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au 31 Mai 21 :
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Chamane
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 6     Les chapitres     20 Reviews    
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Ghanzi-Sa

 

Chamane 6 : Ghanzi-Sa

 

 

Draco dormait mal, il devait prendre des pilules pour s'endormir, il se réveillait plusieurs fois par nuit et peinait ensuite à retrouver le sommeil. Il avait encore parfois des cauchemars qui le faisait se dresser dans son lit avec un cri au bord des lèvres, le cœur battant la chamade et une sueur froide coulant au long du dos. Cela datait bien sûr de son séjour à Azkaban et des Détraqueurs aux râles affreux et aux mains purulentes. Mais cette-nuit-là, c'était différent.

 

Ce fut d'abord comme dans l'avion qui le ramenait de Colombie. Il voyait les deux pierres vertes qui brillaient doucement, les deux émeraudes qu'il avait beaucoup cherchées parmi les pierres brutes de Muso et dont il avait suivi la transformation patiente en deux purs joyaux. Puis dans son rêve, elles avaient été petit à petit remplacées par deux yeux verts qu'il connaissait bien, des yeux brillants de … pas de joie, plutôt de souffrance et de fièvre. Puis il avait vu le visage tout entier, les joues creuses, les lèvres pâles et le front à demi recouvert par des cheveux noirs en bataille, luisants de sueur. Potter le regardait, il ne disait rien mais ses yeux parlaient. Ils l'appelaient.

 

Draco se réveilla une première fois et cette vision, au lieu de l'émouvoir, le mit en rage. « Putain de Sauveur du Monde, sauve-toi toi-même ! Si tu t'es mis dans le pétrin, ce n'est pas ma faute. Sors de ma tête ! » Le jeune homme retomba dans un sommeil lourd, se retourna plusieurs fois, se découvrit parce qu'il avait trop chaud, tira de nouveau la couverture sur lui parce qu'il grelottait et ne trouva un sommeil paisible que sur le matin.

 

Le réveil sonna mais comme il était en vacances, il resta au lit pour quelques minutes supplémentaires. Il fut pris alors d'un court moment de sommeil profond et Potter revint. Cette fois, ce n'était pas seulement ses yeux et son visage. Potter venait vers lui au travers d'une brume verdâtre, puis il s'arrêtait, il lui faisait de la main un signe d'appel et il disait son nom d'une voix pressante : « Malfoy ! Malfoy ! » Le pire c'était que Potter était nu. Il était maigre, ses os saillaient aux coudes et aux genoux, son ventre était creux et son sexe mou reposait contre sa cuisse. Il n'avait rien d'une vision érotique comme la fois où …

 

Draco ne fut pas assez rapide pour fermer son esprit sous l'assaut du souvenir. Non, il n'avait pas vu autrefois Potter prenant une douche dans son vestiaire après un match de Quidditch. Près de lui, son inséparable Weasley chantait faux comme une casserole parce qu'ils avaient gagné contre Serdaigle. Les autres idiots de son équipe étaient là eux aussi, riant, braillant, se jetant de l'eau au visage.

 

Lui venait triomphalement encaisser le pari qu'il avait fait avec le capitaine de Serdaigle. Oui il avait misé sur Griffondor, et alors ? On ne mélange pas les sentiments et les affaires ! L'autre arrogant là, Roger Davies, il était si sûr de la victoire de son équipe ! Comme si, à part lui, Draco Malfoy, quelqu'un pouvait battre Potter ! Dix gallions qu'il avait pariés, le stupide ! Et perdus bien sûr ! Ah ! Il allait raquer, le connard ! Il allait les aligner les pièces d'or ! Enfin pas tout de suite, il n'avait certainement pas une telle somme dans les poches de son maillot de Quidditch ! Mais c'était si bon de le narguer juste après sa cuisante défaite ! Deux cent quarante points à vingt ! Un record !

 

C'est en suivant le couloir le long des vestiaires qu'il avait eu cette … révélation. Non, il n'avait pas vu Potter, nu, la tête levée, les yeux fermés, l'eau ruisselant sur son corps tout en muscles. Le Balafré ne bougeait pas, il souriait, les lèvres entrouvertes. Il était beau, il était nu, les gouttelettes d'eau rebondissaient sur sa peau et ça faisait tout autour de lui des perles de lumière. Ça n'avait duré qu'une ? deux secondes ? … Non même pas. Ça n'avait pas existé, ça n'existait pas, ça ne lui avait pas remué les sangs comme seule la vue d'un corps de garçon l'avait fait, cette unique fois, dans son adolescence. Le corps de CE garçon, pas le corps des autres. Il s'était éclipsé, le rouge au front et il se souvenait d'avoir été particulièrement odieux avec les Griffondors pendant plusieurs semaines.

 

Mais le Potter qu'il voyait en rêve était différent, plus âgé, mal en point. Il le regardait et il l'appelait. Sa voix se faisait de plus en plus faible. Soudain, la vision s'effaça et Draco se réveilla avec dans la bouche un goût amer. Putain de merde ! Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il ne croyait pas aux rêves prémonitoires, c'étaient des histoires de bonne femme, du genre Trelawney. Mais il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce que Zabini lui avait dit : Potter avait disparu depuis plusieurs mois, au Botswana probablement, et ceux du Ministère étaient tellement inquiets et démunis qu'ils n'avaient plus que lui comme recours. Le chantage il s'en foutait, jamais il ne leur donnerait la satisfaction d'y répondre mais c'était Potter tout de même ! Et la vision qu'il en avait eue était plutôt désespérée !

 

Mais qu'est-ce qu'il pouvait y faire ? Il partait dans trois jours en croisière avec sa mère ! C'étaient ses premières vacances ! Il n'allait pas les sacrifier pour celui qu'il appelait autrefois le Balafré et qui était sorti de sa tête pendant toutes ces dernières années. Ce rêve, c'était son esprit qui débloquait, un fantasme venu du sommeil. Juste une réminiscence du passé … Rien à foutre …

 

Et pourtant trois jours plus tard, Narcissa partait en croisière … avec Lizzie et lui prenait discrètement l'avion pour Gaborone, via Paris et Rome pour plus de précautions. Pas question d'alerter les mouchards du Ministère. Il avait reçu la visite de Luna Lovegood, mariée depuis deux ans avec Rolf Scamander, et cela avait fait pencher la balance du côté de Potter.

 

o – o – o – o

 

C'était étrange. Il aurait refusé pour n'importe qui d'autre. Il avait accepté pour la Serdaigle. Il se souvenait d'elle comme d'une élève farfelue qui croyait comme son père à de nombreuses histoires extravagantes. Il ne s'était pas privé de se moquer d'elle, de ses lunettes bizarres, de ses radis aux oreilles, de ses vêtements dépareillés. En plus, elle avait toujours soutenu Potter. Elle avait fait partie de l'Armée de Dumbledore et elle s'était battue contre les Mangemorts pendant la grande bataille. Elle était dans le clan ennemi du sien. Mais malgré cela, il avait accepté pour elle de retourner au Botswana.

 

Quand elle avait frappé à la porte de son appartement – et il se demandait encore qui avait pu lui donner son adresse – elle n'avait plus rien de la jeune fille un peu évaporée de sa jeunesse. Elle avait le visage grave et les yeux rouges. Lorcan et Lysander, ses deux jumeaux âgés de même pas un an, avaient attrapé la dragoncelle. C'était une maladie mortelle et le seul remède était à base d'épine d'oursin. Mais celle qu'il avait rapportée de son premier voyage avait déjà été utilisée et il n'y avait plus rien pour ses bébés. Elle était l'image même de la mère désespérée, avec le même visage, le même regard perdu que Narcissa quand il était revenu d'Azkaban.

 

Il avait tout de même hésité. Il lui avait expliqué que le sorcier Ndiapo n'avait pas d'autre épine en réserve, que cela faisait plusieurs années qu'on n'en avait pas trouvé dans le désert. Puis tout à coup, il avait repensé à ce grand homme vêtu de blanc qui lui avait proposé de lui en vendre. Il s'était décidé brusquement. Bon il y avait aussi ces rêves. Et puis ce serait montrer au Ministère qu'il n'agissait pas sur leur ordre, soumis à leur chantage. Il se renseignerait sur Potter en plus d'acheter les épines d'oursin - s'il en trouvait - et il le ferait gratuitement, sans rien attendre d'eux. C'était ça, la fierté des Malfoy.

 

Tout s'était fait en deux jours, à croire que le Destin était à ses côtés. Lizzie pouvait prendre des vacances. Narcissa n'était pas trop d'accord mais finalement elle avait accepté le changement de dernière minute. La présence de la jeune femme rousse, pétulante et rieuse, rendrait certainement le voyage agréable. Et si c'était pour une bonne cause … Le voyage pour Gaborone avait demandé des recherches mais du moment que le voyageur acceptait de passer par Paris puis par Rome … Et Draco était arrivé au Botswana avec sa nouvelle baguette et quelques plantes magiques fournies par Luna. Du lierre Rex, de l'écorce de cerisier sauvage et des champignons noirs trompettes-de-la-mort. Peut-être même pas de quoi troquer contre quelques œufs de scarabée. Que Merlin nous aide !

 

Pourtant tout se passa merveilleusement bien. - Au début ! - Maître Ndiapo avait des épines d'oursin toutes fraîches et il savait où était Potter ! Il voulait bien troquer deux épines contre la marchandise de Draco – il y perdait et de beaucoup ! - mais en échange, le sorcier blond viendrait avec lui dans la cité sorcière de Ghanzi-Sa pour voir son ancien camarade d'école. Il ne pouvait en dire plus pour le moment. Il lui expliquerait tout en chemin. Draco accepta, à condition de pouvoir envoyer les épines en urgence à Londres. Il fallait toujours palabrer et poser des conditions. C'était la bonne façon de troquer en montrant du respect l'un pour l'autre.

 

Il expédia en express par la Poste de Gaborone les deux épines soigneusement emballées dans une boîte en ivoire végétal, à l'adresse moldue de Blaise - il n'en connaissait pas d'autre - avec un petit mot très sec « Attention ! Epines d'oursin sous Protégo et Closam. Pour le remède contre la dragoncelle des enfants Scamander-Lovegood. Urgent. » Il ne signa pas. Puis il revint à Molepolole et se prépara au départ vers la cité sorcière. Heureusement qu'il avait sa baguette magique pour transplaner !

 

o – o – o – o

 

Maître Ndiapo et lui atterrirent près des trois troncs entrelacés et le sorcier expliqua au jeune homme comment passer la barrière magique mais il ne précisa pas ce qu'il fallait faire pour repartir. Il ne savait pas ce qu'ils trouveraient en arrivant dans la cité sorcière et combien de temps durerait la visite. Puis, tout en suivant le chemin balisé de grosses pierres, il expliqua à Draco ce qui s'était passé, le nid d'oursins, la blessure de Harry Potter et le coma qui avait suivi.

 

« On l'a transporté à Ghanzi-Sa dans la case des grands malades. Il souffrait beaucoup. Les guérisseurs étaient même persuadés qu'il allait mourir. Le venin d'oursin est très dangereux et la bête était restée longtemps accrochée à son bras. Mais c'est un puissant sorcier, moi je pense qu'il avait eu le temps de prononcer un sortilège de protection. Dès qu'il a été installé dans le bon environnement, son état s'est amélioré. Draco, sais-tu ce qu'il faut faire quand on a été en contact avec un oursin des sables ?

 

-Non Maître Ndiapo. Je n'en avais jamais entendu parler avant ma première visite chez vous. C'est un ingrédient trop puissant pour être utilisé à Poudlard, dans mon école. Je pense même qu'il fait partie des produits interdits servant à la magie noire.

 

-Tu as raison, Draco. Les épines sont à la fois maléfiques et bénéfiques. Certains sorciers s'en servent comme poison pour les animaux et malheureusement aussi pour les hommes. Mais comme tu le sais, la plupart des poisons sont aussi des remèdes. Tout est dans la façon de les préparer. Dans le cas de Harry, il fallait en premier ôter tout ce qui touchait son corps et le faire … flotter. Vois-tu ce que je veux dire ?

 

-Le mettre dans l'eau ?

 

-Non, le faire flotter en l'air. Rien ne devait être en contact avec sa peau sinon c'est comme une brûlure. Quand enfin il est arrivé dans la case des malades, les guérisseurs lui ont préparé une couche spéciale … Draco, ce que je vais te révéler est un secret des sorciers de Ghanzi. Il ne faudra le dire à personne. Mais je me sens responsable de ce qui est arrivé. Voilà, il y a un … contraire … comment dire ? Quelque chose qui peut combattre le poison des oursins.

 

-Un antidote ?

 

-Ce doit être le bon mot. A Ghanzi-Sa pousse un arbre magique, le palmier Hyphaene. Tu as troqué quelques-uns de ses fruits à ta première visite, les noix de palmier …. Mais contre le venin d'oursin, tout est bon dans cet arbre : son écorce, son bois, ses feuilles, ses noix, sa sève et même l'eau profonde qu'on trouve sous ses racines. Alors on a installé Harry sur un lit de feuilles séchées, on l'a recouvert d'un drap tissé avec des fibres fines et on lui a fait boire de la sève diluée dans l'eau profonde. Il fallait utiliser pour ça uniquement une cuiller en bois et un bol en écorce de palme. Enfin je te passe les détails. Le charme de l'arbre a agi et le malade s'est réveillé au bout de deux semaines. Il était hors de danger mais il était très faible. J'avais de ses nouvelles par Offentsé qui allait le voir régulièrement.

 

-Mais pourquoi n'avoir rien dit ? Harry Potter est une célébrité dans son pays. Des gens très importants le cherchent.

 

-Il y a deux raisons. D'abord, on ne m'a rien demandé. Tu es la première personne à venir me voir pour prendre de ses nouvelles. Ensuite je ne sais pas ce que Harry veut faire. Il semble se plaire à Ghanzi-Sa. Il ne parle pas de partir. C'est devenu une sorte de chamane. Il a le pouvoir de guérir certaines maladies, certaines blessures. Et le plus extraordinaire, c'est que depuis quelque temps, il peut aussi disparaître à volonté. Il se rend invisible. Il est là et deux secondes après, il n'est plus là. Ama Saé, la Grande Maîtresse, voudrait le garder pour toujours. Mais moi je crois qu'on doit lui donner le choix.

 

-Il n'est pas libre de faire ce qu'il veut ?

 

-Peut-être oui, peut-être non. C'est là que tu interviens.

 

-Il ne va pas apprécier. Nous étions ennemis autrefois. Que devrais-je faire ?

 

-Observer, parler avec lui, lui rappeler sa vie d'avant. Offentsé lui a posé des questions sur son école, Poultard, il s'y intéresse un peu trop à mon goût, mais Harry n'a pas pu ou voulu lui répondre. On dirait qu'il a oublié tous ses souvenirs. Il ne vit que dans le présent. Draco, je vais te révéler autre chose. Harry est peut-être victime d'un envoûtement. Les sorciers et les sorcières de Ghanzi-Sa ont certains pouvoirs. Tu pourrais aussi en être victime. Connais-tu des sorts de protection ?

 

-Bien sûr Maître Ndiapo. Mais vous auriez dû me révéler tout cela avant notre départ. Je ne sais pas si j'aurais accepté de vous suivre dans cette aventure.

 

-Mais quand Harry nous a rendu visite, il y a six mois, il nous a parlé de son école, il a évoqué cette histoire de Maisons ennemies, il avait l'air de penser que c'était terminé. Pour faire plaisir à Gammla, il a parlé de toi et c'était avec … gentillesse, presque avec amitié. Et quand tu m'as demandé de ses nouvelles, je n'ai pas entendu de mauvaises paroles. J'ai même cru que vous étiez liés, qu'il y avait quelque chose de bon entre vous. Je me suis trompé ?

 

-Ce n'est pas si simple, Maître Ndiapo. Mais quand le thé est versé, il faut le boire. Que dois-je faire pour me protéger des sortilèges de Ghanzi ?

 

-Surveille ta nourriture et ta boisson. Si tu connais un sort de clôture, mets-le autour de ton lit pour dormir. Et si une femme te fait les yeux doux, ne t'y laisse pas prendre.

 

-Un conseil facile à suivre Maître Ndiapo …

 

o – o – o – o

 

Ghanzi-Sa … La grande cité sorcière du désert … De loin, on distinguait d'abord une ligne vert pâle, ondulante, qui flottait au-dessus du sol surchauffé. Un mirage. Plus on s'approchait, plus on la voyait apparaître. Une oasis de verdure. D'abord des grosses touffes d'herbes éparses qui séchaient et jaunissaient par endroit. Des dromadadaires y paissaient tranquillement, tournant la tête et suivant les voyageurs de leurs grands yeux obliques, leurs épaisses ailes membraneuses repliées le long de leur bosse. Quand ils les dépliaient, ils étaient capables de courir dans le désert à des vitesses prodigieuses.

 

Plus loin, on commençait à voir les premiers groupes de palmiers avec leurs grands bouquets de feuilles, et accrochés à leurs troncs, les gobelets de bois qui servaient à recueillir la sève. A leurs pieds, dans des prairies verdoyantes, des bufflonnes et des chèvres se déplaçaient lentement, surveillées de loin en loin par des bergers appuyés sur de longs bâtons. Puis apparaissaient les terres cultivées, les champs, les jardins, les vergers cernés par les rigoles d'irrigation où coulait une eau claire et murmurante. Des hommes et des femmes piochaient, récoltaient, cueillaient sans paraître déployer beaucoup d'efforts. Techniques magiques certainement.

 

Des cases se dressaient par petits groupes, toutes avec une cour et un arbre ombreux. Des jeunes enfants y jouaient, environnés de poules naines et de coqs noirs et rouges qui picoraient le sol sableux. Des pigeons, des colombes, des perdrix volaient, plongeaient, se posaient sur le faîte des toits de paille. C'était la couronne verte de la ville, sillonnée de chemins assez larges où roulaient lentement des charrettes tirées par un ou deux buffles paisibles. Puis au bout d'une longue ligne droite, on arrivait à une Porte surveillée par un garde, l'équivalent africain d'un Auror anglais.

 

Ghanzi-Sa avait quatre entrées principales orientées vers les quatre points cardinaux. Maître Ndiapo arrivait toujours par la route de l'Est, celle qui était annoncée par les trois troncs d'arbres au bord de la barrière magique. Cette fois encore, avec Draco, il lui avait fallu plusieurs heures de marche pour arriver enfin à la Porte. Ce n'était qu'une arche formée par deux piliers de pierre et un fronton de bois sculpté. Il n'y avait pas de mur, pas de vantail, cela indiquait juste symboliquement l'entrée de la cité.

 

L'officier de police était assis devant une petite table carrée abritée par un arbre. Il portait autour du cou une plaque de cuivre particulière, symbole de sa fonction. Il nota sur un épais registre de parchemin le nom de Ndiapo Mongafa et celui de Draco Malfoy ainsi que le jour et l'heure de leur passage. Il leur demanda s'ils ne transportaient pas de marchandises interdites. Il écouta à peine leur réponse. Visiblement il avait d'autres soucis en tête. Il posa une autre question : « Avaient-ils remarqué sur leur chemin quelque chose de particulier ? Avaient-ils aperçu quelqu'un, même assez loin de la route ? Une personne à l'allure étrange ? » Maître Ndiapo était surpris, il répondit par la négative. Que se passait-il dans la cité ? Le garde les invita alors à passer la porte.

 

Les maisons se firent plus resserrées, les rues plus animées, plus encombrées aussi. On avait quitté la campagne, on était dans une vraie ville et elle semblait assez étendue. Draco sentait la chaleur et la fatigue l'accabler. Aussi fut-il soulagé quand le guérisseur fit signe à une carriole légère tirée par un âne gris. Le conducteur était un jeune homme portant comme de nombreux autres habitants une tunique blanche sans manches sur un pantalon bleu clair. Ses pieds nus étaient chaussés de sandales spartiates, une simple semelle de cuir et deux brides entrecroisées. Il portait un turban lâche, une bande de toile enroulée plusieurs fois autour de sa tête un peu n'importe comment. D'autres hommes étaient têtes nues et d'autres encore se protégeaient du soleil avec de larges chapeaux de feuilles. Les femmes portaient aussi des tuniques blanches à manches courtes par dessus des robes longues de couleurs claires, jaunes, vertes, rouges, bleues, orangées. La plupart étaient têtes nues mais certaines arboraient aussi un turban couvrant juste le haut de leur tête. Elles laissaient leurs longs cheveux tressés flotter librement dans leur dos.

 

Maître Ndiapo semblait connu de beaucoup de monde. On le saluait au passage, on lui criait de loin des phrases en tswana' ou dans un autre langage, on agitait les mains et soudain, Draco reconnut une expression lancée d'une voix rieuse : une grande femme le désignait et parlait de la couleur de ses cheveux. Le guérisseur répondit en riant et dans sa réponse, il y avait le nom de Gammla. Allons bon ! Il n'en avait pas fini avec cette particularité physique !

 

« Hé oui Draco, dit le sorcier en se tournant vers son compagnon de voyage, tu seras vite la cible de toutes les femmes libres de Ghanzi. J'ai dit que Gammla avait des vues sur toi mais ça ne les gênera guère. Tu es pour elles une tentation vivante. Ne souris pas trop et garde les yeux baissés ...

 

Draco, mi fâché mi flatté, se disait qu'autrefois, on recommandait la modestie aux jeunes filles, pas aux jeunes hommes. Les coutumes étaient bien différentes d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre.

 

-… Nous allons arriver à la grande case des visiteurs, notre hôtel si tu préfères, continuait Maître Ndiapo. Tu vas pouvoir te rafraîchir et te reposer un peu … »

 

Mais il ne fut guère question de repos. Les nouvelles voyageaient vite dans la cité. Les deux visiteurs n'étaient pas arrivés depuis une heure qu'un messager était à leur porte. La Grande Maîtresse voulait les voir sur-le-champ. Maître Ndiapo avait parlé d'elle à Draco en chemin. C'était une femme âgée, assez corpulente, élue par la cité pour diriger la communauté. On l'appelait Ama Saé, ce qui signifiait Gardienne des Saé, du peuple sorcier tout entier. Elle n'avait pas de pouvoirs étendus, c'était surtout une conseillère et une conciliatrice lors des litiges. Mais elle était fort respectée et ses ordres étaient exécutés avec promptitude. Ils se rendirent donc sans tarder à la case centrale.

 

o – o – o – o

 

Contrairement aux villes africaines moldues, les habitations de Ghanzi-Sa étaient toutes traditionnelles. C'étaient des cases rondes ou ovales, sans étage, aux murs de palmes tressées quelquefois recouverts d'argiles colorées. Les fenêtres étaient petites pour conserver la fraîcheur et les toits pointus en paille ou en feuilles entrelacées ombraient les intérieurs. Sans doute ces habitations étaient-elles magiques et extensibles car elles étaient plutôt petites et serrées les unes contre les autres avec des cours minuscules et un arbre pour trois ou quatre maisons. Les rues étaient étroites, juste assez larges pour laisser passer une charrette.

 

Toutefois l'hôtel était assez vaste. Il comprenait une grande pièce centrale et une dizaine de chambres donnant toutes sur la cour. Maître Ndiapo avait dit à Draco que la plupart des visiteurs logeaient en général dans leur famille. Offentsé par exemple habitait chez un cousin du côté de sa défunte femme. Lui ne pouvait pas y aller, il n'y avait pas assez de place pour eux deux et puis lui, Draco, était un étranger, il valait mieux aller dans la case réservée aux visiteurs.

 

Ils avaient chacun une chambre au mobilier rustique, un lit au matelas de fine paille odorante garni de draps blancs et d'une couverture à rayures de couleurs, une table basse posée sur un grand tapis, et près du mur, un coffre de bois avec couvercle pour ranger ses affaires à l'abri des petites bêtes volantes ou rampantes. Il n'y avait pas l'eau courante. Le puits fournissant l'eau était au milieu de la cour avec une pompe à main.

 

Le coin toilette était sommaire. Au fond de la pièce, derrière un paravent, se trouvait une table avec une cuvette émaillée et un pot rempli d'eau claire, et posé à côté, le seau de fer à couvercle servant aux besoins naturels, avec sa réserve de sable. Tout était très propre, il y avait un gros morceau de savon, un verre et du linge blanc sur la table de toilette et ça sentait bon. On était chez des sorciers très évolués tout de même ! Pendant ses voyages pour Solman et Griffith, Draco avait connu pire. En bon Serpentard, il s'était adapté à tout.

 

Il fut tout de même surpris par la beauté de la case centrale. Elle était plus haute que les autres, elle était vaste et donnait sur une grande cour ombragée de plusieurs arbres dont un magnifique palmier Hyphaène, Ses murs étaient entièrement peints de motifs ethniques, blancs, rouge vif, jaune citron et bleu clair. Les couleurs étaient brillantes et alternaient avec les poutres noires qui soutenaient le toit d'un vert très sombre. C'était une maison mais c'était aussi une superbe œuvre d'art.

 

L'intérieur ne déparait pas l'ensemble. Le sol de la pièce centrale était recouvert de magnifiques tapis et les meubles étaient en bois exotique, tous sculptés et ornés d'applications de cuivre. Il y avait de nombreux coffres tout autour de la pièce, mais surtout, au milieu, trônait un grand fauteuil avec un haut dossier et des accoudoirs. C'était inhabituel. En général, on s'asseyait par terre pour faire palabre. Mais là, il devait s'agir véritablement d'un trône pour la Grande Maîtresse.

 

En effet, dès que les visiteurs furent introduits dans la pièce, elle apparut, venant d'une porte latérale, accompagnée d'hommes et de femmes de sa suite. Elle était telle que Maître Ndiapo l'avait décrite, grande et de forte corpulence. Imposante. Son visage d'ébène était encadré de nombreuses tresses ornées de perles d'ivoire et de cuivre. Elle portait une ample robe d'un bleu soutenu recouverte en partie d'une tunique blanche. Des bracelets et des colliers s'enroulaient à ses bras et à son cou. Elle avait un air majestueux qui imposait le respect. Elle s'assit sur le trône et les gens de sa suite prirent place de chaque côté du haut siège.

 

Les deux visiteurs saluèrent avec déférence. Elle frappa dans ses mains et aussitôt on apporta pour eux deux tabourets. Les autres restèrent debout et Draco reconnut parmi eux le grand homme à la robe blanche qui se trouvait devant chez Maître Ndiapo, lors de son premier voyage. Etrangement les cérémonies d'accueil furent écourtées, pas de thé, pas de nouvelles à donner de la famille, des pays voisins ou lointains, en fait pas de palabre. On passa tout de suite à la question sérieuse. Que venaient faire les visiteurs à Ghanzi-Sa ? Que voulait en particulier le sorcier anglais « aux cheveux d'argent brillant au soleil » ?

 

La Grande Maîtresse parlait un anglais correct mais lentement, comme si elle cherchait ses mots. Et la question posée fit pouffer de rire plusieurs femmes, sans aucune gêne, même en présence de leur Supérieure.

 

« C'est ta fille Gammla qui lui a donné ce surnom, ajouta-t-elle pour Maître Ndiapo qui s'inclina. Et elle continua : Le visiteur venait-il pour ensorceler les dames de Ghanzi ? Si oui, ce serait facile. Déjà plusieurs d'entre elles se proposaient pour le loger mieux qu'à la case des visiteurs. Il pouvait rester aussi longtemps qu'il le voulait. Il était l'invité de la communauté.

 

Draco s'inclina et sourit. Il avait déjà compris ce que le guérisseur lui avait suggéré à propos des sorcières de la cité. Certaines n'étaient pas mariées par choix. Elles étaient libres et indépendantes. C'était inhabituel en Afrique sauf dans certaines grandes villes où elles régnaient en maîtresses-femmes. C'était courant ici à Ghanzi-Sa et il devrait faire face à la situation. Mais il ne laissa pas la conversation dévier vers les frivolités. Il parla doucement mais fermement, sans baisser les yeux, avec juste le petit sourire de rigueur.

 

« Mon nom est Draco Malfoy. Je suis sorcier et je viens d'Angleterre, un très lointain pays du Nord. Il y a là-bas une maladie qui frappe les enfants, la dragoncelle. Comme vous le savez, le seul remède est à base d'épine d'oursin des sables et nous n'en avons plus. Je suis donc venu en troquer si possible chez Maître Ndiapo. J'ai appris avec joie qu'on en avait découvert un nid et que le mérite en revenait à un sorcier anglais du nom de Harry Potter ...

 

Il y eut parmi les personnes présentes des mouvements divers et des murmures. Mais la Grande Maîtresse fit un signe et tout le monde se tut. Draco continua :

 

… Je connais très bien cette personne. C'est un ancien camarade d'école. Comme Maître Ndiapo avait l'intention de venir voir son fils Offentsé, je lui ai demandé si je pouvais l'accompagner. C'était une excellente occasion de visiter la cité secrète de Ghanzi et de revoir un … ami dont je n'avais pas de nouvelles récentes. J'espère ne pas être importun.

 

Draco avait un peu trébuché sur le mot « ami ». Il n'avait pas l'habitude de l'employer pour Potter. Il ajouta en s'inclinant de nouveau légèrement et en accentuant son sourire :

 

… Je remercie mon père qui m'a légué sa chevelure d'argent et ma mère qui m'éclaire comme un soleil si cela doit me faire remarquer par les habitants de cette ville mais je ne suis qu'un simple visiteur. Je ne mérite pas l'honneur d'être reçu par la plus importante Dame de la cité et par cette assemblée de hauts personnages. Je viens juste voir Harry Potter.

 

Draco savait ce qu'il faisait en rendant ainsi hommage aux personnes présentes. C'était très Serpentard. Il jouait au modeste et mettait la balle dans l'autre camp. Il y eut de nouveau des murmures. Il remarqua alors avec surprise que la Grande Maîtresse avait un air … embarrassé. Elle s'agitait un peu sur son siège et son visage se crispait légèrement. Quelque chose n'allait pas. Elle se leva de son trône et aussitôt les visiteurs en firent autant, s'attendant à la voir prendre congé et se retirer avec sa suite. Mais elle resta là, bien droite, et prononça une phrase en tswana' avant de se rasseoir et de cacher son visage dans ses mains. Le grand homme à la robe blanche s'avança et traduisit d'une voix tremblante :

 

« Ama Saé est désolée. Harry Potter a disparu depuis trois jours et nous ne savons pas où il est. »

 

o – o – o – o

 

 
 
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