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A Coeurs Perdus : 2e Génération
Par Natalea
Harry Potter  -  Romance/Amitié  -  fr
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    Chapitre 25     Les chapitres     48 Reviews    
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Mariage

Installé dans le bureau/cagibi mis à sa disposition par le University College, Scorpius subissait un entretien privé dont le but officiel était le mémoire de fin d’études de ses troisièmes années. Dans les faits, l’étudiante qui était venue lui demander son aide à la fin du cours n’avait pas abordé le sujet une seule fois, et Scorpius s’efforçait à présent très fermement de la dissuader de l’inviter à dîner. La jeune fille avait la grâce de tourner autour du pot et de se montrer gênée, mais ses intentions étaient trop évidentes pour passer inaperçues. Scorpius, heureusement, était passé maître dans l’art de feindre l’inconscience totale, et la jeune fille finit par sortir du bureau avec quelques précieux conseils, et l’assurance que son professeur d’astrophysique était soit aveugle, soit gay.

Scorpius se surprit à sourire. Il avait l’habitude que les gens spéculent derrière son dos, et cette université n’était rien à côté des rumeurs qu’il avait alimentées à Poudlard. Pour une raison qui lui échappait, il passait pour quelqu’un de mystérieux, mais c’était un atout dont il ne se plaignait plus aujourd’hui. Bien au contraire.

Compulsant rapidement ses notes, Scorpius prit la peine de saluer le courage de la jeune fille : en plus d’être son professeur, il savait avoir aussi la réputation d’être particulièrement froid – et il se promit de lire son mémoire avec attention. Il sortit ensuite retrouver Maya pour déjeuner.

Ces derniers temps, la jeune femme semblait s’être mise en tête de le remplumer, et cela faisait plusieurs fois cette semaine qu’elle l’entraînait dans de petits restaurants de Londres, nombreux dans ce quartier touristique, et néanmoins épargnés par la foule. L’Angleterre n’était pas réputée pour ses talents culinaires, mais Scorpius appréciait particulièrement la cuisine asiatique, et le British Museum abritait pour voisin l’un des meilleurs restaurants thaï de la capitale.

Tandis qu’ils traversaient le musée de long en large pour rejoindre l’avenue – un raccourci qu’ils avaient découvert dès leur première année à l’université – Scorpius s’arrêta un instant devant l’entrée du département égyptien, poursuivi par une sorte de malaise qu’il ne s’expliquait pas. Ce n’était pas la première fois qu’il éprouvait cette sensation. Elle s’était manifestée plusieurs fois cette semaine, sans qu’il parvienne à y poser des termes précis.

Surprise, Maya s’arrêta :

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle. Tu veux voir la Pierre de Rosette ?

Scorpius mit un bon moment à comprendre sa question, et, instinctivement, regarda autour de lui. Il se sentait suivi. Observé. C’était ridicule, et comment pourrait-il sortir une telle absurdité à Maya ?

- Plus tard peut-être, répondit-il enfin. Viens, allons manger.

Une fois arrivés au restaurant, l’impression de Scorpius se dissipa. C’était stupide, vraiment, qui pourrait avoir des motifs de le suivre ? A part un savant jaloux de ses recherches, peut-être. Peut-être Arthur Macmillan…

A nouveau, Scorpius se fit sourire tout seul, et Maya le regarda d’un drôle d’air. Il se dépêcha de se rattraper avant qu’elle ne se pose des questions. Il ne manquerait plus qu’il vire parano :

- Je trouve les étudiants de plus en plus dissipés, cette année, lança-t-il en songeant à la jeune fille de son cours.

- Ne m’en parle pas, soupira Maya. Ce soir, nous sommes en weekend, et ces petits monstres n’existent plus pour moi.

La jeune femme saisit un morceau de viande entre ses baguettes d’une main experte :

- Et toi, que vas-tu faire alors, monsieur Malefoy ? Te verra-t-on à la conférence de Quirke à l’observatoire ?

Scorpius se débattit quelques instants avec ses baguettes, puis renonça :

- Non, déclara-t-il. Je ne peux pas : ce weekend, je suis de mariage.

Devant le haussement de sourcils de Maya, il ressentit le besoin de s’expliquer :

- Mon meilleur ami se marie, et mon demi-frère et moi sommes témoins, alors je ne peux pas vraiment y échapper.

L’expression de Maya passa de l’intérêt à la surprise totale :

- Je ne savais même pas que tu avais un demi-frère, dit-elle.

- Un demi-frère par alliance, précisa Scorpius. Nous ne sommes pas du même sang. Mon père a épousé sa mère.

- Et tu as d’autres frères et sœurs ?

- J’ai deux demi-sœurs de sang, et une demi-sœur par alliance.

- Eh bien ! s’exclama Maya.

Elle se recula dans son siège, à la fois étonnée, blessée de ne pas l’avoir su avant, et réjouie d’en apprendre plus sur lui :

- Parle-moi d’eux ! demanda-t-elle avec les yeux émerveillés d’un enfant le matin de Noël.

Scorpius soupira, gêné tout à coup :

- Hugo a vingt-deux ans, commença-t-il. Il fait ses études à Oxford. Je le vois peu, mais je l’aime comme mon propre frère. Alice a douze ans, c’est la fille de mon père et de ma belle-mère. Elle s’en sort bien, elle aussi, enfin je suppose. Ariane a sept ans, c’est la fille de ma mère et de mon beau-père. Je ne l’ai pas vue depuis presque deux ans maintenant. Et Rose…

Scorpius s’interrompit quelques instants, terrifié à l’idée de sentir la douleur resurgir en lui, mais il força les mots à franchir ses lèvres :

- Rose est la sœur d’Hugo. Elle a mon âge, et j’ignore ce qu’elle fait. Elle est partie il y a plus de six ans, et personne n’a eu de ses nouvelles depuis.

Maya le contempla sans rien dire, émue et stupéfaite, incapable de croire à la fenêtre qu’il venait de lui ouvrir sur sa vie.

- Ma famille est compliquée, ajouta Scorpius avec un petit sourire d’excuse.

- Oui, c’est le moins qu’on puisse dire…, répondit la jeune femme. Moi je suis fille unique, et mes parents sont mariés depuis trente ans, alors je n’ai absolument rien à raconter.

Scorpius fit non de la tête :

- Tu te suffis à toi seule.

Maya fut touchée par le compliment, et aussitôt, Scorpius regretta ses paroles. Elles étaient sincères, pourtant. Elles étaient naturelles. Une part de lui se révoltait contre ce paradoxe.

- Comment se fait-il que tu ne vois pas ta famille plus souvent ? demanda à nouveau Maya d’un air hésitant, sans doute consciente de pousser sa chance un peu plus loin.

Scorpius haussa les épaules :

- Ça ne dépend ni d’eux ni de moi, je crois. C’est comme ça que nous fonctionnons, tout simplement. Nous avons eu des moments difficiles, et… être ensemble nous les rappellerait.

- C’est pour ça que ta demi-sœur est partie ?

 Scorpius se tendit, et Maya dut le voir, car elle battit aussitôt en retraite :

- Tu n’es pas obligé de répondre si tu ne le veux pas, dit-elle avec cette douceur respectueuse que Scorpius appréciait chez elle. Je suis désolée si je me suis montrée indiscrète. Mais c’est la première fois que je t’entends vraiment parler de toi.

Scorpius se fendit d’un rictus :

- Crois-moi, il n’y a pas grand-chose à en dire. Mais Rose n’est pas partie pour ça, non. La situation était bien plus complexe, et… Ce ne sont pas des choses plaisantes à raconter pour un déjeuner.

La curiosité de Maya fut douchée d’un seul coup, et quelque part, Scorpius s’en voulut à nouveau. Bien sûr, la jeune femme ferait passer son indulgence avant tout et honorerait son silence, mais intérieurement, il l’avait blessée, il le savait. Il lui avait fait prendre conscience qu’elle ne ferait jamais partie de sa vie, jamais partie de son entourage proche, autre que superficiellement. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu lui dire, pourtant…

Dans une tentative de se rattraper, il se rapprocha d’elle :

- Désolé, dit-il. Fais-moi confiance, ma famille est très bien là où elle est. Je vais déjà devoir la revoir tout le weekend, et je vis ça comme une épreuve, crois-moi.

Un timide sourire éclaira à nouveau les traits de Maya :

- Pourquoi tu n’emmènerais pas des alliés avec toi alors ?

Et merde. Ce coup-là, Scorpius ne l’avait pas vu venir, et pourtant il était évident. Se reculant brusquement – un peu trop brusquement – Scorpius envoya son brillant esprit en quête d’une excuse, sans succès :

- Je crois que ce serait un peu tard pour prévenir Albus et Emily, balbutia-t-il. Et puis ils ont probablement mis les témoins par paire avec les demoiselles d’honneur…

- Ce n’est pas grave, coupa Maya avec son calme de façade.

Scorpius sentit la situation lui glisser entre les doigts, mais la jeune femme lui opposa son sourire si franc, si sincère, derrière lequel se cachait toute la peine qu’il venait de lui causer :

- C’était téméraire de ma part, je n’étais pas sérieuse, poursuivit-elle. Ce sont tes amis, ta famille, ta vie. Ils ne me connaissent pas, je n’ai aucune raison de m’incruster.

- Maya, je t’assure que…

- Ne t’inquiète pas. D’accord ? Ne t’inquiète pas.

Maya écourta la discussion en embrayant sur la dernière exposition dévouée à la conquête spatiale présentée au Palais de la découverte à Paris. Scorpius y répondit de son mieux, terriblement mal à l’aise au fond de lui, luttant avec sa conscience pour ne pas se traiter de tous les noms. Il avait envie de s’excuser, de s’expliquer, mais il ne pouvait pas faire ça à Maya. La vérité ne lui ferait que plus de mal, et il se devait de respecter cette façade impassible qu’elle lui présentait, pour préserver sa dignité.

En reprenant le chemin de l’université, Scorpius n’eut pas le cœur à se remettre au travail, et il abandonna effectivement Maya devant l’entrée du département égyptien du British Museum, contemplant la Pierre de Rosette à travers un agglutinement de touristes asiatiques. Le soir même, Albus l’attendait pour fêter son enterrement de vie de garçon.

XXX

Albus retrouva Scorpius avec l’enthousiasme démesuré qui lui avait toujours été propre. Après la visite d’Emily, Scorpius avait tenu sa promesse, et il avait revu les deux jeunes gens plusieurs fois au cours des semaines écoulées. Mais ce soir-là, Albus se tenait à la veille de son mariage, et le stress contaminait son exubérance naturelle. Avec plusieurs autres acteurs de sa troupe de théâtre et quelques anciens camarades de Poudlard, ils écumèrent les bars et les boîtes de la capitale, sous la surveillance attentive de Scorpius.

Scorpius entretenait une relation prudente et assagie avec l’alcool depuis ses années adolescentes, d’abord en raison de ses anciens penchants, mais aussi parce qu’il craignait que cela ne le rende mélancolique. Un sentiment qu’il fuyait comme la peste. En plus, ce soir-là, en tant que témoin, il était de son devoir de veiller à ce qu’Albus soit livré à Emily devant l’autel en un seul morceau.

Scorpius sourit à cette pensée. Albus vint s’agripper à lui pour tenter de l’entraîner danser, et le jeune homme se laissa faire avec une indulgence bonne enfant. Albus était sans aucun doute celui de la bande qui s’était le plus accompli depuis leur départ de Poudlard. Il avait trouvé dans le métier d’acteur une vocation faite pour lui, un travail où il pouvait à la fois se montrer lui-même et enfiler tous les masques qui lui étaient chers. Albus avait toujours été d’un naturel désarmant en public, d’une assurance presque insolente, mais qui lui assurait l’amour inconditionnel de ses spectateurs et le respect de ses collègues. Lorsqu’il débarquait sur scène, il était si présent, si à l’aise, si intense, que l’assemblée retenait son souffle, suspendue à ses lèvres, au moindre de ses gestes.

Il avait conservé ses cheveux mi-longs qui convenaient à des rôles comme celui de Roméo. Son corps s’était endurci face à la discipline physique qu’il lui avait imposée, et son visage reflétait une joie de vivre presque féroce. A tous points de vue, Albus semblait épanoui. Beaucoup aurait pu croire que ce mode de vie quelque peu dissolu l’aurait entraîné vers bien des folies, mais pourtant, il était toujours demeuré fidèle à Emily. De l’image qu’il en avait de l’extérieur, Scorpius considérait qu’Emily était le repère d’Albus, son Soleil, son centre de gravité, la seule chose qui le ramenait sur Terre et le protégeait de ses excès, tout en concentrant sa passion jusqu’aux plus hauts sommets…

Oui, Albus et Emily étaient heureux. Et parfaitement assortis.

Un peu plus tard dans la soirée, un nouvel arrivant tapota l’épaule de Scorpius :

- Hugo ! s’exclama le jeune homme en l’enlaçant aussitôt.

Hugo avait terriblement grandi depuis les années Poudlard. Il était presque aussi grand que Scorpius. Hormis ses yeux bruns, il ressemblait terriblement à son père, et on sentait qu’il usait de toutes ses forces pour essayer de le cacher :

- Désolé d’être en retard, s’excusa-t-il en allant saluer Albus.

Le futur marié était d’ores et déjà incapable de faire la différence entre son verre et celui des autres, aussi ses excuses furent-elles acceptées aussitôt. Hugo leur présenta alors son petit ami Matthew, un jeune homme à l’air intelligent et posé, qui dissimulait sa carrure de nageur sous un polo ample. Albus n’était plus en état de faire la conversation, aussi Scorpius combla-t-il à tous ses devoirs d’hôte jusqu’à ce qu’Hugo et Matthew se sentent à l’aise.

Lui-même éprouvait une sorte de bonheur douloureux. Il était ravi de revoir Hugo, et dans le même temps, ces retrouvailles lui rappelaient brusquement à quel point le jeune homme lui avait manqué. A quel point cette ambiance lui avait manqué. Hugo, Albus, Emily… Ses amis, sa famille, tous ensemble… Il reprenait contact avec un passé qu’il avait délicieusement apprécié, une époque de sa vie où il avait été profondément heureux, et qui lui tendait les bras tout à coup, avec un vide…

Scorpius savait que ce n’était que le prélude. Le lendemain serait encore pire. Et pourtant, au fond de lui, il se disait que s’il affrontait cette épreuve… Il en sortirait plus fort.

XXX

Albus et Emily avaient choisi de donner la cérémonie à Londres. En début d’après-midi, à l’heure dite, Scorpius conduisit le fiancé jusqu’à l’autel et rajusta son nœud papillon :

- Pas de fanfaronnades, le prévint Scorpius. Pas de numéro bizarre. S’il y a un bien un jour où tu dois te montrer sérieux, c’est aujourd’hui.

Albus tripota sa boutonnière d’un air nerveux. Pour la première fois, il ne semblait pas très à l’aise dans son costume ajusté :

- Ne t’inquiète pas, je n’ai aucune envie de fanfaronner.

- La plus dure épreuve qu’ait jamais affronté Albus Potter, hein ?

Scorpius sourit :

- Félicitations, vieux frère. Je dois bien l’avouer, je n’aurais jamais cru que tu serais le premier d’entre nous à te marier.

Albus éclata de rire :

- Moi non plus. Je n’aurais jamais parié sur moi.

Il se rapprocha de lui et lui murmura à l’oreille :

- Je t’attends au tournant.

Scorpius acquiesça pour la forme, puis lui souhaita bonne chance.

Tous ceux qui étaient présents à l’enterrement de vie de garçon de la veille étaient déjà là, en plus ou moins bonne forme. Hugo s’appuyait vaillamment sur Matthew pour combattre sa gueule de bois. Albus, en comparaison, s’en sortait plutôt bien, en prenant en compte tout ce qu’il avait avalé. Il fallait dire aussi qu’il avait une plus longue habitude.

Balayant la foule du regard, Scorpius aperçut également un certain nombre de ses anciennes camarades de Poudlard, sans doute les filles qui avaient organisé l’enterrement de vie de jeune fille. Il salua celles qu’il reconnaissait, puis prit sa place au premier rang auprès des demoiselles d’honneur. Un certain nombre d’entre elles étaient les cousines d’Albus : Victoire, Dominique, Lucy, Molly et Roxanne Weasley. Elles rendirent à Scorpius un salut distant mais poli.

Arrivèrent ensuite les parents des mariés : Seamus Finnigan, affligé d’un embonpoint conséquent, et son épouse, une jolie sorcière d’allure vive et malicieuse, tout comme sa fille. Harry et Ginny Potter les suivaient, accompagnés de James, et Ginny se précipita aussitôt sur son fils cadet pour l’embrasser et le serrer dans ses bras en répétant compulsivement : « Comme tu es beau ! ». Harry et Seamus échangèrent des regards gênés et un brin amusés. Les deux anciens camarades s’étaient plus ou moins perdus de vue après Poudlard, mais le rapprochement inattendu de leurs enfants les avait réunis, et Seamus n’avait rien perdu de son humour enthousiaste. De plus, Scorpius était certain qu’il devait être ému que sa fille intègre la fameuse famille des Potter.

Scorpius sourit à l’idée que son propre rôle dans ce mariage prêtait sans doute également à sourire. Un Malefoy témoin au mariage d’un Potter…

Comme s’ils avaient lu dans ses pensées, Harry et Ginny vinrent le saluer. Harry le gratifia d’une poignée de main chaleureuse, mais Ginny ne s’embarrassa pas de ces politesses et le prit dans ses bras :

- Comment vas-tu ? demanda Harry.

- Très bien, monsieur, merci. Je suis heureux d’être là.

- Nous aussi.

Harry lui serra une dernière fois la main puis prit place sur le banc d’en face.

Scorpius se tendit alors en voyant entrer Arthur et Molly Weasley. La matriarche de la famille avait atteint un certain âge à présent. Elle marchait en s’aidant d’une canne, et Arthur lui servait de second appui. Elle avait le visage marqué de ceux qui ont subi de lourdes inquiétudes au cours de leur vie. Elle alla elle aussi saluer son petit-fils, les Potter et les autres membres de sa famille, mais ignora royalement Scorpius, ce qui en soit était un progrès conséquent. Le jeune homme dut admettre qu’il se sentait soulagé. Il remarqua par ailleurs que les fils Weasley et leurs épouses, les oncles et les tantes d’Albus, ne suivaient plus leur mère comme une bande de poussins affolés, mais maintenaient une certaine distance avec elle. Peut-être la rancœur obsessionnelle de Molly avait-elle eu raison de ses enfants, dans ce domaine…

Dans tous les cas, la paix semblait plus ou moins établie, et Scorpius commença à se dire que ce mariage pourrait peut-être bien se dérouler.

Les derniers à venir le saluer furent Drago et Hermione Malefoy. Ils amenaient avec eux une Alice très digne, visiblement fière de sa robe de cérémonie. Dès qu’elle l’aperçut néanmoins, le masque Malefoy tomba et elle se précipita sur lui en hurlant :

- SCORPIUUUUUUUUS !

Scorpius la reçut dans ses bras en retenant sa respiration. Alice avait grandi depuis la dernière fois qu’il l’avait vue, et ses forces s’en ressentaient.

- Ecarte-toi un peu, que je puisse te regarder, lui dit-il en riant.

Alice s’exécuta, et Scorpius arrangea ses boucles brunes tandis qu’il l’observait d’un air approbateur :

- Tu es magnifique, déclara-t-il, ce qui fit rosir la jeune fille de plaisir.  

Elle courut ensuite se jeter dans les bras d’Hugo.

Visiblement émue, Hermione déposa un baiser sur la joue de Scorpius :

- Comment vas-tu, mon grand ? demanda-t-elle.

Scorpius se demanda combien de fois il aurait à répondre à cette question d’ici la fin de la journée. Mais il n’en était pas agacé. Au contraire, il se sentait… Infiniment mieux qu’il l’avait espéré. Son père le prit dans ses bras, et Scorpius lui rendit son étreinte avec chaleur. La force, l’odeur, la présence de son père lui avaient manqué. A quarante-neuf ans, Drago Malefoy possédait toujours cette silhouette svelte et élancée qui captivait les foules. Quelques rides de caractère s’étaient frayées un chemin sur son visage acéré, lui conférant davantage de charme qu’elles ne lui en ôtaient. Il avait le regard vif et intelligent de ces hommes qui vieilliraient bien, qui imposeraient le respect, la puissance et l’obéissance au sein de leur famille. Les quelques cheveux blancs qu’il devait avoir ne tranchaient pas sur ses cheveux platine. En se tenant ainsi auprès de lui, Scorpius prit conscience de leur ressemblance, et il savoura cette complicité parfaite qui s’établissait entre lui et son père, d’un simple regard. Il n’avait pas besoin de parler pour lui dire qu’il était désolé de son absence, et qu’il la regrettait. Son père comprenait.

Drago Malefoy lui pressa une dernière fois l’épaule puis alla s’asseoir auprès d’Harry. Encore une image qui prêterait à sourire. D’autant plus que les deux hommes se retrouvèrent avec un plaisir manifeste, pour la plus grande joie d’Hermione.

L’officiant réclama soudain le silence et tous regagnèrent leur place, tandis que le silence s’installait.

Alors, Emily entra, auprès d’un Seamus Finnigan visiblement très ému et qui tentait désespérément de rentrer son ventre.

Scorpius sourit. Irrésistiblement, malgré lui, il était entraîné par le bonheur qui exhalait de toutes les personnes présentes dans la salle. Emily portait une robe blanche très simple qui s’arrêtait au niveau du genou. Pas de voile, mais une couronne de petites fleurs entrelacées qui ressortait sur ses cheveux noirs. En un sens, cela lui ressemblait. Emily était trop petite pour ne pas paraître noyée dans une robe qui aurait été plus longue, et elle avait toujours préféré rester naturelle, plutôt que d’être ensevelie sous une pluie d’accessoires.    

Elle adressa un sourire à chacun avant de rejoindre Albus, et Scorpius tenta de lui transmettre tout son soutien. Il sentait sa propre personnalité s’effacer sous l’émotion qui le gagnait. Lorsque Seamus unit la main de sa fille à celle d’Albus, Scorpius ne put s’empêcher de remarquer le léger tremblement qui les saisissait tous les trois, et il y avait quelque chose d’infiniment pur, vrai et simple dans ce seul geste.

Emily embrassa son père, puis regarda Albus. Dans ses yeux, il y avait tout le bonheur du monde : l’émerveillement, l’admiration, un amour sans borne, et le plus étonnant était le regard qu’Albus lui adressait en retour : identique, dévoué, sincère. Jamais Scorpius n’avait vu son ami se dévoiler ainsi. En public, Emily et lui se comportaient toujours avec une certaine désinvolture, comme deux adolescents se chamaillant sans arrêt, refusant de dévoiler la profondeur de ce qu’ils ressentaient. Scorpius supposait qu’ils réservaient cela à leurs instants d’intimité, pour eux seuls. C’était quelque chose qu’il comprenait. Albus et Emily avaient leur jardin secret, leur monde à eux qu’ils réservaient exclusivement à la vue de l’autre, sauf en ce jour spécial où ils avaient décidé de proclamer leur union aux yeux de tous. Alors, ce jour-là, Albus avait bel et bien le regard d’un homme profondément épris de la femme en face de lui, et cela lui donnait une maturité que Scorpius ne lui avait jamais devinée.

L’officiant prit la parole, et au terme de la cérémonie, Emily Finnigan devint Emily Potter.

XXX

Les mariés avaient décidé d’organiser la fête au Terrier, pour se plier à une tradition familiale de longue date. De plus, Arthur et Molly commençaient à avoir une certaine pratique dans l’organisation des mariages.

Emerveillé, Matthew et les quelques autres invités Moldus conviés à la fête contemplaient le chapiteau déployé comme par enchantement, et les centaines de détails incongrus et pétillants qui venaient leur rappeler qu’effectivement, ceci était un mariage sorcier.

Dans les bras l’un de l’autre, Albus et Emily subvenaient au dernier caprice de leur photographe. A la sortie de la cérémonie, ils avaient dû affronter de bonne grâce les quelques dizaines de journalistes qu’un mariage Potter avait attiré. Mais Harry avait des relations au Ministère, tout comme Hermione et Seamus, et pour la soirée qui allait suivre, ils avaient obtenu qu’on les laisse tranquilles.

Scorpius eut le plaisir de découvrir qu’on l’avait placé à côté de son père à la table des mariés. Etaient également présents Hermione, Harry et Ginny, et Hugo et Matthew. Sans tarder, la conversation s’engagea sur les diverses occupations de chacun, et Scorpius ne vit pas le dîner passer.

La seule ombre portée au tableau fut lorsqu’il eut à nouveau l’impression d’être observé, alors qu’il traversait la pelouse pour se rechercher un verre de punch. Mais comme la veille, ce sentiment se dissipa rapidement.

Aux alentours de 21h, Albus et Emily se levèrent pour ouvrir le bal. Là encore, ils avaient choisi quelque chose de simple : une valse, douce et émotive, et Scorpius fut de nouveau surpris de sentir à quel point il pouvait s’émouvoir devant un tel spectacle. Il s’aperçut que la démonstration de l’amour d’Albus et Emily lui faisait mal, autant qu’elle le remplissait de joie. Il était heureux pour ses amis. Et pourtant, les voir ainsi non seulement ravivait en lui des souvenirs douloureux, mais lui faisait également prendre conscience de tout ce qu’il avait perdu, et ne retrouverait jamais. D’un passé qui s’était envolé, d’un futur auquel il avait cru, mais qui n’adviendrait jamais. Scorpius n’était pas jaloux, juste… désespéré. Depuis des années, il s’était convaincu que le bonheur n’était pas pour lui le but à atteindre, qu’il n’en voulait pas, et pourtant, ce soir, la vision concrète de ce qu’il s’était amputé lui brisait le cœur.

Pouvait-il tenir seul sur ses jambes ? Oui, sans aucun doute. Pourrait-il continuer à évoluer ainsi, seul dans la nuit ? Evidemment. C’était dans sa nature, la nature des Malefoy. Et pourtant, il savait que ce ne serait pas une vie. Que son quotidien se poursuivrait tel qu’il l’avait toujours été ces six dernières années : un voyage en ligne droite dans une mêlée fade et brumeuse, où rien ne viendrait le distraire de sa léthargie, rien ne viendrait plus jamais l’émerveiller, l’électriser, lui donner la sensation que cela valait la peine d’être en vie. Il vivait pour son travail, mais à terme, sa satisfaction seule lui suffirait-elle ?

Scorpius secoua la tête devant ce qu’il savait être une impasse. Il n’était pas libre. Rose lui avait pris tous ses choix dans ce domaine le jour où elle était partie.

Avec un pincement douloureux, il réalisa que c’était la première fois qu’il pensait vraiment à elle depuis le début du mariage. Le punch devait commencer à faire son effet, finalement. Laissant son regard dériver loin des jeunes mariés, Scorpius rencontra celui de son père.

Drago Malefoy le contemplait d’un œil averti. Le genre de regard perspicace qu’il avait toujours eu, lorsqu’il semblait dire : « je sais exactement ce à quoi tu penses ». Scorpius le maudit soudainement. Il avait beau sauter de joie à l’idée de revoir son père, il n’avait absolument pas besoin que ce dernier se lance à nouveau dans l’un de ses sermons sur la vie amoureuse.

Regardant plus attentivement, Scorpius remarqua qu’il était seul à table avec son père. Hermione dansait avec Hugo, Ginny avec Harry. Matthew s’entretenait passionnément à la table d’Arthur Weasley au sujet des canards en plastique. Scorpius était piégé.

Un léger sourire aux lèvres, comme s’il avait pu deviner son malaise, Drago commença :

- Emily m’a dit que tu n’avais pas voulu inviter Maya, dit-il histoire de frapper tout de suite là où ça faisait mal.

Scorpius se retint de grimacer :

- Maya ne sait rien du monde sorcier, objecta-t-il.

- Tu aurais pu la mettre au courant.

- Une scientifique comme elle ? Les explications m’auraient pris des heures, et je ne suis pas sûr que…

Scorpius s’interrompit. Patient, Drago le laissa mesurer le vide de ses arguments, puis compléta à sa place :

- Tu n’étais pas sûr de vouloir la faire entrer à ce point dans ta vie. J’ai raison, n’est-ce pas ? Tu te dis que si tu te confies à elle à propos de ça, tu devras lui parler de ta famille, de Rose, de Ron, et tu ne veux pas lui révéler tout ça. Tu apprécies cette fille justement parce qu’elle ignore tout de ta vie. Avec elle, tu te sens libéré de ton passé. Elle ne porte pas le poids de ces évènements dans son regard.

Scorpius soupira :

- Je ne veux pas lui donner de faux espoirs. Enfin, plus qu’elle n’en a déjà. Je ne veux pas lui faire croire que nous pouvons être plus que des amis. C’est ce qui se passerait si je lui disais la vérité à propos de moi.

Drago garda le silence quelques instants, comme s’il cherchait ses mots, conscient d’aborder là un sujet délicat :

- Pourquoi es-tu si catégorique au sujet de cette fille ? finit-il par demander.

Devant le regard méfiant de Scorpius, il poursuivit :

- Je ne la connais pas, mais de ce que tes amis et toi m’en ont dit, elle a l’air d’être quelqu’un de bien. Pourquoi t’interdis-tu le moindre rapprochement, sans même considérer la question ?

Scorpius eut du mal à croire que son père avait osé se lancer dans une déclaration pareille. Mais avant même qu’il ne prenne la parole, Drago le coupa à nouveau :

- Ne crois pas que je suis insensible ou que j’ignore comment tu te sens, déclara-t-il, soudain mortellement sérieux. Moi aussi, j’aimais beaucoup Rose. Pas de la même façon que toi, évidemment, mais… A moi aussi, elle me manque. Et il ne se passe pas une journée sans qu’Hermione et moi pensions à elle. Jamais nous ne cesserons de nous demander où elle est, et d’espérer qu’elle revienne. Mais toi, Scorpius… ça ne veut pas dire que tu dois t’empêcher de vivre ! Ça fait six ans, Scorpius ! Six ans qu’elle est partie et que tu vis comme si le temps s’était arrêté. Mais laisse-moi te dire un secret : le temps ne s’est pas arrêté. Tu as vingt-quatre ans, tu es jeune, plein de vie, d’opportunités, d’espoirs… Il n’en sera pas toujours ainsi. Je t’en prie, aie la présence d’esprit de le voir avant qu’il ne soit trop tard.

- Alors quoi, protesta Scorpius avec colère, je devrais me jeter dans les bras de la première venue et profiter de la vie ?

- Je ne crois pas que Maya soit la première venue, objecta calmement Drago. Et d’autre part, quelle est l’autre alternative ? Tu comptes vivre comme un moine pour le restant de tes jours ?

- Ce n’est pas aussi simple ! Les choses ne sont pas aussi…

- Je sais ce que tu ressens, insista soudain Drago, le visage dur.

Son ton ne laissait entendre aucune réplique, et Scorpius dut combattre son réflexe enfantin de se recroqueviller dans son siège :

- Je sais ce que tu ressens parce que je l’ai vécu, poursuivit Drago de son air implacable. Combien d’années n’ai-je pas perdues parce que j’en aimais une autre ? Parce que je croyais que je ne méritais pas d’être heureux ? Parce que je m’étais résigné à mon sort ?

- J’ai lu ton autobiographie, papa…

- Parce que tu crois que toute l’histoire est racontée dans ce livre ?

Scorpius ne répondit rien, frappé tout à coup par la gravité de son père, et par la noirceur du sujet qu’ils étaient sur le point d’aborder. Drago ne parlait quasiment jamais des années qui avaient précédé son mariage avec Hermione. Encore moins de son adolescence.

- Tu sais qu’avant d’épouser ta mère, j’étais promis à ta tante Daphnée ? reprit Drago en le fixant droit dans les yeux.

Scorpius détourna le regard :

- Oui, je le sais.

- Et tu sais que je l’aimais, n’est-ce pas ? Tu sais que je la considérais comme le plus grand amour qu’il m’ait été donné de vivre sur cette Terre ?

Scorpius avala sa salive, mal à l’aise :

- Où est-ce que tu veux en venir exactement ?

- Lorsque notre famille est tombée en disgrâce, poursuivit Drago, les parents de Daphnée ont refusé de marier leur fille aînée à un Malefoy. Ils ont promis Daphnée à un autre, et en échange, ils m’ont donné ta mère, Astoria.

- Papa, je sais tout ça…

- Comment crois-tu que je me sentais alors ? J’étais exactement comme toi. Blasé, désespéré, cynique, convaincu que je n’avais plus rien à attendre la vie, à ceci près qu’à ton âge, j’étais un ancien Mangemort, paria, marié et père d’un fils que je refusais d’assumer. J’étais persuadé que je méritais de souffrir. Que rien ni personne ne viendrait me sauver ni même me tendre la main. Que je serais incapable d’aimer et de m’abandonner, d’espérer, comme je l’avais fait pour Daphnée. Et pourtant, j’ai rencontré Hermione.

Drago fit une pause, le temps de laisser à Scorpius le temps d’assimiler ce qu’il tentait de lui transmettre :

- Que serait-il arrivé, à ton avis, reprit-il, si j’avais réagi comme tu le fais en ce moment même ? Si je m’étais muré dans les regrets de mon amour pour Daphnée, et que j’avais tourné le dos à Hermione ?

- Je ne sais pas…, murmura Scorpius.

- Je serais mort, Scorpius. Je serais mort. Je me serais jeté du haut du manoir Malefoy, ou j’aurais noyé mon chagrin dans l’alcool jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi.

Drago se pencha vers lui et lui pressa la main, plus doux :

- Ce que j’essaye de te dire, mon fils, murmura-t-il, c’est que rencontrer Hermione a été une bonne chose, dans ma vie. Elle m’a sauvé. De toutes les façons qu’une personne peut être sauvée. Sans elle, je n’aurais jamais vécu le plus grand et le plus bel amour de mon existence. Alors certes, je ne saurais jamais ce qui se serait passé si j’avais pu épouser Daphnée. Et Hermione n’est pas l’âme sœur que Daphnée représentait pour moi. Je sais que tu es convaincue d’avoir choisi Rose, que c’est elle et pas une autre, mais c’est faux. La vérité, c’est qu’on n’a pas qu’un seul amour, dans la vie. Certains il est vrai sont plus marquants et résistants que d’autres. Daphnée a été un météore foudroyant qui m’a rendu fou, fou de passion et de chagrin, au final. Mais est-ce bien cela l’amour ? En comparaison, ma relation avec Hermione a été plus subtile, plus douce. Elle s’est construite avec le temps. Je n’ai pas été convaincu que ce serait elle dès la première fois que je l’ai vue. Nous avons dû apprendre à nous apprivoiser, à nous connaître, nous avons dû lutter pour en arriver là où nous sommes aujourd’hui. Mais au final, ce que nous avons maintenant est infiniment plus fort, plus profond et intense que tout ce que Daphnée a jamais pu m’apporter.

Drago se recula, conscient de l’intensité qu’il imposait à son fils :

- L’amour se construit sur la durée, Scorpius. Il se construit sur des faits concrets, réels. Par sur des souvenirs. Et certainement pas sur une absence. Je t’en prie, ne t’interdis pas toute chance de bonheur dans la vie uniquement parce que ton premier amour n’a pas fonctionné. C’est folie de condamner toutes tes chances uniquement parce que l’une d’elle t’a fait défaut. Je suis la preuve vivante que les secondes chances existent, et qu’il faut seulement prendre le risque de les saisir.

Scorpius ne trouva rien à répondre, étourdi par la profondeur des paroles de son père, par la vision de sa relation avec Hermione, telle qu’il ne l’avait jamais envisagée. Il comprenait ce que Drago voulait dire. Il comprenait que ses arguments faisaient sens… Mais le doute mélangeait ses émotions en lui.

Drago se leva en entendant la musique changer :

- Je vais récupérer ma femme, sourit-il. Réfléchis à ce que je t’ai dit. Tu tiens à cette fille, plus que tu ne veux l’admettre, Scorpius, et ce n’est pas un crime. Ne sois pas trop dur envers toi-même.

Il lui pressa l’épaule et partit embrasser Hermione. Abasourdi sur sa chaise, Scorpius les regarda danser, les yeux dans les yeux, s’échangeant de temps à autre une remarque et un sourire. Scorpius avait toujours trouvé qu’ils formaient un couple parfait. Ils respiraient la jeunesse de ceux qui ont su rester heureux et ouverts à la vie. A côté d’eux, Albus et Emily incarnaient la nouvelle génération de cette union parfaite, de ce bonheur sans cesse renouvelé, et ils s’embrassaient comme s’ils étaient seuls au monde.

Scorpius fut saisi d’une immense tristesse tout à coup. Les paroles de son père se frayaient un chemin en lui, tout comme le punch qu’il terminait sans même s’en rendre compte. Il s’était leurré tout au long de cette journée. Il voulait être heureux. Il n’avait pas totalement perdu espoir. Plus maintenant. Albus et Emily étaient heureux, le bonheur était possible : il les enviait, il voulait avoir droit lui aussi à ce qu’ils avaient.

Bouleversé, Scorpius regarda autour de lui et réalisa que certains des invités commençaient à partir. Lui aussi devrait peut-être s’en aller… Malgré ses résolutions, il avait trop bu, et il détestait le chemin sur lequel cela l’emmenait.

Faisant rapidement le tour de la salle, Scorpius dit au revoir à tous ceux qu’il connaissait puis transplana jusque chez lui. Là, au milieu de son salon, il se rendit compte qu’il ne pourrait pas affronter la nuit seul chez lui une seconde de plus, et il sortit dans la rue, inconscient de ce qu’il faisait. Il se laissa dériver dans les rues silencieuses de la capitale, passant devant le University College jusqu’à quitter le quartier de Bloomsbury. A deux reprises, il eut la sensation d’être suivi, mais son esprit embrumé ne s’y attarda pas.

Les paroles de son père palpitaient douloureusement en lui. A tel point qu’il ne réalisa où ses pas l’emmenaient que lorsqu’il s’arrêta devant l’immeuble de Maya.

Stupéfait, Scorpius resta au bas des marches et se débattit avec les pensées emmêlées qui se déchiraient en lui. Son père avait raison. Il avait beau combattre cette idée de toutes ses forces, c’était Maya qu’il voulait voir en ce moment même. C’était à elle qu’il voulait parler, se confier, accorder sa confiance, peut-être…

Après ce qu’il avait vu et entendu cette nuit, pourquoi ne pourrait-il pas tenter sa chance une nouvelle fois, ouvrir son cœur, rien qu’une nouvelle fois ? Il en avait terriblement envie, et reconnaître ce seul désir lui faisait mal, lui donnait l’impression de se trahir lui-même, de vouloir combler sa douleur aux dépends de la jeune femme qui se tenait derrière cette porte, et qu’il estimait pourtant…

Scorpius chassa le doute de son esprit. Une rapide analyse lui apprit qu’il ne supporterait tout simplement pas de repartir comme il était venu. De revenir à son état premier. Une dernière fois, la sensation désagréable d’être observé se coula en lui. Mais Scorpius l’ignora. Grimpant les marches, il tendit la main pour frapper à la porte de Maya.  

 

 
 
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