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Chamane
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
28 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 16     Les chapitres     20 Reviews    
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Le diamant rose

 

Chamane 16 : Le diamant rose

 

L'atmosphère changea quand la deuxième postulante entra. C'était une jeune fille d'environ vingt ans. Elle se tenait un peu courbée et lançait autour d'elle des regards effrayés. Sa peau était d'un noir profond, intense. Dans son visage plat entouré d'une masse de cheveux crépus, ses lèvres épaisses tremblaient. Elle était vêtue d'une tunique grise à manches courtes visiblement usagée, sans doute un simple vêtement de travail, qui lui arrivait aux chevilles. Comme Ladochem avant elle, elle était pieds nus mais elle ne devait pas porter souvent des sandales. Elle n'appartenait sûrement pas à une riche famille comme le jeune homme qui l'avait précédé. Son bâton était un morceau de bois de couleur rougeâtre, ni droit, ni taillé, comme si elle venait juste de le ramasser en chemin.

 

Cependant, les visages de Ama Déolida et de Ada Siwo ne montrèrent aucune surprise. Harry par contre était très étonné et sentant la peur qui habitait la jeune fille, il usa rapidement de Légilimencie. Il eut la vision fugitive d'une case surpeuplée, d'un homme très gros qui criait, de femmes accroupies à la tête baissée et d'enfants nombreux et bruyants. C'était sombre, sale et dans un coin à l'écart, la jeune fille pleurait. Il cessa aussitôt son exploration de peur de la troubler encore plus et s'apprêta à écouter ce qu'elle avait à dire.

 

Elle jeta un coup d’œil vers eux et sembla tout à coup s'apaiser. Harry s'aperçut qu'elle avait le regard fixé sur Draco, sur les cheveux de Draco. Ah oui, encore cette histoire « d'argent brillant au soleil » ! Enfin, si ça pouvait la rassurer un peu ! Elle commença à parler mais non pas en anglais, même pas en tswana', dans un autre dialecte africain accompagné quelquefois de sons durs et de claquements de la langue. Mais ses examinateurs devaient la comprendre car Ama Déolida lui répondit dans le même langage. Cependant, comme ils avaient déjà assisté à la cérémonie, Draco et Harry comprirent à peu près ce qui se passait.

 

Elle s'appelait donc Boréa. Quand elle parla de son clan et de sa parentèle, les larmes lui montèrent aux yeux et Ama Déolida lui fit un signe d'apaisement. Elle montra deux fois ses deux mains pour dire son âge puis quand elle parla de son métier, elle eut sur le visage une expression bizarre. Elle détourna les yeux et ses mains se tordirent sur le bâton. Elle fit signe à la jeune sorcière qui était près de la porte et celle-ci apporta, en les tenant loin d'elle et avec un air de dégoût, deux paniers tressés serrés avec des couvercles fermés par des liens.

 

Quand ils s'ouvrirent, les spectateurs virent dans l'un un serpent, dans l'autre un rat. Les animaux ne bougeaient pas, ils semblaient raidis par la mort. De nouveau la jeune fille parla et il y avait des sanglots dans sa voix. Bizarrement, elle avait l'air de s'excuser. Etait-ce parce que ce qu'elle présentait à ses juges était répugnant ou y avait-il une autre raison ? Soudain, elle sortit du cercle de bois, se jeta aux pieds de Ama Déolida, courbée presque jusqu'au sol, les mains posées sur sa tête. Cette fois, les larmes ruisselaient sur ses joues et elle se mit à parler très vite, comme si en elle un barrage s'était rompu et que l'eau salée déferlait sur son visage sans qu'elle puisse se retenir.

 

C'était si étrange que Harry n'y tint plus, il sonda de nouveau son esprit par un court Légilimens. Il vit une scène assez violente. Le gros homme était debout, il hurlait et levait la main sur elle qui était recroquevillée à ses pieds. Un autre homme s'interposait et il tenait en main un bâton avec une pierre bleue. Un sorcier. Il criait lui aussi et finalement le gros homme allait se rasseoir avec un air buté. Harry comprit que Boréa avait des problèmes avec sa famille et il fut pris de sympathie pour elle. La scène avait pour lui un air de déjà-vu.

 

Pendant ce temps, Draco avait ramassé le bâton de la jeune fille qu'elle avait lâché et qui avait roulé jusqu'à ses pieds. Il n'y trouva aucune trace de magie. C'était vraiment une simple branche d'arbre qu'elle avait dû ramasser en chemin. Peut-être n'était-elle pas sorcière ? Etait-ce une Cracmol rejetée par sa famille ? Et pourquoi avait-elle regardé les paniers avec cet air coupable ? Comme si le fait d'avoir tué ces deux animaux, peu sympathiques pour beaucoup de gens, était quelque chose de mal. Il regarda Potter et le vit sourire doucement. Allons bon ! Le complexe du Sauveur le reprenait !

 

Soudain, sur un signe de Ada Siwo, tous les globes lumineux se rallumèrent. Ama Déolida prit les mains de la jeune fille entre les siennes et lui parla doucement. A la porte, la jeune sorcière qui était semblait-il la servante attitrée du lieu hocha la tête et s'en alla. Elle revint quelques instants plus tard en disant que Ama Saé les attendait. Ils se levèrent tous et Draco fut de nouveau surpris par l'aisance qu'avaient les personnes de forte corpulence pour s'asseoir en tailleur, en repliant parfois une jambe et en posant un bras sur le genou pour plus de commodité, et pour se se relever avec légèreté, presque avec grâce.

 

Ils se dirigèrent vers la Salle d'audiences. Leur arrivée impromptue avait dû interrompre une réunion car ils virent un groupe de sorciers et de sorcières sortir, aller vers l'un des arbres et s'installer dessous en rond pour continuer une palabre. Ama Saé était assise sur sa haute chaise, ils se tinrent debout devant elle, Boréa au centre, encadrée par ses deux examinateurs, Harry près de Ama Déolida, Draco à côté de Ada Siwo. La jeune fille ouvrait de grands yeux mais elle ne tremblait plus et ses sanglots avaient cessé. Elle essuya rapidement son visage avec ses mains et prononça une salutation dans sa langue en s'inclinant avec respect. Une autre cérémonie commença et Harry et Draco furent ainsi les témoins d'un arbitrage rendu par la sage Gardienne de la cité.

 

-Je parle mal la langue de cette jeune fille, dit-elle. Ses explications passeront donc par vous, Ama, Ada, et pour que vos invités comprennent la situation, nous parlerons en anglais. Demandez-lui de nous raconter son histoire.

 

Ama Déolida était sans doute la plus familière avec le langage particulier de Boréa car ce fut elle qui traduisit. C'était une sordide et triste histoire. Boréa était née sorcière de parents qui ne l'étaient pas. Elle avait été persécutée pendant toute son enfance parce qu'on la croyait possédée par un démon. Puis un nouveau guérisseur sorcier s'était installé dans le village. Il se nommait Maître Kforel et lui avait reconnu les signes. Il n'était pas très savant en sortilèges mais il lui avait enseigné son savoir. Il avait alors remarqué qu'elle avait un certain pouvoir sur les animaux, Elle savait les calmer s'ils étaient agressifs et certains d'entre eux, les chiens, les petits félins, les serpents et autres bestioles utiles ou nuisibles lui obéissaient.

 

Il en parla à son père, un homme fruste et brutal, qui vit là une manière de gagner de l'argent. Elle dut s'occuper des animaux domestiques de tout le village, les soigner quand ils étaient blessés ou malades et mener paître les troupeaux dans les maigres parcelles herbues. C'était un dur travail et tout ce qu'elle gagnait était remis à son père mais ce fut pour elle une période assez tranquille. Elle était plus heureuse avec les bêtes qu'avec les gens. Puis tout se gâta. Une année de maigres récoltes, il y eut une invasion de souris et de rats affamés. Elle dut les capturer et on l'obligea à les tuer. Puis vint le temps où une troupe de lions s'approcha du village. Les femelles s'attaquèrent aux troupeaux et le père de la jeune fille perdit trois chèvres. Elle n'avait aucun pouvoir contre ces grands prédateurs mais malgré cela, il la roua de coups et la priva de nourriture.

 

Quand elle fut en âge de se marier, elle espéra qu'un garçon du pays la demanderait pour pouvoir enfin quitter sa famille, mais elle n'était pas spécialement jolie et surtout, ils avaient peur d'elle. Une sorcière … qui pouvait leur jeter de mauvais sorts … la tueuse de rats comme ils l'appelaient entre eux. Maître Kforel, le guérisseur, se faisait vieux, sa femme était morte depuis longtemps, il décida de l'épouser pour qu'elle s'occupe de lui et prenne sa suite. Mais pour cela, il fallait qu'elle ait le statut de sorcière, qu'elle ait donc un bâton. Après de nombreuses discussions avec son père et la promesse de la prendre sans dot, il l'avait amenée à Ghanzi-Sa et une ancienne connaissance à lui avait accepté de la garder pendant une lune, le temps de lui trouver un bâton, même d'occasion. Le plus difficile serait de lui dénicher une pierre. Le temps avait passé, le moment de rentrer au pays était venu et …

 

« Je ne veux pas retourner là-bas, traduisit Ama Déolida. Je ne veux pas épouser ce sorcier, il est vieux et il ne peut plus rien m'apprendre. Je souhaite rester ici, même comme la dernière des servantes. Je mettrai mes dons au service de la cité. Je sais faire beaucoup d'autres choses que capturer des rats et des serpents mais je ne l'ai pas révélé à Dame Yago ma logeuse. Je ne demanderai rien, juste à manger. Il y a un quartier où beaucoup de maisons sont abandonnées. Je pourrais y habiter. J'en chasserais les nuisibles. Et puis pas très loin, il y a la case de Dame Swazia, la dresseuse de chauves-souris ... Elles viennent quand je les appelle …

 

Draco se souvint tout à coup de la case sombre, des nombreuses bestioles enroulées dans leurs ailes membraneuses et suspendues au toit de paille, de la femme obèse aux paumes claires avec qui Maître Ndiapo avait troqué Uuuiiu … Il se sentit tout à coup pris de sympathie pour cette jeune fille. Il eut vraiment l'impression qu'elle était faite pour ça, pour prendre soin de ces petites bêtes qui n'avaient pas bonne réputation et qui pourtant étaient utiles et belles à leur façon. Elle avait souri en prononçant le nom de Dame Swazia et son visage s'était éclairé. Elle s'était redressée et maintenant sa voix était ferme.

 

-Ama Saé, grande et sage Maîtresse, la fille qui est devant vous remet son avenir et sa vie entre vos mains. Parlez et elle suivra en tous points vos conseils.

 

La Gardienne des Saé ferma les yeux et il y eut un long silence. Au point que Draco se demanda si elle ne s'était pas endormie. Mais l'esprit vigilant de Harry lui disait qu'elle était seulement entrée en réflexion et qu'elle faisait le tour du problème. Puis elle rouvrit les yeux et fit un signe. Cinq tabourets de bois apparurent. La palabre serait peut-être longue. Harry posa sur le sien le tapis de palme et tout le monde s'assit. On apporta le thé et chacun en reçut une tasse. Sauf Harry qui se contenta de son habituel gobelet d'eau. Et les questions et réponses se succédèrent.

 

-Jeune fille, quelles sont tes obligations vis-à-vis de ton père ?

 

-Je n'en ai aucune. Il me déteste et il me doit des années de salaire.

 

-Envers ta mère, tes frères et sœurs et les autres membres de ta famille ?

 

-Aucune. Ils ne m'aiment pas parce que je suis sorcière. Grand-mère Lori était la seule à être gentille avec moi et elle est morte aux dernières grandes pluies.

 

-Envers le sorcier qui t'a enseigné ?

 

-Je reconnais lui devoir quelque chose, mais pas le reste de ma vie en tant qu'épouse. Je demande sur ce point votre arbitrage.

 

-Envers les habitants de ton village ?

 

-Je ne leur dois rien. Je n'ai pas de dettes et je n'ai fait de promesses à personne.

 

-Envers Dame Yago qui t'a hébergée ?

 

-Je ne crois pas lui devoir grand chose. Elle ne m'a rien appris sauf quelques sortilèges de ménage. Depuis que je vis chez elle, sa case est la plus propre de son quartier. Elle n'a jamais manqué d'eau. J'ai posé des sorts de protection contre les bêtes volantes, rampantes et fureteuses. Ainsi, ses provisions et les grains de son coffre sont bien à l'abri. J'ai lavé et coiffé ses cheveux et j'ai cousu pour elle trois robes. Elle m'a prêté celle que je porte pour la cérémonie d'aujourd'hui. Je ne possède qu'un pantalon et une tunique et ils sont sales tous les deux car ce matin j'ai dû nettoyer les cendres froides dans le foyer. J'ai juste pu me laver avec l'eau du puits. Je prie Ama Saé de pardonner à cette fille sa tenue négligée.

 

Il y eut une pause et chacun en profita pour se désaltérer. Puis la palabre reprit entre la Gardienne de la cité, Boréa et Ama Déolida. Les trois autres écoutaient avec respect.

 

-Jeune fille, reprit Ama Saé, tu reconnais avoir des obligations envers une seule personne. Nous verrons tout à l'heure comment tu pourras payer cette dette. Maintenant, parlons des obligations que tu as envers toi-même. Qui es-tu ? … Je ne te demande ni ton nom, ni ta lignée, ni ton clan, ajouta-t-elle en voyant l'air surpris de la jeune fille. Je te demande qui tu es en tant que femme.

 

Boréa prit un moment de réflexion avant de répondre.

 

-Le soleil a accompli vingt fois son cycle depuis ma naissance – Et de nouveau, elle montra deux fois ses deux mains – J'ai eu mes premières périodes lunaires très tard. Quatorze années s'étaient écoulées et plusieurs autres filles de mon âge avaient déjà un enfant. Ma mère me maudissait à chaque nouvelle lune. Puis j'ai eu mes premiers saignements et je suis devenue femme mais je n'avais aucune envie de m'ouvrir à un homme et aucun désir d'enfant dans mon ventre. C'est justement à ce moment que Maître Kforel s'est installé au village. Je suis entrée à son service. Un jour qu'il avait bu un peu trop d'alcool de palme, il m'a dit que ma … féminité était en sommeil, qu'elle s'ouvrirait un jour comme une fleur et que je n'avais pas à m'en soucier à l'avance. J'attends toujours ce jour.

 

-Ton corps est donc en repos. Qu'en est-il de ton esprit ?

 

-Il ne l'est pas Ama Saé. Mon âme est en révolte. Je refuse l'avenir qu'on a décidé pour moi et s'il le faut, je m'enfuirai pour y échapper. La fille qui est devant vous est prête à se battre pour être libre.

 

-Pour cela aussi, nous devrons donc trouver une solution. Mais qu'en est-il de ton état de sorcière? … Et elle ajouta en constatant le silence de la jeune fille, pourquoi es-tu venue dans la case des pierres sans même un bon bâton d'après ce que j'ai compris ? Que craignais-tu ? D'être obligée de repartir avec un bâton-sorcier qui ne te plairait pas ? Parce qu'il n'aurait pas le pouvoir que tu souhaites ? Dame Yago ne t'a pas dit qu'une sorcière est intimement liée à sa pierre et qu'aucune ne te choisira si tu ne le souhaites pas en ton cœur de toutes tes forces ?

 

-Non, Dame Yago ne m'a rien dit de tel. Seulement de prendre un bâton et d'aller dans la case des pierres. Je crois qu'elle veut se débarrasser de moi. Mon pouvoir sur les animaux lui fait peur. Même sans bâton-sorcier, je leur fais faire ce que je veux. Pas tous bien sûr. Seulement quelques-uns. Elle m'a vue avec les chauves-souris un soir. Elle croit que ce sont des vampires, qu'elles vont s'accrocher dans ses cheveux et sucer le sang de son cou. C'est stupide ! Mais on ne peut rien contre les idées reçues. Ama Saé, mon désir le plus cher est de devenir une bonne sorcière et ma magie veut que je m'occupe des animaux. Mon don est dans mes mains mais je dois apprendre à le diriger, à le contrôler. Je voudrais devenir l'élève d'un Maître ou d'une Gardienne. Mais je ne possède rien à donner en échange des leçons. Qui voudra d'une pauvresse comme moi ?

 

-Jeune fille, on n'est pas pauvre quand on a un don comme le tien. Mais quelque chose m'étonne. Tu parles avec une grande sagesse. Tu sembles avoir beaucoup réfléchi à ta situation. Tu es à la fois très instruite en magie et assez ignorante sur certains de ses aspects pratiques. D'où te vient ton savoir ?

 

Et voyant que la jeune fille baissait la tête et restait silencieuse, elle ajouta avec douceur :

 

-Si c'est un secret, nous le respecterons.

 

-Ce n'est pas un secret mais je ne sais pas si j'avais le droit … J'ai regardé dans le livre de Maître Kforel … Un très gros livre en parchemin, très vieux, recouvert de cuir. Chaque page montre une image de magie avec une histoire écrite à côté. Je ne sais pas lire mais j'aime les dessins. C'est quelquefois très beau, d'autres fois c'est horrible. Je me sens si … malheureuse de ne pas tout comprendre. Maître Kforel m'a dit qu'il avait troqué ce livre il y a longtemps avec un sorcier qui venait de très loin. Mais ce qu'il contenait ne l'intéressait pas. Il s'est moqué de moi quand je lui ai demandé si je pouvais le regarder. Alors je le feuilletais en cachette. J'aimerais tant savoir lire et parler en tswana' et aussi en anglais comme tout le monde … Je ne connais que quelques mots : soleil, lune, étoile, ciel … Je voudrais … J'aimerais …

 

Cette fois elle se tut et garda la tête baissée. Ama Déolida et Ada Siwo restaient silencieux. Dans leur position, ils ne pouvaient rien faire. Le cas de Boréa était particulièrement difficile. Mais Ama Saé était la sagesse même, elle trouverait une solution. Harry cherchait déjà dans sa tête comment il pourrait l'aider à quitter ses parents qui ne l'aimaient pas. Il avait des gallions dans son sac. Il pourrait peut-être lui offrir une bourse d'études ? Draco avait plutôt une approche pratique du problème. Il connaissait les usages du pays. Tout passait par la palabre, les compromis, le troc bien mené et équitable. L'histoire des chauves-souris lui inspirait déjà quelques réflexions. Ama Saé reprit la parole et sa voix était bienveillante.

 

-Jeune fille … Boréa … Que signifie ton nom ?

 

-Boréa, c'est la Fin de la Nuit. Je suis née juste avant le lever du jour.

 

-C'est un beau nom et il te va bien. Ce jour marque peut-être aussi la fin de tes ennuis. Je parlerai de toi au Conseil et …

 

La Gardienne de la cité s'interrompit. Il y avait du remue-ménage dans la cour. Plusieurs personnes étaient arrivées en courant et interpellaient les sorciers et sorcières en palabre sous l'arbre. Ils réclamaient Ama Saé à grands cris. L'un d'eux se présenta à l'entrée de la Grande Case, il s'inclina rapidement et s'écria d'un ton excité :

 

-Les éléphants du désert ! Le troupeau est tout proche ! Ils seront là demain matin !

 

-Mais c'est impossible ! dit Ada Siwo. Ils auraient une lune d'avance !

 

Ama Saé se leva et tout le monde en fit autant. La nouvelle était d'importance. Elle fut confirmée par les autres arrivants. Un voyageur arrivant par la Porte de l'Ouest avait eu la peur de sa vie en apercevant le troupeau pas très loin de la route. Il fallait immédiatement prendre des mesures. La Grande Maîtresse s'adressa à Ama Déolida et à Ada Siwo.

 

-Retirez-vous et emmenez nos invités. Nous poursuivrons cette palabre à un moment plus favorable.

 

Ils sortirent tous les cinq de la Grande Case et retournèrent dans la case des pierres. Ils s'assirent de nouveau mais personne ne s'installa sur le puits. Boréa avait un visage apaisé. Elle récupéra les deux paniers avec le rat et le serpent et s'apprêta à les refermer. Harry s'adressa à Ama Déolida :

 

-Demandez-lui quel sortilège elle utilise pour endormir les animaux. Ce serpent n'est pas mort. Je l'entends me parler en Fourchelangue.

 

Il y eut une intéressante explication. Boréa n'aimait pas tuer les bêtes. Elle ne le faisait que si elle y était obligée. Son sortilège était une sorte de Stupéfix. Une fois seule, elle le rompait et libérait les animaux endormis. Mais elle précisa en souriant que pour les rats et les souris, ou d'autres animaux qui se reproduisaient vite, elle avait une formule pour les empêcher de … de faire des bébés, précisa-t-elle en se tortillant un peu. Elle ne savait pas si c'était bien ou mal, mais pour la nourriture des humains, c'était mieux. Pour faire cela, sa magie n'avait pas besoin d'un bâton-sorcier. Ama Déolida était très surprise. Cette jeune fille était très savante. Un temps viendrait où elle sentirait d'elle-même le besoin de chercher sa pierre.

 

Ce fut alors que Ada Siwo proposa à Harry et à Draco de passer sur le puits pour voir si même avec leur mince baguette, une pierre répondrait à leur appel. De toute façon, il fallait attendre que la Grande Case soit vide pour sortir. Autant utiliser ce temps pour faire quelques expériences enrichissantes pour tous. Harry essaya le premier. Il ôta l'une de ses socques de palme et posa le bout de son pied nu sur le cercle de bois. Il espérait que la magie du lieu lui éviterait la douleur et ce fut ce qui se passa. Comme lorsqu'il avait touché la main de Draco, il ne ressentit qu'un léger picotement. Soulagé, il posa ses deux pieds et leva sa baguette de houx au-dessus de sa tête.

 

De nouveau les boules lumineuses s'éteignirent et un rayonnement bleuté monta du puits. Harry tourna lentement sur lui-même et soudain, ce fut fantastique. Toutes les pierres se mirent à scintiller doucement, des plus grandes aux toutes petites, qui brillaient faiblement dans leurs sacs de toile ou dans leurs boîtes. Ama Déolida, Ada Siwo, Boréa et même Draco applaudirent en tapant dans leurs mains. C'était vraiment une belle surprise. Le blond ne voulait même pas essayer. Ce n'était pas la peine, disait-il, il ne ferait sûrement pas mieux que le « Grand Harry Potter ». Mais Ada Siwo insista. C'était différent pour chaque sorcier, ils auraient peut-être une autre surprise.

 

Draco se déchaussa donc et se tint debout au-dessus du puits magique, levant haut sa baguette d'aubépine. Mais il n'y eu pas d'illumination. Aucune des pierres ne se mit à briller. Ils eurent tous un air déçu, surtout Draco qui se trouvait mortifié vis-à-vis de son éternel rival. Mais ils entendirent soudain un bruit. Dans une des boîtes posées sur la plus haute étagère, quelque chose cognait contre le couvercle. Ah ! C'était cette fois une pierre unique qui se manifestait. Ada Siwo appela la boîte d'un geste et l'ouvrit. A l'intérieur se trouvaient une dizaine de petites pierres brillantes, toutes incolores, sauf une, celle qui cognait et sautait et se retrouvait dans la main du Gardien des bâtons. Toutes ces pierres étaient des diamants blancs mais celle qui s'était échappée de la boîte était rose et scintillait de tous ses feux.

 

Un diamant rose. Taillé en brillant. Le diamant manquant à la bague de Narcissa Black. Draco le reconnut immédiatement. Son Œil était infaillible. Il baissa lentement sa baguette et sortit du cercle de bois. Le diamant continuait à briller comme une petite étoile. Il s'accroupit devant Ada Siwo et tendit la main. Le diamant sauta dedans, scintilla encore un instant puis s'éteignit et ne bougea plus.

 

-D'où vient ce diamant ? dit le blond d'une voix un peu tremblante.

 

-Je vais te le dire, répondit Ada Siwo.

 

Il prit à côté de lui le gros livre couvert de cuir qu'il tenait au début de la cérémonie. Il y avait inscrit le nom de Ladochem à côté de l'olivine provenant comme beaucoup d'autres de la rivière mystérieuse. Il demanda à Draco de poser la pierre sur la couverture du livre. Celui-ci s'ouvrit tout seul et les feuilles tournèrent rapidement, le diamant restant suspendu en l'air, puis une page s'immobilisa et le diamant se posa dessus. Ada Siwo regarda la mention écrite parmi d'autres, la déchiffrant car les lettres étaient particulières et il lut :

 

« Le sixième jour de la deuxième lune de la saison sèche, un sorcier portant le nom de Perseus le Black, même s'il est blanc, nous a remis cette pierre en paiement de son séjour à Ghanzi-Sa. Il dit qu'il reviendra la chercher un jour en échange de dix pièces d'or. Ada Palio. »

 

-Ada Palio ? Il était Gardien des Bâtons il y a au moins cinquante cycles du soleil ! Connais-tu ce sorcier dit le Black, Draco ? reprit Ada Siwo.

 

-Il fait partie de mes ancêtres du côté maternel, répondit Draco d'une voix altérée. J'ignorais qu'il était venu ici.

 

« Cinquante ans, pensait-il. Avant ou après la visite de Lord Voldemort ? Il ajouta :

 

-Je n'ai pas les dix pièces d'or sur moi. Mais je les rapporterai quand je reviendrai à Ghanzi-Sa. Gardez bien cette pierre. Je serai heureux de la rendre à ma mère à qui elle appartient.

 

-Et moi, je suis bien content que tu parles de revenir, dit Harry avec un grand sourire.

 

o – o – o – o

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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