J’étais heureux en me levant ce matin.
J’étais enfin quelqu’un, je devenais important, les autres me voyaient enfin. Et je faisais partie de son groupe. Enfin. Ce n’est pas ce que je veux le plus, bien sûr. Mais c’est tout de même un début, une première approche.

Je sens que je suis sur la bonne voie, même si je percevais un profond intérêt que Drago portait pour le binoclard, il peut encore détourner son regard de lui et me voir. D’ailleurs il me semble qu’il m’apprécie. Il m’a accepté en plus. C’est lui même qui m’a proposé de les rejoindre !

Maintenant, je peux dès à présent tenter quelque chose, enfin. Éloigner le plus loin possible, et le plus vite, Potter. Que Drago s’intéresse à moi, et se confie. Voilà ce que je veux. Et je n’utiliserai rien, pas de magie. Car rien ne m’a aidé à m’approcher à ce point de mon tendre blond, alors je peux bien réussir comme cela encore longtemps.

Bon, il faut juste que je reste moi, mais que j’ai un peu de.. Présence. Un air hautain, je peux aussi en avoir un. Si j’ai Drago et sa bande à mes côtés, je peux très bien réussir à être quelqu’un. En plus si je suis à leurs côtés, tous les autres me verront comme l’un des leurs, et l’effet sera immédiat, ils sauront que je suis quelqu’un d’important et qu’on ne doit pas m’embêter. Ou en tout cas ils feront attention à moi, cette fois. Ce qui est dommage c’est que j’ai un an de plus qu’eux et que donc nous ne soyons pas en classe ensemble, mais je ne peux pas tout changer, cela fait cinq ans que je m’y suis accoutumé en plus… Je me satisferais de sa présence aux repas et dans la Salle commune.


Après m’être habillé d’une chemise blanche et de l’habituel uniforme des Serpentards, j’enfilai ma cape noire et me rendit vers la Salle commune. Il était là, assis seul sur le canapé du salon central, ce qui ne m’étonna pas le moins du monde, voilà bien longtemps que j'avais calé mes habitudes avec les siennes.

Je savais quand il se couchait, à quelle heure il se réveillait généralement, où il allait après sa toilette, ce qu'il aimait manger au petit-déjeuner, combien de sucres il glissait dans son café, je connaissais aussi ses mimiques et son caractère, je savais comment était son regard quand il était content ou énervé, je savais lire dans son visage et savoir comment il allait.
Mais je ne connaissais pas encore la douceur de sa peau, l'odeur de ses cheveux, le goût de ses lèvres, la griffure de ses ongles, ... Mais, bientôt, tout cela ne sera plus un mystère pour moi.


Je m'avançai vers le centre de la pièce, il ne m'avait pas vu venir. Personne ne me voit jamais venir, mais ça aussi ça changera. Je m'assis sur un fauteuil proche de lui. Il ne fallait pas que je m'asseye trop près non plus. Il ne me connaît que depuis hier, il pourrait ne pas être du matin et ne pas se souvenir de moi. Ça me ferait mal mais c'est Drago Malfoy.
 
Il était plongé dans ses pensées mais semblait content. Je suis persuadé qu'il pense à Potter. Je suis sûr qu'il ne pense qu'à lui... Ses mains étaient posées sur ses cuisses et il frottait celle de droite contre son jean noir. Il aimait bien ce jean, et moi aussi. Quand il le portait il lui allait comme un prince, il collait contre sa peau, mais ne le serrait pas, juste comme il faut. Quand il ne la frottait pas contre le tissu il la tenait en poing serré et son pouce caressait ses autres doigts. À ce moment précis j’eus envie, moi aussi, de caresser ses fins doigts, sûrement froids vu leur pâleur, mais ce n’est pas un souci car je pourrais les réchauffer.

Puis, comme s’il avait senti mon regard sur lui et la chaleur se dégageant de moi en contemplant ses mains, il se tourna brusquement vers moi et son mince sourire se perdit dans son mouvement. Il me fixait comme s’il essayait de se remémorer la moindre information sur moi puis il me dévisageait de haut en bas, et je ne cessai pas de le regarder, il dévisageait toujours les gens de la sorte et si je veux faire parti de sa bande il faut qu’il me le fasse et qu’il voit que cela ne me fait rien. D’ailleurs, je vais lui lancer une remarque pour lui montrer que je ne suis pas quelqu’un qu’on se doit de regarder trop avec cet air, j’aurais préféré qu’il me regarde avec amour, mais ça viendra.

« Tu n’as jamais vu un autre homme que toi ou quoi ? »

Ma remarque l’arrêta net dans son observation. Il releva son regard et me fixa longuement avant d’ouvrir la bouche, un léger rictus se formant :
« Tu t’appelles Aaron Bray-machin-chose n’est ce pas ? »

Ainsi il se souvient de mon prénom, et ne répond pas à ma remarque. Drago Malfoy n’est pas de ceux s’abaissant à de tels commentaires. Qu’est ce qu’il a la classe quand il veut avoir le pouvoir sur les autres, même sur moi. Je reste tout de même sérieux, s’il savait tout ce que j’éprouvais pour lui il ne m’adresserait plus la parole. Il faut que j’aie de l’assurance, et que je ne me laisse pas intimider.

« Brightside. Aaron Brightside. Ma famille est très connue, et d’ailleurs mon père travaille au ministère de la magie. »
« C’est sans doute vrai, j’ai déjà entendu ton nom quelque part. Tu as un an de moins que nous, c’est ça ? »
« Absolument pas. J’ai un an de plus, je suis en sixième année. »

Il me jeta un rapide coup d’œil, soudain surprit de découvrir mon âge.
Oui, parce que du premier coup d’œil, je suis – certes – grand, je ne fais pas vraiment mon âge ; ma mère me le dit souvent en plus.

« On ne dirait pas. » Il répondit, après un long moment de silence. Puis il détacha son regard de moi et retourna à ses pensées. Enfin, c’est ce que je pensai avant qu’il ne reprenne la parole : « C’est bien que tu sois parmi nous, ça change d’avoir des nouvelles têtes. Je compte sur toi pour renvoyer chier Pansy le plus souvent possible, elle est exaspérante en ce moment. » Il murmura, comme s’il se parlait à lui-même – mais ce n’était absolument pas le cas.

Il fallait que je réplique, que je montre que j’ai un caractère qui ne laisse pas passer les chieuses de son genre :
«  Je me fiche éperdument de cette petite insolente. Je me demande d’ailleurs pourquoi elle traîne toujours avec vous. »
Il tourna la tête vers moi et me fusilla de ses yeux gris : « Ne t’avise pas pour autant de foutre la merde dans le groupe, ou tu ne te reconnaîtras pas au réveil. » Puis il continua, en retrouvant son air serein et posé : « Parkinson est peut être insolente parfois, elle a de la rage et une bonne motivation, et j’aime ça chez elle. »

Je note : Pansy, sujet à éviter. Je ne voudrais pas être déjà en froid avec Drago à cause de ce caniche enragé. Il faut donc que je détourne poliment la conversation :
« Je ne cherche aucunement la ‘merde’ entre nous, nous sommes serpentards et je respecte ceux qui sont de ma maison. Contrairement aux minous de gryffondors… »

Il me regarda et je voyais se dessiner un sourire sur son beau visage :
« Oui, c’est avant tout pourquoi je te connais, tu veux t’amuser avec les gryffondors toi aussi. »
« Exactement. C’est un passe-temps comme un autre, et en plus ils reviennent toujours à la charge, c’est amusant les félins. »
« Je ne sais pas si ce que Blaise veut faire marchera, il croit pouvoir déplacer les montagnes d’un claquement de doigts parfois. Son imagination est tellement débordante que … Enfin, nous verrons bien. Je vais aller manger. Les autres ne devraient pas tarder, attends-les et dis à Blaise que tout est prêt. »

Il s’était levé pour me dire ce que j’avais à faire et partit sans attendre une réponse de ma part.
Non, non, non ! Je ne dois pas lui faire penser que je suis son petit toutou moi aussi ! Je fais ce que j’entends faire sur le moment, je ne vais pas l’écouter, je vais aller déjeuner moi aussi !

« Hé Aaron ! Bien dormi ?! » Me lança une voix, derrière moi.

C’est bizarre, quand quelqu’un vous accueille de si bon matin, avec un si grand sourire. Théodore arriva sur moi, Pansy sur les talons, bientôt suivi de Vincent et Grégory.
« Aujourd’hui on va encore bien s’amuser ! Ah ce que j’aime les journées en ce moment ! » S’écria Théo.
« Heureusement qu’on a cours de potions, oui.. Le seul cours intéressant de la journée. »
« Tu dis ça mais tu n’es pas si forte en potion Pansy, tu sais juste faire les yeux doux au professeur, sans doute croyant que cela va nous faire ramener des points ! » Lança Blaise Zabini, au fond de la salle.

« Blaise… Drago m’a chargé de te dire que tout était prêt. » Je dis d’une voix un peu maladroite.
« Oh, il est parti sans nous attendre ? Qu’il est chiant ce mec, toujours à se la jouer solo. Bon, et bien tant mieux si c’est fait. Loufoca aura une drôle de surprise ! Je vais aller manger de ce pas, j’ai un truc à dire à Drago, on se voit dans la Grande Salle ! »

Pansy me jetait un regard sombre depuis que j’avais parlé. Et quoi ? Elle m’en veut que je lui aie parlé le premier ? Sans doute, elle a toujours eu le béguin pour lui, et elle y croît encore même si elle sait qu’il est gay et qu’elle n’a plus de chance. Les filles sont parfois si stupides…


Et pendant qu’il la rejoignit, je commençai à sortir de la Salle commune. Je remarquai qu’après qu’ils me suivaient, je ralentis donc un peu le pas, comme si j’étais le chef de ce groupe. Enfin même si les deux personnages les plus imposants de la bande ne sont pas là, moi je suis là. Et Théo est plutôt sympathique, quoiqu’un peu trop porté sur la rigolade. Je me demande si Drago apprécie beaucoup ses blagues et sa joie.

Pendant tout le chemin menant des cachots à la Grande Salle, ils parlèrent de la suite du plan et de la prochaine lettre. Et quand je pensais pouvoir passer une bonne journée, je me retrouvais nez à nez avec Potter, à l’entrée de la salle. Il avait l’air.. Pathétique. Un petit microbe qu’on aimerait écraser. Voilà l’image qu’il donnait.


Là, ils se turent et Potter regardait la troupe, puis il me fixa. Il devait sentir mon regard des plus noirs jeté sur lui. Ce petit binoclard n’a rien d’attirant, il n’est pas intéressant, alors pourquoi Drago le regarde avec envie ? Il désire St Potty, ça se voit, ça se lit dans ses yeux à chaque fois.
Peut être devrai-je porter des lunettes et me faire faire une cicatrice aussi, ça doit s’en doute faire joli…

 « Aaron tu bouges ? Laisse le petit Potty tranquille. » Cette petite peste osait m’abaisser devant cette merde, c’est trop. Pour la peine je ne vais même pas bouger, juste pour lui montrer qu’elle n’a aucun pouvoir sur moi et que je fais ce que je veux.
Mais ce n’était pas fini, voilà que l’autre tarlouze l’ouvrait : « T’entends la petite ? Dégage de là. »

C’en est trop, je vais leur montrer à tous qui je suis et que je ne me laisse pas marcher dessus de la sorte. Mon poing parti avant même que je pensais à le frapper. Merci la conscience pour ta rapidité.
Il s’étala sur Drago qui venait d’arriver. Pourquoi ? Allez savoir. Apparemment je lui avais porté un gros coup dans l’œil. J’ai n’ai même pas eu le temps de doser, on n’avait qu’à pas me presser, j’aurai taper moins fort, donc il ne peut s’en vouloir qu’à lui-même.

Drago se releva, assez surpris de me voir utiliser de mes poings comme ça. Puis il fronça les sourcils et lança, plus pour moi que pour les autres : « Allez vous asseoir, je vous rejoins. »

Pansy me poussa pour pouvoir passer, elle est tellement grosse qu’elle n’arrive pas passer à côté celle là. Nott la suivit et arrivé à ma hauteur il me poussa légèrement avec sa main gauche, pour que je marche à ses côtés. Arrivés près de la table, il perdit immédiatement son air sérieux et explosa de rire : « Blaise t’as vu c’qu’il a dans le ventre ?! Oh la la j’aimerai pas être Potter, il s’en ait reçu une belle ! »
Il m’assit à côté de lui et de Blaise. J’avais le caniche enrage en face de moi, elle portait son verre aux lèvres et lança : « tout dans les poings, rien dans le cerveau… » Avant de boire.

Elle ne perd rien pour attendre. En plus, j’ai l’impression qu’il n’y a qu’elle que ça dérange. Donc elle peut garder ses répliques pour elle.

Je regardai au niveau de la porte et je vis Drago qui tendait sa main à Potter… Il doit sûrement lui faire une farce, ce n’est pas possible ?! Potter mit un temps avant de se remettre de ses émotions. Mon coup lui aurait il atteint le cerveau déjà rétréci ? Apparemment oui car Drago lui lança une remarque et Potter ne bougea plus.

Qu’il se lève cet abruti, il adore faire durer l’action, juste pour avoir les yeux braqué sur lui et que tout le monde s’inquiète de sa santé. Il se porte très bien, j’en suis sur, quoi que si ce n’est pas le cas, je n’en serai pas peu fier. Il l’a mérité. Il faut un peu le défiguré, Drago ne le regardera plus qu’avec du dégoût comme ça.

Après que le Survivant se soit enfin levé, ils discutèrent encore un peu, sans doute à se lancer des insultes, comme toujours. Puis il laisse planter Drago en plein chemin.

Autour de moi, Théo parlait toujours et s’esclaffait en racontant ma prouesse du jour sous le regard haineux de Pansy. Elle ne m’apprécie vraiment pas celle là hein. Et Blaise écoutait en souriant.

Je fais partie du groupe. J’ai montré que j’étais quelqu’un.
D’ailleurs, quand on devient quelqu’un les gens nous détestent. Moi j’ai déjà deux personnes qui reconnaissent que je suis un danger : Pansy et Potter.

Oui, c’est une bonne journée pour moi, et elle le sera ainsi toujours désormais.