manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Bec d'écaille, croc de plume
Par Jaiga
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
33 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 7     Les chapitres     64 Reviews     Illustration    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
Comment assurer la pérennité de l’espèce

Titre : Bec d’Ecaille, Croc de Plume

Auteur : Jaïga

Disclaimer : Tous les personnages/ lieux/ périodes sont issus de ma propre imagination. J’ai cependant utilisé certains personnages pour des forums Rpg, ne vous étonnez donc pas si vous les croisez un jour, au hasard du net. :3

Notes :

- Ce chapitre contient quelques petits morceaux de lemon... Rien de très graphique, je pense, mais tout de même. :3

- Je m’excuse par avance pour les fautes de grammaire ou d’orthographe qui m’ont échappée, j’avoue avoir des lacunes dans ce domaine, en particulier sur un ordinateur …

______________________________________________________________________ 

Chapitre 7 : Comment assurer la pérennité de l’espèce

Ehissian tenait toujours la main de Fallnir dans la sienne. Doucement, calmement, il le conduisait vers l’extérieur. Leurs doigts liés étaient comme un pont, ou une brèche ouverte à coup de hache, entre leurs deux cœurs affolés. Ca en était presque effrayant… Du moins, du point de vue du phénix.

Ce n’était qu’un simple contact, un simple rapport humain, et pourtant, la simple sensation de cette peau contre la sienne suffisait pour enflammer tout le reste de son corps. Et il n’avait qu’une envie. Que ce soit Fallnir qui éteigne le brasier, par n’importe quel moyen.

Deux jours qu’il en avait rêvé… Deux jours qu’il se languissait, deux fois qu’il se réveillait seul, dans un lit presque froid, parce qu’une nuit, il avait commis l’erreur de quitter l’étreinte protectrice de ses deux bras.

Inutile de dire qu’il ne referait pas la même bêtise. Et tant pis si Elika défonçait sa porte au petit matin et le trouvait alangui dans les bras d’un homme, tant pis si son prince apprenait qu’il avait pris un dragon comme amant, tant pis si les autres phénix ne lui adressait plus la parole, ou qu’au contraire, il soit assailli de question par Lyde et Kellnet… Il n’en avait rien à faire. Le temps de réfléchir aux conséquences n’était pas encore venu. Et de toute manière, pour qu’il y ait des conséquences, il fallait d’abord un acte pour les provoquer.

Pour le moment, il n’y avait que Fallnir, Fallnir et ses mains si douces, Fallnir et son regard envoûtant, Fallnir et ses lèvres tentatrices, Fallnir et…

Il poussa doucement de la main la petite porte qui conduisait à l’extérieur. Dehors, la température était très basse, et des petits nuages de vapeurs s’élevaient à chacune de leurs respirations. Mais Ehissian ne craignait pas la morsure du froid.

Certes, sa veste blanche n’était pas très chaude, mais il n’était plus sensible depuis longtemps aux caprices des températures de ce monde. Ou tout du moins, il serait capable de tenir un certain temps en caleçon sur la banquise, même s’il n’avait pas particulièrement envie de tenter l’expérience.

Et puis… Le seul contact de la main du dragon était plus efficace que n’importe quel chauffage…

En revanche, ce dernier n’avait pas l’air de partager son opinion. Fallnir n’était pas très couvert, et il sentait son corps qui tremblait très légèrement sous ses doigts. Et même si son regard était toujours aussi ardent, il le fixait à présent avec une petite lueur d’incompréhension. Le phénix pouvait le comprendre… Ils étaient passés devant l’escalier et l’ascenseur, sans même un regard, pour emprunter cette petite porte dérobée et se retrouver dans la neige et le verglas… Il lui adressa un sourire, signifiant que tout allait bien. Il savait parfaitement ce qu’il faisait. Et non, il ne voulait pas que leur seconde fois se passe contre un mur, dans une ruelle obscure. Ca ne faisait pas partie de ses fantasmes. Presque à contrecœur, il lâcha doucement sa main, et ses yeux entièrement tournés vers Fallnir, recula d’un pas.

Brusquement, sa silhouette changea, se métamorphosa. En quelques secondes à peine, il devint la chétive créature au plumage sombre, maigre et élancée, aux grands yeux noirs et brillants, qui avait brisé la baie vitrée de l’appartement de Fallnir. Un maigre bec sortait de la masse de ses plumes, et deux petites ailes battaient sagement dans son dos, pour se dégourdir. Ses bras étaient courts, minces, et se terminaient par une main griffue et crochetée, à la limite entre les serres d’un oiseau et une main humaine. Un oiseau humanoïde à l’aspect bien étrange, mal proportionné, surprenant. Ehissian inclina doucement sa nouvelle tête plumée.

L’instant d’après, il s’élançait à une vitesse affolante derrière Fallnir, sautant d’un bon prodigieux sur le mur de la Volière, pour planter les griffes de ses bras et jambes à quelques mètres aux dessus du sol, dans les aspérités de la pierre taillée. Sans perdre de temps, il escalada avec une extrême agilité la façade de la bâtisse.

Une apparence ridicule, il fallait bien l’admettre, mais à l’aspect pratique indéniable. Une physionomie maigre et fine, qui ne pesait pas bien lourd, des griffes pour s’accrocher et grimper, des ailes pour voler, certes peu de temps, ou se rétablir en cas de chute. C’était bien loin des immenses oiseaux majestueux que Fallnir avait pu voir sur leur monde. Néanmoins, il devait reconnaître que cette apparence là avait bien des avantages.

Avec un sourire, il suivit des yeux la silhouette qui progressait incroyablement vite, grimpant et sautant le long des murs de l’immeuble. Son ombre passait parfois à travers les fenêtres, obstruant quelques secondes la lumière de la lune.

Et le dragon se dit qu’il était peut-être temps de le rattraper.

Son dos se courba, ses muscles se tendirent. Sa peau se durcit, se couvrit d’écaille, alors que sa taille se tassait, que deux ailes de peau et d’écailles se formaient dans son dos, que des crêtes et des bosses saillaient sur son corps et son visage. Ses muscles et ses os changèrent, s’adaptèrent à sa nouvelle apparence. Contrairement à Ehissian, même sur un monde sans magie, Fallnir pouvait conserver une apparence beaucoup plus proche de son aspect originel. Un petit dragon, bien que plus près du lézard, d’une taille semblable à celle d’un enfant. Il ne pouvait guère se tenir complètement debout ; son dos était toujours courbé, son corps était fait pour aller à quatre pattes, ou pour voler.

Cependant, cela ne l’empêchait pas de posséder lui aussi des griffes, peut-être encore plus adaptées que celles du phénix à la grimpette. Il se fit un plaisir de bondir pour le rattraper.

Les deux silhouettes filaient à toutes allures, jouant au chat et à la souris, se talonnant parfois de très près, parfois de plusieurs mètres d’écart. Ehissian ne faisait pas que monter, il redescendait parfois, courrait le long d’une corniche, passait et repassait plusieurs fois au même endroit. Ils filaient comme des flèches, à toute allure, comme deux ombres qui jouaient à chat. Un véritable numéro de haute voltige, digne de deux jeunes animaux qui jouaient. Deux amants qui se retrouvaient.

--

Shézac poussa lentement Scysios sur le lit, sans cesser de l’embrasser, ni retirer ses mains de sa peau. Il commençait à faire chaud, horriblement chaud, et par souci du bien être de son hôte, il se fit un plaisir de défaire lentement sa chemise, bouton par bouton, prenant et reprenant sa bouche contre la sienne, glissant une langue taquine et joueuse entre ses lèvres ouvertes.

Ils étaient dans la chambre du médecin, toujours aussi envahie de désordre, toujours aussi encombrée. La fenêtre, situé juste à côté de la tête de lit, laissait passer une lumière blanche et claire, qui l’incitait deux fois plus à faire lentement sien le corps brûlant de l’autre démon.

Scysios se laissa docilement asseoir, ses bras noués derrière la nuque du blond, ses soupirs étouffés par les baisers incessants. Sa peau le brûlait effectivement, et les caresses de Shézac ne faisaient rien pour l’apaiser.

Le blond fit doucement basculer son congénère sur le dos, délaissant peu à peu les baisers, pour dévorer son cou. Il laissait derrière lui un souffle erratique et saccadé, deux lèvres rougies et meurtries.

Il ne s’en apitoya pas pour autant. Le blond s’installa au dessus du corps de son amant, et glissa deux mains sur son torse, pour écarter les pans de sa chemise à présent ouverte. La peau sous ses doigts frissonnait, se soulevait fébrilement au rythme d’une respiration haletante. Shézac jouait de ses lèvres et de sa langue sur cette même peau, mordillant parfois un bout d’épaule ou soufflant avec un plaisir réel sur une parcelle encore humide.

Il aspira doucement l’épiderme de son cou, le meurtrissant, et apposant sa marque qu’il se fit ensuite un plaisir de taquiner du bout de la langue. Une main se mit à jouer avec un petit bout de chair brun, l’autre descendit plus bas, un index suivant délicatement la courbe des muscles de son abdomen, frôlant le nombril, s’arrêtant à la ceinture pour la déboutonner d’un geste expert. Deux doigts se faufilèrent sous le tissu détendu, pour effleurer une aine frémissante, avant de remonter, de reprendre ses caresses.

Scysios tenta d’une main peu sûre de retirer la chemise de Shézac. Ce dernier se laissa d’abord faire, puis délaissa ce cou si appétissant, pour s’occuper de nouveau du petit morceau de chair, avec ses lèvres cette fois ci. Le châtain ne put que glisser ses doigts dans la chevelure dorée de son amant, défaisant par désœuvrement l’élastique qui la retenait. Les longues mèches blondes retombèrent par dessus les épaules de leur propriétaire, effleurant délicatement un bassin brûlant de désir. Les baisers de Shézac descendaient encore.

Une ombre noire passa soudain devant la fenêtre, à toute vitesse, plongeant une poignée de seconde la pièce dans la pénombre. Scysios sursauta et se redressa à moitié, surpris.

- Qu’est ce que c’était ?

Le blond soupira, le forçant d’une main impérieuse à se rallonger.

- T’occupe…

Et une langue mesquine taquina un nombril, qui se trouvait par le plus grand des hasards sur son passage.

--

La fenêtre s’ouvrit en grinçant ; Ehissian se faufila souplement à l’intérieur, reprenant lentement forme humaine. Fallnir le suivit de peu, arrivant sur le rebord quelques secondes après son passage. Un vent frais s’engouffra dans la chambre, et son œil brillant, à l’iris étroit, parcourut la pièce du regard. Accroupi sur le rebord de la fenêtre, il ressemblait à une gargouille figée dans la pierre, ses ailes pliées dans son dos, et ses griffes raclant contre les pavés.

Il descendit finalement de son perchoir, et reprit à son tour son apparence humaine. Le dragon referma la fenêtre, tournant la vieille poignée en fer, et pivota ensuite, parcourant une nouvelle fois son nouvel environnement du regard.

Ehissian était assis sur le matelas, un léger sourire aux lèvres, les cheveux en bataille et sa veste de travers, laissant entrevoir une épaule dénudée. Un véritable appel à la débauche.

Fallnir le rejoignit lentement et s’agenouilla devant lui, au milieu de lit. Il posa une main légère sur sa joue, la caressant avec douceur, avant d’attirer son visage contre le sien. Le phénix se laissa faire, docile. Ses lèvres furent capturées en douceur.

Leur escalade nocturne avait un peu atténué leurs ardeurs. Grisés par l’air frais et la vitesse, ils n’en étaient que plus impatients d’approfondir leur étreinte, mais ils s’étaient également rappelés que la lune était encore haute. La nuit serait longue, ils avaient tout leur temps.

La langue de Fallnir s’immisça doucement entre les lèvres du phénix, sa main glissa longuement, de sa joue jusqu’à sa mâchoire, puis sa nuque. Il y avait là une petite cicatrice, toute fine, toute légère. Une griffure, à cause d’une branche d’arbre, sans doute. Qu’importe. Il l’effleura, du bout des doigts, comme il l’avait fait la première fois. Ehissian coula ses bras autour de son cou, et s’abandonna contre lui.

Le baiser s’intensifia un peu, gagna en passion. Lentement, le dragon quitta la nuque, pour venir effleurer le torse, lentement, à travers le tissu de ses vêtements. La veste, plus gênante qu’autre chose, tomba définitivement de ses épaules frêles, et il la lui ôta lentement. Le débardeur du jeune homme connu le même sort ; langoureusement, Fallnir fit remonter le vêtement, centimètre par centimètre, jusqu’à qu’il soit enfin retiré. Il posa sa main à plat sur le torse pâle, entrant en contact avec la peau nue, et quitta doucement les lèvres douces de son oiseau.

Leurs souffles se mêlèrent quelques instant, leurs yeux restèrent plongés l’un dans l’autre, brûlants de désirs.

Puis Fallnir baissa les siens, vers ce torse offert, tandis que ses doigts se plaçaient sur une grande marque bien visible, qui semblait si rugueuse au toucher. Ehissian frissonna. Les lèvres se posèrent à quelques centimètres à peine de la cicatrice, déposant un baiser, puis un autre, langoureusement, lentement…

Comme pour la première fois, Fallnir semblait avide de le toucher, de l’effleurer, de le connaître sous chaque couture. Leur précédente étreinte ne remontait qu’à deux nuits à peine. Il n’avait pas oublié, et n’oublierait probablement jamais l’emplacement de chacune des marques, rouges ou blanches, fines ou larges, anciennes ou récentes. Il savait encore quelles zones faisaient frémir son amant, lesquelles le faisaient gémir, lesquelles le faisaient se cambrer. Il avait tout exploré, des pieds à la tête, dans les moindres détails. Il le connaissait déjà par cœur.

Et pourtant, son corps entier réclamait de le redécouvrir encore une fois, et Ehissian n’en demandait pas moins.

Il s’offrait complètement, sans remuer, sa bouche entrouverte laissant parfois échapper de légers soupirs. Fallnir aurait pu vouloir le tuer, qu’il se serait laissé faire. Docilement, quand une main se posa de nouveau à plat sur son torse, le phénix tomba en arrière. Et les baisers reprirent, l’exploration continua, sur chaque parcelle de son corps embrasé. Longuement, minutieusement, Fallnir recouvrit chaque cicatrice d’un baiser, d’une caresse. D’abord sur son torse et son bassin, puis sur ses bras, et le long de ses jambes, là où elles se faisaient plus rares et espacées.

La blessure à son poignet, celle qui avait dans un sens été la responsable de leur première étreinte, était toujours là, bien visible, s’étendant jusqu’à la paume. Cependant, elle s’était refermée, étrangement vite. C’est celle que le dragon embrassa en dernier, la plus chargée de signification, la plus belle de toutes à ses yeux.

Ehissian en frissonna, de la tête au pied.

Son corps n’était plus qu’un immense brasier, et à chaque endroit où les lèvres et les doigts de son amant s’étaient posés, il lui semblait que de douces flammes se mettaient à danser.

Il le voulait. Maintenant. Tout de suite. Comme animées d’une volonté propre, ses mains se levèrent, presque tâtonnantes, à la recherche du cou de l’auburn. Lorsqu’elles le trouvèrent, elles l’agrippèrent avec ardeur et impatience, attirant son visage contre le sien pour le forcer à prendre ses lèvres. Ce que fit le dragon.

Les paupières closes, installé à quatre pattes au dessus du corps du phénix, il l’embrassa passionnément. Le dos de son index glissa le long de ses flancs, léger comme une plume, jusqu’à la limite de tissu qu’il suivit lentement. Jusqu’à trouver le bouton de métal, et le retirer d’un mouvement adroit, avant de faufiler le reste de sa main sous les deux épaisseurs d’étoffes.

Ehissian se cambra, son torse se coulant contre celui de Fallnir. Ses bras se dénouèrent instantanément et retombèrent sur les draps, au dessus de sa tête, comme sans vie. Le phénix gardait les yeux fermés, ses joues se coloraient lentement de rose, sa respiration se faisait par saccade.

Le dragon le contempla longuement, en proie aux assauts du plaisir, déposant parfois de légers baisers sur la gorge offerte. Ehissian n’en gémissait que plus. Des vagues de chaleurs successives remontèrent de son bas ventre, de là où la main du dragon le torturait, l’assaillant à chaque fois un peu plus fort, pour le faire céder. Bourreau impassible, l’auburn continuait de plus belle, se resserrant et augmentant le rythme de ses doigts au fur et à mesure que les lèvres rougies de son amant laissaient échapper des soupirs.

Le phénix ne tint pas très longtemps. Son corps se cambra un peu plus, une dernière fois, et le feu s’étendit à l’intérieur même de sa tête, brouillant sa vision. Pendant plusieurs secondes, il fut incapable de réagir, troublé, perdu, l’esprit plongé sous les brumes épaisses.

Satisfait de l’avoir ainsi comblé, de s’être enfin gorgé de son visage consumé par des vagues de plaisir, Fallnir se redressa. Doucement, il tenta de défaire sa propre chemise d’une seule main. Ehissian ne tarda pas à émerger pour lui venir en aide, brûlant d’envie de rendre au dragon ce qu’il venait de lui faire subir.

--

A quelques pièces de là à peine, Shézac reprenait avec douceur les lèvres de Scysios.

Il sentait ses mains accrochées dans son dos, crispées par avance sur son échine. Relâchant doucement ses lèvres, son visage frôlant encore le sien, il plongea son regard dans les deux prunelles violettes, et vint lui effleurer la joue. Il lui murmura quelque chose, à laquelle le médecin ne répondit pas. Il lui rendit néanmoins son regard, se raccrochant à la paire d’yeux bleus comme on s’accrochait à une bouée, afin de ne pas sombrer.

Avec un sourire, Shézac l’embrassa de nouveau, et s’immisça lentement en lui.

Leurs gémissements respectifs furent tous deux étouffés par la barrière de leurs lèvres, mais le blond sentit les ongles griffer par mégarde la peau de son dos, et le corps sous le siens se cambrer pour l’accueillir un peu plus. Il continua le baiser, glissant sa langue à la recherche de l’autre, avec malice et douceur. Il joua, quelques minutes, à chat avec elle, puis l’entraîna pour une sorte de danse, sensuelle et tendre. Sa main était toujours posée sur la joue du médecin, la caressant sans arrêt.

Il commença ses mouvements, ni trop brusque ni trop lents, dans l’étroitesse du corps du démon. Ce dernier accompagna chacun de ses gestes de son corps, d’abord presque par un réflexe purement physique, puis par sa propre volonté, comme pour en réclamer plus. Le blond rompit de nouveau le baiser, se baissa jusqu’à l’oreille de son amant, murmura sans cesse des mots et des phrases sans but, dénués de sens, mais qui étaient prononcés avec tellement de passion, qu’ils en prenaient une signification toute particulière. Leur deux corps bougeaient ensembles, souffraient ensembles, subissaient ensemble chaque nouvelle sensation, chaque nouvelle découverte. Un échange unique, langoureux, voluptueux, le temps d’une nuit, le temps d’un soupir, le temps d’un battement de cœur.

Shézac n’était pas violent et possessif, ni impatient et brusque, comme beaucoup pensaient que l’étaient les démons. C’était une idée fausse, préconçue, clichée. La violence, c’était sur les champs de batailles, dans les tavernes, ou au cours d’un duel pour régler une discorde. Les rapports de forces n’étaient nécessaires que lors des combats. Ici, il n’y avait nul besoin de prouver que l’un était plus fort que l’autre. C’était un partage, un échange, pas un moyen d’affirmer son autorité. Ce n’était pas parce que l’un accueillait l’autre en lui qu’il était forcément plus faible. Et ce n’était pas parce que l’un possédait l’autre, qu’il devait en plus se montrer puissant et excessivement dominateur. Il était vrai qu’ils pouvaient être passionnés, pleins d’impatience. Scysios et lui l’avaient été un premier temps, poussés par leurs frustrations mutuelles. Mais les feux finissaient toujours par s’éteindre, et les ardeurs par se calmer. S’il avait cédé à ses pulsions, Shézac aurait blessé le châtain. Blesser l’autre au cours d’une étreinte, y avait-il quelque chose de pire, mis à part de le laisser insatisfait ? Il voulait donner du plaisir, pas de la douleur… La brume qu’il voyait dans ses yeux, le rouge sur ses joues, la force avec laquelle son dos s’arquait ou ses doigts se crispaient, c’était sa douceur et sa chaleur, qui les provoquait. Pas l’utilisation d’un quelconque objet, ou d’une violence, d’une rapidité incompréhensible…

Il entendit le démon gémir, de plus en plus, et augmenta à peine le rythme de ses coups de reins, la passion dans les mots qu’il lui murmurait toujours. Sa voix sonnait comme une douce mélodie aux oreilles du médecin, et le contact de son torse contre le sien, de part la cambrure de son dos, intensifiait encore les sensations qu’il percevait. Comme un tourbillon, elles se mêlaient les unes aux autres, et fondaient sur lui toutes en même temps…

Shézac déposa un baiser sur une tempe en sueur, et effleura encore la joue si douce, rougie par le plaisir. Il entendait presque son cœur battre, à l’unisson avec le sien. Les paupières étaient closes, sur les deux yeux violets maudit. Mais qu’importe, Shézac savait déjà ce qu’il aurait pu y lire.

Celui-ci frissonna, sous l’effet d’une griffure, faite par des doigts passionnés mais à bout de force. C’était la seule forme de douleur qu’il acceptait, au cours d’une étreinte de ce genre. Celle proccuré par inattention, sous l’effet du désir. Il n’y avait rien de plus plaisant, au petit matin, que de contempler les marques de morsures et de griffures, que l’on avait faites sur le corps alangui de son amant. Comme la trace indélébile de cet instant précieux, ou deux corps se mêlaient en toute connaissance de cause.

Sa main quitta sa joue, glissa le long de sa gorge, se posa sur son torse, puis effectua exactement le même chemin, en sens inverse. La peau de son amant frémit sous son contact, et les gémissements se firent un peu plus troublés et perdus. Le blond posa son front contre celui du châtain, les yeux fermés, leurs deux souffles se mêlant étroitement. Ils allaient bientôt céder, il le sentait. Une chaleur bienfaisante les enveloppait déjà tout les deux. Encore quelques mouvements, de hanches et de reins, quelques cambrures, quelques soupirs synchronisés, comme deux amants qui se connaissaient déjà depuis des siècles, des millénaires…

Ils ouvrirent leurs paupières probablement au même instant, leurs prunelles s’encrant les unes dans les autres, sentant comme une vague immense et énorme emporter d’abord l’un, puis l’autre, quelques instants plus tard. C’était bon, délicieusement bon, et chaud, et tendre, et…

Shézac sentit ses forces l’abandonner, et dut se faire violence pour ne pas s’écrouler là, et émerger lentement du brouillard. Le souffle rauque, il garda appui sur ses deux mains, alors que celles qui martyrisaient son dos ce détendaient, peu à peu. La poitrine de Scysios se soulevait par saccade, l’air demandant avec force l’accès à ses poumons. Le blond se retira, en douceur, pour ne pas le blesser. Il se laissa ensuite tomber à ses côtés, incapable d’en faire plus. Le corps du médecin se coula presque par instinct contre le sien, attiré par sa chaleur, sa tête lovée contre son torse, une main posée sur sa taille, reprenant peu à peu conscience du monde extérieur.

Le démon l’enveloppa d’un bras possessif, pour l’attirer encore un peu plus contre lui. Leurs chevelures respectives étaient toutes deux défaites, dans un état d’emmêlement inquiétant. Shézac espérait, secrètement, que certaines de ses mèches se retrouveraient nouées à celles de son amant. Cela promettrait une séance de démêlage plus qu’amusante. Il posa un baiser sur le front dégagé, effleurant du bout des doigts le creux de ses reins. Scysios en sourit, doucement, mais garda les yeux clos.

Le blond le regarda, longuement.

-Ca faisait longtemps que tu n’avais pas couché avec quelqu’un ? Murmura-t-il doucement, sa tête posée sur l’oreiller.

Un tout petit chuchotement, à peine plus fort que leurs deux respirations mêlées, comme pour préserver la fragilité de la douceur de l’instant.

Le médecin remua un peu, et poussa un très léger soupir.

-Ce n’est pas le moment de poser une question pareille… répondit-il tout aussi bas, un léger sourire se dessinant un peu plus sur ses lèvres.

Shézac rapprocha encore un peu son visage du sien, réaffirmant sa prise autour de son corps. Il se serait volontiers laissé porté par le sommeil… Ce qu’il aillait d’ailleurs faire, dans peu de temps. Mais pas encore.

- J’en déduis donc que ça faisait un certain temps.

La main délicatement posée sur sa taille bougea un peu, et lui pinça amicalement les hanches. Le blond n’en sourit que plus. Il comprenait, maintenant, pourquoi Scysios était resté si surpris lorsqu’il l’avait embrassé tout à l’heure, au bar. Le médecin ne s’attendait certainement pas à voir débarquer un autre démon à la Volière. Mais après tout...

Il comprenait aussi l’ardeur avec laquelle il avait cédé à ses avances. Un démon pouvait dire tout ce qu’il voulait, il ne faisait pas long feu sans des rapports charnels réguliers.

-Dis, je peux pieuter là ce soir ? Murmura de nouveau Shézac avec une pointe d’innocence.

Son nouvel appartement n’était qu’à quelques portes de là, mais il lui semblait bien trop loin et trop froid, pour lui donner envie d’y retourner. Encore trop impersonnel et sombre. Toutes ses affaires étaient toujours rangées, le lit défait… Non, pas envie.

Tandis que là, l’endroit était dans un joyeux bazar accueillant, chaleureux, et surtout, le lit agréablement réchauffé par le corps d’un démon qui somnolait déjà. Vraiment pas envie.

-Hmm… ‘Tu veux….

Un front vint se poser contre son torse, comme pour illustrer ces paroles. Le blond sourit, et se redressa légèrement pour remonter la couverture sur les épaules du châtain. Il se rallongea ensuite, et enlaça délicatement de ses bras la silhouette déjà assoupie contre lui. Peut-être par instinct, ou un dernier effort contre le sommeil, le corps du démon ne s’en bouina que plus, contre le sien.

--

Ehissian se blottit contre Fallnir, les genoux repliés et ses deux poings refermés, posés sur les draps entre leurs deux corps. Sa respiration était toujours légèrement haletante, et ses joues conservaient encore une légère trace de rougeur. Du bout des doigts, le dragon effleurait sa chevelure, remettant les mèches éparses à leurs places, caressant sa joue et son visage comme on le faisait avec un objet fragile et délicat, ou un petit animal. La couette à triangle était remontée jusqu’à leurs épaules, les enveloppant dans une douce et protectrice chaleur.

Le phénix ne s’était rarement sentit aussi bien. Comme lorsqu’il était enfant, et qu’il courrait en pleine nuit se réfugier dans le lit de ses parents, effrayé par un cauchemar… Il avait alors l’impression que rien ne pourrait l’atteindre, qu’il était dans l’endroit le plus sûr du monde, à l’abri de tout. Le corps de Fallnir était un peu comme un rempart, un bouclier protecteur, qui chassait les dangers et les ennuis comme on balayait un vulgaire moustique. Et tant qu’il serait là, à ses côtés, il n’y aurait plus jamais de mauvaises nouvelles, plus jamais de périls inconsidérés, et plus jamais cette pluie de flamme, qui s’abattait contre la tour de pierre, et qui embrasait la roche comme on allumait un feu dans une cheminée…

Non, cela ne se produirait plus jamais. A présent qu’il l’avait rencontré, le dragon serait toujours là pour le protéger. Dans la chaleur de ses bras, sa main caressant toujours son visage, l’avenir était radieux, le soleil éternel, les jours chargés de plaisir et de joies. Il serait avec lui tout le temps, il verrait son sourire, et il pourrait l’embrasser et se blottir dans ses bras à loisir, devant tout le monde, à n’importe quel moment, quand il le souhaitait…

Si seulement cela pouvait être vrai. Si seulement il n’était pas chevalier, si seulement il n’avait pas choisi de placer sa vie entre les mains de son prince.

Demain comme dans deux heures, il pouvait être appelé en urgence, pour exécuter une mission de la plus haute importance, qui si elle ne le tuait pas, le laisserait encore avec de nouvelles cicatrices. Il pouvait mourir, être blessé, Fallnir ne pourrait rien y changer. Il ne pourrait même pas l’empêcher de partir, ni en le retenant contre lui, ni même en l’assommant pour le forcer à dormir. Quelqu’en soit le prix, Ehissian finirait toujours par rejoindre Lékilam, et foncer tête baissée, sans réfléchir une seule seconde à l’ordre qu’on lui avait donné. Son souverain parlait, il obéissait. Son rôle n’était pas de contester, mais d’exécuter. Son avis n’entrait pas en compte dans la décision…

Pourtant, son prince était quelqu’un de bon qui ne l’envoyait jamais droit dans le mur, ou tout du moins jamais avec plaisir et sans un minimum de préparation. Rares étaient les missions véritablement dangereuses qu’on lui confiait. Mais ils étaient en temps de paix, dans un monde où les conflits qui impliquaient les phénix se comptaient sur les doigts de la main. Si jamais, un jour, les circonstances venaient à changer, Ehissian devrait se tenir prêt à mourir pour son souverain. C’était la voie qu’il avait choisit, alors qu’il était haut comme trois pomme, le rêve de toute sa vie, qu’il avait toujours cru accomplir avec loyauté et courage.

Qu’est ce que ça lui semblait stupide, à présent. Sa vie à la Volière n’était pas très difficile. Il était le seul Chevalier ardent de l’immeuble, aucune discipline ne lui était imposée, il n’avait aucune obligation à respecter sans faute. En dehors des tâches que lui confiait Lékilam, il était libre de faire ce qu’il voulait, quand il le voulait. Et il savait qu’ailleurs, sur leur monde d’origine, les choses n’auraient pas du tout été comme cela. Un peu comme des vacances, ou une chance inespérée, que de pouvoir profiter de cette vie de calme et de liberté. Pourtant, cela ne serait pas éternel. Son prince devrait, un jour ou l’autre, retourner auprès de sa mère, prendre la tête du royaume. Ce jour là, si on ne lui donnait pas l’ordre de rester pour veiller sur la tour et ses habitants, il serait forcé de le suivre, sans discuter, quel que soit son avis ou les raisons qui le retenaient ici. Et Fallnir ne pourrait pas le suivre. Il ne pourrait d’ailleurs même pas rester à la Volière. Il était un dragon, l’ennemi héréditaire des phénix, un guerrier cruel et barbare, qui ne savait que causer de la souffrance et faire couler le sang… Ce n’était qu’un stéréotype que l’on inculquait aux petites têtes plumées dès leur plus jeune âge, mais c’était néanmoins le point de vue de nombreux phénix, encore aujourd’hui. Un préjugé qu’il ne pouvait pas partager, étant lui même un chevalier, un guerrier entraîné à se battre, à défendre, mais aussi à tuer. Il avait déjà côtoyé des dragons, il savait que ce que les gens racontaient était bien loin de la réalité. Il savait aussi que, côté lézards, les rumeurs sur les phénix allaient aussi bon train. Les légendes se succédaient, se racontaient de générations en générations, et la méfiance et la suspicion persistaient toujours, des milliers d’années après le dernier conflit réel qui avait opposé les deux peuples.

Fallnir n’était absolument pas comme les gens le pensaient. Il était doux, gentil, calme, attentionné, prévoyant. Il lui souriait toujours, l’étreignait avec tendresse, et même si, au cours des quelques heures qu’il avait passé avec lui, il avait bien découvert chez lui cette trace d’ironie et d’irritabilité propre à son espèce, il avait aussi appris que la méchanceté n’était pas dans sa nature. Mais cela, certaines personnes ne prendraient même pas la peine de chercher à l’apprendre. Pour elles, un dragon était un dragon, violent, puissant, sanguinaire, totalement dénué de gentillesse. Jamais il ne serait accepté parmi eux, jamais il ne pourrait rester à ses côtés, jamais il ne pourrait l’embrasser ouvertement, devant d’autres phénix. Il tremblait même de peur à l’idée que quelqu’un, au Yellow bird, ait pu les surprendre, et les reconnaître. Fallnir avait été prudent, il masquait sa véritable nature, mais on ne savait jamais, et il y avait toujours un risque…

Et si sa sœur, le lendemain, débarquait à l’improviste, comme elle savait si bien le faire, et qu’elle les surprenait l’un dans les bras de l’autre, ou que Kellnet vienne frapper, pour prendre des nouvelles, ou…

L’auburn prit soudainement la tête de son compagnon entre ses deux mains, le forçant à se calmer, et Ehissian réalisa alors qu’il s’était mis à frissonner.

-Hey, ça va pas ?

Les yeux clairs du dragons semblaient lire en lui comme dans un livre, et le phénix se plongea dedans avec angoisse. Maintenant qu’il l’avait retrouvé… Maintenant qu’ils avaient passé deux jours horribles, à s’attendre et se désirer à distance, et qu’ils étaient enfin réunis… Il ne voulait plus être séparé, se réveiller de nouveau seul, alors qu’il avait goûté à la chaleur de ses caresses et de son regard. Il ne pourrait pas supporter de nouveau la solitude, après ces quelques heures passées en sa compagnie.

-Qu’est ce qu’on va faire, maintenant ? Je veux… Je veux rester avec toi… Murmura-t-il d’une voix désemparée.

Il fixa le dragon avec amertume, une lueur angoissée au fond des yeux. Ehissian était perdu, troublé, désespéré à l’idée de devoir encore se séparer de lui. Pourtant, Fallnir lui sourit, et ce fut comme si un rayon de soleil chassait les nuages qui obscurcissaient sa vie. Sans relâcher son emprise sur son visage, il avança sa tête, et posa son front contre le sien, lui lançant un regard doux et confiant.

-Calme toi. Tout ira bien.

Les mots agirent comme une berceuse, et lentement, le phénix se détendit. Il se coula un peu plus contre son partenaire, et doucement, les mains quittèrent son visage, pour l’enlacer avec tendresse.

- Demain, tu te lèveras, tu reprendras ta vie, normalement, comme si de rien n’était. Et lorsque la nuit tombera, je reviendrai te voir…

Ehissian hocha la tête, complètement hypnotisé. Le revoir, encore, c’était tout ce qu’il voulait…

-Attend.

Le dragon s’écarta de lui, et se pencha par dessus le rebord du lit pour fouiller parmi ses vêtements, posés en vrac sur le sol de la chambre. Il y eut des bruissements de tissus, et puis un cliquetis métallique. Fallnir retourna auprès de lui, et lui tendit quelque chose.

Le phénix l’attrapa, intrigué. Il s’agissait d’une clef simple, plate, en métal. Sur un côté, une initiale était gravée. Un V majuscule, l’initiale de la Volière. Ehissian la reconnut tout de suite, il en avait une de semblable, posée sur le comptoir de sa cuisine. Tous les habitants de l’immeuble en avaient une similaire.

-Que…

L’auburn posa un doigt sur ses lèvres, pour le faire taire.

- C’est une longue histoire. Mais je te raconterais tout, demain soir, quand tu viendras me voir. Comme ça, tu pourras choisir les moments qui te gêneront le moins.

Ehissian sourit, serra précieusement la clef entre ses mains, et embrassa le doigt posé sur ses lèvres. Fallnir lui rendit son sourire, avec tendresse.

-Maintenant dort, il est très tard.

Gardant toujours la clef dans son poing fermé, au risque de se faire mal, le phénix ferma les yeux, obéissant, et se blottit de plus belle contre le corps de l’auburn. Ce dernier l’accueillit avec douceur, enlaçant sa taille de ses deux bras. Il lui embrassa le front, tendrement.

Dans son cœur, le dragon partageait exactement les mêmes doutes que lui. Mais peut-être que le sommeil les apaiserait, et l’aiderait à trouver une solution. Si solution il y avait…

-Dit … ? On est… amant, maintenant ?

Ehissian le fixait, les yeux pleins d’incertitude et de curiosité. Irrésistiblement tentant et adorable. La réponse vint naître toute seule sur les lèvres de Fallnir, avant même qu’il eut pris le temps d’y réfléchir, de peser le pour et le contre, de choisir les mots qui conviendraient le mieux.

-Oui… Je crois que c’est ce qu’on dit pour les situations comme celle là… murmura-t-il dans un sourire, avant de le regarder s’assoupir, doucement.

--

Fallnir se tenait dans l’embrasure de la porte, face à Ehissian. Il était douché, mais avait revêtu ses vêtements de la veille, et devait encore retourner dans son nouvel appartement pour se changer. De la fenêtre grande ouverte de la chambre d’Ehissian provenait une vive lumière blanche, qui créait comme une aura autour du phénix, un halo dans le contre jour. Debout dans l’embrasure de la porte, les cheveux en batailles et un sourire béat sur les lèvres, les yeux pétillants de joie et de malice, il le trouvait beau à se damner, avec sa couette passé par dessus ses frêles épaules en guise de tenue. Si le prince ne lui avait pas ordonné de se rendre à la salle commune avant midi, il l’aurait tout de suite poussé de nouveau sur le lit, pour le comparer avec et sans la couette.

Du bout des doigts, Fallnir attrapa le visage de son vis-à-vis entre ses deux mains, et l’embrassa, tendrement, passionnément. Ses lèvres étaient douces et chaudes, rosées comme la chair d’un fruit exotique, et il mourait d’envie de les dévorer encore et encore. Mais ça n’aurait pas été raisonnable. Alors il rompit le baiser, et plongeant son regard dans le sien encore quelques secondes, il relâcha son emprise sur sa tête, avant de disparaître dans le couloir.

Un sourire plus large que jamais affiché sur le visage, Ehissian faillit défaillir, mais se rattrapa de justesse à la poignée de la porte, pour refermer cette dernière avec difficulté. Il serrait toujours la petite clef plate au creux de sa main.

Ils étaient amants, maintenant.

--

La lumière crue du soleil agressa ses pupilles fatiguées, et fit cligner les paupières de Scysios. Mauvaise idée, que de les avoir ouverts. Alors qu’il était tellement bien, au pays des rêves, lové dans une douce chaleur accueillante…Mais c’était justement la disparition de cette douce chaleur accueillante qui l’avait réveillé. Ca, et le bruit de la douche.

Frissonnant, il se retourna, et s’emmitoufla un peu plus sous les draps. Pas envie de se lever. Trop tôt. Trop froid, dehors. Trop bête, aussi, mais ça c’était une autre histoire. Ses paupières se refermèrent de nouveau, toutes seules. Morphée lui tendait les bras, du haut de son nuage moelleux, lui promettant déjà monts et merveilles.

Morphée était un sacré bon vendeur.

Il aurait droit à l’épluche légume, s’il prenait le pack complet dodo réparateur/ rêves tous doux/ réveil dans une douzaine d’heures ?

Le bruit de l’eau qui coulait cessa d’un coup. Le silence était apaisant, berçant, comme pour l’inciter à dormir.

Morphée avait des alliés imparables. Se rendormir, un bon moment, pour laisser le temps à son corps de récupérer et à ses courbatures de disparaître, puis se lever à son rythme et prendre un bon petit déjeuner riche en chocolat, voilà ce qu’il allait faire. Quel programme alléchant. Et puis comme ça, il pourrait peut-être réussir à se convaincre d’avoir rêvé, de ne pas être allé au club la veille, de ne pas y avoir rencontré un blond à la chute de rein parfaite, et de ne pas avoir terminé la nuit dans ses bras, ici, dans sa propre chambre.

Manque de bol, le dit blond à la chute de rein parfaite sortit à ce moment là de la salle de bain, une serviette vaguement nouée sur sa dite chute de rein parfaite. Morphée était vachement bien foutu, quand même. Et puis c’était gentil, de se déplacer en personne pour le ramener au pays des rêves… Il referma les yeux qu’il ne se rappelait même pas avoir ouvert, poussant un faible gémissement ensommeillé.

Dormir, et oublier la moto vrombissante qui tournait dans sa tête, comme par reproche. Dormir, et puis récupérer sa peluche, aussi. Celle qui bougeait, qui marchait, qui était grande, blonde, et qui se baissait actuellement pour ramasser ses affaires. Scysios n’était pas d’accord, il était beaucoup mieux sans vêtements. Mais en même temps, c’était vrai qu’il faisait froid, et que sortir dans le couloir en serviette ne serait peut-être pas une bonne idée. Il n’avait qu’à revenir sous la couette, tiens. Il n’aurait pas froid, et pas besoin de se rhabiller non plus, pas même de garder la serviette.

Un bâillement fort peu discret lui échappa. Ses paupières avaient été lestées avec des figues, ou deux énormes sacs de sable. Il n’arrivait pas à les garder ouvertes suffisamment longtemps pour ne serait-ce que jeter un œil à son réveil. Trop loin. Mais d’après ce qu’il pouvait distinguer… fin de matinée déjà très avancée. Trop tard pour un petit dèj’, bonne raison de plus pour rester coucher.

Un poids se fit sentir sur le matelas. Il gémit en protestation, et se tourna de nouveau, montrant son dos à cet enquiquineur de Morphée qui ne semblait plus vraiment vouloir l’endormir de nouveau. A quatre pattes, on s’approcha de lui. Il ne broncha pas, bien décidé à dormir. Mais il sentit un souffle chaud, dans sa nuque, et deux lèvres humides qui vinrent taquiner son oreille avec sensualité…

-Debout… C’est plus que l’heure…

Si Scysios en avait eu la force, il aurait attrapé l’oreiller pour en asséner un bon coup dans le visage de l’importun. Malheureusement, épuisé, il ne parvint qu’à exécuter un faible mouvement de bras, qui eut pour seul effet de provoquer l’éclat de rire de Shézac. Comme une cascade, claire et cristalline, qui le berçait agréablement.

-Je vais m’en aller… murmura de nouveau ce dernier, sur un ton plus doux.

Le châtain ouvrit un œil, une seconde, puis le referma. Trop dur de le garder ouvert.

-Déjà… ?

-Tu aurais voulu que je reste plus longtemps ?

Scysios imaginait parfaitement le sourire stupidement ravi du démon. Alors il ne prit même pas la peine de répondre, se contentant de s’enfouir un peu plus sous sa couverture. Le poids en trop sur le lit ne tarda pas à disparaître, et il entendit le bruit de la poignée, qu’on tournait délicatement.

-Allez, salut !

Il fit un vague mouvement de main, dépassant à peine la hauteur de l’oreiller. La porte se referma, il était seul dans la pièce.

Il soupira.

Dans la catégorie stupidité crétine complètement débile, il venait d’exploser tous les records. Non seulement il ne l’avait pas forcé à rester endormi, pour lui servir de radiateur, mais en plus il ne l’avait même pas retenu. Alors que si justement, il lui avait dit qu’il voulait bien qu’il reste plus longtemps…

Mais qu’est ce qu’il racontait. C’était très bien comme cela. Ce qu’il n’aurait pas dû faire, c’était d’accepter ses avances, la veille.

Quelle idée de coucher avec lui. D’accord, il était vrai que cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait rien fait. Il était un démon après tout, et son corps était frustré, à la longue. Alors quand il avait vu Shézac, et que ce dernier lui avait fait des avances aussi… avancées, il n’avait pas pu résister. Dans un sens, il avait bien fait, et ne regrettait qu’à moitié. De l’autre, il devait faire de gros efforts pour ne pas se fracasser la tête contre le mur le plus proche.

Quel idiot. Ramener le blond chez lui, et s’être ouvertement laisser draguer, en plein milieu du night club.

Scysios priait pour que personne ne l’ait vu. Mais la salle était sombre, et bondée, et ils étaient dans un coin particulièrement envahi, il y avait très peu de chance pour que… Lyde, Lyde l’avait vu. Et pas qu’une fois, ni à la dérobée. Juste devant lui. Il sentit ses oreilles devenir rouges.

Mais non, il pouvait faire confiance au phénix, il ne raconterait rien à personne. Il savait garder les secrets. Au pire, il n’en parlerait qu’à sa fiancée…

Soit la plus grande commère de tout l’immeuble.

Il était fichu.

Non. De toute manière, Shézac ne serait pour eux qu’une relation d’une nuit, juste un voyageur de passage. Certes, ça avait été très agréable, mais c’était la première et la dernière fois qu’il le voyait dans cette chambre. Non, il ne le croiserait plus ici, l’affaire resterait enterrée, les souvenirs enfouis dans la catégorie « nuit agréable mais à ne pas évoquer souvent devant un phénix de la Volière ». Voilà, c’était tout, au pire, si quelqu’un apprenait quelque chose, et bien il subirait quelques regards moqueurs, auxquels il répondrait par un tirage de langue en règle, et dans quelques semaines, l’affaire serait oubliée. Pas la peine de se faire du mouron.

Une sonnerie aïgue et musicale coupa court à sa tentative d’auto conviction. Repoussant sa couette d’un geste ensommeillé, il se pencha par dessus le rebord de son lit, et tâtonna un instant sur sa table de nuit encombrée, à la recherche de son portable. Il renversa son réveil, et se rappela avec un temps de retard qu’il n’avait pas sorti son téléphone de ses vêtements, la veille. Dans la poche avant de sa veste en jean, par terre, au pied du lit. Il ne sut jamais par quel miracle il réussit à l’atteindre sans s’étaler lamentablement au sol, perché qu’il l’était au dessus de son matelas.

-Scysios à l’appareil, annonça-t-il d’une voix faible, bâillant à moitié.

- ‘Scuse moi, je vous ai réveillé ?

Scysios devinait sans peine le sourire goguenard de Lyde, à l’autre bout du fils. Quand on parlait du pigeon. Mais le phénix avait toujours eu un sixième sens pour ce genre de chose, ou un don de voyance, le démon en était persuadé.

-Non, je ne dormais plus. Et je suis tout seul, précisa-t-il avec un temps de retard.

Il y eut un silence, seulement entrecoupé par des bruits de vaisselles et de couverts déformés par le téléphone. Le barman devait se trouver dans la salle à manger, en train de prendre son petit déjeuner, avec les autres.

-Oh. Il est parti ?

Le châtain soupira, et s’accouda de sa main libre au matelas.

-Pas tes oignons.

-Désolé. Non, quitte pas ! J’appelais pour te dire que le prince veut tous nous voir à midi, dans la salle commune. Tu pourras y être, ou tu as encore du mal à marcher ?

Scysios lui raccrocha au nez. Il y avait deux manières d’interpréter sa plaisanterie douteuse, et aucunes des deux ne lui plaisait. En s’étirant, il roula sur lui même, et s’enfouit de nouveau sous ses couvertures. Dodo.

Il était presque midi, quand il arriva, propre et réveillé, dans la salle commune.

Autrefois, lorsque la tour était entièrement peuplée, les cuisines occupaient tout un étage, et la salle à manger un autre. Des dizaines de personnes s’affairaient dans chacune des deux salles, se relayant afin de préparer les repas quotidiens de tous les autres habitants. Un travail considérable, qui nécessitait bien évidemment beaucoup d’espace et d’organisation. Aujourd’hui, il n’y avait guère plus besoin que d’un seul étage, divisé en trois parties pour économiser de la place, et ils n’étaient plus que cinq ou six, à s’activer derrière les fourneaux, sous la houlette de la nymphe Libellule. La salle à manger était juste à côté, toute en longueur, et la troisième partie était ce qu’ils appelaient la salle commune. C’était en quelques sorte le lieu de rendez vous, de détente, de discussions de l’immeuble, aménagé sur l’ordre direct du prince Lékilam. Troisième quartier général des Feather, le groupe de Kellnet et d’Ehissian, après le milieu de la grande table et le night club, et certainement le lieu le plus fréquenté de tout l’immeuble.

La pièce était décorée assez chichement, et le mobilier exclusivement composé de tables et de chaises, ainsi que d’armoires pleines de jeux de société, de cartes et de livres. Un billard aussi, dans un coin, et un baby foot ayant connu son heure de jeunesse et de gloire. Une télé de taille assez conséquente occupait une extrémité de la pièce, avec deux canapés et trois confortables fauteuils. Si jamais le nombre de spectateur dépassait le nombre de places assises, il suffisait de s’installer sur l’épais tapis, ou de tirer une chaise entre ou derrière les canapés.

Scysios se souvenait d’ailleurs très bien d’une course de moto qui avait nécessité l’achat d’une télé plus grande, afin de permettre aux personnes assises au fond de la salle de pouvoir lire les statistiques qui s’affichaient en bas de l’écran.

Mais ce jour là, le poste demeurait éteint. Sa place favorite était également libre, la banquette droite du canapé situé juste en face de la télévision. Il l’occupait depuis des années et les autres habitants, par habitude, la lui laissait très souvent lorsqu’il était à la Volière. Lyde était déjà assis à l’autre bout du divan, les bras passés par dessus le dossier. La pièce était bondée, pleine de personnes et de discussions. Le prince les avaient tous réunis ici, afin de leur parler directement. Le fait n’était pas rare, mais suscitait tout de même la curiosité de beaucoup de monde, et les rumeurs allaient bon train. Ils n’étaient qu’une soixantaine, à habiter l’immeuble, mais une soixantaine de phénix curieux et impatients pouvait être tout aussi terrible qu’un millier de soldats assoiffés de sang. Et son canapé était à l’autre bout, à la fois si proche, et si inaccessible…

Le démon inspira un grand coup, et s’apprêta à fendre la foule amassée à grand renfort d’excuse et de sourire, lorsqu’il sentit quelque chose tirer le bas de son pantalon.

-Scy !

Il baissa les yeux, pour croiser le regard sombre et les mèches en batailles d’un adorable petit monstre haut comme trois pommes. Léto lui souriait de toutes ses dents, nullement gêné par le rassemblement d’adultes aux alentours. Au contraire, cela semblait même l’amuser.

Avec un sourire, Scysios s’agenouilla, et souleva le petit bonhomme dans ses bras. Ce dernier tendit même les bras pour s’accrocher un peu mieux, trop heureux de gagner un bon mètre de plus en l’espace de quelques secondes. Le monde vu d’en haut, c’était génial. Ca donnait encore plus envie de grandir, et de savoir voler… Même si d’après son père, ce n’était pas encore d’actualité. Alors pour le moment, il se contentait de grimper dans les bras d’un adulte pour patienter.

-Bonjour toi… Tes parents ne sont pas là ?

Léto secoua la tête.

-Si, mais ils discutent, répondit-il en plissant les yeux, comme si le mot discuter était une aberration.

Ca, en revanche, c’était une chose que le petit phénix ne comprenait pas. Comment faisaient les grandes personnes pour se parler pendant des heures de choses totalement ennuyeuses ? Alors qu’il y avait tellement d’activité à faire quand on était vieux, comme d’aller se promener dans la ville, pour voir la neige qui restait encore dans les arbres, essayer d’escalader l’immeuble, ouvrir tous les placards de la cuisine, pour attraper les paquets de gâteau, sans avoir besoin de tirer une chaise et de prendre le risque d’attirer quelqu’un… Ils étaient grands, et ils n’en profitaient pas. C’était nul.

Le démon alla s’asseoir sur le canapé, Léto toujours dans les bras, et le barman se décala légèrement pour leur permettre de s’installer. Le petit phénix était aux anges. Juché sur les genoux du médecin, il pouvait jeter des coups d’œil par dessus son épaule et le dossier du divan. Il apercevait vaguement la chevelure sombre de sa mère, dans un coin de la pièce, et les membres du groupe des Feather, plongés dans une grande discussion. Ehissian venait juste de les rejoindre, et il lui fit un petit sourire en l’apercevant, auquel Léto répondit par un geste de la main. Tonton Ehissian avait toujours été très gentil. Moins que tonton Scysios, qui lui donnait du chocolat, ou tonton Lyde, qui avait toujours un verre de soda pour lui, mais gentil quand même.

Le phénix à la peau sombre lui ébouriffa affectueusement les cheveux. Il n’y aurait pas de verre de soda dans l’immédiat, mais ça ne saurait tarder. D’ailleurs, un carré de chocolat apparut subitement dans son champ de vision, et il s’empressa de s’asseoir plus confortablement sur les genoux du démon pour le dévorer avec application.

-Mange pas trop vite, tu vas t’étouffer, prévint le barman avec un sourire. Au fait, Scysios, bien dormi ?

Le démon lui jeta un regard noir, et cassa un autre morceau de sa tablette secrète pour le donner à Léto.

-Ca ne te regarde pas.

Lyde se rapprocha de lui, une rangée de dent blanche apparaissant sur son visage sombre.

-Mais bien sûr que si, ça me regarde. Je me soucie du bien être de mes clients. Il t’a donné son numéro de téléphone ? Il habite dans les parages ou il était juste de passage ?

Scysios soupira, et passa une main dans la chevelure en bataille du petit phénix. Ce dernier se blottit un peu contre lui, grignotant un nouveau carré de chocolat.

-Non, il ne m’a pas donné son numéro de téléphone. Si tu veux tout savoir, je ne lui ai même pas posé la question, et je ne compte de toute manière pas le revoir ici. Je ne crois pas qu’il …

La porte s’ouvrit, et le silence se fit dans la pièce. Ils se tournèrent tous les trois en même temps, s’asseyant de travers sur la banquette pour mieux voir.

Lékilam entra le premier, tout sourire, Pavel sur les talons. Fallnir suivait, quasiment poussé par un Shézac au sourire plus large encore que celui du prince. La foule s’amassa en arc de cercle, autour d’eux, et il y eut quelques secondes de silence, durant lesquelles les nouveaux venus furent soumis à un long examen visuel.

-Bien, intervint Lékilam en frappant avec entrain dans ses mains. Je vois que tout le monde a fait passer le message.

Il parcourut la salle de son étrange regard lavande, un doux sourire sur les lèvres. Tous les regards étaient tournés vers eux quatre, en particulier sur les deux étrangers. Le dragon essayait de se faire tout petit, derrière le blond, évitant soigneusement de croiser les regards. Pas même celui d’Ehissian, qui pourtant, caché au milieu de la foule, n’avait d’yeux que pour lui. Le phénix savait déjà ce que le prince allait dire. La petite clef reposait au fond de sa poche, bien à l’abri. Mais le seul fait d’entendre le prince l’annoncer… Qu’on lui dise en face que tous les jours, il pourrait se réveiller à ses côtés, dans la chaleur de ses bras…

Il se sentit défaillir de bonheur, mais resta néanmoins bien campé sur ses deux jambes. Ca n’aurait pas fait bonne impression, de s’évanouir devant tout ce monde.

-Je vous ai réuni ici aujourd’hui pour vous présenter deux nouveaux habitants. Ils résideront parmi nous aussi longtemps qu’ils le voudront, aussi, je vous demanderai de leur faire bon accueil. Je vais les laisser se présenter par eux mêmes, et faire plus amplement connaissance avec vous. Bonne journée !

Fidèle à lui même, le prince Lékilam expédiait toujours ce qui aurait dû être long et développé en quelques phrases précises et directes. C’était une sorte de don, de pouvoir rester souriant, poli et aimable, tout en envoyant proprement balader quelqu’un.

En quelques secondes, lui et son garde du corps quittèrent la pièce, comme un tourbillon qui passait et repartait en un éclair, et il y eut une micro seconde de silence gêné.

-Shézacounet !

Libellule se jeta dans les bras du démon. Elle se suspendit à son cou, et ce dernier ne fit pas un geste pour l’arrêter, bien au contraire.

-Mon Shézacounet ! Je n’ai pas eu le temps de te parler, hier soir. Ca va ? Tout va bien ? Vous êtes déjà installé ?

-Oui oui, tout va bien. Tu nous présente ? demanda-t-il en parcourant la foule d’un sourire avenant.

Subitement, une grande animation s’empara de la pièce. Les conversations reprirent d’un seul coup, dans un brouhaha assourdissant, et une foule de personnes se pressa autours des deux nouveaux venus, pour les assaillir de question. Fallnir tenta vainement de s’esquiver, persuadé qu’on allait le lapider sur place. Il ne s’était pas attendu à une présentation publique, devant tous ces gens… Il était un dragon, cela se voyait à dix kilomètres. Mais étrangement, ce détail sembla passer à la trappe. Shézac, lui, paraissait parfaitement à l’aise, la jolie nymphe accrochée à son bras, recevant principalement des compliments sur son apparition remarquée de la veille. Bon nombres de phénix avaient assistés à sa chanson, et tenaient apparemment à l’en féliciter. Les musiciens les premiers, qui occupèrent même le périmètre le plus proche du démon pendant un bon moment.

Eludant plusieurs questions, ou les écoutants à peine, un sourire peu sûr scotché aux lèvres, le dragon tentait vainement de fuir. Ehissian était lui aussi près du blond, avec les membres de son groupe.

C’était donc grâce à cette jeune nymphe, que le prince les avait acceptés ? Et c’était également elle la mystérieuse amie que le démon souhaitait revoir ? Apparemment, vu avec quel enthousiasme elle lui avait sauté dessus.

Un bras passa soudain au dessus de ses épaules, et Shézac, volant à son secours, s’empressa de le présenter à ses « nouveaux amis ».

Fallnir fit un sourire timide, et un petit geste de la main. Juste face à lui, Ehissian eut une réaction similaire, juste avant qu’un Kellnet ayant récemment récupéré sa voix ne le bouscule pour s’accaparer le démon.

Sur le canapé, Léto se rassit, et leva sa bouille ronde vers le visage de Scysios.

- C’est qui le monsieur à qui veut parler mon papa ?

Le médecin lui sourit, et passa sa main dans les douces mèches du petit phénix, pour les lui ébouriffer. A côté d’eux, Lyde le regarda, une mine un peu déçue sur les lèves. Bon point, contrairement à ce qu’il croyait, le blond allait rester un bon moment parmi eux. Mauvais point, les deux démons s’étaient déjà séparés, au profit –dieu que ça lui coûtait de dire ça- de la nymphe. En fin de compte, c’était juste une seule chanson, qu’ils avaient partagés, avant de repartir chacun de leur côté. Ce n’était pas étonnant, mais tellement peu amusant…

Quoique d’un autre côté… Il pourrait peut-être essayer de les recoller ensemble. Oui, ça serait un défi intéressant. Ou bien leur trouver quelqu’un d’autre ? Ce Shézac avait l’air beaucoup plus proche de l’idée qu’il se faisait d’un vrai démon. De quoi combler ses espérances. Et puis maintenant, il savait quel type d’homme aimait le médecin. Cela promettait de longues soirées de jeux en perspectives…

- Juste un abruti. Il n’est pas intéressant, répondit enfin Scysios, avec un soupir, et peut-être, une lueur triste aux fonds des yeux.

C’était difficile à dire.

Le barman pencha la tête sur le côté, pour mieux fixer le démon. Peut-être pas de jeu amusant, finalement.

--

Fallnir referma la porte de son nouvel appartement, et s’appuya dessus en fermant les yeux.

Il avait été occupé une heure. A croire que les phénix n’avaient jamais vu de dragon de leur vie. Pire, qu’ils ne savaient même pas qu’il était censé être leur ennemi héréditaire. Ils étaient réputés pour être un peuple assez naïf et confiant, mais à ce point, ça dépassait même le stade de la simple hospitalité naturelle…

Il soupira, et se redressa. Son estomac criait famine. Il avait réussi de justesse à esquiver la dizaine d’invitation à déjeuner qu’on lui avait faite, préférant son silence chéri à tous les caquètements de ces oiseaux surexcités. De toute manière, il n’aurait pas réussi à rester près d’Ehissian, à croiser son regard, à voir son sourire, ses mains, ses yeux, sans pouvoir le toucher, et goûter ses lèvres douces et chaudes.

Ces mêmes lèvres douces et chaudes qui se pressaient contre les siennes à cet instant précis.

Fallnir cligna des yeux, surpris, avant de répondre un peu maladroitement au baiser. Ses bras se nouèrent finalement autour de la taille du jeune homme, et ses paupières se refermèrent. Il n’était visiblement pas le seul, à vouloir éviter les conversations trop bruyantes.

Le phénix se détacha de lui, pour le fixer avec un sourire.

-Désolé. J’ai pas pu résister à l’envie d’essayer mon double de la clef. Pour voir si il marchait, rajouta-t-il tout de suite après avec un brin d’innocence.

Le dragon se mit à rire, un rire toujours aussi grave et enroué, et son amant se serra un peu plus contre lui en retour, en quête de chaleur. L’auburn caressa ses longues mèches bleues, avec tendresse.

-Tu as bien fait.

D’un geste de la main, il tourna encore une fois sa propre clef dans la serrure, pour fermer la porte à double tour.

Puis, il poussa gentiment Ehissian en direction du matelas.

A suivre…

ooo

Voilà donc les fameux lemons…

Oui, je sais, celui de Fallnir et d’Ehissian est un peu coupé ;p D’ailleurs, ce chapitre s’est un peu axé sur les deux démons, si l’on y regarde bien. Et cela risque de se répéter encore TT

J’espère que ce chapitre vous a plus… J’aimerais beaucoup avoir vos impressions, les bonnes comme les mauvaise. Alors surtout, n’hésitez pas à m’envoyer une review ou un mail pour me dire ce que vous en avez pensé, j’ai vraiment besoin de votre avis...

Voilà, merci encore d’avoir lu jusqu’ici, et à bientôt ! :p

 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>