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au 31 Mai 21 :
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Bec d'écaille, croc de plume
Par Jaiga
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
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    Chapitre 22     Les chapitres     64 Reviews     Illustration    
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Nouveau départ

Disclaimer : Tous les personnages/ lieux/ périodes sont issus de ma propre imagination. Merci de ne pas me les emprunter sans m’en avoir parlé au préalable :3

Notes :

- Je m’excuse par avance pour les fautes de grammaire ou d’orthographe qui m’ont échappée, j’avoue avoir des lacunes dans ce domaine, en particulier sur un ordinateur

- Je remercie toutes les personnes qui ont pris le temps de me laisser une review, c’était vraiment très gentil de leur part. :3 J’espère avoir répondu à tout le monde… Je remercie également tous mes lecteurs anonymes (si si, vous, là, je sais que vous êtes là, vous m’avez ajouté à vos alertes :3 ) pour leur fidélité, parce que si vous lisez ces lignes, c’est que vous avez aussi lu (et aimé ?) tout le reste. :D

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Chapitre 22 : Nouveau départ

Comme cela était prévu, ce fut le surlendemain de l’annonce faites aux habitants que les phénix procédèrent à l’évacuation de la Volière. Bien qu’aucune bataille n’ait encore éclatée, le monde phénix était en ébullition et beaucoup cherchaient à rejoindre les leurs, pour se rassurer, ou par crainte que ce monde isolé ne puisse devenir une proie facile pour des dragons sanguinaires.

C’était un bel après midi d’hiver, calme et ensoleillé. Tout l’immeuble avait fait le déplacement, ceux qui restaient étant venus saluer ceux qui avaient choisi de partir. Il n’y avait guère que deux personnes qui manquaient à l’appel, les deux plus récents arrivants, qui n’avaient pas osé se mêler à ces effusions de tendresses –ou préféraient tout simplement être tranquille.

Une petite trentaine d’occupants avaient souhaité rejoindre leur monde d’origine, ce qui représentait tout de même la bonne moitié des effectifs. Fidèle au poste, Libellule supervisait tout ça, allant d’un groupe de personnes à l’autre, s’assurant que personne n’avait rien oublié, que tout le monde était bien sûr de son choix. Le départ n’était certes pas définitif, mais le chemin était long et fastidieux, de pierres de déplacements en portails dimensionnels, et ce dans un sens comme dans l’autre.

Ehissian et Scysios s’affairaient au centre du toit, sur l’immense cercle de pierre qui en recouvrait une bonne partie. Cette stèle de transport avait été fabriquée spécialement pour ce genre d’occasion, afin d’évacuer le plus grand nombre possible d’habitants en cas d’attaque de la Volière. Elle avait été conçue pour faire voyager un beaucoup plus grand nombre de personnes que ceux qui désiraient aujourd’hui s’en aller ; tout le monde rentrerait donc sur la pierre et l’on ne ferait qu’un seul et unique départ. D’où l’importance d’être sûr de faire le bon choix.

Armé de son pinceau, Ehissian se sentait légèrement anxieux. Il n’avait pas l’habitude d’utiliser toute la surface du cercle, se contentant d’habitude du disque inférieur, plus petit, délimité par de légères rainures dans la pierre grise. Recouvrir une telle surface des runes de transport l’effrayait un peu, tant les risques d’erreurs étaient démultipliés. Pourtant, Scysios faisait de son mieux pour le rassurer, en affichant tout d’abord un calme et une maitrise de lui-même à toute épreuve, ensuite en jetant de discret coup d’œil à l’ouvrage de son camarade pour vérifier que tout allait bien.

--

Kellnet était allongé sur le dos, dans l’obscurité de la chambre à coucher. Il avait tiré les rideaux pour ne pas avoir à supporter la lumière du soleil, indécemment resplendissant pour un jour d’hiver. Un bras posé sur ses yeux, il attendait dans le noir depuis déjà de longues heures, incapable de faire quoi que ce soit d’autre.

Léto et Elecy allaient partir. Ils avaient fait leurs bagages le matin même, n’emportant que le strict nécessaire dans leurs petites valises, sans une once de regret pour toutes les autres choses qu’ils laissaient derrière eux.

Du moins, c’est ce qu’il avait semblé à Kellnet lorsqu’il les avait vu faire, les observant à la dérobée du seuil de la porte.

Elécy ne lui avait plus adressé la parole depuis la veille, depuis qu’ils s’étaient disputés en fin de journée, et qu’elle était partie en claquant la porte.

Il n’avait pas non plus cherché à établir le contact, sachant que c’était de toute manière inutile. Ils avaient tous les deux des caractères entiers, ainsi qu’une fâcheuse tendance à être irritable. Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient une prise de bec, loin de là, mais c’était la première fois qu’Elécy était aussi…dure.

C’était le moins qu’on puisse dire.

A quel moment exactement est-ce qu’il l’avait perdue ? Il était incapable de le dire, à son plus grand désarroi. D’un autre côté, il était bien forcé d’avouer que tout ce qu’elle lui avait dit était fondé, sans possibilité de nier.

Une fois de plus, elle lui avait reproché ses absences, son désintérêt affiché pour les choses qu’elle jugeait importante, son immaturité, parfois.

Qu’aurait-il dû dire pour sa défense ? Elle avait entièrement raison, il avait parfaitement conscience de tout les défauts qu’elle lui avait jeté à la figure, pour y avoir longuement réfléchi après chacunes de leurs disputes. Il avait bien essayé de changer, de travailler moins, de faire une pause dans les activités du groupe, mais à chaque fois, les choses avaient fini par revenir à la normale. Il avait toujours été comme ça, c’était ainsi et pas autrement. On ne pouvait pas se transformer du jour au lendemain en une toute autre personne.

Mais est-ce que ce n’était pour autant que sa faute à lui ?

Kellnet n’en était pas sûr. Elécy était au moins aussi fautive, à toujours tout critiquer et s’emporter pour un rien. Elle avait toujours été sévère et étouffante, souhaitant tout diriger, régler la moindre chose qui n’allait pas et qui perturbait le cours tranquille de sa vie. Il avait espéré qu’elle finirait par se détendre à ses côtés, à lâcher du lest, admettre que tout ne pouvait pas toujours se dérouler comme elle le souhaitait…

Il poussa un profond soupir et se prit le visage entre les mains.

Malgré tout, ils lui manquaient déjà.

Elécy voulait partir. Elle ne se sentait pas en sécurité à la Volière, ne s’y était jamais vraiment plu. Elle allait rentrer chez elle, retrouver ses parents, à l’abri dans une tour phénix plus grande et moins isolée, protégée par une véritable armée, des chevaliers Ardents nombreux et chevronnés.

En emmenant Léto avec elle, car « il était hors de question qu’elle laisse son fils unique dans un endroit pareil, avec un père aussi irresponsable ».

Kellnet sentit sa gorge le brûler. Il entendait encore le son coléreux de sa voix, voyait encore son expression furieuse lorsqu’elle lui avait jeté ça à la figure. Et lui, comme un idiot, il n’avait rien dit.

De toute manière, il ne savait pas quoi dire. Est-ce qu’il y avait même quelque chose à dire ? Il aurait voulu la retenir, lui dire qu’il l’aimait qu’il ne voulait pas qu’elle s’en aille, qu’il était même prêt à partir avec eux, rentrer sur leur monde.

Mais il en avait été incapable. Parce qu’il était lâche. Qu’il se sentait coupable. Que sa vie était à la Volière, et qu’il ne l’imaginait pas ailleurs.

A vrai dire, il n’arrivait pas non plus à visualiser ce que serait sa vie sans Léto et Elecy. Mais il n’avait pas trop le choix et de toute manière, rien de ce qu’il aurait pu dire ou faire ne l’aurait fait changer d’avis, elle avait été très claire à ce sujet.

« Je ne t’aime plus, Kellnet. Je m’en vais ».

Effectivement, elle s’en était allée. Et en ce moment, elle devait être sur le point de partir définitivement, quelques étages seulement au dessus de sa tête.

Son estomac se noua.

--

- Ok, on peut y aller, soupira Scysios en s’essuyant le front, jetant un œil satisfait sur le cercle de transport.

A côté de lui, Ehissian se reposait, épuisé par l’effort mental qu’il venait de fournir. Sa concentration s’estompait doucement, en même temps que son stress. Ils avaient vérifié plus de trois fois qu’ils n’avaient fait aucune erreur dans le dessin des runes.

- Très bien. Est-ce que tout le monde est prêt ? Cria Libellule à travers le brouhaha des conversations.

C’était le temps des dernières accolades, des derniers saluts, du début des larmes d’émotions. La plupart des habitants se connaissaient depuis toujours, se fréquentaient depuis des siècles. La séparation était forcément difficile pour beaucoup.

Lentement, la foule se scinda en deux groupes, les voyageurs s’agglutinant au centre du cercle, foulant de leurs pieds hésitants la dalle recouverte de peinture déjà sèche. Les autres restèrent sur le bord, les regardant se préparer.

-Surtout, tenez bien vos bagages, sinon ils ne seront pas transportés avec vous ! Avertit une énième fois Libellule, affichant un calme à toute épreuve qui ne faisait en fait que trahir sa profonde émotion.

Pour la première fois depuis des décennies, elle et sa Jumelles allaient être séparées.

L’inflexible et intraitable nymphe, terreur des fourneaux et grande intendante de la Volière, avait le nez rouge et les yeux gonflés.

Scysios tendit son nécessaire à peinture au phénix chargé d’acheminer les autres jusqu’à leur monde d’origine, tout en lui faisant les dernières recommandations. Puis il alla rejoindre les autres sur le bord, et passa un bras rassurant autour des frêles épaules de Libellule.

--

Un trait vert, sur le cadran du radio réveil hors d’âge, bascula soudainement. Comme pour échapper à sa vue, Kellnet tourna le dos et se coucha sur l’autre flanc, regardant le mur d’en face sans vraiment le voir.

Ils devaient être partis à l’instant, l’étaient peut-être même déjà depuis quelques minutes.

Il n’y aurait plus jamais les courbes délicates d’Elécy, le matin à son réveil. Le rire tonitruant de Léto ne résonnerait plus dans leur appartement un peu vieillot. Les crayons de couleurs, les jouets qui trainaient partout d’habitude avaient été rangé dans des caisses, et ne seraient plus jamais manipulés par des mains d’enfant.

Les souvenirs lui revenaient en mémoire à la vitesse d’un cheval au galop, plus douloureux les uns que les autres. Il n’aurait jamais cru qu’une chose pareille pourrait un jour arriver, pas même dans ses pires cauchemars. Et pourtant, il devait regarder les faits en face : il se retrouvait seul, seul avec son passé et ses souvenirs d’un temps à présent révolu.

Qu’est ce qu’il allait bien pouvoir faire, maintenant ? Continuer à aller travailler, à mener le groupe des Feathers, et rentrer chez lui tous les soirs, dans ces pièces qui ne seraient plus jamais les mêmes ? Il allait devoir affronter les regards chagrinés, les accolades compatissantes, les paroles d’encouragement des autres habitants. Ses amis lui rendraient sans doute visite les uns après les autres, ou tous ensemble, et essaieraient en vain de lui changer les idées.

Mais peut-être que cela se passerait tout autrement, que les gens le pointeraient du doigt, que tous lui reprocheraient de ne pas avoir été capable de garder Elécy auprès de lui. Il n’en savait trop rien, était à vrai dire incapable d’imaginer de quoi serait faite sa vie à présent, peinait à réaliser ce qu’il s’était seulement passé.

Il avait l’impression d’être dans un rêve, un très, très, mauvais rêve. Un cauchemar dont il se réveillerait en sursaut, pour réaliser que tout cela ne s’était jamais produit que dans sa tête. Mais d’un autre côté, il était aussi intimement persuadé que tout ce qu’il lui arrivait était vrai, que ce n’était pas un pur fruit de son imagination, et cette perspective lui nouait littéralement les entrailles. Il ne savait pas quoi faire, voulait que les choses redeviennent comme avant, tout en sachant que cela ne serait jamais possible.

Comment avaient-ils fait, pour en arriver là ?

Lui et Elécy s’étaient rencontrés lorsqu’ils étaient encore jeunes, trop sans doute pour réaliser qu’ils n’étaient peut-être pas vraiment faits l’un pour l’autre. Ils s’étaient longtemps fréquentés, au point qu’ils avaient fini par se fiancer, puis se marier selon les traditions de leur peuple, après plusieurs années d’argumentation de la part de Kellnet. Et un jour, Léto était arrivé, par accident.

A l’époque, Elécy avait voulu débloquer son horloge biologique pour se laisser pousser les cheveux. Mais comment souvent dans ces cas là, aussi maladroite dans la manipulation de son esprit que la quasi-totalité des habitants de leur monde, elle avait remis son corps entier en route, au lieu d’une seule petite partie.

Elle avait été terrifiée, à l’époque, avait refusé de garder l’enfant. Kellnet, lui, n’avait jamais été aussi euphorique. A force d’arguments, de consolations, de caresses, il avait fini par la convaincre de mener la grossesse à terme et d’élever leur bébé ensemble, elle et lui.

Ca avait été le premier gros sacrifice de la jeune phénix pour l’homme quelle aimait.

Le second et dernier était survenu peu de temps après, quelques mois seulement après la naissance de Léto. C’était l’époque de la grande restructuration de la Volière, du départ d’une grande partie des plus anciens habitants qui devaient être remplacés par de nouveaux immigrants. Kellnet y avait vu une occasion unique d’élever leur fils dans un monde en paix, éloigné des tourments du royaume, des conflits et de la guerre. Elécy n’avait jamais été une « fille de la campagne », prête à vivre dans un monde aussi lointain, aussi isolé. Mais une nouvelle fois, il finit par la convaincre et elle le suivit jusqu’ici, à contre cœur.

Il avait cru qu’elle avait fini par s’y plaire, par trouver ses marques, ses repères. Elle s’était faite de nombreuses amies, avait trouvé un travail en tant qu’institutrice, avait rencontré sa Jumelle et s’était aperçue avec surprise que contrairement à la croyance populaire, elle s’entendait à merveille avec elle.

Mais au fond, peut-être qu’elle ne s’était jamais plue à la Volière. Que tout n’avait été qu’une façade, un mensonge, qui avait fini par voler en éclat.

A quoi bon se lamenter, de toute manière ? Ils étaient partis, définitivement, et ils ne reviendraient plus.

Kellnet ferma les yeux, tentant en vain de faire passer la boule dans sa gorge qui le brûlait autant. Sa mâchoire lui faisait mal, mais il ne se rendait pas compte que c’était parce que par réflexe, il serrait les dents beaucoup trop fort. Le pire était peut-être son ventre, noué à un point tel qu’il ne savait plus s’il avait vraiment des organes.

Ils lui manquaient. Terriblement. A cet instant précis, il eut l’intime conviction qu’il ne se relèverait jamais de cette épreuve, ne parviendrait même plus jamais à quitter son appartement, son lit. Ce lit qui avait encore l’odeur d’Elécy, même si elle n’avait pas dormi là la veille, qui avait pris l’odeur de Léto au cours de la nuit passée, ainsi que l’empreinte de toutes les larmes que le petit phénix avait versé en se serrant contre son père.

Inspirant profondément, Kellnet tâcha d’ôter ce souvenir douloureux de sa mémoire. Difficilement, car chaque fois qu’il chassait une image de sa tête, une autre prenait aussitôt sa place.

Il aurait voulu s’endormir, tout de suite, ou être capable de bloquer tout d’un coup ses pensées. Avoir la tête aussi vide que l’intérieur d’un ballon de baudruche, reprendre une vie normale et débarrassée de cette barre d’acier qui semblait obstruer son avenir. Mais c’était impossible, il avait beau essayer, tout son esprit continuait de se tourner vers eux, repasser en boucle les scènes de leur vie de famille à présent révolue.

Est-ce qu’il verrait Léto grandir ? Elécy n’avait rien dit à ce sujet, sinon qu’elle le prenait avec elle. Elle n’avait pas parlé d’une quelconque possibilité de lui renvoyer leur fils, ne serait-ce que quelques semaines une fois de temps en temps. S’il voulait le revoir, Kellnet devrait probablement faire lui-même le voyage jusqu’à leur monde, à condition que sa femme –ex femme, corrigea une voix pernicieuse dans sa tête- veuille bien le laisser faire.

Sa tête devint soudainement douloureuse. Il aurait pu descendre au Yellow bird, jouer d’un instrument pour se vider la tête ou bien assécher toutes les réserves d’alcool du bar. Lyde lui avait laissé une clef, pour qu’ils puissent répéter même en son absence.

Seulement, il n’avait pas envie de boire. Et encore moins de quitter cette chambre aux rideaux tirés.

Fallnir était assis sur un canapé de la salle commune complètement déserte, regardant à la télé des images défiler sans aucune bande son. Les genoux repliés et ramenés contre son torse, il paraissait réfléchir mais en réalité, essayait bien au contraire de se vider la tête.

Et à sa plus grande surprise, cela marchait plutôt bien.

A croire que son cerveau s’était arrêté de fonctionner à l’instant où il avait quitté le bureau du prince, la veille. Alors qu’il aurait dû s’effondrer, se sentir complètement assommé par tout ce qu’il avait appris et les épreuves qui l’attendaient maintenant, il ne ressentait en lui qu’une sorte de calme, de paix intérieure extrêmement troublante. Même les souvenirs récents de ce qui s’étaient produits ici même, dans cette salle, ne l’effleuraient pas.

Après son entrevue avec Lékilam, il était tout de suite allé faire ses bagages, pour patienter jusqu’au retour de son amant. Le soir venu, lorsqu’Ehissian eut enfin terminé son travail pour la journée, il lui rapporta la mission du prince et passa le reste de la soirée à embrasser et enlacer tendrement le phénix, comme s’il ne s’était rien passé. Le chevalier avait un instant paru troublé par un tel comportement, mais n’avait rien dit, préférant profiter de la douceur d’une nuit d’hiver dans les bras de son amant.

Leurs deux grands sacs à dos reposaient sagement au pied du canapé, soigneusement préparés. Ils attendraient le départ des immigrants pour s’en aller à leur tour, en catimini.

La porte grinça lorsque quelqu’un l’ouvrit, troublant le silence comateux de la pièce. Fallnir ne broncha pas, ne jeta même pas un regard au nouvel arrivant, les yeux rivés sur la télévision muette.

C’était Shézac. Personne d’autre que lui ne pouvait avoir resquillé les adieux pathétiquement déchirants sur le toit de la Volière.

Le blond avança timidement dans la pièce, s’attendant visiblement à se faire rembarrer aussitôt, à recevoir une remarque dragonne cinglante ou être chassé à grands jets de télécommande. Pourtant, rien ne vint, ainsi qu’il put le constater en rouvrant l’œil qu’il avait fermé par réflexe, dans l’attente d’un coup.

-Salut ! lança-t-il joyeusement, ravi de cet accueil favorable –dans le sens où il s’attendait à immensément pire, oui, cette absence totale de réaction était un accueil favorable.

Le dragon ne pipa mot, ne bougea même pas un orteil.

Shézac vint se placer juste derrière le canapé pour jeter un œil à la télé, d’un air tout à fait innocent. Il aurait sans doute voulu être un peu plus naturel, faire comme si de rien n’était et tenter de lancer une conversation anodine.

Mais égal à lui-même, il resta silencieux deux bonnes minutes, sans oser rien faire, avant de craquer.

- Fallnir, je voulais te dire que…

- Je sais, le coupa le dragon d’un ton sans appel.

Le démon ouvrit des yeux larges comme des soucoupes, scruta attentivement la forme négligemment recroquevillé du dragon en dessous de lui, à la recherche du moindre indice. Il savait quoi ? Il n’avait même pas eut le temps de dire un mot.

Pourtant, cette simple réponse suffit amplement à Shézac, et une bouffée de joie lui gonfla la poitrine. Parce qu’elle ne signifiait rien, et tout à la fois. De manière guillerette, il contourna le meuble et vint se vautrer royalement à côté de l’auburn, lui volant impérieusement la télécommande.

- C’est quoi cette émission de naze ? C’est l’heure du top 50 sur les chaines musicales !

Il approuva ses dires en zappant vigoureusement, et une cacophonie de bruit éclata subitement dans la pièce autrefois si calme.

Fallnir se contenta de soupirer. Et de retenir un sourire amusé, par la force de l’habitude.

--

Le chiffre sur le réveil changea de nouveau.

Ca y était. Ils étaient partis. Les autres devaient même être en train de redescendre, de reprendre leurs vies normales, insensibles à sa détresse. Dans quelques heures, ils se retrouveraient tous à la salle à manger à l’heure du repas, puis iraient sans doute terminer la soirée au Yellow bird.

Tous les espoirs de Kellnet s’étaient envolés. Jusqu’au dernier moment, il avait espéré qu’Elécy changerait d’avis, qu’elle réaliserait qu’elle faisait une bêtise, que ses parents n’étaient que des grincheux colériques et qu’elle ferait mieux de rester là, à la Volière. Mais il fallait croire que la décision de la jeune phénix devait être mûrement réfléchie, car il n’en fut rien.

Est-ce qu’il ne représentait vraiment plus rien, à ses yeux ?

Et Léto. Il avait tellement pleuré, la veille… Elika et Elésabelle le lui avait rapporté dans la soirée, après qu’il se soit enfui de l’appartement à cause de leur dispute. Il s’était enfui jusqu’au night club, en pleine détresse. Le petit bout de plume ne l’avait pas lâché du reste de la nuit, sanglotant aussi fort qu’il le pouvait, jusqu’à ce qu’Elécy vienne le prendre de force pour qu’il vienne faire ses valises, sans même un regard pour son époux –ancien époux.

Kellnet avait toujours clamé qu’être père était le plus beau cadeau qu’on lui avait jamais fait. Ehissian se moquait toujours de lui lorsqu’il disait ça, amusé par le tableau stéréotypé du papa poule qu’incarnait souvent Kellnet. Pourtant, il réalisait maintenant à quel point le chevalier avait eu tort, et lui raison.

Quand Elécy était venue prendre Léto, c’était comme si elle lui avait arraché un bout de lui-même. Un bout qui resterait à vif, ne se recollerait jamais tout à fait au reste de sa personne. Le petit phénix avait toujours vécu à la Volière, n’avait jamais connu autre chose que cette ville et les murs de pierre de la tour. Kellnet se demandait s’il s’habituerait à la vie sur leur monde, si différente. Là-bas, la magie réglait tout, remplaçait la technologie à un tel point que venir sur leur monde d’origine sonnait un peu comme un curieux voyage dans le passé, ou les modes de vies étaient futuristes mais les décors et les costumes restaient désespérément archaïques. Egoïstement, il espérait que ça ne serait pas le cas, que Léto se morfondrait de sa vie d’antan, même s’il savait éperdument qu’il n’en serait rien. Peut-être le petit garçon serait-il inconsolable, les premiers temps. Puis, il assisterait à un entrainement de chevalier, verrait un magicien expérimenté à l’œuvre ou écouterait les récits d’un démon de passage, et oublierait complètement la Volière.

Lui qui aimait tellement les histoires fantastiques et les contes pour enfant, il ne pourrait que se plaire, là bas… Sans parler de tous les petits phénix de son âge qu’il rencontrerait.

Son cœur devint un peu plus douloureux à l’idée que son fils finirait probablement par ne plus penser à lui, à l’enterrer avec ses souvenirs d’enfance. C’était une pensée tellement atroce qu’elle lui donna un haut le cœur, le faisant se crisper sur les draps.

Ses yeux et sa gorge le brûlaient. Sa vue était de plus en plus floue, mais il était trop épuisé pour en comprendre la raison.

Il aurait voulu mourir, là, maintenant, tout de suite. Excepté les vives douleurs dans son ventre, le reste de son corps était étrangement engourdi, amorphe. Il se sentait aussi lourd qu’une pierre, aussi immobile qu’un arbre enraciné. Tous ses sens étaient recouverts par une chape de plomb invisible. Ses yeux voyaient trouble, les sons n’existaient plus et la souffrance n’avait aucune saveur. Il n’y avait plus que deux choses qu’il pouvait encore sentir, la texture râpeuse et agressive des draps, et l’odeur fruitée de Léto qui les empreignait encore. La tour aurait pu s’effondrer qu’il n’en aurait peut-être même pas eu conscience, serait resté coincé des jours sous les décombres sans avoir bougé d’un cil.

Léto se jeta sur lui en sanglotant, lui donnant un coup de tête involontaire qui faillit lui casser une dent.

- Papa ! Hurla la petite chose rouge entre deux plaintes déchirantes, solidement accroché au coup de son père.

-Je suis désolée…, fit une voix qu’il connaissait si bien, sur le seuil de la porte.

Cette intonation, cet accent particulier… Elécy se tenait sur le seuil de la porte, l’air ému et les yeux rouges…

Non, ce n’était pas Elécy.

Libellule.

-Au moment d’achever le cercle, il s’est précipité vers nous en pleurant et a refusé de reprendre sa place. Ca aurait été trop dangereux de le laisser partir dans cet état, il aurait pu essayer de s’enfuir pendant le transfert… J’ai réussi à convaincre Elécy qu’il avait besoin d’un peu de temps avant de partir. Je lui ai juré que je le lui enverrai avec le prochain départ d’immigrants, dans quelques semaines…

Comme un petit bagage encombrant qu’on faisait suivre avec un temps de retard. Mais l’idée n’effleura même pas le crâne de Kellnet. Celui-ci était beaucoup trop sonné, serrant par instinct la chose sanglotant contre lui.

Est-ce qu’il avait fini par mourir, au fond de son lit ? Il était sans aucun doute en état de mort cérébrale, ça, c’était certain. Pourtant, son cœur avait l’air de battre encore. A gros coups stupéfiés.

Les larmes chaudes de Léto inondaient ses vêtements, et semblaient même tomber sur son visage. La douleur dans ses yeux avait disparu, remplacée par une sensation humide et salée.

Libellule vint doucement s’asseoir sur le lit, assurant par sa simple présence à Kellnet qu’il était bel et bien en train de vivre la réalité.

Mais à vrai dire, ce dernier était tellement sonné qu’il n’avait plus vraiment conscience de rien, à part du corps de son fils collé contre le sien.

Avec lui.

--

Lékilam s’étira longuement, en bâillant ostensiblement. Il se glissa ensuite sous la couette avec un plaisir non feint, agrippant son oreiller pour mieux le caller sous sa tête.

- C’est la première fois que j’assiste à un diner aussi lugubre, soupira-t-il en enfouissant son visage contre le tissu moelleux.

Les rescapés de l’évacuation avaient passé tout le repas à se regarder dans le blanc des yeux, incapables de trouver un sujet de conversation, autour de la grande table de la salle à manger. Même les chamailleries amicales de Shézac et Scysios n’étaient pas parvenues à mettre une étincelle de bonne humeur.

Dans le fond de la chambre, Pavel s’occupait de tirer les rideaux et d’éteindre les lumières. La nuit était déjà tombée depuis un petit moment, comme si le soleil, qui avait brillé si fort tout le reste de la journée, avait décidé de prendre avant l’heure un repos bien mérité. Du fond de son lit, le prince entendit le froissement des tissus que son garde du corps retirait, avant de venir le rejoindre et de le prendre affectueusement dans ses bras. Le torse puissant de Pavel se colla contre son dos frêle, lui procurant une douce chaleur qu’il accepta avec délectation.

- Combien reste-t-il de personnes, exactement ? S’enquit le blond d’une voix douce, en caressant du bout des doigts la peau du ventre de son protégé.

Pour peu, Lékilam en aurait ronronné de satisfaction.

- Trente deux, nous y compris. C’est ce qu’il te fallait, non ?

Pavel acquiesça, en déposant un baiser sur la nuque courbée du jeune phénix. La tour serait beaucoup plus aisée à défendre, maintenant que ses effectifs étaient réduits de moitié. Ca n’était toujours pas l’idéal, mais ils étaient à l’abri d’un très grand nombre de difficultés. Seul un puissant magicien aurait pu percer les défenses magiques de l’immeuble, et ces derniers se comptaient tous parmis leurs alliés. Non, à l’intérieur des murs, rien ne pouvait se passer. En revanche, à l’extérieur…

Pavel avait d’ores et déjà signifié aux habitants restant que leurs sorties seraient suspendues jusqu’à nouvel ordre, sauf cas exceptionnel, et jamais sans sa présence ou celle de Libellule –la réelle activité de cette dernière se révélant finalement être un gros atout. Il ne pouvait se permettre la moindre faille, la moindre erreur, s’il voulait protéger au mieux la vie de son prince.

Avec le départ d’une grande partie des phénix, la plupart des boutiques de la Volière avaient fermé. Le garde du corps songeait même à suspendre toutes les autres activités économiques, d’autant plus que la tour n’avait besoin d’aucune rentrée d’argent et que les habitants travaillaient plus par désœuvrement que par réelle nécessité. Certains s’y opposeraient sans doute, Lyde le premier, fortement attaché à son night club. Sans parler du fait que la ville avait placé un bureau d’information au rez-de-chaussée, qui leur servait depuis longtemps d’alibi pour camoufler la véritable utilité du bâtiment.

Mais s’il fallait en arriver jusque là pour minimiser les risques, Pavel était prêt à en endosser la responsabilité. Rien n’était plus important à ces yeux que Lékilam.

A vrai dire, la seule chose qu’il serait bien incapable de faire pour lui, était peut-être celle qui aurait été la plus importante et la plus sensée dans cette situation : renvoyer le prince chez lui, auprès de sa mère et du reste de l’armée royale. Mais c’était absolument hors de question, d’un côté comme de l’autre. La reine Emélcya refusait de reprendre son fils tant qu’il n’avait pas achevé sa croissance et son éducation, par principe autant que par sécurité et nécessité. En même temps, le prince se sentait parfaitement bien à la Volière, libre de ses gestes et surtout, proche de son garde du corps. Il était certain qu’une fois de retour au palais royal, la présence de Pavel serait superflue et qu’on ne tarderait pas à le remercier, pour le renvoyer dans le fin fond de la campagne où il s’était terré pendant des siècles avant d’être rappelé.

Mais même si cela signifiait qu’il ne reverrait pratiquement plus jamais Lékilam, si c’était nécessaire pour sa bonne santé, le blond réalisait maintenant qu’il était prêt à un aussi gros sacrifice.

Le temps était peut-être venu de rendre sa liberté au prince, de le sevrer définitivement de lui, comme il aurait déjà dû le faire depuis des années. Ca serait dur, très dur, pour tous les deux. Mais il n’y avait pas vraiment d’autre choix. Depuis les débuts hésitants de leur relation, Pavel s’était toujours préparé au jour où ils devraient se séparer. Il était impossible qu’ils continuent de se voir une fois que le prince assumerait pleinement ses fonctions d‘héritier, encore moins qu’ils continuent d’entretenir les rapports qu’ils avaient.

Alors au fond, il se disait qu’il était inutile de lutter pour quelque chose qu’il avait toujours su inexorable.

Le couperet n’avait jamais été aussi près de leurs têtes.

-Lékilam… commença-t-il à mi-voix, en déposant un autre baiser sur sa nuque. Tu sais… je crois que tu devrais le leur dire.

Le prince remua, se retourna et se blottit contre lui avec un sourire espiègle. Pavel sentit subitement quelque chose lui piquer le cœur.

- Dire quoi à qui ? Gloussa le jeune phénix en nouant ses bras autour du coup de son amant. Aux grandes mains de mon garde du corps que j’ai follement envie de les sentir tout partout sur moi ?

Lékilam était visiblement d’humeur coquine, comme un peu tous les soirs depuis qu’ils étaient ensembles. Mais Pavel, pour une fois, ne répondit pas à la demande expresse, de quelque manière que ce soit.

-Non, Lékilam, corrigea-t-il doucement, le visage grave. Dire à tes parents que ça fait longtemps que tu es adulte.

Le corps frêle du prince se raidit instantanément, tandis que son sourire s’effaçait.

Pavel avait toujours été au courant, tout comme Lékilam n’avait jamais ignoré que son garde du corps connaissait son secret. Simplement, ils n’abordaient jamais le sujet, sachant l’un comme l’autre que c’était une conversation sensible qui ne pourrait que conduire à une dispute. Mais à présent, la situation politique était si tendue qu’elle exigeait cette discussion, que cela leur plaise ou non.

Apprendre à voler était un acte capital dans l’évolution des phénix, le dernier cap à franchir pour devenir un adulte autonome. Sous leur forme réelle autant que sous leur forme humaine, elle se traduisait par une douleur très vive au niveau des ailes ou du dos, une piqure lancinante qui, on en avait aussitôt consciente lorsqu’on le subissait, ne pourrait être apaisée que par la sensation du vent sifflant contre leur visage, du vide sous leurs pieds, du monde qui défilait, loin en dessous d’eux, sur la terre ferme. Irrémédiablement, on avait envie de s’élancer, de se jeter du haut d’une tour, de se laisser transformer lorsqu’on était dans un corps humain ou de se laisser simplement porter par le vent si l’on avait déjà repris sa forme naturelle.

Alors, les ailes puissantes des phénix se mettaient toutes seules en marche, comme si elles avaient toujours su comment faire pour fendre les airs.

Cela remontait à plusieurs siècles, avant même qu’ils ne commencent à vraiment se tourner autour. Pavel était rentré dans la chambre du prince, inquiet de ne pas l’avoir vu de toute la journée. Il l’avait trouvé recroquevillé sous ses couvertures, gémissant de douleur et se tenant fermement les flancs. La procédure normale aurait voulu qu’il l’emmène aussitôt dans un autre monde, qui avait été choisi depuis longtemps de part sa sécurité relative et sa proximité, où la magie aurait été suffisante pour que le jeune prince puisse se transformer complètement et effectuer son premier vol dans son véritable corps de phénix.

Mais Lékilam avait refusé, obstinément, arguant que son éducation n’était pas encore terminée et qu’il ne voulait pas rentrer tout de suite sur leur monde, même si cela signifiait de mentir à tout le monde.

Pavel l’avait veillé toute la nuit durant, renvoyant les conseillers trop curieux qui étaient venus s’enquérir de la santé du prince. Il avait prétexté une indisposition temporaire, comme le prince en avait souvent, et personne ne s’était douté de rien. Le lendemain, la douleur s’était estompée naturellement, et Lékilam n’avait pu que se retrouver devant le fait accompli : il était devenu adulte.

Leur premier baiser survint quelques jours plus tard, leur première fois, quelques mois après. Le fait de savoir que son prince était majeur avait peut-être quelque peu influencé Pavel, ou du moins, amoindri sa réticence. Il le réalisait à présent, en même temps qu’il le regrettait.

Lékilam avait stoppé son horloge biologique dès que la douleur était partie, restant depuis lors dans le corps de cet éternel adolescent qu’il arborait toujours, plus vraiment enfant mais pas totalement adulte non plus. En réalité, sa croissance avait été parfaitement normale, mais son mensonge bien caché n’avait pas tardé à le faire accuser d’être en retard, puis d’avoir carrément un problème. L’hériter ne s’en souciait absolument pas, bien au contraire, tout à fait ravi d’avoir une excuse faussement légitime pour rester à la Volière.

« Le pauvre, il a une santé si fragile qu’il n’a même pas encore appris à voler. La vie agitée sur notre monde lui ferait beaucoup trop de mal. »

- Tu sais très bien que je ne veux pas, lança le jeune prince d’un ton étonnamment froid.

Il s’écarta de son garde du corps, comme piqué à vif. Ce dernier fit un geste pour le retenir, voulu l’embrasser, mais Lékilam s’éloigna encore et lui tourna le dos.

- Ecoute… soupira Pavel. Ca ne peut plus durer. C’est ta vie qui est en jeu, maintenant.

Ca avait été drôle, au début, de voir tout le monde s’inquiéter pour rien de cette croissance qui n’avait pas l’air d’évoluer. Puis il avait fini par s'alarmer des conséquences d’un tel choix, sur la réputation future de Lékilam en tant que souverain. Et à présent que la guerre menaçait d’éclater, Pavel n’avait jamais trouvé cette décision aussi immature et injustifiée.

- Ta mère a voulu que tu restes ici uniquement pour te protéger. Si elle avait su que tu étais déjà adulte, elle n’aurait pas hésité à te faire rentrer. S’il te plait, Lékilam. Je n’en peux plus de te savoir aussi exposé. S’il t’arrivait quelque chose, je…

Il s’interrompit, ne pouvant se résoudre à aller plus loin. Ce genre de confession lui était totalement étrangère, il avait toujours eu énormément de mal à épancher ce qu’il avait sur le cœur, même avec Lékilam. Alors, le faire d’une manière aussi mélodramatique et uniquement pour tenter de faire plier son protégé…

Ce dernier fut d’ailleurs complètement insensible à l’effort. D’un geste brusque, le prince sortit du lit et commença à se revêtir.

- Qu’est-ce que tu fais ? S’étonna Pavel, se redressant sur un coude.

- J’ai oublié que j’avais du travail à terminer, grogna Lékilam pour toute réponse.

Sans ajouter un mot pour tout ce que son garde du corps venait de lui dire. Le jeune phénix avait toujours été caractériel, capable d’afficher un calme à tout épreuve pendant un temps et de se mettre à bouder comme un enfant la seconde d’après.

-Pourquoi est-ce que tu prends ton blouson, alors ? interrogea Pavel.

- Je ne vais pas allumer la cheminée pour moi tout seul.

Manière simple de lui signifier qu’il n’avait pas envie que son garde du corps le suive. Ce qui n’était de toute manière pas dans les intentions de ce dernier, pas plus que d’essayer de le retenir ou d’aller le rejoindre plus tard. Pavel avait l’espoir que rester seul un moment aiderait Lékilam à réfléchir, et à comprendre que c’était la meilleure décision à prendre. D’autant plus qu’il voulait que le prince s’éloigne de lui. Même si c’était dur de le voir souffrir, plus il serait sévère avec lui et moins le jeune phénix tenterait de s’accrocher.

Sans un mot ni un regard, Lékilam quitta la pièce en claquant la porte, sous l’œil malgré tout inquiet de son blond préféré.

Il attendit d’être entré dans l’ascenseur pour se laisser aller contre la paroi, en poussant un profond soupir.

Le jeune prince n’était pas très fier de son comportement, il devait l’avouer. Mais c’était la seule solution qu’il avait trouvé pour s’échapper. Il était même reconnaissant à Pavel pour lui avoir fourni une occasion pareille de le quitter sans éveiller sa curiosité. Quand le garde du corps était venu le rejoindre au lit, il avait bien cru que tout serait fichu.

Et puis, c’était pour la bonne cause qu’il avait fait ça. Si le plan réussissait, la guerre serait terminée avant même d’avoir vraiment commencé, et il n’y aurait plus de raisons majeures pour qu’il doive absolument révéler son secret et rentrer au palais royal.

Ce fut sur cette pensée rassurante qu’il introduisit sa clef particulière et appuya sur le bouton du rez-de-chaussée, au lieu de composer le chiffre qui le mènerait à l’étage de son bureau sous le toit de l’immeuble.

Tout en haut du bâtiment d’en face, la tour de la KGV, Derek devait déjà l’attendre avec impatience.

A suivre…

ooo

Ce chapitre est un peu sombre, par rapport aux autres…

Mon refrain habituel, si vous avez la moindre chose à me dire, à me signaler, ou juste envie de me faire plaisir (:p), n’hésitez pas à me laisser une review ou même m’envoyer un mail.^^

Une fois de plus, je vous remercie de votre fidélité, et espère vous revoir très bientôt ! =3

 
 
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