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au 31 Mai 21 :
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Celui qui a survécu à la solitude
Par marine_p20
Harry Potter  -  Romance/Fantaisie  -  fr
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La Marque au dessus de Poudlard

Chapitre 45

La Marque au dessus de Poudlard

 

La potion prit effectivement un certain temps à préparer, et Drago dut voler la plupart des ingrédients dans la réserve personnelle de Slughorn, ce qui, fort heureusement, était bien plus aisé que du temps où Rogue enseignait les potions. Il avait d'abord douté de tout y trouver, certains produits étant extrêmement rares, mais Drago fut stupéfait de découvrir la richesse et la variété des substances que Slughorn avait emmagasiné dans son bureau. Il trouva même - contre tout attente - le venin d'Acromentule dont il avait besoin ! Celui-ci lui parut même très frais, ce qui aurait sans nul doute un effet bénéfique sur la potion. Durant ces semaines de préparation, Drago essayait d'ignorer l'agacement qu'il ressentait à l'égard de Potter, car celui-ci n'était jamais venu s'excuser de lui avoir lacéré le corps. Certes, Drago souhaiter éviter de le croiser autant que possible, mais le balafré aurait au moins pu marmonner un mot d'excuse lors de l'un de leurs cours communs ! Drago eut rapidement une nouvelle raison de ne pas regretter son choix d'esquiver le binoclard : celui-ci passait de plus en plus de temps avec la Weasley-femelle, Ginny, formant de toute évidence un couple en pleine lune de miel. Poser les yeux sur Potter avec la rouquine mettait Drago hors de lui, et, puisqu'il désirait rester maître de ses émotions et concentré sur sa tâche, il évitait autant que possible de se trouver en leur présence, changeant même ses horaires de repas dans la Grande Salle. Le reste des Serpentard, de toute façon constamment dérouté par son comportement de cette année, avait désormais renoncé à le comprendre, ou même à lui poser la moindre question.

Drago put enfin se focaliser efficacement sur sa mission le jour où il termina la potion. Une fois la préparation achevée, elle avait une couleur boisée avec de beaux éclats pailletés, et une consistance plutôt pâteuse, presque collante. On aurait dit un énorme chaudron de miel, bien que l'odeur soit loin d'être aussi sucrée ou agréable. Drago devait appliquer une épaisse couche de la potion sur les zones cassées de l'armoire et attendre une nuit qu'elle sèche, avant de pouvoir réessayer les sortilèges de réparation, qui devraient cette fois fonctionner. A force, il en connaissait désormais beaucoup, l'un d'entre eux devrait bien faire l'affaire ! Il lui fut quasiment impossible de dormir cette nuit là tant il était excité. Au petit matin, il se précipita à la Salle, et dans sa hâte, il souhaita simplement accéder à la pièce des objets cachés, oubliant de demander à ce qu'elle reste bien inaccessible pour qui que ce soit d'autre. La potion avait en effet fait des miracles et l'armoire avait une bien meilleure allure que la veille ! Drago n'eut à essayer que trois sortilèges seulement, et soudain il sut qu'il avait réussi. Il ouvrit la lourde porte de l'armoire dans un grincement satisfaisant, et entendit très distinctement la voix de Barjow :
-Aucun problème Madame Black, votre couteau vous sera livré dans les plus brefs délais. Tous les maléfices que vous aviez souhaité y ajouter fonctionnent à merveille, et nous pouvons garantir que la douleur ressentie à chaque coupure est effectivement décuplée...
Drago tendit la main, poussa légèrement le battant de l'armoire dans la boutique et toucha du bout du doigt le sol poussiéreux. Il fit glisser son index sur le sol avant de ramener sans un bruit son bras à l'intérieur de l'armoire, et de se redresser hors de celle-ci. Dans la Salle sur Demande, Drago referma calmement la porte de son armoire réparée et contempla un instant en silence le bout de son doigt couvert de poussière avant de laisser éclater sa jubilation. Il poussait encore des cris de joie lorsqu'il entendit un bruit de verre et se figea, terrorisé. NON, il ne pouvait pas être découvert maintenant, pas alors qu'il venait de réussir !
Une voix de femme retentit alors :
-Qui est là ?
Drago se saisit à la va-vite de sa poudre instantanée et plongea la salle dans l'obscurité. Heureusement il en avait prévu assez, il lui en resterait pour la seconde phase de son plan. Serrant sa Main de Gloire contre lui, il s'approcha de l'origine de bruit. Pendant un instant, Drago eut l'impression de se trouver devant un gros insecte luisant. Une femme très mince, les yeux agrandis par de grosses lunettes, et enveloppée d'un châle vaporeux orné de paillettes titubait à l'aveugle à l'entrée de la Salle. Une quantité impressionnante de chaînes et de perles entouraient son cou décharné, et ses bras et ses mains débordaient de bagues et de bracelets. Ces mêmes mains serraient avidement des bouteilles de xérès. Drago n'avait jamais eu à faire à elle, mais il reconnut tout de même le professeur de Divination qu'Ombrage avait tenté d'expulser l'année précédente. Elle avait sans doute voulu cacher ses bouteilles ici. Se maudissant d'avoir oublié de protéger la Salle des intrus, Drago s'approcha discrètement pour lui lancer un sortilège informulé de lévitation qui l'envoya hors de la Salle tête la première.
-Comment...osez...vous...aaaaargh!

Une fois remit de son choc, Drago décida qu'il était temps d'agir. Si Potter n'était pas totalement distrait par sa rouquine, il avait peut-être continué à mener son enquête. Or si l'histoire de Trelawney parvenait à ses oreilles, nul doute qu'il essayerait de fourrer son nez-à-lunettes là dedans. Drago s'assura de bloquer la porte de la Salle avant de rentrer dans l'Armoire à Disparaître. Une fois chez Barjow & Beurk, il lui fut aisé de stupéfixer le propriétaire de l'infâme échoppe dans son dos. Dès qu'il se fut écroulé derrière son comptoir, Drago lança de la poudre de Cheminette dans les flammes de la cheminée et s'écria haut et fort : « Manoir Malefoy » avant de plonger la tête dans le feu. 
Ce fut l’une des plus curieuses sensations qu’il ait jamais connues. Il lui était déjà arrivé de voyager par la poudre de Cheminette, bien sûr, mais c’était alors son corps tout entier qui avait tourbillonné dans les flammes à travers le réseau des cheminées magiques qui s’étendait dans tout le pays. Cette fois, en revanche, ses genoux restaient solidement appuyés sur le sol froid de la boutique et seule sa tête tournoyait dans le feu d’émeraude... Puis soudain, aussi brusquement qu’il avait commencé, le tourbillon cessa. Avec une sensation de nausée et l’impression d’avoir la tête enveloppée dans un cache-nez particulièrement chaud, Drago ouvrit les yeux et découvrit devant lui la longue table de bois de la cuisine du Manoir, vue depuis la cheminée. Sa mère s'affairait dans la pièce, n'ayant pas encore remarqué que la tête de son fils unique venait d'apparaître parmi les flammes. Drago la contempla un instant : elle avait l'air épuisée, presque à bout de forces, et cette vision lui serrait le cœur. Pour lui signaler sa présence, il se racla la gorge et elle sursauta, plus décontenancée qu'il ne l'avait jamais vue.
-N'ayez pas peur mère, c'est moi, Drago, tenta-t-il de la rassurer.
Elle se précipita vers lui, ne semblant pas en croire ses yeux qui s'étaient instantanément humidifiés. Avant qu'elle n'ait pu ouvrir la bouche, Drago dut l'interrompre à contrecoeur.
-Je n'ai que peu de temps je suis navré, et cela concerne la mission que le Seigneur des Ténèbres m'a confiée. J'ai enfin trouvé un moyen d'accès au château, ce sera donc pour ce soir. 
Il fit au mieux pour ignorer la tristesse qu'il vit s'installer sur le visage de Narcissa et poursuivit :
-Quels sont les Mangemorts présents en ce moment au Manoir mère ?
-Amycus et Alecto, répondit-elle, pragmatique. Gibbon et... Fenrir Greyback, finit-elle avec un dégout évident.
-Mmh très bien, et bien j'ai besoin que vous préveniez trois d'entre eux de venir me rejoindre à Poudlard ce soir. Ils doivent me retrouver à vingt-deux heures précises dans la boutique de Barjow & Beurk. Nul besoin de, hum, déranger Greyback, nous risquerions d'être plus vite repérés en étant trop nombreux. Trois Mangemorts suffiront largement pour la tâche à faire. 
Drago évitait bien de nommer ladite tâche, il avait évité d'y penser depuis que l'armoire s'était enfin mise à fonctionner. Narcissa ne manqua pas cela, et ajouta :
-N'oublier pas de mentionner ton plan à Severus, il est déjà sur place et pourra vous venir en aide si nécessaire.
Sa voix avait des accents désespérés qu'elle s'efforçait de cacher. Drago, ne voulant s'engager à rien, ne répondit que d'un hochement de tête et, se sentant à court de mots, lui adressa un dernier regard avant de sortir sa tête des flammes. Il n'entendit pas Narcissa lui murmurer « Fais attention à toi surtout... », et il traversa l'armoire pour rentrer au château.

Ce soir, tout changeait. Il fallait juste que Dumbledore quitte Poudlard, même juste quelques heures, mais comme il le faisait fréquemment ces derniers temps, Drago se doutait que ce jour-là n'y ferait pas exception. De toute façon, Madame Rosmerta le préviendrait comme à son habitude. En effet, il n'eut pas longtemps à attendre : dès le début de la soirée son faux Gallion chauffa, lui annonçant que Dumbledore était parti à La Tête de Sanglier. Drago se rendit immédiatement dans la Salle sur Demande, et ouvrit l'Armoire à Disparaître. Il y plongea la tête, ouvrit les portes de l'autre côté, se retrouvant nez-à-nez avec un Gibbon stupéfait, les yeux écarquillés devant la tête blonde qui venait de sortir de la grande armoire noire.
-Entrez là-dedans et suivez-moi ! ordonna Drago, en constatant avec mécontentement la présence du loup garou dans le groupe. Sans tenir compte de la réaction de Drago, Fenrir Greyback lui sourit, montrant des dents pointues. Fenrir était un personnage massif aux longs membres, avec des cheveux et des favoris gris en bataille, et dont la robe noire de Mangemort paraissait trop serrée pour lui. Ses mains crasseuses avaient de longs ongles jaunes. Il y avait également avec eux deux autres Mangemorts que Drago ne connaissait pas, l'un aux traits grossiers, presque brutaux, et l'autre était juste absolument immense. Aux yeux de Drago, cela faisait beaucoup plus de monde à cacher qu'il n'avait prévu... Il leur fit signe de le suivre et aussi redoutables ces Mangemorts soient-ils, ils parurent tout de même très surpris de rentrer ainsi dans un élément du mobilier.
Les cinq Mangemorts et le lycanthrope pénétrèrent les uns après les autres dans l'armoire, et furent interloqués d'arriver dans la pièce remplie de bric-à-brac. Même Greyback ouvrait de grands yeux ronds. Drago les mena à l'entrée de la Salle et leur ordonna d'attendre pendant qu'il jetait un coup d'oeil à l'extérieur. Il n'avait pas l'habitude de donner des ordres à d'autres que Crabbe et Goyle, or une bande de Mangemorts plus âgés que lui était bien plus intimidante que ses deux acolytes de seize ans. Il serrait à nouveau contre son torse sa Main de Gloire, tirant un léger réconfort d'avoir avec lui un objet qui lui venait de son père. Chaque minute le rapprochait de l'accomplissement de sa mission. N'ypensepasn'ypensepasn'ypensepas... se répétait-il. Après tout, ce n'était pas pour rien s'il avait choisi de s'occuper en premier de l'ordre - pourtant secondaire - de donner accès au château à d'autres Mangemorts. Peut-être que l'un d'entre eux se chargerait à sa place de la première partie de la mission... En jetant un coup d'oeil dans le couloir, il aperçut Weasley, sa foutue sœur et Neville qui montaient la garde. Heureusement qu'il avait déjà pu tester l'efficacité de la poudre d'Obscurité Instantanée du Pérou avec sa Main de Gloire. Elle lui permettrait d'avoir de la lumière quand les autres seraient dans le noir. Il lança la poudre dans le couloir, et attendit que celui-ci soit devenu d'un noir d'encre pour sortir, tenant fermement la main desséchée contre lui. Drago fit signe aux Mangemorts de le suivre, et fut ravi de leurs airs relativement impressionnés. Peut-être que son Maître ne serait pas déçu de lui à l'issu de cette soirée... N'ypensepasn'ypensepas... En traversant le couloir, Drago entendait les quelques membres de l'Armée de Dumbledore tenter plusieurs maléfices, Lumos, Incendio, mais il savait déjà qu'ils n'auraient pas moyen d'obtenir la moindre lueur. Leur seule alternative serait de sortir du couloir à tâtons et d'ici-là, lui et ses Mangemorts seraient loin.
Malheureusement l'Armée de Dumbledore n'était apparemment pas la seule à rôder dans les couloirs et, alors qu'ils se se dirigeaient vers la tour d'astronomie, Drago et ses acolytes tombèrent sur des membres de l'Ordre du Phénix. Drago ne s'était pas attendu à ce qu'il y ait d'autres personnes en faction, et à cause de l'épisode avec Trelawney, il avait épuisé ses réserves de poudre d'Obscurité. Le combat s'engagea immédiatement, et les Mangemorts se dispersèrent. Drago courait aussi vite qu'il le pouvait, son plan prenant une tournure dramatique bien trop rapidement. Il vit que Gibbon avait réussi à s'enfuir dans l'escalier de la tour, mais celui-ci redescendit prestement, un sourire satisfait sur le visage. En le rattrapant, il cria à Drago :
-J'ai fait apparaître la Marque des Ténèbres au dessus du château, Dumbledore devrait aller tout droit là bas, tu n'auras qu'à l'y attendre et faire ton boulot !

Drago prit alors en effet la direction de la tour d'astronomie. Gibbon venait de lui donner une parfaite excuse pour aller attendre là bas, hors de portée des sortilèges de l'Ordre. Du coin de l'oeil, il vit Gibbon s'écrouler dans un éclair vert. Il venait d'être touché par un sortilège de mort qui avait raté de peu le professeur Lupin. Gibbon avait été tué, pensa Drago, frappé d'horreur, mais les autres Mangemorts semblaient prêts à livrer un combat sans merci. Il faisait noir, mais Drago vit tout de même Greyback attaquer sauvagement une silhouette aux cheveux roux, sans qu'il puisse savoir lequel des Weasley était ainsi en péril... les maléfices volaient en tous sens... Drago avait réussi à se faufiler entre tout ces jets de lumières et à monter dans la tour... Il ouvrit la porte à la volée et eut à peine le temps de distinguer la grande silhouette à la barbe argentée qui se tenait face à lui au somme de la tour d'astronomie. La surprise le fit oublier toute tentative de sortilège informulé, et il s'écria avec l'énergie du désespoir :
-Expelliarmus !
A la lueur de la Marque, Drago vit la baguette de Dumbledore s'envoler en décrivant un arc au-dessus des remparts. Debout contre les remparts, le visage étrangement livide, Dumbledore ne manifestait aucun signe de panique ou de détresse. Il se contenta de regarder celui qui l'avait désarmé et lança :
-Bonsoir, Drago.
Drago s'avança, jetant un rapide coup d'oeil alentour pour s'assurer qu'il était seul avec Dumbledore. Son regard tomba sur le deuxième balai. Dumbledore avait l'air encore plus malade dans l'éclat verdâtre de la Marque. Que lui était-il donc arrivé et que faisait-il là avec ces deux balais ?!
-Qui est avec vous ?
-Une question que je pourrais te retourner. A moins que tu n'agisses seul ?
-Non. J'ai des renforts. Il y a des Mangemorts dans votre école, ce soir.
-Intéressant, dit Dumbledore, comme si Drago était en train de lui montrer un travail scolaire ambitieux. C'est très bien, vraiment. Tu as donc trouvé le moyen de les faire entrer ?
-Oui, répondit Drago, la respiration saccadée. Juste sous votre nez et sans que vous vous en rendiez compte !
-Ingénieux. Pourtant... pardonne-moi, mais... où sont-ils en ce moment ? Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup de renforts.
-Ils ont dû affronter quelques membres de votre garde rapprochée. Ils se battent à l'étage inférieur. Ce ne sera plus très long... Je suis monté le premier. J'ai... j'ai un travail à accomplir.
-Eh bien, dans ce cas, accomplis-le, mon garçon, conseilla Dumbledore à voix basse.
Il y eut un silence. Drago Malefoy, terrorisé, observait Albus Dumbledore qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, souriait. Drago se sentait figé sur place. Son bras droit pointé sur le directeur lui sembla peser des tonnes, il devait lutter rien que pour le maintenir tendu. Il réalisait qu'il n'avait jamais eu la moindre envie de tuer le vieil homme, de réellement tuer qui que ce soit d'ailleurs...
-Drago, Drago, tu n'es pas un tueur.
-Comment le savez-vous ? répliqua aussitôt Drago, surpris que Dumbledore ait presque lu dans ses pensées.
Il prit conscience de la puérilité de ses paroles et rougit malgré le halo verdâtre de la Marque.
-Vous ne savez pas de quoi je suis capable, reprit-il d'un ton plus résolu.Vous ne savez pas ce que j'ai fait !
-Oh, si, je le sais, assura Dumbledore avec douceur.Tu as presque réussi à tuer Katie Bell et Ronald Weasley. Tu as désespérément essayé de me tuer moi-même tout au long de l'année. Pardonne-moi, Drago, mais ces tentatives étaient bien timides... si timides, pour être franc, que je me demande si tu y as vraiment mis tout ton cœur...
-Bien sûr que oui ! s'exclama Drago avec véhémence. Si qui ce soit parmi les Mangemorts était monté à ce moment là et avait entendu cette insinuation qu'il n'avait pas mis ses meilleurs efforts dans sa mission... Mais s'il fallait être vraiment honnête, seul son travail sur l'Armoire avait été sincère. Il n'avait pas réellement compté sur le collier ou l'hydromel pour réussir...
-J'y ai travaillé toute l'année et ce soir...
Quelque part dans les profondeurs du château, Drago entendit un cri étouffé qui le fit s'interrompre. Il se raidit et jeta un regard en arrière.
-Quelqu'un est en train de livrer un beau combat, commenta Dumbledore sur le ton de la conversation. Mais que disais-tu... Ah oui, tu as réussi à introduire des Mangemorts dans l'école, ce que j'estimais impossible je dois l'admettre... Comment t'y es-tu pris ?
Drago ne répondit pas, il écoutait toujours ce qui se passait au-dessous et était comme paralysé.
-Peut-être devrais-tu faire le travail tout seul, suggéra Dumbledore. Imagine que tes renforts soient repoussés par ma garde rapprochée ? Comme tu t'en es peut-être rendu compte, il y a aussi des membres de l'Ordre du Phénix, ce soir. Et finalement, tu n'as pas vraiment besoin d'aide... Je n'ai pas de baguette pour me défendre.
Drago se contenta de le regarder.
-Je comprends, dit Dumbledore d'un ton aimable en voyant qu'il restait immobile et silencieux. Tu as peur d'agir tant qu'ils ne t'auront pas rejoint.
-Je n'ai pas peur ! gronda Drago, sans faire cependant le moindre geste pour attaquer Dumbledore, en espérant qu'il ne remarquerait pas le léger tremblement de sa voix. C'est vous qui devriez avoir peur !
-Pourquoi donc ? Je ne crois pas que tu vas me tuer, Drago. Tuer n'est pas aussi simple que le croient les innocents... Dis-moi plutôt, pendant que nous attendons tes amis... Comment as-tu réussi à les faire entrer ici ? Il semble qu'il t'ait fallu beaucoup de temps pour trouver le moyen d'y parvenir.
Drago ressentait à la fois une forte envie de hurler ou de vomir. Il déglutit et respira profondément à plusieurs reprises, lançant des regards mauvais à Dumbledore, sa baguette pointée droit sur son cœur. Puis, comme c'était plus fort que lui, il lui dit :
-J'ai dû réparer cette Armoire à Disparaître qui était cassée et dont personne ne s'était plus servi depuis des années. Celle dans laquelle Montague s'est perdu l'année dernière.
-Aaaah.
Dumbledore avait poussé un soupir qui était pour moitié un gémissement. Il ferma les yeux un instant.
-C'était astucieux... Il y en avait deux, j'imagine ?
-L'autre est chez Barjow et Beurk, répondit Drago, impressionné par la rapidité de compréhension du directeur, malgré son état de faiblesse évident.
-Il existait une sorte de passage entre elles. Montague m'a dit que quand il s'est retrouvé coincé dans celle de Poudlard, il était prisonnier d'une sorte de vide, mais parfois, il entendait ce qui se passait dans l'école, et parfois ce qui se passait dans la boutique, comme si l'armoire voyageait entre les deux. Lui, cependant, n'arrivait pas à se faire entendre de qui que ce soit... Finalement, il a réussi à sortir en transplanant bien qu'il n'ait jamais passé son permis. Il a failli en mourir. Tout le monde a pensé que c'était une excellente histoire mais j'ai été le seul à comprendre ce que cela signifiait, même Barjow ne le savait pas. Moi seul ai compris qu'il y avait peut être un moyen de pénétrer à Poudlard grâce à ces deux armoires si j'arrivais à réparer celle qui était cassée.
-Très bien, murmura Dumbledore. Donc, les Mangemorts ont pu passer de chez Barjow et Beurk jusque dans l'école... un plan ingénieux, très ingénieux... Et, comme tu le disais, juste sous mon nez...
-Oui, répondit Drago qui, bizarrement, tirait une sorte de courage et de réconfort des éloges de Dumbledore. Oui, exactement !
Malgré les circonstances, Drago restait toujours aussi sensible aux marques d'admiration devant son esprit brillant.
-Mais il y a eu des moments, poursuivit Dumbledore, où tu n'étais pas sûr de pouvoir réparer l'armoire ? Tu t'es donc rabattu sur d'autres méthodes plus grossières, moins bien imaginées, m'envoyer par exemple un collier ensorcelé qui ne pouvait atteindre qu'une mauvaise cible... ou empoisonner un hydromel que j'avais très peu de chance de jamais boire...
-Il n'empêche que vous ne saviez pas qui se cachait derrière tout ça.
Dumbledore glissa légèrement contre le rempart de la tour, ses jambes faiblissant.
-Il se trouve que si, répondit Dumbledore. J'étais sûr que c'était toi.
-Dans ce cas, pourquoi ne pas m'avoir empêché d'agir ? interrogea Drago.
-J'ai essayé, Drago. Le professeur Rogue, sur mes instructions, a gardé l'œil sur toi...
Cela déçut beaucoup Drago. L'admiration qu'il avait pu avoir pour son directeur se trouva ternie par son évidente naïveté. Qu'il soit aussi persuadé du dévouement de Rogue était aussi triste que pathétique...
-Pas sur vos instructions, c'est à ma mère qu'il a promis...
-Bien sûr, Drago, c'est ce qu'il te disait, mais...
-C'est un agent double, espèce de vieillard stupide, il ne travaille pas pour vous, contrairement à ce que vous croyez !
-Il faut admettre que nous différons sur ce point, Drago. Il se trouve que j'ai confiance dans le professeur Rogue...
-Eh bien, vous vous mettez le doigt dans l'œil ! Il m'a proposé son aide, il voulait toute la gloire pour lui... il voulait participer à l'action... « Qu'est-ce que vous faites ? me disait-il. C'est vous, le coup du collier ? Voilà qui était stupide, cela aurait pu tout gâcher... » Mais je ne lui ai pas révélé ce que je préparais dans la Salle sur Demande. Quand il se réveillera demain, tout sera terminé et il ne sera plus le favori du Seigneur des Ténèbres, il ne sera plus rien, comparé à moi !
-Très flatteur, dit Dumbledore d'une voix douce. Il est toujours agréable de voir son travail apprécié, bien sûr... mais tu as quand même dû avoir un complice... Quelqu'un à Préau-Lard qui a pu glisser à Katie le... le... aaaah...
Dumbledore ferma une nouvelle fois les yeux et dodelina de la tête comme s'il était sur le point de s'endormir.
-... Bien sûr... Rosmerta, reprit-il. Depuis combien de temps est-elle soumise au sortilège de l'Imperium ?
-Vous avez enfin compris ? lança Drago d'un ton sarcastique. En réalité tout cela n'avait rien d'évident, mais il espérait retrouver son courage avec ces bravades. Après tout, les autres n'allaient plus tarder à monter... La main dans laquelle il tenait sa baguette était agitée de tremblements...
Il y eut justement un autre cri au-dessous, un peu plus fort cette fois. Drago, nerveux, jeta encore un coup d'œil derrière lui, puis se tourna à nouveau vers Dumbledore qui poursuivit :
-Donc, cette pauvre Rosmerta a été obligée de se cacher dans ses propres toilettes pour donner le collier à la première élève de Poudlard qui entrerait seule ? Et l'hydromel empoisonné.. . Bien entendu, Rosmerta pouvait y verser le poison à ta place avant d'envoyer la bouteille à Slughorn en croyant que ce serait mon cadeau de Noël... Oui, très habile... très habile... Ce malheureux Mr Rusard n'aurait jamais pensé, bien entendu, à vérifier une bouteille de chez Rosmerta... Dis-moi, comment t'y prenais-tu pour entrer en relation avec elle ? Je croyais que tous les moyens de communication entre l'école et l'extérieur étaient surveillés.
-J'utilisais des pièces de monnaie ensorcelées, répondit Drago, se sentant presque obligé de s'expliquer face à tant de déduction. J'en avais une, elle avait l'autre, je pouvais ainsi lui envoyer des messages...
-N'est-ce pas le moyen de communication secret dont se servait l'année dernière le groupe qui s'était donné pour nom l'armée de Dumbledore ?
Dumbledore parlait d'une voix légère, sur le ton de la conversation, mais Drago le vit glisser encore de quelques centimètres contre le rempart.
-Oui, c'est eux qui m'ont donné l'idée, dit Drago avec un sourire de travers. J'ai aussi eu l'idée d'empoisonner l'hydromel grâce à la Sang-de-Bourbe Granger. Je l'ai entendue dire à la bibliothèque que Rusard n'arrivait pas à reconnaître les potions...
-S'il te plaît, n'emploie pas ce mot offensant devant moi, l'interrompit Dumbledore. Drago éclata d'un rire grinçant sans comprendre pourquoi Dumbledore accordait la moindre importance à ce terme dans cette situation.
-Ça vous ennuie que je dise Sang-de-Bourbe alors que je ne vais pas tarder à vous tuer ?
-Oui, ça m'ennuie, répliqua Dumbledore. Quant à me tuer, Drago, tu as eu de longues minutes pour le faire. Nous sommes seuls. Jamais tu n'aurais pu espérer me trouver si peu en état de me défendre et pourtant, tu n'as toujours pas agi...
La bouche de Drago se tordit involontairement comme s'il venait de goûter quelque chose de très amer.
-En ce qui concerne les événements de ce soir, continua Dumbledore, je suis un peu perplexe... Tu savais que j'avais quitté l'école ? Oui, bien sûr, se répondit-il à lui-même, Rosmerta m'a vu partir, elle t'a sûrement prévenu en utilisant tes pièces de monnaie...
-Exactement, confirma Drago, mais elle m'a dit que vous vouliez simplement boire un verre, que vous alliez revenir...
-J'ai bu un verre, sans aucun doute... Et je suis revenu... tant bien que mal, marmonna Dumbledore. Tu avais donc décidé de me tendre un piège ?
-Nous avons fait apparaître la Marque des Ténèbres au-dessus de la tour en sachant que vous vous dépêcheriez de venir voir qui avait été tué, dit Drago, en pensant à Gibbon, à l'origine de l'idée et désormais mort... Et ça a marché !
-Plus ou moins..., répliqua Dumbledore. Dois-je en conclure que personne n'a été tué ?
-Quelqu'un est mort, annonça Drago sans parvenir à empêcher sa voix de monter d'un octave. Un de vos alliés... Je ne sais pas qui, il faisait sombre... J'ai enjambé le corps... J'étais censé attendre ici votre retour mais les gens du Phénix se sont mis en travers du chemin...
-Oui, ils font souvent ça, remarqua Dumbledore.
Il y eut au-dessous une détonation et des cris plus sonores que jamais, comme si on se battait dans l'escalier en colimaçon qui menait au sommet de la tour.
-Il ne reste plus beaucoup de temps, quoi qu'il arrive, dit Dumbledore. Alors, examinons tes options, Drago.
-Mes options ! s'exclama Drago. Je suis là avec ma baguette à la main... Je m'apprête à vous tuer...
-Mon cher ami, cessons déjouer à ce jeu. Si tu avais dû me tuer, tu l'aurais fait dès que tu m'as désarmé, tu n'aurais pas perdu de temps à bavarder agréablement sur les moyens mis en œuvre.
-Je n'ai aucune option ! s'écria Drago qui était devenu brusquement aussi pâle que Dumbledore. Je dois aller jusqu'au bout ! Sinon, il me tuera ! Et il tuera toute ma famille !
Drago avait enfin admis à voix haute ce qui l'avait tant désespéré tous ces mois. Plus que jamais, il se sentait pris au piège devant ces yeux perçants qui semblaient lire au plus profond de son âme...
-Je mesure la difficulté de ta position, dit Dumbledore. Pourquoi donc crois-tu que je n'ai pas essayé de t'arrêter plus tôt ? Parce que je savais que tu aurais été tué si Lord Voldemort s'était rendu compte que je te soupçonnais.
Drago eut une grimace en entendant prononcer le nom.
-Je n'ai pas voulu te parler de la mission qu'il t'avait confiée et dont j'étais au courant, de peur qu'il se serve contre toi de la legilimancie, poursuivit Dumbledore. Mais maintenant, au moins, nous pouvons dialoguer sans détour... Aucun mal n'a été fait, tu n'as blessé personne, bien que tu aies eu de la chance que tes victimes imprévues aient survécu... Je peux t'aider, Drago.
-Non, vous ne le pouvez pas, répliqua Drago, la main qui tenait sa baguette secouée d'intenses tremblements. Personne ne le peut. Il m'a ordonné de le faire, sinon, il me tuerait. Je n'ai pas le choix.
-Rejoins le bon camp, Drago, et nous te cacherons mieux que tu ne saurais l'imaginer. En plus, je peux envoyer des membres de l'Ordre chercher ta mère dès ce soir pour la cacher aussi. Actuellement, ton père est en sécurité à Azkaban... Le moment venu, nous pourrons le protéger à son tour... Passe du bon côté, Drago... Tu n'es pas un tueur... Drago regarda Dumbledore dans les yeux. Son regard franc et bleu le faisait douter. Peut-être y avait-il en effet une alternative à toute cette horreur...
-Je suis arrivé jusqu'ici, non ? dit-il lentement. Ils pensaient que je ne sortirais pas vivant de ma tentative, mais je suis là... et vous êtes en mon pouvoir... C'est moi qui ai une baguette à la main... vous, vous êtes à ma merci...
-Non, Drago, répondit Dumbledore à voix basse. C'est ma merci qui compte à présent, pas la tienne.

Drago resta silencieux. Il avait la bouche ouverte, sa main toujours tremblante. En cet instant, il croyait Dumbledore et un semblant d'espoir était né dans sa poitrine. Il commença à abaisser légèrement sa baguette... mais c'était déjà trop tard. Un martèlement de pas retentit soudain dans l'escalier. Quelques secondes plus tard, Drago fut violemment repoussé par les quatre personnes vêtues de robes noires qui firent irruption au sommet de la tour. Le frère Carrow pouffa de rire d'une voix sifflante.
-Dumbledore coincé ! s'exclama-t-il.
Il se tourna vers sa sœur, une petite femme trapue, au sourire avide.
-Dumbledore sans baguette, Dumbledore seul ! Bravo, Drago, bien joué !
-Bonsoir, Amycus, dit Dumbledore, très calme comme s'il recevait des amis à dîner. Tu es venu avec Alecto... C'est charmant...
La femme eut un petit rire courroucé.
-Tu crois que tes fines plaisanteries vont t'aider sur ton lit de mort ? ricana-t-elle.
-Des plaisanteries ? Oh, non. C'est ce qu'on appelle les bonnes manières, répliqua Dumbledore.
-Vas-y donc, dit Greyback de sa voix qui ressemblait à une sorte d'aboiement rauque. Une puissante odeur de terre, de sueur et, à n'en pas douter, de sang, émanait de lui.
-C'est toi, Fenrir ? demanda Dumbledore.
-En effet, répondit-il de sa voix râpeuse. Ça te fait plaisir de me voir, Dumbledore ?
-Non, pas vraiment...
Drago pensa qu'au moins, Dumbledore avait le courage de dire ce que tout le monde devait penser face à Greyback. Ce dernier sourit, montrant des dents pointues. Du sang coulait sur son menton et il se léchait lentement les babines, avec une expression obscène.
-Tu sais à quel point j'aime les enfants, Dumbledore.
-Dois-je en conclure que tu n'attends même plus la pleine lune pour attaquer, désormais ? C'est très inhabituel... Tu as donc un tel goût pour la chair humaine qu'il ne lui suffit plus d'être satisfait une fois par mois ?
-Exactement, répondit Greyback. Ça te choque, n'est-ce pas, Dumbledore ? Ça te fait peur ?
-Je ne peux pas prétendre en tout cas que ça ne me dégoûte pas, répliqua Dumbledore. Et en effet, je suis un peu choqué que Drago t'ait amené dans cette école où habitent tous ses amis...
-Ce n'est pas moi qui l'ai fait venir, ne put s'empêcher de préciser Drago dans un souffle.
Il ne regardait pas Greyback, ne voulait même pas lui jeter un coup d'œil.
-Je ne savais pas qu'il serait ici...
-Je ne manquerais pour rien au monde une visite à Poudlard, Dumbledore, lança Greyback de sa voix rauque. Il y a ici tant de gorges à lacérer... Délicieux, délicieux...
Il leva un ongle jauni avec lequel il se cura les incisives, lorgnant Dumbledore.
-Je pourrais m'occuper de toi en guise de dessert, Dumbledore...
-Non, dit sèchement le Mangemort aux traits grossiers que Drago ne connaissait pas.
-Nous avons des ordres. C'est Drago qui doit le faire. Vas-y, Drago, dépêche-toi.
Drago était moins résolu que jamais. Il savait qu'il avait l'air terrifié en regardant Dumbledore, dont le visage encore plus pâle n'était pas à la même hauteur que d'habitude, car il s'affaissait de plus en plus contre le rempart de la tour.
-En tout cas, il n'en a plus pour très longtemps, si vous voulez mon avis ! dit Amycus, provoquant le rire sifflant de sa sœur. Regardez-le. Qu'est-ce qui t'arrive, Dumby ?
-Oh, une moindre résistance, des réflexes plus lents, Amycus, répondit Dumbledore. Bref, la vieillesse... Peut-être que ça t'arrivera aussi un jour... Si tu as la chance de parvenir jusque-là...
-Qu'est-ce que ça veut dire ? Hein ? Qu'est-ce que ça veut dire? s'écria-t-il, soudain violent. Toujours pareil, avec toi, pas vrai Dumby, tu causes et tu ne fais rien, rien de rien. Je ne comprends même pas pourquoi le Seigneur des Ténèbres se donne la peine de te tuer ! Allez, Drago, vas-y !
Mais à cet instant, d'autres bruits de lutte retentirent un peu plus bas et une voix cria :
-Ils ont bloqué l'escalier ! Reducto ! REDUCTO !
-Vite, Drago, maintenant ! dit avec colère l'homme aux traits grossiers.
Mais la main de Drago tremblait toujours tellement qu'il aurait même été incapable de viser s'il avait voulu exécuter cet ordre.
-Je vais m'en occuper moi-même, gronda Greyback en s'avançant vers Dumbledore les bras tendus, les dents découvertes.
-J'ai dit non ! s'écria l'homme aux traits grossiers.
Il y eut un éclair de lumière et le loup-garou fut projeté en arrière. Il heurta les remparts et vacilla, l'air furieux.
-Drago, vas-y ou alors écarte-toi pour que l'un de nous... vociféra Alecto d'une voix perçante. Mais au même instant, la porte s'ouvrit une nouvelle fois et Rogue apparut, la main crispée sur sa baguette. Ses yeux noirs balayèrent la scène, allant de Dumbledore, affalé contre le rempart, jusqu'aux Mangemorts, y compris le loup-garou enragé et Drago.
-Nous avons un problème, Rogue, dit Amycus, l'homme à la silhouette massive, dont le regard et la baguette étaient dirigés l'un et l'autre vers Dumbledore. Ce garçon ne semble pas capable de...
Mais quelqu'un d'autre avait prononcé le nom de Rogue, d'une voix très faible.
-Severus...
Rien, au cours de cette soirée, n'aurait pu autant terrifier Drago : pour la première fois, Dumbledore avait un ton suppliant. Rogue resta silencieux. Il s'avança et repoussa brutalement Drago. Les Mangemorts reculèrent sans un mot. Même le loup-garou paraissait intimidé.
Rogue observa Dumbledore un moment, et l'on voyait la répugnance, la haine creuser les traits rudes de son visage.
-Severus... S'il vous plaît...
Rogue leva sa baguette et la pointa droit sur Dumbledore.
-Avada Kedavra !
Un jet de lumière verte jaillit de la baguette de Rogue et frappa Dumbledore en pleine poitrine. Le cri d'horreur que Drago aurait voulu pousser ne parvint pas à sortir de sa gorge. Il ne put que regarder Dumbledore qui fut projeté dans les airs comme par une explosion. Pendant une fraction de seconde, il sembla suspendu sous la tête de mort étincelante puis retomba lentement en arrière, par-dessus les remparts, telle une grosse poupée de chiffon, avant de disparaître dans le vide. Drago sut que cette image resterait avec lui toute sa vie. D'une manière ou d'une autre, il avait été responsable de la mort de ce grand homme. 

-Vite, filons d'ici, dit Rogue.
Il attrapa Drago par la peau du cou et l'obligea à franchir la porte, en passant devant les autres qui les suivirent de près, haletant d'excitation. Tout ce qui se passa ensuite parut flou et irréel aux yeux de Drago. Il entendit la voix de Potter en haut des escaliers crier « Petrificus totalus ! » et l'un des Mangemorts s'écroula. Que faisait Potter derrière eux ? Avait-il été tout ce temps au sommet de la tour ? Drago réalisa avec horreur que le second balai pouvait effectivement être le sien et ce fut comme un coup de massue pour lui... Si Potter avait assisté au pire moment de la vie de Drago, il ne pourrait jamais lui pardonner son rôle dans tout cela...
Le couloir faiblement éclairé était envahi de poussière. La moitié du plafond semblait s'être effondrée et un combat faisait rage un peu plus loin. Rogue hurla : « C'est fini, il faut partir, maintenant ! » avant de tourner à l'angle d'un mur, tout au bout du couloir. Drago le suivait de près, ils avaient réussi à traverser la bataille indemnes. En courant, ils dépassèrent Neville, allongé par terre, les mains crispées sur le ventre. Drago se précipita le long du couloir, essayant de rester indifférent aux détonations qui résonnaient dans son dos, aux hurlements, à l'appel muet des silhouettes étendues à terre et dont il ignorait le sort... Ce ne pouvait pas être réel, rien de tout cela n'avait vraiment lieu, tout était allé trop vite... Il dérapa en tournant l'angle du mur, ses chaussures rendues glissantes par le sang qui s'y était collé. Rogue était juste devant lui et semblait se diriger vers l'entrée du château. Sans prononcer un mot, Rogue fit s'ouvrir l'épaisse porte devant lui. Les portes de chêne avaient été endommagées par la force du sortilège de Rogue. Drago entendit derrière eux l'un des sabliers géants se briser et les pierres qu'il contenait ruisseler sur les dalles dans un tintement sonore... C'était comme si la vie à Poudlard de Drago venait de se fracasser.
Ils sortirent dans le parc et l'air froid de la nuit lui déchira les poumons. Le gigantesque Mangemort blond courait à leurs côtés sur la pelouse, en direction du portail, au-delà duquel on pouvait transplaner... Il y eut un éclair et des cris : Hagrid avait surgi de sa cabane et tentait de les empêcher de fuir. Malgré la sensation que chaque respiration lui lacérait les poumons, malgré le point de côté qui le brûlait comme une flamme, Drago continua de courir, une voix répétant en boucle dans sa tête : « Sortezmoidelàsortezmoidelà... »
Il entendait toujours Potter hurler des maléfices derrière eux, il avait dû réussir à les suivre jusque-là. L'immense silhouette de Hagrid apparut, illuminée par la lumière du croissant de lune qui venait d'apparaître derrière les nuages. Le Mangemort blond lui lançait des maléfices en cascade, mais la force colossale de Hagrid et la peau épaisse qu'il avait héritée de sa mère géante semblaient le protéger. Rogue et Drago, pendant ce temps, continuaient de courir. Ils auraient bientôt atteint le portail derrière lequel ils pourraient transplaner... Un jet de lumière manqua de peu la tête de Rogue qui s'exclama :
-Courez, Drago ! avant de faire volte-face.
Drago entendit Potter commencer :
-Endol...
Mais Rogue para le maléfice, le projetant en arrière sans lui laisser le temps d'aller jusqu'au bout, et Drago perdit Potter de vue alors que celui-ci roulait par terre. Il saisit juste encore ce que Rogue venait de ricaner :
-Vous n'allez quand même pas me jeter des Sortilèges Impardonnables, Potter !
Mais Drago avait déjà atteint le portail. Terrifié par tout ce à quoi il venait d'assister, il se concentra autant que possible sur le Manoir, tentant de transplaner pour la première fois de sa vie par lui-même, sans entraînement et sans permis. Fermant les yeux, il se focalisa sur la silhouette de l'imposante maison de son enfance, souhaitant de tout cœur y retourner... Il sentit la même compression sur tout son corps que lors des transplanages d'escorte avec ses parents, et une fois qu'elle se fut estompée, il sentit autour de lui l'odeur familière du Manoir. Mais avait qu'il n'ait pu faire un pas, une effroyable douleur lui transperça la cuisse et il s'effondra au sol en hurlant. Son cri attira l'attention de Narcissa qui avait dû être sur le qui vive toute la soirée. Elle se précipita à toute vitesse hors de la demeure, droit vers lui, et se laissa tomber à ses côtés. Ne perdant pas un instant, elle déchira d'un habile coup de baguette le pantalon de Drago qui était déjà trempé de sang et dénuda sa jambe sur laquelle un gros morceau de chair manquait, comme découpé par un couteau.
-Accio dictame ! cria alors Narcissa, pointant la baguette vers sa maison. Quelques instant plus tard, elle arracha le bouchon qui fermait le flacon, désormais arrivé dans sa main, et versa trois gouttes de potion sur la blessure ensanglantée. Une fumée verdâtre s’éleva. Lorsqu’elle se dissipa, Drago, le regard de plus en plus trouble, vit que le sang avait cessé de couler. La plaie semblait à présent dater de plusieurs jours et une peau neuve s’étirait à l’endroit où la chair avait été déchirée. Les yeux sombres de sa mère furent la dernière chose qu'il vit avant de perdre connaissance.

 
 
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