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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
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    Chapitre 21     Les chapitres     28 Reviews    
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Honnêteté

Titre : Parce que rien n’a changé

Auteur : Ketchupee

Disclaming : Tous les personnages appartiennent à J.K. Rowling, de même pour l’univers où ils évoluent. L’histoire, ce sont mes délires personnels, la pauvre J.K.R. n’y est pour rien XD. Par contre, Sidley Demon, Anthony Hawlker et Philip Schant sont à moi :3 (idem pour les apprentis et tous les gens dont le nom n’apparaît pas dans le livre).

 

NdA : Hello ! Je dépose ça ici et je vais me cacher X')... Après plus de 8 ans et 21 chapitres (Fiou ce rendement !), ce moment est enfin arrivé. Bon il me reste des petites choses à développer encore donc il y aura un ou deux épilogues encore, mais ENFIN ! J'ai tellement pensé à la façon dont j'allais écrire/décrire ce moment que je n'arrive pas vraiment à en être satisfaite pour être honnête. Les personnages ont bien évolué, ça c'est sûr, mais j'espère que c'était logique et que ce qui se passe dans ce chapitre ne tombera pas comme un cheveu sur la soupe.

En tout cas bonne lecture ;)

 

 

Chapitre 21 - Honnêteté

 

 

« Patron, on vient de terminer les vérifications pour Ethen Rummick. Tout ce que Draco nous avait dit corrobore ce qu’il explique. On termine les procédures et il sera libre. »

 

Harry hocha la tête, remerciant Mira d’un sourire, autant pour les nouvelles qu’elle apportait que pour le fait qu’elle choisisse de venir lorsque Draco était juste à côté. Le blond sembla rassuré, jetant un regard reconnaissant à l’autre homme. Il avait bien expliqué l’aide que lui avait apporté le cracmol durant ses derniers jours au manoir, espérant pouvoir lui éviter le même traitement que les rebelles, et Harry avait pris très au sérieux sa volonté de ne pas briser une promesse.

 

« Merci Mira, on arrive dans deux minutes, dès que FanYu a fini. »

 

Le médicomage était occupé à changer les pansements de Draco, ayant appliqué sur sa blessure tout un tas d’onguents plus odorants les uns que les autres. Il avait expliqué leurs effets avec patience, mais aucun des deux hommes ne l’avait vraiment écouté. Ils étaient déjà concentrés sur la prochaine étape de leur mission.

 

« Si tu sens le moindre tiraillement… »

 

Draco plaqua brusquement sa main valide sur la bouche d’Harry, levant les yeux au ciel.

 

« Je sais, Harry. Tu l’as déjà dit trois fois. S’il y avait un vrai risque, Fanyu t’aurait interdit de me laisser faire ça. »

 

L’intéressé acquiesça, clairement moyennement ravi de laisser son patient retourner au cœur de l’action mais trop honnête pour mentir sur ses capacités. Harry lui jeta un petit regard trahi qui fit soupirer le blond à côté de lui.

 

« On en a déjà parlé Harry. C’est plus logique que ce soit moi qui rentre en contact avec le chef des rebelles. Et la probabilité pour que ce soit un piège est tellement minime que je ne comprends pas pourquoi tu t’inquiètes. Tu as pris des risques bien plus grands. »

 

Le brun soupira, se laissant retomber un peu lourdement contre le dossier de sa chaise, et grommela.

 

« C’est toi qui ne t’inquiètes pas assez »

 

Son ton presque puéril fit sourire les deux hommes. C’était rare qu’il laisse paraître cet aspect de sa personnalité généralement bien caché derrière un masque de professionnalisme, se laissant aller uniquement devant quelques personnes de confiance. Draco oublia un instant d’être agacé et planta son regard dans le sien, moins durement que ce qu’il avait prévu.

 

« Je m’inquiète Harry. J’aurais fait ça des centaines de fois que je m’inquiéterai quand même, mais ce sentiment passe loin derrière l’envie d’en finir une bonne fois pour toute. »

 

Il y avait toujours une lueur d’incertitude dans le regard du brun, et il se pencha légèrement vers lui pour murmurer, plus doucement.

 

« Fais-moi confiance. »

 

Harry capitula, hochant la tête.

Aucun des deux ne remarqua le regard amusé et un brin pensif que leur jetait FanYu, sursautant presque lorsqu’il prit la parole quelques secondes plus tard.

 

« C’est bon Draco. Reviens me voir quand vous aurez fini ce que vous avez à faire, au cas où, mais tu es bon pour le service. »

 

.oOo.

 

Harry avait eu raison sur un point : retourner au manoir était loin d’être anodin. Il avait dû combattre un instant de panique lorsqu’il s’était retrouvé devant les grandes grilles qui marquaient l’entrée de la propriété, essayant de se concentrer sur la voix d’Anthony qui marchait juste devant lui, essayant d’ignorer les mois qu’il avait passé enfermé à l’intérieur, traité comme un animal, puis comme un pion sur un échiquier sorcier. Il inspira profondément. Ce qui était fait était fait, ça ne servait à rien de ressasser le passé. Mais un frisson désagréable parcouru quand même son dos lorsqu’il se retrouva dans le hall, face à l’escalier principal. Les aurors étaient en relativement petit comité, jugeant l’endroit suffisamment sécurisé pour ne pas avoir à déployer toutes leurs unités encore une fois, mais Sidley restait proche de lui, marchant à sa vitesse, et Draco en était reconnaissant. C’était une présence rassurante dans un espace bien trop plein de souvenirs.

 

Ils montèrent les marches rapidement, tout le groupe suivant Harry et Anthony vers l’ancien bureau de Greyback. Il n’y avait qu’eux qui discutaient à mi-voix, les autres se taisant, comme si ce n’était pas une simple visite mais bien la véritable intervention qui avait mis fin aux agissements des rebelles. C’était même visible dans la façon dont les aurors présents s’étaient déployés autour de lui, le plaçant naturellement au centre du petit cortège, à l’abri. Mais le manoir était bel et bien vide, et aucune potentielle menace ne vint troubler leur avancée. Le bureau principal était exactement comme Draco se le rappelait, à cela près que l’absence de feu dans la cheminée avait fait descendre la température d’une bonne dizaine de degrés. L’automne avançait jour après jour et savoir qu’il n’aurait pas à passer l’hiver dans ce lieu était particulièrement satisfaisant. Tony agita sa baguette, allumant la bûche à moitié brûlée qui trônait au milieu et tous se rassemblèrent autour de la table, scellée magiquement, où les attendait le carnet qui servait de moyen de correspondance avec le chef des rebelles. Harry écarta les protections, la plume à papotte sortant de sa léthargie pour se précipiter devant eux, prête à prendre note à la moindre demande. Draco se pencha en avant et tourna les pages du bout de sa baguette. Il lut rapidement les principaux échanges pour essayer d’en analyser le ton. Harry et Sidley s’étaient penchés de chaque côté de ses épaules.

 

« Je n’arriverai pas à être convainquant en Greyback, il s’exprime d’une manière trop maladroite pour que je l’imite correctement. »

 

Ils avaient déjà eu ce début de discussion au bureau des aurors, quand ils avaient hésité sur la façon dont Draco allait devoir procéder dans les échanges avec le chef des rebelles.

 

« Joue ton rôle, c’est la meilleure chose à faire. »

 

Sidley acquiesça à l’intervention de son patron, partageant pleinement son avis. De là où elle était postée près de la porte d’entrée, Amarianne ajouta,

 

« De toute façon, si ce chef, qui que ce soit, a permis à Greyback de te donner plus d’importance dans le groupe, ton nom ne sera pas un désavantage total. »

 

Un silence plana sans que personne n’ajoute rien, mais tous pensaient la même chose : avec un peu de chance ce serait même un avantage pour endormir la méfiance de leur cible.

 

Draco s’assit sur le siège le plus proche, fit craquer les articulations de ses doigts et attrapa la plume à papotte qui voletait devant lui. Elle se débattit pendant quelques secondes, mécontente d’être traitée de la sorte, mais finissant par laisser le blond l’utiliser comme un simple stylo après un dernier frémissement. Devant le regard étonné d’Anthony, Draco haussa les épaules.

 

« Je déteste qu’on écrive à ma place. »

 

Puis il posa les yeux sur le carnet et la page vierge qui était ouverte devant lui. Le regard des aurors autour de lui était pesant sur ses épaules. Il inspira profondément avant de se pencher en avant.

 

Je ne sais pas comment mettre la forme dans ce message, j’irais donc droit au but. C’est Draco Malfoy qui vous écrit depuis la base. La dernière opération a été un échec total, les aurors étaient déjà sur place lorsque nous sommes arrivés. Impossible pour le moment de savoir si c’était un malheureux hasard ou s’ils avaient été mis au courant de nos actions. Je crains cette dernière piste, car elle impliquerait la présence d’un traître dans nos rangs.

Nous avons perdu beaucoup d’hommes, arrêtés par nos opposants. Certains ont été blessés, plus ou moins gravement, et nous sommes en train de nous remettre de l’attaque.

 

Il fit une pause pour relire ses mots, hésitant sur la manière de continuer. Il tourna la tête vers Harry pour avoir son avis, mais l’exclamation de surprise de Sidley l’arrêta net. Sous son message une nouvelle écriture venait d’apparaître, remplissant rapidement les lignes vierges du carnet.

 

« Le chef devait attendre de vos nouvelles et garder son carnet à portée… »

 

Draco,

Je me doutais que quelque chose avait dû mal se passer comme je n’avais plus de nouvelles.

Où est Fenrir ?

 

Le blond grommela.

 

« Droit au but… »

 

Arrêté par les aurors, d’après ce que m’ont rapportés les hommes qui ont pu revenir. Il ne faisait pas partie de l’expédition initialement, comme prévu, et moi non plus. Mais une dizaine de minute après le départ des hommes, un partisan est revenu le chercher. Je ne sais pas pourquoi, je n’étais pas dans son bureau à ce moment-là, je les ai juste vu partir en trombe. J’ai suivi le plan initialement prévu et suis resté garder la base avec quelques autres hommes. Nous ne sommes plus qu’une petite vingtaine au manoir, et sans dirigeant.

 

Sidley lâcha un sifflement appréciateur.

 

« Tu avais prévu toute l’histoire ?

-Évidemment, répondit Harry à sa place, il n’allait pas improviser. On a mis tout ça en place ce matin au petit déjeuner. »

 

Un silence suivit sa déclaration, Draco sentant ses joues chauffer à ce que les paroles du brun impliquaient. Les aurors eurent la présence d’esprit de ne rien ajouter, à son grand soulagement, et il se concentra sur la tâche qui nécessitait son attention totale.

 

Ce sont de bien mauvaises nouvelles.

 

Puis, après une seconde, une nouvelle phrase apparut.

 

Tu es donc au commandement pour le moment ?

 

Oui, j’ai pris cette liberté pour organiser les soins à nos hommes, éviter le chaos et à plus long terme, assurer la pérennité de notre entreprise. Si vous souhaitez que ce rôle incombe à quelqu’un d’autre, je lui laisserai évidemment les rênes.

 

Sidley lisait à mi-voix tous les échanges pour les aurors présents dans la pièce, et tous retinrent leur souffle jusqu’à ce que la réponse apparaisse.

 

Non, c’est une bonne chose que tu sois en charge, je sais que tu es capable de tenir ce rôle. C’est une chance dans notre malheur que tu n’aies pas été envoyé dans l’opération.

Si le danger est trop grand, je peux organiser la sortie du territoire des hommes qu’il nous reste, pour faire profil bas pendant un moment.

 

« Ah ! Si cette piste est envisagée, c’est peut-être que ce chef n’est déjà plus en Angleterre, voire ne l’a jamais été. »

 

Ne serait-ce pas risquer gros ? Permettre aux aurors de remonter jusqu’à vous ?

 

C’était un coup de poker, leur cible aurait très bien pu ne pas du tout être à l’étranger, mais le risque en valait la peine.

 

Je ne vous ferais pas venir aussi loin, mais l’Irlande est une possibilité.

 

Sidley se mit à sautiller sur place, et même Anthony se permit de sourire.

 

« À l’étranger du coup. Et loin. Ça va éliminer beaucoup de suspects potentiels. »

 

Je ne pense pas que cela sera nécessaire. Nous n’avons aucune raison de croire que notre base ait pu être identifiée. Il vaut mieux ne surtout pas attirer l’attention sur nous pour le moment.

 

Bien, je fais confiance à ton jugement.

 

« Il parle comme s’il te connaissait. »

 

Draco hocha la tête.

 

« Oui. Et personnellement, pas seulement de loin. Il m’appelle par mon prénom depuis le début de la discussion. »

 

Il avait les sourcils froncés, réfléchissant à haute voix.

 

« J’ai côtoyé un bon nombre de personnes pas très recommandables quand j’étais dans les rangs de mangemorts… »

 

Il prononça ces mots sans essayer de masquer un dégoût certain et Harry posa immédiatement sa main sur son épaule. Anthony, assis sur la chaise en face, penché en avant et les coudes sur les genoux, intervint brusquement.

 

« Et une connaissance d’avant ? Quelqu’un avec qui tu as vraiment eu une amitié ? »

 

Draco fit une légère grimace.

 

« Blaise, mais il est mort. »

 

L’absence d’autre nom ne passa pas inaperçue et plus personne ne parla pendant un moment, Draco continuant à échanger quelques banalités avec leur cible. Puis il reprit.

 

« Pour ce qui est des autres personnes qui me tournaient autour, Crabbe est mort, Gregory Goyle est bien trop con… »

 

Il jeta un coup d’œil à Harry avant de continuer.

 

« Théodore Nott… Je n’étais pas très proche de lui et de toute façon…

-… Il n’aurait rien pu fomenter depuis son hôpital. »

 

Le brun était catégorique, et, voyant l’expression de Draco, Anthony ajouta.

 

« Et même s’ils s’entendent bien, Harry nous avait demandé de faire des investigations sur lui. Rien ne coïncidait, on a laissé tomber la piste. »

 

Je suis bien triste de l’évolution de notre combat, mais soit assuré de ma joie à l’idée que tu sois encore parmi nous pour guider nos troupes. Sache quand même que si le danger est trop grand, je peux te faire évacuer hors du pays.

 

Sidley lut la réponse à voix haute et lâcha une exclamation satisfaite.

 

« Draco pourrait bénéficier d’un traitement de faveur. Qui que ce soit, cette personne t’a en haute estime. »

 

Je préfère rester sur place pour le moment, je ne devrais pas avoir de mal à échapper aux aurors tant qu’ils sont occupés avec Fenrir Greyback. Et les troupes sont désorientée, elles ont vraiment besoin d’un chef.

 

L’écriture régulière de Draco resta pendant un moment le dernier message inscrit, puis des lettres apparurent à sa suite.

 

Merci de ton investissement. Je vais envoyer un message à notre allier pour vous débloquer plus de fonds et vous permettre de vous cacher pendant un moment.

 

Nouvelle information cruciale, ce chef envoyait bien de l’argent pour soutenir les opérations. Restait à voir par quel biais et sur quel compte.

 

« Il va falloir interroger en particulier les rebelles qui étaient responsables du côté administratif des choses, on pourra remonter la piste. »

 

Puis une nouvelle phrase apparut sur le carnet.

 

Prends soin de toi Draco.

 

Une voix aiguë résonna dans les oreilles du blond, un reste du passé qu’il pensait avoir effacé de sa mémoire. Et la prise de conscience fut immédiate. Il se redressa brusquement, la tête tournée vers Harry.

 

« Pansy ! C’est Pansy. »

 

Après deux secondes de surprise, le brun ouvrit la bouche.

 

« Pansy Parkinson ? Tu es sûr de toi ?

-C’est la seule personne qui ait une raison d’être aussi familière, la seule qui pourrait s’inquiéter pour moi au-delà de l’intérêt de que représente pour les rebelles. Et elle a disparu à la fin de la guerre, dans le bazar qu’ont été les vagues d’arrestations de familles mangemort. La sienne n’était pas très impliquée puisqu’elle résidait en France depuis de nombreuses années et c’est ce qui les a protégés. Enfin je crois, je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, mais je sais que la dernière fois que j’ai entendu parler d’elle, elle allait se marier à un riche sorcier étranger. C’était une manière de fuir et d’assurer ses arrières je pense. »

 

Il s’arrêta pour reprendre son souffle, ayant parlé beaucoup trop vite. Autour de lui, les aurors commençaient déjà à s’agiter.

 

« Ça colle trop bien pour être une coïncidence, fit remarquer Anthony. Et si son mari est riche ça expliquerait comment le groupe rebelle a été financé alors que toutes les familles sang-pur ont leurs fonds surveillés en cas de gros déplacement d’argent. »

 

Draco leva un sourcil à cette dernière information, Harry resserrant ses doigts sur son épaule et lui expliquant à mi-voix :

 

« C’est une mesure censée être secrète lancée par le ministère et la banque des sorciers. Pour tuer dans l’œuf tout risque d’une nouvelle guerre. Il faut de l’argent pour lever et entretenir une armée, et les familles de sang-pur étaient souvent celles qui en avait le plus. C’est utile, mais injuste et dictatorial. Maintenant il n’y a surveillance que lorsqu’il y a un déplacement d’argent massif. »

 

Le blond acquiesça, pensif. Amarianne profita de son silence pour poser une question.

 

« Mais est-ce que le receveur n’aurait pas dû être repéré ? il était forcément en Angleterre, lui.

-Pas s’il est trop insignifiant aux yeux de la banque sorcière et du ministère. Et l’argent devait être envoyé à plusieurs comptes de sorciers lambda. »

 

Tous commençaient à parler, les idées, pistes et analyses fusant à toute vitesse. Presque perdu au milieu de tout ça, Draco lança un regard à Harry, le seul qui était silencieux et pensif. Les yeux verts se posèrent sur lui.

 

« Tu sais avec qui elle s’est mariée ? »

 

Les aurors se turent d’un coup, se tournant vers lui.

 

« Non, pas vraiment. Un homme du nord de l’Europe je crois, scandinave, peut-être ? Je ne suis pas resté en contact avec elle.

-C’est déjà ça, on devrait pouvoir les pister sans problème maintenant qu’on sait qui chercher. »

 

Le blond se laissa basculer en arrière, s’appuyant lourdement sur le dossier de son siège. Les aurors continuaient à parler mais ce n’était plus qu’un bruit de fond bourdonnant dans ses oreilles. La main de Harry était toujours posée sur son épaule, son pouce dessinant de petits cercles au travers de son pull et Draco releva la tête pour observer son visage, le léger froncement de ses sourcils, la ligne tendue de ses lèvres serrées et ses yeux verts posés successivement sur chaque auror qui parlait.

C’était définitivement la fin de cette fichue mission. Pansy, où qu’elle soit, n’avait plus aucune chance d’échapper à la justice sorcière. Il resterait juste à déterminer à quel point son mari pouvait être impliqué dans toute l’histoire pour le faire tomber en même temps.

 

« Draco »

 

Il cligna des yeux, revenant à l’instant présent. Harry lui sourit.

 

« Rentrons, on n’a plus rien à faire ici. »

 

Et il se laissa guider dehors par la main sur son épaule, inspirant profondément lorsque ses pieds foulèrent l’herbe du dehors. C’était fini. Les aurors pourraient s’occuper du reste. Il était libre de retourner à sa vie d’avant. Il jeta un coup d’œil à Harry, toujours à côté de lui, et aux aurors qui les suivaient, quelques mètres derrière. Quoique, peut-être pas comme avant. Tout avait changé. Il monta sa main à son épaule, serrant les doigts qui y étaient posés, et sourit.

 

.oOo.

 

Son appartement était, comme il s’en était douté, plein de poussière et de toiles d’araignées. Après une deuxième nuit consécutive chez Harry – mais sans l’intéressé, qui avait organisé l’arrestation de Pansy jusqu’aux aurores – il avait enfin reçu l’autorisation de rentrer chez lui. Il avait fini de signer toute la paperasse en début d’après-midi, ce qui avait permis à Harry de rattraper quelques heures de sommeil et de l’accompagner ensuite. Ils ne s’étaient pas concertés, mais ça avait semblé évident qu’ils y aillent ensemble. Comme si Harry savait que Draco n’était pas encore prêt à être totalement seul et qu’inversement, il était clair qu’il avait besoin de garder un œil sur le blond pour se sentir rassuré.

 

« Il va y avoir un peu de ménage à faire… »

 

Il lâcha un reniflement amusé à la remarque du brun et haussa un sourcil moqueur.

 

« Heureusement que tu es là pour me prêter main forte. »

 

À sa surprise Harry ne fit qu’acquiescer, remontant ses manches avant de jeter un coup d’œil circulaire à la pièce, les poings sur les hanches.

 

« On commence par où ? 

-Tu n’es pas obligé tu sais. »

 

Mais il secoua la main, comme pour chasser physiquement toute réserve de Draco.

 

« Je te dois bien ça » Puis, après une hésitation, il ajouta « Et ça me fait plaisir. »

 

Il ne précisa pas ce qui lui faisait plaisir, exactement, mais l’autre homme acquiesça.

 

« Sauf si tu as des choses à cacher Malfoy… Une réserve de magazines cochons sous ton lit peut-être ? »

 

Le blond éclata de rire, ses yeux se plissant et sa tête partant légèrement en arrière. C’était rare de le voir rire d’une manière aussi libérée.

 

« Rien de tout ça, non. »

 

Puis, après une courte hésitation, et mu d’une envie soudaine, il ajouta :

 

« Mais il y a un secret dans cette maison. Et je parie qu’il a échappé à ceux qui ont investigué ici. »

 

Harry leva un sourcil, intrigué, et laissa le blond l’attraper par la main et le tirer en avant, vers une bibliothèque murale. Un coup de baguette plus tard et celle-ci pivotait, dévoilant un petit escalier en bois vermoulu qui s’enfonçait dans l’obscurité. Les marches étaient abruptes et il garda sa main sur l’épaule de Draco qui descendait devant lui. Quelques mètres plus bas, ils débouchèrent dans une petite salle en pierre brute et, alors que son hôte allumait la cavité d’un coup de baquette, il prit conscience de ce dans quoi il se trouvait. Un caveau de potionniste.

Un chaudron vide trônait au milieu, à côté d’une table de travail encombrée de fioles et de parchemins. Une grande armoire murale occupait l’angle et une commode basse composée d’une multitude de petits tiroirs soigneusement étiquetés était disposée juste à côté. De l’autre côté, des étagères étaient couvertes de livres de toutes les tailles, certains empilés d’une manière un peu hasardeuse, et en dessous une grande boite sur pied longeait le mur. Ayant suivi son regard, Draco lâcha une exclamation avant d’aller rapidement en soulever le couvercle. Il en retira un petit pot où une sorte de fougère commençait à virer au jaune.

 

« Elle est encore vivante ! »

 

Devant l’air perdu de son invité, il expliqua.

 

« C’est une plante médicinale rare qui ne pousse généralement jamais dans cette partie du globe, mais j’ai mis au point, un peu par hasard je le reconnais, une potion qui permet d’en faire germer les pousses. Et une fois qu’elle commence à grandir, elle est très résistante. J’avais peur qu’avec autant de mois sans soins elle périclite, mais elle a tenu le coup. Peut-être que quand elle aura grandi FanYu pourra l’utiliser. »

 

Il disait ça comme un gamin qui s’extasie devant un sapin de noël plein de cadeaux. C’était aussi perturbant qu’attendrissant, mais Harry était encore trop choqué pour réagir. Il lui fallut encore quelques dizaines de secondes avant de pouvoir ouvrir la bouche.

 

« Tu as un atelier de potions chez toi ? »

 

Juste au moment où Draco lâchait, presque timidement :

 

« C’est un peu mon jardin secret ici. »

 

Le silence retomba brusquement. Méprenant la réaction d’Harry, Draco se tendit.

 

« Je sais que légalement, je ne suis pas censé avoir un endroit comme ça chez moi. Et… »

 

Mais il se fit couper immédiatement.

 

« Je ne le dirais à personne. »

 

Le blond se tut, les yeux fixés sur Harry et son incertitude écrite sur son visage.

 

« Draco, tu fabriques des engrais pour faire pousser des plantes qui soignent les gens, je ne vois pas où est le mal. Au contraire, si faire des potions est ta passion, je suis content que tu aies un endroit où la vivre. Et je suis touché que tu aies eu envie de partager cet endroit avec moi. Merci, vraiment. »

 

Draco hocha lentement la tête.

 

« Je… suis content aussi ? C’est la première fois que je partage cet endroit. D’habitude il n’y a que moi, bossant sur des projets de recherche souvent complètement inutiles mais qui m’intéressent.

-Il faudra que tu m’en parles plus en détail, mais je te préviens, je suis une bille en potions. »

 

Le blond lâcha un reniflement moqueur, esquivant de justesse le coup de coude qui lui était destiné.

 

« Je ne suis pas la personne la plus patiente du monde, mais j'imagine que je pourrais essayer de t’expliquer en quoi ça consiste. »

 

Il fit faire le tour de la pièce à Harry, lui montrant successivement tout un tas de livres, de fioles et de bocaux remplis d’ingrédients étranges qui semblaient le mettre dans un état de joie intense, à tel point qu’il ne se rendit pas compte que c’était lui, et non ses trésors, que le brun regardait avec fascination.

 

« Je n’avais jamais réalisé que tu aimais autant les potions.

-J’ai toujours aimé ça, mais c’est réellement devenu une passion après avoir quitté Poudlard. J’étais tombé sur les carnets de mon grand-père en récupérant quelques objets au manoir Malfoy et la façon dont il en parlait, comme un art très cher à ses yeux, m’a poussé à m’y remettre d’une manière moins scolaire. »

 

Harry remonta les escaliers à sa suite, hochant la tête instinctivement même si Draco ne le voyait pas d’où il était.

 

« Et quand j’ai trouvé ce logement et que le propriétaire m’a parlé de cette cave, ça semblait être un signe. J’ai rajouté toute l’isolation et le camouflage de la pièce après coup. Je sais ce que je risque. »

 

Il referma l’étagère derrière eux, un petit clic signifiant que le verrou s’était bien remis en place. Harry cherchait ses mots, mal à l’aise.

 

« Déjà, sache que je trouve que toutes les règles que toi et les autres enfants de mangemorts ont à suivre malgré que la guerre soit finie-

-Mangemort, Harry, j’en était un à part entière. »

 

Son froncement de sourcil et l’expression de son visage ne plut pas à son interlocuteur.

 

« Tu en étais un. Tu as largement prouvé que tu avais changé et que tu étais hors de tout soupçon. Je te fais confiance.

-Merci. »

 

Puis, avec un sourire triste il ajouta.

 

« Mais ce n’est pas le cas du reste de la population sorcière, et même si c’est injuste, je dois me plier aux règles pour ne pas perdre ma place. »

 

Sa conclusion sembla contrarier Harry très fortement. Les lèvres pincées et les yeux dans le vide, il fallut que Draco lui secoue légèrement l’épaule pour qu’il redresse la tête.

 

« Fais pas cette tête Potter, ça ne te va pas. »

 

Sa remarque eut le mérite de faire sourire l’autre homme, mais son expression sombre revint rapidement.

 

« Quand Sidley est allé couvrir ton absence dans ton département au ministère, il a entendu pas mal de bruits de couloir qui lui ont donné une idée assez claire de la façon dont tu es traité là-bas. C’est injuste. Combien de temps tu vas devoir payer ? »

 

Il sursauta quand deux mains encadrèrent ses joues le forçant à plonger dans les yeux gris de Draco, à quelques centimètres des siens.

 

« Tu es un insupportable justicier Potter, et tu pardonnes trop facilement.

-Ron et Hermione ne seraient pas d’accord avec toi, ils disent que je suis borné.

-L’un n’empêche pas l’autre. »

 

Harry renifla, un poil vexé.

 

« Je ne sais pas ce qui a changé pour toi, à quel moment tu as commencé à me faire confiance, mais pour la première fois depuis très longtemps je ne suis pas en opposition totale avec le monde entier. J’ai quelqu’un de mon côté. C’est une insupportable tête de mule – il n’évita pas le petit coup qu’Harry lui envoya dans les côtes – mais je ne suis plus totalement seul. L’avis que des étrangers ont sur moi et leurs aprioris n’ont plus autant d’impact. »

 

C’était le remerciement le plus clair que Draco aurait pu lui faire et l’émotion qui dansait dans ses yeux lui coupa le souffle. Il préféra ne rien dire, se contentant de remonter ses mains pour attraper celles du blond. Mais après quelques secondes, il ajouta :

 

« Tu méritais cette promotion quand même. »

 

Et Draco éclata de rire, rompant le contact et s’éloignant de quelques pas.

 

« Certes. Mais dans le fond c’est peut-être une bonne chose, ça m’a fait réaliser que je n’avais pas du tout envie de continuer à bosser là.

-Tu vas chercher un nouveau travail ? »

 

Il haussa les épaules et jetant un coup d’œil circulaire à son salon.

 

« Ce serait pas mal oui. Histoire de repartir sur de bonnes bases.

-Sache que l’expert en potion lié au bureau des aurors est un incapable et que-

-Harry. Je vais trouver un travail par moi-même. Il ne faut pas que je me mette à totalement dépendre de toi. »

 

Le brun fit la grimace mais il n’insista pas. Même s’il était persuadé que le job aurait été parfait pour Draco, il comprenait sa volonté.

 

« Bon. Il y a du ménage à faire. »

 

Et il ne croyait pas si bien dire. Même avec l’aide de leur magie ils ne furent pas trop de deux pour tout aérer, dépoussiérer et remettre de l’ordre.

 

La voix tonitruante de Sidley résonna depuis l’entrée alors qu’ils terminaient la cuisine, Harry penché sous l’évier pour boucher une fuite apparue lorsqu’ils avaient ré-ouvert l’eau et Draco perché sur un tabouret pour atteindre le fond de ses placards.

 

« Livraison de hibou pour monsieur Malfoy ! »

 

Draco secoua la tête avec un sourire en coin.

 

« Il est toujours aussi bruyant ?

-Oui. »

 

Et le regard d’Harry, bien que plein d’affection, en disait long sur ce qu’il avait devait subir quotidiennement au bureau des aurors. Le nouvel arrivant ferma la porte derrière lui, entrant dans le salon en même temps que les deux autres hommes y retournaient. Il tenait la grosse cage de Denaï à deux mains, l’oiseau gris toujours aussi impassible sur son perchoir.

 

« Ton hibou est super bien élevé Draco, c’est dingue ! Il n’a pas bronché quand je l’ai remis dans sa cage et il n’a pas bougé du voyage. Moi qui ai l’habitude de me faire pincer les doigts par une chouette mal élevée –

-Ma chouette est très bien Sidley, merci. »

 

Draco s’agenouilla pour ouvrir la cage et en sortir son oiseau, celui-ci s’étirant calmement les ailes avant de s’envoler d’un coup sec et de rejoindre son perchoir, quelques mètres plus loin.

 

« Pourtant tu savais qu’il parlait d’elle sans même qu’il la nomme… »

 

Mouché, Harry fit la moue, Sidley en profitant pour en rajouter une couche.

 

« Il faut que tu lui apprennes à la dresser Draco, il aurait bien besoins de cours.

-Ah ça, c’est vrai que ce serait nécessaire… »

 

Le brun fronça les sourcils.

 

« Hé oh-

-C’est vraiment une teigne.

-Absolument. »

 

Réalisant qu’il était en train de se faire mener en bateau, Harry souffla, presque boudeur.

 

« Dites ce que vous voulez mais je sais qu’au fond vous l’adorez. »

 

.oOo.

 

FanYu avait croisé ses mains sur son bureau, ses longs doigts entrelacés à côté de sa tasse fumante. Il avait terminé de vérifier le bras de Draco une dizaine de minutes auparavant et, plutôt que de lui dire qu’il pouvait s’en aller, il lui avait proposé une tasse de thé. Le blond n’avait pas hésité, acceptant sans se poser de question. Le médicomage dégageait quelque chose de rassurant, lui donnant l’impression de ne jamais être jugé négativement, et il avait presque craint que sa guérison rapide ne lui donne pas l’occasion d’apprendre à le connaître au-delà de son rôle de soigneur. Il s’était clairement inquiété pour rien, et s’était avec une grande satisfaction qu’il avait laissé l’autre homme leur préparer de quoi boire tout en discutant de tout et rien. FanYu était calme, posé, très probablement un potentiel ami, et cette perspective lui faisait plaisir. Un silence détendu s’était installé depuis une dizaine de secondes lorsque le médicomage repris la parole.

 

« Alors ? »

 

Draco haussa un sourcil par-dessus sa tasse de thé.

 

« Hum ? »

 

Le sourire de FanYu était franc, et un brin amusé.

 

« Ce retour à la société sorcière, pas trop dépaysant ?

-Je n’avais pas conscience du bonheur d’avoir un vrai lit avant de me taper ceux du manoir. Je vais passer pour un petit vieux avant l’âge, mais mon chez-moi et son confort m’avaient manqué. »

 

Le ton exagérément soulagé qu’il employa fit rire son interlocuteur.

 

« Je te comprends. Au-delà même de la manière dont tu t’es retrouvé là-bas, devoir vivre dans de mauvaises conditions, dans la proximité avec toutes ces personnes, surveillé sans arrêt… ça devait être particulièrement pesant. »

 

Draco lâcha un soupir en avalant une gorgée encore brûlante.

 

« Je ne sais pas. J’imagine, oui. J’ai l’impression que ces derniers mois ne sont plus qu’un brouillard indescriptible dans mon cerveau. S’il n’y avait pas cette cicatrice, j’aurai du mal à y croire.

-Ce n’est pas étonnant. Surtout que ça s’est terminé avec un choc psychique et physique fort. SI tu as besoin de parler, ma porte sera toujours ouverte. Et si tu préfères que ce soit quelqu’un d’autre, je peux aussi te mettre en contact avec des spécialistes. »

 

Mais le blond secoua la tête en souriant.

 

« Je vais bien, vraiment. J’avais juste une inquiétude vis à vis de ma magie, mais je n’ai rien senti de particulier quand j’ai jeté quelques sors de base. »

 

Il avait tout de même une légère inquiétude pour des sort plus ambitieux, ou qui nécessitaient une concentration longue. Si cette cicatrice l’empêchait de faire toutes ses expérimentations de potion, il le vivrait beaucoup plus mal.

 

« Tu n’auras pas de séquelles. Ton type de magie n’est pas affecté par ce qui t’es arrivé

-Mon type de magie ? »

 

Fanyu hocha la tête, une lueur amusée dans les yeux.

 

« Toi et ta magie êtes deux organismes qui cohabitent. Elle vit en toi, tu l’utilises pour tes sorts, mais vous n’êtes pas plus lié que ça. Au moment où le bracelet s’est enclenché elle a réagi défensivement, comme une sorte de réflexe, puis elle s’est rétractée le plus loin possible. Dans le cas précis c’est une chance, parce qu’elle n’a subi aucun dommage. »

 

Draco resta la bouche ouverte pendant de longues secondes, ses sourcils se fronçant progressivement.

 

« Tu veux dire que ma magie est… consciente, en quelques sorte ?

-Tu peux voir ça comme ça, oui. Mais ce n’est pas un être pensant pour autant. »

 

Devant la tête très perturbée de son interlocuteur, le médicomage pouffa.

 

« Désolé, je sais que vous n’avez pas la même manière de considérer la magie ici, tu dois me prendre pour un fou.

-Au contraire ! Harry m’avait dit que tu n’avais pas reçu le même enseignement que nous… »

 

Il resta plongé dans ses pensées un moment, l’autre homme respectant son silence. Après une gorgée de thé, il reprit.

 

« J’ai plein de questions. »

 

FanYu éclata de rire.

 

« Pose, pose. Je suis ravi que tu ne me prennes pas pour un hurluberlu.

-Non, non, ça a du sens. Après tout on considère toujours la magie comme une chose… globale et morte, une chose qu’on utilise, mais tous les sorciers ont des affinités avec certains de ses aspects, comme s’ils réagissaient plus à ses… Je ne sais pas comment le dire. »

 

Il releva la tête vers le médicomage.

 

« Mais en tout cas je n’ai pas la même sensation quand je lance un sort ou quand j’aide une potion à évoluer correctement, même si on me prenait pour un fou quand j’en parlait. Donc c’est bien que ce sont deux aspects de la magie différent, et qu’elle n’est pas aussi simple que ce que l’on nous apprend.

-Tu utilises ta magie pour faire des potions ? »

 

C’était bien la première fois qu’il ne réagissait pas avec un calme à toute épreuve et Draco se pencha en avant, les yeux brillants.

 

« Oui, c’était une intuition au début, mais je me suis rendu compte que si je… projetais ma magie dans la conception, ça marchait beaucoup mieux.

-Et ta magie accepte ? J’aimerai beaucoup te voir à l’œuvre. »

 

Et Draco réalisa brusquement quelque chose qui, maintenant, lui semblait évident.

 

« Tu vois la magie. C’est ça ? C’est pour ça que tu sais que la mienne n’a rien, que tu sais quand demander à Harry d’y aller mollo parce que la sienne est fatiguée… Quand tu fixes un auror de haut en bas, en ayant l’air d’avoir les yeux un peu dans le vide, tu es en train de regarder leur magie ? »

 

FanYu sourit, dévoilant d’un coup toutes ses dents et ses yeux se plissant.

 

« Je ne la vois pas, la magie n’est tangible que lorsqu’elle est canalisée par une baguette dans un sortilège, parce que les sorciers ont besoin de voir pour contrôler. Mais je la sens, oui. »

 

Les yeux grands comme des soucoupes, le blond buvait ses paroles.

 

« C’est… fascinant.

-C’est fascinant pour moi que tu me croies. Vous n’avez pas cette vision des choses ici généralement.

-Je te crois. C’est stupide d’imaginer tout connaître sur la magie au point de refuser une approche différente. En plus je ne t’ai jamais vu utiliser de baguette, mais j’ai toujours eu l’impression que tes potions n’étaient pas que des infusions de plantes médicinales.

-Je n’ai jamais appris à projeter ma magie comme vous le faites ici. La mienne est moins violente, je la tisse dans mes remèdes. Apparemment tu fais quelque chose s’en approchant avec tes potions. »

 

Draco avait arrêté de boire, ses doigts pianotant à toute vitesse sur la table. Il avait beaucoup trop de questions qui se bousculaient dans sa tête et son excitation était étalée sur son visage.

 

« Tu as parlé de type de magie tout à l’heure. Quel est mon type de magie ?

-Vous n’avez pas de terme dans votre langue, alors j’ai tendance à dire qu’elle est explosive. Avec des nuances apparemment.

-Et une magie explosive n’est pas touchée par ce qui m’est arrivé ?

-Non, elle ne s’est pas interposée, elle s’est protégée, en quelques sorte. Si tu avais eu besoin de te défendre avec un sortilège tu aurais pu l’utiliser, mais là le mal venait de l’intérieur de ton corps. »

 

Il lui laissa le temps de digérer l’information, sursautant et manquant de renverser sa tasse lorsque le blond se pencha brusquement vers lui.

 

« Et Harry ? Comment est sa magie ? »

 

FanYu esquissa un sourire amusé.

 

« Que-ce qui te fais croire qu’elle est différente de la tienne ?

-Il n’est pas mort de l’avada qu’il a reçu, mais il a mis des mois à pouvoir réutiliser sa magie correctement.

-En effet. C’est une des rares personnes que j’ai pu croiser dans ce pays ayant une magie liée à lui. Elle le protège. En fait c’est même plus compliqué que ça, elle se nourrit de ce qu’elle peut pour le renforcer. Quand il a reçu son avada, tu as dû te sentir brusquement très faible et mettre ça sur le compte du choc. Je pense que sa magie a puisé dans la tienne pour le protéger, ta faiblesse physique venait de là. Je n’étais pas là sur le moment, je ne peux donc pas en être sûr, mais il y avait des résidus d’une magie extérieure à lui quand on l’a récupéré. C’était probablement la tienne »

 

Draco cligna des yeux plusieurs fois de suite, rendu momentanément muet. Fanyu reprit d’une voix douce.


« C’est aussi probablement la raison pour laquelle il a survécu, le soir où ses parents sont morts. Ou en tout cas la raison pour laquelle il est resté un être vivant autonome et non seulement un réceptacle pour la partie d’âme que le mage noir avait placé en lui. »

 

Devant l’air horrifié de Draco, il agita la main.

 

« Oublie ce détail, ce n’est pas à moi de t’en parler. Et vous êtres proches, je pense que si tu lui demandes, il t’expliquera.

-Je… d’accord. Mais du coup pourquoi il a survécu ce soir là ? Sa magie est aller puiser…

-Celle de sa mère. Elle venait de se faire tuer, un instant plus tôt, et sa magie était un déferlement extrêmement puissant. Le mage noir n’avait aucun moyen de la sentir, et il a attaqué la seule personne qui pouvait puiser dans cette source d’énergie avant qu’elle ne se dissipe.

-Il peut utiliser la magie de n’importe qui autour de lui ? »

 

FanYu secoua négativement la tête.

 

« Seulement chez ceux qui le lui permettent. Quelqu’un qui n’aurait pas une profonde affection pour lui ne lui serait d’aucune aide, leur magie ne répondrait pas à son appel. »

 

Et sa magie y avait répondu au manoir des Corbeaux. Le silence tomba dans la pièce, Draco oubliant de respirer. Seul le battement sourd de son cœur dans sa poitrine lui rappelait que le temps ne s’était pas arrêté. Puis il cligna des yeux, revenant à l’instant présent.

 

« Ça veut dire que déjà à ce moment là... »

 

FanYu, le regard impassible posé sur lui, ne dit rien. Il n'en avait pas besoin, Draco avait très bien compris tout seul l'implication de ses théories. Le blond baissa les yeux sur sa tasse fumante, resserrant ses doigts autour de l'objet et se faisant momentanément distraire par la marque qui ornait son poignet. Puis il releva la tête, et l'expression calme et avenante du médicomage eut raison de ses réserves. S'il y avait bien quelqu'un à qui il savait pouvoir se confier, c'était lui.

 

« Je ne m'en étais pas rendu compte. »

 

FanYu acquiesça et, voyant que le blond avait besoin d'un coup de pouce pour continuer, il ajouta.

 

« C'est beaucoup plus courant que ce que les gens imaginent. On pense se connaître puis un événement imprévisible chamboule notre vie et nous révèle brusquement des choses sur nous-même. L'amour est la chose la plus incompréhensible et également la plus vénérée de l'humanité, avec tout ce qu'on entend dessus, il y a de quoi être un peu perdu parfois.

-Je pense que je me mentais à moi-même. »

 

Au léger signe de tête de son interlocuteur, Draco continua.

 

« Notre relation a toujours été particulière. Dès le début de notre scolarité à Poudlard, j'avais cette étrange fascination pour lui, je le voyais comme... différent de tous les autres élèves. Pour le petit con que j'étais, ça signifiait que je voulais l'avoir à mes côtés, dans la « cour » de gens qui m'entouraient. Je voulais qu'il fasse partie de ceux qui m'admiraient. Après m'être violemment fait jeter, la seule manière dont mon inconscient a réagi a été de lui donner le rôle d’ennemi, mon rival. On avait ce besoin complètement maladif de se foutre sur la gueule – pardonne l'expression. »

 

FanYu esquissa un sourire sans rien dire, le laissant parler. Le blond savait que chacune de ses paroles était analysée pour mieux le comprendre, qu'il était en train de se dévoiler. Mais ça ne l'inquiétait pas. Au contraire, même, la sensation de pouvoir se confier en toute sécurité était aussi étrange qu'agréable. Cela ne lui était plus arrivé depuis la mort de Blaise. Avant, même, puisqu'ils s'étaient éloignés lorsque Draco avait dû travailler pour le mage noir. Il prit une profonde inspiration avant de continuer.

 

« On en est venu aux mains plus d'une fois et je pense que l'un comme l'autre, on avait besoin de ça. C'était une manière un peu brute d'évacuer tout le stress qu'on pouvait avoir, surtout quand la guerre a commencé à se profiler à l'horizon. »

 

Il monta la tasse à ses lèvres, avalant une gorgée brûlante.

 

« J'ai été obligé de revoir ma vision de lui lorsqu'il m'a sauvé d'Azkaban, moi et les autres enfants de mangemorts. Au fond de moi j'étais persuadé qu'il allait apporter des preuves de plus au tribunal que nous n'étions que des rats qu'il fallait éliminer. Ça aurait été le coup de grâce de la guerre personnelle qui nous avait opposés pendant toute notre scolarité. Avec le recul c'était stupide. On a eu l'occasion de se faire du mal pendant cette guerre, mais à aucun moment on ne l'a vraiment fait.

-Tu aurais pu le dénoncer à Voldemort quand il a été capturé, c'est ça ? »

 

Draco haussa un sourcil et FanYu sourit plus franchement devant son air étonné.

 

« Harry m'a parlé de ça. Il m'a dit que c'est à ce moment-là que sa vision de toi a changé. Qu'il a totalement arrêté de te diaboliser.

-Il était définitivement plus mature que moi. Il a fallu qu'il me défende – qu'il nous défende – corps et âme devant une assemblée de sorciers furieux pour que je réalise qu'il n'allait pas me laisser mourir. Je ne sais pas comment j'avais pu me mentir à ce point mais je pense que j'avais peur tout simplement, peur d'espérer et d'être... déçu.

-Trahi. »

 

Il acquiesça à la correction du médicomage, sa main droite pianotant compulsivement sur le côté de sa tasse. Puis après une bonne dizaine de seconde, il releva la tête.

 

« J'imagine que c'est pour ça que j'ai toujours eu du mal à juger et analyser notre relation, on ne part pas vraiment d'une base saine. »

 

FanYu hocha la tête, ses lèvres étirés en un très léger sourire, comme s'il était satisfait de la conclusion du blond. Mais il ne s'arrêta pas là pour autant et planta son regard scrutateur dans les yeux gris de Draco.

 

« Et maintenant ? »

 

Un long silence lui répondit, avant que le blond ne se mordille la lèvre en détournant le regard.

 

« Je... Ce que tu viens de dire sur sa magie parle pour moi, non ?

-Il n'y a que toi qui ai la possibilité de parler pour toi-même. Il n'y a que ta propre parole qui ait cette valeur. »

 

Son interlocuteur sembla prendre cette affirmation de plein fouet, relevant brusquement les yeux vers lui, la bouche entrouverte. FanYu lui laissa le temps dont il avait besoin, dégageant toujours la même force tranquille et rassurante, ses gestes calmes et mesurés lorsqu'il monta sa tasse à ses lèvres.

 

« Je l'aime. »

 

L'affirmation avait sonné avec force dans le silence de l'infirmerie et FanYu cligna doucement des yeux, observant avec un sourire Draco prendre conscience de ce qu'il venait de dire. Beaucoup plus doucement, le blond répéta :

 

« Je l'aime. »

 

Il avait l'air terriblement perdu, le regard rivé sur la table et les deux mains serrées sur ses genoux, tendu comme s'il attendait un impact. FanYu reposa sa tasse, le bruit faisant sursauter Draco. Il croisa le regard du médicomage, découvrant son sourire et, après quelques secondes d'hésitation, il sourit à son tour. C'était comme si un poids qu'il n'avait jamais remarqué jusque-là venait d'être ôté de ses épaules.

 

« Je pense qu'il faudrait envisager de le lui dire. »

 

Le ton presque moqueur de FanYu le fit rigoler et il hocha la tête résolument.

 

« Il le sait ?

-Ce que tu ressens ?

-Non, non, comment fonctionne sa magie.

-Dans les grandes lignes, oui. Il déteste ça. »

 

Draco haussa les sourcils de surprise.

 

« Tu le connais, il a ce besoin maladif de sauver tout le monde quitte à se mettre en danger. Il voit son type de magie comme l’extrême inverse, une forme d’égoïsme exacerbé. Utile, mais terrible. D’autant plus que seuls ses proches peuvent être « drainés », ses mots, pas les miens.

-C’est absurde, il doit survivre s’il veut sauver tout le monde. »

 

La façon dont il avait prononcé ces mots, comme si c’était une évidence, fit rire son interlocuteur.

 

« Je pense que t’avoir près de lui lui fera le plus grand bien Draco, vraiment. »

 

.oOo.

 

La suite de l’opération avait été ridiculement simple. Le ministère suédois s’était chargé de prendre le relais en un temps record et une Pansy Parkinson totalement prise au dépourvu avait été arrêtée dans son manoir seulement quarante-huit heures après le début du dialogue entre les deux pays. Le ministre britannique avait donné de sa personne et les excellentes relations qu’il entretenait avec son homologue scandinave avait définitivement joué en leur faveur. C’était, après des mois de cavale, le dénouement que tous attendaient. Et même s’ils savaient tous qu’il faudrait rester attentifs à de potentiels rebelles, ils avaient tous bien l’intention de profiter d’un repos bien mérité, au moins jusqu’à ce que de nouvelles petites missions requièrent leur attention.

 

Le ministre de la magie avait organisé une conférence dans les locaux du ministère quelques jours après l’extradition réussie de la principale coupable. Des bruits de couloirs avaient fuités, et plutôt que de laisser grandir des rumeurs qui pouvaient affoler la population sorcière, il comptait prendre le taureau par les cornes et annoncer à une assemblée de journalistes ce qui avait occupé le bureau des aurors pendant d’aussi longs mois et l’heureux dénouement qu’ils avaient obtenu. La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre et le jour J, la salle était comble. Harry et toutes ses unités arrivèrent une dizaine de minute avant le début de l’allocution du ministre, allant se placer à droite de la scène où se tenait le premier ministre entouré de conseillers. Le brun se sépara du groupe pour se joindre au conciliabule et finalement rester à côté de leur dirigeant, légèrement en retrait. Le vieil homme calma le brouhaha du public en levant la main et, alors qu’il commençait son discours par les formules de politesses habituelles, Harry se perdit à observer l’assemblée. Il ne mit pas longtemps à trouver la tête blonde qu’il cherchait, Draco étant resté en retrait dans le fond de la salle. Un sourire complice plus tard et il se concentra sur le ministre de la magie, faisant semblant de suivre son explication expédiée et résumée de leur mission et de ses enjeux. Après avoir fait le tour du sujet et avoir répondu à quelques questions de journalistes privilégiés, il se tourna vers Harry, lui demandant d'un petit mouvement de tête s'il voulait prendre la parole. Celui-ci s’avança, des chuchotis s'égrenant dans la salle comme une traînée de poudre. Il se rapprocha du pupitre, y posant ses deux mains à plat, et attendit que l'amplivoix virevoltant se mette à hauteur de sa bouche.

 

« Merci monsieur le ministre. Je n'ai que peu de choses à rajouter, si ce n'est que je tiens à féliciter également toute l'équipe qui a œuvré au démantèlement de ce réseau terroriste. »

 

Il laissa passer un silence, souriant à l'assemblée et cherchant du regard ses trois stagiaires.

 

« Mais vous vous doutez bien que si notre ministre m'a proposé de prendre la parole, ce n'était pas juste pour que je répète ce qu'il a déjà dit. »

 

Plusieurs personnes esquissèrent un sourire, d'autres se redressant avec intérêt. Anthony, notamment, avait haussé un sourcil.

 

« J'ai donc l'honneur de vous annoncer personnellement que notre ministre a décidé de remercier, au nom de toute la communauté sorcière, les participants à cette mission. »

 

Il se tourna vers ses aurors, rassemblés sur les sièges les plus à droite de la salle, ne pouvant empêcher un sourire fier d'étirer ses lèvres.

 

« Ainsi les aurors suivants seront médaillés pour services rendus à l'ordre et la justice. »

 

Il détacha difficilement son regard des têtes éberluées de ses équipes pour annoncer à haute voix les noms de tous ceux grâce à qui ils étaient enfin débarrassés de la menace qui avait plané sur l'équilibre de la société sorcière. La distinction que le ministre venait de leur attribuer était précieuse et symbolique. Une poignée de combattant l'avait reçue après la fin de la grande guerre, mais son obtention restait rarissime. C'était une manière officielle de reconnaître le danger qui avait plané sur leurs têtes, la possibilité qu'ils n'avaient évité que d'un cheveu que l'ordre et la paix rétablis au prix de nombreuses vies ne s'écroulent à nouveau. Harry n'était pas dupe, c'était aussi un choix politique. Ériger en héros ce groupe d'aurors, c'était créer une ferveur populaire positive en faveur de leurs dirigeants actuels. Mais c'était aussi un coup de phare sur son département et la possibilité que le nombre de candidatures, aurors et stagiaires confondus, explose. Cela faisait bien longtemps qu'il devait gérer avec des unités trop peu nombreuses, alors il se garderait de faire le moindre commentaire.

 

Une fois la liste finie, et sous un tonnerre d'applaudissement, les membres de ses unités se levèrent de leurs sièges pour se diriger vers l'estrade. Anthony et Sidley étaient en tête, bras dessus bras dessous et des sourires bien trop contagieux pour qu'Harry puisse y résister. Les autres étaient partagés entre la joie la plus intense ou l'ahurissement le plus profond. Patrick avait le visage blanc comme un linge et les larmes aux yeux, ses deux coéquipières hilares l'aidant à mettre un pied devant l'autre. Le brun inspira profondément pour garder un visage composé malgré le profond sentiment de fierté et d'affection qui montait en les regardant tous se positionner dans son dos et qui lui retournait les entrailles. Quand le brouhaha qui agitait la salle se fut calmé, il reprit, plus doucement.

 

« À tous ceux que je viens de nommer, j'aimerai rajouter quelques personnes. Seront donc également médaillés, à titre posthume, Philip Schant, auror reconnu, et Anaïs Prévot, une de nos apprentis, qui ont donné leur vie pour la réussite de notre mission. Toutes nos pensées vont à leurs proches et leurs amis et que leur bravoure reste dans nos mémoires. »

 

Les aurors derrière lui avaient tous baissé la tête respectueusement à l'entente des noms prononcés, étant les premiers à applaudir ensuite, un sourire triste sur les lèvres. Le bras de Sidley s'était resserré autour des épaules d'Anthony, les deux hommes fermant les yeux pendant une seconde. Puis ils se redressèrent en même temps, applaudissant aussi fort que Philip le méritait.

Quand le silence revint Harry parcouru la foule du regard, laissant passer quelques secondes pour permettre à ses aurors de se recomposer, puis il approcha son visage de l'amplivoix une nouvelle fois.

 

« Pour continuer sur une note plus joyeuse, il y a encore quelques personnes qui méritent cette médaille et que j'aimerai appeler sur cette estrade. »

 

Son regard se posa sur ses trois stagiaires dont le visage se figea instantanément, tout dans leur expression criant qu'ils n'osaient pas croire ce qui était en train de se passer.

 

« On ne sait jamais quelle forme prendra l'aide dont nous avons besoin. Et très honnêtement, accueillir des stagiaires en période trouble ne me semblait pas l'idée du siècle. Mais trois d'entre eux se sont parfaitement intégrés à leurs unités et la dernière est même devenue une pièce maîtresse dans l'avancement de notre mission. Je ne pourrais jamais trouver les mots justes pour exprimer la fierté que je ressens à leur égard, je vais donc seulement leur demander de nous rejoindre ici. Léna MacArthur, Ulrich Dervan et Mantheer Zlatanov. Arrêtez de faire ces têtes de merlan frit et dépêchez-vous de venir. »

 

Un rire secoua la salle et les trois jeunes s'empressèrent de se lever, jetant de petits regards perdus autour d'eux comme s'ils s'attendaient à ce qu'on leur annonce brusquement que non, c'était une blague, ils pouvaient se rasseoir. Voyant que ce n'était définitivement pas le cas, ils s'avancèrent vers l'estrade. Même Léna avait laissé de côté son habituel air impassible et perdait complètement contenance. Ils se firent réceptionner par Mira et Padma, toutes deux situées en bout de ligne, la première tirant la jeune femme à côté d'elle, la seconde se plaçant entre ses deux stagiaires et passant un bras rassurant autour de leurs épaules. Harry attendit quelques secondes qu'ils reprennent leurs esprits et se tournent vers lui pour leur faire un signe de tête, les yeux brillants de satisfaction. Finalement, accepter ces jeunes était probablement ce qui avait fait pencher la balance du bon côté. Il mettrait sûrement du temps avant de se pardonner pour ce qui était arrivé à Anaïs, mais il pouvait au moins se réconforter en se disant que tous ses choix les concernant n'avaient pas été mauvais.

 

« La dernière personne que j'aimerai appeler ici nous a aidé à plusieurs reprises alors que les recherches étaient stagnantes. Il m'a également sauvé la vie lors d'une mission, celle qui a coûté la vie à Philip, en m'évitant la mort par un avada. Puis il a risqué sa vie, infiltré chez les rebelles, pour nous transmettre les informations vitales qui ont permis la réussite du raid qui a mis fin à cette organisation. Malgré les doutes de certains, il a prouvé que son nom et ses origines ne le définissaient pas. Il a choisi son camp et si nous sommes ici aujourd'hui à fêter cette victoire, c'est grâce à lui. »

 

Harry redressa la tête. Le blond au fond de la salle avait les yeux fixés sur lui, la bouche légèrement entrouverte et les mains figées en l'air alors qu'il s’apprêtait à applaudir, ne s'attendant clairement pas à être la dernière personne à avoir l'honneur de monter sur l'estrade. Le brun lui sourit et, avec une voix claire et forte, il mit fin à la torpeur du jeune homme.

 

« Draco Malfoy, ta place est ici avec nous. »

 

Plusieurs exclamations de surprise résonnèrent dans les quelques secondes de silence total qui suivirent l'annonce. Puis les gens se mirent à chuchoter entre eux, Harry observant avec horreur la joie qui avait traversé le visage du blond faire place à de l'incertitude, ses épaules se crispant légèrement. Jusqu'à ce qu'un sifflement strident fasse sursauter toute la salle. Sidley avait mis deux doigts dans sa bouche, comme s'il était en train d'acclamer son équipe de quidditch préférée, et il n'en fallu pas plus pour que tous les aurors se joignent à lui, applaudissant et acclamant aussi fort qu'ils le pouvaient, remerciant Draco à leur manière en écrasant pour lui les aprioris de la foule. Même Anthony s'y était mis, criant comme les autres, les mains en porte-voix, et il répondit au sourire d'Harry par un clin d’œil complice. Le blond rejoignit l'estrade les épaules droites, le public maintenant plus curieux que réticent imitant poliment les aurors, et il grimpa les marches en ne quittant pas le brun des yeux. Celui-ci ne retint pas son sourire quand il vit que Draco n'arrivait pas à réprimer sa propre expression, le coin de ses lèvres se soulevant et ses pupilles brillant de fierté, et il se permit d'attirer l'autre homme contre lui, l'étreignant une demi-seconde avec force, espérant réussir à lui transmettre toute sa reconnaissance, sa joie et son affection à travers ce geste. Puis il fit un pas en arrière, plusieurs aurors en profitant pour attirer Draco avec eux et le fondre dans leur groupe.

Harry rejoignit ensuite le bout de l'estrade où deux employés du ministère l'attendaient, chacun portant un petit coussin de voleur rouge où étaient disposés les médailles, bien trop nombreuses pour un aussi petit espace. Le ministre monta pour être à ses côté, mais il le laissa décorer lui-même chacun de ses aurors. Ce n'était pas très conventionnel, mais le brun avait négocié pendant longtemps avant d'obtenir ce droit et, après avoir mis en avant l'impression de groupe soudé que cela allait renvoyer au public, sa demande avait été acceptée.

 

.oOo.

 

Harry referma la porte de son bureau derrière lui, étouffant le brouhaha joyeux des aurors qui commençaient à organiser une soirée de célébration. Draco n’avait pas perdu son sourire de tout le trajet du retour, un brin perdu, presque les larmes aux yeux, mais toujours profondément heureux. Lorsqu’ils étaient arrivés au département des aurors, il avait rapidement abandonné le gros de la troupe, se dirigeant vers le bureau d’Harry discrètement. Le brun l’avait suivi sans un mot, et si certains avaient remarqué leur manège, ils avaient eu la gentillesse de s’abstenir de tout commentaire. Il s’adossa un instant à la porte avant d’avoir le courage de lever les yeux. Draco s’était appuyé contre le coin de son bureau, les mains posées de chaque côté de ses hanches et le regard fixé sur lui. Il était la représentation du calme et de l’assurance, il n’y avait que le léger battement d’un de ses doigts contre le bois qui laissait deviner ce qui se passait vraiment dans sa tête. Harry s’avança d’un pas.

 

« Comment tu te sens ? »

 

Draco souriait de plus en plus volontiers, à son plus grand plaisir – il y avait quelque chose d’absolument magnifique dans la façon dont son visage si masculin s’ouvrait d’un coup, dont ses yeux se plissaient, dont une étincelle presque enfantine y brillait – et cette fois ne dérogea pas à la règle. Voir la joie sur son visage coupait toujours le souffle d’Harry, son cœur sourd et presque douloureux après quelques battements manqués.

 

« Bien. Fier. Heureux et… »

 

Le regard du blond le clouait sur place. De longues secondes de silence s’écoulèrent sans qu’il ne continue sa phrase, la tension palpable et une excitation étrange montant doucement. La certitude que cet instant était décisif, le besoin de le rendre unique et de le graver dans leurs mémoires.

 

Et ?

 

Il ne put qu’articuler sa question silencieusement, le mot restant bloqué dans le fond de sa gorge.

 

« Amoureux. »

 

Prononcé avec douceur, presque timidité. Mais un coup de tonnerre dans leur relation. Harry fit un pas, puis un autre, et Draco dut lire la vulnérabilité dans son regard puisqu’il l’aida à faire le dernier, attrapant son visage à deux mains, l’attirant vers lui et l’embrassant, enfin.

C’était un baiser chaste et bref, et Harry prit une profonde inspiration dès que leurs lèvres se séparèrent, ses yeux s’ouvrant, alarmé comme s’il venait de rêver l’instant. Mais les mains de Draco étaient toujours contre sa peau, ses pouces caressant délicatement la ligne de sa mâchoire, et le confort que lui apportait ce simple geste le poussa à fermer les yeux à nouveau, à se laisser aller dans l’irrésistible impression de planer. Il réduit la distance, l’embrassant à nouveau. Ils se découvrirent doucement, tendrement, jusqu’à ce qu’une langue curieuse ne rentre dans la danse. Ils commençaient à prendre leurs marques, toute timidité disparaissant au profit d’une hâte de plus en plus incontrôlable. Puis, après avoir mordillé la lèvre d’Harry, le blond éloigna son visage de quelques centimètres. Il descendit ses mains, les posant sur les hanches du brun, celui-ci passant ses bras autour de son cou, rapprochant leurs corps et appuyant leurs fronts l’un contre l’autre. Ils ne dirent rien, inspirant profondément, et lorsque Harry ouvrit les yeux, jetant un coup d’œil à Draco, celui-ci était déjà en train d’observer son visage avec une expression nouvelle, une sorte de fascination tendre. Puis leurs regards se croisèrent et ils ne purent s’empêcher de sourire

 

« Enfin, soupira Harry, et un sourire taquin se dessina sur les lèvres de Draco.

-Enfin ? ça fait si longtemps que tu rêves de m’embrasser ? »

 

Il aurait pu le nier, réfuter ce qui était évidemment vrai, mais il préféra aller en contre sens.

 

« Si je n’avais rêvé que de t’embrasser. »

 

Vu l’inspiration surprise qui résonna entre eux, Draco ne s’y attendait pas.

 

« Quelle indécence Potter… »

 

Mais ses mains s’étaient malgré tout resserrées possessivement sur les hanches du brun. Puis deux coups brusques contre la porte les firent sursauter et ils s’éloignèrent l’un de l’autre rapidement. Leurs regards se cherchèrent.

 

« Il faudra qu’on parle…

-Oui, après, on a de quoi discuter. »

 

Mais juste avant qu’il atteigne la porte, Harry fut tiré en arrière, le blond attrapant son visage pour l’embrasser à nouveau. Une fois, deux fois, et à la troisième, le brun pouffa contre ses lèvres.

 

« Ça va devenir suspicieux.

-Comme si ça ne l’était pas déjà. »

 

Clairement à contrecœur Draco fit un pas en arrière. Mais les yeux verts pleins de promesses lui donnèrent le courage d’être patient. Et il n’était clairement pas le seul qui aurait préféré ne pas être dérangé, tout ce qu’ils avaient réprimé pendant des mois menaçait de déborder maintenant qu’ils avaient enfin franchi la ligne. Mais ils auraient le temps de s’interroger sur cette ligne et ce qu’elle signifiait plus tard, parce qu’un autre coup, plus fort, résonna contre la porte.

 

Harry se dépêcha de l’ouvrir, Anthony entrant immédiatement.

 

« On va tous aller boire un verre ensemble, vous préférez aller au »

 

Il laissa sa phrase en suspens, réalisant qu’il venait d’interrompre quelque chose, et ses yeux se plissèrent soupçonneusement.

 

« Mais peut-être que vous préférez ne pas venir du tout…

-Si ! Si, si, on arrive. »

 

L’empressement d’Harry à répondre ne fit que confirmer ce qu’il imaginait, et Tony lâcha un reniflement moqueur. De son côté Draco n’avait même pas essayé de faire semblant d’être occupé à quelque chose, il était resté planté au milieu du bureau, les bras croisés, et si leur activité précédente n’était pas écrite sur son visage, la façon dont ses yeux revenaient sans cesse au visage d’Harry devait être une indication suffisante.

Un éclat de rire résonna dans le couloir – Sidley, à qui quelqu’un venait de raconter une blague, très probablement – et Harry en profita pour fuir et rejoindre ses aurors.

Le blond ne bougea pas, Anthony l’affrontant du regard pendant plusieurs secondes, tout sourire ayant disparu de son visage à l’instant où son parton avait quitté le bureau.

 

« Si tu le blesses, de quelque manière que ce soit, je te défonce la tronche. »

 

Ses paroles claquèrent froidement, à des lieues de l’ambiance qu’il semblait y avoir quelques mètres plus loin. Draco resta impassible, continuant à le fixer.

 

« Et si c’est lui qui me blesse ? »

 

Hésitation. L’auror ne s’attendait clairement pas à une telle question, ni à un ton aussi calme malgré sa provocation, et le blond considéra ça comme une mini-victoire.

 

« Je demande à FanYu de mettre une de ses herbes de troll dans chacune de ses décoctions et de le forcer à en boire trois fois par jour.

-C’est moins direct »

 

Tony haussa les épaules.

 

« Pas envie de perdre mon job.

-Hum. C’est juste. »

 

Ils s’affrontèrent du regard encore quelques secondes avant que Draco ne reprenne, beaucoup plus doucement, d’une manière beaucoup plus vulnérable.

 

« Je ne veux pas le blesser. J’ai réalisé quelque chose : si je le blesse, je me fais du mal à moi-même. »

 

Silence. Puis Anthony hocha la tête brusquement, satisfait. Il tendit son bras et dès que son interlocuteur eu réalisé ce qu’il attendait, les deux hommes se serrèrent la main.

 

« Allez viens Draco. Ils vont partir sans nous sinon. »

 

.oOo.

 

 

On se retrouve dès que possible pour mettre un point final à cette histoire ! Comme je disais au début, j'ai encore deux-trois petites choses à développer. Et depuis le temps qu'on attend qu'ils se bougent les fesses, je pense qu'on mérite bien un peu de choupitude de couple (« choupitude », tout est relatif, évidement, pas sûre qu'ils soient du genre à se donner des petits noms ^^' ).

J'ai relu un peu à la sauvage, j'avoue, donc n'hésitez pas à me dire si j'ai laissé traîner des fautes ! N'hésitez pas commenter tout court d'ailleurs... Merci à tous ceux qui l'ont fait sur le chapitre précédent, vous n'imaginez pas à quel point ça me motive de lire vos réactions <3
Des bisous !

 
 
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