confidentiel. Pensez vous vraiment que si ça ne l'était pas, je me serais déplacé en personne ? »

 

Il insista sur la dernière phrase , prenant de haut le type qui commençait à se sentir mal à l'aise. Il se gratta l'arrière de la tête avec un air gêné.

 

« Non, bien sûr... Euh...

-Savez-vous quand il sera de retour au moins ?

-Je... je vais vous dire ça tout de suite. »

 

Il rentra à nouveau dans son bureau, Draco s'approchant de la porte, et interpella son collègue à voix basse.

 

« Y'a un message urgent pour le patron...

-Il est pas là, il est avec l'unité 2 à Hillsborough tu sais bien...

-Ouai mais il rentre quand ?

-Ils sont arrivé hier matin, ils ont dû avoir le temps de préparer le terrain. Le dernier message date de ce matin, ils disaient qu'ils allaient tenter une approche du manoir en début d'après-midi... À priori, ça ne devrait pas être trop long. Au pire ils seront là demain soir. »

 

Draco attendit que l'homme revienne vers lui et lui donne l'information pour lâcher d'un air hautain :

 

« Bien, je repasserai demain en fin de journée alors. »

 

Et il tourna les talon sans un mot de plus, la tête haute et la démarche rapide. Dès qu'il eut passé le tournant du couloir, il vérifia d'un coup d’œil que personne ne le regardait et se mis à courir. L'ascenseur était vide et personne ne l'arrêta en chemin. En même temps, ce n'était pas l'heure où les employés quittaient leur bureau.

Ses semelles claquèrent sur le marbre du grand hall. Encore une fois, personne ne fit attention à lui. Il s'engouffra dans une des cheminées et lâcha un « Gare King Cross » clair mais discret. Tous les lieux importants de la capitale étaient reliées par le réseau de cheminettes, il y en avait donc forcement une dans la gare. Mais il ne se rappelait pas l'avoir jamais prise.

Il en eu la confirmation en débouchant dans un petit réduit poussiéreux. Il n'avait jamais mis les pieds ici, et vu l'état du lieu, ce passage ne devait pas être utilisé très souvent. Il poussa la porte, passa de l'autre côté en plissant les yeux à cause de la différence de luminosité et la referma rapidement derrière lui, découvrant un panneau ''Hors service'' collé à même le bois. Il se retourna. Les toilettes. Des hommes, encore heureux, mais des toilettes quand même. Il maudit intérieurement ceux qui avaient choisi cet emplacement d'arrivée. C'est vrai, quelle manière plus discrète de rentrer dans la gare que de sortir de cabinets supposément cassés sous les yeux de tous les moldus qui faisaient la queue ? Il pressa le pas, évitant les regards surpris, choqués ou interrogateur et déboucha dans l'effervescence du hall principal.

À cette heure, on aurait dit une ruche en pleine période de récolte. Les gens se croisaient, se bousculaient, se cherchaient et se retrouvaient. Certains couraient en tirant d'énormes valises, d'autre restaient plantés le nez en l'air devant le panneau d'information. Ça grouillait de partout.

 

N'ayant jamais vraiment eu l'occasion de prendre le train -si ce n'est pour aller à Poudlard-, Draco se dirigea vers un des guichet d'accueil. Il piaffa d'impatience pendant les dix bonnes minutes qu'il dut attendre avant d'enfin pouvoir arriver devant la jeune femme qui lui fit un grand sourire aussi exagéré que peu crédible.

 

« Que puis-je pour vous monsieur ?

-Je voudrais aller à Hillsborough. »

 

Elle pianota sur son clavier, sous le regard étonné de Draco. Encore un truc de moldu...

 

« Il n'y a pas de train pour Hillsborough. Vous devrez allez à Sheffield et ensuite prendre un bus ou un taxi.

-D'accord. Le prochain train pour Sheffield ?

-Dans trois minutes malheureusement. Le suivant est dans trois heures.

-Je n'ai pas le temps d'attendre trois heures. Je ne peux pas prendre celui qui va partir ?

-En principe on ne vend pas de ticket dans les cinq minutes précédant le départ. »

 

Draco souffla d'énervement et glissa sa main dans sa poche, agrippant sa baguette. Puis il fixa la jeune femme.

 

« Mais vous allez quand même m'en donner un, n'est-ce pas? »

 

Elle le fixa avec les yeux vides pendant quelques secondes, le temps que le sortilège agisse. Puis elle hocha la tête.

 

« Bien sûr monsieur, ça fera soixante-dix livres cinquante. »

 

Le blond grimaça. Il avait complètement oublié ce détail... Et lui donner des gallions ne passerait clairement pas. Tant pis. Il se pencha vers elle en souriant et murmura.

 

« Malheureusement je n'ai pas cette somme sur moi. »

 

Encore une fois, elle resta silencieuse pendant que le sort faisait effet. Puis elle lui fit un grand sourire en lui tendant les billets qu'elle venait de tirer d'une grosse boite qui vibrait.

 

« Voilà monsieur, nous sommes heureux de vous offrir ces tickets pour vous remercier de votre fidélité ! »

 

Draco lâcha un « merci » rapide et courut jusqu'au panneau des départs. Voie 4. Il sprinta entre les voyageurs, ignorant les regards furieux de ceux qu'il bousculait. Il arriva devant le train au moment où le contrôleur demandait aux gens de se presser. Il monta dans le premier wagon, s'arrêtant sur la plateforme pour souffler un peu. Puis il jeta coup d’œil sur son billet. Voiture 3, place 53. L'écriteau au dessus de la porte vitrée qui donnait sur les sièges indiquait ''voiture 1'' en lettre grasses. Soufflant, Draco se mis en marche, essayant de ne pas perdre l'équilibre quand le train se mis en branle.

Plutôt que de rejoindre sa place directement, il s'enferma dans les toilettes de bord. Son visage recommençait à le picoter. Il observa dans le miroir l'apparence qu'il avait portée jusque là puis, avec une certaine satisfaction, il vit ses yeux s'allonger et son nez s'affiner. Ses iris reprirent leur couleur grise tandis que ses cheveux s'éclaircissaient. Quand il fut certain d'avoir repris une apparence normale, il sortit et alla s'asseoir sur le siège 53.

le jeune homme tourna son billet entre ses doigts plusieurs fois avant de le lire. Il en avait pour plus de deux heures en comptant un changement à Doncaster. La barbe. Il plaignait vraiment les moldus. Le réseau des cheminettes et le transplanage avaient leur inconvénients, mais c'était tout de même plus rapide. Et moins cher.

Il jeta un coup d’œil aux personnes qui occupaient le wagon avec lui. Heureusement, c'était majoritairement des personnes âgées ou des travailleurs, pas de marmots qui le feraient chier pendant tout le voyage.

Il posa sa tête contre la vitre, regardant défiler le paysage. Dans quelques heures, il se trouverai devant Harry. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. L'envie la plus forte était de lui foutre une baffe. Mais il allait là bas pour régler un malentendu, pas pour déclarer la guerre.

Avec un peu de chance, il arriverai à temps pour lui parler avant qu'ils commencent leur mission. C'était très puéril puisque cela pourrait tout à fait le déconcentrer, mais d'un autre côté, Draco était sûr que s'il parvenait à se faire entendre, Harry partirait beaucoup plus serein. Il était ce genre de personne dont les émotions ponctuelles ont une grande influence sur les actions et la façon de voir les choses. Et si une ''réconciliation'' pouvait l'aider, même d'une manière détournée, dans sa mission, tant mieux.

Draco souffla. Il avait entendu les deux employés du bureau des aurors, l'affaire sur laquelle l'équipe du brun bossait n'avait pas l'air trop difficile, mais il ne pouvait s’empêcher d'être légèrement inquiet. Il mit ça sur le compte de son huis-clos qui l'avait fatigué nerveusement et sur le fait que s'il arrivait quoi que ce soit à Potter, il ne pourrait probablement plus prouver son innocence.

Oui, c'était forcement ça, il ne voyait pas pourquoi il s'inquiéterait pour Harry autrement.

 

 

oOo

 

N'hésitez pas à laisser un message, même négatif, c'est ce qui me permettra de progresser :) . À la prochaine !

 

 
 
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