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Monochrome
Par Phantom
Originales  -  Romance/Drame  -  fr
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Se sentir vivant
POV Joshua


Paris. 13e arrondissement. Hôpital Pitié Salpêtrière.

C’était totalement prévisible. Je ne pouvais pas rêver mieux… Enfermé à double tour dans la chambre d’hôpital, je fais les cent pas. En long, en large, et en travers. On refuse de me laisser sortir ! C’est tellement injuste ! Rageusement, je m’approche de la fenêtre, m’escrimant à tirer, pousser pour l’ouvrir, en vain. Ils ont pensé à tout. Pour une fois. Oui, ce n’est pas la première fois que ça arrive. Une deux trois… Dix fois. Dix longs séjours dans cette chambre trop blanche. Il leur a quand même fallut neuf fois pour comprendre que je m’enfuyais à chaque séjour trop long ici ! Je ne supporte pas cet endroit. Trop blanc, trop aseptisé. Donc je fuyais quand le temps s’éternisait. Quand je passais plus d’une heure ici. Et ça faisait une heure trente, presque deux heures qu’on m’avait enfermé… Autant dire que je n’étais pas du tout d’humeur à quémander une petite sortie. Et puis, je ne quémande pas ! Je prends. 

- Monsieur Cartney ? J’ai les résultats. Voulez vous les voir ?

Soupir agacé de ma part. Je connais les résultats. Ils ne varient jamais, sauf pour empirer. Comme une constante. Puis brusquement, mon poing part, allant s’écraser contre la porte épaisse et dure. Je sens mes phalanges buter, craquer, se fêler. Putain. Cette douleur. Quel bonheur, quel soulagement… L’infirmière lâcha un petit cri. Et autre chose, à juger par le bruit de froissement derrière la porte close. Un coin de feuille glisse sous la porte, je la méprise et attend la suite. Ma main pend lamentablement, à mes côtés, du sang coulant doucement, jusqu’au sol, tâchant le sol incolore de la chambre. C’est comme une explosion de vermeil, dans cet univers incolore, comme un parfum raffiné dans une pièce inodore. Quelque chose qui change. Le sol devient lentement cramoisi. Cette si belle couleur…

- Monsieur ! Monsieur ! A sa voix, elle panique, ne sait que faire. Vous allez bien ? Elle va céder. Je le sens, je le sais. Reculez ! Elle craque. J’ouvre la porte ! Elle a perdu, j’ai gagné. 

La porte s’ouvre. Je ne suis pas stupide, loin de là. Ne prêtant pas un regard à l’infirmière apparemment terrifiée en voyant le sang au sol, vu le couinement qu’elle lâche, je sors en trombe, mon sac à la main. Je cours, sans me retourner. Même si l’on tente de m’arrêter, je zigzague entre les patients et les internes, évitant ceux qui veulent me stopper. Je suis impossible à arrêter, quand je suis lancé… J’aurais pu continuer la course, mais cette maladie m’en empêchait. Et ça me tue, tout doucement. 

- Revenez ! Monsieur Cartney, revenez tout de suite !

Trop tard. Je passe les portes, déboulant dans une jolie allée fleurie. A pleurer. Tellement pathétique… Je ne deviendrais jamais comme eux ! Jamais je ne supporterais de vivre le reste de ma vie ici ! Pas comme ces gens privés d’espoir, d’envie. Je veux vivre. Encore un peu. A cette pensée, mon cœur se mit à s’emballer, follement, sans fin. Cette poussée d’adrénaline, ce sentiment qui me forçait à courir plus vite. Juste regarder où je mets les pieds. Juste courir. Juste se sentir vivre. Encore un peu, juste un peu… Je courrais, aveuglément. Mes parents ? Rien à faire. Ils ne m’empêcheraient pas de fuir, pour la simple raison qu’ils n’en ont rien à faire, ou presque. Seule leur image, si lisse, si impeccable compte à leurs yeux. Après tout, qui ne connaît pas la célèbre famille Cartney ? La femme, une sublime actrice posant dans des magasines par moment. Le mari, un richissime homme politique. Et moi, leur fils, dans tout ça ? Je ne compte pour rien. Je suis juste là pour sourire sur ces soi-disant photos de famille… Fils d’une actrice volage et d’un homme politique tout aussi peu fidèle. Je ne suis rien, je ne sers à rien…Quand ils me retrouver, ils vont tempêter, pester. Elle va me dire que je suis stupide, que je ne dois pas faire de bêtises à cause de ma maladie, que je dois écouter le médecin. Il va me regarder, inconscient de ma présence. Rien ne compte plus que leur « couple », que leur si précieuse image. Alors je cours, comme un fou, pour échapper à tout ça. Même si ce mal me ronge et m’empêche de vivre normalement, de faire ce que je désire. Même si tout ce que je fais ne sert à rien, je continue de courir. Parce que désormais, ma vie rime à ça, et seulement ça. La rue. Les rues de Paris sont si belles, si vivantes ! Je sors de l’Hôpital Pitié Salpêtrière. Dans le 13e arrondissement de Paris, Boulevard de l’Hôpital. Je cours, je me fiche de l’endroit où je vais. Mon sac bat contre ma jambe, douloureusement. Je me sens si vivant, en cet instant. Comme si tout ce qu’il s’était passé avant n’était qu’un sombre cauchemar, comme si ma vie venait juste de commencer. 

Mensonge. Je me berce d’illusion. Mais c’est toujours plus facile que d’admettre la réalité. Je cours toujours, le long du boulevard. Pourquoi avoir tourné à droite ? Pourquoi pas à gauche, ou continuer tout droit ? Pour ne pas être revenu en arrière ? Je l’ignore. J’ai tourné à droite. Et tout s’enchaina. La voiture qui pile devant moi. Je reste immobile, ma course brisée. Mes jambes tremblent, mes yeux s’écarquillent. La vache. Cette sensation… Ce que j’avais toujours cherché. Au bord de la mort, pouvoir caresser le visage de cette dernière, l’effleurer. Lui faire un pied de nez et revenir à la vie. Tout cet afflux d’adrénaline, qui me parcourt et m’envahit, m’arrachant à ma transe. Je tremble et frémit. Je suis si vivant ! Si bien ! Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine, il tape à m’en faire mal, comme s’il voulait s’enfuir. Mais qu’importe. Je suis vivant. Un homme sort de la voiture. D’ailleurs, maintenant que j’ai repris contact avec la réalité, je peux détailler cette dernière. Noire, élancée. Comme un félin prêt à bondir. Je n’ai jamais montré d’intérêt particulier pour les voitures. Pourtant, je ne peux qu’admettre que la beauté de cette dernière, même si ce n’est pas le mot exact. Racée. Voilà. Elle est comme un félin en cage, qui tourne en rond, grondant son désarroi et sa haine au monde. Et son propriétaire… Dès que je le vis, je flairais l’embrouille. Un mec comme lui n’est pas là par hasard. Il est asiatique, j’en mettrais ma main à couper. Des cheveux raides et noirs comme la nuit, des yeux bridés, étroits et perçants, que j’entrevois avant qu’il ne mette ses lunettes de soleil. Habillé en noir. Il a un charme étrange, comme une fleur étrangère dont on ignorait la présence et même l’existence. Une fleur empoisonnée… Je crois. Un joli sourire apparaît sur ses lèvres. Dieu, ce qu’il est beau !

- Joshua Cartney, c’est ça ? 

Glups. Je sens les emmerdes… Pourquoi je ne parviens pas à bouger ? Je suis trop obnubilé par Lui. Par sa voix. Rauque, sensuelle. Il est… Tellement… Exotique. C’est le mot. Il est beau, et moi, je suis là, comme un con, à ne plus pouvoir bouger. Il fait un pas vers moi. Et mes jambes se rappellent à mon esprit. Je les prends à mon cou, m’enfuyant à nouveau. Ce n’est pas normal. Et pourtant, c’est si excitant ! Cette sensation d’être traqué, cherché. J’entends des pneus crisser derrière moi. Un léger sourire s’installe sur mes lèvres. Je connais cette ville comme ma poche. Et la circulation est vraiment mauvaise à cette heure de la journée… Je continue tout droit, courant comme si ma vie en dépendait. Ce qui est peut être le cas, qui sait ? Qu’importe, je me sens bien, je me sens vivant. Je déboule Place d’Italie, sous le regard sceptique des quelques promeneurs. Meilleur moyen de feinter ? Retour en arrière. A peine la voiture s’extirpe du Boulevard de l’Hôpital que je bifurque, reprenant cette course à corps perdu dans le Boulevard Vincent Auriol, vers la Seine. Cette ville est mon fief, je la connais parfaitement. Et je cours, toujours, mon sac tapant douloureusement dans mon dos : il s’est légèrement décalé. A chaque mouvement, le coin renforcé bat contre l’arrière de mon genou, frottant contre lui, me faisant grimacer de douleur. Mais je suis vivant, pour la première fois depuis si longtemps. 

Rapidement, je parvins sur le Quai d’Austerlitz. Je ralentis, m’arrêtant enfin. Je suis si... Satisfait ? Heureux n’est pas le bon mot. Je ne suis pas heureux. Le bonheur, ce n‘est pas ça, c’est autre chose. Béat ? Quel mot… Laid. La béatitude. A-t-on déjà entendu un mot plus laid, plus dissonant que celui là ? Serein. Oui, c’est le mot. Je suis serein. Enfin contenté. Je ne sais pas qui est cet homme, mais son interruption dans Mon monde m’a donné cette courte sérénité. Qui est-il ? Je m’en fiche. Il m’a permit de vivre, quelques instants de plus. Je m’approche du rebord m’empêchant de tomber. La Seine. Ce n’est pas le plus beau des fleuves. Loin de là. Mais elle a quelque chose de majestueux, de vivant. Elle se tord et gronde, faisant rouler les bateaux sur ses flots. Elle décide de son cours, même si celui ci est altéré par les hommes. Je grimpe sur le rebord en pierre. M’installant en tailleur dessus, je fais fi des commentaires, des conseils de ceux qui trainent par ici. Je fais ce que je veux. Fouillant dans mon sac, je sors mon Mp3. Un petit bijou de technologie, offert par mes parents. Cadeau pour compenser les absences ? Qui sait… Je sélectionne rapidement la musique. Fluide, harmonieuse. Comme l’eau. Papier. Crayon. Support. Et je dessine. Le dessin et la musique. Mes deux seules passions. Et je dessine. Toujours, encore. Je dessine ce que je ressens. Je dessine cette Femme-eau, celle qui me fait face, celle que je vois. En noir et blanc. Le monochrome, j’aime ça, tout en détestant. Je déteste le noir. Je déteste cette chambre d’hôpital, trop blanche à mon goût. 

De longs cheveux, semblables à ces vagues. Des yeux grands ouverts, et tristes. Elle est captive. Comme tout être, comme chacun d’entre nous. On l’empêche de faire ce qu’elle désire, on l’empêche d’être vivante, de vivre comme elle le souhaiterait. On l’enferme dans des murs, on s’en sert, on l’utilise, on la salie, on la souille, on la brise. Chacun des sentiments transparait sur ce dessin. Et sans m’en rendre compte, je personnifie les miens, donnant une consistance à cette mort vivante que je subis désormais. Je vis sans vraiment le faire, je meurs sans vraiment en finir totalement. Pathétique, non ? Je ris de ma propre bêtise. Puis je me fige, en sentant un souffle parcourir ma nuque. Un souffle chaud. Quelqu’un, derrière moi. La main tremblante, je fais tomber un de mes écouteurs. Puis je tourne à demi la tête.



Il est encore plus beau de près. Il me sourit. Narquois. Pas le moins du monde essoufflé… Le soleil est en train de se coucher. Combien de temps suis je resté à dessiner ? Je l’ignore. Mais lui à l’air de le savoir. Je le regarde encore, tentant désespérément de deviner la couleur de ses yeux derrière les verres noirs. Puis ce noir envahit totalement mon champ de vision alors qu’il rapproche son visage du mien. J’ai peur. Pour la première fois de ma vie. Et pourtant, mon cœur tambourine follement dans ma poitrine, encore une fois. Puis le noir. Si noir. Je ne sais plus ou je suis. Il m’a mit ça sur ma bouche, et le noir est venu. Je m’en fiche. Qu’ais je à perdre ? Lors de ce jeu du chat et de la souris, je me suis senti réel. En chair et en os, pas juste la petite poupée qu’on exhibe devant les gens pour jouer à la petite famille parfaite. Pour la première fois de ma vie.

Fin POV Joshua
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Les chapitres sont longs, en général. Je préfère prévenir... X_x 
 
 
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