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au 31 Mai 21 :
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Bec d'écaille, croc de plume
Par Jaiga
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
33 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 21     Les chapitres     64 Reviews     Illustration    
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Une révélation peut en cacher une autre

Disclaimer : Tous les personnages/ lieux/ périodes sont issus de ma propre imagination. Merci de ne pas me les emprunter sans m’en avoir parlé au préalable :3

Notes :

- Je m’excuse par avance pour les fautes de grammaire ou d’orthographe qui m’ont échappée, j’avoue avoir des lacunes dans ce domaine, en particulier sur un ordinateur …

- Je remercie toutes les personnes qui ont pris le temps de me laisser une review, surtout ceux à qui je n’ai pas pu répondre directement, faute d’adresse mail… C’était vraiment très gentil de leur part. :3 Je remercie également tous mes lecteurs anonymes  pour leur fidélité, parce que si vous lisez ces lignes, c’est que vous avez aussi lu (et aimé ?) tout le reste. :D

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Chapitre 21 : Une révélation peut en cacher une autre

Ehissian tiqua dès l’instant où il mit le pied dans l’épicerie. Ce n’était pas tant le fait qu’il venait de quitter Fallnir pour aller travailler, qu’il n’y aurait sans doute pas grand monde cette matinée là et que sa présence serait du coup superflue, ni même qu’il n’avait toujours pas eu de conversation avec son amant au sujet de tout ce qu’il s’était passé la veille, dans la salle commune puis sur le toit. Non, ce qui le dérangeait le plus, c’était ce blondinet au visage d’ange qui trônait fièrement derrière la caisse enregistreuse, SA caisse enregistreuse.

- Qu’est ce qu’il fait là lui ? S’offusqua-t-il en pointant l’intrus du doigt.

Kellnet, patron, collègue et meilleur ami, daigna lever les yeux de son cahier de compte pour lui jeter un regard morne.

- Eh bien, puisque je ne te voyais pas venir ce matin, il est venu te remplacer, comme d’habitude.

- Comment ça, comme d’habitude ?

Meliam lui lança une œillade aguicheuse en battant amoureusement des cils, nullement gêné d’être pris en flagrant délit d’usurpation de poste de travail.

Le blond avait environ l’âge d’Elika, à peine quelques années de plus. Les deux jeunes gens étaient devenus amis dès leur arrivée à la Volière, ne s’étaient jamais quittés depuis lors. Au grand dam du grand frère, qui voyait d’un très mauvais œil ce freluquet aux airs innocents tourner autour de son unique famille.

- Ehissian, soupira Kellnet, dont la lassitude se lisait très clairement sur le visage. Tu pars tout le temps sans prévenir, sans parler des jours où tu n’as tout simplement pas envie de venir bosser. Je ne peux pas m’occuper du magasin tout seul, il fallait bien que je trouve quelqu’un pour te remplacer.

La vérité tomba sur Ehissian comme un couperet, mettant une fin subite à ses vocifération. Face aux arguments de son ami, il ne pouvait que s’incliner. Sans pour autant s’avouer vaincu, mauvaise fois oblige.

- … Mouais, fini-t-il par concéder, avec une moue dédaigneuse. Mais je suis là, maintenant, alors tu peux renvoyer ce morveux chez l….

- Justement, il y a plein de nouveaux cartons à installer en rayon, le coupa abruptement Kellnet.

Et pour illustrer ses propos, il tendit un cutter à son meilleur ami, qui en resta bouche-bée. Ehissian tenta de dire quelque chose, de s’offusquer dignement, mais ne trouva rien de suffisamment pertinent pour sa défense.

Alors dès que celui-ci eut replongé la tête dans son livre de compte, il tira soigneusement la langue à son deuxième rouquin préféré –juste après Fallnir.

Après quoi il partit directement dans la réserve, sans un coup d’œil pour ses collègues, qui ne le regardaient de toute manière pas.

Pour peu, le chevalier aurait regretté de ne pas être resté avec Fallnir. Mais à la perspective d’avoir une conversation avec lui, il avait préféré fuir, incapable d’assumer pour l’instant le poids des révélations de la veille. Le matin même, ils avaient fait comme si de rien n’était, comme si la journée précédente n’avait pas existé, comme si la guerre n’avait même jamais été déclarée. Ils ne se connaissaient pas depuis plus de deux semaines que déjà, leur étrange relation subissait leur première tension…

Poussant un profond soupir, Ehissian enfila une blouse et se mit à la tâche, bien décidé à chasser les mauvaises pensées de son esprit. Par manque de motivation, il commença son labeur pas les cartons les plus légers, bâillant ostensiblement lorsqu’il repassa à proximité des caisses ou patientaient toujours ses deux camarades. La mort dans l’âme, il commença son labeur, jetant de temps à autre des regards sévères en direction de la porte d’entrée, qui ne tarderait pas à s’ouvrir sur une bonne dizaine de clients.

Il avait à peine commencé qu’une voix le héla de l’autre côté du rayon.

-Eh ! Ehissian, pour l’évacuation, tu as décidé de ce que tu allais faire avec ta sœur ?

Fronçant les sourcils, le chevalier sortit la tête des rayonnages pour dévisager Meliam, accoudé sur la caisse.

- En quoi ça te regarde ?

Avec son regard ocre et ses cheveux blonds pâles, le jeune phénix semblait être l’incarnation du bien, l’individu le plus pur et innocent que l’on ait jamais vu. Mais Ehissian savait bien que sous ses airs de saint, il n’était qu’un sale petit manipulateur mesquin et cruel.

Il en était persuadé, rien ne pouvait sortir de bon de cette peste.

- Eh bien, même si tu n’aimes pas ça, Elika est quand même ma meilleure amie, alors j’aimerai bien savoir ce qu’elle va faire…

Ehissian en resta muet, fit semblant de continuer de ranger pour ne pas avoir à répondre tout de suite à la question. Non seulement il n’en avait pas envie, mais il ne connaissait de toute manière pas la réponse. Une petite pierre de culpabilité vient s’ajouter à toutes les autres, agrandissant une pile qui était déjà bien chargée depuis quelques temps.

Il n’avait pas plus discuté avec Fallnir qu’avec sa sœur, depuis l’annonce du prince, la veille. Il ne l’avait même pas vue depuis quelques jours. Certes, cela faisait plusieurs décennies qu’ils vivaient séparément et ne se voyaient en général que quelques instants par jour, lors des différents repas ou des répétions des Feathers… Repas et répétions qu’il faisait sauter régulièrement, depuis que Fallnir était à la Volière.

- Elle fait ce qu’elle veut, elle est presque adulte maintenant, finit par grogner Ehissian, autant pour lui que pour Meliam.

- Elle m’a dit qu’elle irait là où toi tu iras, renchérit aussitôt le blondinet.

Il avait l’air bien décidé à lui casser les pieds, maugréa intérieurement le chevalier.

Bien caché derrière son étagère, personne ne vit une moue chagrinée déformer furtivement son visage. Elika et lui avaient presque toujours été seuls. Ils étaient leur seule famille, ne connaissaient plus personne sur leur monde d’origine. Et cela lui faisait de la peine, que sa sœur soit autant dépendante de lui.

- Alors elle restera ici, parce que moi, je suis stationné à la Volière pour la protection du prince.

Meliam s’écria de joie, faisant sursauter violemment Kellnet, peu habitué à ce genre d’effusion aussi tôt le matin. N’en ayant que faire, le plus jeune des trois phénix se mit à sautiller autour de sa chaise à roulette, en entament une danse de la victoire à la chorégraphie aussi étrange que ridicule.

- Super ! Je vais pouvoir l’emmener au concert, la semaine prochaine !

Ehissian jaillit comme un diable en boite de son rayonnage.

- Quoi ?! Hors de question, elle est trop jeune pour aller quelque part avec un… un… avec toi !

Pour le coup, il en avait lâché le paquet de biscuit qu’il était en train de ranger. Sans même songer à le ramasser, il sortit du rayon comme une furie et se planta devant la caisse de Meliam –sa caisse-, les points sur les hanches.

- Je croyais qu’elle était presque adulte et qu’elle faisait ce qu’elle voulait ? Roucoula le blond en revenant s’accouder au comptoir, les paupières papillonnantes.

- Presque, c’est le mot ! Aucun de vous deux n’a encore appris à voler ! vitupéra Ehissian.

L’apprentissage du vol était autant un terme pratique que métaphorique. Cet évènement marquait la fin de l’enfance chez les jeunes phénix, et leur entrée officielle dans la vie adulte. Il correspondait à l’instant précis où, sous leur véritable forme, les ailes des phénix devenaient aptes à les soulever dans les airs. Même si sur leur monde d’origine, très peu d’entre eux utilisaient cette apparence, excepté pour des voyages sur de très longues distances.

Ehissian avait franchi ce cap quelques siècles plus tôt, légèrement en avance sur les jeunes de son âge. A contrario, le prince Lékilam, pourtant un tout petit peu plus vieux que lui, n’avait toujours pas appris à voler. Une situation préoccupante, que l’on mettait sous le compte du sang angélique qui coulait dans ses veines, et qui justifiait sans doute que la reine ne l’avait toujours pas rappelé à ses côtés.

- Meliam à raison, ta sœur est assez grande pour se débrouiller toute seule. Ca fait plusieurs années qu’elle gère sa propre boutique, au cas où tu aurais oublié.

Petite pique discrète de Kellnet, pour rappeler à son ami qu’il lui en voulait toujours de l’avoir aussi souvent laisse tombé, ces derniers temps.

- Toi, on t’a pas sonné, bouda très maturément Ehissian avant de lui tirer la langue.

Geste que lui renvoya aussitôt son camarade, avec une grimace en prime.

Consterné par leur attitude puérile, Meliam leva les yeux au ciel.

- Parfois, j’ai l’impression d’être le seul adulte dans le magasin.

Il se baissa en ricanant la seconde suivante, pour esquiver le stylo que son patron venait de lui jeter à la figure.

Affichant un sourire victorieux, Ehissian et Kellnet se frappèrent vigoureusement les mains, en se félicitant cordialement.

Les gamineries de ses camarades avaient complètement fait oublier au chevalier les pensées qui le tourmentaient un peu plus tôt. Il se sentait si bien à la Volière, en compagnie de ses amis. C’était sa maison, son chez lui.

Le jour où il devrait quitter cet endroit serait un véritable déchirement.

- Au fait, Kellnet, et toi ? Qu’est-ce que tu as décidé de faire avec Elécy ? S’enquit-il quelques instants plus tard, une fois que le calme fut revenu dans leurs esprits.

Le visage du roux se rembrunit, tandis qu’il se saisissait d’un nouveau stylo pour se replonger dans les comptes.

- On en a pas encore vraiment parlé. On verra cet après-midi… Si ça ne tenait qu’à moi, je resterai ici, mais Elécy à encore de la famille là bas…

Ehissian hocha la tête, compatissant. Il savait que ce sujet là avait toujours été sensible chez les deux tourtereaux, et que l’annonce de la déclaration de guerre ne ferait qu’envenimer les choses.

Finalement, il n’y avait pas que lui qui redoutait la confrontation avec son amant… Cela le réconforta un tout petit peu.

-Eh, tu serais pas en train d’essayer de resquiller le travail, toi ? fit remarquer Kellnet en fronçant les sourcils.

Ou pas.

--

La première chose que fit Fallnir en poussant la porte du bureau du prince, ce fut jeter un coup d’œil furtif à l’intérieur pour s’assurer que le garde du corps était bel et bien absent. Il avait beau avoir vu partir Ehissian pour la salle d’entrainement, s’être même arrangé pour le faire partir en retard, et avoir attendu une bonne dizaine de minutes avant de partir à son tour, il ne put s’empêcher d’être soulagé quand il constata qu’il n’y avait que Lékilam, assis devant une table dans le fond de la pièce.

Il referma doucement la lourde porte derrière lui, rasséréné. Durant toute la matinée, il n’avait pas arrêté de se torturer l’esprit à propos de cette rencontre, pesant le pour et le contre. Libellule avait-elle dit vrai lorsqu’elle lui avait parlé ce matin même ? Est-ce que ce n’était pas un piège pour mieux l’égorger discrètement et faire disparaître son cadavre dans le vide-ordure ? Est-ce qu’ils n’allaient pas tenter de le torturer pour lui extirper des informations sur les Garnësir ? A cet instant précis, il avait réalisé avec effroi que l’attitude hautement paranoïaque d’Ehissian était en train de déteindre sur lui. Alors il avait rassemblé son courage et fait ce qu’il avait toujours fait, autrefois, face à l’adversité : il s’était rendu au rendez vous.

Une lumière claire perçait les carreaux de la pièce, et dans le vif halo de lumière, une multitude de grains de poussière scintillaient dans tous les sens. Le prince était assis à quelques pas seulement de la fenêtre, dans le coin de son bureau qui ressemblait plus à un vieux grenier abandonné qu’à un lieu de travail royal. Le jeune phénix leva la tête de son ouvrage et lui fit un sourire, sans doute pour le mettre en confiance.

Il n’était pas encore adulte, mais il connaissait déjà les bases des relations diplomatiques, songea Fallnir alors qu’il s’approchait.

- Alors ? Qu’est-ce que vous voulez savoir ? lança-t-il sans autre forme d’introduction.

Nullement démonté, Lékilam lui fit signe de prendre place en face de lui, sans se défaire de son sourire.

­- Vous vous méprenez sur les raisons de cette rencontre. Tout ce que j’ai besoin de savoir de vous, je le connais déjà. Et ne prenez pas cet air surpris, ajouta-t-il aussitôt avec un rire léger. Avec la position que vous occupiez autrefois, vous deviez vous douter que toute votre vie, vous seriez suivi à la trace.

L’auburn croisa les bras et prit son plus bel air sévère. En réalité, contrairement à ce qu’on pouvait lire sur son visage, il n’était pas vraiment en colère contre le prince, ni contre qui que ce soit, d’ailleurs. Excepté contre sa propre personne.

La conversation si animée de l’autre soir, dans la salle commune, avait laissé tout un tas de questions en suspend. Il était temps d’en obtenir les réponses.

- Alors quel intérêt à me rencontrer ?

Lékilam mordilla la peau d’une de ses phalanges, comme chaque fois qu’il réfléchissait. Il posa son stylo, referma son cahier, le poussa à l’écart pour dégager l’espace entre son interlocuteur et sa propre personne. Son sourire s’était doucement effacé.

- C’est vous qui avez des choses à savoir, Fallnir. Je suppose que vous devez vous poser beaucoup de questions, à propos de la raison de votre présence ici, et tout ce genre de chose…

Le dragon soutint son regard, les bras croisés. Sa curiosité était au moins autant attisée que son ressentiment.

- Alors je vous écoute. Pourquoi est-ce que vous m’avez fait venir ici ?

Cette fois-ci, le prince ne parvint pas à cacher son trouble et l’espace d’un instant, le dragon put lire dans son expression un certain manque d’assurance. Mais aussi… du regret, ou quelque chose qui s’en approchait. S’il n’avait pas autant été perturbé par tout ce qu’il lui arrivait ces derniers temps, il aurait probablement été peiné de plonger le jeune garçon dans une situation aussi inconfortable. Du moins, il était facile d’imaginer à quel point ce n’était pas agréable, d’avouer à une personne pourquoi est-ce qu’on l’avait menée en bateau depuis des siècles.

- Tout d’abord, je tiens à ce que vous sachiez que nous n’avons jamais cherché à vous attirer ici. Nous voulions simplement garder un œil sur vous. Mais ce n’était pas Shézac qui était chargé de vous espionner, s’empressa-t-il d’ajouter alors que Fallnir ouvrait la bouche. Ce n’est pas parce que c’est Derek Isdegarde qui est chargé de ma protection que nous reléguons toutes nos affaires aux démons. Ce pauvre Shézac n’en savait rien, il essayait juste de vous aider. Il a probablement cru bien faire en vous emmenant sur ce monde.

Le dragon ne dit rien, sceptique. Rien ne lui disait que le prince lui racontait la vérité. Mais rien ne justifiait non plus un mensonge de sa part, alors il se contentait d’écouter.

- Nous avons besoin de vous, Fallnir, et j’espère de tout cœur que vous nous aiderez. Nous avons un objet, en notre possession… un objet qui a été dérobé à votre seigneur il y a longtemps, et qui vous prouvera peut-être ma bonne foi. Vous savez de quoi je parle, n’est-ce pas ? Vous et vos hommes étiez chargés d’aller le récupérer, il y a longtemps.

Fallnir en tomba des nues. Il dévisagea le prince sans chercher à dissimuler sa surprise, la bouche entrouverte. Il avait été secoué par les derniers mots du phénix, comme s’il venait d’être percuté par un train ou de mettre les doigts dans une prise. Sous le coup de l’émotion, son abdomen lui paraissait bizarrement vide et sa tête se mit à tourner. Son flegme autrefois légendaire, lorsqu’il faisait encore parti de son clan, s’était envolé comme un grain de sable sous une rafale de vent.

- Vous étiez les commanditaires des démons de la Morte lune ? S’enquit-il d’une voix blanche.

Cette nuit où pour lui, tout avait basculé. Cette mission que le Garnësir lui avait confié, à lui et à ses troupes. Récupérer un document qu’on lui avait dérobé, avant que d’autres ne le volent à leur tour. Ils étaient partis confiant de leur forteresse, persuadé que rien ne pourrait les empêcher de réussir cette opération avec succès. Après tout, les dragons du clan Garnësir n’étaient-ils pas les meilleurs guerriers au monde ?

En réalité, ils étaient les meilleurs après le peuple démons, et très loin derrière leurs troupes d’élites. Mais aucun d’entre eux, lui le premier, n’auraient imaginé que les démons de la Morte lune puissent être mêlés au simple vol d’un bien appartenant à un chef de clan. Fallnir n’avait jamais su pourquoi, pour quelle raison est-ce que Derek et ses hommes s’étaient intéressés à cet objet, ni même comment ils en avaient eu connaissance.

A présent, la vérité était aussi violente qu’un coup de poignard. Les phénix s’étaient-ils joués de lui à ce point ?

- Non. Nous n’étions pas les commanditaires. Personne n’était au courant de l’existence de ce document. Vous non plus, je suppose, avant que vous ne le voyiez ?

Un éclair passa dans l’esprit de Fallnir. Derek Isdegarde, devant une porte de fer, un morceau de parchemin enroulé dans sa main. Le pacte de sang du Garnësir. Le document qui lui faisait renoncer à tout droit sur son enfant, lui volait jusqu’à la mémoire de son identité. Dans leur clan, les grossesses étaient gardées secrètes, cachées, toujours par souci de respect de la justice. Si on ne savait pas qu’untel avait eu un bébé, on ne pouvait pas l’aider à rechercher sa progéniture. Le Garnësir aimait un archiviste, l’un des dragons chargés de prendre en charge et de protéger les pactes de sang, après leurs signatures. D’une manière ou d’une autre, ils s’étaient arrangés pour mettre la main sur leur propre pacte et avaient sans doute cherché à le mettre en lieu sûr, lorsqu’ils se l’étaient fait dérober par une bande de voleur de grand chemin. Alors le chef du clan avait ordonné à ses hommes d’aller le retrouver.

C’était du moins ce qu’avait toujours cru Fallnir, jusqu’à cet instant précis.

- La personne qui a fait appel aux démons de la Morte-lune, c’était votre Garnësir en personne, articula doucement le prince, sans doute pour le ménager.

Mais c’était une précaution inutile car dans son état, le dragon ne pouvait pas se sentir plus mal. A ce moment là, il était impossible de définir précisément ce qu’il ressentait. A l’intérieur de lui, il n’y avait qu’un tourbillon d’émotions, de sentiments, de souvenirs et de pensées qui s’entrechoquaient brutalement les uns contre les autres. Il peinait à garder les idées claires, complètement sonné.

- On ne lui a jamais dérobé son pacte de sang, continua Lékilam. Il l’avait lui-même caché dans cette forteresse où il vous a ensuite envoyé. Puis il a contacté Derek Isdegarde, en lui racontant une autre version de l’histoire.

Voyant que Fallnir ne réagissait pas, le prince fit une très courte pause et reprit son récit.

- Ils vous l’expliqueront sans doute mieux que moi, lorsque vous les rencontrerez. Les démons de la Morte-lune ont été engagés pour récupérer l’objet avant qu’un « clan ennemi » ne le fasse. Votre chef les a payés pour qu’ils tuent quiconque tenterait de se mettre en travers de leur chemin. Ce qu’ils ont refusé de faire, vous et vos camarades survivants en êtes une preuve irréfutable.

L’auburn hocha faiblement la tête, pâle comme un linge. Il se souvenait parfaitement de cette nuit là, les moindres détails, la moindre sensation. Les mercenaires démons n’avaient effectivement pas cherché à les décimer jusqu’aux derniers. Ils n’avaient fait que se défendre et œuvrer pour le bien de leur mission, il en était parfaitement conscient. Aucun de ses hommes n’avait été tué dans le dos ou pris en embuscade ; ils avaient péri dans les affrontements entre les deux camps, en tentant d’arriver les premiers dans la pièce où se trouvait l’objet, puis en essayant de le reprendre aux soldats démons.

-Quand Derek et ses troupes se sont aperçus qu’ils étaient en train de combattre contre les propres guerriers de leur commanditaire, ils ont compris que le Garnësir s’était joué d’eux. Ils ont emporté le pacte avec eux et ne l’ont jamais remis à votre chef. Au lieu de cela, ils nous l’ont confié à nous, les phénix, en pensant que nous étions ceux à qui il serait le plus utile. Derek ne savait pas à l’époque à quel point il avait eu raison…

Mais Fallnir n’écoutait déjà plus. Les oreilles bourdonnantes, il avait baissé les yeux, scrutant le vague. Il ne comprenait pas. Ou avait peur de comprendre. Les deux. Tout coïncidait trop bien pour n’être qu’un simple mensonge, comme il avait d’abord voulu le croire. Sa simple présence sur cette chaise était la preuve de la véracité des faits, même s’il le refusait, même s’il souhaitait encore que le prince ne soit en train de lui mentir pour mieux l’utiliser.

- C’était un piège, finit-il par souffler, avant de reprendre d’une voix légèrement plus forte. Il voulait que l’on se fasse tuer, tous, jusqu’au dernier…

- Vous évincer, vous et tous les alliés potentiels que représentaient vos subordonnés. Mais ça a échoué et plutôt que de vous assassiner, il a utilisé votre échec pour vous bannir.

Une étincelle passa dans les yeux clairs du dragon, lui faisant précipitamment relever la tête.

- Et mes hommes ? Que leur a-t-il fait ?

- Rien de particulier, à notre connaissance. Je suppose que, vous parti, il n’avait plus aucune raison de s’inquiéter.

Fallnir se laissa aller contre sa chaise, se massant les tempes. En face de lui, le prince n’avait pas changé de position depuis le début de la conversation. Les coudes posés sur la table, les mains jointes et le dos droit. Son regard était doux, semblait compatir à son désarroi. Il paraissait tellement plus solide que lui, alors qu’il était si jeune, avait l’air si fragile… L’auburn avait toujours cru être un roc, une pierre inébranlable que rien ne parviendrait jamais à faire trembler. Mais son bannissement, les peines consécutives n’avaient fait qu’éroder la roche et aujourd’hui, il avait plus le sentiment d’être un champ de gravier instable qu’un solide rocher.

- Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-il fait tout ça ?

- C’est à vous de me le dire, répondit posément Lékilam.

Malgré la barre de fer qui pesait sur sa tête, Fallnir tenta de réfléchir, de faire appel à ses souvenirs. Une raison, une seule, qui aurait justifiée une mesure si extrême pour le faire taire à jamais.

Le soleil tombait dru par la fenêtre, dessinant les motifs des carreaux sur le bord de la table, l’aveuglant presque. La poussière dansait toujours sous les rayons, comme insensible à ce qui se tramait autour d’elle, augmentant un peu plus le désarroi du dragon. L’étourdissement lui délia la langue et il parla sans réfléchir, désorienté.

- Il y avait ces rumeurs… Mais ce n’étaient que des racontars…

Un froncement de sourcil de la part du prince l’exhorta à continuer.

- On disait que le Garnësir avait eu un enfant, et qu’il avait brisé les lois du clan en cherchant à découvrir son identité. On disait même qu’il avait peut-être réussi, et qu’il veillait personnellement à son éducation. Mais…

C’était une accusation terrible. Découvrir l’identité de sa progéniture était déjà un acte abominable en lui-même. Garder un œil sur son enfant, cela revenait à violer le principe d’égalité entre les dragons, donner un avantage à un individu plutôt qu’un autre, offrir à un couple de dragon un statut qu’aucun autre n’aurait jamais au sein du clan.

Et surtout, cela ne justifiait pas ce que le Garnësir avait fait. A moins que… ?

- C’est ce qu’ont aussi rapporté nos informateurs, sourit doucement Lékilam. Mais quelles que soient ses motivations, elles ne changent rien au fait que nous avons de notre côté les deux choses que le Garnësir redoute le plus. Vous, et son pacte de sang.

Fallnir reprenait peu à peu contenance, à mesure que les secondes s’écoulaient. Passé le choc de la révélation, il commençait à assimiler lentement toutes les informations. Même si ses pensées étaient toujours confuses, et s’agitaient dans son crâne comme des fruits dans un mixer.

S’il avait encore eu une lueur d’espoir, une seule, que les Garnësir accepteraient un jour de le reprendre, elle était à présent complètement anéantie. Pire, il l’avait lui-même enterrée, transformant cet espoir fou en un cauchemar innommable. Le poison de la vengeance coulait dans les veines de tous les dragons ; il suffisait de peu de chose pour le rendre actif. Comme, par exemple, revoir dans ses pensées les visages de tout ceux qui avaient péri lors de cette nuit fatale, par la faute du Garnësir. Dans ses veines encore glacées par la révélation précédente, un feu terrible se mit à couler.

-Si les dragons de votre clan apprenaient la vérité sur votre bannissement, la position de votre chef s’en trouverait ébranlée. De même, si la rumeur dont vous avez parlé s’avérait exacte…

- Le simple fait d’avoir envoyé toute une garnison au massacre signerait son arrêt de mort, coupa le dragon en secouant la tête.

Et si sa parole devait être confrontée à celle du Garnësir, effrayamment, Fallnir savait déjà celle qui l’emporterait. Un chef de clan était si éloigné de ses hommes, si inaccessible… D’autant plus que les témoins ne manqueraient pas, pour étayer ce qu’il s’était passé cette nuit là. Tous ceux qui avaient survécu à cette désastreuse mission. Haldred. Lorfell. Gallwen. Eryad. Les autres dragons leurs feraient confiance. Le Garnësir allait payer pour tout ce qu’il avait fait, au centuple. La guerre pourrait être évitée.

Ehissian ne serait pas en danger.

Telle fut la dernière pensée qui lui traversa l’esprit, aussi rayonnante que le soleil qui passait à travers la fenêtre du bureau, les baignant de sa chaude lumière. Cette simple idée lui redonna plus de force que n’importe quelle autre chose au monde.

Etonnamment galvanisé, Fallnir se redressa sur sa chaise et s’assit plus convenablement, reprenant même un regard sévère et déterminé. Ces pensées étaient subitement devenues très claire, aussi limpides et calmes que le cours d’un ruisseau, tandis que l’évidence de la marche à suivre s’imposait à lui.

- Très bien, je vous aiderai. Mais ce n’est…

- « pas pour vous que je le fais », j’ai bien compris, l’interrompit Lékilam avec un sourire.

- Exactement. C’est pour tous mes camarades qui sont morts en vain.

Pour que justice soit faite, ainsi était la principale volonté du clan Garnësir. L’auburn n’en avait pas conscience, persuadé que ses années d’exil avait fait de lui un parfait étranger, mais l’idéologie de son ancien clan était encore profondément marquée en lui. C’était d’ailleurs pour cette raison que le prince phénix était intimement persuadé qu’il ne les trahirait pas ; pas maintenant qu’il connaissait la vérité. Il y avait sans doute une autre garantie de la fidélité de Fallnir, mais elle était encore à confirmer…

-Seulement pour vos camarades ? Vraiment ? Souffla le prince avec amusement.

Fallnir lui envoya un regard noir qui, comme d‘habitude, n’affecta aucunement le jeune phénix. Ce dernier se contenta de sourire de plus belle, avec une touchante sincérité.

- Merci, Fallnir. Merci de tout cœur. Vos actes vont épargner la vie de bien des innocents.

Le dragon ne fut pas le moins du monde affecté par la formule toute prête du prince, qui visait sans doute à convaincre la dernière partie de son âme qui pouvait encore rechigner à aider ses ennemis héréditaires.

Précaution inutile, car Fallnir avait de toute manière pris sa décision depuis longtemps. Depuis qu’un phénix aux cheveux bleus avait percuté sa baie vitrée, un soir de pleine lune.

- Et si vous en veniez plutôt au fait ? Qu’attendez-vous de moi, exactement ? Que je monte sur une falaise et que je me mette à crier toute la vérité ?

Cette fois-ci, c’était sûr, il avait complètement repris ses esprits, ou tout du moins avait suffisamment accusé le coup pour être de nouveau capable de cynisme.

- Oh ! Non, je ne vous demanderai pas d’aller jusque là, gloussa Lékilam. Pour commencer, j’aimerais que vous alliez récupérer le pacte et que vous le rapportiez ici. Ehissian vous accompagnera, c’est lui qui l’a mis en lieu sûr. Ensuite, eh bien, nous aviserons en temps voulu…

Le dragon fut un peu troublé d’apprendre que le document était passé entre les mains de son amant, comme une malsaine ironie du sort. Toutefois, ce n’était rien en comparaison du choc qu’il venait de subir, et il se remit bien vite.

Il se leva en hochant la tête, sentant que leur entretient touchait à sa fin. Il avait furieusement envie d’air frais.

- Quand ? demanda-t-il d’un ton plus assuré.

Lékilam, qui ne s’était pas un instant défait de son doux sourire, posa sur lui le regard de quelqu’un qui avait déjà tout calculé depuis longtemps.

- Demain après midi, après le départ des habitants pour notre monde. Ce ne sera que l’affaire de quelques heures, le document est caché sur cette planète.

-Bien. Alors, à demain soir, salua Fallnir en s’inclinant respectueusement, chose qu’il avait volontairement omise de faire en pénétrant dans la pièce.

Lékilam lui fit un mouvement de tête en retour, signe qu’il pouvait prendre congé, ce que l’auburn s’empressa de faire. Pourtant, il avait à peine posé la main sur la poignée que le prince l’interpella de nouveau.

- Oh, attendez !

Le susnommé se retourna, un sourcil haussé. Y avait-il autre chose ? A présent qu’il avait à peu près retrouvé des pensées cohérentes et une certaine stabilité, il fut une seconde apeuré que quelque chose vienne complètement remettre en cause son fragile calme intérieur.

- Votre altesse ?

Dans la vive lumière qui inondait le fond de la pièce, le jeune phénix se mordilla la lèvre inférieure, affichant une petite moue contrite.

- En fait, je vous ai menti, il y a une chose sur vous que j’ignore et que j’aimerais bien savoir…

-Qui est ? demanda aussitôt l’auburn en se retournant complètement, croisant les bras sur son torse.

Le regard de Lékilam croisa le sien, et les yeux du prince s’ancrèrent profondément dans ses prunelles claires, comme si elles cherchaient à lire en lui.

-Est-ce que vous êtes amoureux d’Ehissian ?

Fallnir le foudroya littéralement du regard et ouvrit aussitôt la porte, dans un geste brusque. Sa réaction fut d’autant plus violente qu’il avait complètement oublié ce détail là, persuadé que Shézac avait rattrapé sa bourde de la veille. En réalité, c’était contre lui-même qu’il était en colère, mais il reporta tout son ressentiment sur l’indiscrétion de Lékilam.

- Est-ce que je vous demande si vous êtes amoureux de votre garde du corps ? Cracha-t-il avant de claquer la porte.

Lékilam grimaça et rentra la tête dans les épaules, sous la brutalité du choc.

Le dragon avait touché en plein dans le mille.

Toutefois, le sous entendu involontaire que contenait sa réponse était extrêmement intéressant.

--

Lyde serra doucement les mains de sa dulcinée, par-dessus le comptoir du bar du Yellow bird.

- Elésabelle, tu es vraiment sûre de ta décision ?

La jeune phénix roucoula, son regard rose amoureusement plongé dans les yeux noisettes de son petit ami. Le plus grand couple de commère de toute la Volière entretenait une relation plus que fusionelle.

- Nous en avons déjà parlé des dizaines de fois, mamour. Pourquoi veux-tu que l’on rentre, alors qu’on est si bien ici ?

Le barman à la peau brune fit la moue, gêné pour sa compagne.

- Tes parents voudraient certainement t’avoir auprès d’eux… Et puis, maintenant qu’elle est enceinte, ta meilleure amie va probablement rentrer chez elle…

Il savait très bien qu’Elésabelle n’avouerait jamais qu’en réalité, elle aurait aimé retourner chez ses parents, après avoir appris que les dragons leur avaient déclarés la guerre. Elle l’aimait beaucoup trop pour le laisser seul ici, et ne voulait pas non plus le contraindre à rentrer chez eux, auprès de leurs familles. Surtout depuis que la famille de Lyde avait volontairement ruiné la réputation sociale de ce dernier, afin de l’évincer de la possible succession à la place de chef des cuisines royales, qui se transmettait depuis des générations aux membres de leur lignée. Aux yeux du barman, ce n’était rien de grave ; il avait juste été renié par ses parents et privé de l’avenir auquel il avait toujours aspiré, et ce à cause des manipulations de ses frères. Une broutille qu’il avait digéré depuis longtemps…

Néanmoins, cela suffisait pour l’avoir dégoûté à jamais de leur monde d’origine, et lui ôter pour toujours l’envie d’y retourner.

- Ca fait tellement longtemps que je suis à la Volière, mes parents ont appris à vivre sans moi, mon chou. Et Anya n’a pas encore pris sa décision.

Lyde sourit, faisant les yeux doux à la jeune femme.

- Tu marques un point, mon coeur…

Ils se penchèrent par-dessus le comptoir, et leurs lèvres se rapprochaient amoureusement lorsqu’un atroce grincement de guitare les fit brutalement sursauter.

-Désolée ! S’empressa de lancer Elika, avant de rectifier son accord.

Le barman fronça les sourcils en direction de la jeune fille, assise dans la lumière sur le bord de la scène du Yellow bird. La fin de l’après midi approchait, et le night club était vide pour encore plusieurs heures. Lyde profitait généralement de ce moment de la journée pour préparer doucement la soirée à venir, et il n’était pas rare que certaines personnes viennent profiter du calme qui régnait dans la vaste salle en même temps que de la compagnie du phénix.

- Tu as fini d’abimer la guitare de ton frère ? Gronda-t-il la jeune fille, d’une voix faussement en colère.

Cela n’eut d’ailleurs aucun effet sur Elika, qui se contenta d’hausser les épaules.

- Pour ce qu’il y touche, en ce moment…

Elésabelle pouffa devant le très juste argument de la jeune phénix, avant d’embrasser amoureusement Lyde, qui pour le coup oublia de jouer au propriétaire en colère.

La petite sœur d’Ehissian s’exerçait souvent dans l’ombre de son frère, et il devait reconnaître qu’elle progressait très vite.

Lyde se souvenait parfaitement du début du groupe des Feathers, et du long apprentissage de chacun de ses musiciens. C’était une lubie qui avait frappé Kellnet de plein fouet, quelques décennies plus tôt. Il avait surgit pendant le repas du soir, attrapé par le col et trainé Ehissian hors de la salle à manger. Il était revenu chercher tous les autres, un par un, et on ne les avait vu revenir que plusieurs heures après, avec des mines terrifiées.

Personne n’avait jamais vraiment su ce que leur avait dit Kellnet pour les mettre dans un état pareil, si ce n’était qu’il souhaitait monter un groupe et qu’il avait décidé de les prendre comme musiciens. Ils s’étaient tous mis à apprendre à jouer de l’instrument que leur avait désigné Kellnet, avec assiduité et sans jamais émettre la moindre parole de protestation.

Il leur avait fallu des mois avant d’arriver à un résultat concret, mais depuis, ils ne s’étaient jamais séparés une seule fois, unis comme les cinq doigts d’une main.

Tandis que Lyde et Elésabelle roucoulaient dans leur coin, Elika s’appliquait consciencieusement sur la guitare de son frère, travaillant sans relâche la même mélodie jusqu’à la savoir par cœur. Autodidacte, elle avait au début eu un peu de mal à coordonner le mouvement de ses doigts et à réussir à sortir des sons écoutables.

Puis Lyde, lassé d’avoir les oreilles agressées pendant des heures, avait eu pitié de la jeune fille et lui avait montré quelques trucs, en plus de lui apprendre à lire une partition.

Cela faisait une sympathique musique de fond, songea vaguement le phénix alors qu’il embrassait langoureusement sa dulcinée.

De nouveau, un bruit désagréable les fit tous sursauter, faisant faire une fausse note à l’apprentie musicienne, et manquant de faire tomber Elésabelle de sa chaise.

La porte du Yellow bird venait de s’ouvrir à la volée, poussée de toutes les maigres forces d’un petit phénix en larme. Dans la lumière tamisée du night club, ils virent Léto descendre en sanglotant les marches qui menaient à la grande salle, une peluche serrée contre lui.

Elika lâcha sa guitare et se précipita vers le petit garçon, pour le prendre dans ses bras et tâcher de le réconforter. La compagne de Lyde bondit pour les rejoindre, tandis que ce dernier préparait par avance un grand verre de soda pour le petit oisillon braillard.

- Chhht, Léto, calme toi… murmura Elésabelle d’une voix douce, en s’agenouillant près du garçonnet. Qu’est ce qui se passe ? Où sont tes parents ?

Le petit phénix s’accrocha de toutes ses forces au t-shirt d’Elika, désespéré, alors que cette dernière le berçait doucement.

-Ils se sont disputés… lâcha-t-il entre deux sanglot, le visage inondé par ses larmes. Ils ont fait que crier, et puis maman a pleuré, et elle a dit qu’elle allait partir… Je veux pas qu’elle me laisse, je veux pas !

Les deux jeunes filles échangèrent un regard mal à l’aise, toutes les deux déroutées par les mots du petit garçon. Lyde arriva à la rescousse, un mouchoir dans une main, le soda dans l’autre.

--

Allongé de tout son long sur un canapé en cuir, les bras croisés derrière la tête et les yeux rivés sur le plafond blanc, Derek réfléchissait.

Cela n’avait rien d’étonnant en soi, puisque faute d’occupations réelles, il passait le plus clair de son temps à réfléchir. A tout et à rien, aux prochaines missions des démons de la Morte-lune, à ses souvenirs enfouis, à ce qu’il allait bien pouvoir baratiner à ses subordonnés pour leur faire accepter une énième opération suicide juste à la veille de leurs vacances. C’était peut-être l’un des trois seuls loisirs concrets de Derek : Se battre, tenter de devenir le meilleur dans le plus de domaines possibles, et réfléchir.

Cela faisait à peine quelques heures qu’il avait quitté son bureau dans la tour de la KGV pour regagner son impersonnel appartement. La nuit était tombée sans qu’il ne la voie venir, trop occupé à se remuer le cerveau sur son canapé. Il n’avait même pas mangé ce soir là, pas plus que le soir précédent. Sa cuisine devait être recouverte d’une petite couche de poussière grise, depuis le temps qu’il n’y avait pas mis les pieds -ses secrétaires s’étonnaient souvent de voir des livreurs porter des repas gargantuesque à son bureau, tous les midis. Mais ce n’était pas vraiment sa faute ; il avait depuis longtemps pris l’habitude de minimiser ses repas et de peu dormir, pour être complètement opérationnel à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Une sorte de déformation professionnelle que de nombreux autres démons finissaient par acquérir, à des degrés différents.

Son appartement semblait tout droit sortit d’un magazine de décoration, parfait, design et absolument impersonnel. Derek n’avait touché à rien depuis son arrivée, quelques temps plus tôt, et ne toucherait probablement à rien jusqu’à son départ. Il n’avait jamais été féru de décoration d’intérieur, surtout pour des endroits qu’il ne risquait pas d’occuper plus de quelques années. C’était Libellule qui avait dégoté ce logement, sans savoir à l’époque pour qui on lui avait demandé de le chercher. La peinture crème, les meubles en bois noirs et leur agencement étaient absolument identiques à la brochure qu’on lui avait montrée. Avec un peu de poussière en plus, étant donné qu’il avait horreur de perdre du temps à faire le ménage. Il préférait réfléchir.

Seulement, cette fois-ci, Derek avait beau tourner l’histoire dans tous les sens, il ne comprenait pas ce que l’Onikam venait faire ici.

Il avait maintenant la confirmation que Taenekos avait passé la frontière et arriverait en ville d’un instant à l’autre, s’il n’y était même pas déjà passé pour repartir aussitôt. Les vampires n’auraient jamais osé monter un plan si audacieux sans un solide appui extérieur. D’autant plus que l’Onikam était parti de leur monde en compagnie de deux dragons, et que ces derniers avaient failli être interceptés à la frontière par un de ses subordonnés, quelques jours plus tôt.

Derek avait assuré à ses mercenaires que ce n’était rien, que l’Onikam les avait probablement envoyés en éclaireur –ce qui était absolument faux, l’Onikam était son propre éclaireur. Si on l’attaquait, c’était le corps de son hôte qui prenait tous les dégâts et finissait par mourir, lui n’avait qu’à se trouver une nouvelle coquille. Derek n’avait juste pas voulu paniquer ses subalternes. Les démons de la Morte-lune avaient tendance à faire beaucoup de bêtises quand ils paniquaient –du moins, encore plus que d’habitude.

Il poussa un profond soupir, avant de fermer les yeux.

Pour les deux dragons, il comprenait. Taenekos avait monté le crâne des Garnësir pour qu’ils déclarent la guerre au phénix. Le clan cherchait simplement à rameuter ses troupes, où qu’elles se trouvent, même si elles s’appelaient Fallnir et qu’elles avaient été bannie plusieurs siècles plus tôt. Surtout si elles s’appelaient Fallnir et qu’elles avaient été bannie plusieurs siècles plus tôt. Eventuellement, Taenekos avait aussi pu apprendre quelque chose sur le pacte de sang que possédaient les phénix, mais c’était peu probable et le chef des Garnësir ne devait certainement plus considérer le document comme une menace.

Mais l’Onikam, lui, que pouvait-il bien faire ici ?

Ca aurait pu être pour sa propre personne, songea Derek, mais il était impossible que sa présence ici ait été ébruitée. C’était bien connu que Taenekos avait longtemps convoité le corps d’un démon de la mort, ce que le maudit avait réussi in extremis à éviter, en renonçant à son affiliation et se faisant passer pour mort. Alors, à moins que quelqu’un ait trouvé un moyen de rendre son pouvoir à un affilié après qu’il l’ait abandonné, Derek n’était d’aucune utilité à Taenekos, depuis qu’il n’était plus le démon de la mort. Logique imparable.

Le prince phénix, alors ? Avec l’Onikam de leur côté, personne ne pourrait s’opposer aux vampires pendant l’enlèvement du jeune garçon, ce qui justifiait pourquoi il se serait déplacé en personne au lieu d’utiliser un simple pion. Mais Lékilam n’avait en lui-même aucune importance, à part d’être l’outil idéal pour envenimer la situation des phénix. Le plan soit disant organisé par les vampires mais monté de toute pièce par Taenekos devait certainement avoir un autre but. Peut-être même avait-il plus de lien que ce qu’il croyait avec la présence des deux dragons et de Taenekos.

Derek était à deux doigts de toucher au but, et aurait probablement compris le fin mot de l’histoire si on n’avait pas soudain frappé à sa porte, ruinant le cours de ses réflexions pour le reste de la soirée.

Il poussa un profond soupir et se redressa à contre cœur. Cela ne pouvait être que l’un de ses deux subordonnés postés à la frontière, qui avait oublié quelque chose ou voulait se plaindre de son partenaire, une fois de plus. Ranaï et Estellys s’adoraient, se connaissaient depuis longtemps et étaient incroyablement efficaces quand ils travaillaient ensemble. Mais il suffisait de les laisser seuls pendant plus d’une heure pour qu’ils se mettent à se chamailler pour tout et n’importe quoi.

Ce fut donc avec une certaine lassitude, une chemise complètement ouverte sur son torse nu et un jean à moitié déboutonné que Derek alla ouvrir sa porte d’entrée.

Qu’elle ne fût pas sa surprise en constatant qu’à la place des deux démons furibards auxquels il s’attendait, se tenait un vampire au sourire rayonnant.

Ader ne se gêna pas une seconde pour savourer la vue qui lui était offerte.

- Je vous dérange, peut-être ? demanda-t-il en haussant narquoisement un sourcil, tout en reluquant abondamment ses abdominaux.

- Absolument pas, j’aime juste me mettre à l’aise, répondit froidement Derek à travers la porte à demi –ouverte, en comprenant le sous-entendu. Je peux savoir ce que vous me voulez, à une heure pareille ?

Il ne demanda pas comment est-ce que le vampire avait fait pour trouver son adresse, ça aurait été une insulte pour le réseau d’information qu’ils avaient tissé tout autour de la planète. Les bras croisé sur son torse, le démon n’était aucunement ennuyé par les œillades provocatrices de son vis-à-vis. Comme beaucoup de ses semblables, il n’était pas du genre pudique.

- Vous pourriez me faire rentrer, vous ne croyez pas ? demanda Ader en balayant d’un regard ennuyé le couloir de l’immeuble de standing où vivait Derek.

Ce dernier retint un soupir et s’écarta pour laisser pénétrer son hôte. L’immeuble était ultra protégé et ses occupants, tous de très riches hommes d’affaires ou des stars de toutes sortes, se jalousaient tellement les uns les autres qu’ils ne quittaient que rarement leurs appartements. Ils auraient très bien pu converser dans le couloir, personne n’en aurait rien entendu. Seulement, on pouvait lire dans les yeux d’Ader que ce dernier était bien décidé à s’incruster. Ce qu’il fit sans aucune gêne.

Il jeta un œil vaguement curieux à l’intérieur du logement, plus intéressé par le propriétaire des lieux que par les meubles –les vampires n’étaient pas vraiment doués dans le commerce des œuvres d’arts, préférant les objets plus faciles à faire circuler.

- Vous voulez quelque chose à boire ? S’enquit Derek en refermant la porte.

Sans attendre la réponse du vampire, il regagna la cuisine pour se servir dans le réfrigérateur –ou plutôt sa réserve de bière, élément de base du régime alimentaire des démons, seule chose qu’il se permettait de stocker chez lui. Ader s’appuya au chambranle de la porte et ne perdit pas une miette de la vue que le directeur lui offrit involontairement, lorsqu’il se baissa pour attraper une bouteille.

Se retrouver dans la même pièce que son fantasme était décidemment une bien mauvaise chose pour sa santé mentale. Il avait passé la nuit dernière et une bonne partie de la journée qui avait suivi à s’envoyer en l’air avec Maerys. Si cela avait calmé sa frustration de la veille, ses hormones n’étaient en aucun cas repassées en mode silencieux. La preuve était qu’à la question de son hôte, il n’avait pas pu s’empêcher d’imaginer le sang chaud du directeur coulant dans sa gorge et son corps collé contre le sien.

- Non merci, je ne digère pas ce genre de chose, répondit-il avec un sourire à demi moqueur.

Derek ne releva pas, se contentant de décapsuler sa bière d’un geste vif, avant d’en boire quelques gorgées. Puis, il s’appuya contre le frigidaire et inspira profondément. Fin prêt à recevoir les mauvaises nouvelles.

Parce que la présence d’un vampire dans son appartement après la nuit tombée ne pouvait certainement pas être autre chose qu’un signe de mauvaises nouvelles.

- Et donc ? lança-t-il dans un haussement de sourcil.

L’éternel sourire narquois d’Ader s’agrandit un peu plus.

- Je vous avais bien dit que je vous recontacterais…

- Quand vous avez dit ça, j’aurai cru que vous le feriez dans quelques jours, pas dès le lendemain, fit observer Derek en avalant une nouvelle gorgée de bière. Vous avez fixé une date pour vos petites magouilles ?

Il devait avouer qu’en dépit de ce que sa venue signifiait, le vampire lui était sympathique. Il ne savait même pas vraiment pourquoi, à part qu’il ressemblait un peu à l’un de ses rares amis proches. Mais ce n’était pas seulement à cause de cette ressemblance… Peut-être parce qu’il sentait qu’Ader ne marchait pas dans les combines de ses congénères.

Taenekos avait donné un ordre au seigneur des vampires, ce dernier avait transmis à Ader, son subordonné faussement dévoué, et celui-ci se contentait d’obéir sans cacher son ressentiment. Le vampire accomplissait la mission à reculons et cherchait à tirer profit de la situation pour son propre intérêt. Derek aimait ce comportement, sans doute parce qu’il était lui-même un peu comme ça.

Pourtant, toute la sympathie qu’il éprouvait pour son vis-à-vis faillit bien s’envoler lorsque celui-ci lui donna sa réponse.

- Mon chef veut que ça se fasse demain soir.

Le démon s’étrangla avec sa bière.

Ader lui laissa quelques instants de répits, satisfait de son petit effet. Il hésita un instant à aller aider le pauvre directeur à reprendre sa respiration à sa manière, mais il se ravisa de peur de se faire rejeter. Son fantasme lui paraissait encore hypothétiquement accessible, il n’avait pas envie de briser tout de suite ses futiles espoirs d’ébats passionnés jusqu’au petit matin. Les mauvaises langues avaient raison, à son sujet : depuis qu’il était devenu un vampire, son cerveau avait définitivement migré en dessous de sa ceinture.

Quoique ?

Une idée traversa subitement la cervelle d’Ader, une idée folle, mais qui permettrait pourtant de répondre à la question qu’il se posait depuis la veille. Depuis qu’il avait senti l’odeur de Derek et avec elle, le suave effluve de son sang de démon.

- Ouais, je sais, moi aussi ça m’a fait un choc qu’il aussi pressé. A mon avis, votre copain y est pour quelque chose.

Derek, qui se redressait à peine après sa violente quinte de toux, releva vers lui un regard perplexe. Son interlocuteur se targua d’un sourire jovial.

- Vous savez bien, le type qui est arrivé il y a quelque temps chez nous et qui a embobiné notre chef. C’est un démon comme vous, non ?

Le directeur dévisagea longuement son vis-à-vis, avant de secouer la tête.

- Un quoi ?

Et Ader su qu’il avait touché juste. Cela n’avait donc pas été qu’une impression, l’odeur ne l’avait pas trompé. Un point pour lui, la balle était dans son camp.

-Ne faites pas celui qui n’a pas compris, soupira-t-il. Il y a un gosse parmi nous… Son grand père était un demi-démon, il nous a expliqué les histoires de votre monde. Et un des votre m’a sauvé la vie, une fois. Votre sang à la même odeur.

Le visage de Derek se ferma, toute perplexité envolée. Lentement, il se retourna pour déposer sa bière sur le rebord de l’évier, avant de s’appuyer au plan de travail, tournant le dos à son hôte.

- Je ne suis pas un vrai démon, ma mère était une humaine, mentit-il sur le ton de la confidence.

Lui dire la vérité aurait tout de suite mit Ader sur la défensive. Car le vampire connaissait Scysios, et savait donc dans quel camp se plaçaient les démons. En revanche, lui faire croire qu’il était aussi à moitié humain le mettait dans une certaine position de neutralité, qui garantissait sa bonne foi tout en conservant son secret intact.

Ader goba d’ailleurs le mensonge et haussa un sourcil intéressé. A moitié humain, exactement comme le grand père de Maerys. Voilà sans doute d’où venait son attirance pour lui, souffla une petite voix mutine dans sa tête.

- Vous devriez plutôt être du côté des phénix, si vous êtes un immigré. Pourquoi est-ce que vous aidez les vampires ?

Derek resta le dos tourné, garda le silence quelques instants.

- Parce que je dois ma position actuelle autant à vous qu’à eux, et qu’actuellement, leur situation est plus précaire que la votre. Il va bientôt y avoir une guerre, là bas.

Ce n’était pas un argument très convaincant, mais au fond, Ader s’en fichait comme de sa dernière victime. Il n’était que l’exécutant qui appliquait les ordres du chef et de son nouvel allié, le mystérieux Thane. Si les choses tournaient mal, il prendrait la poudre d’escampette et profiterait de l’occasion pour renverser la chochotte qui leur servait de chef suprême. Si Derek avait menti et retournait sa veste au dernier moment –il sut plus tard à quel point il avait vu juste- cela ne le concernait en rien, mis à part le fait que son fantasme deviendrait à jamais inaccessible.

Ce fut pour cela qu’il ne fit aucune remarque.

- Cet homme dont vous avez parlé… Il est encore ici ? S’enquit soudain le directeur, avec curiosité.

-Thane ? Non, il est reparti et ne reviendra pas avant le début de notre opération. Pourquoi ? Vous le connaissez ?

Derek retint un soupir de soulagement. Au diable les motivations, il était plus urgent de mettre un plan sur pied.

Il avait au moins vingt-quatre heures devant lui avant le retour de l’Onikam, sans doute plus si l’on considérait que celui-ci adorait se faire désirer. Cela conforta son idée qu’il n’était en rien au courant de sa présence ici, sinon quoi il ne se serait jamais absenté, même quelques heures, et aurait consacré toute son énergie à le traquer. Ils avaient toujours eu des relations tendues.

- Son véritablement nom est Taenekos, expliqua-t-il à mi-voix. Faites attention à lui. Il peut dire tout ce qu’il veut à votre supérieur, il se contrefiche totalement de vous et ne se préoccupe que de ses propres affaires.

- C’est bien ce que je pensais, sourit Ader, ravi de voir son ressentiment être confirmé. Bon, vous préférez qu’on s’envoie tout de suite en l’air, ou je vous explique d’abord les détails de l’opération ?

Le vampire avait toujours eu sa manière bien à lui de faire comprendre aux gens qu’ils lui plaisaient. Fallnir et Scysios en avait fait les frais quelques semaines plus tôt, c’était à présent au tour du directeur.

Levant les yeux au ciel, Derek reprit sa bière et se retourna finalement.

- Si vous le permettez, je préfèrerais remettre les galipettes à plus tard, quand tout ceci sera terminé.

Et sur ces mots, il quitta la cuisine et regagna le salon, lieu suffisamment vaste et confortable pour discuter tout en esquivant les avances de son hôte.

Ce dernier fit une moue déçue, mais ne put toutefois s’empêcher d’être ravi.

Derek n’avait pas dit « non », il avait dit « plus tard ». Ce fut avec un très large sourire qu’Ader le rejoignit dans le salon, pour lui expliquer le déroulement de la soirée du lendemain.

A suivre…

ooo

Un chapitre plein de nouvelles infos, avec des vrais morceaux de vampire dedans... Mais pas dans le décolleté. (comprenne qui pourra :D)

Le prochain chapitre signera le début du rush final… Il reste maintenant une dizaine de chapitres avant la fin. :3

Comme d’habitude, mon appel aux reviews clôture le chapitre. Parce que les reviews sont le seul moyen que j’ai de savoir ce que vous avez aimé ou qui vous a gêné dans cette histoire, ce qu’il faut que j’améliore, ce que vous n’avez pas compris et que je dois clarifier… Je compte énormément là-dessus pour progresser, alors surtout, n’hésitez pas. :p

Merci encore d’avoir lu, et à très bientôt !

 
 
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